30. mars 2018 · Commentaires fermés sur M’Bossolo, le soldat de l’espoir : un soldat venu d’ailleurs . · Catégories: Première · Tags:

Durant le dernier assaut, les hommes de la relève meurent : Barboni se sacrifie et s’empare du lance-flammes pour donner une peu d’avance à ses camarade qui fuient ; une balle tirée dans le réservoir de son arme le fait exploser. Ripoll qu’on croyait perdu est sauvé par un soldat à la peau noire.

Dermoncourt meurt sans qu’on sache comment : d ‘épuisement ou d’une balle dans le dos ” ( p 132) et Ripoll voit mourir sous ses yeux Castillac (le crâne fendu) .Il ferme les yeux avant de pouvoir distinguer Messard.Les hommes sont balayés par la vague des ennemis et Ripoll a l’impression de s’enfoncer dans la terre ; Il entend “des sons étranges dans la brume.;comme si la terre parlait avant de m’accueillir en son sein “ p 143

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M’ Bossolo le porte et le ramène vers les lignes arrières : il sait que le temps leur est compté : il doit agir vite et sans faiblir (p 145). Il fait partie pour Ripoll de ces hommes de la nuit avec leur peau “brûlée toute entière, leur peau lisse et noire, plus sombre que la boue” . Il les prend pour des ombres de la terre. Gaudé mêle toujours un élément fantastique dans ses récits et cette dimension mythique est apportée ici par ces soldats étrangers, des tirailleurs sénégalais. Voici quelques éléments histotriques pour mieux comprendre le rôle de ces soldats durant le conflit. 

  16 avril 1917 au petit matin, 15.000 tirailleurs sénégalais s’élancent à l’assaut du plateau du Chemin des Dames, dans l’Aisne, entre Soissons et Laon. Ce jour là, 1.400 d’entre eux meurent dans ces combats.Ces soldats venus de loin pour combattre sur le sol français sont fauchés par les mitrailleuses allemandes, encore opérationnelles après des jours d’intenses bombardements.  

En 1917 enfin, 20 bataillons sont placés sous le commandement du général Mangin, l’officier général qui publiait déjà en 1910 un ouvrage au titre retentissant,  La Force noire. Celui-ci croyait dans les vertus guerrières des Africains, ces qualités permettant de constituer des unités d’une « incomparable puissance de choc ». Malgré une préparation militaire effectuée dans le Midi de la France, éprouvante déjà, plus d’un millier de ces soldats coloniaux sont évacués avant le commencement de l’offensive de printemps. La dureté du climat en ce début d’année décime leurs rangs. 

En première ligne et sur les deux ailes de la VIème armée, ces « tirailleurs sénégalais » ne sont pas épargnés lors de ces combats, très meurtriers, qui dureront jusqu’à la fin de l’été. 

Au total, 29.000 de ces soldats coloniaux et africains sont morts au cours de la première Guerre mondiale, soit un homme mobilisé sur cinq. Et, si ces taux de pertes correspondent à ceux des troupes métropolitaines également engagées dans les combats de la Grande Guerre, la « force noire » méritait bien un hommage spécifique de la nation. Peu d’entre eux en effet seront médaillés. Mais, le 13 juillet 1924, à Reims, un monument « Aux héros de l’Armée noire » est inauguré. Le même groupe en bronze sculpté par Paul Moreau-Vauthier est également élevé à Bamako, au Mali. 

Sur le Chemin des Dames, il faudra attendre le 22 septembre 2007 pour que soit inauguré la « Constellation de la douleur », une œuvre sculpturale due à Christian Lapie, sur l’initiative du Conseil général de l’Aisne. Ces neuf sculptures, depuis sont implantées sur une parcelle appartenant au Département, à proximité de la Caverne du Dragon, sur les lieux même où ces tirailleurs africains sont tombés par centaines en 1917. Selon l’artiste, « ces figures sans bras ni visage, monumentales et puissantes, interrogent et déstabilisent », le passant.

Dans le roman, M’ Bossolo représente cette force noire , dernier espoir pour de nombreux blessés; La voix chaude de M,Bossolo coule sur les plaies de Ripoll qui comprend que les hommes de la nuit le ramènent vers les siens (p 146); Décidé à le porter jusqu'u bout , M' Bossolo représente "une pauvre humanité en marche qui porte ses blessés comme des divinités de bois ”  Au delà des tranchées et des champs de bataille, le corps de Ripoll voyage jusqu’en Afrique, en des lieux sûrs où la guerre ne peut pénétrer (p155) et le soldat devient alors un géant qui traverse des continents et qui, fort de ce qu’il a accompli, reviendra terminer le combat : “t’avoir mis en lieu sûr me rendra indestructible”  (p 156) ; Désormais , M’Bossolo se transforme en un ogre broyeur de métal et qui plantera ses dents dans l’ennemi.

Ce personnage réapparaîtra dans une autre nouvelle de Gaudé : Colonel Barbaque: Ripoll a voulu rejoindre l’Afrique et découvre les marques horribles du colonialisme. Il devient alors une sorte de vengeur,un horrible Dieu de la guerre. Quant à MBossolo l’écrivain l’a fait mourir de la grippe espagnole quelques jours après avoir sauvé Ripoll et ce dernier part en Afrique pour devenir noir et découvrir le pays de son  Sauveur. Vosu trouverez en pièce jointe le plan d’étude réalisé en classe pour étudier le personnage de M Bossolo (texte 16 ) 

 

04. mars 2018 · Commentaires fermés sur Ruy Blas : une scène d’aveu · Catégories: Commentaires littéraires, Première · Tags: ,
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Cet extrait de l’acte I du drame romantique de Hugo avait été retenu pour servir de base au commentaire littéraire de ce bac blanc; Le héros y avoue à son ami et aristocrate qu’il est amoureux de la reine et jaloux du roi d’Espagne alors qu’il n’est qu’un laquais. La question de corpus vous a mis sur la piste de la scène d’aveu et la gent edu la pièce pouvait également vous donner des indications sur la position du personnage et les points communs entre la tragédie ;  si les introductions en général montrent bien  que vous avez identifié le drame romantique , l’une des difficultés  principales consiste à trouver une problématique qui permette d’étudier les thèmes essentiels de ce passage. Certains d’entre vous sot partis sur une lecture politique critique : en effet, Hugo a chois dans cette pièce qui se déroule en Espagne de critiquer la monarchie espagnole mais le public de son époque perçoit , au delà du jeu des acteurs et du cadre de la fiction, la satire du gouvernement de Napoléon III . Voyons quels étaient les axes à privilégier ! 

 

Il s’agira d’étudier en quoi cette scène d’aveu remplit sa fonction dramaturgique (poursuivre l’exposition de la pièce) tout en annonçant déjà  la fatalité qui pèse sur la destinée du héros. 

  1. La dramatisation de l’aveu

1. Une scène de confidence : un aveu surprenant 

  • Le rôle de Don César est ici proche de celui du confident des tragédies classiques : sa présence justifie la prise de parole de RB (de façon plus vraisemblable que s’il s’était agi d’un monologue) et les révélations qui vont suivre. 
  • En effet, cette scène tirée du premier acte de la pièce constitue un prolongement de l’exposition : le dialogue entre le héros et son confident permet par le biais de la double énonciation de délivrer au lecteur/spectateur des informations essentielles et de mettre en place l’intrigue tout en suscitant son intérêt. 
  • Les réactions de Don César (interrogations et exclamations) sont d’ailleurs le miroir de celles que peut avoir le public face à l’aveu surprenant de RB. Ces interventions sont réduites à quelques syllabes, mais leur expressivité (interrogations et exclamations) participe à la dramatisation du passage.

2. Une libération progressive de la parole: des révélations successives 

  • Les brèves interventions de Don César divisent la prise de parole de RB en quatre répliques. Chacune d’elle constitue une étape et un nouvel aveu : l’aveu par RB de sa condition de laquais / l’aveu d’une passion dévorante / l’aveu de l’identité de la femme aimée / l’aveu de sa jalousie envers le roi.
  • La parole de RB semble se libérer au fil du passage : ses quatre répliques sont de longueurs croissantes (5 vers / 8 vers / 10 vers / 14 vers).
  • Cependant, ce qui caractérise le passage et crée sa tension dramatique, c’est plutôt l’hésitation entre libération et rétention de la parole  : l’aveu ne se fait pas sans détours et retardements.

3. L’amplification de la gravité de l’aveu

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  • Un effet d’attente est créé par la construction des répliques de RB qui prennent l’apparence d’énigmes : la seconde s’achève par une question (v. 13) à laquelle il répond immédiatement, mais cette réponse suscite plus d’interrogations encore ; la troisième se présente explicitement comme une devinette soumise à Don César et au public (« Tu ne devines pas ? » v. 21) et s’achève par l’aveu de l’amour éprouvé pour la reine ; la quatrième commence  par le présentatif « il est… » (v. 25) relancé par « il est un homme » (v. 26), mais la solution n’arrivera qu’au vers 37 : il est question du roi.
  • Chacun de ces aveux est précédé par des images, des hyperboles qui amplifient son caractère insensé.On y retrouve l’image du feu amoureux mortel , autre ressemblance avec l’univers de la tragédie classique et ses passions funestes. 
  • Des effets liés à la versification renforcent les effets d’attente et d’amplification, par exemple l’enjambement des vers 22 – 23 qui retarde la révélation de l’identité de la femme aimée

Ces détours, ces effets d’attente qui captent l’attention du lecteur/spectateur, mettent aussi en évidence la difficulté du personnage à avouer son amour insensé et douloureux pour la reine.

II. L’expression d’un amour impossible et douloureux

1. Un lyrisme exalté : le héros romantique sur scène 

  • L’amplification progressive des répliques évoquée plus haut traduit l’exaltation qui saisit peu à peu le héros.
  • Cette montée de l’exaltation est également retranscrite par les redoublements de termes (« être esclave, être vil » v. 9) ou  les gradations (« quelque chose / D’étrange, d’insensé, d’horrible et d’inouï » v. 15 – 16).
  • Le lyrisme passionné de RB s’exprime par un rythme saccadé que soulignent les nombreux tirets, l’emploi fréquent de la modalité exclamative, les interjections qui viennent entrecouper le propos ainsi que la succession parfois heurtée (v. 14) des verbes à l’impératif.

2. La puissance de la passion amoureuse

La violence de l’amour est suggérée par des images terrifiantes :

  • La métaphore de l’«hydre aux dents de flamme » (v.11)  exprime la souffrance intérieure du héros.
  • Elle est reprise au vers suivant par l’adjectif « ardent » (v.12) qui évoque une sensation de brûlure. L’idée d’étouffement est présente à travers l’expression « serre le coeur » (v.12).
  • L’amour provoque une véritable douleur physique, un mal qui ronge  la « poitrine », le « coeur ». 
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3. La conscience de la fatalité

  • L’amour impossible de RB pour la reine est associé à un « poison affreux » (v. 18), ce qui semble prémonitoire : RB mourra en effet en s’empoisonnant pour sauver la reine du déshonneur.
  • L’annonce d’un destin tragique est explicitement présente dans la troisième réplique de RB avec l’expression antithétique « une fatalité dont on soit ébloui » (v. 17) qui retrouvera dans l’expression soleil noir,chères à Hugo, son pendant poétique 
  • L’image du « gouffre où [s]on destin [l’] entraîne» (v. 22), omniprésente dans l’ensemble de la pièce, représente métaphoriquement cette fatalité qui pèse sur lui. D’autres termes (« creuse », « abîme », «noir ») font également écho à cette métaphore.

L’amour impossible de Ruy Blas pour la reine est donc l’un des aspects que prend la fatalité qui pèse sur sa destinée. Cette fatalité est étroitement liée à la condition sociale du personnage.

III. Ruy Blas, une incarnation de la fatalité sociale

  1. Une reconstitution historique
  • Les toponymes « Aranjuez » et « L’Escurial » ainsi que les noms des personnages aux sonorités hispaniques (nom de César précédé de Don) créent ce qu’on appelle la couleur locale, le cadre exotique souvent présent dans les oeuvres romantiques. Le drame se déroule en effet dans l’Espagne du XVIIe siècle.
  • Les v. 30-31 évoquent un usage particulier à la cour d’Espagne.
  • Il est sans doute possible de voir dans le tableau que brosse Victor Hugo de l’Espagne de la fin du XVIIe siècle dans la pièce un reflet de la France des années 1830 (époque de composition de la pièce). Hugo utilise ainsi le principe de distanciation que reprendra , par exemple, Anouilh en utilisant le mythe d’Antigone pour faire réfléchir le public de 1944 sur la politique de collaboration de la France occupée par les allemands .

2. La vision du roi par Ruy Blas, entre fascination et terreur

  • Le champ lexical de l’effroi (« terreur », « tremblant », « redoutable ») est très présent dans la longue tirade de RB sur le roi, un être redouté.
  • La toute-puissance royale est exprimée par la comparaison avec Dieu (v. 28) et par le rappel de son pouvoir de vie et de mort sur ses sujets (v. 31).
  • Le terme « fantaisie » évoque de façon péjorative le caractère arbitraire de ses décisions. 
  • Le roi est également présenté comme un être inaccessible et isolé.
  • Cependant, et même si la pièce reflète la réflexion politique et sociale de son auteur, le roi dont RB fait le portrait ne saurait être assimilé au monarque français contemporain de Victor Hugo, Louis-Philippe. La figure du roi sert surtout à mettre en évidence, par contraste, la position de RB et le caractère insensé, et par conséquent tragique, de son amour pour la reine.

3. Ruy Blas, un être déclassé

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  • Ruy Blas est un homme du peuple, mais l’éducation de qualité qu’il a reçue lui a permis de s’élever au-dessus de sa condition. C’est pourquoi il souffre de son statut de laquais. Son nom qui associe le patronyme aristocratique Ruy et le nom populaire Blas reflète ce déchirement.
  • La « livrée » désignée par la périphrase dégradante de « habit qui souille et déshonore », qualifiée d’ « infâme », représente la condition servile de RB, qui souffre de son déclassement.
  • Cet abaissement social est sans rapport avec les qualités de RB, homme d’honneur comme le montrera la suite de la pièce. C’est pourquoi Don César entretient une relation d’égalité avec lui comme le montrent la didascalie « lui serrant la main » ou l’apostrophe «Frère ! » par laquelle RB s’adresse à lui.
  • Il n’en reste pas moins que l’amour de RB pour la reine relève d’une incongruité sociale insurmontable, ce que met en évidence la jalousie du héros envers le roi, sentiment présenté comme grotesque au v. 37. Le caractère grotesque de la situation est renforcé par le prosaïsme des expressions employées par RB : au v. 39, la reine est rabaissée par la trivialité de l’appellation « femme du roi ».

Ainsi, cette scène d’aveu est essentielle à la pièce puisqu’elle prolonge l’exposition en mettant en place l’intrigue. La révélation par Ruy Blas de sa passion insensée pour la reine est également l’occasion pour Victor Hugo de nouer étroitement deux thèmes essentiels du drame, celui d’un amour exacerbé par la conscience tragique de son impossibilité et celui de la fatalité sociale qui pèse sur le héros.

Les ouvertures possibles : la fatalité amoureuse au théâtre ( comparaison avec Phèdre ou d’autres tragédies qui reposent sur une passion funeste ou un amour impossible  ); un amour condamné par la différence de statut  sociale des amants . 

04. mars 2018 · Commentaires fermés sur Réparer les vivants : un roman polyphonique ..moderne · Catégories: Première · Tags:
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Simon avant l’accident

Ce roman de Maylis de Kerangal paru en 2014 est troublant sur plusieurs points. D’abord l’intrigue n’est pas banale car elle nous interroge sur l’existence de l’âme et la relation que nous entretenons avec nos défunts et leur souvenir; Ensuite, le roman est organisé en étoile autour des personnages qui se croisent au sein de l’intrigue et qui s’effacent tour à tour avant de revenir au premier plan. Nous les découvrons à la fois dans leur univers et à travers leurs relations avec es autres protagonistes; une voix narrative chapeaute le tout et nous entraîne ,à sa suite , dans les mystères du coeur humain .Suivons ces voix qui nous invitent à leur suite à réfléchir à ce qu’est la vie et l’amour, deux thèmes éternels dont les fils ne cessent de s’entrecroiser dans toute écriture.    

 Que raconte ce roman et comment les personnages  sont -ils agencés? On notera tout d’abord que le véritable héros de l’histoire , c’est le coeur de Simon autour duquel les différents protagoniste vont se croiser te qui va les rassembler. Le coeur de Simon Limbres va bientôt cesser de battre dans sa poitrine mais pendant 24 heures il va devenir le personnage le plus important de cette intrigue tragique ; L’histoire commence par un coup de de téléphone, c’est le portable de Simon Limbres qui sonne : il est 05:50 et il part surfer avec ses amis: Joan et Christophe.

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Le matin du drame

 Très vite, au retour de la plage , c’est l’accident mortel sur une route de campagne et Simon arrive à l’hôpital  au moment où le docteur Pierre Révol commence sa garde en réanimation : “la réa est un espace à part qui accueille les vies tangentielles, les comas opaques, les morts annoncées, héberge ces corps situé entre la vie et la mort.” Une nouvelle infirmière lui serre la main : elle s’appelle Cordélia Owl ; tous deux vont prendre ne charge Simon à son arrivée ; Gros plan sur le personnage du médecin: un chapitre résume sa biographie et son parcours ( p 42 à 47 ) . Mais son portrait est interrompu par l’arrivée de Marianne , la mère de Simon, à l’hôpital. Le narrateur refait son parcours dans la ville depuis le coup de fil de l’hôpital jusqu’à son arrivée dans le bureau de Révol. ( p 60) Au moment où Marianne quitte l’hôpital, le médecin passe un coup de fil à Thomas Rémige, infirmier coordonateur des greffes d’organes et grand passionné de chant . C’est ce personnage qui désormais occupe le premier plan du roman et le narrateur nous raconte son histoire. Ce sera ensuite au tour de Sean, le père de Simon de faire son apparition : le couple se reforme auprès de leur enfant à l’hôpital et tous deux vont devoir décider s’ils souhaitent donner ses organes car Simon est en état de mort cérébrale;

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L’adieu à Simon

Le roman montre alors comment le médecin Pierre Révol va tenter de faire accepter aux parents à la fois la mort de leur enfant et l’idée que son corp peut servir à réparer des vivants, c’est à dire sauver à son tour d’autres vies et éviter d’autres morts. Pendant que les parents et les soignants discutent, Cordelia l’infirmière s’occupe du corps de Simon et repense à la nuit passée avec son amant.   Chaque portrait de personnage est composé d’anecdotes personnelles qui nous éloignent de la trame narrative et qui forment de petits récits au sein même du récit principal. Les parents de Simon suivent Thomas Rémige et consentent au don d’organes; pendant ce temps là, Juliette la petite amie de Simon pense à lui et attend son appel; C’est un autre appel qui intervient alors à ce moment précis au sein de l’intrigue : celui de Thomas Rémige  qui à 17 h 30 déclenche la chaîne qui va aboutir aux transplantations des organes de Simon; Gros plan sur  Marthe Carrare le médecin de l’Agence de la biomédecine qui va procéder à la répartition des greffons. Le coeur est destiné à une patiente du service du professeur Harfang ; C'est ce brillant médecin qui passe alors au premier plan du roman ; L'infirmière du service de  réanimation de l'hôpital du Havre, Cordelia qui termine sa garde de douze heures, croise alors les parents de Simon qui lui apparaissent comme des fantômes . Ces mêmes parents rentrent rechercher leur petite fille Lou qu’ils avaient déposée le matin même chez les voisins : il est alors 18 h. Le téléphone sonne chez Claire Méjan pour lui dire qu’elle va subir sa greffe de coeur : c’est la seconde fois que le service du professeur Harfang l’appelle; la première fois, ils avaient refusé le greffon. Pendant que Claire la receveuse prépare ses affaires, Virgilio le médecin qui part prélever le coeur de Simon au Havre,  saute dans un taxi après avoir subi une scène de la part de sa petite amie Rose qui joue les patientes pour les médecins de l’hôpital.

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La greffe du coeur de Simon

Le lecteur assiste au clampage du coeur et suit Virgilio  le chirurgien dans son voyage de retour en compagnie d’Alice Harfang,une jeune interne qui a assisté à son premier prélèvement . Le coeur de Simon s’envole dans l’avion qui emporte le chirurgien et pendant ce temps, Marianne, sa mère imagine le coeur de son fils traverser le ciel. dans sa chambre , Claire la receveuse se prépare; le professeur Emmanuel harfang vient  lui parler et elle reçoit la visite de ses trois fils  ; Le corps de Simon lui est veillé par Thomas Rémige et Cordelia Owl ; il s’agit de le restaurer afin qu’il soit rendu à sa famille . l’opération peut alors commencer : Luc Harfang et Virgilio travaillent ensemble et Claire a désormais un nouveau coeur ; Il est 5 h 49 … ce coeur qui bat désormais dans sa poitrine lui a sauvé la vie et le roman pose un certain nombre de questions philosophiques autour de ce coeur transplanté. 

L’intrigue aura donc duré 24 heures , un peu comme une tragédie classique et les personnages  se sont croisés sur la scène du roman , un peu comme des acteurs de théâtre qui entrent et sortent de scène après avoir dit leurs répliques . Il s’agit donc d’un roman dont la construction pourrait être comparée à une étoile ; chaque personnage vient tour à tour sur le devant de la scène mais tous se croisent autour du corps  et du coeur de Simon .

01. mars 2018 · Commentaires fermés sur Le quatrième Mur : idées de plans pour les extraits présentés · Catégories: Première · Tags: ,
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Les 5 passages du roman évoquent tous une étape dans le parcours du personnage de Georges :  la naissance de sa fille  qui lui rappelle son enfance plutôt malheureuse , la mort de sa mère et  l’enterrement de son père; son premier contact avec la guerre ensuite après l’explosion qui interrompt la  seconde répétition des acteurs à Beyrouth ; Sa décision de quitter sa femme et sa fille pour repartir après la lettre de Marwan qui lui annonce la mort de Nakad: état qu’on peut considérer comme une sorte de victoire de la guerre ; sa transformation tragique  en assassin après le meurtre de Joseph Boutros, le frère de Charbel et enfin, l’épilogue du roman: la mort de Georges qui est présentée comme le franchissement du quatrième mur, celui qui sépare les morts des vivants . Pour chacun de ces extraits, il faudra adonner des éléments précis d’introduction, les situer à l’intérieur du récit et ensuite répondre à la question posée à l’aide d’un plan . Voilà quelque exemples , à la fois de questions et de plans sommaires . A l question, quelle est l’importance de ce passage, il faut bien sur répondre à quelle étape il correspond dans la construction du personnage : le lecteur découvre une enfance malheureuse qui explique la violence , Georges découvre la guerre ; Georges rompt avec son passé et abandonne sa famille; Georges tue et devient cette fois un acteur à part entière de la guerre et plus seulement  une victime ; Enfin le romancier offre ici un final théâtral et tragique à son personnage dont le sort est scellé dè les première lignes du roman. Entrons dans le détail des textes …

T 1 : déclencheur – Georges devient père …remontée des souvenirs qui , aux yeux du lecteur, participent à la construction du personnage de Georges , doté d’un passé.

  • père et  fils : des rapports marqués par une incompréhension ( les différences , l’absence de souvenirs , les images antithétiques d’ouverture et de refus de communication 
  •   la Figure de la mère : idéalisée, s’oppose à la froideur du père (tendresse contre silence ) : images à commenter, clichés de la tendresse maternelle et du vide laissé par la mort de la mère 
  • le récit de l’enterrement  du père est une anecdote qui illustre la froideur de la relation père/fils : possibilité d’entrer en contact 
  • la violence présentée comme la conséquence de ce manque de corps à corps , peau à peau = Georges devient un combattant et cherchera à défendre sa peau (isotopie de la peau à développer ) 

T 2: l’explosion = déclencheur   PB: comment le personnage relate-t-il cet épisode tragique ? 

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  • un tableau étrange et horrible : les conséquences de l’explosion ; personnages figés , terreur, pleurs , bruits et prières ; détails saisissants .
  • la réaction de Georges : ce qui se passe autour de lui et en lui 
  • personnification de la guerre : une déesse cruelle , un monstre dévorateur 

T 3 : la cérémémonie des adieux 

Déclencheur : Suite à une série d’incidents (anniversaire Mii Linotte , boule de glace, oublis de Georges ) et après la lecture de la lettre de M qui révèle la mort de Nakad, G fait ses valises et part sans dire au revoir ..comment l’écrivain met-il en scène ce départ ? 

  • une absence de sentiments qui cache un mal-être: rupture avec le passé (photo ) 
  • les préparatifs symboliques: rangement, coup de balai, remise en ordre 
  • les affaires qu’on emporte : le sac, la clé et la terre ; dimension tragique 
  • le triomphe de la guerre  

T 4 : Georges devient un assassin 

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Déclencheur : retour de Georges à Beyrouth après la mort de Nakad 

  • avant le coup de feu : préparatifs et étirement du temps , regards croisés : Georges en statue contemple un martyr : une plaie envie, un animal blessé..
  • le coup porté : détail des actions et sentiments du personnage ; la surprise fait place à la stupéfaction : les paradoxes 
  • les conséquences du geste : la mauvaise conscience de Georges qui se cherche des excuses et présente son geste comme une libération pour la victime ; il devient le Mal, un ogre, le Diable ..il est transformé 

Ccl: victoire de la guerre qui a rattrapé et transformé le personnage 

T 5 

Epilogue du roman : retour au premier chapitre et mort de Georges le héros 

  • une mort symbolique : les dernières paroles et les dernier gestes 
  • une mort mise en scène : forme théâtrale et liens avec Antigone 
  • une mort tragique : différée mais inexorable, attendue mais redoutée 
26. février 2018 · Commentaires fermés sur Antigone d’Anouilh : extrait 3 de Et vous l’avez fait …à un roi des bêtes .. Qu’est-ce qu’être roi ? · Catégories: Première · Tags:
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 Durant une grande partie de la tragédie, Antigone se dresse face à son oncle Créon et interroge notre conception du pouvoir et de la notion de gouvernement juste; Anouilh, en effet, souhaitait insister en créant cette pièce à la fin de la seconde guerre mondiale, au beau milieu de l’occupation allemande de la Capitale, sur la notion de résistance ; Fortement choqué par les affiches de propagande allemande qui présentent les résistants du commando Manoukian comme des terroristes et de dangereux bandits, le dramaturge a choisi,en réadaptant le mythe antique de cette jeune fille qui s'oppose à la Loi au péril de sa vie , de questionner le public français sur ses représentations de la collaboration. En effet, dans cette scène, on trouve de nombreuses allusions à l ‘actualité historique de la France occupée; Créon y figure la collaboration, , ceux qui ont dit oui à l’occupation, qui ont cessé de se battre et ont refusé  de résister, tandis qu’Antigone symbolise la refus de tout compromis, l’intransigeance et l’absence de compromission. Cet extrait montre le caractère inconciliable des deux personnages qui représentent deux attitudes de l’homme . Nous pouvons dans ce passage analyser le caractère dramatique du face à face et   les arguments de Créon qui illustrent les paradoxes de la conception du pouvoir  . 

  Quelle est l’attitude d’Antigone dans ce face à face ? Créon est immédiatement accusé par la jeune femme dès sa première réplique : cette dernière met l’accent sur la les contradictions du personnage de Créon auquel elle reproche de ne pas être maître de ses actes soi disant  “vous allez me faire tuer sans le vouloir. Et c’est cela être roi . ” Cette répartie cinglante illustre l’ironie de la nièce du roi ; Comment un chef d’Etat peut- il agir contre sa volonté ? est-il , parce qu’il gouverne, privé de son libre arbitre et doit il prendre des décisions qui vont à l’encontre de se convictions ou bien, est-ce une excuse pour un gouvernant ? Elle se présente comme une reine et sous- entend que son oncle a été lui, privé de sa liberté; Le contraste apparaît ici par les didascalies internes : “ongles cassés, bleus que tes gardes m’ont fait aux bras, peur qui me tord le ventre “;  L’héroïne pourrait tout aussi bien représenter les résistants arrêtés que la gestapo et la milice française torturent pour les faire parler . En rappelant son rang de reine alors qu’elle n’est que princesse et que son oncle est le roi en exercice , Antigone se hausse ici à son niveau et devient son égale. 

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Dans sa seconde réplique, elle se montre inflexible et rappelle à son oncle qu’il va devoir “payer maintenant” : Anouilh envisage ici clairement les conséquences de la collaboration et la mauvaise conscience, sans doute qui s’est abattu sur une partie du peuple français ,hostile au départ à l’idée morale d’une collaboration mais qui ont accepté la décision de leurs gouvernants pour maintenir la paix et épargner une guerre longue et qui aurait coûté la vie à des millier d’hommes ; En voyant l(évolution du conflit, certains français devaient songer qu’ils avaient fait le mauvais choix; ce qui explique aussi que les engagements dans la Résistance se ont multipliés au fur et à mesure de l’avancée du conflit et des défaites de l’armée allemande ; Le spectateur peut se demander en qui va consister le prix à payer ici ; Pour le roi, ce sera la perte de ceux qu’il aime: son fils , sa femme et ensuite la condamnation, dans un palais vide , à la solitude éternelle. La formule employée par Antigone: “vous ne vous arrêterez jamais de payer maintenant ” a un caractère tragique et rappelle le fonctionnement même de la tragédie : une catastrophe que rien ne peut arrêter une fois qu’elle est enclenchée. Le Oui de Créon marque ainsi pour lui l’entrée dans l’univers tragique .

La troisième intervention de la jeune fille qui répond brièvement à la tirade de son oncle nous ramène à cette inflexibilité qui est sa marque : la didascalie “secoue la tête ” illustre ici le refus et la négation. La jeune fille n’essaie pas de raisonner ni d’argumenter ; Elle se présente comme un bloc farouche de certitudes et de volonté : “je ne veux pas comprendre “; Elle montre ici la tpute- puissance de sa volonté ; Alors que Créon prétend lui, ne pas pouvoir agir selon sa volonté, Antigone elle semble gouvernée par cette volonté même ; Ce faisant, elle perd toute compassion devient presque inhumaine ; Il est difficile ici pour le spectateur de savoir s’il admire le personnage ou s’il la trouve trop orgueilleuse et trop hautaine ici. Elle rappelle ensuite la raison de son existence même en tant que mythe : “je suis là pour autre chose que pour comprendre. Je suis là pour vous dire non et pour mourir. Anouilh rappelle à son tour la raison d’être de ce personnage qui depuis l’Antiquité incarne le Non ; Le dramaturge nous ramène également au fonctionnement de la tragédie où chaque personnage joue un rôle défini à l’avance.

Antigone termine le face à face avec deux réparties très courtes : elle remet en cause l’argument de son oncle qui évoque la facilité de dire non en répondant laconiquement  “pas toujours ” ; En fait, elle risque sa vie et le rappelle ici au spectateur ; Elle accepte de perdre la vie , considéré par beaucoup comme notre bien le plus précieux, simplement pour continuer à dire Non et faire de ce refus sa ligne de conduite . Elle peut évoquer ici la mort terrible de tous les résistants détenus qui ont refusé de parler ; au spectateur ensuite de mesurer la valeur de l’argument que lui opposera alors son oncle : “c’est facile de dire non, même si on doit mourir ” . Est-ce vraiment aussi facile de donner sa vie pour  continuer à demeurer fidèle à ses convictions et à ses principes ?  

La dernière intervention d’Antigone prend , une fois de plus , une dimension ironique . Alors que son oncle se défend en mettant en avant les difficultés inhérentes à l’exercice même du pouvoir et en prenant l’exemple des animaux qui avancent sans se poser de questions toujours prêts  à perpétuer leur espèce; sa nièce se moque de lui ” Quel rêve ,hein, pour un roi, des bêtes “ Cette réplique critique violemment la manière dont le roi envisage la manière de gouverner ; Il faut comprendre ici : quel rêve ce serait pour un roi d’avoir à diriger des animaux à la place des hommes car les animaux ne se posent pas et questions et obéissent aveuglément . Antigone dans cet extrait critique e, une fois déplus, les choix de Créon qui engagent l’avenir de tout un peuple. 

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Comment ce dernier réagit-il aux accusations de la jeune fille ? Sa première réplique tente de toucher Antigone et fait appel à sa compassion ” Alors aie pitié de moi; Vis. ” Il rappelle à cette occasion que lui-même a déjà perdu deux neveux dans cette guerre , que son fils est le fiancé d’Antigone donc qu’il va éprouver une peine immense à la voir condamnée par son propre père. Le roi est  impliqué à titre personnel dans cette affaire te n’agit pas en simple spectateur ou simplement au titre de représentants de la loi. Il rappelle  qu’agir selon la loi lui coûte;  Le verbe payer ici répété ” c’est assez payé ” et ensuite “j’ai assez payé ” Le passage de la formule impersonnelle au pronom Je montre bien l’implication du personnage de Créon .  Le roi évoque le règne de l’ordre et reprend l’argument selon lequel le peuple a besoin de cet exemple pour respecter la royauté et ne pas se rebeller . Il invoque donc la raison d’Etat qui fait passer les intérêts collectifs d’une nation avant les intérêts personnels d’un groupe d’individus ou d’un particulier . De plus Créon rappelle l’amour de son fils : ce qui pourrait être un argument décisif face à Antigone et pourrait la faire réfléchir et renoncer , par amour, à son sacrifice . 

La tirade qui suit montre, grâce à la didascalie initiale, la fureur du roi : il traite d’ailleurs sa nièce de “petite idiote “ ; ce changement de ton révèle son exaspération et il démarre son intervention par un juron “bon Dieu ” qui lui aussi, trahit qu’il est hors de lui. Il utilise en,suite des formules impersonnelles qui rappellent qu’il a agi, selon lui, par nécessité impérieuse . “il faut qu’il y en ait qui dosent oui te qui mènent la barque ” ; Le roi justifie ici sa décision en invoquant l’urgence de al situation du pays grâce à la métaphore de la barque ; La France , ou plutôt , Thèbes , est comparée à un vaisseau qui prend l'eau et pour éviter le naufrage et la mort de ses passagers, faut imprimer un changement de direction; Créon es fabrique ici une image de sauveur providentiel qui évite au pays le pire . Ce sont les arguments qu'utilisèrent les partisans de la collaboration te notamment le chef du gouvernement, le maréchal Pétain , pour faire accepter l'occupation allemande aux français : elle était justifiée par cet argument d‘éviter le pire , à savoir la défaite et la ruine du pays. La métaphore est filée avec les mots gouvernail, balotter, prendre l’eau, radeau, cale ... et un second argument est développé par Créon: celui de la sauvegarde de l’intérêt des plus faibles; En effet, face à l aggravait ode la situation, certains s’en sortent mieux que d’autres et n’hésitent pas à mettre les vies de leurs camarades en danger en “pillant la cale” , prenant les provisions d’eau douce et se construisant “un petit radeau confortable ” . Le chef d’Etat doit alors protéger le plus grand nombre et pas seulement une poignée de privilégiés; On peut lire , à travers l‘image du bateau qui prend l’eau, celui de la France déchirée et envahie par les armées allemandes qui ont enfoncé la ligne Maginot et qui menacent de piller et de brûler Paris; En ordonnât la collaboration, le gouvernement de Vichy pense , sans doute ainsi, protéger une partie du patrimoine français. L’image de la tempête qui met à mal le bateau symbolise la guerre  et ses conséquences ; Le roi utilise le terme brute pour évoquer les passagers du bateau et fustige leur égoïsme : “des brutes vont crever toutes ensemble parce qu’elles ne pensent qu’à leur peau à leurs précieuses peaux et à leurs petites affaires ‘ Cette expression “petites affaires ” signale le mépris du roi pour une telle attitude égocentrique qui représente également; comme on l’ a vu, un danger pour l’ensemble du pays; Créon doit donc se situer au-dessus de la mêlée et penser au plus grand nombre, aux plus faibles et aux plus démunis: ceux qui comptent sur l’Etat pour subvenir à leurs besoins et pour les protéger. face à l’urgence il a fallu prendre une décision sans trop réfléchir aux conséquences sinon “la montagne d’eau aurait submergé le navire ” . Par analogie,  et un peu par glissement , nous passons de la tempête et de la vague meurtrière , au vocabulaire militaire avec l’arrivée de la guerre “on gueule un ordre et on tire dans le tas “ Le roi justifie ainsi les crimes commis durant les batailles : pour sauver sa peau ; Les hommes devenus combattants perdent ainsi leur humanité et du coup ‘leur nom” : ils ne sont plus que des obstacles sur le chemin du bateau ; Sa tirade se termine par une adresse à Antigone : Créon sollicite sa compréhension mais cette dernière refuse de chercher à le  comprendre . 

La dernière tirade du roi adopte une autre stratégie d’argumentation ; Créon revient sur la morale du l’action et sur la nécessité d’agir dans l’urgence, sous la pression des événements et face à l’imminence de la catastrophe. Cette fois ce sont les métaphores du travail physique qui vont se substituer à l’action de gouverner et de dire oui ; “suer, retrousser ses manches et empoigner la vie à pleines mains ” sont , selon Créon, du côté du oui ; Le roi se présente alors comme un travailleur manuel, un travailleur qui accomplit une besogne difficile; Par ces images, il suscite la compassion des spectateurs . Par contraste avec cette difficulté , il présente les partisans du non comme des “lâches ” qui refusent justement la difficulté et choisissent la solution de facilité “attendre pour vivre attendre même pour qu’on vous tue” ; Pour lui, dire non condamne les hommes à l’immobilisme qu’il traduit par la notion d’attente ; dire non selon Créon prive l’homme de l’action et il oppose le dynamisme te l’engagement de partisans du oui avec une sorte de passivité des partisans du non. Pour conclure sa tirade, il prend l’exemple de la Nature où selon, lui , il est impossible de dire Non . Ce qui revient à nous faire penser que dire non est antinaturel; “Tu imagines un monde aussi où les arbres auraient dit non contre la sève..”  Cependant on peut  rétorquer ici au personnage de Créon qu’il compare deux éléments qui ne sont pas identiques; dans la Nature, la croissance n’est pas choisie pais relève d’un déterminisme biologique alors que l’homme est une créature qui possède un libre-arbitre et qui peut donc effectuer des choix; Nous ne sommes pas uniquement mus par nos instincts à la différence des plantes et des animaux qui , sont certes des êtres vivants dotés d’une forme de sensibilité mais chez lesquels l’instinct est largement dominant.   

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En conclusion, Créon tente ici de stigmatiser les partisans du Non et de convaincre le spectateur qu’Antigone adopte une attitude regrettable et égoiste en s’opposant à lui et à sa volonté. Il essaie de la faire passer pour une irresponsable, une entêtée qui choisit la facilité et qui se montre lâche car selon lui, dire oui est une décision plus courageuse  que maintenir un refus obstiné; il tente de discréditer pour le spectateur le Non d’Antigone et de justifier sa propre décision ; Lequel l’emportera ; l’avantage ici semble revenir à Créon mais Antigone n’a pas encore dit son dernier mot. 

23. février 2018 · Commentaires fermés sur Qui est Robespierre ? · Catégories: Première · Tags: ,
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Robespierre en BD

Certes ce n’est pas à proprement parler un écrivain mais il demeure un homme de lettres ou plutôt un homme qui sait manier le Verbe. Artisan majeur de la Révolution française, il en incarne à la fois le pire et le meilleur ; Le pire car son intransigeance  a fait de lui le chef d’orchestre de la Terreur et le meilleur car il avait à coeur de transformer en profondeur la société française et de donner des droits au Peuple dans son ensemble sans distinction de classe sociale, de couleur , de parti politique . Considéré par certains comme un tyran, un véritable despote et exécuté le 9 thermidor , son génie politique et sa vision d’avenir , sont reconnus par beaucoup comme des bases de notre démocratie actuelle. Sa biographie ne suffit pas à le faire connaître; C’est pourquoi vous trouverez dans ce billet , un résumé de sa carrière et des citations commentée qui tentent de cerner son idéologie . Commençons par quelques dates …

Sa biographie (abrégée à partir du site hérodote.net ) 

 C’est tout d’abord un avocat : ce qui explique sa connaissance de l’éloquence qu’on apprenait alors aux futurs magistrats dans le cadre de leurs études. Fils d’un avocat d’Arras, qui appartient à la petite noblesse de robe, il a perdu très tôt ses parents et a été élevé par son grand-père .Après ses études, il demeure dans le Nord de la France . Séduit par les écrits sentimentaux de Rousseau, introverti, studieux, il ne fréquente pas de femme et n’a guère d’amis. On le décrit comme un jeune homme solitaire et taciturne. C’est alors que surviennent les élections aux Etats généraux  en 1789. Il signe alors son entrée en politique.

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 Il est rapidement élu député du tiers état d’Arras  et se montre  d’abord discret à l’assemblée mais assidu à un café de Versailles fréquenté par des députés bretons et auquel on donnera le nom de club breton. À l’automne 1789, le roi et l’Assemblée se transportent à Paris. Le club breton s’installe de son côté dans le couvent désaffecté des Jacobins. Il portera alors le nom célèbre de club des Jacobins en référence à ce lieu de leurs premières réunions.

Lorsqu’il prend la parole à  la tribune de l’Assemblée, Robespierre suscite des ricanements avec sa voix éraillée et son emphase amis il va donner toute sa mesure au club des Jacobins. Ce haut lieu de l’agitation révolutionnaire est fréquenté par les députés comme par les artisans de la ville, ceux que l’histoire va nommer les sans-culottes .Son détachement des plaisirs terrestres  lui vaut le surnom d’« incorruptible défenseur du peuple ».Après la chute de la monarchie, Robespierre est à nouveau élu député et entre à la Convention le 20 septembre 1792. Il se hisse d’emblée parmi les chefs de file de la Montagne et des Montagnards (on donna ce surnom aux députés qui s’asseyaient en hauteur dans les gradins ) et organise l’élimination de la Gironde, un parti modéré qu’il jugeait coupable de s’opposer à la Terreur. Ses chefs sont proscrits le 31 mai 1793.

L’« Incorruptible » va personnifier la Révolution à partir de son entrée le 27 juillet 1793 au Comité de Salut Public (le gouvernement révolutionnaire), dont il va devenir le président sans en avoir le titre.

Dans son discours du 5 février 1794, il en appelle à la terreur pour sauver la Révolution menacée de l’intérieur (par les partisans d’un retour à la royauté )  comme de l’extérieur (par les guerres des gouvernements étrangers) et lui donne une justification inattendue : « La terreur n’est autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible ; elle est donc une émanation de la vertu ; elle est moins un principe particulier qu’une conséquence du principe général de la démocratie, appliqué aux plus pressants besoins de la patrie ». Dictateur de fait après l’exécution de son principal rival Danton, le 5 avril 1794, il relance donc la terreur et même la Grande Terreur. Il tente même d’imposer l’éphémère culte de -l’Etre Suprême en remplacement du christianisme.

Gagnés par la lassitude et la peur, rassurés par les victoires des armées françaises sur le front, les députés de la Convention finissent par s’insurger et décrètent l’arrestation de Robespierre et de ses proches le 9 thermidor An II (27 juillet 1794). L’« Incorruptible »est guillotiné le lendemain.

Ce qu’il a dit : 

Celui qui dit qu’un homme a le droit de s’opposer à la Loi, dit que la volonté d’un seul est au-dessus de la volonté de tous. Il dit que la nation n’est rien, et qu’un seul homme est tout. S’il ajoute que ce droit appartient à celui qui et revêtu du pouvoir exécutif, il dit que l’homme établi par la Nation, pour faire exécuter les volontés de la nation, a le droit de contrarier et d’enchaîner les volontés de la nation ; il a créé un monstre inconcevable en morale et en politique, et ce monstre n’est autre chose que le veto royal.”
Maximilien de Robespierre – 1758-1794 –   Discours contre le veto royal, absolu ou suspensif, 21 septembre 1789

“La loi est-elle l’expression de la volonté générale lorsque le plus grand nombre de ceux pour qui elle est faite ne peuvent concourir, en aucune manière, à sa formation ? Non.”
Maximilien de Robespierre – 1758-1794 – Discours à l’Assemblée constituante, 25 janvier 1790

“La source de tous nos maux, c’est l’indépendance absolue où les représentants se sont mis eux-mêmes à l’égard de la nation sans l’avoir consultée. Ils ont reconnu la souveraineté de la nation, et ils l’ont anéantie. Ils n’étaient, de leur aveu même, que les mandataires du peuple, et ils se sont faits souverains, c’est-à-dire despotes, car le despotisme n’est autre chose que l’usurpation du pouvoir souverain.”
Maximilien de Robespierre – 1758-1794 – 29 juillet 1792

Toute spéculation mercantile que je fais aux dépens de la vie de mon semblable n’est point un trafic, c’est un brigandage et un fratricide.
Maximilien de Robespierre – 1758-1794 – Sur les subsistances, séance de la Convention du 2 décembre 1792

“La première loi sociale est donc celle qui garantit à tous les membres de la société les moyens d’exister ; toutes les autres sont subordonnées à celle-là ; la propriété n’a été instituée ou garantie que pour la cimenter ; c’est pour vivre d’abord que l’on a des propriétés. Il n’est pas vrai que la propriété puisse jamais être en opposition avec la subsistance des hommes.”
Maximilien de Robespierre – 1758-1794 – Discours à la Convention nationale sur les subsistances, 2 décembre 1792
 

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Lorsque le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.”
Maximilien de Robespierre – 1758-1794 – Discours sur la nouvelle déclaration des droits de l’homme et du citoyen, 24 avril 1793

“La force publique est en contradiction avec la volonté générale dans deux cas ou lorsque la loi n’est pas la volonté générale; ou lorsque le magistrat l’emploie pour violer la loi.”
Maximilien de Robespierre – 1758-1794 – Sur le gouvernement représentatif, 10 mai 1793

Ses discours 
Vous trouverez en pièce jointe dans cet article les 4 textes de votre liste du bac qui font l’objet de 4 articles .

20. février 2018 · Commentaires fermés sur La révolution française : un cadre, des acteurs, une tragédie … · Catégories: Première · Tags:
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La prise de la Bastille 

Célébrer le 14 juillet, la prise de la Bastille, c’est ne se souvenir que d’une des journées qui changèrent l’Histoire de notre pays ; En effet, la révolution française avec son cortège de héros et d’horreurs, de passions et de drames, de victoires et d’écrasantes défaites, c’est l’avénement de tout un siècle : celui des Lumières; Parfois les dates de l’Histoire ne correspondent pas toujours aux siècles : le siècle des Lumières commence en 1715 avec la mort de Louis XIV et s’achève dans le sang et les larmes, en 1789; En quelques mois, quelques années tout au plus, de nombreux combats vont trouver une réponse politique et législative avec les discours des orateurs de la Révolution et la déclaration des droit de l’homme et des citoyens. Education, libertés individuelles, démocratie, régime républicain, droit des femmes et des enfants , reconnaissances de l’égalité des droits des citoyens sans tenir compte de leur naissance et de leur rang social , suppression des privilèges de l’aristocratie et droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, fin de la monarchie absolue : voilà quelques avancées que nous devons en partie aux révolutionnaires ; Examinons plus en détails le déroulement des événements qui rythmèrent cette période agitée et découvrons quelques acteurs de premier plan .  

En mai 1789 s’ouvrent les Etats Généraux qui prennent le nom de Communnes et s’instituent Assemblée Nationale le 17 juin ; Le Serment du jeu de Paume est prononcé le 20 et la Bastille prise le 14 juillet; Commence alors la Grande Peur; Le 4 aout on déclare l’abandon des privilèges du clergé et de la noblesse et le 05 octobre les  femmes marchent sur Paris suivies par la garde nationale emmenée par Lafayette qui se rend à Versailles et ramène le roi le 06 octobre . 

Les Etats Génarux comptent 1150 députés : près de 300 pour le clergé et la noblesse et le double pour le Tiers Etat avec notamment Mirabeau , Robespierre, Sieyès l’un des 20 députés de Paris et Volney. Le serment prononcé par l’Assemblée de ne jamais se séparer place cette nouvelle pratique sous le signe des actes héroïques de l’Antiquité mais on y retrouve également l’idée d’un contrat social entre l’individu et la société à la manière des textes de Rousseau . Peu à peu chacun propose des changements pour réduire les injustices : que les peines soient les mêmes pour tous par exemple et  que la justice soit gratuite ; que les emplois ne soient pas réservés à certaines classes sociales mais ouverts à tous ; il fallait que ces intentions fussent converties en lois et c’est ce que va permettre l’adoption de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, Toutefois à y regarder d’un peu plus près, on s’aperçoit que les paysans sont quelque peu oubliés car si les droit des personnes évoluent, étrangement les droits sur les terres sont encore maintenus ; Bien entendu, le roi refuse de signer les décret consécutifs à la nuit du 4 août.

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Le serment du Jeu de Paume par David

Dans Paris la famine gagne du terrain et  des centaines de femmes partent des Halles pour se rendre à Versailles ; le lendemain le roi revient à Paris et promet du pain; jusqu’en novembre 1789, on assiste à un double mouvement de résistance d’une part et d’union du peuple d’autre part; la révolution est désormais en marche et rien ne pourra plus en arrêter le mouvement ; En novembre 1789, on assiste aux premières fédérations de communes rurales qui dépassent ainsi les clivages des Provinces ;leurs mot d’ordre: “Plus de province! la Patrie !” Et ils jurent de s’aider , de se nourrir les uns les autres par delà les divisions des territoires et les frontières naturelles qui les séparent . 

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Le serment de l’ Assemblée

Le 14 juillet 1790 a lieu la fédération générale au Champ de Mars; des milliers de français ont fait le déplacement pour assister au grand défilé sous la pluie ; C’est La Fayette sur son cheval blanc qui prononce le serment fédératif : ” nous jurons de rester à jamais fidèles à la Nation, à la loi et au roi, de maintenir de tout notre pouvoir la constitution décrétée par l’Assemblée Nationale …”  Le roi qui sent la colère gronder décide de s’enfuir mais il est rattrapé à Varennes en juin 1791 et ramené sous bonne escorte ; La question de la guerre va alors diviser la France :les girondins s’y déclarent favorables alors que Robespierre s’y oppose farouchement car il veut d’abord éteindre les contre-révolutions à l’intérieur du pays ; le 20 avril 1792 la France vote la guerre contre l’Autriche; les défaites militaires se succèdent et le roi refuse de ratifier certaines mesures du gouvernement pour ainsi le forcer à démissionner ; en juillet 1792, on proclame la Patrie en danger et on enferme le roi au Temple .

La Grande Peur va déferler sur le pays : durant les premiers jours de septembre, on massacre de nombreux prêtres réfractaires et la foule se gonfle peu à peu  de brigands et de voleurs qui de prisons en prisons, violent, égorgent et pillent . Les exécutions durèrent 4 jours et 4 nuits et la princesse de Lamballe, dame de compagne de la reine, fut parmi les victimes ; On dénombra environ 1000 morts : essentiellement des détenus et quelques  prêtres ainsi que quelques nobles. Après les batailles de Valmy et de Gemmapes ,  le roi est déchu en août  et son procès commence .

La découverte des tractations secrètes entre le roi et les Autrichiens conduit à sa mise en accusation; La Montagne et Saint Just,dès novembre 1792 estiment le jugement nécessaire alors que la parti girondin hésite. Déclaré coupable par 700 vois, on décide pourtant que le jugement ne sera pas ratifié par le Peuple ; la mort est votée par 387 voix contre 334 pour ceux qui s’y opposaient et le sursis est refusé par une courte majorité en janvier . Le roi sera donc exécuté le 21 janvier 1793 : certains feront de lui le martyr de la royauté et de cette révolution qui aura bien du mal, après ce régicide,  à retrouver une unité et l’aval de l’opinion publique . 

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Marat poignardé

Le 1 février 1793, la France  repart en guerre, cette fois  contre l’Angleterre et la Hollande : la Convention a besoin de lever 300 000 hommes et cette mesure contestée par les départements de l’ouest , demeurés majoritairement royalistes, provoque  début mars un soulèvement de la Vendée : les Chouans vont marquer l’Histoire ;les paysans s’en prennent aux villes qui elles sont républicaines ; A Paris, la tension monte également; les Jacobins avec à leur tête Marat veulent destituer les membres de la Convention qui  avaient voté l’appel au peuple lors du procès du roi.  Les girondins de leur côté,tentent de faire accuser Marat par le tribunal révolutionnaire en avril 1793  mais ce dernier le soutient , le surnomme l’Ami du Peuple et demande  un jugement pour 22 députés girondins. L’opposition entre les girondins qui s’appuient sur la province et les Montagnards qui siègent sur les bancs les plus haut de l’Assemblée et s’appuient sur Paris et les grandes villes ne cesse de croître .Les Montagnards accusent 22 députés girondins  d’être redevenus royalistes et obtient leur arrestation . Pendant ce temps, l’armée des Chouans gagne du terrain et encercle Nantes mais leur avancée est stoppée ; Le 13 juillet 1793, Charlotte Corday tue Marat dans son bain après s’être rendue à son domicile; elle est guillotinée le 19 juillet 

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Madame Roland

Les députés girondins sont exécutés le 30 octobre 1793 et Madame Roland  le 8 novembre : “O liberté que de crimes commis en ton nom” furent ses dernières paroles . Danton , Camille Demoulins , Fabre d’Eglantine, débutent une campagne pour mettre fin aux exécutions mais Robespierre , fait voter leur mort  en avril 1794 . Il organise ensuite la fête de l ‘Etre Suprême et marche en tête de la Convention dont il est alors le Président. Le complot prend forme contre celui que beaucoup considèrent alors comme un tyran. Le 9 thermidor d’abord victime d’une tentative d’assassinat , la mâchoire brisée, Robespierre est mené à l’échafaud avec 21 autres membres de la Commune ; 70 le lendemain seront exécutés  et 20 encore le troisème jour .

Quelques noms à connaître : 

Bailly , député du Tiiers-Etat, organisa le Jeu de Paume, maire de Paris, exécuté en mars 1793 parce qu’on l’a tenu responsable de la fusillade du Champ de Mars (a donné l’ordre de   tuer ceux qui voulaient destituer le roi après sa fuite )

Brissot chef du parti girondin, guillotiné le 31 octobre 1793

Charette, prit la tête des paysans vendéens insurgés et fut fusillé à Nantes en 1796

Condorcet ,député à la Convention, il vota la déportation du roi, se cacha après l’exécution de se ami girondins, fut arrêté et es suicida en prison en 1794; -Réformateur et spécialiste  de l’Education

Corday : a décidé de tuer Marat qu’elle jugeait responsable des poursuites contre les députés girondins ; Guillotinée en juillet 1793.

Danton : avocat, fonda les Cordeliers, intégra la Commune et combattit les girondins; il demanda toutefois la fin de la Terreur et Robespierre le fit exécuter après un procréé escamoté ( avril 1794 ) 

Marat : fonde un journal intitulé l’Ami du peuple , député montagnard à la Convention, il voulait exécuter tous les ennemi edu Peupl est fonda le  tribunal révolutionnaire et le comité de Sureté; Poignardé par Charlotte Corday en 1793

Mirabeau : élu député du Tiers-Etat,  défend l’idée d’une monarchie constitutionnelle ; inhumé au Panthéon, on eut après sa mort en 1791, la preuve de sa duplicité : il était complice de la Cour.

Robespierre : député, devient républicain , vote la mort du roi et combat les girondins ;défend la nécessité d’un gouvernement révolutionnaire et de la Terreur ; finit par être exécuté par les partisans de ceux qu’il a tués.

Madame Roland: épouse de l’ancien ministre de l’Intérieur en 1792, elle soutient les girondins et les suivra sur l’échafaud. (novembre 1793) 

Saint-Just : député à la Convention, proche de Robespierre , prit des mesures favorables au plus pauvres et contribua au renforcement du pouvoir révolutionnaire. ( exécuté avec Robespierre ) 

 

 

28. janvier 2018 · Commentaires fermés sur Une mort tragique : la mort de Georges dans Le Quatrième Mur · Catégories: Première · Tags:
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L‘épilogue du roman nous présente le récit complet de la mort du personnage principal qui avait déjà été annoncée dès le premier chapitre du roman; le dénouement du roman referme la boucle et nous ramène, en quelque sorte au point de départ: Tripoli , Liban , 27 octobre 1983 un an après le massacre de Sabra et Chatila. Le premier chapitre nous le montre en pleine action : Marwan son guide vient d’être tué dans une explosion et il a trouvé refuge dans un trou où il rencontre un vieux combattant palestinien; Il sait alors qu’il va mourir. Les premiers mots du chapitre 24 intitulé Georges reprennent les derniers mots du chapitre 1 : le palestinien se trompe quand il affirme que Georges a croisé la mort sans jamais tuer.

Comment le romancier nous présente-il la mort du héros ? Tout d’abord il s’agit d’une mort tragique qui prend une dimension symbolique et qui est mise en scène par le romancier en faisant directement référence à la tragédie d’Anouilh Antigone, qui joue un rôle très important dans le roman. Axe possibles ; une mort annoncée, Une mort mise en scène, une mort tragique, une mort théâtralisée, une mort qui entre en résonance avec d'autres morts …

La dimension symbolique : Georges meurt accompagné d’un  nouveau personnage qui représente la durée de cette guerre enter Israël et la Palestine; Ce combattant est issu de Bethléeem (17) : une ville de Cisjordanie peuplée essentiellement de palestiniens musulmans; située au sud de Jérusalem, elle est également la ville où le Christ est né et  donc occupée à l’origine par une population juive. Un autre symbole important c’est la terre de Jaffa : en effet, Georges offre un peu de la terre de Jaffa qu’il a reprise dans la maison d’Imane tuée sauvagement  lors de l’attaque du camp; cette terre représente pour le palestinien un peu de sa patrie perdue et cette terre vient de Samuel qui la destinait aux palestiniens : “j’ai versé la poussière au creux de ses rides noires ” (20) ;

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Ce don a beaucoup de valeur : il représente une identité perdue ; Avant de se lever et de mourir, Georges met sur sa tête la kippa  (44 ) de son ami Samuel, celle qu’il devait porter lors de la représentation d’Antigone car il jouait le rôle du choeur . Il aurait ainsi représenté sur scène” le juif” et le personnage collectif antique témoin du déroulement de la tragédie. D’ailleurs le personnage  du choeur apparait à la fin du roman comme pour prendre le relais du personnage de Georges au moment où ce dernier s’apprête à franchir le quatrième mur (69) ;cette image désigne à la fois le passage du monde des vivants au monde des morts mais aussi le passage de la réalité à la fiction de la scène. Un autre symbole important c’est la clé de Jaffa que Georges garde sur lui. Cette clef représente à la fois l’origine de la guerre car ce conflit a débuté en 1948 juste après la création de l’ Etat d’ Israel qui a entraine l’exode massif des populations de Jaffa; ces palestiniens se sont donc retrouvés privés de terre, sans patrie; beaucoup sont restés attachés à leurs origines et cette clef rappelle l’importance de nos origines; mais cet objet symbolique peut également être considéré comme ce qui va permettre d’ouvrir le passage entre les vivants et les morts ; d’ailleurs dans l’Antiquité, les Anciens possédaient de nombreux rites de passage dont s’inspire ici le romancier. Saint Pierre détient par exemple les clés du paradis et on l’appelle parfois le portier 

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La mise en scène de la mort : le romancier met soigneusement en scène la mort de son personnage principal; Elle intervient au terme de son parcours de personnage et avait été longuement préparée, dès le premier chapitre comme nous l’avons constaté en lisant le roman. Cette mort attendue, redoutée également par le lecteur a des allures de tragédie au sens où on savait déjà ce qui allait se produire; elle est dramatisée par la mort de Marwan et par cette dernière rencontre avec Mahdi: rencontre qui se transforme en un dialogue de théâtre comme nous pouvons le voir avec la mention des prénoms des personnages (MAHDI/ GEORGES/ ) et surtout l’apparition du choeur qui rappelle à la fois celui de la tragédie mais également celui de la pièce d’Anouilh , qui intervient dans l’épilogue. La mort de Georges correspond à une sortie de scène : il a traversé le quatrième mur ( 69) mais le romancier refuse de la décrire “la mort l’a pris comme ça” (70): il ne nous donnera aucun autre détail à l’exception des objet qu’il portait : ” une kippa sur la tête et une clef dans la main ” On se souvient de l’importance des objet symboliques dans le roman: le chandelier qui représente l’amour entre Aurore et Georges, la nippa de Samuel, le foulard d’ Imane; Chaque objet est un peu de l’identité du personnage . 

 Une mort avant tout tragique : Cet épilogue comporte de nombreuses références directes à la pièce d’Anouilh : en plus des noms des acteurs et du choeur, il est fait mention de passages empruntés au texte d’Anouilh ; la tragédie est décrite comme “commode, reposante” (60) et comparée au drame qui lui est “utilitaire et ignoble parce qu’on espérait s’en sortir ” (63) Georges devient donc un personnage à part entière de tragédie et cela lui confère une sorte de majestéc’était pour les rois la tragédie ” (66), une forme de noblesse dans l’acceptation de ce destin ; Les lignes finales sont particulièrement émouvantes avec une sorte du chemin de croix accompli par le héros qui est sorti de sa cachette : “Deux fois Georges est tombé. Il s’est relevé “ (67) Ce parcours fait penser  au calvaire du Christ qui a du porter sa croix et qui est tombé à plusieurs reprises en chemin vers la mort. L’image finale semble adoucir la réalité de cette mort et le romancier fait disparaitre son personnage un peu comme un fantôme. Pour clore son récit, Chalandon a repris intégralement l’épilogue d’Anouilh qui donne une résonance particulière  à sa propre fiction : “toux ceux qui avaient à mourir sont mots; ceux qui croyaient une chose et ceux qui croyaient le contraire -même ceux qui ne croyaient en rien et qui se sont  trouvés rapidement pris par l’Histoire ” cette citation s’applique bien sur au contexte de la seconde guerre mondiale et rappelle certains poèmes de résistance notamment celui d’Aragon intitulé la Rose et le Réséda qui met en scène des combattants réunis dans le même camp au delà de leurs différences initiales. On notera ici la parenté des expressions : ceux qui croyaient au Ciel et ceux qui n’y croyaient pas ” avec ceux qui croyaient une chose et ceux qui croyaient le contraire ” (voir le poème d’Aragon en pj )

Cette citation  peut tout aussi bien désigner le conflit au Moyen -Orient ; en effet, Marwan est mort, le frère de Charmel est mort, Imane a été sauvagement tuée; aucun d’entre eux n’appartenait au même camp; leur mort atteste de l’impossibilité de réunir les hommes des factions ennemies sur scène pour jouer une même pièce qui justement représente des conflits insurmontables ; C’est la guerre qui a triomphé et non la bonne volonté des hommes ; Antigone demeurera éternellement tragique mais la guerre l’ est encore plus.

Avant de mourir Georges dit qu’il n’est plus rien,  ( 48)  qu’il n’est plus de nulle part qu’il n’appartient plus à aucune terre, aucune patrie; la guerre lui a pris ses racines, lui a volé son identité mais lui a fait rencontrer des frères d’armes et de sang; pourtant il rentre chez lui comme si la mort était désormais son unique refuge; ses dernier mots sonnent comme un adieu et résument une sorte de fatalité tragique   : “personne ne quitte ce monde vivant ”  (52) 

23. janvier 2018 · Commentaires fermés sur Autour de la guerre : quelques points de vue ..Voltaire, Céline, Giraudoux et Lemaître · Catégories: Première, Terminale spécialité HLP · Tags: ,
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Pour cette étude qui porte sur  l’homme au centre de la guerre ou face à la guerre , ont été réunis différents témoignages qui attestent de la pluralité des visions de la guerre; Nous allons donc comparer les définitions données par Voltaire dans Candide, Céline dans Voyage au bout de la nuit, Giraudoux dans La guerre de Troie n’aura pas lieu et Pierre Lemaître dans Au Revoir là hautLe conte philosophique adopte plutôt une dimension critique ; le roman de Céline prend appui sur des élements autobiographiques et se veut le témoignage d’un combattant ; la pièce de Giraudoux se présente comme une réflexion sur les causes de la guerre et tente de répondre à la question: pourquoi les hommes font- ils la guerre été pourquoi aiment-il cela ? Quant au roman de Pierre Lemaître, la guerre n’y occupe pas un rôle central ; elle est le déclencheur d’un drame humain, celui d’un jeune artiste qui ne parviendra pas à surmonter le handicap crée par sa blessure au visage. Le romancier y montre surtout les traumatismes engendrés par les mutilations des corps .

Le siècle des Lumières voit apparaître un renversement de l’opinion publique: siècle belliqueux, il amorce une réflexion sur la nécessité de certaines guerres ; Les philosophes, en effet, combattent la guerre en s’appuyant sur son caractère non nécessaire Ils accusent ,la plupart du temps, les Princes et les Puissants de se laisser emporter par leurs passions, leur orgueil et leur soif de pouvoir qui les conduisent à amorcer des conflits dans leurs seuls intérêts. Voltaire est l’un des premiers à développer une critique systématique de la guerre afin d’en démontrer , à la fois le caractère néfaste mais aussi l’absurdité véritable. Dans Candide, son héros s’est engagé dans l’armée uniquement pour gagner de l’argent car il n’a nulle part où aller et il se retrouve,enrôlé , face à la réalité d’une guerre atroce: un conflit destructeur entres abares et Bulgares; Voltaire dresse un tableau apocalyptique du massacre en accumulant les détails sordides : “les vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglantes . ” Le point de vue du personnage est d’abord utilisé pour décrire, sur un ton élogieux , la préparation des troupes et le cérémonial : “rien n’était si beau si leste si brillant et si bien ordonné que les deux armées” La dimension spectaculaire est ici mise en valeur mais très vite , le spectacle se transforme en massacre : ” les canons renversèrent à peu près  six mille hommes de chaque côté ” et Voltaire emploie l’oxymore “boucherie héroïque “ pour rendre compte de cette contradiction . De plus, il montre bien la réciprocité des destructions en précisant que les pertes subies dans chaque camp sont identiques ; Le héros décide alors de déserter et Voltaire le montre s’enfuyant “en marchant sur des membres palpitants ou à travers des ruines ” “hors du théâtre de la guerre ” . La critique des horreurs de la guerre se manifeste de différentes manières et on note que  la désertion de Candide est montrée comme un choix raisonnable : “ il prit le parti d’aller raisonner ailleurs des effets et des causes “ ; vue de l’extérieur, avant le déclenchement des hostilités, la guerre peut paraître admirable mais lorsqu’on se retrouve au front, à l’intérieur des combats, elle devient horrible.

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Louis Auguste Ferdinand  Destouches a choisi lui aussi de consacrer une partie de son roman à la description d’une guerre qu’il a lui même effectuée: la première Guerre Mondiale. Son héros Bardamu se retrouve aux premières lignes ,  dans le conflit tout comme son auteur qui choisit de s’engager dans l’armée à 18 ans devançant ainsi l’âge légal du service militaire obligatoire . Il montre l’horreur des assauts ,la lassitude des soldats et l’acharnement des officiers; Blessé , le héros est évacué et  effectue sa convalescence à Paris ; Il devient alors un adversaire acharné de la guerre et se fait traiter de lâche par sa fiancée. ” vous êtes répugnant comme un rat “lui lance cette dernière et elle se range derrière l’argument de la  nécessaire défense de la Patrie( l 9) . Bardamu persiste  dans son refus en prenant comme illustration l’oubli des morts  tombés sur le champ de bataille  “ils sont morts pour rien ces crétins” et “il n’y a que la vie qui compte “ajoute-t-il ‘ (ligne 16 ) .  Cette confrontation des points de vue se retrouve , sous une autre forme, dans la pièce de Giraudoux où deux camps s’affrontent avec des arguments puissants :.

Jean Giraudoux est un diplomate français qui, parmi les premiers, a pressenti les risques d’un nouveau conflit. En 1935, juste avant le déclenchement de la Guerre d’Espagne, prélude à la seconde guerre mondiale, Giraudoux mesure la montée des nationalismes et se sert d’un conflit légendaire, la guerre de Troie, pour mettre en scène une réflexion sur la  possibilité d’éviter la guerre. Il fait dialoguer bellicistes et pacifistes jusqu’à l’issue tragique : l’ouverture des portes de la guerre en dépit des efforts conjugués d’Hector, qui a rallié l’avis de son épouse Andromaque et d’Ulysse ,le négociateur envoyé par les Grecs. L’extrait que nous étudions se situe au début de la tragédie : Hector vient de rentrer victorieux d’une guerre éprouvante et découvre que son épouse attend leur premier enfant.  Cette dernière set farouchement opposée à une nouvelle guerre qui risquerait de coûter des vies mais son mari se moque de sa sollicitude maternelle en affirmant que le désir de faire la guerre l’emportera toujours “si toutes les mères coupent l’index droit de leur fils, les armées de l’univers se feront la guerre sans index.”( l 1) Andromaque se déclare prête à tuer son propre fils plutôt que de lui faire courir le risque de se faire tuer à la guerre ; ce qui peut paraître quelque peu excessif ..elle demande ensuite à son mari s’il aime la guerre et la réponse d’Hector est étrange :il définit d’abord la guerre par ses aspects négatifs “ce qui nous délivre du bonheur, de l’espoir, des êtres les plus chers. ” avant d’ajouter qu’il se sent invincible juste avant de combattre grâce à cette délégation que les Dieux  lui donnent . Leur discussion se clôt sur un nouveau paradoxe ; L’homme se sent à la fois un Dieu et moins qu’un homme et respecte la vie au moment où il s’apprête à l’ôter à d’autres hommes.

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Pierre Lemaître revisite à sa manière  les affrontements de 14/18 en inventant un point de départ tragique à sa fiction. Albert , l’un des deux héros du roman , constate , au cours d’un assaut  que deux des hommes du bataillon ont été abattus de deux balles dans le dos et il soupçonne alors son officier :le lieutenant Pradelle , de les avoir exécutés pour faire croire à des tirs allemands. Avec un certain cynisme, le romancier critique les officiers qui se croient des Dieux au moment du combat ; le lieutenant est qualifié de “Messie “; Le décor de la guerre ressemble à un décor “de fin du monde “. Les soldats sont présentés comme terrifiés ” des types hurlent comme des fous pour s’enivrer, pour se donner du courage.” Il sont armés d’une colère définitive et d’un désir de vengeance : ” même Albert terrorisé par l’idée de mourir, étriperait le premier venu ” . Les hommes ont le ventre noué, la gorge sèche et courent baissés, par réflexe d’offrir le moins de prise possible comme si l’on faisait tout le temps la guerre dans la crainte du ciel ” . Pierre Lemaître reprend la plupart des clichés sur la guerre des tranchées : la terre épaisse , la boue, la peur et la colère ; Il utilise un narrateur omniscient à la différence de Laurent Gaudé qui dans Cris, ne nous offre que les pensées de ses personnages sans jamais aucun commentaire .

22. janvier 2018 · Commentaires fermés sur Le quatrième mur : la découverte du massacre …des visions d’horreur · Catégories: Première · Tags: ,
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Photos de presse 

Le passage de la découverte du massacre perpétré dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila est sans doute l’un des plus difficiles à lire à l’intérieur de ce roman ; le romancier nous dépeint  une réalité sans fard  et nous entraîne à la suite de son héros dans une  véritable plongée au sien de l’horreur; Il déploie un registre réaliste et pathétique et nous nous sentons véritablement touchés par cette description sans concession de la guerre et de la souffrance;

Rappelons tout d’abord les faits historiques tels qu’ils se sont déroulés en 1982…

Le 6 juin 1982, l’armée israélienne a envahi le Liban dans ce qu’elle a décrit comme étant des “représailles” pour la tentative d’assassinat sur l’Ambassadeur israélien à Londres.Le 18 juin 1982, Israel avait cerné les forces armées de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) dans la partie occidentale de la capitale libanaise. Un cessez-le-feu a eu comme conséquence l’évacuation de l’OLP de Beyrouth le 1er septembre 1982.Le 11 septembre 1982, le ministre de la défense israélien, Ariel Sharon, a annoncé que “2.000 terroristes” étaient restés à l’intérieur des camps de réfugiés palestiniens .Le mercredi 15 septembre, le lendemain de l’assassinat du chef de la milice phalangiste alliée des Israéliens et président élu libanais, Bashir Gemayel, l’armée israélienne a occupé Beyrouth-Ouest, “encerclant et bouclant” les camps de Sabra et Chatila.

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L’armée israélienne a alors désarmé, dans la mesure où elle le pouvait, les milices anti-israéliennes à Beyrouth-Ouest, alors qu’elle a laissé ses armes aux milices phalangistes chrétiennes de Beyrouth.Le jeudi 16 septembre 1982 vers midi, une unité d’environ 150 Phalangistes armés (c’est ce que prétend Israël) est entrée dans le premier camp.Pendant les 40 heures suivantes, les membres de la milice phalangiste ont violé, tué et blessé un grand nombre de civils non-armés, dont la plupart étaient des enfants, des femmes et des personnes âgées à l’intérieur des camps encerclés et bouclés. L’estimation des victimes varie entre 700 (chiffre officiel des Israéliens) et 3.500.

Les journalistes qui ont couvert les reportages dans cette région du monde ont pu alors découvrir lorsqu’ils sont entrés dans les camps, des visions d’horreur et ce sont ces visions que s’efforce de reconstruire le romancier dans ce passage. Comment le romancier décrit-il cette scène d’horreur ? comment cette description est-elle organisée ? 

Le romancier utilise différents procédés pour dépeindre  cette vison : tout d’abord , il nous entraine dans le sillage d’un personnage et nous voyons à travers ses yeux; Ce procédé appelé focalisation interne facilite grandement l’identification par le lecteur au personnage et grandit l’illusion réaliste. 

Georges se déplace : c’est ce qu’on appelle une description en mouvement ou ambulatoire et nous le suivons pas à pas . Le texte est construit selon une organisation spatiale facilement repérable ; Nous avançons ainsi “plus loin” : nous pénétrons “à l’intérieur”  ( 5) de cet univers cauchemardesque ; J’ai vu , j’ai marché (1)  ; Les verbes de vision sont nombreux ainsi que les connecteurs spatio-temporels : dans un angle ( 15), là-bas (11) , partout des morts (19) . 

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Les camps palestiniens 

Le registre pathétique est particulièrement marqué dans cet extrait avec tout d’abord la mention des victimes : ce sont des vieux, des jeunes et même des enfants ; Nous avons ici une sorte de gradation de l’horreur . Le lecteur ne peut s’empêcher de prendre parti contre les miliciens et les exactions commises; Le romancier dénonce ici les massacres perpétrés par les combattants contre des civils sans défense.

La multitude des  petits détails réalistes contribue à renforcer cette dénonciation: la position des corps, les souffrances subies augmentent notre émotion; les cadavres sont présentés dans des positions humiliantes : sur le dos, bras ouverts, ” un bébé torse nu, en couches déchiquetées ( 29)  “un corps coupé en deux ” (10) ; les victimes sont montrées comme cueillies par la mort et aucun détail trivial ne nous est épargné : “la merde séchée , (18 )  les plaies béantes, les trainées de cervelle (21) 

De plus, la description est dramatisée par les réactions du personnage -témoin : Georges qui a bien du mal à ne pas se laisser déborder par l’émotion : “ je le redoutais, je le craignais ” ; ces deux verbes montrent son appréhension ; Profondément troublé par la scène, il semble marquer, malgré lui, un temps d’arrêt : “je me suis arrêté; j’étais sec” ; ( 32)  Aucune larme ne parvient à sortir de son corps : " le visage sans rien ” Tout es passe comme si Georges ne ressentait plus rien, comme si son coeur s’était vidé ; Il ose à peine respirer car selon lui “inspirer, c’était bouffer de la mort “ . Le lexique est ici imagé et le romancier recourt à la crudité de certaines expressions pour mieux peindre fidèlement ce qu’il voit : ” chairs et vêtements arrachés” (l 50) ; le narrateur peu à peu perd pied et semble se perdre au fond de la guerre ; il est guidé par des anges et échappe de peu à la mort mais cette dernière est déjà annoncée. 

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Un texte poignant qui révèle une description organisée visuellement autour du personnage de Georges et de la découverte de ces massacres qui , à l’époque, ont ému considérablement l’opinion publique; C’est cette émotion que tente de restituer le romancier en utilisant diner moyens lexicaux et stylistiques.