19. mars 2022 · Commentaires fermés sur L’irrémédiable : descente aux Enfers selon Charles Baudelaire · Catégories: Commentaires littéraires, Lectures linéaires, Première · Tags: , ,

 Lorsque Baudelaire compose , en 1857, son recueil Les Fleurs du Mal, il conçoit une architecture dans laquelle le Spleen, cette mélancolie parfois teintée d’angoisse,  tient une place très  importante; La première section qui porte d’ailleurs  le titre de Spleen et Idéal  compte environ 80 pièces et nous montre justement les tentatives souvent désespérées mais toujours renouvelées  du poète pour rejoindre cet idéal lumineux et aérien auquel il aspire  . Après une série de Spleen , le poète nous monter ici le caractère irrémédiable et fatal de la Chute et ce que l’Homme découvre au fond du gouffre . Le poème est formé de dix quatrains d’octosyllabes aux rimes  embrassées et exprime  donc les étapes d’une curieuse descente aux enfers . Plus »

14. mars 2022 · Commentaires fermés sur Chant d’automne de Charles Baudelaire · Catégories: Commentaires littéraires, Première · Tags: ,

La fuite du temps est un thème qui a inspiré de nombreux poètes depuis l’Antiquité; Pendant la période romantique,  la fuite du temps apparaît sous différentes formes  souvent associée à la vieillesse et à la perte de l’amour .  Charles Baudelaire , dans son recueil Les Fleurs du Mal , paru en 1857,a consacré un certain nombre de pièces à cette thématique qu’il rapproche très souvent de son Spleen : cet état d’âme mélancolique et angoissé qui lui fait voir la vie en noir. Dans les sept quatrains d’alexandrins aux rimes croisées qui forment ce chant d’automne aux accents élégiaques  ,comment le poète a-t-il choisi de représenter le temps , cet ennemi qui lui ronge la vie et se fortifie du sang que l’homme perd ? Plus »

13. mars 2022 · Commentaires fermés sur Baudelaire et le Spleen: préparer un plan de commentaire · Catégories: Commentaires littéraires, Lectures linéaires, Première, Seconde · Tags: , ,
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Parmi les poèmes qui composent le recueil Les Fleurs du Mal, on distingue différents poèmes qui ont le même titre : Spleen. Quel est cet état étrange que caractérise longuement le poète et qui prend des allures de prison mentale ? Il s’agira dans le cadre de notre étude de l’univers carcéral en poésie, de décrypter les images de l’enfermement qui apparaissent dans la composition du poème baudelairien. 

Baudelaire invente une forme de désespoir radicalement nouveau, de mélancolie qui ne ressemble à aucune autre et qui est la source d’inspiration de sa poésie : le spleen.Le mot spleen a pour origine le mot anglais spleen (du grec ancien σπλήν : splēn) qui signifie « rate » ou « mauvaise humeur ». En effet les Grecs, dans le cadre de la théorie des humeurs, pensaient que la rate déversait un fluide noir dans le corps : la bile noire, responsable de la mélancolie.
Le plus souvent, on l’associe à une  tristesse vague, dont on ne connaît pas les causes. Chez Baudelaire, le spleen devient une des composantes essentielles de l’angoisse d’exister. → En fait, Baudelaire donne exactement à son spleen le sens que la psychologie donnera ensuite à la dépression. Plus »

18. novembre 2021 · Commentaires fermés sur L’épilogue de Bel-Ami : un mariage triomphal · Catégories: Commentaires littéraires, Première, Seconde · Tags: , ,

Commençons par rédiger une introduction en respectant les éléments obligatoires : contexte, auteur, oeuvre, extrait , problématique et annonce d’un plan .

C’est dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle que se constitue le réalisme en réaction contre le romantisme qui accordait beaucoup d’importance à l’expression des sentiments . Les écrivains réalistes et notamment Maupassant, s’efforcent de donner l’illusion de la réalité dans leurs romans; Bel-Ami,  roman qui paraît en 1880, retrace l’ascension d’un  héros ambitieux sans scrupules, Georges Duroy , qui se sert de son pouvoir de séduction pour gravir les échelons de la société. L‘épilogue étale sa réussite et dépeint son mariage prestigieux avec Suzanne Walter, la fille de son patron . Comment l’écrivain présente-t-il ici le personnage ? Dans un premier temps, nous montrerons sa réussite sociale avant d’envisager sa réussite personnelle et  pour terminer, nous montrerons la dimension critique  de ce dénouement.

Tout d’abord, examinons dans quelle mesure ce mariage lui assure une réussite sociale . Bel-Ami est l’objet de regards envieux de la foule venue l’admirer en grand nombre : D’autres personnes se poussaient. La foule coulait devant lui comme un fleuve. Maupassant souligne au moyen  de cette métaphore l’immensité de la foule et la cohue, sans doute, à la sortie de l’église. Ce public  confère à l’événement un côté triomphal; Le tout Paris se presse pour admirer celui qui n’était qu’un inconnu quelques années plu tôt à son arrivée, désargenté, dans la Capitale. L’écrivain a donné à son protagoniste principal une réussite à la hauteur de ses ambitions.  ” Il aperçut la foule amassée, une foule noire, bruissante ” : les trois adjectifs de la ligne 24 révèlent à la fois le grand nombre de spectateurs , leur élégance avec les costumes noir des hommes et le bruit ainsi que le mouvement qui se dégage de tous ces gens .  L’écrivain souligne également qu’il est le point de mire de tous les regards : “venue là pour lui, pour lui Georges Duroy. ” La répétition ici de pour lui traduit une forme d’étonnement même du narrateur et introduit une distance ironique entre les sensations du personnage et le jugement porté sur lui par le narrateur. En effet, Georges est ébloui , à la fois par l’éclatant soleil , comme il est précisé ligne 30 , mais aussi par cette admiration dont il se grise à tel point qu’il se prend pour un roi : “Georges affolé de joie, se croyait un roi qu’un peuple venait acclamer “. On retrouve ici un paradoxe avec l’association de l’affolement et de la joie: Le héros perd , en quelque sorte, sa lucidité et se sent , littéralement, transporté par la joie . D’ailleurs, il en vient même à remercier Dieu alors qu’il n’est pas croyant, autre signe que sous l’effet de cette joie, il perd la tête : ” Il sentait sur sa peau courir de longs frissons, ces frissons froids que donnent les immenses bonheurs ”  Bien qu’au centre des regards, Georges lui même ne voyait personne,  (l 23 ) : Maupassant  marque ici, au moyen de cette précision,  son égoïsme et  son narcissisme. Cette réussit sociale semble avoir un prolongement dans les rêves du personnage qui se  voit déjà faire une carrière politique : au moins député et  ensuite  ministre; En effet, ses vues , au sens propre, comme au sens figuré, se portent sur le “Palais-Bourbon,” siège de la chambre des députés  . Il lui sembla qu’il allait faire un bond peut nous faire penser que le narrateur  remet en cause les rêves du personnage  mais on peut également comprendre que son ascension est loin d’être terminée ; En effet, nous avons vu , dans le cadre du roman, que Georges est un personnage assez naïf et qu’il se fait berner par M Walter et son complot politique. Son avenir n’est peut être pas aussi reluisant qu’il l’imagine.Toutefois le roman se termine sur cette  gloire.

A cette réussite sociale il faut ajouter , avec ce mariage, une forme de réussite personnelle . En effet, ce mariage  prestigieux lui garantit une position sociale enviable et ne met pas un terme à ses désirs amoureux et à son appétit des femmes; Maupassant précise bien que sa relation avec Clotilde de Marelle va pouvoir continuer et le jour même de son mariage, au sein de l’église , il repense à sa liaison avec sa maîtresse ; L’évocation de leur intimité ” lui fit passer dans le sang le désir brusque de la reprendre”  montre à quel point le héros est resté centré sur ses désirs égoïstes et on retrouve ici une forme de violence du personnage  . Il semble faire peu de cas de sa jeune épouse dont on devine simplement l’ombre à ses côtés. On mesure donc une forme  de critique des agissements de Georges et le roman qui s’ouvrait sur le regard admiratif des femmes croisées dans la rue sur le héros, se termine ici, avec l’évocation des cheveux de Madame de Marelle: “toujours défaits au sortir du lit ” La dernière image de Bel-Ami est bien celle d’un séducteur, d’un homme à femmes et l’auteur rappelle ainsi que sa réussite est justement fondée sur les sentiments qu’il parvient à déclencher chez les femmes.

Le héros  a changé d’allure : alors qu’il défiait la foule en jouant des épaules comme pour se frayer un chemin dans la vie, désormais il paraît apaisé : “il allait lentement, d’un pas calme, la tête haute” ( l 21) . Il a une allure impériale  mais continue à prendre la pose. Un peu plus loin, “il descendit avec lenteur” : il a l’allure d’un conquérant .  Le cadre accompagne cette réussite : les spectateurs forment deux haies ( l 29)  comme pour l’acclamer et  le soleil semble rayonner rien que pour célébrer l’événement . C’est ici l’apogée de l’ascension du  personnage: une réussite totalement amorale qui laisse penser qu’un arriviste peu scrupuleux peut parvenir à se faire un nom dans une société pervertie par l’ambition et l’argent . On retrouve l’objectif réaliste de l’auteur qui entend bien donner à la fiction le rôle d’un miroir de la société et de ses travers.

Toutefois , cet épisode consacre la défaite de certaines valeurs morales . ( à rédiger… ) 

En conclusion, cet épilogue marque doublement la réussite du héros; par son mariage avec Suzanne, il est introduit dans un cercle fermé , celui de la grande bourgeoisie d’affaires  et son métier de rédacteur en chef à La Vie Française lui assure un certain pouvoir . Idolâtré par toutes les femmes qui croisent son chemin, il se sert d’elles , de leur argent comme Clotilde de Marelle , de leur talent aussi  comme Madeleine  et ensuite s’en débarrasse lorsqu’elle sont devenues inutiles ou qu’elles lui font de l’ombre . Seul son attachement pour Clotilde , peu exigeante, qui ne songe qu’à se divertir , le rend encore quelque peu attachant aux yeux du lecteur . Maupassant qualifiait son héros de gredin et avoir assuré sa réussite nous permet de mesurer le pessimisme de l’écrivain qui juge ainsi sévèrement la société de son époque, occupée à conspirer , à rechercher le pouvoir à des fins personnelles et à assouvir ses désirs  au mépris des valeurs morales . Georges Duroy n’est pas un héros respectable mais plutôt un anti-héros qui incarne une ère nouvelle : celles des ambitieux cyniques et égoïstes.

01. juin 2020 · Commentaires fermés sur Un dialogue constructif entre un colon et un brésilien : le témoignage de Jean de Léry · Catégories: Commentaires littéraires, Spécialité : HLP Première · Tags:

Jean de Léry  est un ouvrier  et explorateur français  protestant qui s’est exilé à cause des guerres de religion qui ont eu lieu en France et durant lesquelles de nombreux protestants appelés huguenots , furent massacrés sur ordre du roi.   L’auteur  a publié, après son retour en France un livre de souvenirs de voyage dans lequel il  relate sa rencontre avec les indigènes brésiliens.  Il emploie les techniques de la maieutique pour faire prendre conscience aux Français de ce que pensent les Indiens de leurs pratiques commerciales.

Lorsqu’il relate son voyage en terre du Brésil et sa relation avec les Indiens de la tribu Toupinambas, Jean de Léry peint un portrait élogieux des Sauvages et les présente comme des hommes sages qui tirent de leur saine constitution physique et   de leurs vertus  morales, leur exceptionnelle longévité. Dans le texte précédent, il oppose leur absence de vices à la corruption qui , à la manière d’un poison, détruit la santé des Français. Le dialogue qu’il met en scène retrace les interrogations d’un vieillard à propos des exportations massives de bois”arabotan” ; ce dernier, grâce à de multiples questions orientées parvient à faire dire à l’auteur que les Français sont fous de vouloir enrichir leur descendance après leur mort. Quelle stratégie argumentative pouvons-nous repérer à travers ce dialogue ? Dans un premier temps, nous étudierons la construction du dialogue avant d’évoquer l‘utilisation du regard de  l’étranger et pour terminer, nous montrerons comment l‘auteur intervient dans son propre récit pour nous persuader de la justesse des propos du vieillard . Plus »

04. avril 2020 · Commentaires fermés sur L’Horloge de Baudelaire : l’image du Temps · Catégories: Commentaires littéraires, Lectures linéaires, Première · Tags:
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Lorsque Baudelaire publie son recueil Les Fleurs Du Mal en 1857, il se situe encore au carrefour de trois influences majeures pour la poésie  au dix-neuvième siècle : le romantisme qui privilégie l’expression personnelle des sentiments, le symbolisme qui s’efforce de révéler le sens caché des choses au moyen des symboles ; l’expression des sentiments devient alors indirecte; et le Parnasse qui accorde une attention particulière à la forme et refuse l’engagement de l’Art ainsi que le préconise Théophile Gautier, son chef de file, dans une formule originale : “il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien” 

L’Horloge clôt la section du recueil intitulée “Spleen et Idéal” et il a pour thème principal le Temps . Comment le poète a-t-il choisi de représenter le Temps  qui passe ?   Plus »