20. mars 2023 · Commentaires fermés sur Démontrer qu’un texte est réaliste : l’exemple de Thérèse Raquin de Zola; Description du milieu dans lequel vit le personnage … · Catégories: Seconde · Tags: réalisme, Zola
Le commentaire composé se construit comme une démonstration : il se fonde sur des observations, alimentées par la connaissance du cours et propose des interprétations personnelles .
Voilà un mode d’emploi de la construction du commentaire littéraire .
D’après le cours, le réalisme se fonde sur la présence des effets de réel ; ces derniers peuvent être obtenus par les moyens suivants :
présence de petit détails vrais
précisions du cadre et notamment de la toponymie (noms de lieux réels)
usage d’un lexique spécialisé avec des précisions sur les formes des objets, les matières, les volumes
organisation de la description spatiale selon des plans, des points de vue (verbes de vision)
On s’efforce de repérer dans le texte ces éléments et on construit un paragraphe argumenté à partir de chacun de ces thèmes. Toutefois, ce passage n’est pas seulement réaliste, il a également pour fonction de créer une ambiance, une atmosphère: il s’agit d’une description impressionniste exprimée le plus souvent à partir d’un point de vue interne, celui du personnage qui voit le décor. Dans ce début de roman, Zola crée une atmosphère désagréable, un climat étrange et même morbide .
Plan détaillé
II La création d’une atmosphère
a) désagréable
b) étrange et inquiétante
c) des aspect morbides
Rédaction du paragraphe b)
En effet, ce passage est présent comme un endroit inquiétant : d’abord son côté sombre (‘ligne 2) est précisé d’emblée et cette noirceur est accentuée par la saleté qui y règne: le vitrage qui devrait laisser passer la lumière est obscurci car “noir de crasse” (ligne 5) . Ces reflets déforment donc la lumière et créent des impressions d’étrangeté comme si cet endroit était hanté ou habité par des fantômes; à la ligne 12, la personnification ‘dorment vaguement dans l’ombre” nous donne l’impression que les objets pourraient se réveiller et se mettre eà bouger; et à la ligne 15, le verbe s’agitent est associé à “des formes bizarres” : comme pour attester d’une présence étrange et presque surnaturelle. Et ces formes proviennent de “trous lugubres” , expression dont les connotations renforcent à la fois le côté inquiétant et désagréable. De plus , certains objets ont été laissés à l’abandon “depuis vingt ans” ‘ligne 18) et certains n’ont même plus de nom (ligne 17); Tous ces détails continuent à créer une atmosphère étrange et inquiétante et le lecteur présage que cet endroit sera soit le lieu d’un drame soit aura une très mauvaise influence sur les personnages car dans les romans réalistes, on note de nombreuse interactions entre les personnages et le milieu dans lequel ils évoluent; ce principe est appelé déterminisme ; dans les deux derniers paragraphes de cet incipit, nous trouvons également des détails morbides.
Pour construire le paragraphe c), voici les observations à utiliser en priorité :
11 échapper des souffles froid de caveau : personnification + mort (caveau = tombe)
14 pleins de ténèbres : le mot ténèbres connote obscurité et enfer
22 couvert d’une lèpre : référence à une maladie mortelle
Emile Zola est souvent présenté comme le chef de file du mouvement littéraire appelé naturalisme qui prolonge et amplifie les ambitions du réalisme . Dans la préface de Thérèse Raquin , l’un de ses premiers romans, paru en 1868, il rappelle aux lecteurs ses objectifs : “j’ai voulu étudier des tempéraments et non des caractères…j’ai choisi des personnages souverainement dominés par leurs nerfs et par leur sang , dépourvus de libre-arbitre, entraînés à chaque instant de leur vie par les fatalités de leur chair ; Thérèse et Laurent sont des brutes humaines : rien de plus ” .A 26 ans , Zola a commencé à définir sa vision de l’écriture et du rôle de l’artiste dans la société, dans un article intitulé notamment Mes haines où il recense ce qu’il déteste : haine du dogmatisme, de l’immobilisme, du didactisme et de la médiocrité. Mais de quelle manière un roman peut -il incarner le programme de l’écrivain ? Plus »
13. février 2019 · Commentaires fermés sur La mort de Gervaise dans L’Assommoir : comment utiliser un plan détaillé trouvé sur internet ? · Catégories: Seconde · Tags: Zola
En guise d’introduction … Le réalisme a dominé la seconde moitié du dix-neuvième siècle et a permis d’élargir la représentation de la réalité à travers la littérature qui désormais, ne cherche plus à embellir le réel ni à occulter la noirceur du monde. Septième volet des Rougon-Macquart, L’Assommoir est l’un des romans les plus noirs d’Emile Zola . Il y amorce son virage naturaliste qui va le conduire à explorer toutes les couches de la misère des ouvriers parisiens; A la fin de son roman, il y expose la déchéance de l’héroïne Gervaise et dépeint sa fin pathétique . Comment Zola donne-il ici à voir la mort de Gervaise ? Tout d’abord nous montrerons qu’il s’agit d’une mort dégradante qui clôt le destin pitoyable du personnage et enfin , nous verrons comment l’écrivain évoque ici une certaine vision de la mort .
Le plan détaillé ci-dessous provient d’un site qui se propres de vous préparer pour le bac de français : comment utiliser ce type de document que vous trouvez sur internet pour rédiger vos commentaires littéraires ? Voilà le plan en gras : il comporte 3 axes (grandes parties ) et 7 sous-parties .
I. Une mort lente, interminable et dégradante
1. La lenteur
2. Les conditions dégradantes
3. La mort
II. Une destinée pitoyable
1. Le rôle du quartier
2. Le père Bazouge
III. Une parodie d’oraison funèbre
1. Les pensées philosophiques
2. Derniers mots à Gervaise
Premier constat : il est modulable ; Vous n'êtes pas obligés de vous en servir tel qu'il est présenté ; le titre notamment de la troisième partie est un peu difficile à expliquer; Une oraison funèbre est un type de discours qui est prononcé en hommage à quelqu’un qui meurt et ce qu’a voulu , ici, dire l’auteur de ce travail, c’est que le père Bazouge, à sa manière, rend les derniers hommages à Gervaise qui est morte dans la plus grande solitude et dans l’indifférence générale.
Voilà maintenant ce qui suit sur le site http://www.bacdefrancais.net/assomoir.php..sosu l’appellation commentaire littéraire
Première remarque :il s’agit de notes non rédigées donc que vous ne pouvez pas utiliser sous la forme donnée ; il vous faut les transformer et les intégrer dans une rédaction ed paragraphes argumentés.
I. Une mort lente, interminable et dégradante
1. La lenteur
– Temps de la narration une page, en opposition au temps de la fiction (“des mois”).
– Imparfait durée + habitude ⇒ “mourrait” un peu tous les jours. Tous les jours, Gervaise perd un peu de vie.
– “La mort devait la prendre petit à petit” : mort annoncée, mais on ne voit pas la mort elle-même.Même vivante, Gervaise paraît déjà morte.
– La mort lente occupe le premier paragraphe, ensuite c’est le père Bazouge qui est au centre du récit.
2. Les conditions dégradantes
– “mourrait de faim”, “mangeait quelque chose de dégoûtant”, Gervaise “devenait idiote”. Elle se dégrade peu à peu ” la mort la prenait par morceaux”.
– Le froid : “les os glacés”, “froid et chaud”.
– La pauvreté : Elle est à la recherche de quelques pièces, la caisse des pauvres.
– Dégradation mentale: elle n’a plus sa raison, on se moque d’elle.
– Saleté : “quelque chose de dégoûtant”, “ordures”, “ça sentait mauvais”, “on la découvrit déjà verte”.
– Animalisation: “elle claquait du bec”, “la niche”. On la compare à un objet : “pour l’emballer”.
3. La mort
– Personnification de la mort “La mort devait la prendre petit à petit…”
– Mystère sur sa mort, personne ne la vue : on ne sait pas de quoi “elle crève”
– Mort escamotée par le roman lui-même.
II. Une destinée pitoyable
1. Le rôle du quartier
– Pronom indéfini “on” (anonymat), on ne sait pas qui a trouvé Gervaise. Absurdité de cette mort. – M. Marescot, le propriétaire.
– Les Lorilleux
– Les gens qui l’humilient “on avait parié”
– Attitude générale: indifférence, mépris, moquerie, méchanceté.
2. Le père Bazouge
– Il est saoul, l’alcool l’aide dans sa besogne.
– Il est gai : “gai comme un pinson”, “Bibi la gaieté”, cette attitude banalise la mort, accentue l’indifférence (par antithèse).
– “le béguin” de Gervaise qui est fascinée par le croque-mort.
Le narrateur laisse à un soûlard l’honneur de faire ses adieux.
III. Une parodie d’oraison funèbre
1. Les pensées philosophiques
“Tout le monde y passe” ; “on” ; “les uns après les autres” = des généralités sur le report des hommes avec la mort: tout de suite ou pas, l’accepter, la refuser.
Les réflexions sur la vie passée de Gervaise:
“misère des ordures et des fatigues de sa vie gâtée”
“la sacrée existence qu’elle s’était faite”.
2. Derniers mots à Gervaise
Au discours direct : “ma belle !”, tendresse, consolation.
Soin paternel.
Le père Bazouge s’adresse à Gervaise comme à une dame. Gervaise n’est plus anonyme.
Mise en valeur de Gervaise “morte et heureuse”. Gervaise retrouve l’estime des autres à travers le père Bazouge et la paix (pour elle).
Parallèle avec l’incipit de L’Assommoir : effet du réel, tonalité réaliste, portée plus symbolique.
– la fin lente, terrifiante de Gervaise est en continuité avec son destin.
– bilan de la vie de Gervaise déjà fait au chapitre 12 où les motifs que dans l’incipit reviennent : l’hôtel Boncoeur, la rentrée des ouvriers, Gervaise en attente.
– Zola naturaliste, déroule le destin tragique programmé de Gervaise. L’argument de la victime par son milieu, son hérédité, fatalité moderne.
01. février 2019 · Commentaires fermés sur Zola écrit Germinal : une réflexion sur les mutations sociales et économiques · Catégories: Seconde · Tags: Zola
Le 2 avril 1884, réfugié dans sa maison de campagne de Médan, en Seine-et-Oise, Émile Zola écrit les premières lignes de son treizième roman de la série des Rougon-Macquart, Germinal. Ce projet est né tardivement dans l’esprit de l’écrivain. Une dimension politique, voilà ce que Zola voulait donner à son second roman ouvrier. Lorsqu’il entrevoit son projet, en 1882, il ne connaît pas encore le décor de son intrigue. Il pense aux chemins de fer, à la métallurgie, mais ce sera finalement sur le monde minier que son choix s’arrêtera, fin 1883. Il y a plusieurs raisons à cela. Une raison historique d’abord, parce que l’industrie minière est, dans le dernier tiers du XIXe siècle, l’une des plus représentatives du développement économique des nations occidentales . Le monde minier fait l’actualité. Les grèves d’Aubin, de La Ricamarie, de Montceau-les-Mines, d’Anzin ont suscité l’émoi auprès de l’opinion publique ; et la houille fait figure d’enjeu stratégique dans la course économique que se livrent la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne. Dans son désir de faire réagir l’opinion sur la condition ouvrière, Zola suit son intérêt et choisit un sujet envers lequel son lectorat est sensible. Il y a ensuite une raison littéraire à son choix, dans la mesure où la mine est un théâtre spectaculaire fait d’ombres naturelles et de lumières artificielles, un lieu presque mystique, propice au romanesque
Émile Zola est l’une des principales figures du courant naturaliste en littérature française. Plus poussé encore que le réalisme, le naturalisme souhaite peindre le monde avec un souci du détail qui amène le genre romanesque aux portes du documentaire historique. Au moment de se lancer dans le projet de Germinal, Zola est loin de connaître parfaitement le monde minier et il va devoir se documenter.
Zola était avant tout un écrivain bourgeois,avec des représentations de classe sur le monde ouvrier. S’il dénonce dans son roman la condition misérable des mineurs, il ne porte pas, pour autant, un regard trop sévère sur les Hennebeau, famille dirigeante aisée mais prisonnière, elle aussi, de la Compagnie de Montsou. Et quand il dépeint les ouvriers, c’est souvent plus dans l’excès que dans la justesse .
Des mutations économiques dans le monde du travail
L’essor industriel de la première partie du XIXe siècle a grandement profité du changement structurel qui s’est opéré dans le monde minier entre des méthodes d’extraction artisanales et une organisation de la production à grande échelle. La machine à vapeur a permis un épuisement des eaux (pour éviter l’inondation des galeries), et plus tard un aérage, rendant possible l’extraction de la houille à des profondeurs jusqu’à lors inconnues. Mais tandis que le charbon devenait de plus en plus accessible, et de plus en plus demandé, il était aussi de plus en plus cher à extraire. Pourquoi ? En raison d’abord de coûts fixes très importants. Si l’on omet les coûts de prospection de la houille qui sont déjà élevés , force est d’admettre que les infrastructures d’extraction sont elles-mêmes coûteuses (chevalement, machines d’épuisement, systèmes de culbutage des berlines, chemins de fer, L’investissement initial dans l’industrie minière doit donc être conséquent. Zola s’en fait l’écho dans Germinal.
Concrètement, ces lourds investissements ont des conséquences sur les structures industrielles en place, à savoir sur la taille des compagnies minières. Dans Germinal, Zola décrit deux types d’exploitants : la Compagnie de Montsou, forte et influente, figure du grand capital ; et l’entreprise de Deneulin, petit patron qui a choisi de relancer l’extraction dans le puits de Jean-Bart, au prix d’efforts personnels conséquents. Cette opposition entre grand et petit capital est un élément structurant du roman, voulu par Zola pour signifier le dépassement des hommes par les forces économiques Si Deneulin subit de douloureuses difficultés tout au long du roman face à la crise industrielle , la Compagnie de Montsou, elle, parvient à résister tant bien que mal aux soubresauts de la conjoncture grâce à sa taille et à sa force sans équivalent. Cette force, la Compagnie la tire de son histoire faite d’expansion et de fusion avec d’autres compagnies, selon le récit qu’en fait Zola :
Vers le commencement du dernier siècle, un coup de folie s’était déclaré, de Lille à Valenciennes, pour la recherche de la houille. […] parmi les entêtés de l’époque, le baron Desrumaux avait certainement laissé la mémoire de l’intelligence la plus héroïque. […] Il venait enfin de fonder la société Desrumaux, Fauquenois et Cie, pour exploiter la concession de Montsou, et les fosses commençaient à donner de faibles bénéfices, lorsque deux concessions voisines, celle de Cougny […] et celle de Joiselle […] avaient failli l’écraser sous le terrible assaut de leur concurrence. Heureusement, le 25 août 1760, un traité intervenait entre les trois concessions et les réunissait en une seule. La Compagnie des mines de Montsou était créée, telle qu’elle existe encore aujourd’hui.
Les structures et pratiques économiques décrites dans Germinal s’inscrivent non seulement dans les problématiques minières, mais également dans les problématiques industrielles au sens large. La question des conditions de vie ouvrières est sans doute la plus marquante du roman pour le lecteur moderne, tant la description que Zola fait des corons et du quotidien des mineurs est visuelle et clairvoyante. Germinal est un roman sur la condition ouvrière avant d’être un roman sur la mine. Mais c’est un roman sur la condition ouvrière dans les mines, ce qui lui confère un caractère singulier, en un sens spectaculaire :
Les quatre haveurs venaient de s’allonger les uns au-dessus des autres, sur toute la montée du front de taille. Séparés par les planches à crochets qui retenaient le charbon abattu, ils occupaient chacun quatre mètres environ de la veine ; et cette veine était si mince, épaisse à peine en cet endroit de cinquante centimètres, qu’ils se trouvaient là comme aplatis entre le toit et le mur, se traînant des genoux et des coudes, ne pouvant se retourner sans se meurtrir les épaules. Ils devaient, pour attaquer la houille, rester couchés sur le flanc, le cou tordu, les bras levés et brandissant de biais la rivelaine […]. En haut, la température montait jusqu’à trente-cinq degrés, l’air ne circulait pas, l’étouffement à la longue devenait mortel.
Les conditions de vie des mineurs ne sont pas seulement difficiles au fond de la mine, elles le sont également dans la vie quotidienne, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les salaires versés aux travailleurs semblent dérisoires. Zola fait d’ailleurs tenir à ses personnages, et en particulier à l’anarchiste Souvarine, un raisonnement sur la loi d’airain selon laquelle les salaires n’excèdent jamais le minimum vital :
Augmenter le salaire, est-ce qu’on peut ? Il est fixé par la loi d’airain à la plus petite somme indispensable, juste le nécessaire pour que les ouvriers mangent du pain sec et fabriquent des enfants… S’il tombe trop bas, les ouvriers crèvent, et la demande de nouveaux hommes le fait remonter. S’il monte trop haut, l’offre trop grande le fait baisser… C’est l’équilibre des ventres vides, la condamnation perpétuelle au bagne de la faim.
Les conditions de travail
La division du travail et l’apparition de nouvelles fonctions dans l’activité minière sont une constante qui traverse tout le XIXe siècle, et qui se prolonge au XXè siècle. À l’époque où se déroule Germinal, les postes disponibles sont déjà nombreux (haveurs, herscheurs, rouleurs, remblayeurs, cantonniers, receveurs, basculeurs, trieurs, machinistes, chauffeurs, charpentiers, lampistes ).. Cette fragmentation du travail de la mine a modifié l’image même du mineur : travailleur complet, celui-ci a peu à peu perdu de sa polyvalence, pour devenir un ouvrier spécialisé
C’était un avis de la Compagnie aux mineurs de toutes les fosses. Elle les avertissait que, devant le peu de soin apporté au boisage, lasse d’infliger des amendes inutiles, elle avait pris la résolution d’appliquer un nouveau mode de paiement, pour l’abattage de la houille. Désormais, elle paierait le boisage à part, au mètre cube de bois descendu et employé, en se basant sur la quantité nécessaire à un bon travail. Le prix de la berline de charbon abattu serait naturellement baissé, dans une proportion de cinquante centimes à quarante, suivant d’ailleurs la nature et l’éloignement des tailles.
Cet événement n’est d’ailleurs pas qu’affaire de spécialisation des tâches, il révèle aussi des mouvements plus fondamentaux dans les formes de rémunération s’appliquant à l’industrie minière
La crise commerciale est la toile du fond de Germinal : c’est elle qui amène Étienne à Montsou, et c’est elle qui provoque d’un côté la grève des mineurs, et de l’autre la faillite de Deneulin.
Sur fonds de préoccupations sociales et tout en décrivant avec précision les évolutions qui marquent le monde du travail et particulièrement le travail des mineurs , le romancier peint une grande fresque avec ce que cela comporte d’exagération et de systématisation.
Publié en 1885, Germinal fait partie de la série Rougon-Macquart. Il est la treizième œuvre de cette série qui compte vingt ouvrages.
Roman de la lutte des classes et de la révolte sociale, Germinal est un vibrant plaidoyer en faveur des déshérités et des exploités. Portée par un puissant souffle lyrique, cette œuvre épique et poignante exprime le rêve de Zola ” d’un seul peuple fraternel faisant du monde une cité unique de paix, de vérité et de justice”.
” sans prétendre être le premier roman à évoquer le monde ouvrier , Germinal en donne l’une des images les plus puissantes. Peinture précise et épique à la fois de la vie quotidienne , du labeur et des souffrances des mineurs, il organise savamment une progression vers le point culminant de la grève et de la catastrophe finale, ouvrant sur la perspective utopique de la cité future…”
Fils de Gervaise Macquart et de son amant Lantier, le jeune Etienne Lantier s’est fait renvoyer de son travail pour avoir donné une gifle à son employeur. Chômeur, il part, en pleine crise industrielle, dans le Nord de la France, à la recherche d’un nouveau emploi. Il se fait embaucher aux mines de Montsou et connaît des conditions de travail effroyables (pour écrire ce roman, Emile Zola s’est beaucoup documenté sur le travail dans les mines)
Il fait la connaissance d’une famille de mineurs, les Maheu et tombe amoureux de la jeune Catherine. Mais celle-ci est la maîtresse d’un ouvrier brutal, Chaval, et bien qu’elle ne soit pas insensible à Etienne, elle a à son égard une attitude étrange.
Etienne s’intègre vite parmi le peuple des mineurs. Il est révolté par l’injustice qu’il découvre et par les conditions de vie des mineurs. Il propage assez rapidement des idées révolutionnaires.
Lorsque la Compagnie des Mines , arguant de la crise économique, décrète une baisse de salaire, il pousse les mineurs à la grève. Il parvient à vaincre leur résignation et à leur faire partager son rêve d’une société plus juste.
Lorsque la grève éclate, la Compagnie des Mines adopte une position très dure et refuse toute négociation. Affamés par des semaines de lutte, le mouvement se durcit. Les grévistes cassent les machines et les installations minières et agressent les bourgeois. Les soldats viennent rétablir l’ordre mais la grève continue. De nombreux mineurs défient les soldats qui tirent sur les manifestants : Maheu, l’ouvrier chez qui Lantier avait pris pension, est tué.
La grève est un échec. Les mineurs se résignent à reprendre le travail. C’est alors que Souvarine, un ouvrier anarchiste , sabote la mine. De nombreux mineurs meurent. Etienne, Catherine et Chaval, son amant, sont bloqués dans la mine. Chaval provoque Etienne qui le tue. Il devient enfin l’amant de Catherine qui meurt dans ses bras avant l’arrivée des sauveteurs. Etienne sort vivant de cet enfer, et part pour Paris.
Même si la révolte a échoué, Etienne est plein d’espoirs dans la lutte que les ouvriers mènent contre les inégalités. Un jour, il en est persuadé , ils vaincront l’injustice….
L’ incipit d’un roman pose un horizon d’attente pour le lecteur et offre des informations sur le cadre,les personnages et l’intrigue; Cette tradition est respectée par Emile Zola qui nous offre avec l’arrivée de son héros Etienne, un aperçu des techniques de description du roman réaliste ; Nous pouvons donc nous demander, par exemple, comment la description est organisée ou quelles techniques réalistes sont ici utilisées au sein de la description et quels points de vue l’organisent. Pour réaliser ce commentaire littéraire, nous avons choisi une problématique centrée sur le personnage du héros; Lisez ci-dessous un exemple d’introduction , le plan détaillé et la fin de la rédaction des parties 2 et 3.
En 1880, Emile Zola, chef de file du courant réaliste et fondateur du naturalisme, publie le treizième volume de sa série les Rougon Macquart , intitulé Germinal. Ce roman dépeint les tristes conditions de vie des mineurs de charbon du nord de la France, contraints de travaillerdurement pour des actionnaires toujours plus avides de s’enrichir , dans un contexte économique difficile de mutations industrielles . Le héros Etienne Lantier, fils de Gervaise arrive ici à Montsou et va découvrir l’univers des mineurs; Comment ce personnage est-il dépeint ? Nous étudierons d’abord son arrivée dans un milieu hostile avant de montrer son dénuement et enfin sa souffrance. ….
Plan détaillé :
L’arrivée en milieu hostile
1. Une obscurité menaçante
2. Solitude et peur de l’inconnu
3. Une perception limitée de son environnement : la dimension réaliste
II Un personnage démuni (suite de la rédaction ) et souffrant
Le personnage d’Etienne , ouvrier sans travail , ne possède que quelques hardes qu’il transporte dans “un petit paquet “l 13 ; De plus, ses vêtements sont décrits comme usés à force d’avoir été portés ; Ainsi le coton de sa veste est présenté comme “amoindri” l 12 ; Usure ou peut -être mauvaise qualité du vêtement : la tenue vestimentaire d’ Etienne n’est pas adaptée à son nouvel environnement ; Le froid le fait vraiment souffrir et la métaphore les “lanières du vent ” à la ligne 17, assimile cet élément du décor à un véritable instrument de torture comme un fouet qui blesse le personnage; Zola évoque ainsi, de manière imagée, la morsure du gel sur le corps ;
Cette souffrance du héros est également rendue visible par ses mains gourdes que le vent fait “saigner” ; à cette souffrance physique s'ajoute une souffrance morale; Sans travail et sans ressources, Etienne paraît bien démuni et condamné à accepter n'importe quelle offre pour survivre dans ce milieu rigoureux; Le lecteur ne peut s'empêcher de trouver le héros pathétique d’autant qu’il est présenté comme craintif : “pris de crainte ” ligne 23 , il hésite à s’approcher de la mine qui est perçue d’instinct, comme dangereuse pour lui ; mais le “besoin douloureux de se chauffer ” est plus fort que ses appréhensions et Zola démontre ainsi que son personnage se laisse guider par des besoins vitaux; Comme tous les romanciers réalistes, Zola motive les actions de son personnage en précisant à chaque fois au lecteur ce qui le fait agir de la sorte.
III. Le personnage: un foyer de perception
La dernière partie du passage se focalise sur la vision du personnage et présente la première apparition de la mine : le narrateur utilise le personnage d’Etienne pour en faire le foyer de perception de la description qui s’organise ainsi , à partir de son point de vue ; Au gré de ses déplacements et de ses mouvements, les bâtiments disparaissent ou réapparaissent; ainsi , par exemple, lorsque le chemin descend : “Tout disparut ” ; Il s’agit d’une technique de description réaliste qui consiste à modifier le champ de vision en suivant les déplacements et les sensations du personnage qui est le foyer principal; Etienne se trouve alors face au Voreux présenté comme “une apparition fantastique ,noyée de nuit et de fumée ” l 39 ; La mine est personnifiée comme l’indique le choix de l’adjectif “tristes “ pour qualifier les “lanternes ” et la cheminée est présentée comme une silhouette ; La fosse semble ainsi vivante et on peut entendre sa respiration (l 40)
Ainsi, ce passage a pour fonctions de présenter le personnage d’Etienne et de peindre longuement le milieu dans lequel le personnage va évoluer , s’adapter et au final se transformer. Le héros apparaît craintif et démuni mais il n’a rien à perdre.
06. janvier 2019 · Commentaires fermés sur Quand Zola imagine la révolution : un roman “visionnaire ” et pas toujours réaliste … · Catégories: Seconde · Tags: réalisme, roman, Zola
En lisant Germinal, on pourrait penser qu’il ne s’agit pas vraiment d’un roman mais plutôt d’un traité politique sur les révolutions ouvrières; Cependant, ce serait oublier qu’il s’agit avant tout d’un roman et donc d’une oeuvre née de l’imagination de son auteur. L’un des meilleurs spécialistes de Zola, le professeur Henri Mitterand, a écrit un article dont je vous livre ici quelques passages : il y rappelle qu’au delà du projet de peindre les rapports entre les ouvriers et les patrons , ce livre raconte aussi la vision du monde de son auteur . Le roman est le soulèvement des salariés, le coup d’épaule donné à la société qui craque un instant : en un mot la lutte du travail et du capital. Zola veut que son roman prédise l’avenir, posant la question la plus importante du vingtième siècle. » Mais est-il toujours réaliste dans sa description de la révolution et des mineurs ?
Zola, encore mal informé de la conduite des grèves, peine à évacuer les sauvageries simplistes et les fantasmes sanglants : « Lorsque la grève éclate, explosion d’autant plus violente que la misère, la souffrance a été plus grande ; et là aussi pousser au dernier degré possible de la violence. Les ouvriers lâchés vont jusqu’au crime : il faut que le lecteur bourgeois ait un frisson de terreur. Maison attaquée à coups de pierres, siège en règle ; personnes tuées, éventrées, sauvagerie abominable. »
Et en tout cas l’idée de lâcher les ouvriers jusqu’au crime sera abandonnée. Il y aura trois sortes de meurtriers dans le roman, et ce ne seront pas des hommes du fond : des femmes rendues folles de fureur, un enfant infirme et qui s’est exclu de la communauté familiale et sociale Jeanlin qui a vraiment mal tourné , un vieillard devenu fou Bonnemort – qui tuent trois figures également marginales à l’affrontement direct « du travail et du capital », un petit commerçant, Maigrat, une sentinelle de l’armée, et la fille du couple d’actionnaires, Cécile Grégoire.
Zola a choisi ce titre Germinal plusieurs jours avant son départ pour la région des mines ; C’est une trouvaille : L’annonce, la prophétie, se dit en grec évangile, et de nombreuses images de la révolution la présentent comm une sorte de cité idéale, un lieu paradisiaque. Le mot évoque historiquement le printemps, la faim,– et aussi la défaite du peuple. Et il porte étymologiquement l’idée de la graine et de la germination.: « Un titre exprimant la poussée d’hommes nouveaux […] un avril révolutionnaire, une envolée de la société caduque dans le printemps. » «« Aux rayons enflammés de l’astre, par cette matinée de jeunesse, c’était de cette rumeur que la campagne était grosse. Des hommes poussaient, une armée noire, vengeresse, qui germait lentement dans les sillons, grandissant pour les révoltes du siècle futur, et dont la germination allait faire bientôt éclater la terre ». Quand il arrive sur place dans le Nord, Zola se fait raconter la journée d’un mineur de fond : lever à quatre heures, départ « en emportant le déjeuner, des tartines ou de la viande et une gourde de café », descente au fond, chemin jusqu’à la taille, « souvent deux kilomètres à faire sous terre », travail, déjeuner accroupi sur le chantier, retour. Les femmes et les filles travaillent au triage du charbon, en surface : Catherine Maheu descendra dans les galeries, mais l’action du roman se passera en 1866, plusieurs années avant la loi épargnant aux femmes le travail au fond. La fréquentation des cabarets n’arrange rien. Zola est entré au cabaret de La cantinière. On y boit en silence des chopes de bière à deux sous, tirées à des robinets. Le café et la bière, ce sont les deux boissons du Nord, l’une à domicile, l’autre au cabaret. On retrouver bien ces petits détails vrais dans le roman.
L’imagination de Zola travaille en même temps que sa curiosité d’enquêteur. Sur ce qu’il a vu à la fosse Thiers, à Bruay, ses notes laissent déjà place à l’analogie, à la métaphore. Le canal, avec sa double ligne d’arbres, est une « avenue d’eau ». Les péniches, à bandes rouges et blanches, semblent « dormir sur l’eau claire ». La fosse Thiers est « une construction massive, de corps rapprochés, accroupie, tapie comme une bête ». . « Des tuyaux de vapeur dépassent faiblement les toits, il y a une respiration forte et lente, régulière, qu’on entend continuellement. Dans le bas, il y a aussi, à ras de terre, un échappement continu de vapeur. C’est une bastille d’un nouveau genre. » Les notes sont transformées dans le roman en paysages imaginaires tristes souvent, inquiétants et parfois fantastiques.
Zola descend lui aussi dans une fosse. Au terme de son voyage sous terre, il contemple enfin les « piqueurs », qui extraient le charbon de la veine et enlèvent les roches. Il pense inévitablement à des damnés, ou à des esclaves. La position est une des pires qui soient : « L’ouvrier se met sur le flanc et attaque la veine de biais. J’en ai vu un tout nu, avec la peau salie de poussière noire. »
Sur l’histoire des grèves qui ont périodiquement arrêté ou troublé le travail des mines d’Anzin, ni les mineurs, ni les ingénieurs, ni les administrateurs ne se sont beaucoup étendus. Et il s’est fait raconter la grève d’octobre 1866 à Anzin et Denain. Un mouvement assez brutal : pressions violentes contre les « jaunes », manifestations sur les routes, tapages, bris de vitres, rixes, participation des femmes, tentative d’extinction des feux d’une fosse à Denain. Le récit de Germinal présente des analogies frappantes avec l’histoire de cette grève de 1866, à laquelle celle de 1884 ne ressemblait plus tout à fait. « Avec cent francs, s’extasie Le Figaro, le mineur vit mieux que l’ouvrier parisien […] Et pourtant, on excite les mineurs contre la compagnie et ils écoutent ceux qui leur font de beaux discours, au risque de tout perdre. » Il a constaté, de ses yeux, la misère des corons, l’inhumanité des travaux du fond, la présence rampante de la faim, de la maladie et de l’accident fatal.
Mais si son roman connaît un vif succès dès sa parution, Zola est attaqué sur certains points . On lui reproche de peindre notamment les ouvriers comme des animaux Il contre-attaque : « Pourquoi veut-on que je calomnie les misérables ? Je n’ai eu qu’un désir, les montrer tels que notre société les fait, et soulever une telle pitié, un tel cri de justice, que la France cesse de se laisser dévorer par l’ambition d’une poignée de politiciens, pour s’occuper de la santé et de la richesse de ses enfants. »Un second reproche concerne la bassesse de certains sujets et de certains mots . On proteste contre « l’étalage de sensualité et de bestialité », « la fanfaronnade de cochonnerie »
Cependant, les mêmes critiques sur le chapitre de la « morale » mêlent l’éloge à la remontrance, avec des épithètes identiques chez la plupart : vigueur des tons, force de la couleur, parfum de réalité terrible, « beau livre sombre, pessimiste, terrible » : « Ce que j’ai voulu, c’est crier aux heureux de ce monde, à ceux qui sont les maîtres : Prenez garde regardez sous terre, voyez ces misérables qui travaillent et qui souffrent. Il est peut-être temps encore d’éviter les catastrophes finales. Mais hâtez-vous d’être justes, autrement, voilà le péril : la terre s’ouvrira, et les nations s’engloutiront dans un des plus effroyables bouleversements de l’histoire.”
. Mais par-delà l’histoire, surgit « la vision » : celle, teintée de « pitié morose », d’« un troupeau de misérables » livrés à un bourreau, « la mine, la bête mangeuse d’hommes », et à un dieu, « cet être mystérieux à qui appartient la mine et qui s’engraisse de la faim des mineurs » ; lorsque le troupeau, « mû par des forces fatales », se soulève, il va, « avec des bouillonnements et des remous, se briser contre une force supérieure ». : « Les hommes apparaissent, semblables à des flots, sur une mer de ténèbres et d’inconscience. » Cette vision issue de l’imagination de l’écrivain passe parfois sous silence pour certains la conscience politique acquise par les ouvriers en lutte. Néanmoins, les chapitres 3 et 4 du roman sont justement consacrés à la découverte par le héros des idées politiques socialistes. D’ailleurs les organes socialistes demandent à Zola l’autorisation de reproduire Germinal en feuilleton. À chacun d’eux, il fait la même réponse qu’au Peuple de Bruxelles, le 15 novembre 1885 : « Prenez Germinal et reproduisez-le. Je ne vous demande rien, puisque votre journal est pauvre et que vous défendez les misérables. »
. Auteur de l’œuvre, il en a été le premier lecteur, il en a ressenti le premier l’onde de choc. Dans Germinal, le mythe surgit de partout, avec sa dialectique de la damnation, de la révolte, de la répression, et des lendemains en attente. Pour construire un monde nouveau, pour faire germer « les récoltes du siècle futur », il faut détruire « le vieux monde » jusque dans ses fondations. Vision biblique autant que révolutionnaire. C’est ce qu’annonce dans Germinal la cohue des « bouches noires », parmi le « hérissement » des barres de fer et des haches. Et c’est cette sourde inquiétude que confie Zola, à plusieurs reprises. « Le siècle prochain garde son secret, il faut ou que la bourgeoisie cède ou que la bourgeoisie soit emportée .Ce tour prophétique est nouveau dans son œuvre. Nous ne sommes encore qu’en 1885, mais le tête-à-tête de Zola avec le peuple des rudes travailleurs lui a fait voir l’avenir sous un jour nouveau.
06. janvier 2019 · Commentaires fermés sur Le parcours d’Etienne dans Germinal: naissance de ses idées politiques et naissance d’un leader · Catégories: Seconde · Tags: réalisme, roman, Zola
Le personnage d’Etienne est le héros de Germinal, ce nouveau volet de la série des Rougon-Macquart , qui décrit la misère des ouvriers mineurs dans le Nord de la France à la fin du dix-neuvième siècle: En France ; la révolution de 1848 marque la montée des mouvements de revendications des ouvriers qui s’appuient sur les thèmes de Karl Marx et Friedrich Engels ; ces deux hommes fondent la ligue communiste et se battent pour changer les relations entre les bourgeois qui possèdent les moyens de production (les usines ) et leurs salariés, les ouvriers qui sont contraints de vendre, leur force de travail, leur labeur, en échange d’argent . Dans ce roman social , Zola prend parti pour les travailleurs et entend dénoncer l’exploitation dont ils sont victimes de la part de patrons qui ne pensent qu’à augmenter leur profit.
Les origines du personnage : Etienne est fils d’une blanchisseuse Gervaise Macquart, qui , en raison de son alcoolisme, va sombrer dans la misère et la déchéance (L’Assommoir ) Il est d’abord présenté comme un ouvrier sans travail qui ne possède que quelques effets dans un pauvre baluchon : Il possède la qualification de machineur et comprend que pour pouvoir travailler dans la fosse, il va devoir changer de métier , apprendre à devenir soit un charretier comme Bonnemort, soit un herscheur ; un culbuteur, un haveur , un galibot ou un raccommodeur ; La situation économique est alors décrite comme catastrophique : partout les usines ferment ; Autour de Montsou, on voit des sucreries ( qui extraient le jus des betteraves), des forges, mais également une minoterie, une verrerie et des fabriques ; Le décor sinistre semble relayer la peine des ouvriers : “le vent passait avec sa plainte comme un cri de faim dans la nuit ” ; la fosse est décrite comme un monstre affamé de chair humaine qui dévore les ouvriers : “une bête méchante qui respirait d’une haleine plus grosse et plus longue, l’air gêné par sa digestion pénible de chair humaine ” Grâce à sa conversation avec Bonnement, le grand père de la famille Maheu qui compte à son actif un demi-siècle passé à travailler à la mine, Etienne apprend quelles sont les conditions de vie des ouvriers ainsi que le nom du directeur de la mine , M Hennebeau.
Le second chapitre nous fait découvrir dans le coron ouvrier , la vie des Maheu, une famille typique de mineurs : c’est la misère la plus noire ; 7 enfants à nourrir , plus d’argent et la nourriture qui devient une obsession : ils trompent la faim avec des feuilles de chou bouillies, ont des dettes à l’épicerie et Catherine, la fille aînée, a bien du mal à leur trouver de quoi se faire des “briquets ” pour la mine (pain, beurre et fromage blanc ) Zola décrit parfois les ouvriers comme des animaux pour dénoncer l’ampleur de leur misère : il évoque par exemple, à la fin du chapitre 2, leur piétinement de troupeau ou la mamelle pendante de la Maheude qui allaite épuisée sa petite Estelle âgée de 3 mois .
La pensée politique d’Etienne : le personnage est placé comme un observateur du milieu des ouvriers et Zola s’inspire des notes qu’il a prises durant son séjour dans le pays minier pour faire évoluer son personnage . Tout d’abord il apprend les gestes qui font de lui un mineurs : “il apprenait de Catherine à manœuvrer sapelle , montre des bois dans la taille ” . Certains le surnomment l’aristo pour se moquer de sa maladresse liée à l’ignorance du métier . Les premiers temps, il étouffe au fond des veines ; C’est en fait un timide qui craint sa violence intérieure ; Le personnage songe d’abord à reprendre sa route affamée afin de ne plus redescendre dans cet enfer : “car avec son instruction plus large, il ne sentait point la résignation de ce troupeau et finirait par étrangler quelque chef ” (I, VI ) Finalement, au dernier chapitre, il décide de rester à cause d’un vent de révolte . Peu à peu le personnage devient un camarade et se lie d’amitié avec Maheu qui admire son instruction “il le voyait lire, écrire, dessiner des bouts de plan, il l’entendait causer de choses dont lui, ignorait jusqu’à l’existence ” (P1, 3)
L’influence de Souvarine : c’est un ouvrier pauvre, Russe et secret qui a commandité un attentat contre le tsar . Il s’est réfugié en France et tente de dissuader Etienne de rejoindre l’Association internationale des travailleurs qui venait de se créer à Londres sous l’impulsion de Karl Marx ; Souvarine lui veut tout détruire mais Etienne pense qu’il n’est pas vraiment sérieux : “cette théorie de la destruction lui semblait une pose ” ; Pluchart lui fait partie de cette association : il est même secrétaire de la fédération du Nord. Les hommes pensent qu’une révolution des ouvriers est indispensable ” un chambardement qui nettoierait la société du haut en bas, et qui la rebâtirait avec plus de propreté et de justice ” Souveraine semble ne savoir long sur les mécanismes économiques qui régissent la loi du marché et il évoque notamment la loi d’airain : le salaire est fixé selon lui à la plus petite somme indispensable, juste le nécessaire pour que les ouvriers mangent du pain sec et fabriquent des enfants. “C’est l’équilibre des ventres vides, la condamnation perpétuelle au bagne de la faim ” Alors Etienne se met à lire des livres dans lesquels il ne comprend pas tout et des idées lui viennent . (P 3, 3) Jusque là , il n’avait eu de la révolte que l’instinct, au milieu de la sourde fermentation des camarades. Toutes sortes de questions confuses se posaient à lui: pourquoi la bière des uns? pourquoi la richesse des autres ? pourquoi ceux- ci sous l étalon de ceux-là, sans l’espoir de jamais prendre leur place ?
Sa découverte des livres : il lit tout ce qui lui tombe sous la main; des traités de médecine, des brochures anarchistes, des traités d’économie politique , des livres sur les coopératives mais il reste un grand utopique et il se contente de rêver aux améliorations possibles de la société : “ il assistait à la régénération radicale despeuples sans que cela dût couter une vitre cassée ni une goutte de sang. ” Cependant Etienne qui loge désormais chez les Maheu parvient à les convaincre que les choses peuvent changer et il partage ses rêves d’un monde meilleur avec eux : ” Une société nouvelle poussait en un jour, ainsi que dans les songes,une ville immense d’une splendeur de mirage, où chaque citoyen vivait de sa tâche et prenait sa part des joies communes; La devise de ce nouveau peuple: “à chacun suivant son mérite, et à chaque mérite suivant ses oeuvres. ”
Etienne devient un leader : son influence peu à peu s’élargissait ; Il crée sa caisse de prévoyance et devient secrétaire de l’association. Il es transforme intérieurement et extérieurement: “son visage changea et devint grave,il s’écouta parler; tandis que son ambition naissante enfiévrait ses théories et le poussait au idées de bataille. ” Le nouveau mode de paiement des berlines décrété par la compagnie va mettre le feu aux poudres et par conséquent la mine à feu et à sang. La grève va être décidée et l’accident de Jeanlin, le départ de Catherine et de Zacharie contribuent à rendre encore plus précaire l’existence quotidienne des Maheu. La quatrième patrie du roman débute par la visite d’une délégation de mineurs chez les Hennebeau; Etienne en fait partie.
08. décembre 2017 · Commentaires fermés sur Germinal est -il un roman social et politique ? Une dissertation sur oeuvre … · Catégories: Seconde · Tags: Zola
Répondre à cette question consiste à effectuer une dissertation sur une oeuvre romanesque c’est à dire à rechercher dans l’oeuvre les éléments qui permettent de donner une réponse à ces deux questions ? Voilà l’exemple d’une bonne copie d’élève de première : entrainez-vous en lisant ce travail à repérer son introduction, les paragraphes de son développement, les arguments de sa conclusion, les citations qu’elle emploie…
Treizième volume de la grande fresque des Rougon-Macquart, erminal, publié d’abord en 1884 en feuilleton, puis en mars 1885 en volume, et qui fut un véritable succès, est écrit entre le 2 avril 1884 et le 25 janvier 1885 par Emile Zola ; Son ouvrage préparé par une enquête détaillée, montre l’affrontement des forces naturelles, soumises aux circonstances et à l’environnement social, qui gouverne le destin des personnages, des mineurs dans le roman Germinal.
Germinal expose la vie des mineurs entre mars 1866 et avril 1867. On peut y voir les conditions de vie des mineurs condamnés à une grande misère. La révolte des mineurs, grâce au personnage d’Etienne Lantier principalement, leur permet d’ouvrir une caisse de prévoyance. Tout finit par une grève contre la baisse de leurs salaires. Cela devient un vrai saccage, un massacre, que plus personne ne peut contrôler, allant jusqu’à la dégradation et à la casse de certaines fosses, jusqu’à la mort de beaucoup de personnes, sans pour autant voir, au bout du compte, leurs conditions s’améliorer. De plus, nous pouvons voir que dans la mémoire historique et culturelle, Germinal est un mois du calendrier révolutionnaire. Il est donc lié, bien entendu, au printemps, à la germination, à l’espoir, au renouveau, à l’avenir.
Nous pouvons nous demander dans quelle mesure Germinal est un roman social et politique.
Pour y répondre, nous verrons dans un premier temps que Germinal traite en grande partie du social, avec la violence, la misère, la condition de vie ouvrière au XIXème siècle, et la formation de leur caisse de prévoyance. Dans un deuxième temps, nous étudierons les rapports avec l’évolution des idées politiques sous le Second Empire, ainsi que la naissance des mouvements socialistes et ouvriers.
Tout d’abord, Germinal est un roman social. En effet, Zola l’écrit lui-même : « Le vrai socialiste n’est pas celui qui dit la misère, les déchéances fatales du milieu, qui montre le bagne de la faim dans son horreur ? », « Le peuple est en bas, dans l’ignorance et dans la boue, et c’est de là qu’on doit travailler à le tirer ».
Pour commencer, nous pouvons alors voir que la misère est grande, du fait des conditions de vie très difficiles. Nous pouvons le voir à travers tout le roman notamment parce que les logements sont étroits et inconfortables : les mineurs sont « parqués en tas » et n’ont aucune intimité. Chaque famille, peu importe le nombre de personnes, qu’ils soient quatre ou dix, dispose d’une petite parcelle de terrain avec un petit jardin qui sert de potager, et une maison ; Prenons l’exemple de la famille Maheu, composée du père, de la mère, la Maheude, de leurs sept enfants, et du grand-père ; trois lits sont dans la chambre, et dans chaque lit, deux personnes dorment ensemble, et dans le couloir du palier, le quatrième lit et le berceau sont installés, pour les parents et le bébé. Le grand-père, quant à lui, dort le jour dans un des lits des enfants. Mais ce n’est pas seulement lorsqu’ils dorment qu’ils sont entassés, puisque même quand ils se lavent, par exemple, c’est toujours les uns devant les autres :
Ensuite, nous voyons déjà au début de l’histoire que les mineurs ont du mal à « joindre les deux bouts » : la Maheude va chercher de l’aide chez les bourgeois de la Piolaine, et demande une fois de plus un crédit à Maigrat. Ainsi, lorsque la grève éclate, les mineurs comme la famille Maheu ont encore plus de mal et ressentent d’autant plus la misère que la grève éclate en plein hiver, où il fait donc très froid.. Mais il n’y a pas que les conditions de vie qui sont difficiles.
Les conditions de travail sont effroyables. Le travail des enfants est possible dès l’âge de huit ans en manufacture, et douze dans la mine. Avant de descendre dans le puits, « tous venaient prendre et emporter dans leur peau un bon coup de feu, pour braver l’humidité », qui est un des éléments les plus difficiles à supporter, avec à certains endroits, « la température [qui monte] jusqu’à 35°c ». De plus, ils ne sont pas toujours dans des positions très confortables pour travailler, puisque par endroits, ils doivent passer dans « des trous larges de trente centimètres », et être allongés pour creuser, ou agenouillés, le dos courbé ; . A cela s’ajoute l’obscurité entière au fond, et des dangers comme le grisou, les éboulements ou les infiltrations d’eau. Le travail pénible provoque un taux de mortalité supérieur dans la classe ouvrière que dans les autres classes sociales. Les mineurs ont le droit aussi à leurs propres maladies. Et leur salaire dépend de leur emploi dans la mine, de leur âge, ce qui permet au père de gagner plus que la femme et les enfants.
Enfin, la misère est aussi présente dans les rapports humains ; tout le monde exploite tout le monde. Dans les rapports amoureux, le mariage est une chose importante uniquement sur le plan financier. La sexualité est violente et vue comme une chose sans romantisme et douceur. Zola dépeint la sexualité des mineurs au XIXème siècle comme bestiale. On s’aperçoit alors dans le roman que la génération de Catherine va connaître la même misère que ses parents si certains éléments ne changent pas, car le destin se répète ; Seulement, la grève qui aurait pu éventuellement tout changer, a échoué. Zola montre tout de même que rien n’est définitivement perdu.
Comme l’a dit Zola, il y a aussi les déchéances fatales du milieu, avec la montée de la violence, qui est en partie due à une sorte de vengeance, de réaction des mineurs face à leur impuissance, puisque leur (sur)vie dépend de leur travail ; mais aussi à l’aggravation de la situation, qui provoque le mécontentement de la population. De plus, la mauvaise paie entraîne le désespoir et la colère du coron tout entier.
Tout le monde arrive au bout de ses limites à un moment où un autre du roman. La violence est à la fois collective et individuelle. Même certains enfants sont violents : Lydie et Bébert sont sous les ordres de Jeanlin, qui tuera le petit soldat Jules qui montait la garde au Voreux pendant la grève. Mais cette montée de la violence aboutit à son déferlement. Ainsi, les violences collectives sont plutôt présentes lors des réunions, comme celle au Plan-des-dames, où la violence des Hommes est comparée à celle de la nature. Lorsque les mineurs de Montsou vont détruire les autres fosses, ils s’en prennent aussi aux hommes. Ce déferlement de violence est une action de masse, les uns entraînent les autres. Etienne n’arrive plus à les contrôler. On retrouve alors l’une des principales caractéristiques des romans de Zola : la violence (sociale et économique) entraîne la violence physique (des mineurs).
Ces malheureux, à qui une étincelle pourrait rendre leur dignité d’homme, se partagent entre l’alcool et les femmes, d’après la vision sombre que nous propose Zola.
L’auteur a aussi évoqué le bagne de la faim dans son horreur. En effet, la nourriture que peuvent acheter les mineurs est assez restreinte. Les aliments le plus souvent sont du gros pain, du sel, du sucre (par exemple la petite Alzire Maheu qui suce du sucre quand sa mère ne peut rien lui donner d’autre à manger), du beurre, du fromage, et quelques légumes pour la soupe. Ils ne mangent jamais de viande. Leurs boissons se réduisent à l’eau, l’eau de vie de grain, la bière (car le vin est trop cher), et le café qui a une couleur rouille. Dans la mine, ils emportent des « briquettes », composées différemment selon les membres de la famille : le père, qui ramène plus d’argent, aura une plus grosse part, mais toutes seront faites de deux tranches de pain, du fromage et du beurre ; ils n’ont dans leur gourde que du café, parfois encore tiède. Lorsque la grève éclate, la misère et la faim sont réellement présentes. Les mineurs crient : « du pain! du pain! du pain! ». Chez les bourgeois au contraire, la nourriture est très variée. Ils ont assez d’argent pour pouvoir se payer du poisson, de la viande, des légumes, des fruits et dégustent de grands vins, tout cela à volonté. La nourriture accentue donc beaucoup la différence entre les bourgeois et les mineurs, les riches et les pauvres.
Enfin, « le peuple est en bas, dans l’ignorance et dans la boue ». L’ignorance des mineurs est très grande. En effet, même Etienne se documente et lit beaucoup de livres, ouvrages et magazines sur la société, car il a « honte de son ignorance ». Pourtant, c’est un des plus cultivés, puisque c’est lui qui fait en partie réagir les autres sur les diminutions de salaires, les caisses de prévoyance. L’inculture des mineurs les amène à croire tout ce qu’on leur dit ; ainsi, que la caisse de prévoyance soit ou non une bonne chose, il suffit de leur donner quelques arguments positifs pour qu’ils soient d’accord. Ils ne chercheront pas à trouver de raisons contre. De plus, la plupart des mineurs sont illettrés, puisque certains finissent par donner leurs lettres à écrire à Etienne, en échange d’une rémunération.
L’évocation de la misère, des déchéances fatales du milieu, du bagne de la faim dans son horreur, de l’absence d’éducation, contribuent à tirer l’œuvre du côté du roman social.
Germinal est aussi un roman politique. En effet, le Second Empire voit une bourgeoisie corrompue et indifférente diriger l’économie avec la bénédiction d’un clergé réactionnaire. La bourgeoisie est la nouvelle noblesse du régime: elle est maîtresse des lieux dans Germinal et reconnait son monarque, favorise son culte (la compagnie offre des portraits de l’Empire et de l’Impératrice aux mineurs habitant le coron). Bref, elle réagit comme la noblesse devant le roi. Le Second Empire est un régime qui censure, et la censure abolit obligatoirement la liberté. Mais qui utilise aussi la force. On le voit faire preuve d’autorité en dépêchant des hommes en armes dès que les choses tournent mal ou risquent de menacer le régime. D’autre part, l’action dans Germinal commence vers 1865, en plein Empire autoritaire.
En 1865 est fondée l’Internationale en Angleterre. C’est dès cette époque que se créent les mouvements socialistes et qu’éclatent des grèves. Enfin, Napoléon III fait entretenir en France le culte de sa famille. Ainsi, on trouve comme décoration, collés aux murs couleur vert pomme, « les portraits de L’Empereur et de L’Impératrice ». Cependant c’est la compagnie qui a offert ces portraits destinés à entretenir un culte de la personnalité impériale. Bref, on constate que les mineurs se plaignent de leur situation, mais en aucun cas de leur gouvernement qui pourtant les manipule. Depuis le milieu du Second Empire, les charbonnages du Nord et du Pas-de-Calais fournissaient, aux alentours de 1880, la moitié de la production française de houille. En 1884, les mineurs se mettent en grève. C’est la misère, la famine. Les ouvriers voulaient un monde nouveau, du pain pour se nourrir et des conditions de vie meilleures. Zola décide d’écrire le roman de la mine , c’est-à-dire la lutte du Capital et du Travail.
. Le noir se retrouve jusque dans la signification politique, du fait de son association au XIXème siècle, mouvement anarchiste. Ensuite, le rouge est souvent lié au thème de la violence issue de la souffrance : c’est une couleur rouge de menace. Dans ce roman, le rouge peut alors représenter « les feux des fours à coke », le signe du malheur des hommes, du travail ininterrompu et de l’exploitation. La révolte des mineurs apporte la couleur rouge au sang de Maigrat, au sang des fusillés qui va jaillir sur les deux enfants de Zacharie et Philomène comme un signe de malédiction. De plus, « le rêve de la révolte, de la vengeance, est un rêve rouge ». Le drapeau des insurrections révolutionnaires est lui aussi de couleur rouge, associé à l’image des têtes guillotinées sous la révolution française. Enfin, lorsque l’espoir renaît, à la fin du roman, Etienne quitte Montsou pour s’engager dans la lutte syndicale. Le rouge est associé à la violence individuelle et collective. Le rouge et le noir ont tous les deux un sens politique avec l’anarchisme et la révolution, Zola associe le personnage de Souvarine à la couleur noire. Mais nous pouvons constater que la dernière page du roman apparaît comme un nouvelle couleur, le vert, avec le thème de la germination, présent dans le titre. Seul ce thème permet de réunir les trois couleurs, le noir devenant le sol où germe le grain, le rouge représentant la chaleur et le soleil, conditions indispensables pour que surgisse le vert, l’espoir et la vie.
Pour conclure, nous pouvons confirmer que Germinal est une œuvre à la fois politique et sociale et psychologique. La misère, la violence, la faim, l’ignorance, les conditions de vie misérables des mineurs, la condition féminine, la dénonciation de la bourgeoisie, tout s’y trouve…
Ainsi, avec la crise actuelle (licenciements, chômage, fermetures d’usine), le roman a pris aujourd’hui une forte signification. Même si les conditions de travail et les conditions de vie des mineurs ont évolué, le roman reste d’actualité.
06. décembre 2017 · Commentaires fermés sur La famille Grégoire dans Germinal : le confort bourgeois · Catégories: Seconde · Tags: réalisme, Zola
Dans Germinal, Zola s’efforce de peindre la mine de charbon , le milieu ouvrier et les conditions de travail éprouvantes des familles de mineurs.Pour mieux faire prendre conscience au lecteur du sort misérable des ouvriers, il va fabriquer des personnages de bourgeois et montrer que ces derniers vivent confortablement; leur sort va ainsi contraster fortement avec celui des prolétaires. Dans l’extrait que nous étudions et qui se situe au début de la seconde partie du roman, il s’agit de démontrer que la famille Grégoire symbolise le confort du mode de vie bourgeois . Quelle image de cette bourgeoisie Emile Zola nous offre-t-il ici ? Dans une première partie, nous étudierons l’importance de leurs possessions en commençant par leur domaine; nous évoquerons ensuite l’importance de la nourriture dans leur mode de vie et enfin nous montrerons ce qui les caractérise à la fois physiquement et dans leurs habitudes.
Construire un commentaire littéraire, c’est avant tout fabriquer un plan efficace ; Le meilleur plan est celui qui permet de classer un maximum d’observations ; Le plan s'obtient après la phase de recherches et il répond toujours à une problématique ; On ne peut donc pas l'obtenir immédiatement mais il faut s'efforcer de le mettre noir sur blanc avant de passer à l'étape de la rédaction du commentaire; De la qualité du plan dépend en effet la clarté de la démonstration qui conduit le commentaire . Il n’apparaitra pas sur la copie rédigée mais vous devrez le garder sou les yeux durant la rédaction de votre commentaire.
Un plan détaillé se note sur son brouillon avec des titres (I, II, III ou A B C ) et des sous-titres (notés 1.2.3 ou a) b) c) ; Il s'obtient en classifiant les observations relevées dans l'extrait à étudier. Dan ile passage qui nous occupe , il est question de la demeure des Grégoire, de leurs terres, de leurs potagers et de leur verger qui leur permettent de produire les plus beaux fruits et légumes de la région ; on y voit également une cuisinière, vieille domestique, préparer une brioche te un chocolat chaud à Cécile, une jeune femme qui fait la grasse matinée et que tout le monde semble apprécier; Zola décrit la maîtresse de maison avec des termes qui reflètent son embonpoint et sa naïveté et il énumère les domestiques ; La pièce la plus détaillée est l'immense cuisine qui regorge de nourriture ;
Tous ces éléments caractérisent le mode de vie bourgeois et il vous appartient de les réunir dans des rubriques où vous rassemblez les points qui se ressemblent ; Voilà un exemple d’organisation :
I Les possessions des Grégoire
1. ils possèdent des terres , un vaste domaine et une grande maison
2. ils possèdent de nombreux domestiques à leur service dont une cuisinière
II La nourriture au centre des préoccupations des bourgeois
1. la cuisine est la pièce principale de la maison : elle est immense et importante
2. ils aiment manger de bonnes choses : chocolat, brioche, bonne odeur
3. ils possèdent de nombreuses victuailles : fruits, légumes, abondance de provisions
III Le mode de vie bourgeois
1. Aimer dormir : ils ne se lèvent pas tôt le matin
2. posséder de beaux vêtements : Madame Grégoire a un peignoir en flanelle
3. leurs portraits : ils sont gras et poupins alors que les pauvres sont généralement maigres (la vieille servante est maigre )
Ce premier tableau devra être nuancé avec les précisions que fournit Zola : ils sont certes riches mais leur fortune est en déclin; ils se montrent plutôt aimables avec leur personnel et se font un devoir de venir en aide aux plus démunis; ce sont de braves gens sur certains points mais ils méconnaissent certaines réalités sociales . Ils ont été habitués à dominer et à se comporter comme les maîtres .
Dans d’autres passages du roman, Zola présente des éléments différents qui caractérisent selon lui le mode de vie bourgeois qu’il ne critique pas explicitement : la famille Grégoire se définit par ce qu’elle possède, un amour des bonnes choses et un certain hédonisme; celui des classes possédantes ; Les classes laborieuses elles se définissent par un mode de vie marqué par la peur du manque d’argent, de la perte d’emploi ou du manque de nourriture.