19. mars 2022 · Commentaires fermés sur L’irrémédiable : descente aux Enfers selon Charles Baudelaire · Catégories: Commentaires littéraires, Lectures linéaires, Première · Tags: , ,

 Lorsque Baudelaire compose , en 1857, son recueil Les Fleurs du Mal, il conçoit une architecture dans laquelle le Spleen, cette mélancolie parfois teintée d’angoisse,  tient une place très  importante; La première section qui porte d’ailleurs  le titre de Spleen et Idéal  compte environ 80 pièces et nous montre justement les tentatives souvent désespérées mais toujours renouvelées  du poète pour rejoindre cet idéal lumineux et aérien auquel il aspire  . Après une série de Spleen , le poète nous monter ici le caractère irrémédiable et fatal de la Chute et ce que l’Homme découvre au fond du gouffre . Le poème est formé de dix quatrains d’octosyllabes aux rimes  embrassées et exprime  donc les étapes d’une curieuse descente aux enfers . Plus »

14. mars 2022 · Commentaires fermés sur Brumes et Pluies · Catégories: Commentaires littéraires, Première, Seconde · Tags:
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En 1861 , Baudelaire a quarante ans et il se remet d’un procès retentissant contre son recueil de poèmes Condamné à livrer au public une version allégée de certaines de ses compositions et à en supprimer d’autres, il décide de remanier son oeuvre . Dans son nouveau recueil intitulé Tableaux Parisiens, il intègre la ville  de Paris et les paysages parisiens  . Parmi les 18 poèmes regroupés dans cette section, 8 figuraient déjà dans la section Spleen et Idéal des Fleurs du Mal en 1857.  La ville y est décrite comme un nouvel espace esthétique et poétique. Il montre à la fois la pauvreté de certains quartiers et la magie urbaine d’une “fourmillante cité, cité pleine de rêves” où ” tout même l’horreur tourne aux enchantements “.

Introduction d’un commentaire littéraire 

Composé par Charles Baudelaire, poète français situé au carrefour de trois courants littéraires successifs: le Romantisme, le Parnasse et le symbolisme, Brumes et Pluie est un sonnet formé de deux quatrains et de deux tercets  d’alexandrins aux rimes plates qui , sur un registre lyrique et élégiaque , célèbre le pouvoir du brouillard.  (Problématique)  En quoi peut on dire de ce poème qu’il représente un paysage état d’âme ?  (Annonce de plan ) Dans une première partie, nous montrerons qu’il est formé de différents éléments naturels symboliques et ensuite nous verrons que ces éléments sont mis en correspondance avec des sentiments éprouvés par le poète. 

1. Le paysage : (de quel type de paysage s’agit-il ? ) 

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mes sous-parties vont répondre à cette question  

1. Un paysage “flou” : le poète évoque tout d’abord trois saisons différentes , le printemps, la fin de l’automne et l’hiver , saisons toutes trois qualifiées  d’ “endormeuses “; Cet adjectif peut sembler dériver du verbe endormir et il s’agirait pour le poète de nous faire comprendre que ce temps lui donne envie de dormir ou qu’il endort quelque chose en lui.  Les éléments qui composent le paysage sont assez vagues: “une grande plaine ” au vers 5 , un vent glacial, les longue nuits et une girouette personnifiée ; cette girouette sous l’effet du vent violent fait du bruit et le poète la compare à un homme enroué ce qui n’est guère agréable et rappelle le bruit du frottement des pales de métal sous l’effet du vent . 

2. Un paysage triste et “éteint”: le poème fait préférence , à plusieurs reprises,au froid notamment avec le mot frimas au vers 10 et au vers 5, l‘autan froid ; Il est également question de la nuit, et du côté terne de la lumière avec l’adjectif “blafardes” qui signifie d’une pâleur extrême, presque maladive. 

3. la beauté du Mal ? 

En dépit de ces caractéristiques désagréables, le paysage semble exercer un certain charme sur le poète qui déclare “je vous aime et vous loue” en s’adressant à ces saisons froides. de plus, il évoque leurs effets positifs sur son état d’ âme à la fin du premier quatrain .  Les saisons sont d’ailleurs assimilées à des reines au vers 11 : ce qui les rend  précieuses te contribue à les valoriser . 

En effet, le poète semble apprécier ces conditions climatiques et ces paysages pourtant fantomatiques : pour quelle raison apprécie-t-il ce paysage ? C’est à cette question que nous allons répondre dans cette seconde partie de notre étude . 

II Les sentiments du poète  

1.

Baudelaire invoque les saisons comme s’il s’agissait presque de divinités et on remarque la présence d’un O qui rend hommage à cette atmosphère pourtant sinistre ; ce qui plait au poète c’est avant tout ce “linceul vaporeux “; on peut penser ici qu’il s’agit de la brume ou du brouillard qui enveloppe chaque chose d’un halo de brume et qui brouille notre perception des couleurs , des  formes et des volumes .  Le mot linceul connote la mort car au sens propre, il s’agit du drap blanc dans lequel on place les morts avant de les déposer dans leur cercueil ou sur un bûcher funéraire ; mais l’adjectif vaporeux fait penser à une sorte de brume légère, comme de la vapeur d’eau, à un tissu léger. Les connotations de ces deux mots sont opposées. 

2. Des images morbides

 Cette présence de la mort dans le paysage et dans le tableau est perceptible à d’autres moments; Quand par exemple il est question , au vers 9; “des choses funèbres” et même au vers 12 des “pâles ténèbres ” . On notera ici l‘oxymore pâles ténèbres qui oppose la blancheur à l’obscurité la plus totale ; Cette figure de style retient notre attention car elle rapproche deux lots qui sont habituellement opposés. Elle crée donc un effet de surprise. 

3. Une sorte d’apaisement 

En dépit de ce froid et de cette tristesse, le poète se sent à l’aise au sein de ce paysage qui est celui qui convient à son âme; En effet, il  sent son âme qui “ouvrira ses ailes de corbeau” . Baudelaire par analogie, associe son âme  un oiseau à la triste réputation et il parait prendre son envol dans cette ambiance ; ce paysage est donc celui qui lui convient car il représente extérieurement ce qu’il ressent intérieurement. Il est donc à l’unisson  avec cette atmosphère.  Et ce brouillard est “doux ” à son coeur car il forme comme un voile protecteur entre lui et la douleur ; 

Le dernier vers construit l’image d’un amour éphémère mais consolateur : “deux à deux” renvoie à l’image du couple ou de la rencontre amoureuse et le “lit hasardeux ” laisse à penser que ce sera un amour sans lendemain ; Seule la rencontre amoureuse est capable de réconforter le poète encore plus fortement que ces paysages nocturnes et vides. Mais cet amour ne dure pas et cela nous ramène au Spleen

En conclusion, ce paysage état d’âme correspond à l’intériorité du poète qui souffre de son spleen ; Seul l’amour semble de taille à combattre ce mal-être existentiel. Cependant Baudelaire se sent accordé à cette mélancolie du paysage et du temps qui parle directement à son âme car elle en est la traduction sous les traits des correspondances symboliques. 

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Questions : ( les exemples seront pris dans le poème ) 

1. Définis un oxymore et donne un exemple 

2. Donne un titre à la première sous-partie de la partie II

3. Explique ce qu’est une correspondance symbolique et donne un exemple

4. Qu’est-ce que la mélancolie ?

5. Quelle était la problématique de ce commentaire ?

6. Quels éléments biographiques sont importants pour comprendre ce poème ? 

7. Que sais tu sur le procès des Fleurs du mal : Baudelaire a t-il gagné ou perdu ? 

8. Quelle différence y at-il entre le registre  lyrique et le registre élégiaque ? 

14. mars 2022 · Commentaires fermés sur Chant d’automne de Charles Baudelaire · Catégories: Commentaires littéraires, Première · Tags: ,

La fuite du temps est un thème qui a inspiré de nombreux poètes depuis l’Antiquité; Pendant la période romantique,  la fuite du temps apparaît sous différentes formes  souvent associée à la vieillesse et à la perte de l’amour .  Charles Baudelaire , dans son recueil Les Fleurs du Mal , paru en 1857,a consacré un certain nombre de pièces à cette thématique qu’il rapproche très souvent de son Spleen : cet état d’âme mélancolique et angoissé qui lui fait voir la vie en noir. Dans les sept quatrains d’alexandrins aux rimes croisées qui forment ce chant d’automne aux accents élégiaques  ,comment le poète a-t-il choisi de représenter le temps , cet ennemi qui lui ronge la vie et se fortifie du sang que l’homme perd ? Plus »

13. mars 2022 · Commentaires fermés sur Baudelaire et le Spleen: préparer un plan de commentaire · Catégories: Commentaires littéraires, Lectures linéaires, Première, Seconde · Tags: , ,
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Parmi les poèmes qui composent le recueil Les Fleurs du Mal, on distingue différents poèmes qui ont le même titre : Spleen. Quel est cet état étrange que caractérise longuement le poète et qui prend des allures de prison mentale ? Il s’agira dans le cadre de notre étude de l’univers carcéral en poésie, de décrypter les images de l’enfermement qui apparaissent dans la composition du poème baudelairien. 

Baudelaire invente une forme de désespoir radicalement nouveau, de mélancolie qui ne ressemble à aucune autre et qui est la source d’inspiration de sa poésie : le spleen.Le mot spleen a pour origine le mot anglais spleen (du grec ancien σπλήν : splēn) qui signifie « rate » ou « mauvaise humeur ». En effet les Grecs, dans le cadre de la théorie des humeurs, pensaient que la rate déversait un fluide noir dans le corps : la bile noire, responsable de la mélancolie.
Le plus souvent, on l’associe à une  tristesse vague, dont on ne connaît pas les causes. Chez Baudelaire, le spleen devient une des composantes essentielles de l’angoisse d’exister. → En fait, Baudelaire donne exactement à son spleen le sens que la psychologie donnera ensuite à la dépression. Plus »

01. janvier 2022 · Commentaires fermés sur Le portrait d’un dangereux libertin: le Comte de Valmont présenté par Madame Volanges · Catégories: Commentaires littéraires, Première

Laclos fait paraître en 1782, quelques années avant la révolution française, un roman épistolaire qui fit scandale. le titre Les liaisons dangereuses illustre son projet ; Il montre comment un coupe de libertins, la Marquise de Merteuil et le comte de Valmont manipulent leur entourage et  sèment le déshonneur sur le chemin de ceux qu’ils séduisent et manipulent. Au moment où le mouvement des Lumières s’interroge milite notamment pour une meilleure éducation des femmes , Laclos montre qu’elles demeurent les premières victimes d’hommes peu scrupuleux qui font passer leurs désirs avant le respect des valeurs morales comme l’honnêteté et la fidélité. Dans cette lettre adressée à la présidente de Tourvel et  rédigée par une amie , nous verrons tout d’abord qu’il s’agit d’une lettre de mise en garde qui incite à la prudence et nous montrerons ensuite comment Valmont est décrit ainsi que le danger qu’il représente pour les femmes. 

Madame de Volanges se définit par l’amitié qui la lie à Madame de Tourvel : A la ligne 7 , elle la nomme “mon amie” et évoque leur passé commun ” vous me connaissez” ajoute . A la fin de sa lettre , elle évoque à nouveau la force de leur relation avec ” ma belle amie” : l’adjectif laudatif belle indique ici une marque d’affection et d’estime. Madame Volanges justifie sa démarche  et tente de persuader la présidente de lui faire confiance ; Elle prétend agir au nom de “l’âge, l’expérience et surtout l’amitié ” ; Elle posséderait selon elle une forme de sagesse liée à sa connaissances du monde ; cette sagesse et cette lucidité feraient en partie défaut à Madame de Tourvel, plus jeune et moins expérimentée car elle ne vit ni à la Cour ni à Paris. 

Madame de Volanges, en effet, l’incite à se méfier du vicomte qui tente de ternir la réputation de la jeune femme : elle lui répète les rumeurs qui circulent “dans le monde ” et cherche à lui faire peur afin qu’elle l’éloigne le plus vite possible ; c’est la conclusion de sa lettre ” je vous conseille d’engager sa tante à ne pas le retenir davantage ” . Le verbe conseille ici montre qu’elle s’efforce de modifier le point de vue de Madame de Tourvel au moyen d’arguments rationnels.  Elle se place en position d’autorité un peu comme une mère face à sa fille. Madame de Volanges met en évidence la candeur de son amie à plusieurs reprises. Elle semble agir pour la protéger de ce qu’elle considère comme “le malheur le plus grand qui puisse arriver à une femme” Le superlatif ici traduit , au moyen d’une formule allusive, le fait pour une femme de céder aux avances d’un homme qui ira ensuite se vanter de l’avoir séduite 

Certaines femmes, qui sortent directement du couvent à l’âge de 15 ans, pour se marier , comme nous l’avons vu avec l’arrivée à la Cour de Mademoiselle de Chartres dans La Princesse de Clèves, ne possèdent qu’une vision très naïve du jeu de la séduction et peuvent facilement être trompées par des libertins ; Ce sont des victimes et Madame de Volanges le rappelle à la ligne 14 à propos du vicomte : “pour être cruel et méchant sans danger, il a choisi les femmes pour victimes. ” A cette époque, la parole des femmes n’était pas considérée et elles n’osaient pas se plaindre de subir des agressions sexuelles car elles craignaient de perdre leur réputation . Madame de Tourvel mène, avec son époux “une vie sage et retirée ” , loin des cercles parisiens. Cet isolement  la protège mais la maintient dans l’ignorance ce qui la met en danger car elle n’a jamais entendu parler de Valmont. Elle n’est donc pas au courant des rumeurs qui font état du libertinage de Valmont ; Madame de Volanges lui set d’informatrice et  évoque ainsi  de “scandaleuses aventures “ ligne 16, afin d’effrayer son amie . L’adjectif scandaleux a une connotation critique et révèle la désapprobation de l’auteure de la lettre. La prétérition ” je pourrais vous en raconter qui vous feraient frémir” ajoute , pour le lecteur , une note de mystère et nimbe le personnage du Vicomte d’une aura maléfique. Par contraste, la présidente apparaît comme une sorte d’ange : ” vos regards , purs comme votre âme” :  La comparaison  ici montre qu’elle est incapable d’envisager le mal et qu’elle est très vertueuse; il s’agit ici d’un éloge de la pureté de cette jeune femme, qui pour le lecteur, a déjà le statut de victime car  il sait qu’elle fait partie d’un plan ourdi par le couple de libertins. Circonstance aggravante pour Valmont : toutes les femmes sont unanimes pour condamner sa conduite ainsi que le suggère la double négation “ il n’en est point qui n’ait eu à s’en plaindre .” Ce procédé de style est caractéristique de la préciosité : il donne un caractère artificiel à l’affirmation et s’apparente à une forme de litote. Laclos et Madame de La Fayette pour dépeindre la subtilité de l’analyse psychologiques ; adoptent,  à un siècle d’écart, des tournures littéraires similaires.  

Le romancier montre, à travers cette lettre, à quel point un libertin représente un danger pour la société : c’est un individu décrit comme une véritable menace  et un réel hypocrite ; Il paraît “ encore  plus faux et dangereux qu’il n’est aimable et séduisant ” les deux couples d’ adjectifs associent ici des qualités  en apparence mais qui sont au service de la tromperie ainsi que le montre le comparatif de supériorité. Le Vicomte n’agit pas simplement par passion : “sa conduite est le résultat de ses principes” peut on lire ligne 12. Il suit ce qu’il a prémédité, ne laisse rien au hasard et se montre calculateur . C’est pourquoi il est impardonnable et Madame de Volanges ne lui trouve aucune circonstance atténuante ; elle le dépeint comme un être froid et qui s’adonne volontairement au mal : il ne s’agit pas  d’obéir à des “passions fougueuses” mais d’une démarche calculée et maîtrisée. Le libertin est ainsi montré comme quelqu’un qui sait dominer la passion amoureuse et qui ne suit que son orgueil et son désir de puissance. 

Madame de Volanges peint évidemment un tableau sombre et résister  à un homme si fourbe et si habile relève du tour de force ; Il s’agit d’un véritable combat : elle évoque ainsi des “armes pour vous défendre” . Le champ lexical de la lutte illustre également le danger qu’il incarne : l’exemple de Madame de Merteuil est donné afin de montrer qu’elle seule, en apparence , “a su lui résister et enchaîner sa méchanceté ” ; Il s’agit d’une forme d’ironie ici de la part du romancier car le lecteur connait la véritable nature de la Marquise: il sont complices et elle n’a pas encore été démasquée par Madame de Volanges qui s’est fait prendre au piège de l’hypocrisie de Madame de Merteuil. La particularité d’un roman épistolaire réside essentiellement dans la position du lecteur qui assiste à une série d’échanges pour lesquels il possède une vue d’ensemble alors que chaque personnage du roman ignore le contenu des lettres des autres épistoliers. Non seulement le vicomte prend pour cible des femmes mais il ne se contente pas de les séduire, il les perd. ” je ne m’arrête pas à compter celles qu’il a séduites “, écrit Madame de Volanges : cette nouvelle prétérition qui a ici une valeur hyperbolique est complétée par une question réthoriquemais combien n’en a-t-il pas perdues ? ” La tournure interro-négative met en évidence le caractère dépravé du personnage . 

Le portrait de Valmont révèle sa noirceur ; celle de l‘âme d’un libertin; Laclos s’emploie à décrire les ruses et les artifices employés par ce type d’individus ; On retrouve ainsi la dimension morale du roman: mettre en garde les femmes  contre les ruses employées par ces prédateurs afin d’abuser de faibles femmes candides. Le début de la lettre fait mention de la “candeur” dont Valmont aurait fait preuve devant Madame de Tourvel et son amie emploie l’ironie pour la persuader qu’elle se trompe ” oh oui la candeur de Valmont doit être en effet très rare ” : il s’agit  d’un euphémisme qui signifie qu’il est le contraire de candide et qu’il dissimule sa perfidie sous une fausse candeur . “Jamais depuis sa plus grande jeunesse, il n’a fait un pas ou dit une parole sans avoir un projet , et jamais il n’eut un projet qui ne fût malhonnête ou criminel , écrit Madame de Volanges ” . Cette longue phrase est construite sur une amplification rythmée par l’anaphore de l’adverbe jamais ; La critique forme une gradation ; C’est tout d’abord le côté calculateur du Vicomte qui est montré avant d’évoquer , dans la seconde proposition construite à partir d’une double négation qui marque l’assertion , son côté immoral : c’est une manière hyperbolique de le critiquer et de condamner son immoralité. La diatribe se termine avec l’adjectif criminel  qui dépasse ainsi la simple malhonnêteté. De plus, nous trouvons un champ lexical de l’ignominie avec “horreurs ” à la ligne 13 et méchanceté  à la ligne 22

Le but de cette lettre est  donc double : pour Madame de Volanges, il est important de prévenir son amie et de la mettre en garde contre le danger que représente Valmont, un libertin qui dissimule sa noirceur sous le masque d’un gentilhomme et pour le lecteur , il s’agit de révéler l’animosité et la naïveté de Madame de Volanges qui , sans le savoir, est tombée elle ausi dans le piège qu’elle dénonce. Elle  est, en efeft, dès le départ de l’intrigue,  avec sa fille Cécile, une des principales victimes de ce redoutable couple de libertins; Si elle a su identifier les ruses de Valmont, elle s’est montrée  incapable de déceler sous le masque de la bonne amie, les véritables intentions de Madame de Merteuil et se trompe complètement sur cette dernière.  Comme Madame de La Fayette, Laclos dépeint les pièges de l’amour et les dangers de la  dissimulation  : la galanterie a fait place au libertinage et si Madame de Clèves a réussi, grâce à son incomparable vertu, à fuir la menace qui pesait sur sa réputation, Madame de Tourvel, en succombant au Vicomte, le paiera de son  honneur et de sa vie . 

25. décembre 2021 · Commentaires fermés sur Knock ou le triomphe de la médecine · Catégories: Commentaires littéraires, Première

Pour l’étude d’ensemble , je vous renvoie au site dirigé par Amélie, commentairecompose.fr et à sa fiche de lecture sur la pièce de Jules Renard .https://commentairecompose.fr/knock-jules-romains/.

Exemple d’introductions pour le passage à commenter ( II, 4 )

En 1923, Jules Romains, dramaturge français, fait représenter une comédie, satire de la médecine. Cette pièce a pour héros un médecin usurpateur qui s’installe dans un petit village et reprend la clientèle de son prédécesseur.  Soucieux de s’enrichir grâce aux maladies de ses patients, il profite de leur inquiétude partant du principe que tout homme bien portant est un malade qui s’ignore ; Dans l’acte  II, scène 4, il fait face à une paysanne tombée d’une échelle et lui propose un traitement pour que son mal s’aggrave. Comment le dramaturge et -il en scène ici une consultation médicale? Nous montrerons dans un premier temps la dimension comique de l’échange et verrons ensuite comment le médecin arrive à tirer avantage de la maladie de sa patiente . 

En 1923, juste après la première guerre mondiale, un dramaturge , Jules Romain, confie à l’acteur et metteur en scène Louis Jouvet, le rôle titre de sa comédie : Knock ou Le triomphe de la médecine . Ce titre nous met sur la voie d’une satire de la médecine moderne dont les méthodes sont ici dénoncées, de manière comique, par l’auteur. Un nouveau médecin tente, par tous les moyens, de se constituer une clientèle afin de s’enrichir. Dans cette scène 4 de l’acte II, il reçoit en consultation une paysanne tombée de son échelle et il la manipule; Nous montrerons tout d’abord comment il augmente la gravité de son mal  en l’effrayant et ensuite de quelle manière il lui propose la soigner. 

Lorsque Jules Romain crée Knock ou le triomphe de la médecine,  au tournant des années 20 , le monde est en train de changer : la publicité fait son apparition et de nouvelles techniques de manipulation des masses s’imposent pour vanter les mérites de la consommation . Le dramaturge utilise sur scène l’idée qu’une médecine moderne, basée sur les progrès de la science, est en train de chercher à s’imposer et à imposer avec elle l’idée de l’omniprésence de maladies qu’il faudrait soigner à tout prix. Dans cette scène de l’acte II, il met face à face un médecin manipulateur et une paysanne naïve aveuglée par ses propos . Comment le médecin apparaît -il dans cette scène comique ? Nous montrerons premièrement la dimension comique de ses explications avant d’évoquer l’omniprésence de l’argent dans cette consultation . 

Le commentaire : conseils de rédaction.  

Erreurs à éviter : s’il est important de montrer que vous possédez des points de repère dans l’histoire littéraire, ne tentez pas de plaquer un courant littéraire sans en connaitre la définition et sans avoir vérifié qu’il correspond bien au thème et au style du texte proposé pour l’épreuve . Ainsi le sur réalisme , le Nouveau -Roman ou l’unanimisme sont bien des courants littéraires de la première moitié du siècle dernier mais les principes de ces mouvements ne permettent pas de définir le type de texte théâtral ici ; il faut plutôt se référer à l’évolution du théâtre et de la comédie et se souvenir comment analyser les procédés comiques .  

Les observations les plus intéressantes constituent ici un commentaire dont les titres  ainsi que les transitions  figurent entre parenthèses 

I (L’emprise du médecin )

(L’emploi d’un vocabulaire technique ) , sorte de jargon médical, a pour effet d’intimider le patient qui ne comprend pas les termes médicaux comme faisceau de Tûrck à la ligne 3 ou colonne de Clarke à la ligne 4 . Le spectateur peut douter de la réalité de ces  appellations d’autant que les explications du médecin, au tableau semblent simplistes : il vulgarise des explications savantes pour un public non spécialiste . De plus l’observation de la répartition des répliques nous montre que le médecin demeure le maître du jeu et des échanges. Il prend, tout au long de cet échange, l’ascendant sur son interlocutrice de plusieurs façons.

Tout d’abord, Knock ( s’efforce de se montrer convaincant ) et d’exercer une emprise sur la patiente notamment en l’impliquant dans la prise de décision : il commence par une démonstration logique avec un dessin explicatif et il s’assure de l’adhésion de la dame : “vous me suivez ? ”  . Il la red décisionnaire sans rien lui imposer ” ce que je puis  vous proposer” . Loin de se montrer autoritaire, il apparait comme poli et courtois et lui laisse la décision finale ” vous vosu rendrez compte par vous-même et vous vosu déciderez ” . Peu à peu , il impose son point de vue tout en continuant à faire mine de s’intéresser à l’avis de la dame ” C’est convenu ? ” ; Il recherche son accord et l’obtient ne dépit d’un soupir , didascalie qui marque une certaine réticence ” Comme vous voudrez ” ; Il l’a finalement emporté et a convaincu la patiente de suivre ses recommandations .

(L’angoisse  de la mort  ): pour faire accepter à sa patiente un traitement onéreux, le médecin va aggraver volontairement les symptômes dont  elle souffre . Venue le consulter pour un trouble bénin, elle sort de la consultation en se pensant gravement atteinte . Au lieu de la rassurer , il amplifie son inquiétude  le faisant semblant de considérer la mort comme quelque chose de banal et d’inévitable  “vous ne mourrez pas du jour au lendemain . Vous pouvez attendre ”  Il présente la vieillesse comme des années inutiles dont on peut se passer  “pour le plaisir qu’elles donnent ” Cette remarque ironique qui constitue un véritable paradoxe révèle, en partie sa stratégie : il  feint un certain détachement envers la vie qui peut avoir comme effet de paniquer ses patients . On retrouve le thème de la peur de la mort qui est une constante dans la satire de la médecine ; Knock s’emploie à effrayer ses patients afin de les rendre dociles et de vaincre leurs réticences à se soigner . 

 (transition entre I et II ) Insuffler la peur en adoptant un ton désinvolte  est donc une de ses techniques préférées et Jules Romains illustre le fonctionnement de son héros en lui faisant affirmer que tout homme bien portant est , en fait un malade qui s’ignore. Il s’agit de dresser de la corporation des médecins un tableau satirique en les dépeignant comme des praticiens avides de s’enrichir par tous les moyens et prêts à inventer des maladies imaginaires-

II (L’importance de l’ argent )Tout part d’un constat ; la dame ; bien que riche, refuse de payer une somme exorbitante  ( l’équivalent de 4 bêtes ) pour se faire soigner et souhaiterait un traitement moins onéreux : Le médecin va la prendre au mot . Il lui propose alors de “laisser les choses comme elles sont ” ce qui revient à ne pas la soigner sous prétexte que “L’argent est si dur à gagner ”  . Il va ainsi dans le sens de la demande de sa patiente : il feint d’adhérer à son argument pour mieux la manipuler en gagnant sa confiance; C’est une technique très utilisée en argumentation pour convaincre son interlocuteur . Ainsi la patient va devoir admettre qu’elle aimerait quand même être prise en charge mais  souhaite être guérie pour “moins cher “ . Knock va mettre au point un stratagème qui consiste à l’affaiblir afin qu’elle se croit très malade; Il crée ainsi une sorte de malade imaginaire en dégradant son état de santé volontairement comme dans la pièce de Molière où Purgon abusait de la confiance d’Argan en lui prescrivant des remèdes onéreux  dont il partageait les bénéfices avec le pharmacien M Fleurant. 

Ainsi Knock se vante de prescrire une mise en observation et précise ” ça ne vous coûtera presque rien ” ligne 17 et pour couper court à tout reproche qui pourrait lui être adressé de s’enrichir sur le dos de ses patients, il tient à préciser ligne 26, “ vous ne direz pas que je vous ordonne des remèdes très coûteux “  Ce mode d’argumentation se nomme une prétérition et consiste à évoquer  un sujet tout en expliquant qu’on n’en parlera pas. L’argent est  donc très présent dans l’échange avec notamment l’idée que le médecin cherche à s’enrichir tout en se défendant d’avoir un quelconque intérêt pour l’argent . Il cache son jeu mais son insistance le démasque et surtout sa stratégie à trouver des maladies graves là où il n’y a que des maux du quotidien : il transforme un  simple mal de dos en douleur incurable  liée à un écrasement de “la moelle épinière”  en ajoutant qu’il est très mal placé”.  (TR entre II et III  ) Ces exagérations et ses subterfuges font partie   des effets comiques les plus fréquemment utilisés. 

III (Les procédés comiques )

(La naïveté de la patiente) L ‘un des ressorts comiques pour le spectateur consiste à comprendre que la patiente est en train de se faire duper mais qu’elle ne s’en rend pas compte. En effet, la panique la gagne peu à peu après l’annonce du diagnostic ” Mon Dieu ! Mon Dieu ! s’exclame -t-elle ligne 8 pour ensuite se lamenter “ Oh ! là là “ Elle se rallie , sous l’effet de la peur, à la nécessité d’accepter un traitement et le médecin feint de lui attribuer le pouvoir de décision finale ; Elle acquiesce alors “ Oui c’est çà “ ligne 19 et il peut ensuite rédiger l’ordonnance ainsi que le précise la didascalie de la ligne 22 .

(Un traitement insolite )Les recommandations du médecin n’ont rien à voir avec le traitement lié à une chute : si on peut concevoir que le repos soit une source d’amélioration de la santé de la dame, il est plus difficile de comprendre l’isolement exigé : “défendez qu’on vous parle ”  et surtout le jeûne imposé : “aucune alimentation solide pendant une semaine ” ; Les conséquences sont prévisibles : la dame va être affaiblie et cette “faiblesse générale ” ainsi qu’une certaine paresse à vous lever ” sont juste les conséquences logiques et prévisibles de cette mise en quarantaine assortie d’une privation de nourriture. Le spectateur se rend bien compte de la manipulation et de l’escroquerie dont la patiente est ici la victime.  Tout ce qu’il cherche c’est justement en l’isolant et en la privant de contact , c’est à faire apparaître des symptômes de mal-être qu’il pourra alors attribuer à la maladie . De soignant,  le médecin devient  tortionnaire.  

(L’ambiguïté du comique ) Ici le médecin donne une sorte de leçon à la paysanne à laquelle il reproche notamment de ne pas vouloir payer pour se faire soigner; Son but est double : en aggravant son mal, et en lui infligeant une période d’observation inutile et dangereuse pour son état général, il va la rendre dépendante : si le mal est moins sérieux qu’on ne pouvait le croire, je serai le premier à vous rassurer. Il se montre ici particulièrement habile en endossant le rôle du sauveur alors qu’il est à l’origine de l’aggravation de ce  mal  de dos qu’il qualifie de  “tiraillement continu qui s’exerce sur les multipolaires ” Comme il possède le savoir, Jules Romains montre qu’il peut ainsi exercer une emprise sur les moins cultivés et son habileté à argumenter lui confère également un avantage sur la plupart des gens; C’est un manipulateur et le rire du spectateur est ambigu, comme l’est la comédie elle-même .  

 Pour conclure, ce passage révèle la supercherie du médecin et sa capacité à transformer des patients bien portants en malades grâce à ses talents d’orateur et son pouvoir de persuasion .La comédie, dès l’Antiquité  est un genre de spectacle qui contient une dimension morale mais s’applique à divertir autant qu’à instruire; Molière dont la devise était de faire rire en se moquant des défauts des hommes , l’a illustré à de nombreuses reprises et notamment dans Le Malade imaginaire où il montre comment des médecins s’enrichissent en faisant croire à leurs patients qu’ils souffrent de nombreuse maladies graves; Jules Romains reprend ici le même argument avec ce personnage de Knock, dont le triomphe constitue une sorte de mise en garde contre les dérives de la science lorsqu’elle cherche à abuser les plus crédules . 

 

 

18. novembre 2021 · Commentaires fermés sur L’épilogue de Bel-Ami : un mariage triomphal · Catégories: Commentaires littéraires, Première, Seconde · Tags: , ,

Commençons par rédiger une introduction en respectant les éléments obligatoires : contexte, auteur, oeuvre, extrait , problématique et annonce d’un plan .

C’est dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle que se constitue le réalisme en réaction contre le romantisme qui accordait beaucoup d’importance à l’expression des sentiments . Les écrivains réalistes et notamment Maupassant, s’efforcent de donner l’illusion de la réalité dans leurs romans; Bel-Ami,  roman qui paraît en 1880, retrace l’ascension d’un  héros ambitieux sans scrupules, Georges Duroy , qui se sert de son pouvoir de séduction pour gravir les échelons de la société. L‘épilogue étale sa réussite et dépeint son mariage prestigieux avec Suzanne Walter, la fille de son patron . Comment l’écrivain présente-t-il ici le personnage ? Dans un premier temps, nous montrerons sa réussite sociale avant d’envisager sa réussite personnelle et  pour terminer, nous montrerons la dimension critique  de ce dénouement.

Tout d’abord, examinons dans quelle mesure ce mariage lui assure une réussite sociale . Bel-Ami est l’objet de regards envieux de la foule venue l’admirer en grand nombre : D’autres personnes se poussaient. La foule coulait devant lui comme un fleuve. Maupassant souligne au moyen  de cette métaphore l’immensité de la foule et la cohue, sans doute, à la sortie de l’église. Ce public  confère à l’événement un côté triomphal; Le tout Paris se presse pour admirer celui qui n’était qu’un inconnu quelques années plu tôt à son arrivée, désargenté, dans la Capitale. L’écrivain a donné à son protagoniste principal une réussite à la hauteur de ses ambitions.  ” Il aperçut la foule amassée, une foule noire, bruissante ” : les trois adjectifs de la ligne 24 révèlent à la fois le grand nombre de spectateurs , leur élégance avec les costumes noir des hommes et le bruit ainsi que le mouvement qui se dégage de tous ces gens .  L’écrivain souligne également qu’il est le point de mire de tous les regards : “venue là pour lui, pour lui Georges Duroy. ” La répétition ici de pour lui traduit une forme d’étonnement même du narrateur et introduit une distance ironique entre les sensations du personnage et le jugement porté sur lui par le narrateur. En effet, Georges est ébloui , à la fois par l’éclatant soleil , comme il est précisé ligne 30 , mais aussi par cette admiration dont il se grise à tel point qu’il se prend pour un roi : “Georges affolé de joie, se croyait un roi qu’un peuple venait acclamer “. On retrouve ici un paradoxe avec l’association de l’affolement et de la joie: Le héros perd , en quelque sorte, sa lucidité et se sent , littéralement, transporté par la joie . D’ailleurs, il en vient même à remercier Dieu alors qu’il n’est pas croyant, autre signe que sous l’effet de cette joie, il perd la tête : ” Il sentait sur sa peau courir de longs frissons, ces frissons froids que donnent les immenses bonheurs ”  Bien qu’au centre des regards, Georges lui même ne voyait personne,  (l 23 ) : Maupassant  marque ici, au moyen de cette précision,  son égoïsme et  son narcissisme. Cette réussit sociale semble avoir un prolongement dans les rêves du personnage qui se  voit déjà faire une carrière politique : au moins député et  ensuite  ministre; En effet, ses vues , au sens propre, comme au sens figuré, se portent sur le “Palais-Bourbon,” siège de la chambre des députés  . Il lui sembla qu’il allait faire un bond peut nous faire penser que le narrateur  remet en cause les rêves du personnage  mais on peut également comprendre que son ascension est loin d’être terminée ; En effet, nous avons vu , dans le cadre du roman, que Georges est un personnage assez naïf et qu’il se fait berner par M Walter et son complot politique. Son avenir n’est peut être pas aussi reluisant qu’il l’imagine.Toutefois le roman se termine sur cette  gloire.

A cette réussite sociale il faut ajouter , avec ce mariage, une forme de réussite personnelle . En effet, ce mariage  prestigieux lui garantit une position sociale enviable et ne met pas un terme à ses désirs amoureux et à son appétit des femmes; Maupassant précise bien que sa relation avec Clotilde de Marelle va pouvoir continuer et le jour même de son mariage, au sein de l’église , il repense à sa liaison avec sa maîtresse ; L’évocation de leur intimité ” lui fit passer dans le sang le désir brusque de la reprendre”  montre à quel point le héros est resté centré sur ses désirs égoïstes et on retrouve ici une forme de violence du personnage  . Il semble faire peu de cas de sa jeune épouse dont on devine simplement l’ombre à ses côtés. On mesure donc une forme  de critique des agissements de Georges et le roman qui s’ouvrait sur le regard admiratif des femmes croisées dans la rue sur le héros, se termine ici, avec l’évocation des cheveux de Madame de Marelle: “toujours défaits au sortir du lit ” La dernière image de Bel-Ami est bien celle d’un séducteur, d’un homme à femmes et l’auteur rappelle ainsi que sa réussite est justement fondée sur les sentiments qu’il parvient à déclencher chez les femmes.

Le héros  a changé d’allure : alors qu’il défiait la foule en jouant des épaules comme pour se frayer un chemin dans la vie, désormais il paraît apaisé : “il allait lentement, d’un pas calme, la tête haute” ( l 21) . Il a une allure impériale  mais continue à prendre la pose. Un peu plus loin, “il descendit avec lenteur” : il a l’allure d’un conquérant .  Le cadre accompagne cette réussite : les spectateurs forment deux haies ( l 29)  comme pour l’acclamer et  le soleil semble rayonner rien que pour célébrer l’événement . C’est ici l’apogée de l’ascension du  personnage: une réussite totalement amorale qui laisse penser qu’un arriviste peu scrupuleux peut parvenir à se faire un nom dans une société pervertie par l’ambition et l’argent . On retrouve l’objectif réaliste de l’auteur qui entend bien donner à la fiction le rôle d’un miroir de la société et de ses travers.

Toutefois , cet épisode consacre la défaite de certaines valeurs morales . ( à rédiger… ) 

En conclusion, cet épilogue marque doublement la réussite du héros; par son mariage avec Suzanne, il est introduit dans un cercle fermé , celui de la grande bourgeoisie d’affaires  et son métier de rédacteur en chef à La Vie Française lui assure un certain pouvoir . Idolâtré par toutes les femmes qui croisent son chemin, il se sert d’elles , de leur argent comme Clotilde de Marelle , de leur talent aussi  comme Madeleine  et ensuite s’en débarrasse lorsqu’elle sont devenues inutiles ou qu’elles lui font de l’ombre . Seul son attachement pour Clotilde , peu exigeante, qui ne songe qu’à se divertir , le rend encore quelque peu attachant aux yeux du lecteur . Maupassant qualifiait son héros de gredin et avoir assuré sa réussite nous permet de mesurer le pessimisme de l’écrivain qui juge ainsi sévèrement la société de son époque, occupée à conspirer , à rechercher le pouvoir à des fins personnelles et à assouvir ses désirs  au mépris des valeurs morales . Georges Duroy n’est pas un héros respectable mais plutôt un anti-héros qui incarne une ère nouvelle : celles des ambitieux cyniques et égoïstes.

03. février 2021 · Commentaires fermés sur Boileau et l’art de la Satire · Catégories: Commentaires littéraires, Première

 Au dix-septième siècle; la littérature tend à appliquer le précepte d’Horace “dicereplacereque”  et cherche à plaire tout en instruisant  ses contemporains et en leur faisant prendre conscience de leurs défauts. La Fontaine  avec ses Fables, Madame de Lafayette avec son roman  d’analyse psychologique, Molière avec ses comédies  , chacun, à sa manière , tente de révéler la  vérité de la nature humaine ; Nicolas Boileau Despréaux emploie , lui un genre littéraire hérité d’auteurs latins comme Junéval: celui du poème satirique . Boileau compose un recueil formé de 12 satires  en alexandrins aux rimes suivies: celle que nous étudions est dédiée à M de Valincourt,  qui deviendra secrétaire du roi et  elle s’intitule l’Honneur: le poète s’y attaque  plus précisément aux mensonges des courtisans; Dans une première partie, nous verrons qu’il compare le monde à un théâtre où chacun joue un rôle ; Nous montrerons ensuite que la vérité finit toujours par triompher . Plus »

25. novembre 2020 · Commentaires fermés sur Thérèse se marie et devient Thérèse Desqueyroux : le commentaire littéraire du récit du jour des noces. · Catégories: Commentaires littéraires, Seconde · Tags:

Le roman de Mauriac, du nom de son héroïne éponyme, Thérèse Desqueyroux, nous plonge dans les pensées torturées d’une jeune femme qui cherche sa place , dans la société , au sein de la famille et aux côtés d’un époux; Ce mariage qu’elle accepte avec le fils des voisins permet aux deux familles d’unir leurs terres ; Néanmoins, Thérèse est consciente que le fils Desqueyroux n’est pas un mauvais parti ; Le jour des noces , l’auteur sème , à travers la description , les indices du drame qui couve, comme le feu sous la cendre . Dans une première partie, nous étudierons l’importance du cadre avant de nous attarder sur le portrait de la jeune mariée . 

” Le jour étouffant des noces, dans l’étroite église de Saint-Clair où le caquetage des dames couvrait l’harmonium à bout de souffle et où leurs odeurs triomphaient de l’encens, ce fut ce jour-là que Thérèse se sentit perdue. Elle était entrée somnambule dans la cage et, au fracas de la lourde porte refermée, soudain la misérable enfant se réveillait. Rien de changé, mais elle avait le sentiment de ne plus pouvoir désormais se perdre seule. Au plus épais d’une famille, elle allait couver, pareille à un feu sournois qui rampe sous la brande, embrase un pin, puis l’autre, puis de proche en proche crée une forêt de torches. Aucun visage sur qui reposer ses yeux, dans cette foule, hors celui d’Anne ; mais la joie enfantine de la jeune fille l’isolait de Thérèse : sa joie ! Comme si elle eût ignoré qu’elles allaient être séparées le soir même, et non seulement dans l’espace ; à cause aussi de ce que Thérèse était au moment de souffrir de ce que son corps innocent allait subir d’irrémédiable. Anne demeurait sur la rive où attendent les êtres intacts ; Thérèse allait se confondre avec le troupeau de celles qui ont servi. Elle se rappelle qu’à la sacristie, comme elle se penchait pour baiser ce petit visage hilare levé vers le sien, elle perçut soudain ce néant autour de quoi elle avait créé un univers de douleurs vagues et de vagues joies ; elle découvrit, l’espace de quelques secondes, une disproportion infinie entre ces forces obscures de son cœur et la gentille figure barbouillée de poudre. Plus »

01. juin 2020 · Commentaires fermés sur Un dialogue constructif entre un colon et un brésilien : le témoignage de Jean de Léry · Catégories: Commentaires littéraires, Spécialité : HLP Première · Tags:

Jean de Léry  est un ouvrier  et explorateur français  protestant qui s’est exilé à cause des guerres de religion qui ont eu lieu en France et durant lesquelles de nombreux protestants appelés huguenots , furent massacrés sur ordre du roi.   L’auteur  a publié, après son retour en France un livre de souvenirs de voyage dans lequel il  relate sa rencontre avec les indigènes brésiliens.  Il emploie les techniques de la maieutique pour faire prendre conscience aux Français de ce que pensent les Indiens de leurs pratiques commerciales.

Lorsqu’il relate son voyage en terre du Brésil et sa relation avec les Indiens de la tribu Toupinambas, Jean de Léry peint un portrait élogieux des Sauvages et les présente comme des hommes sages qui tirent de leur saine constitution physique et   de leurs vertus  morales, leur exceptionnelle longévité. Dans le texte précédent, il oppose leur absence de vices à la corruption qui , à la manière d’un poison, détruit la santé des Français. Le dialogue qu’il met en scène retrace les interrogations d’un vieillard à propos des exportations massives de bois”arabotan” ; ce dernier, grâce à de multiples questions orientées parvient à faire dire à l’auteur que les Français sont fous de vouloir enrichir leur descendance après leur mort. Quelle stratégie argumentative pouvons-nous repérer à travers ce dialogue ? Dans un premier temps, nous étudierons la construction du dialogue avant d’évoquer l‘utilisation du regard de  l’étranger et pour terminer, nous montrerons comment l‘auteur intervient dans son propre récit pour nous persuader de la justesse des propos du vieillard . Plus »