02. septembre 2017 · Commentaires fermés sur Devenir critique de théâtre · Catégories: Divers
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Notre partenaire culturel 

La classe de Première Littéraire a pu participer à un atelier d’écriture au mois de décembre à la suite de la représentation de la pièce Les Optimistes à l’Orange Bleue ; en présence de Christine Ollic, directrice du  festival de théâtre du Val d’Oise et d’un journaliste spécialisé dans la critique théâtrale, les élèves ont fabriqué des compte-rendus du spectacle auquel ils ont assisté. Le résultat de leurs travaux est désormais visible en ligne et en version papier à l’intérieur du magasine Critiques en herbe . Vous pouvez lire ci-dessous un résumé de leurs articles …

Une expérience à renouveler très vite …

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13. mai 2017 · Commentaires fermés sur Le couple à l’épreuve de la fausse monnaie · Catégories: Divers
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Lorsqu’il rédige son Journal, Gide a bien conscience que penser le système de ses personnages dans le roman qu’il est en train d’écrire Les faux-Monnayeurs,  lui pose un certain nombre de problèmes . S’il envisage leurs rapports en terme de symétrie ou d’oppositions, le procédé  de composition lui paraît artificiel et renvoie alors au romantisme , un courant qu’il juge dépassé et qu’il entend bien ne pas reproduire. Mais il av pourtant présent à l’esprit en permanence l’idée  de devoir justifier (motiver ) l’évolution de ses personnages (le réalisme est passé par là ) et il  est prisonnier de certains principes hérité des romanciers réalistes comme par exemple de caractériser chaque personnage par une voix qui lui serait propre te qui reflèterait sa “personnalité” qui le rendrait reconnaissable pour le lecteur .  Avec le couple, Gide peut saisir à la fois le personnage dans son unicité et dans sa relation à l’autre ce qui lui offre deux points de vue qui se complètent ou qui, dans certains cas, s’opposent. 

. Le couple, en effet, commence devenir dans cette première moitié du XX sème siècle, la cellule de base autour de laquelle la famille va peu à peu se créer, s’agglomérer. L’exode rural a exilé les jeunes loin de leurs groupes familiaux et dans les villes, les liens vont se reformer autour des couples à une époque où le divorce est extrêmement marginal. Que représente le couple dans Les faux -Monnayeurs et comment expliquer les formes qu’il prend, ses nombreuse variations  ?

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Pour pouvoir répondre à cette question, il fait tout d’abord faire l’inventaire de tous les couples du roman (étape des recherches) et chercher à dessiner leurs transformations ainsi que leur évolution. Le premier couple est formé de Bernard et Olivier ; ce sont des amis ; Les parents de Bernard forment un couple désuni et peu aimant,gangrené par les regrets et corseté par la morale: Marguerite a eu un enfant hors mariage et le juge Albéric Profitendieu a élevé cet enfant comme le sien. Les parents d’Olivier  ne forment pas non plus un couple très uni:Pauline est au courant des liaisons de son mari et finira par le quitter. L’arrivée d’ Edouard va faire apparaître de nouveaux couples : Ce dernier a formé un couple amoureux platonique avec Laura qui , par dépit a épousé Félix; ce dernier souffre du désamour de sa femme qui se retrouve amoureuse de Vincent Molinier; enceinte de lui , elle inspirera pourtant à Bernard, lors de leur séjour à Saas-Fée un amour dévorant mais qui n’aura pas de concrétisation charnelle. On constate dans le roman que certains couples n’ont pas de relations charnelles et on peut penser que Gide fait revivre en quelque sorte, son couple avec sa cousine Madeleine teinté de platonisme.  Laura finira par revivre avec son mari.  Est-ce le signe d’un échec ou d’une victoire du couple? Félix paraît un mari aimant et supplie sa femme de revenir mais l’ombre de l’adultère pèse sur leur avenir de couple et le destin de cet enfant ressemble fort à celui de Bernard, comme une sorte d’écho dans le roman.

Quant à Bernard justement , après avoir hésité sur la nature de sa relation avec Olivier , il aura finalement une aventure sensuelle avec Sarah, la soeur de Laura . On retrouve une fois de plus cette dissociation entre les plaisirs de la chair et l’assouvissement du désir d’une part et l’affection, les affinités intellectuelles d’autre part  Le roman est-il le reflet de cette dissociation que Gide a opéré entre ses relations avec ses compagnons homme et son affection pour son épouse?

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Vincent Molinier quant à lui représente l’homme qui se perd par amour pour une femme; son idylle avec Laura a failli lui coûter sa carrière de médecin car il a perdu beaucoup d’argent au jeu pour en donner à Laura; ensuite il a  abandonné Laura pour partir à l’aventure avec lady Lilian Griffith et ils formeront un couple d’amant maudits qui s’entredéchireront jusqu’à la folie et  la mort . L’échec de leur couple marque le caractère tragique de l’évolution de leur relation basée au départ sur une entente charnelle; Lilian et Robert forment un couple bine particulier dans le roman; ils ne sont pas amants mais représentent plutôt les deux versants de la tentation qui mène à la perdition : le versant masculin avec un personnage séducteur et manipulateur, cynique qui est un peu le reflet inversé d’ Edouard  ; l’un est romancier à succès  alors que l’autre a un cercle de lecteurs plus restreint parce qu’il a aussi une conception plus exigeante du roman: tous deux aiment les hommes et sont amoureux d’Olivier et forment un couple non amoureux avec Laura pour Edouard et Lilian pour Robert ; Nouvel effet de symétrie dans la composition du roman.

Une autre image frappante du couple en crise est formée par les disputes et les scènes entre Monsieur et Madame de La Pérouse : images terribles de ces reproches permanents et cette aigreur qui caractérise désormais la vie en commun ; Le lecteur soupçonne d’ailleurs chez le vieux professeur une forte attirance pour les hommes longtemps réprimée mais que l’écrivain et en scène à travers son affection pour Edouard. Quelques années avant Gide, Marcel Proust a défrayé la chronique avec son cycle romanesque A La recherche du temps perdu qui évoque, encore à demi-mots, les ambiguïtés de ce qu’on nomme à cette époque l’inversion c’est à dire le fait pour un homme de se sentir féminin et de n’envisager des relations sexuelles qu’avec des hommes. En effet, la thématique homosexuelle imprègne le roman de Gide et propose une perception du couple qui diffère sans doute de celle d’un écrivain hétérosexuel : le lecteur est marqué par ce principe de dissociation déjà évoqué et relayé dans le Journal des FM  entre les exigences du corps et celles de l’esprit mais il peut également être sensible à l’échec massif des couples constitués. Il faut donc s’interroger sur ce que traduit cet échec ?

N’est-il que le reflet de la lassitude lié au quotidien partagé ? aux mauvais appariements de départ ? à l’impossibilité d’envisager un avenir

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de couple heureux dans la version homosexuelle ? au rejet du mariage ? du conformisme ? Le couple apparaît au croisement de ces perspectives . Il permet d’étudier les relations hommes /femmes , la composition familiale, le sentiment amoureux , la vision morale avec l’adultère te l’homosexualité: il est donc au centre d’une réflexion sur la vision de l’homme et du monde portée par l’oeuvre romanesque .

Quelques idées de plans :

 A / Pour un sujet qui porterait sur la présence de nombreux couples composés et recomposés

Omniprésence du couple justifiée par

a)  une cellule familiale en crise : les disputes et les couples mal assortis ou les adultères démontrent que la famille n’est pas une valeur stable au sein de laquelle l’individu s’épanouit  mais une valeur en crise ” famille je vous hais ” : une forme d’hypocrisie (fausse monnaie de l’harmonie familiale ) et la difficulté des relations parents/enfants

b) les normes sociales : la société rejette ou bannit l’homosexualté , les enfants hors mariage , les unions libres , la sexualité en dehors du mariage : l’individu étouffé par des principes moraux mais hypocrisie dénoncée par le roman  car ceux qui condamnent ces turpitudes (les juges Profitendieu et Moilinier ) sont également les principaux pourvoyeurs (Georges impliqué , Vincent dévoyé )

c) un individu en quête de lui-même : les évolutions au sein des couples et les changements de partenaires reflètent l’évolution soit des préférences sexuelles , le passage à la sexualité ou la révélation de sentiments amoureux. L’individu formera différents couples dans sa vie car il n’est pas permanent mais en constante évolution. La fausse monnaie consisterait alors à se mentir à soi-même sur ses véritables inclinations

Autres plans possibles qui relient les deux notions :

 Idée de départ : Faux couples et vrais couples ?  on construit un plan progressif  de type thèse , antithèse, synthèse

 I Les Faux-Monnayeurs du couple

Sauver les apparences : respect des convenances

Masquer l’adultère

Mensonge du bonheur conjugal

 II Prendre le risque de la vérité des sentiments

 Le choix difficile  de l’homosexualité

L’impasse de l’amour non partagé

Corps ou esprit : impossible conciliation ?

 III  La mise en échec programmée  du couple

Echec de la cellule familiale

Dénonciation des contraintes morales

Quand l’amour devient de la haine…

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A vous d’illustrer chacune de ces sous-parties au moyen d’exemples tirés du roman et de citations du Journal .

Pour conclure  ,le roman consisterait en un dévoilement progressif de la vérité dans tous les domaines comme Gide l’annonce dans son journal; Ainsi Les Faux Monnayeurs du roman  ne sont pas seulement ces jeunes désoeuvrés , assemblés autour de Strouvilhou et  qui se livrent à des malversations , tentent d’écouler des faux -billets et ont des relations avec des prostituées alors qu’ils sont mineurs.Les véritables Faux-Monnayeurs , ce sont tous ceux qui font preuve de faux sentiments ; Et ils sont bien plus nombreux . La construction du roman vise à dévoiler l’ampleur de cette fausseté dans les échanges et le couple est le vecteur privilégié de cette quête de la vérité des sentiments. L’individu doit faire face à sa propre évolution et  ne doit pas se laisser imposer sa conduite amoureuse au nom d’une morale qui condamne globalement la sexualité libre , hors mariage, l’épanouissement de l’individu et les orientations sexuelles jugées non conformes . La fausse monnaie consiste alors à donner le change, à faire semblant d’être heureux alors que tout en nous prétend le contraire et que nos aspirations profondes nécessitent de briser le couple formé . Quelque part, on peut penser que Gide n’envisage pas l’individu en dehors du couple quand bien même ce dernier ne serait que faux-semblant.

16. avril 2017 · Commentaires fermés sur Diableries et bondieuseries : anges et démons dans les Faux-Monnayeurs · Catégories: Divers · Tags:
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Edouard et Robert de Passavant

Lorsque Gide entreprend d’écrire le Journal des Faux-Monnayeurs, il nous fait part de ses interrogations et des pistes qu’il envisage de suivre pour rédiger et composer son roman Les Faux-monnayeurs; A plusieurs reprises , dans son Journal, il mentionne un personnage particulier : le démon et décrit sa manière d’agir en restant dans l’ombre des personnages ; Comment a t-il intégré cet élément dans son roman et doit-on y voir la marque du diable ou une sorte d’intervention divine proche de l’ange ? Dans une première partie, nous montrerons en quoi consiste cet esprit diabolique qui observe et parfois même  pousse des personnages à agir; Ensuite nous verrons qu’il s’agit d’une  sorte d’alibi pour le narrateur et enfin nous examinerons les interventions de l’ange dans la troisième partie du roman. 

Le démon au sens grec de daimon, d’esprit, se manifeste dès les premières lignes du récit comme la figure de la tentation ; Gide évoque le démon de la curiosité qui pousse Bernard Profitendieu  à trouver la cachette des lettres d’amour de sa mère Marguerite, prénom aux consonances  diaboliques car il est celui de la femme pour laquelle le docteur Faustus se damne, poussé par le pacte que lui propose un démon appelé Méphistophélès ; Peu après , dans le chapitre suivant, Bernard sera à nouveau tenté par un démon et volera la valise d’Edouard en dérobant au préalable le ticket de consigne que ce dernier a jeté par erreur; le narrateur souligne habilement ce trait en mentionnant le geste du personnage  qui retrouve une pièce de 10 sous oubliée au fond d’une poche : “le démon ne permettra pas qu’il se perde ” et peu après “il n’est pas un voleur que diable ”  

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Olivier Molinier 

Vincent Molinier , le frère d’Olivier est également une des victimes du démon : la culture positive de Vincent le retenait de croire au surnaturel; ce qui donnait au démon de grands avantages; le diable va , en effet, s’acharner sur ce personnage et ruiner son destin; d’abord en le faisant tomber amoureux de  Lilian; il délaisse Laura qu’il a pourtant mois enceinte, dépense l’argent de sa famille et va devenir un meurtrier; Mais le diable procède par étapes et le narrateur monter comment il agit de manière progressive; Simple observateur au départ, il se contente de l’observer  comme le note le narrateur :” laissons le , tandis que le diable amusé le regarde glisser sans bruit la petit clé dans la serrure ” ( p 60) ; Ensuite le démon va  s’attaquer à lui de manière retorse ne lui faisant fléchir ses parents pour obtenir la permission qu’olivier parte avec le Comt edu Passavant en vacances  avant de, finalement , le transformer en meurtrier : le démon de l’ennui va le pousser, dans la troisième partie vers la folie et le meurtre de Lilian . C’est par un lettre d’Alexandre, le grand frère d’Armand , que nous retrouvons Vincent Molinier , fou qui se croit possédé par le diable .

Le Comte Robert de Passavant est lui aussi une âme damnée et un suppôt de Satan: le prénom même de Robert fait peut être référence au diable amoureux  , le roman de Cazotte. Il manipule Vincent , se montre cynique avec son père et avec son jeune frère Gontran et parait sans cesse en représentation en public; Il verse du poison et de la perfidie sur le bonheur des autres . Le romancier mentionne ses interventions divines comme pour se dédouaner d’agir avec ses personnages  à sa guise ; Les interventions du diable pourraient ainsi se lire comme des tentatives de justifier, de manière en quelque sorte surnaturelle, les agissements des personnages et l’enchainement des événements au sein de la trame narrative du roman. Au lieu de se nommer comme le créateur de cette fiction, Gide désignerait ainsi le surnaturel comme un principe actif du récit. Toutefois, on distingue des interventions diaboliques qui jouent un rôle dans l’action mais aussi des discussions où il est question de religion de manière plus générale.

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 Le personnage de La Pérouse, par exemple,  est celui qui nous permet de bien saisir cette ambivalence entre le démon et l’ange, tous deux au service de dieu apparemment : en effet, lorsqu’il évoque la religion, Monsieur de La Pérouse décrit Dieu comme une sorte de démon qui lui a menti et lui a fait prendre pour de la vertu son orgueil: “dieu s’est moqué de moi”, s’écrie t-il: il nous envoie des tentations auxquelles il sait que nous ne pourrons pas résister , et quand nous résistons, il se venge de nous encore plus ” explique -t-il à Edouard; dans le dernier chapitre du roman, La Pérouse se désole du silence de Dieu  et déclare : ce n’est jamais que le diable que nous parvenons à entendre . “Nous n’avons pas d’oreille pour écouter la voix de Dieu ” ( 377)  et il pense que désormais le bruit du diable couvre la voix de Dieu ; Il fait par avouer en sanglots que “le diable te le bon dieu ne font qu’un ; ils s’entendent. Nous nous efforçons de croire que tout ce qui est mauvais sur la terre vient du diable; mai c’est parce qu’autrement nous ne trouverions pas en nous la force de pardonner à Dieu . Il s’amuse avec nous comme un chat avec la souris qu’il tourmente . ” La cruauté , dit -il , voilà le premier des attributs de Dieu . 

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La bande des  Faux-Monnayeurs 

Dans la troisième partie du roman, un ange se fait voir à Bernard et le guide pour choisir son chemin : cette intervention est très importante et s’étend sur un chapitre entier . (le chapitre XIII) Etymologiquement,nous retrouvons le sens d’envoyé de Dieu, de messager . Bernard médite pour savoir quelle route il doit suivre quand l’ange fait son apparition dans le jardin du Luxembourg. ” ( p 332) il le suit docilement : il n’était pas plus étonné qu’il ne l’eût été dans un rêve ” L’ange le guide vers l’église de la Sorbonne  et es met à prier; Bernard sent alors son coeur envahi d’un besoin de don et l’ange lui rappelle qu’il ressentait la même chose pour Laura; A la sortie du l’église l’ange a disparu et Bernard se retrouve au restaurant ; à la fin du repas l’ange lui dit : “le temps est venu de faire tes comptes ” Il l’entraine alors vers une estrade sur laquelle défilent des orateurs qui défendent l’engagement patriotique .Bernard renonce à signer un engagement et l’ange l’entraine dans des quartiers miséreux où il s’émeut; L’ange pleure et le soir venu, il rentre avec Bernard dans sa chambre où il luttèrent  toute la nuit. “sans qu’aucun des deux ne fut vainqueur”; mais le lendemain, sa lutte avec l’ange l’a mûri et il trouve refuge auprès d’Edouard qu’il interroge sur le sens à donner à sa vie .Il raconte alors à ce dernier les événements de la veille et avoue qu’ alors poussé par un démon, il avait failli signer un engagement mais que quelque secret instinct l’a dissuadé; Edouard ne peut répondre aux interrogations de ce dernier lais lui conseille de  “suivre sa pente pourvu que ce soit en montant ” (340) 

Pensant ce temps là, chez les Vedel, Sarah décide de repartir en Angleterre et crie à sa soeur Rachel : “je ne peux pas croire à ton ciel. Je ne veux pas être sauvée.” comme si elle acceptait son destin 

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Dieu apparaît dans le roman comme une possibilité évoquée par certains personnages, les plus purs comme Boris ou Rachel ou les plus vieux comme La Pérouse de trouver un sens à leur existence et  à leurs malheurs mais le romancier semble leur répondre en évoquant, comme contrepoids  la part du diable; il n’hésite pas à transformer dieu en un être cruel qui joue avec les hommes comme un chat joue avec les souris qu’il s’apprête à tuer; face à ce Dieu trompeur mais inaccessible, Gide construit la figure d’un démon partout présent et dissimulé dans les moindres gestes du quotidien ; à la fois observateur caché et parfois instigateur sous la forme d’un personnage retors, il serait une sorte de voix de la conscience qui rappellerait au lecteur les limites vacillantes entre le Bien et le mal . Ange ou démon, parfois les deux , le principe spirituel chez Gide n’est pas un guide mais plutôt un garde-fou. L’ange ne répond pas aux questions de Bernard mais l’invite à chercher seul le sens de son existence et le démon ne peut être pris comme une excuse pour justifier l’existence du mal car la plupart de ceux qui ruinent leurs vies ne croient pas au diable. Au sein du roman, anges et démons s’agitent autour des personnages et remplacent   la toute-puissance de l’écrivain ou l’ironie du sort qui semble ainsi ne pas émaner de l’auteur mai d’un principe éthique indépendant . 

 

27. mars 2017 · Commentaires fermés sur Les personnages gidiens : Edouard en maître de cérémonie ? · Catégories: Divers · Tags:
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Notons tout d’abord que Gide refuse les descriptions physiques et caractérise ses personnages par leur langage: ce sont des êtres de parole .  Le romancier déclarer chercher l’expression directe  “révélatrice de son état intérieur ”  ( journal p 82 )  Ensuite , il entend leur faire jouer un rôle dans l’intrigue et les classe en catégories : le jeune héros qui découvre le monde (Olivier , Bernard)  , les maîtres à penser (, les garants de l’ordre (les pères Molinier et Profitendieu et Vedel) , les rebelles ou faux rebelles comme Bernard , le suppôt de Satan (Robert  et sa comparse Lilian ) , la jeune femme éplorée  (Laura) . Comme beaucoup de romanciers, il fabrique ensuite un système des personnages avec des doublons, des opposés et des variations; Quel rôle joue Edouard au sein de ce sytème ? Est-il vraiment un personnage comme les autres ? 

Edouard semble avoir une place bien particulière dans l’édifice du roman car se carbets constituent une sort edu récit dans le récit qui li donner du relief et nous permettent , à la fois, d’avoir de nouvelles informations et une sorte de conscience centrale différente de celle du narrateur. Edouard serait-il l’incarnation du pédagogue, maître à penser qui formerait les esprits ; Il exerce en effet une influence considérable sur Olivier et Bernard ; il es montre attentif et encourage leurs progrès; A bernard qu’il a accepté d’engager et qu’il conseille, il dira : “il est bon de suivre sa pente pourvu que ce soit en montant ” : leçon de morale destinée à l’engager dans la voie du Bien et du Naturel; Il représente l’opposé du comte Robert de Passavant, lui aussi écrivain mais homme d’artifice , manipulateur et à travers lequel Gide critique la futilité de certains hommes de lettres .

Edouard reçoit dans la dernière partie la visite de plusieurs personnages dans son atelier de Passy : ils viennent lui demander conseil ; C’est surtout avec Olivier qu’il va donner la pleine mesure de son art d’éduquer : leur relation commence par une série de malentendus; chacun se méprend sur les intentions de l’autre et décode à l’envers les signaux émis par son vis à vis; C’est la scène de leur rencontre à la gare Saint-Lazare; Le départ d’Edouard en Suisse où il va “sauver “Laura et transmettre la lettre de La Pérouse à son petit-fils Boris (il sert alors d’intermédiaire, de messager ) nous permet de mieux le découvrir et à son retour, il rat encore Olivier qui le cherche chez lui alors qu’il est auprès de al mère de ce dernier . D’où le commentaire ironique du narrateur : “Pauvre Olivier ! Au lieu de se cacher de ses parents , que ne retournait-il chez eux simplement , Il eût trouvé son oncle Edouard prés de sa mère “

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Cette relation d’ oncle-neveu , mêlée à une histoire d’amour homosexuelle , a pu choquer les lecteurs de l’époque d’autant qu’elle faisait écho à une autre publication scandaleuse de Gide Corydon, dans laquelle il vantait les mérites de la relation grecque. Olivier tente alors de se suicider “par excès de bonheur ” et le couple après avoir affronté leur démon en la personne de Robert de Passavant, le débaucher, semble s’installer dans une relation harmonieuse. Un amour respectueux mais qui prend les traits d’un amour paternel : “ je le berçais sans rien dire comme un enfant” note Edouard dans son carnet à propos d’Olivier .Cependant la dernière ligne du roman est terriblement ambigüe; Invité à dîner chez les Molinier, Edouard se réjouit de rencontrer le petit Caloub; Le romancier a-t-il voulu créer une dernière ouverture ou souligner le risque d’infidélité d’Edouard qui serait juste attiré par les jeunes adolescents ? 

Edouard est-il vraiment le double de Gide ? Tout comme lui,il cherche à écrire un roman et ses carnets sont en fait la quasi transposition des questions que Gide note dans son propre journal des Faux-Monnayeurs . seulement Edouard va échouer là où Gide lui réussira comme en témoigne la publication du roman ; Edouard ne parvient pas à choisir entre toute les idées qui le tentent et toute les techniques qu’il souhaiterait expérimenter. Gide représenterait donc le dépassement d’Edouard et le triomphe sur l’indécision et l’incapacité à choisir . Que savons nous d’Edouard ? 

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Agé de 38 ans, c’est un écrivain et il est amoureux d’Olivier , son neveu; cet amour est décrit comme une saisie de l’âme “j’ai senti que ce regard s’emparait de moi  et que je ne disposais plus de ma vie ” Cependant ce qui est troublant, c’est que les termes employés sont les mêmes qu ceux qu’Edouard utilise pour décrire ce qu’il ressent pour Laura : “j’abandonne mon émotion et ne connait plus que la sienne ” Et à propos d’elle encore, Edouard insiste sur son désir de l’instruire, de al convaincre, de la séduire . Elle a 16 ans lorsqu’il la rencontre (lui 28 )  et il la trouve tout naturellement enfantine . Il est troublant de constater cette similitude dans les termes ; Edouard disserte alors sur l’amour dans son carnet et conclut : “par un étrange croisement d’influence amoureuse, nos deux êtres se déformaient .Invonlontairement, inconsciemment, chacun des deux êtres qui s’aiment se façonne à cette idole qu’il contemple dans le coeur de l’autre; Quiconque aime vraiment renonce à la sincérité . ”  Nous sommes tous en quelque sorte des faux-monnayeurs de l’amour ou plutôt l’amour est de la fausse monnaie..

 

Edouard possède une forme d’aisance financière : vit-il de son métier ? Il a les moyens d’avoir un secrétaire particulier te es montre généreux avec Laura et Bernard qu’il aidera à se réconcilier avec Monsieur Profitendieu; d’ailleurs il reçoit les confidences de ce dernier  qui vient lui rendre visite à Saas- Fée et fait passer le message pour son fils  ; Il rend service et visite à son ancien professeur M La Pérouse dont il comprend la détresse et il écoute les confidences de Pauline , malheureuse en ménage. Il  possède donc des qualités humaines mais également certains côtés troubles

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Il évoque l’amour en termes chastes mais ne pense qu’à fréquenter les lieux troubles dès son arrivée à Paris car il a été sevré de plaisir en Angleterre, note -il dans son carnet  . Lorsque Olivier dort chez lui, il n’ose appeler un médecin de peur d’une enquête: son homosexualité n’est pas totalement assumée et il a parfois des allures qui pourraient évoquer un homme attiré par les jeunes hommes. Il se prétend amoureux de Laura avant de la repousser et de la  pousser, désespérée  dans les bras de Félix. Avec le comte Robert de Passavant, ils forment un étrange duo : il est jaloux de son succès et le critique : “Passavant prétend éclairer l’opinion; c’est à dire qu’habilement il l’incline. (partie 1 chap 8 ) Il le trouve charmant mais ses livres lui déplaisent et il voit en lui un faiseur donc un faux-monnayeur des sentiments qui trompe ses  lecteurs .

Edouard est le personnage clé : il est le lien entre toutes les sphères du roman et ses carnets constituent une voix centrale. 17 chapitres sur les 45 que compte le roman contiennent des extraits des  carnets d’Edouard ; Il écrit un journal intime mais ce dernier ne mentionne pas les années ; juste des dates et des notations variées ,essentiellement sur l’art d’écrire . On ne connaît pas le nom de ces livres mais il a , déjà, semble t-il des lecteurs et une certaine réputation même s’il n’a pas très envie de voir son roman publié dans les boutiques des gares . On sait qu’il travaille sur un projet de roman qu’il intitule : Les Faux-Monnayeurs. Il est tentant d’y voir, effectivement, une projection de Gide lui-même car comme l’écrit ce dernier dans son journal : “ je lui prête beaucoup de moi d’ailleurs ” Journal, p 67, 1922 . mais le lecteur sait également qu’il échouera à terminer ce livre ou il peut peut-être imaginer que Les faux-Monnayeurs sont l’aboutissement de son projet initial. 

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Personnage central car il va liaisonner les différentes intrigues et nous faire découvrir l’intérieur des familles Molinié et Profitendieu . Il va rencontrer fortuitement Bernard l’ami d’Olivier (et son rival au départ dans le coeur du jeune homme ) et va aller trouver Laura qui lui a écrit une lettre où elle l’appelle au secours. Par les parents de Laura il est lié à la pension Vedel où il  travaillé durant deux ans et il va y faire admettre le jeune Boris qui va ainsi devenir la victime des jeunes faux-monnayeurs dirigés par Strouvilhou ;nous allons y retrouver  Georges qui  occupe une place importante au sien de al confrérie des rubans jaunes ..

Edouard n’est donc pas tout à fait un personnage comme les autres : il est à la fois le lien par sa position de médiateur entre les différents personnages , le liant par l’adjonction de son journal dans la trame même des faux-monnayeurs et une sorte de regard qui double celui du narrateur de même que de nombreux traits de son personnage doublent des pensées de Gide . Il constitue un projection de l’auteur à la fois idéalisée et redoutée. 

25. mars 2017 · Commentaires fermés sur Les faux-Monnayeurs : principes de composition du roman · Catégories: Divers · Tags:
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 Un point d’abord sur ce qui existe : En 1925, quelles sont les attentes des lecteurs de roman et qu’est-ce que Gide entend en prétendant vouloir renouveler le genre romanesque ? Avec la naissance du courant surréaliste, le roman est montré du doigt à cause de se artifices et de certains choix esthétiques ; Ainsi  André Breton, le fondateur du courant surréaliste  affirme que : “le roman avec se descriptions inutiles et sa psychologie rationaliste ne relève que les moments nuls dans la vie. ” On lui reproche d’être un genre facile et de chercher à copier la vie ou au contraire de s’en écarter trop artificiellement. Gide rêve d’un roman pur et il prend modèle sur la littérature étrangère, russe et anglaise qu’il apprécie et sur laquelle il travaille. Certaines de se techniques seront reprises et retravaillées ;  20 ans plus tard par le courant littéraire du Nouveau-Roman qui ira encore plus loin dans la contestation du réalisme.

En effet, Gide va fortement s’inspirer de ses lectures pour imaginer des principes de composition romanesques novateurs en France . Il réfléchit beaucoup dans son Journal des FM à l’élaboration des différentes catégories du récit et notamment aux principes de composition des intrigues.Il cherche à imiter de nombreux éléments empruntés à Dostoïevsky comme : 

  • l’oeuvre naît de la rencontre des idées et des faits
  • les personnages sont encore informes, en construction et en évolution intérieure
  • l’auteur doit créer le plus de relations et de réciprocités possibles entre les différents personnages 
  • des personnages restent parfois longtemps dans l’ombre 

Gide a cherché dans son roman à imiter certaines de ses techniques romanesques par volonté de se démarquer réalisme et également par désir de réfléchir à ce qu’est le roman . La multiplicité des points de vue et des perceptions nous empêche ainsi de saisir une pensée ou une vérité unique.

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Que pouvons-nous dire à propos de l’organisation du roman ?  Ce qui frappe au premier abord, c’est l’absence de continuité et l’impression de déséquilibre de l’ensemble.

Gide a utilisé différents modèles comme le roman d’apprentissage mais il y glisse quatre intrigues sentimentales qui vient se greffer sur les aventures de Bernard et Olivier ; et surtout il ajoute le personnage d’Edouard et ses carnets qui permettent de fabriquer une dimension supplémentaire et un regard décentré. Il place également en arrière -plan une intrigue policière avec cette bande de jeunes faussaires mêlés à des affaires de moeurs plus ou moins louches et qui forment une sorte du secte.

Ainsi si l’on suit l’itinéraire séparément de chaque personnage, on perçoit les jonctions avec les différentes formes prises par le roman. Au premier plan dès le chapitre 1 : Bernard ; l’adolescent révolté qui aimera deux femmes et reniera son milieu . Au départ Gide avait souhaité que ce soit ce regard (il appelait ce personnage Lafcadio ) qui découvre la plupart des événements du roman comme une sorte de touriste curieux.On retrouve certains de ses aspects chez Bernard notamment quand il épie Olivier, le suit, vole la valise à la consigne de la gare après avoir dérobé le billet. 

Quand Bernard quitte le premier plan, on voit apparaître Edouard qui est secrètement amoureux de son neveu Olivier mais n’ose lui avouer cet amour et le dissimule derrière une fausse indifférence à la limite de la froideur. Edouard va faire le lien avec Laura et Vincent du coup qui est le grand frère d’Olivier; on voit avec cet exemple à quel point Gide s’efforce multiplier les liens entre les différents personnages . Alors qu’il rdv d’avoir Olivier à ses côtés, c’est d’abord Bernard qu’il engage comme secrétaire et emmène avec lui à Saas-Fee : les rôles sont mal distribués de même que le couple Vincent / Lilian et le couple Edouard/ Laura ou Bernard /Laura. 

Ce principe de mal assortir les couples de personnages permet ainsi au roman de procéder à des réajustements, à des redistributions et permet de faire évoluer les intrigues qui sont toutes entrecroisées. Ainsi tout semble pourtant découler du choix originel d’Edouard : en ne choisissant pas Laura, il la condamne à se marier avec un homme qu’elle n’aime pas Félix Douviers , à ensuite avoir un amant qui la délaisse pour une autre femme Lilian qui, elle, ne l’aime pas …  et Laura recueillie par Edouard dont elle est toujours amoureuse, éprouvera l’amour de Bernard sans le partager..poussant ce dernier dans les bras de Sarah , sa soeur ….autant de combinaisons, de substitutions et de redistributions amoureuses toutes imbriquées le unes dans les autres. 

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Edouard et Olivier 

Cela pourrait déjà donner le tournis au lecteur mais ce qui contribue encore davantage à lui emmêler l’esprit et qui rend parfois la lecture du roman difficile, voire rebutante, ce sont les choix de Gide de multiplier les points de vue et de relater les mêmes événements sous des angles différents et au moyen de techniques d’insertions de points de vue. Ce principe d’emboîtement des niveaux de narration peut paraître un peu artificiel aujourd’hui mais à l’époque , il imite les techniques des romanciers anglais. Ainsi Bernard a accès à des lettres qui relatent une partie inconnue de son passé et une partie de celui d’Edouard lui est connu grâce à la lettre de Laura; Lilian raconte à Robert de Passavant, au cours d’une conversation avant l’arrivée de Vincent, une anecdote dont elle a été la victime autrefois et Georges et Olivier racontent chacun comment ils ont découvert l’intrigue amoureuse entre Vincent et Laura. 

Toutefois Gide complique encore les choses car pour donner l’impression de quelque chose de naturel, il ébauche des intrigues dont il semble ensuite se désintéresser et qui n’aboutiront pas .  Ce sentiment d’inachevé peut parfois dérouter le lecteur qui cherche d’instinct à renouer les fils entre tous les récits, à la manière d’une construction intellectuelle. Pour décrire l construction du roman , plusieurs termes peuvent convenir par métaphore. 

  • une composition nébuleuse : un livre qui ne s’achève pas par épuisement du sujet mais par au contraire, son élargissement et son absence de contours: un livre qui doit “s’éparpiller, se défaire ” écrit Gide dans son Journal des FM; à la mort de Boris, tous les liens entre les personnages semblent ainsi se défaire . 
    • une composition symphonique : Gide utilise la comparaison avec l’art de la fugue en musique pour qualifier la composition de son roman. Lorsqu’Edouard affirme qu’il souhaiterait composer un livre qui imiterait l’art de la fugue, il fait référence à un livre qui explique qu’en musique, dans une fugue, les thèmes  et leurs imitations successives doivent se  fuir et se poursuivre en même temps. Le roman reprendrait donc cette idée en associant les intrigues amoureuse qui renvoient les unes aux autres et en entrelaçant les différents sujets . Trois suicides, deux duels, trois adultères et deux naufrages : ces motifs sont orchestrés à travers les différentes intrigues et les différentes parties du roman. “je suis comme un musicien qui cherche à juxtaposer et imbriquer un motif d’andante et un motif d’allegro.” (journal des FM juin 1919 ) 
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    • une composition symétrique : en plus des références musicales , l’écrivain construit ses personnages et leurs intrigues autour de principes de ressemblances et d’oppositions; On pourrait presque parler de glissements ou de variations autour de certains principes. On peut aussi évoquer un  désir de décentrement car Gide a longtemps explique qu’il avait tenté d’associer la matière de deux livres différents : “il n’y a pas à proprement parler un seul centre à ce livre, autour de quoi vient converger mes efforts.c’est autour de deux foyers, à la manière des ellipses , que ces efforts es polarisent. ”  (Journal des FM août 1921 ) 
    • une technique de contrepoint : le journal d’Edouard peut être considéré comme un élément majeur de la composition du récit car il introduit une ligne différente qui converge avec l’intrigue pris en charge par la voix narrative centrale. Cette présence duelle ainsi que l’introduction de différents points de vue au moyen des lettres par exemple crée une composition tournoyante et complexe. 

 

 

24. mars 2017 · Commentaires fermés sur Les faux -Monnayeurs : Un film de Benoit Jacquot · Catégories: Divers · Tags:

Le réalisateur français Benoit Jacquot a déjà adapté au cinéma de nombreuses oeuvres littéraires et notamment le roman très

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romantique  de Benjamin Constant : Adolphe; Ici il se lance dans l’adaptation du roman de Gide écrit en 1925: Les FauxMonnayeurs.  Gide écrivait de son roman qu’il était composé comme une fugue de Bach. Le livre raconte l’histoire de deux jeunes lycéens (Bernard et Olivier) et celle d’un écrivain (Edouard) durant les quelques mois d’un été et d’un automne des années 20.  Gide adopte une forme romanesque (l’histoire est en partie racontée dans le journal intime d’un des personnages) qui, à l’époque, bouleversa les lois du genre.  Pour la critique de télérama, le film respecte dans l’esprit et souvent à la lettre le roman.  “Benoît Jacquot n’oublie pas non plus de conserver la beauté sulfureuse du livre. , les acteurs y sont pour beaucoup. Melvil Poupaud, Patrick Mille, Jules Angelo Bigarnet, Maxime Berger, Laurence Cordier sont beaux, excellents mais aussi d’une troublante sensualité. ” Regardez la bande annonce …

 

 

 

LES FAUX MONNAYEURS par optimalefr_4f141

24. mars 2017 · Commentaires fermés sur Le diable à l’oeuvre : rôles et fonctions du démon dans les FM · Catégories: Divers · Tags:
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Dans son Journal des FM  , Gide évoque à plusieurs reprises son désir de faire du démon un personnage à part entière .  D’ailleurs , ”   Il  n’y a pas d’oeuvre d’art sans collaboration du démon ” écrit -il en 1923 dans un essai sur un romancier russe.  Ce projet a partie liée avec son désir de fabriquer un roman métaphysique dans lequel,  à l’image des romans de Dostoievsky, les drames que vit chacun de personnages peuvent avoir des significations philosophiques . En 1921, Gide écrit dans son Journal que “le traité de non existence du diable ” devait devenir le sujet central de tout le livre; mais de peur sans doute que cela paraisse trop abstrait ou trop choquant , il a simplement inséré une vague figure de démon à l’intérieur même de son roman et de son intention première de faire du diable le sujet  principal du roman, il est resté au final , assez peu de choses. Certes le diable est bien présent dans le roman mais il apparait le plus souvent subrepticement et il demeure attaché à de nombreux protagonistes sans avoir de continuité . Quels rôles joue-t-il  vraiment  dans la composition du roman ?

Le 2 janvier 1921, Gide écrit dans son Jornal des FM : “Le traité de la non -existence du diable. Plus on le nie, plus on lui donne de rélaité. Le diable s’affirme dans notre négation. Ecrit hier soir quelque pages de dialogue à ce sujet – qui pourrait bien devenir le sujet central tout le livre – c’est à dire le point invisible autour de quoi tout  graviterait.. et il précise ce à quoi il pense : “réussite dans le pire et détérioration des qualités les plus exquises ” Quelques jours plus tard, il ajoute à propos de la construction des personnages : “j’en voudrais un (le diable ) qui circule incognito à travers tout le livre et dont la réalité s’affirmerait d’autant plus qu’on croirait moins en lui. c’est là le propre du diable dont le motif d’introduction est : pourquoi me craindrais-tu ?tu sais bien que je n’existe pas . ” ( p 37)

On peut donc se demander pourquoi le romancier a introduit un tel personnage à l’intérieur de son roman et quelles fonctions il occupe au juste ? 

Péché, monstre, éducation puritaine et préférences homosexuelles apparues très tôt , autant de raisons pour que le diable surgisse dans l’oeuvre de Gide ; cet esprit diabolique incarnerait le versant de la chair et de la sexualité que Gide n’assume que partiellement et qui semble le dédoubler; En effet, à propos de son amour pour sa cousine Madeleine qui deviendra son épouse mais avec laquelle il n’aura pas de relations sexuelles, il constate qu’elle représente pour lui le Ciel “que mon insatiable enfer épousait ” ; Le romancier aurait donc pu fabriquer un personnage sans corps, une sorte de démon qui pousse les personnages du roman vers leur instincts les plus vils, qui les incite à faire le mal, à mentir, voler, tricher et tromper. 

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Dans les dernières pages de son Journal, Gide semble même obsédé par le thème du démon et il a notamment écrit quelque pages très étranges qui forment une sorte de chapitre intitulé “identification du démon ” ( p123 du Journal des FM ) Il s’y interroge sur son attirance pour le péché et après avoir évoqué son éducation puritaine et religieuse comme principale cause de sa croyance au diable, il mentionne ensuite son attirance pour la dramatisation à la manière des romantiques notamment de lord Byron, fasciné par la figure diabolique; En effet, à l’époque romantique, le diable est vu souvent comme un rebelle un ange déchu et un héros maudit qui cherche à se dresser contre Dieu et qui meurt en révolté. Les romantiques vont alors plus ou moins s’identifier à cet archétype de l’ange maudit .

Cependant Gide s’efforce de se démarquer de cette sorte de fascination pour tout ce qui a trait aux diableries et à leur folklore car il affecte de mépriser  ces croyances un peu naïves; Il prétend que le diable l’attire parce “qu’on ne le  sert  jamais si bien qu’en l’ignorant” . trait d’esprit sans doute mais on note une volonté de ne pas donner un visage au diable, le considérer comme quelque chose d’impalpable  mais cependant un principe actif qui justifierait a posteriori certaines des actions humaines.   Est-ce une manière pour Gide de suggérer que nous agissons en suivant des pulsions inconscientes et inexplicables qu’après coup, nous qualifions de diaboliques afin de les justifier ?

Le diable qui a ” intérêt à ne pas se laisser connaître ”  ( p 125 ) prendrait ainsi la forme de l’inconscient . Gide affirme même , de manière réitérée qu’il ne croit pas au démon mais qu’il demeure intrigué par le fait qu’il “sait bien comment faire pour s’insinuer dans nos coeurs et qu’il n’y peut entrer d’abord qu’inaperçu ” ( p 125) “Satan ou l’hypothèse gratuite ” ajoute-t-il dans son Journal et si on transpose cette notation sur le plan de la composition de l’ouvre romanesque, alors on peut peut être penser que Gide a utilisé le diable comme pour marquer la dimension totalement gratuite en apparence des actions de  certains personnages dont le lecteur chercherait à comprendre la logique ; ce serait ainsi une manière pour le romancier d’aller à l’encontre des principes d’écriture réalistes qui s’efforcent de motiver la moindre action de chaque personnage au sein de la construction de l’édifice romanesque . 

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Gide se défie des explications simplistes comme il l’écrit dans son journal mais il doit reconnaître que dès qu’il admet l’existence du diable alors des zone d’ombre entières s’éclairent et il a l’impression que “tout à coup jedécouvre l’explication de ma vie ” . La référence au diable pourrait , vue sous cet angle, constituer une sorte de principe explicatif quand rien d’autre ne semble justifier une action mais les souvenirs littéraires déforment quelque peu cette idée car Gide cite Goethe qui en écrivant Faust a incarné le Diable comme esprit tentateur et puissance de séduction.  En suivant ce raisonnement et cet aspect du diable , Gide conclut que ce que nous portons en nous de démoniaque serait à l’origine d’une sorte de puissance intérieure; Tout comme Dieu, le Diable ou son essence pourrait être en nous et nous sentirions alors parfois les poussée de ce que Gide nomme “l’envahissement du mal ” qu’il faudrait distinguer de notre  enfer intérieur .

Dans son travail de traducteur, Gide a côtoyé les démons des autres romanciers  notamment celui inventé par le poète anglais William Blake : ce dernier procède à une forme de renversement des valeurs communément admises en disant que cet ange devenu démon est désormais son ami . Gide noir pas jusque là mais il établit un une bien particulier , d’intimité presque, avec le démon qui va hanter les pages des FM et venir en “perturber” le bon déroulement . 

Gide ne sait donc pas très bien comment se situer par rapport cet esprit diabolique qui s’incarnerait dans beaucoup d’entre nous mais il compte utiliser dans son roman  le démon comme  principe actif d’explication de l’inexplicable. Alors que le romancier montre que la plupart de ses personnages ne savent pas vraiment qui il sont, ce qu’ils font et pourquoi ils agissent de la sorte, ils ont lechoix de se tourner vers le Ciel, Dieu la religion ou justement un principe alternatif : le démon. Plus Dieu paraît inhumain et cruel, trompeur parfois dans le roman , plus le diable paraît un refuge. 

Etudions maintenant les apparitions du démon dans le roman. Elles sont situées essentiellement dans la première partie.

Le diable rôde dès les premières lignes du roman autour de Bernard : ce dernier révise trois semaines avant son bac et sa famille respect sa solitude . “le démon pas “, précise le narrateur ; le ton est donné : le diable va épier les personnages et leur tendre des pièges à leur insu , les tenter et les voir tomber. Bernard ainsi va lire la correspondance secrète de sa mère te découvrir qu’il est le fils qu’elle a eu avec son amant. Juste ensuite , il prend la forme des mauvais instincts des jeunes à travers la conversation des deux pères ; celui d’Olivier et celui de Bernard; Les deux hommes se vantent d’avoir bien élevés leurs fils mais déplorent que la meilleure éducation du monde ne puisse le protéger contre les mauvais instincts, les mauvaises lectures, les mauvaises fréquentations. ( 45) Le diable est ainsi un peu partout dans ces références aux tentations de sortir du droit chemin. 

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Le démon accompagne également, à plusieurs reprises, Vincent, le grand frère d’Olivier  ; Quand il rend l’argent à Lady Griffith chez Passavant et qu’il s’apprête à succomber aux charmes de cette dernière alors qu’il avait l’intention de s’occuper de Laura , voilà ce qui est noté dans le roman : ” C‘était l’heure douteuse où s’achève la nuit et où le diable fait ses comptes” et peu après , à la fin du chapitreV, le narrateur souligne l’égarement de Vincent : “laissons-le tandis que le diable amusé le regarde glisser sans bruit la petite clé dans la serrure. ( 60)  Il va donc devenir l’amant de Lilian .  La présence du diable est bien manifeste mais son action se laisse deviner implicitement; il peut être défini comme une sorte de principe tentateur ou de geste inattendu et inexplicable.

Le personnage de Robert de Passavant pourrait d’ailleurs être considéré comme une sorte de tentateur pour Vincent d’abord et d’une autre manière, pour Olivier qu’il va initier à l’homosexualité. Son double féminin Lilian Griffith corrompt Vincent et lui fait oublier ses devoirs envers Laura. Ses deux personnages sont des incarnations de certains principes diaboliques comme la séduction.

Le diable dans le roman peut se trouver un peu partout et symboliser la voix de la mauvaise conscience des personnages ; artifice d’écrivain, il permet au narrateur de prendre également une distance par rapport au personnage et de demeurer cette voix énigmatique; Toujours à l’affût , le démon suit particulièrement Vincent : “la culture positive de Vincent le retenait de croire au surnaturel; ce qui donnait au démon de grands avantages. Le démon n’attaquait pas vincent de front; il s’en prenait à lui d’une manière retorse et furtive. une de ses habiletés consiste à nous bailler pour triomphantes nos défaites.” Gide applique ici ce qu’il écrit dans son Journal: la force du diable est inversement proportionnelle à la croyance qu’on a en lui; ce sont ceux qui ne croient pas qui en sont les principales victimes.<font face="Times New Roman">; En notant l’évolution du caractère de Vincent, le narrateur note que le démon a partie gagnée au stade 5 qu’il nomme la griserie du gagnant . “ le démon n’aura donc de cesse que Vincent ait livré son frère à ce suppôt damné qu’est Passavant” ( 143 ) . Cette fois le caractère diabolique du Comte de Passavant est nettement précisé. Le narrateur  ajoute ensuite que le diable, avant de s’attaquer à une vertu prive l’âme de points d’appui en la dépaysant et pour illustrer son propos, il explique que Lilian est un dépaysement pour Vincent. “Parfois telle vertu résisterait que le diable avant d’attaquer, dépayse.”

C’est ce que nous constatons  également avec le personnage de Bernard qui est dupe du diable qui le fait agir par dépit alors qu’il n’identifie pas lui-même ce sentiment : “cela peut mener loin ce dépit là et faire faire bien des sottises” Cela rappelle la remarque où le narrateur précisait que Bernard suivait un mauvais chemin: “sur quel chemin t’engages-tu ? ”  quelle pensée t’effleure ? ( 86 ) ;  et c’est encore une intervention du démon qui lui fait retrouver une pièce perdue dans sa poche pour payer la consigne de la valise d’Edouard. On peut mettre cette analyse en rapport avec ces mauvais instincts évoqués par les pères au cours de leur conversation au chapitre 2. 

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Lilian et Robert de Passavant

Le diable peut même parfois dans le roman  s’apparenter à Dieu : par exemple, lorsque Edouard rend visite à La Pérouse , son ancien professeur, ce dernier évoque Dieu en des termes qui pourraient être employés pour désigner le diable : “ Dieu m’a roulé “ dit -il “je crois qu’il joue avec nous comme un chat avec une souris” “Il nous envoie des tentations auxquelles il sait que nous ne pourrons pas résister “ ( p 121)

Dans la seconde partie du roman, on retrouve quelques allusions au diable mais beaucoup plus discrètes : Vincent se croit réellement possédé, Boris a peur de l’enfer et La Pérores confond Dieu et Diable . Comment expliquer cette diminution du rôle du diable ? sans doute parce désormais les personnages sont campés et que le romancier cherche moins à motiver leurs actions qu’à observer leurs interactions. 

Idées de plans pour traiter un sujet sur le diable dans  le roman : 

1un principe actif de composition :

  • un rôle déterminé dans la genèse de l’oeuvre : citer le journal
  • un artifice pour construire le narrateur
  • un élément qui éloigne le roman du réalisme 

2. un élément  pour expliquer inexplicable

  • le diable guide les personnages : 
  • exemple de Vincent
  • exemple de Bernard

3. un principe de réflexion 

  • faire réfléchir à la religion
  • faire réfléchir à l’inconscient
  • un roman métaphysique
12. mars 2017 · Commentaires fermés sur Gide : Les faux-Monnayeurs et les personnages · Catégories: Divers · Tags:
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Georges observé par Edouard

Dans son Journal, Gide indique vouloir pour ses personnages que chacun à leur tour, ils puissent occuper le devant de la scène du roman; Il mentionne également,à plusieurs reprises, éprouver des difficultés pour fabriquer autour du personnage isolé, un système avec des liens de parenté, des rencontres et des détails réalistes. Il prétend entendre ses personnages mais ne pas pouvoir se les représenter; Du coup, les détails physiques sont étonnamment absents de leurs portraits et ils ne livrent de leur passé que des bribes d’informations . Voyons d’un peu plus près quels sont les principes de fabrication des personnages dans le roman. 

1. Des êtres vivants ? 

Lorsqu’il évoque la vie de ses personnages, Gide semble parler d’êtres vivants : il indique ainsi que ses personnages se sont imposés à lui et qu’ils vivent à se dépens; Cette image peut traduire l’idée que la vie du romancier nourrit l’imagination qui elle-même produit les personnages du roman. Gide deviendrai en quelque sorte un peu de chacun de se personnages et oublierait sa propre personnalité pour s’incarner  tour à tour en chacun d’eux; Laura, Bernard, Edouard, Lilian seraient ainsi des parties de lui et grandiraient en lui comme pour l’envahir progressivement. Les personnages sont souvent présentés par les écrivains comme des êtres autonomes et dotés de réactions mais depuis Stendhal, la tendance la plus répandue consiste à considérer les personnages comme des projections de l’écrivain; ce derniers seraient les possibles qu’un seul homme ne peut jamais réaliser en une seule vie; chaque personnage, à sa manière te par certains de ses traits, représente une partie de ce à quoi leur créateur a renoncé ou un rêve qu’il ne réalisera jamais. Ils sont ses espoirs déçus, ses illusions perdues parfois ou se projet avortes; A la fois doubles de lui-même et rebuts de lui, ils représentent des compagnons d’existence  et beaucoup d’écrivains avouent entendre leurs personnages leur parler ou sentir leur présence à leurs côtés quand ils écrivent. 

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2. Des voix ?

Etres de papier , les personnages se caractérisent essentiellement par leurs voix: narration ou dialogues, conversations rapportées de plusieurs points de vue, chaque personnage va s’efforcer d’avoir une voix bien à lui, un style qui le distingue des autres . Gide prétend savoir à la fois ” comment il pensent; comment ils parlent. Je distingue la plus subtile intonation de leur voix ” écrit-il dans son Journal. (8/1921, p 58). En revanche, il ne voit pas leurs visages, leurs traits; Il tente de saisir l’inflexion de leur voix, leur ton et c’est selon sa conception du roman, leur discours qui va donner accès à leur état d’âme . Roman du flux de paroles, les personnages gidiens sont d’incorrigibles bavards et passent leur temps à discuter les uns avec les autres ou à lire les lettres qu’ils reçoivent (ce qui est une variante du même procédé ); Le lecteur peut parfois être étourdi de tant de conversations rapportées de différentes manières.  ” Pour moi, explique Gide, c’est plutôt le langage que le geste qui renseigne.” Et il ajoute “le mauvais romancier construit ses personnages ; il les dirige et les fait parler. Le vrai romancier les écoute et les regarde agir; il les entend parler dès avant que de les connaître et c’est d’après ce qu’il les entend dire qu’il comprend peu à peu qui il sont.” Ainsi si l’on en croit son ami Roger Martin Du Gard , Gide bâtit un personnage à partir d’une forme verbale préexistante. 

3. Un milieu limité ? 

Cette méthode restreint le milieu dans lequel Gide va fabriquer ses personnages car ils doivent tous aimer parler, écrire, converser, échanger . Ils vont appartenir soit à la bourgeoise cultivée soit à l’aristocratie et le roman va ainsi se composer comme une suite d’échanges , de conversations, de réunions entre différents protagonistes. Gide se sert en fait de ces personnages comme des réservoirs d’idées mais il se fait un point d’honneur de “ne jamais exposer d’idées qu’en fonction des tempéraments et des caractères” (Journal 1919 15/11 ) ; chaque personnage va s’exprimer en fonction de son milieu d’origine : le lycée pour Bernard et Olivier , le monde de la littérature pour Edouard et Passavant , le monde des avocats pour Molinier et Profitendieu, la biologie pour Vincent, le libertinage pour Lilian. 

4. Des réservoirs d’idées ? 

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Boris arrive à la pension

Gide se sert en fait de ces truchements pour exposer une grande partie de ses idées personnelles mais il n’endosse pas les revirements de ses personnages et ne prend ainsi pas à son compte leurs évolutions successives ; Cette faculté de dépersonnalisation qu’il évoque à plusieurs reprises dans son Journal pourrait être assimilée à l’inaptitude à s’exprimer en son nom propre.”il m’est certainement plus aisé de faire parler un personnage, que de m’exprimer en mon nom propre; et ceci d’autant que le personnage crée diffère de moi davantage…” Pour le romancier, aucun de ses personnages n’est réellement un double de lui-même ; Il avoue juste que des personnages comme Edouard sont plus proches de lui que passavant par exemple. 

5. Premier et second plan

L’une des particularités du roman gidien réside dans le changement de statut des personnages qui tantôt jouent un rôle de premier plan et tantôt devient des figurants; Le romancier se vante de faire attendre ses personnages avant de les amener au centre des regards et en multipliant les scènes du roman, il augmente d’autant le passage de ces principaux protagonistes à l’arrière plan. De plus, il s’attache à décrire avec précision les personnages qui ne vont jouer aucun rôle et à mettre en lumière certains détails de leur portait physique notamment comme Dhurmer dont on apprend , dès le premier chapitre que c’est “un petit barbu à pince- nez, sensiblement plus âgé que les lycéens. On ne saura rien des détails physiques qui nous permettraient d’imaginer Bernard, Olivier ou Laura.

6. Couples et doublons

Même si dans l’absolu, Gide aimerait que chacun de ses personnages soit “orphelin, fils unique , célibataire et sans enfant” il s’efforce de créer des regroupements entre les différents acteurs de son récit. Le premier principe de regroupement , ce sont les lien familiaux qui permettent de regrouper les personnages par groupes  issus des mêmes familles ; On distingue ainsi les Molinier et l’oncle Edouard, les Profitendieu, et les Vedel-Azaïs ; Le second principe de liaison des personnages, ce sont les liens d’amitié amoureuse comme à la base les couples Edouard/ Laura et Olivier/Bernard ou Passavant/Lilian . Chaque élément de ces couples va ensuite former un nouveau couple avec un personnage associé : Laura avec Vincent , le frère d’Olivier et ensuite avec Bernard; Edouard avec Olivier et ensuite avec Bernard. Passavant va échanger Lilian contre Olivier avec l’appui du frère de ce dernier alors que Lilian va avoir une aventure avec ce même frère Vincent. Au niveau générationnel, les parents s’opposent assez singulièrement à leurs enfants car le dessein du romancier est notamment de montrer comment , après avoir critiqué le mode de vie de leurs parents, les enfants ont tendance à refaire la même chose 🙁 Journal , 20 non 1924 ). Certains comparses n’interviennent qu pour séduire ou détourner un personnage d’un avenir plus ou moins tracé; Ce personnages comme Lilian, Miss Aberdeen , Strouvilhou et Ghéridanisol .

7, Les reflets 

 
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Olivier et Passavant en Corse

Gide a organisé des son système des personnages en se défiant de la conception romantique qui consistait selon lui à ” opposer un personnage à un autre ou de faire des pendants.”   (Journal 17/06/1919 ) Néanmoins, on peut remarquer des personnages , issus de la même tranche d’âge le plus souvent qui représentent différentes possibilités de réactions face à l’ordre établi. On trouve ainsi deux romanciers qui ont des conceptions différentes de la littérature; parmi les enfants d’une même famille, certains s’opposent radicalement et d’autres se ressemblent ; Comme il le souhaitait , il adopte l’art  musical de la fugue comme principe de construction du roman et chaque personnage est construit avec des variations de son modèle : deux grand-pères , deux anglaises , deux serviteurs , et plusieurs démons. 

 

27. février 2017 · Commentaires fermés sur Les mouvements de mode · Catégories: Divers
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punk

Vous allez devenir incollable grâce à vos recherches sur un mouvement de mode; ils ont pour certains marqué l’histoire mondiale, créé des courants de pensée et des styles musicaux et aujourd’hui encore leurs noms sont associés à des images : grunge, babacool, hippie, minet gay, hypster, punk, skinhead, rasta, bobo, fashion, BCBG, EMO, métalleux, metrosexuel , disco, techtonic., rock and roll , vous avez l’embarras du choix;  par groupe de 2 ou 3 maximum, menez une investigation poussée sur un mouvement de mode et présentez le résultat de vos recherches de manière attractive

Votre présentation numérique  comportera dans l’ordre les éléments obligatoires suivants : temps imparti 5 heures environ 

mode de présentation : diaporama de type power point    ou impies ( 12 diapos mini / 20 maxi ) avec textes et images commentées ou légendées

  • une diapo qui précise les conditions de la naissance du mouvement , son extension et son importance avec un éclairage historique sur le contexte et l’apparition de la tendance 
  • des documents sonores et/ou des vidéos (artistes/ chansons représentatives )
  • des explications sur la philosophie du mouvement
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    mode.jpg, fév. 2017
  • des objets symboliques ou des éléments emblématiques de ce mouvement 
  • des illustrations et notamment quelques égéries ou icônes qui ont contribué à diffuser le mouvement 
  • des éléments qui précisent quelles ont été les principales influences du mouvement 
08. novembre 2016 · Commentaires fermés sur Origines et fonctions du jeu · Catégories: Divers
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Les hommes préhistoriques s’amusaient à reproduire en couleur les animaux qu’ils chassaient , sur la paroi de leurs maisons; les étrusques inventèrent les premiers  jeux “olympiques” et romains et grecs continuèrent à associer jeux, combats et hommages aux dieux. De nombreux anthropologues ont mis en lumière les fonctions symboliques des jeux et leur rôle notamment dans l’apprentissage ainsi que dans la sociabilité.; …voyez plutôt avec ce petit tour d’horizon qu’il est très utile de continuer à  jouer ..

Les origines antiques 

Dès 1500 av J.C., on pouvait observer des bas-reliefs crétois attestant des  pratiques sportives grecques : lutte, course et combat

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ou acrobaties avec taureaux notamment sans oublier les courses de char. Certains historiens considèrent que les Crétois débarquèrent dès cette période à Olympie où ils érigèrent un stade et y disputèrent des courses à pied.Les Romains avaient repris aux Etrusques l’usage d’immoler sur le tombeau des guerriers morts, des prisonniers de guerre ou des esclaves. Mais on sait aujourd’hui de façon à peu près certaine que les combats de gladiateurs sont apparus en Campanie, la région de Naples au sud de Rome.
Selon la légende Romulus organisa le rapt des Sabines, les filles d’un peuple voisin, pour permettre la reproduction du peuple romain. Il prépara une fête et des jeux auxquels il invita les peuples voisins. A un signal convenu, les Romains commencèrent à enlever les jeunes femmes. Ces jeux furent les premiers considérés comme Jeux Romains 

En 600 av J.C., Tarquin l’Ancien (roi étrusque de Rome  de -616 à -578) érigea selon de nombreux historiens le Circus Maximus , haut lieu du sport romain où se tenaient les fameuses courses hippiques. Les courses de chars sont sans contestation possibles « le » sport roi de l’Antiquité. Plusieurs fois par an était organisée à Rome une fête collective que les Romains appelaient les ludi. Au cours des siècles, les jeux se multiplient. Les empereurs instaurent des Jeux pour commémorer leurs victoires, leur avènement, l’anniversaire de leur naissance. Assistaient à ces réjouissances les Romains et les étrangers, venant de toutes les provinces à Rome. 

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La célébration des jeux relevait du culte et avait originellement un caractère sacré : leur date figurait au calendrier officiel et ils se déroulaient à l’occasion de grandes fêtes religieuses.

Fonctions symboliques 

Le jeu serait même plus ancien que la culture  car les animaux « jouent exactement comme les hommes ».  L’association du jeu à l’enfance est fréquente et s’est renforcée  après les travaux des pédagogues qui soulignent son importance pour l’apprentissage. Les jeux et divertissements d’adolescents et adultes cependant gardent des traits communs .

Voilà les caractères qui font d’une activité un jeu :

  • que l’on sache qu’il s’agit d’un jeu, même si l’activité existe aussi en dehors du jeu : « Jouer à cuisiner » n’est pas « faire la cuisine » ;
  • que l’on décide librement d’entrer dans le jeu.
  • l’existence de règles implicites ou explicites partagées, même si le déroulement du jeu peut changer ces règles ;
  • que le jeu n’aie pas de conséquence directe dans la vie « réelle », matérielle et sociale ;
  • l’incertitude sur l’issue du jeu.

Les types de jeux

on distingue habituellement les jeux d’argent, les jeux de hasard, les jeux de rôle, les jeux de stratégie .

 Roger Caillois s’est essayé à une classification générale des jeux. Il propose quatre fondements pour le jeu :

  • la compétition : se mesurer à l’autre, l’affronter, le vaincre; on la retrouve avec les jeux sportifs, les défis, les
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    affrontements entre équipes, les courses

  • le hasard ; l’homme se sent plu fort que la mort ou que les dieux quand il triomphe aux jeux de hasard comme les dés, certains jeux de cartes 
  • le simulacre : imiter l’autre, jouer un rôle, faire comme si , faire semblant 
  • le vertige , l’ivresse, le plaisir, l’adrénaline qu’on retrouve dans certains jeux vidéo ou dans les manège des fêtes foraines ; certains jeux mêlent les 4 fondements comme le poker par exemple. 

Jeu et société

Des moralistes condamnent le jeu, en ce qu’il détourne des activités productives et religieuses. Les parents sont parfois inquiets quand leurs enfants passent plus de temps à jouer qu’à faire leurs devoirs ou à dormir.

Pratiquement, toute activité humaine peut être l’objet d’un jeu, et réciproquement tout jeu peut cesser de le devenir quand il met en danger le joueur comme l’exemple du film Le prix du danger.

Cependant, le jeu est aussi une manière de représenter le monde. Le jeu transpose dans un objet concret des systèmes de valeurs ou des systèmes formels abstraits.

Jeu et réalité

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Lorsqu’on est plongé dans un jeu, on en oublie parfois qu’il s’agit d’un univers virtuel et certains confondent leur véritable personnalité avec celle de leur avatar. il peut arriver que certains joueurs  développent une addiction au jeu et refusent le retour au monde réel parce qua ce dernier est jugé moins intéressant ou plus dangereux. Ainsi dans la réalité, on ne possède qu’une vie et il faut être prudent alors que dans des jeux de combats, notre personnage renaît sans cesse et sans dommage.

Quelques  expressions : souffler n’est pas jouer , jeu de mains, jeu de vilains; jeu dangereux; game over; play again; malheureux au jeu, heureux en amour; ce n’ est pas du jeu..

A vous de jouer désormais …