28. décembre 2015 · Commentaires fermés sur Les origines de la Guerre de Troie · Catégories: Première

Vous avez sans doute entendu bien des légendes à propos des origines de la Guerre de Troie : essayons d’y voir un peu plus clair. 

Les origines mythologiques font état d’une dispute entre trois déesses de l’Olympe qui voulurent savoir laquelle était la plus belle. Cette querelle avait été provoquée par la déesse de la discorde, Eris, fille de la Nuit et soeur d’ Arès,le Dieu de la guerre; cette dernière jalouse de ne pas avoir été invitée au mariage de Thétis et de  Pélée avait décidé de semer la discorde entre les invités. Elle laissa donc rouler une  pomme sur la table sur laquelle figurait l’inscription: “à la plus belle femme”  et  aussitôt trois déesses la revendiquèrent  :  Athéna, Junon et Venus;

 Pour pouvoir les départager, on envoya Hermès quérir sur terre, le plus beau mortel; le sort choisit  un jeune berger, le prince troyen Paris et il eut  alors la lourde tâche de les départager; chacune lui promit quelque chose d’extraordinaire : la renommée et le pouvoir pour la reine de l’Olympe ,la gloire sur le champ de bataille pour la fille de Zeus ou l’amour de la plus belle femme du monde. Le fils de Priam choisit l’amour et Venus, la gagnante, lui offrit alors de conquérir la belle Hélène,  mariée au roi grec Menelas. Paris sûr de lui te du soutien divin, capture Helene et la ramène à Troie, conquise et amoureuse.  Mais les  versions du mythe diffèrent : , la belle serait rapidement tombée amoureuse du prince comme dans la version choisie par Giraiudoux; d’autres mentionnent un enlèvement et une demande de rançon. Ménélas, furieux, considère que son honneur a été bafoué et il a demande aussitôt l’aide de son frère Agamamennon ; Alliés par l’outrage qu’on a fait subir à l’un des leurs,  les rois grecs,décident de partir faire le siège de Troie.

Dans l’Olympe, les Dieux sont partagés entre partisans de la cause troyenne , dirigés par Vénus et le camp adverse, qui supporte la vengeance des grecs.   Comme le vent refuse de se lever pour que la flotte grecque puisse traverser la mer , le devin explique à Agammemnon qu’il doit sacrifier sa fille Iphigenie. Ce dernier, après avoir longuement tergiversé, s’exécute et les dieux cléments, remplacent la jeune fille par une biche et  autorisent la flotte à appareiller. Le siège de la cité va durer 10 ans et Homere en raconte tous les détails dans l’Iliade. 

Les achéens subissent d’abord la colère d’Achille qui décide de se retirer du combat , furieux qu’Agamemnon lui ait pris sa captive Briséis; Achille implore alors sa mère Thétis de ne pas accorder de victoires aux grecs tant qu’il ne se battra pas à leur côté; Rendu fou de douleur à la mort de Patrocle, son amant, qui a pris sa place au combat et qui a été tué par Hector, le prince troyen, Achille se décidera à reprendre les armes, ira  défier et tuer Hector,le fera traîner par ses chevaux autour des murailles de la ville,  et sera à son tour, puni pour cet acte qui a offensé les Dieux  et  tué par une flèche décochée par Pâris . Cette flèche va le frapper au talon, seule partie de son corps qui n’a pas ét étendue invincible . D’où l’expression: avoir un talon d’Achille qui signifie posséder une faiblesse secrète.

Chante, ô déesse, le courroux du Péléide Achille,
Courroux fatal qui causa mille maux aux Achéens
Et fit descendre chez Hadès tant d’âmes valeureuses
De héros, dont les corps servirent de pâture aux chiens

Et aux oiseaux sans nombre : ainsi Zeus l’avait-il voulu,     Iliade

Les grecs finissent par faire confiance à Ulysse qui a eu l’idée du cheval de Troie.  Les soldats font semblant de lever le siège et les Troyens se condamnent en faisant entrer dans la ville le cheval rempli de soldat grecs . La ville va être mise à sac et la famille royale massacrée à l’exception de la femme d’Hector , Andromaque qui deviendra la prisonnière du roi d’Empire Pyrrhus, fils d’Achille. Jean Racine, dramaturge du dix- septième  siècle, exploitera cette situation dans la tragédie qui porte le nom de cette héroïne Andromaque . dans la version homérique, le fils d’Hector et d’Andromaque, le jeune Astyanax est précipité du haut des rempart sue Troi alors que Racine lui laisse la vie sauve pour ne faire le centre du dilemme de son héroïne.

 Jean Giraudoux a choisi de montrer l’ambiance à l’intérieur de la cité au moment où la menace de guerre se précise. Il a donc exploité le  scénario du mythe grec en le recontextualisant à partir de la période dite de la montée des périls , en Europe, en 1937 avec comme arrière-plan, la guerre de 14/18 qui a déjà opposé français et allemands et dont on avait prédit qu’elle serait la der des der.

21. décembre 2015 · Commentaires fermés sur Voltaire répond à ses juges : un plaidoyer éloquent. · Catégories: Première · Tags:

Il fallait imaginer que Voltaire justifiait ses prises de position et ses choix narratifs et idéologiques . Le discours de l’auteur de l’Ingenu devait prendre en compte les accusations proférées à son encontre. Il s’agit de convaincre des juges soit en prononçant un réquisitoire,véritable acte d’accusation, soit en fabriquant un plaidoyer qui est un discours qui vise à défendre un accusé. 

Commençons par reprendre les principaux arguments de ses adversaires; 

Une erreur de cadrage fréquente vous a fait considérer le Dictionnaire Philosophique comme oeuvre de référence pour les accusations alors qu’il s’agissait de défendre la matière de l’Ingénu

N’oublions pas la formule d’introduction qu’on peut faire suivre d’une accroche de type captatio benevolentiae
Messieurs les Juges, de très nombreux lecteurs, vos compatriotes, m’ont fait l’honneur d’acheter mon dernier cont philosophique et son succès prouve que les thèmes que j’y aborde , sous le voile de la fiction, intéressent mes contemporains; Je me présente aujourd’hui devant vous afin de prouver ma bonne foi et pour répondre des accusations qui ont été lancées contre mon livre dans un journal que vous connaissez sans doute et dont j’apprécie particulièrement le style . …; 
Attention, l’ironie est laissée à votre appréciation.
L’accusation d’impiété peut facilement être réfutée en se fondant sur l’omniprésence de la religion dans le conte en particulier et dans les ouvrages de Voltaire en général ; “ Pour quelles raisons , Messieurs, un homme sans religion, évoquerait-il constamment un sujet dont il n’à que faire ?  Si la religion m’inspire autant c’est parce que je cherche à montrer aux hommes leurs erreurs et que je  les mets  en garde contre les dissensions qui surviennent lorsqu’on considère qu’en matière de religion, on détient la vérité; Je crois en Dieu et je me rends à l’église le dimanche pour prier, le prier d’accorder la sagesse aux hommes et la clairvoyance; “ 
C’était le moment de placer une profession de foi déiste de Voltaire.
Les accusations d’obscénité peuvent être contrecarrées à condition de choisir des exemples précis dans le conte; On peut alors jouer sur le sens du mot et proposer d’y voir plutôt des allusions grivoises pour divertir le lectorat  féminin notamment ou , mieux encore, pour sensibiliser les jeunes femmes aux dangers de la fréquentation des Grands ; “Messieurs, au vu de mon grand âge, pensez-vous vraiment qu’il est raisonnable de voir de l’obscénité là où je décris la beauté naturelle d’un corps de jeune homme ?; En effet, mon personnage de Huron doit susciter l’envie parce qu’il représente un mode de vie sain et que sa vigueur est un élément qui me permet , justement de faire l’éloge d’un mode de vie naturel; Si vous y voyez de la concupiscence, c’est peut être que pour vous , la nudité est quelque chose de répréhensible mais sachez bien que tous nous naissons nus au sortir du ventre de notre mère et que les hommes ne se promenaient pas autrement dans l’Eden. ” Quant au commerce charnel auquel se soumet ma pauvre héroïne, j’ai  simplement voulu montrer que lorsqu’on est une jeune femme , les dangers sont encore plus grands lorsqu’on se place dans une position où les faveurs d’un homme puissant paraissent nécessaires ” Je souligne ainsi les dangers de la Cour et de la fréquentation de certains ministres que leurs fonctions peuvent dépraver; En effet, je crois que le pouvoir corrompt et j’ai pu en faire l‘expérience , à mes dépens, lorsque je me trouvais à la cour de Frédéric de Prusse, qui autrefois fut mon ami avant de devenir un tyran.

Les accusations politiques pouvaient être l’occasion d’évoquer subtilement les convictions politiques de Voltaire, son anglophilie , sa croyance en une monarchie parlementaire, un meilleur  équilibre des pouvoirs et une limitation du pouvoir personnel du roi, un modèle idéal de despote éclairé; 
“Messieurs , loin de moi l’idée de critiquer pour le simple plaisir de me montrer irrévérencieux  ; “j’ai toujours eu à coeur , dans mes  nombreux ouvrages, de mêler le plaisir justement à la réflexion et c’est ce qui m’a conduit à faire le choix du conte philosophique; Comme tout ouvrage de fiction, j’ai pu parfois forcer le trait et paraître outrancier  mais le lecteur doit être saisi sous peine de passer à côté de la dimension didactique de mon travail ; Nul n’a songé à critiquer mes tragédies qui pourtant comportent indiscutablement une part de réflexion mais, emporté par le drame, le spectateur oublie parfois l’objet même du conflit tragique; alors que dans le conte, les lecteurs ne s’identifient pas au malheur des personnages et demeurent à distance ; c’est cette mise à distance qui permet justement à la réflexion de s’exercer.
Dernier conseil: n’attaquez pas directement vos adversaires sinon vous vous discréditez;  Jamais d’insultes ni de critiques ad hominem du type : ” Monsieur François Berthier, de toute façon, ne sait ni lire ni écrire …” Vous devez toujours privilégier les faits et vos connaissances pour construire votre argumentation . 
29. novembre 2015 · Commentaires fermés sur Contes voltairiens : comment finir ? · Catégories: Première

Un conte philosophique poursuit un double but : amuser le lecteur  et l’ instruire.  Cette dimension didactique est souvent illustrée par la fin de l’histoire racontée ; En effet, le sens du dénouement peut être lu à la fois comme la clôture de l’intrigue , la fin des aventures du héros et une leçon de vie.

Pour étudier ces trois dénouements, celui de Zadig, d’Aventure Indienne et de l’Ingénu, nous nous intéresserons d’abord au destin des héros avant d’évoquer la morale du conte. Remarquons tout d’abord que nos trois héros sont de grands voyageurs : Zadig doit fuir Babylone avant d’y revenir pour y régner, Pythagore “voyage à travers le monde pour y apprendre et y enseigner la sagesse” ; Quant à l’Ingénu, il découvre la Basse Bretagne après avoir grandi en Huronien, pays dont il a conservé les enseignements. Ces trois personnages ont donc fait l’expérience de la diversité des moeurs et ont  chacun , été confrontés à l’injustice ou au malheur. Zadig a été accusé injustement et a du s’enfuir pour ne pas être emprisonné; Pytahgore a assisté à un simulacre de procès et a réussi, grâce à ses dons d’orateur, à éviter l’exécution d’Indiens qu’un tribunal souhaitait faire brûler pour les motifs suivants : ” pour avoir dit que la substance de Xaca n’est pas la même que celle de Brama” et ” pour avoir soupçonné qu’on pouvait plaire à l’être suprême par la vertu” ; On voit bien ici que ces sont des prétextes ridicules et qu’il s’agit, à travers cette situation imaginaire, de dénoncer l’intolérance religieuse et les méthodes de l’Inquisition. Cette condamnation des deux Indiens paraît totalement injuste et absurde; L’Ingénu, quant à lui, a été confronté à de nombreuse injustices : emprisonné à tort, il découvre que Gordon est lui aussi emprisonné parce qu’il est janséniste et, sa fiancée pour le libérer sacrifie son honneur et finit par en mourir. Cependant leur destin individuel est fort contrasté car Zadig devient un roi aimé de tous “l’empire jouit de la paix, de la gloire et de l’abondance” ; Il assure la prospérité de son royaume et sur le plan personnel, il est heureux avec celle qu’il aime : la reine Astarté; L’ingénu lui perd la femme qu’il aime et demeure inconsolable mais il a  trouvé un refuge dans l’amitié de Gordon et il devient une figure admirée : “excellent officier” “guerrier et philosophe intrépide” .La réussite de Pythagore n’est que de courte durée car il connaît une fin tragique; L’ironie du sort veut qu’il soit brûlé par des intolérants : “il alla prêcher la tolérance à Crotone; mais un intolérant mit le feu à sa maison” ; C'est le dénouement le plus sombre des trois car il signe à la fois la perte du héros sage et vertueux et le triomphe du Mal.

Après avoir examiné l’évolution des personnages , il faut regarder la morale proposée: Zadig , roi magnanime, récompense tout le monde autour de lui et s’entoure de gens compétents non sans les menacer de se montrer impitoyable s’ils le déçoivent. Il récompense même ceux qui l’on trahi parce qu’il pense ainsi adoucir “leurs douleurs par des présents” ; Pythagore  réussit l’exploit avant de mourir de faire changer d’avis des juges et  des dévotes et l’ironie de Voltaire souligne cet exploit : “et c’est ce qui n’est arrivé qu’une seule fois“; L’ironie avait de même, dans Zadig, souligné la sagesse du pêcheur qui renonce à récupérer sa femme, trait d’humour de Voltaire : “le pêcheur devenu sage ne prit que l’argent “: cela laisse entendre que les femmes font devenir les hommes fous et qu’il est plus sage d’y renoncer. C’est par la force des choses que l’ingénu doit renoncer à celle qu’il aime et le conteur a choisi de montrer , autour du héros, le repentir sincère de celui a fait son malheur, le ministre Saint-Pouange. Ce dernier va s’employer à réparer les tort qu’il a causés, notamment en dédommageant les victimes : c’est ainsi que le frère de Mademoiselle de Saint Yves a droit a un “bon bénéfice”; Plus étonnant, le pète Tout-à -Tous est récompensé par des cadeaux et la dévote , terme ici ironique, garde les boucles en diamant offertes en présent à  la jeune femme pour avoir offert ses faveurs ; cette partie des rétributions paraît donc fort injuste et la morale est ambiguë  : Malheur est bon à quelque chose signifie qu’on peut tirer des effets bénéfiques d’un malheur mais on conserve quand même l’idée de la présence incontournable des malheurs; Sauve qui peut peut également être interprétée comme un cri de panique généralisé ou là encore rappeler qu’on n peut sauver tout le monde et que les justes sont parfois victimes de l’injustice la plus meurtrière. Nous sommes désormais bien loin de l’enthousiasme qui suit le triomphe de Zadig: ” On bénissait Zadig et Zadig bénissait le ciel ”  Le chiasme reflète ici l’accord parfait entre l’homme et la divinité : cet accord sera brisé dans les deux autres contes et le Ciel ne sera d’aucun secours à Pythagore ; Quant à l’Ingénu, c’est le temps qui apaisera sa douleur.

16. novembre 2015 · Commentaires fermés sur L’ingénu toujours en prison fait des progrès … · Catégories: Première · Tags:

Le chapitre XIV du conte nous révèle les progrès accomplis par notre héros , au contact du vieux et sage Gordon; Voyons plutôt comment son esprit s’est fortifié et ce qu’il a appris en quelques semaines. Quelles questions pourrait-on vous poser sur cet extrait ?

 Vous lirez dans les chapitres précédents ….

Embastillé depuis plus d’un an, notre héros emploie l’essentiel de son temps à lire et à discuter avec Gordon.Après la géométrie, il découvre la philosophie de Malebranche et ne partage pas l’idée selon laquelle toute idée émane de Dieu; Gordon lui résume les grands mythes des origines de l’homme et du mal sur terre mais ils ne parviennent pas à se mettre d’accord.  L’esprit du jeune homme se fortifie de plus en plus mais la pensée de Mademoiselle de Saint Yves le distrait et l’empêche de progresser en mathématiques. L’histoire l’attriste car “elle n’est que le tableau des crimes et des malheurs” (chap X) ” Le monde lui parut trop méchant et trop misérable” . Seule l’histoire romaine trouve grâce à ses yeux et notre héros ne comprend pas pourquoi les nations se dotent d’origines fabuleuses. Il rappelle la phrase que le romancier Marmontel attribue à son héros Bélisaire général de l’empereur Justinien : ” La vérité luit de sa propre lumière et on n’éclaire pas les esprits avec les flammes des bûchers.” Gordon admire le “bon sens naturel de cet enfant presque sauvage” Tous deux sont d’accord pour condamner vivement les critiques , qualifiés d’ “excréments de la littérature”. Le narrateur compare son personnage à des “arbres vigoureux qui , nés dans un sol ingrat, étendent en peu de temps leurs racines et leurs branches quand ils sont transplantés dans un terrain favorable.” L’Ingénu découvre Molière qui l’enchante avec une préférence pour Tartuffe qui dénonce l’hypocrisie des faux dévots; Il aime par dessus-tout les vers des tragédies de Racine alors qu’il garde les yeux secs quand il lit les pièces de Corneille.  Le chapitre que nous allons analyser est présenté sous l’aspect d’un dialogue philosophique entre Gordon et l’Ingénu: Les thèmes abordés sont la morale, les vérités en matière de religion et l’injustice de leur captivité.                    
 Commentaire composé : vous rédigerez l’introduction et imaginerez la problématique qui peut être traitée à l’aide de ce plan
De l’ Ingénu faisait des progrès … libre cours à sa juste colère…(voir texte photocopié)
  1.  Quelque pistes : Un dialogue argumentatif : des techniques de philosophie /questions/réponses, la dispute socratique et la maïeutique
  2. Le renversement des rôles : l’Ingénu devient un maître à penser et influence le sage Gordon, un éloge de l’homme naturel qui rejoint  certaines réflexions autour du mythe du bon sauvage . Un ton polémique et critique : dénonciation du fanatisme religieux et de l’arbitraire de la justice

Voici quelques analyse pour vous  aider à rédiger l’une des parties ..à partir de ces 12 points, à vous de les répartir au sein d ‘un plan détaillé  et d’en trouver d’autres..

  • la trempe de son âme : connotation laudative, esprit fort : Voltaire met en parallèle l’inné et l’acquis; l’éducation ne suffit pas à forger une belle âme; âme au sens d’esprit, personne.
  • l’absence de préjugés est un atout comme l’exprime la métaphore de la rectitude : son entendement n”ayant point été courbé; les préjugés nous déforment et modifient nos pensées, les infléchissent dans le mauvais sens: usage de termes scientifiques issus de la géométrie 
  • importance de l’éducation : “les idées qu’on nous donne dans l’enfance” : un préjugé se forme avant l’apparition de l’esprit critique vers l’adolescence. les philosophes des Lumières accordaient donc beaucoup d’importance à la qualité de l’éducation.
  • chimères : le mot à connotations négatives désigne des idées mensongères, des illusions : Gordon réalise qu’il s’est peut être trompé en accordant trop de crédit à l’idéologie janséniste; pries de conscience de Gordon provoquée par le raisonnement te la démonstration de l’Ingénu 
  • Voltaire fait l’éloge de l’homme naturel et emploi des expressions laudatives : progrès rapides,voyait les choses comme elles sont ; ce vocabulaire s’oppose aux connotations négatives liées à l’erreur 
  • les paradoxes sont nombreux et c’est un moyen d’attirer l’attention du lecteur: ce jeune ignorant instruit par la nature, vérité obscures et faussetés obscures..comment peut on à la fois être ignorant et instruit? comment une vérité peut elle paraître obscure ? 
  • la métaphore de la Lumière, assimilée au Savoir : si cette vérité était nécessaire comme le soleil l’est à la terre, elle serait brillante comme lui; pour Voltaire, dans le domaine religieux, il n’existe pas de vérité et rien ne peut être démontré; les religions qui prétendent imposer leur point de vue et leurs vérité sont ainsi assimilées à des sectes. “tout secte me paraît le ralliement de l’erreur ” Les arguments de l’ingénu ont pour but de démontrer que le mot vérité ne peut pas être employé dès qu’il s’agit de croyance et que les religions divisent les hommes qui ne parviennent pas à se mettre d’accord : ” ils sont trop partagés sur les vérités obscures” ; Voltaire montre ici que  les querelles religieuses lui semblent vaines, nocives et totalement inutiles. 
  • les parallélismes de construction sont une arme efficace dans l’argumentation : “je vous plains d’être opprimé mais je vous plains d’être janséniste.” Les bourreaux catholiques jésuites sont dénoncés ainsi que leurs méthodes (jeter leurs opposants en prison) mais Voltaire condamne également les prises de position jansénistes en montrant qu’ils s’accrochent à de fausses idées.
  • L’Ingénu se transforme en professeur de déisme et c’est lui qui tente de convaincre Gordon avec des questions philosophiques qui reposent sur des hypothèses : “S’il y avait eu une seule vérité cachée dans vos amas d’arguments qu’on ressasse depuis tant de siècles, on l’aurait découverte sans doute.” cet argument logique prouve qu’il ne peut y avoir de vérité en matière de religion ; notez au passage qu’amas et ressasse ont des connotations péjoratives qui renforcent la critique des partis religieux. Notez également l’ironie véhiculée ici par l’expression “sans doute” qui signifie assurément 
  • Voltaire établit néanmoins une différence entre les jansénistes et les jésuites : les premiers sont qualifiés de peu sages et les seconds de monstres car ils commettent le mal , tuent et persécutent d’autres hommes pour des dogmes sur lesquels ils ne sont pas d’accord; les jansénistes sont comparés à des fous et c’est finalement le doute qui s’empare de Gordon
  • j’ai perdu mes jours à raisonner sur la liberté de Dieu et du genre humain; mais j’ai perdu la mienne.” Voltaire traduit ici le scepticisme de Gordon et montre l’injustice de la captivité comme dans la suite du passage.
  • On condamne les hommes sans les entendre ! critique de la manière dont l’Ingénu a été arrêté sans jamais pouvoir se justifier donc de l’arbitraire de la justice quand elle est soumise aux lettres de cachet (qui ont été supprimées en Angleterre ) En 1769, l’Habeas Corpus Act protège tout citoyen anglais des arrestatiosn arbitraires et Voltaire considère qu’il s’agit d’un progrès considérable. On retrouve d’autres références à cette justice arbitraire comme “Nous voici tous les deux dans les fers sans en savoir la raison et sans pouvoir la demander.” 
Rédigez intégralement la conclusion de ce passage…
16. novembre 2015 · Commentaires fermés sur Sauvages en images · Catégories: Première · Tags:

Pour comprendre les peurs et les réactions des hommes de la Renaissance face aux étrangers,  aux peuples inconnus , il faut comprendre ce que signifiait pour eux homme sauvage.  Ce billet reprend les principales évolutions du concept d’homme sauvage avant que les philosophes des Lumières , et notamment Rousseau et Voltaire, créent le mythe de l’homme sauvage aux qualités naturelles.

Les hommes du Moyen-Age assimilent souvent les hommes sauvages à des créatures diaboliques, monstrueuses associées à l’animalité et au monde nocturne comme les loups-garous, les ogres cannibales , dévoreurs d’enfants et autres créatures infernales, mi homme mi animal,  à la force surhumaine menaçante. Les
représentations de
l’Homme sauvage varient
suivant les époques , mais de manière constante il pose le problème
de la société qui
pense
s’être éloignée d’une
nature
qui
lui est devenue étrangère, et qui
tente
de rétablir un lien avec
les puissances naturelles .Toutefois, cette
figure de l’homme sauvage n’aurait pas survécu si elle n’avait pas
été chargée d’un sens
politique et
religieux

. En Europe
,on
retrouve des peurs universelles sous
certaines représentations  :
l’homme
craint l’épaisseur et
le mystère des forêts qu’il peuple de figures sauvages comme les
sauvageons , les hommes-arbres ou hommes souterrains (nains), les
hommes -animaux comme les garous ou les centaures.

Dans
l’iconographie française, du Moyen-Age on
représente l’homme sauvage
sous la forme d’un homme
habillé de peaux de
bêtes
,
voire lui-même velu. On s’entend généralement sur l’idée que
cette figure est négative : elle
représente politiquement
et sociologiquement
le
regard méprisant, de l’aristocratie

sur le paysan, proche de la nature, mi-homme, mi-bête, et quasiment
encore païen.L’assimilation mythologique
de l’Homme sauvage au Chasseur sauvage est possible
dans certaines régions d’Europe du Nord où on
y voit une survivance de la métamorphose du dieu germano-scandinave
Wotan.

Le
chasseur sauvage serait un homme qui a bravé un interdit ou un
tabou, par exemple la chasse ou la consommation d’un animal tabou. Il
reviendrait
en esprit, traversant les airs comme Wotan, à la tête d’une armée
de morts métamorphosés en bêtes sauvages. (voir
illustration en tête du billet). D’autres interprétations
religieuses sont en concurrence : dans l’occident chrétien ,
lors du
Carnaval, l’Homme Sauvage est parfois vêtu d’un pagne de peaux de
bêtes, de feuilles, et porte un petit arbre, le ” mai “.

A
partir du début du XVIe siècle, l’Homme sauvage devient en
Allemagne notamment la représentation symbolique et valorisante de
l’antiquité , faite d’une société de moeurs simples et justes et
de courage : les tribus au fond de leurs forêts primitives, ont
résisté à mains nues avec succès aux Romains bien armés mais de
mœurs dissolues. On célèbre donc avec cette figure le culte des
Ancêtres courageux et rustiques. La représentation de l’Homme
Sauvage, vêtu d’un bout de peau de bête et armé d’une massue,
reprend l’image d’Hercule et établit le mythe d’une antiquité
vraie, fondée sur la pureté des modes de vie ; Cette idéologie
servira aux philosophes des Lumières pour opposer la sagesse
naturelle des hommes sauvages
et la dépravation, la
corruption des sociétés occidentales qu’ils jugent décadentes et
perverties . (c’est le mythe du bon sauvage)

La
propagande des humanistes
de la Renaissance

explique la popularité (ou plus exactement la non-censure) du thème
dans les cortèges paysans, et le nom du ” Sauvage ” donné
à des enseignes de tavernes, à des statues de fontaines, à des
rues.Les
hommes de la Renaissance , confrontés aux peuplades indigènes,
durent renoncer à ces fantasmagories mais elles étaient très
présentes dans leur imaginaire. L’homme sauvage peut donc incarner
soit une menace car il est fort et réfrène difficilement ses
instincts, soit l’idée d’un passé légendaire qui nous renvoie à
nos origines.

Aujourd’hui
on assiste à un renouvellement des sens du terme Sauvage et
l’univers de la publicité, par exemple, exploite les connotations
positives
du
mot avec l’image de Johnny Depp qui vante les mérites d’une eau de
toilette, dans un désert, entouré de fauves, tatoué comme un
chasseur d’une tribu primitive.

Dans
l’ Ingénu, Voltaire a construit son personnage en reprenant
certaines caractéristiques de l’homme sauvage ; la force
physique, la virilité et le goût du combat mais il apprend à
dompter sa nature sauvage pour devenir un homme accompli et
raisonnable, un
vrai philosophe qui a su contrôler ses instincts et devenir
civilisé, en ne gardant que le meilleur des moeurs qu’il observe.

21. octobre 2015 · Commentaires fermés sur Voltaire et la religion · Catégories: Première · Tags:

Eduqué par des jésuites, partisan de la cause protestante, adversaire des thèses jansénistes, du dogmatisme et du providentialisme, Voltaire est un  déiste théiste..lisez plutôt ces questions/réponses ..

Quelle est l’attitude de Voltaire vis-à-vis des religions
officielles ?

→ Voltaire est critique à l’égard de toutes les religions
officielles qu’il considère comme des SECTES cf. L’Ingénu,
chapitre 14 ; Dictionnaire philosophique, article
« Secte » : « Toute secte, en quelque genre
que se puisse être, est le ralliement du doute et de l’erreur »,
« Il n’y a point de secte en géométrie », « Quand
la vérité est évidente, il est impossible que s’élèvent des
partis et des factions ».

≠ sens actuel (Groupement organisé dont les membres ont adopté
une doctrine et des pratiques différentes de celles de la religion
majoritaire ou officielle).

Voltaire est-il athée pour autant ? NON : il est
déiste ou théiste, religion qu’il définit dans l’article
« Théiste » du Dictionnaire philosophique.

► Qu’est-ce que le théisme ?

) : le théiste croit en
l’existence d’une force supérieure qui fait le bien sur terre.

  • Définition de l’ « Être suprême » se fait en
    termes d’ACTION : on est dans le visible, le factuel,
    l’objectif et non dans une définition métaphysique.

→ être créateur de tout ce qui existe sur terre.

→ être qui agit (punit et récompense) mais son action est
raisonnable (≠ fanatisme).

un Dieu en quelque sorte  « qui punit sans
cruauté les crimes // et récompense avec bonté les actions
vertueuses » : é

→ le Dieu du théiste est un Dieu qui agit raisonnablement, avec
mesure // attitude philosophique.

le théisme est une attitude de croyance envers une force
supérieure qui agit raisonnablement.

Le théiste n’a pas la prétention d’expliquer les motivations
de Dieu .

  • Le théiste ne cherche pas à comprendre le fonctionnement de la
    Providence car cela dépasse ses capacités.

Le théisme est aussi une attitude d’humilité face à Dieu.

le point commun entre les religions étant la croyance en
Dieu, Voltaire propose d’en faire le principe d’une religion
universelle.

  • Théisme présenté comme la religion « la plus ancienne et la
    plus étendue » :
    avant les « systèmes », il y a une croyance et celle-ci
    est la même pour tous..

le théisme a pour principe de réunir les hommes autour du
même sentiment d’adoration de Dieu → utilité sociale.

  • Profession de foi du théiste :
    la religion doit faire le bien dans la société.

  • « Faire le bien, voilà son culte ; être soumis à Dieu,
    voilà sa doctrine »

le théiste préfère l’action à la discussion 

CONCLUSION : Qu’est-ce que le théisme ? 

Le théisme est une religion épurée, sans dogme ni rite. C’est
une religion qui assume son rôle de lien social.

Ses grands principes sont :

  • l’affirmation simple de l’existence d’un Dieu créateur.

  • l’utilité sociale de la religion.

  • l’absence de cérémonie mais l’adoration et la justice.

    Dans L’Ingénu, Voltaire dénonce le dogmatisme des catholiques qui font passer le respect des rites avant le bonheur de leurs proches (exemple ; ne pas pouvoir épouser sa marraine ); Il dénonce aussi l’aveuglement de la politique de Louis XIV, fortement influencé par le parti dévot (ultracatholique composé de jésuites influents); le roi a restreint la liberté religieuse en révoquant l’édit de Nantes en 1685 et a ainsi provoqué l’exode massif de sujet protestants qui refusaient de es convertir; Les soldats tentaient parfois de convertir les hérétiques par la force et de nombreuses familles prirent alors la fuite . C’est cette situation qui est évoquée dans le chapitre 8 : le dîner à Saumur.  Voltaire se moque également des différences entre le texte littéral de la Bible et l’évolution du culte ; Alors que Jésus prône la pauvreté et le partage, certains dignitaires catholiques se montrent cupides et avides de pouvoir comme le Père de La Chaise et le père Tout-à-Tous.  En pièce jointe, un tableau qui résume les différences entre catholiques et protestants (le point sur la religion)

    Lisez la avant de débuter le QCM…



12. septembre 2015 · Commentaires fermés sur Le Vieux qui lisait des romans d’amour · Catégories: Première

Ce roman chilien de Luis Sepulveda  va vous faire partager le quotidien des tribus amazoniennes. Tout commence à El Idilio, une petite cité perdue dans la jungle et fondée par un ancien colon espagnol:  Antonio José Bolivar, surnommé Le Vieux; Ce dernier attend avec impatience l’arrivée du dentiste, le docteur Rubincondo Loachamin, qui tous les six mois, lui apporte deux nouveaux romans d’amour. Le Vieux a perdu sa femme durant la colonisation de cette portion aride de jungle et depuis, il rêve de se venger de la forêt : “cet enfer vert qui lui avait pris son amour et ses rêves.”(p 41). Peu à peu, Le Vieux se met à vivre comme les tribus Shuar qui lui apprennent à chasser et à s’adapter à la jungle; “En les fréquentant, il abandonna ses pudeurs de paysan catholique. Il allait à moitié nu en évitant les nouveaux colons qui le regardaient comme un dément.” p 41. 

Lorsqu’un cadavre est découvert , il va mener l’enquête. Les indigènes le considèrent avec respect car il a survécu à une morsure de crotale et pour eux, c’est  un signe des Dieux: “ils lui firent comprendre qu’il venait de passer une épreuve d’acceptation, due au seul caprice de dieux espiègles, dieux mineurs qui se cachent souvent au milieu des scarabées ou des vers luisants quand ils veulent jouer un tour aux hommes.” (p 44) . Désormais intégré, il a le corps peint, boit la liqueur hallucinogène et assiste aux fêtes. “il apprit les rites et les secrets de ce peuple. Il participait à l’hommage rendu quotidiennement aux têtes réduites des ennemis morts en guerriers valeureux.” (p 46). Cependant, il ne peut pas avoir d’épouse officielle car il n’est pas totalement Indien.Il doit es contenter des femmes offertes par ses hôtes. Peu à peu , devant l’arrivée de nouveaux colons, les tribus se déplacent et s’enfoncent dans l’intimité de la forêt.  Après la mort de plusieurs membres de la tribu tués à coup de fusil, par des chercheurs d’or, il est banni et va devoir vivre seul  avec comme seule compagnie  celle des personnages de ses romans.  Pour préserver la paix de l’endroit, il accepte d’ aider les colons à retrouver la femelle ocelot qui tue les chercheurs d’or . 

Cette dernière est  folle de douleur  parce qu’on a abattu ses petits : “Tu sais que les ocelots sont des animaux étranges, au comportement imprévisible.Ils n’ont pas la force des jaguars mais ils font preuve d’une intelligence raffinée.’ (p 109) Lorsqu’il se trouve face à face avec l’animal , une surprise l’attend. Vous aussi, vous serez surpris et sans doute émus par ce récit et ce final aux personnages attachants . Un rappel lancinant de la barbarie causée par les hommes inconscients . Et sûrement aussi un rappel des méfaits de la  ” Bête de métal honnie de toutes les créatures.” (p 120). Qui sont les Sauvages ? 

10. septembre 2015 · Commentaires fermés sur Montaigne : la rencontre colons/ indiens lecture analytique texte 2 · Catégories: Première · Tags:

A la Renaissance, les expéditions maritimes apportent aux Européens la connaissance d’autre hommes et d’autre modes de vie: qui sont les  vrais Sauvages ? 

 Introduction : Auteur humaniste du seizième siècle, Montaigne saisit l’occasion de la découverte d’un Nouveau Monde, à peine un siècle plus tôt; pour s’interroger sur la nature humaine et sur la  nature  particulière de la relation entre les colons Espagnols et les Indiens d’Amérique. Il développe un point de vue étonnamment moderne pour un homme de cette époque car il ne se laisse pas aveugler par les préjugés et n’hésite pas à remettre  en cause certains éléments constitutifs de la civilisation occidentale. D’ailleurs l’écriture des Essais et le choix de cette forme qui allie esprit scientifique et volonté d’introspection; témoigne bien de cet élan pour se démarquer des traditions. En imaginant, dans cet extrait, une rencontre entre des colons espagnols fourbes et des Indiens clairvoyants, l’écrivain oppose ainsi , en augmentant le contraste, deux systèmes de pensée; Quelle est ici sa stratégie argumentative ? 

Dans un premier temps, nous étudierons la mise en scène de cette rencontre et les détails réalistes qui authentifient le récit. Ensuite nous montrerons comment Montaigne utilise l‘opposition entre les arguments fallacieux des Espagnols et la lucidité des Indiens; Nous terminerons cette étude en évoquant le caractère inévitable de la guerre et la remise en cause profonde de la légitimité même de la colonisation. (annonce de plan) 

Partie 1  les détails “réalistes” 

Le scénario inventé par Montaigne est élaboré à partir de témoignages et se réfère à des situations vécues , relatées par les marins et leurs récits de voyage. Comme l’indique la première ligne du passage, il s’agit , en effet d’une expédition maritime : ” en naviguant le long des côtes à la recherche de leurs mines..”  . Il semble bien d’ailleurs que ce soit la cupidité qui pousse les marins à s’aventurer jusqu’à cette contrée “fertile et agréable, fort habitée”; la rencontre se déroule selon un certain protocole ; les Espagnols cherchent à amadouer les Indiens et à obtenir de la nourriture et de l’or et ne se montrent menaçants que lorsqu’il s’agit d’aborder le sujet de la religion; L’humour de l’auteur se teinte d‘ironie quand il affirme ligne 11: “ils leur conseillaient d’accepter; ajoutant quelques menaces à ce conseil.” On peut aisément comprendre que le mot conseil est ici une forme de tentative d’intimidation et qu’on doit sans doute faire peur aux Indiens en leur expliquant ce qui les attend s’ils refusent de se convertir au catholicisme. Un autre procédé qui contribue à authentifier les propos lus par le lecteur, c’est l‘usage du style direct; Montaigne fait comme s’il s’agissait de paroles ayant été  réellement prononcées par les personnages . Selon le même procédé , le discours des Indiens et leurs répliques sont traduits  soit par du style direct comme ligne 11 à 31, parfois associé à des verbe introducteurs qui renvoient à des paroles rapportées : ” il dirent, ils ajoutèrent. Ces techniques visent toutes à donner un aspect authentique à cette scène afin d’en accroître la portée. Un autre détail réaliste consiste à évoquer la cupidité des colons à la recherche des mines d’or  (l1) des Indigènes; Montaigne dévoilerai la véritable raison de la colonisation: le goût immodéré de l’or; Cette cupidité sera d’ailleurs dénoncée dan sale réquisitoire de l’Indigène contre l’attrait de l’or: Ce dernier affirme que l’or est méprisé car “tenu comme inutile au service de leur vie” ;(19) Ce trait contribue à opposer très fortement Espagnols et Indiens. C’est sur cette opposition que se construit l’argumentation.

 Partie 2. Une opposition nettement marquée

Montaigne ne se contente pas seulement de mettre en scène de manière imagée son argumentation, il utilise , pour ce faire, un contraste entre le discours mensonger des Espagnols et les arguments convaincants des colons. Chaque argument avancé par les colons est aussitôt repris et contredit de manière rationnelle par les Indiens. Leur sens de l’observation leur permet ainsi de contredire le soi-disant caractère de “gens paisibles” allégué par les colons à la ligne 3; Comme le remarquent les Indiens , leur attitude dément cette allégation : ” ils n’en portaient pas la mine” trouve-t-on à la ligne 12. Et un autre détail renforcera cette hypothèse : ils sont “armés” (l 29). Alors que les Espagnols prétendent qu’is sont envoyés par leur roi qui a reçu du pape “la principauté de toutes les Indes ” (l 6), les Indiens rappellent que cette façon de revendiquer , selon un droit religieux, leurs terres, va inévitablement être une source de  “dissension” . Ce reproche peut se lire comme une critique du pouvoir religieux , représenté dans le texte par l’autorité du Pape, chef de l’Eglise catholique et représentant de Dieu sur terre (l 5); Les indigènes se pensent, à juste titre, possesseurs de la terre où ils vivent et ils récusent les titres de propriété que vont leur présenter les colons. De nombreux conflits vont ainsi découler de cette situation: les Indiens refuseront ,pour la plupart ,que les occidentaux prennent possession de territoires qui sont déjà occupés par des populations qu’ils vont s’efforcer de soumettre. Montaigne n’hésite pas à se montrer caustique dans son argumentation; Ainsi, il fait dire aux Indiens que leur “roi devait être indigent et nécessiteux” pour oser réclamer des choses qui ne lui appartiennent pas; c’est qu’il en a fort besoin et cela peut apparaître comme une critique de la complicité du roi dans le processus de colonisation. L’argumentation des Indien ses base sur des liens logiques indiscutables; ils répondent point par point  (quant aux menaces,quant au Dieu unique..en indiquant les causes de leur refus : “pour cette raison, l 20; Leurs arguments sont donc parfaitement recevables ce qui contribue, de ce fait, à discréditer davantage la position des Espagnols et leurs mensonges. 

Partie 3 : la dimension polémique ; un texte qui remet en cause les fondements même de la colonisation

 Dès le début du texte, le lecteur découvre l’hypocrisie des colons; L’adjectif habituelles qui caractérise ici, à la ligne 3, les déclarations hypocrites car faussement bienveillantes des colons, marque leur duplicité ; ils sont donc coutumiers du fait et passent ainsi pour de sordides menteurs. leur tentative d’intimidation est un échec et les Indiens ont le dernier mot en parvenant à les faire fuir; l’auteur ridiculise les Espagnols en faisant ainsi parler les Indiens : “quant aux menaces, c’était un signe de manque de jugement” ou un peu plus avant ” ils avaient l’habitude de ne prendre conseil que de leurs amis ou connaissances”  (l 25). Montaigne révèle au lecteur que les Indiens ne sont absolument pas dupes des paroles mensongères des des marins . Ces dernier doivent se résoudre à partir sous la menace; On leur montre “les têtes de certains hommes exécutés ,autour de leur ville” (31) . Les paroles des Indiens sont claires ; ils exigent le départ immédiat des Espagnols : ” qu’ils se dépêchassent et promptement de quitter leur pays.” L’auteur emploie ironiquement le mot enfant  (32) car il vient de démontrer que les Indien sont doués de clairvoyance et savent parfaitement raisonner ; ils sont loin d’être des enfants qu’on pourrait berner en leur offrant des colifichets en échange de l’or, si précieux pour les Occidentaux. De plus, leurs arguments dissuasifs ont été couronnés de succès dans la mesure où l’auteur précise : ” ni en ce lieu, ni ne plusieurs autres où les Espagnols ne trouvèrent pas les marchandises qu’il cherchaient, ils ne firent d’arrêt ni d’entreprise guerrière.” Le discours des Indiens a donc été persuasif. Ils ont, sans doute, réussi à fair peur aux Espagnols.

Ce passage a donc comme fonction essentielle de nous montrer un versant de la colonisation, du point de vue des Indiens qui ont perçu la menace que va faire peser l’attrait des richesses sur leur civilisation. Si l’homme blanc a longtemps considéré les sauvages comme des êtres inférieurs, à peine doués de raison, Montaigne ose ici, dès le seizième  siècle,  affirmer le contraire ; son point de vue est minoritaire car les théories antiques et notamment celles d’Artiste, sont encore largement répandues. Aristote affirme , en effet, pour justifier l’existence et la pratique de l’esclavage dans la Grèce antique que les Dieux ont fait naître certains hommes pour commander et d’autres pour obéir. Ces thèses antagonistes seront illustrées par deux personnages au cours d’une célèbre controverse qui s’est tenue à Valladolid ; Il s’agissait de se demander si les Indiens étaient des créatures semblables aux Espagnols et s’ils avaient une âme. Le tribunal qui a jugé cette dispute a donné raison aux défenseurs des Indiens et a interdit qu’on les massacre mais , en contre partie, le même tribunal, autorisé et conseillé aux colons espagnols d’utiliser de la main d’oeuvre africaine pour remplacer les Indiens dans les plantations; Cet événement marque le début de la traite des noirs en Europe.

Compare les deux stratégies argumentations mise sen place par Montaigne dans les textes 1 et 2…. Entrainement à la question de synthèse..

09. septembre 2015 · Commentaires fermés sur Sauvages …vous avez dit Sauvages .. · Catégories: Première, Spécialité : HLP Première · Tags: , ,

Qui sont les Sauvages et comment notre société définit-elle ce mot ?
 

   
      De Delon à Johnny Depp comment les industriels de la parfumerie utilisent-ils la notion de Sauvage pour mieux vendre leur eau de toilette ? Beaucoup d’industriels ont tenté d’utiliser ce concept pour associer leur marque à cette sauvagerie qui est synonyme de liberté et pour eux, synonyme de bénéfices commerciaux.
En effet, un animal sauvage partait plus libre qu’un animal domestique; 
Pour une voiture, c’est un signe de puissance et son moteur peut ainsi être comparé à une force animale brute.

Les nombreuses connotations positives du mot sauvage peuvent permettre de vendre de nombreux produits aussi divers que des barres chocolatées : le slogan “rugir de plaisir” a dopé le succès de  la marque au lion. Et de nombreux groupes agroalimentaires ont profité de cet engouement pour dynamiser certains de leurs produits phares comme ce fabricant d’eau pétillante.
Le mot sauvage est-il toujours connoté positivement ou peut-il avoir des connotations négatives ? 
Comparez les expressions suivantes et trouvez leurs antonymes: des fleurs sauvages, des bêtes sauvages, des coutumes sauvages, des espaces sauvages; Quel sauvage : il m’a marché sur les pieds ou il m’ a poussé. Cet endroit est sauvage.
Ne sois pas aussi sauvage; viens avec nous..

L’opposition entre Nature et Culture, Sauvages ou Barbares et Civilisés constitue un domaine privilégié de l’étude de la question de l’homme et nous amène à réfléchir aux valeurs qui fondent la nature humaine. Quels critères objectifs vont déterminer la valeur d’un être humain et comment décréter qu’un homme est supérieur à un autre ? 

 
03. septembre 2015 · Commentaires fermés sur L’oeil de l’étranger : la question de l’homme. · Catégories: Première, Spécialité : HLP Première · Tags:

Adopter l’oeil de l’étranger est le nom d’une technique utilisée par les écrivains afin de pouvoir se livrer  sans craindre la censure à la critique des défauts de leurs contemporains en prétextant qu’il s’agit des jugements d’un personnage fictif étranger . Les écrivains des Lumières ont souvent eu recours à ce procédé pour peindre un tableau sans concession de leur époque. Ainsi Voltaire , dans ses Contes philosophiques comme L’Ingénu retranscrit le point de vue d’un Indien Huron sur les moeurs plutôt étranges pour lui des Bas-Bretons.  Ce procédé est encore utilisé aujourd’hui  : pour pouvoir dénoncer les injustices de leurs époques sans risquer l’exil ou pire encore la prison , de nombreux écrivains continuent à  imaginer des histoires au sein desquelles ,  seuls les lecteurs attentifs et perspicaces, peuvent découvrir la critique des us et coutumes des contemporains, d’un souverain ou d’un régime politique . 

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