13. novembre 2024 · Commentaires fermés sur Comprendre l’ironie de Voltaire · Catégories: Seconde · Tags:

Pour achever notre étude du conte de Voltaire, trois documents vont vous permettre de découvrir son ironie. Notre corpus comprend un pamphlet intitulé De l’horrible danger de la lecture” ainsi que deux articles du dictionnaire philosophique portatif, sorte de version condensée de l’Encyclopédie . 

Dans le premier texte, Voltaire a utilisé la fiction pour dénoncer l’oppression exercée par certains tyrans qui s’efforcent de maintenir les peuples dans l’ignorance. Dans l’article Torture, Voltaire montre à quel point la justice française a banalisé des pratiques inhumaines ; Dans le dernier texte, il tente de défini avec précision ce qu’est réellement un préjugé.  

Dans les trois textes, l’intention polémique est manifeste avec un recours massif à l’ironie, en tant que figure de style mais surtout en tant que figure de pensée. Ainsi, les procédés qui sous-tendent l’ironie sont présent dans les trois textes. D’une part, l’ironie est reconnaissable aux   décalages, aux contrastes  entre ce qu’on connaît et ce qui est écrit pour évoquer ces objets ou ces actions connues; Ainsi Voltaire emploie l’expression ” infernale invention ” pour évoquer l’imprimerie dont tout le  monde reconnaît l’utilité ou “pernicieux usage”  alors qu’elle permet de diffuser le Savoir et que l’adjectif pernicieux s’utilise pour ceux qui font le mal . On peut encore relever l’exemple à la ligne 27 de l’expression  “misérables philosophes”; On sait que Voltaire est lui-même un philosophe et qu’il défend les idées philosophiques ; On peut donc comprendre que cet adjectif péjoratif et critique “misérables ” ne reflète pas vraiment la pensée de l’auteur mais simplement la bêtise de son personnage. Cette forme de contraste , d’écart par rapport à la norme, est également perceptible dans le second extrait car l’auteur y associe , par exemple, le mot torture avec le mot plaisir , à deux reprises. A la  ligne 5, il est question d’un juge particulièrement friand de séances de torture puisqu’il “se donne le plaisir de l’appliquer à la grande et à la petite torture”  et  à la ligne 18, Voltaire évoque les anglais qui eux ont renoncé “au plaisir de donner la question.”  Cette association entre éprouver du plaisir et faire torturer des êtres humains choque le lecteur qui y voit ainsi un procédé utilisé par Voltaire pour dénoncer ces bourreaux et les méthodes du système judiciaire français.  Cette volonté de dénonciation se manifeste aussi dans l’article Préjugés: même si ce texte argumentait contient moins d’ironie que dans les deux autres, on perçoit toutefois l‘intention polémique avec notamment les références au maintien des peuples dans l’ignorance et dans l’erreur. Ainsi, on peut faire le lien entre la dénonciation du muphti turc, qui incarne la figure du tyran religieux sanguinaire  et celle  du cadi mentionnée dans l’article Préjugés : ” ce cadi vous fait empaler s’il le peut car il veut commander à des sots, et qu’il croit que les sots obéissent mieux que les autres.” Les  peuples seraient maintenus dans l’ignorance afin d’être plus facilement asservis.

 La dénonciation de la torture esti liée avec celle du despotisme dans la mesure où le pouvoir abusif y a recours pour faire régner la terreur . Le tyran turc souhaite même interdire à ses fidèles de penser et Voltaire ajoute l‘humour à l’ironie à la fin du passage ; Le sultan ordonne , en effet, qu’on “fasse saisir toute idée qui se présenterait par écrit ou de bouche ” à la ligne 56, et Voltaire a pris soin d’ajouter : “et nous amener ladite idée pieds et poings liés, pour lui être infligé par nous tel châtiment qu’il nous plaira.” L’image de l’idée torturée est drôle et montre bien que la torture est un moyen d’asseoir un pouvoir ; Lorsque Voltaire évoque le personnage du bourreau sous la forme du juge, il prend soin de le montrer dans un cadre familier, intime, ce qui renforce le côté abominable de cette pratique en la banalisant au point de la faire passer pour une simple distraction : “cela fait toujours passer une heure ou deux “semble penser le juge qui se fait assister, d’un médecin mais pas pour sauver des vies , pour reconnaître le danger de mort auquel  le bourreau expose le condamné, parfois pour des motifs dérisoires; En évoquant justement une affaire célèbre à cette époque, l’affaire du Chevalier de La Barre, exécuté pour impiété, Voltaire se range parmi ceux qui veulent proscrire la torture au sein du sytème judiciaire. La France suivrait ainsi l’exemple de l’Angleterre, peuple moins cruel que les Français selon l’auteur qui s’amuse justement à inverser les rôles. En effet, Voltaire qui est profondément anglophile fait passer les Anglais pour inhumains car ils ont pris le Canada à la France; ce qui en réalité est beaucoup moins grave que de pratiquer la torture quotidiennement . Voltaire, dans l’article Préjugés  s’efforce  justement de démontrer  que “la persécution est abominable ” (texte 3).

En dépit de quelques différences au niveau du ton employé et de l‘usage plus ou moins intensif  de certains procédés, les  trois textes argumentatifs présentent de nombreux points communs car ils participent d’une même volonté de dénoncer les injustices et de corriger les moeurs en mettant le doigt sur les défauts des hommes. Le dernier texte relève davantage d’une méthode scientifique : Voltaire tente de trouver la définition la plus juste du mot préjugés et  il illustre ses arguments au moyen d’exemples variés , issus pour la plupart de l’expérience quotidienne afin de toucher un large public; Il choisit l’illustration de l’amour maternel pour montrer qu’un sentiment et un préjugé sont deux choses différentes et que lorsqu’on un homme réfléchit, ” le préjugé cède au jugement” ; Pour dénoncer l’oppression et la cruauté des hommes, on peut tenter de mieux  définir  leurs préjugés, les idées qui les gouvernent dans des articles  sérieux ou évoquer des situations réelles au moyen d’allusions  avec des fictions comme les contes philosophiques, ou encore parodier des textes de lois dans un pamphlet qui montre un sultan fanatique qui tente, de manière absurde, d’empêcher ses sujets de penser . Ces trois modes d’ expression, participent chacun à leur manière, aux combats de Voltaire contre l’infâme. Dans cette lutte, tous les coups sont permis car les ennemis sont nombreux. Vérifiez  maintenant votre compréhension de ce texte en répondant aux 10 questions du QCM Voltaire et l’ironie.

14. novembre 2015 · Commentaires fermés sur Mon dictionnaire philosophique portatif · Catégories: Seconde · Tags: ,

L’idée de Voltaire lorsqu’il fabriqua son dictionnaire philosophique portatif en 1764, consistait à prolonger le travail fourni par les Encyclopédistes mais sous une forme condensée.A la différence d’un banal dictionnaire qui se contente de donner les principales définitions de tous les mots, le dictionnaire philosophique ne retient que quelques mots qui semblent importants et tente d’en éclaircir le sens, de mieux faire comprendre  leurs enjeux.

Ainsi Voltaire a choisi d’éclairer le mot préjugés et de soumettre à la sagacité des lecteurs les sens communément admis pour ce terme philosophique. Le
projet de rédaction d’un dictionnaire qui rassemblerait les
principales idées du parti philosophique est
né vers 1750
mais
ne s’est concrétisé que des années plus tard à cause de la
dispute entre Voltaire et le roi de Prusse. Voltaire a d’abord
collaboré , à la demande de Diderot à l’Encyclopédie mais il
pense que l’ouvrage est beaucoup trop volumineux pour être un
instrument de lutte efficace contre l’infâme.

En
1762 Voltaire écrit le Traité de la Tolérance pour défendre le
protestant Jean Calas exécuté alors qu’il était innocent du crime
dont on l’accusait.
La
première
édition du Dictionnaire
philosophique portatif
,
paraît
anonymement
à Genève
et Voltaire se défend publiquement d’en être l’auteur.

L’ouvrage
crée le scandale et
il
est condamné à être « lacéré et brûlé » un
peu partout comme
« téméraire, scandaleux, impie, destructif de la
Révélation ». En
1766, l’exemplaire du livre de Voltaire que possédait le chevalier
de la Barre sera
cloué sur le torse de son propriétaire, et brûlé sur le même
bûcher.

Le
livre
se présentant sous la forme d’un dictionnaire, son organisation
obéit évidemment à la logique de l’ordre alphabétique, mais
l’auteur a choisi quels mots il allait analyser et a su créer entre
les différents articles des liens.

Ame,
Anthropophage,
Amitié, Amour, Beau,
Christianisme Destinée,,
Dieu, Fanatisme, Guerre, Hommes, Jésuites, Juif, Ignorance, Inquisition, Liberté, Martyrs, Miracles, Philosophie, Providence, Religion, Style, Superstition, Supplice, Tolérance, Tragédie, Vertu :
autant de définitions qui tentent de chasser l’obscurantisme. Mes mots à moi ; terrorisme, capitalisme , économie de marché, libéralisme économique, crise, chômage, individualisme, jeunisme, nouvelles technologies, réseaux sociaux, Facebook, snapchat, skyper, dowmloader, uploader.

Les
éditions successives feront apparaître plus de 100 articles. Au fur
et à mesure des rééditions, la critique religieuse se renforce
avec des nouveaux articles comme baptême ou Torture et
l’ironie
devient
plus sarcastique et plus violente.

A ton tour, compose un article d’une quarantaine d lignes à partir d’un mot de ton choix que tu t’efforceras de définir avec soin en donnant des illustrations concrètes de l’emploi de ce mot à partir de différente situations .

Les critères d’évaluation sont les suivants ; 4 points pour le choix du mot et la qualité de l’écriture, 4 points pour l’invention et la diversité des illustrations, 4 points pour les définitions successives et les arguments et 4 points pour l’usage de l’ironie. Avant de composer, relisez l’article Préjugés, l”article Torture et les explications données en pièces jointes.

Ecrasons l’infâme d’autant plus fort qu’il devient résistant..

07. novembre 2015 · Commentaires fermés sur Tolérance Voltaire · Catégories: Sorties · Tags: ,

La compagnie du Furieux-Jeu-Dit est venue ressusciter Voltaire pour notre plus grand plaisir. Sébastien Faure qui joue le rôle du fanatique pénitent blanc de Marseille a imaginé un Voltaire , au saut du lit, interprété avec conviction par Jacqot Martin, un Voltaire donc.. confronté au fanatisme sous la forme d’un religieux prêt à l’assassiner s’il ne lui révèle pas le nom de la bombe qu’il fabrique en lieu sûr.

Et quelle bombe ! parce qu’il faut bien l’avouer, chaque livre de Monsieur François Marie Arouet fit bien l’effet d’une petite bombe , et pas seulement dans le monde des hommes de lettres, ces hommes qui tentaient de vivre de leur plume . Le patriarche de Ferney lui, n’ a pas eu besoin d’écrire pour vivre car sa fortune considérable le mit à l’abri des oeuvres de complaisance , ces louanges écrites au Prince dans l’espoir d’une pension qui permettrait de payer le bois de chauffage et la marmite qu’on posait dans le feu; Et c’est peut être la force de cette pièce : nous montrer l’homme qui se cache sous l’étoffe et l’apparat du lettré et du savant; Voltaire nous touche dans sa robe de nuit,  avec son besoin pressant d’uriner dans son pot de chambre et ses grands airs qui ne trompent personne , face à la menace terroriste. Car il n’en mène pas large au final confronté au Mal qui a revêtu  l’habit du religieux dogmatique et furieux.voltaire54

 Lorsqu’il met en joue l’auteur du Traité sur la Tolérance, ce dernier adresse une très belle prière au hommes qui n’est pas sans rappeler l’attitude  d’un certain Don Juan , autre bête du scène, à défaut d’être une bête à bon dieu. Les lycéens ont certes eu raison  (merci Gabriel) de demander ce que Voltaire avait finalement proposé en lieu et place de ce qu’il refusait et la liste serait longue de tous les combats qu’il a menés au nom des Lumières  et qui se poursuivent aujourd’hui ; le face à face entre les deux hommes nous a permis de réentendre ces meilleurs dialogues philosophiques . Son déisme peut irriter les athées et agacer les croyants  pratiquants mais en matière de religion, il a toujours enseigné la tolérance et les querelles de bénitiers l’ont  profondément exaspéré . Le mot de la fin au sens propre comme au figuré , a été repris en choeur.” la tolérance n’est que le premier pas vers la reconnaissance de l’autre; d’autres pas sont nécessaires qui aboutissent à l’amour des différences”  Répétez après moi ..ce  n’est pas Monsieur Jacquard qui nous contredira. Plus de deux siècles après la mort de Voltaire, le combat  contre l’infâme continue : il n’en finit pas de ressurgir sous des formes qui nous surprennent encore alors jeunes gens, n’oubliez pas Charlie. A vos plumes..

Allez faire un tour sur le site de la compagnie du furieux-jeu-dit pour retrouver leur autres créations