18. janvier 2018 · Commentaires fermés sur La construction du personnage de Georges dans Le quatrième Mur · Catégories: Première · Tags:
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Roman sur la guerre et sur la manière dont elle bouleverse le destin des hommes, Le Quatrième Mur est aussi un roman d’ apprentissage pour son protagoniste principal: le personnage de Georges, qui par certains traits , peut ressembler à son créateur . L’ouverture tragique du récit quelques heures avant sa mort le 27 octobre 1983 à Tripoli, en pleine zone de guerre semble en fait constituer le point de départ d’une réflexion sur le destin du personnage qui va s’écrire à rebours, au moyen d’une séries de retours en arrière ; Nous allons d’abord découvrir Georges étudiant (il a passé son bac en Mai 68) , militant d’extrême gauche avant de le voir devenir père, au début du chapitre 5 , le 9 janvier 1980, quelques années après sa rencontre avec Samuel Akounis et son mariage avec Aurore . La naissance de sa fille réactives souvenirs de sa propre naissance et l’écrivain fabrique pour nous un tableau de l’enfance de Georges. C’est ce passage que nous allons découvrir à partir de la page 61 du roman. 

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Comment le romancier construit-il  le passé de Georges et quel rôle joue ce passage dans le parcours du personnage ? Commençons tout d’abord par les éléments inspirés de la biographie de Sorj Chalandon . Sorj, de son vrai prénom Georges est né à Tunis le 16 mai 1952 : il a choisi de faire naître son héros le 16 mai 1950 ; Elevé dans une famille qui craignait énormément la folie de son père , atteint de paranoïa, le petit garçon connaît une enfance difficile et souffre de ce qu’il nomme un enfermement familial ; Quitter sa famille et partir sur les zones de guerre en tant que journaliste  a été pour lui une sorte de délivrance en même temps qu’une thérapie pour soigner ses propres blessures intérieures. Cependant de ses contacts prolongés avec la violence de la guerre, il va rapporter une sorte de violence intérieure dont il bien du mal à se départir; L’anecdote de la glace renversée par sa fille au parc est inspirée d’un souvenir personnel ; Cependant le romancier refuse qu’on réduise ses livres à des autobiographies car même s’il utilise des expériences personnelles, il construit un univers de fiction et lui donne un sens qui dépasse les limites de sa biographie. 

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Voyons comment apparait l’enfance de Georges dans Le Quatrième Mur

Premier axe de lecture : la relation parent/enfant 

La relation entre le personnage et son père est définie à l’aide d”images marquantes : l’ouverture sous la forme d’un présentatif “C’était ainsi” marque une sorte de fatalité un peu à la manière du prologue d’Anouilh qui démarre Antigone; D’emblée, nous sommes dans un registre tragique.Les images se succèdent et elles sont construites sur des chiasmes, figure qui permet de visualiser les oppositions et de les rendre paradoxales ; “Nous avions l’Histoire en commun mais pas d’histoire commune”. La construction de la phrase sépare et rend même antagonistes les parcours des deux personnages en dépit de leur goût commun pour l’Histoire; Le père de Georges est professeur d’histoire alors que ce dernier échoue par deux fois au concours de l’enseignement ; cependant , il reproche à son père de ne pas avoir participé aux événements historiques de son époque, d’ “avoir regardé ailleurs” durant la seconde guerre mondiale (p 59 ) et il se sent en quelque sort investi d’une mission: réparer l’indifférence paternelle en s’engageant pleinement das les causes qui lui semblent importantes ; cette position paternelle qu’il critique explicitement dans le roman , explique en partie, par réaction, les luttes politiques du personnage . 

De mon père je n’ai rien conservé parce que rien n’a été ” : nous retrouvons ici le chiasme qui est basé sur la répétition

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de la négation; Le fils définit sa relation avec son père comme une sorte de néant ; pour lui , l'absence de souvenirs est la garantie en quelque sorte logique que cette relation se fonde sur une absence; En réalité, on sait que les souvenirs douloureux sont souvent refoulés par la conscience et qu'il est impossible que le père et l'enfant n'aient pas partagé durant toutes ces années, quelques souvenirs ; Simplement le mot rien montre de la part du personnage une sorte de volonté d'effacer jusqu'à l'existence même de cette relation , réduite à rien  . Les phrases commencent elles aussi par des formules négatives : “je ne me souviens pas ..l 6; pas même l 7 pas non plus l 2 je n’ai rien conservé l 5 ..qui attestent de la disparition totale des souvenirs pour signifier la vacuité et l’absence de liens . Les énumérations ont le même but : l’auteur mentionne tout ce qu’il n’a pas eu comme pour mieux en révéler le manque : il ne se souvient ni de la colère, ni des cris, ni de la joie, ni de la voix . La synesthésie “je revois le silence ” quand je pense à lui (l 10)  traduit ici de manière paradoxale la sensation de vide affectif: en mêlant deux sensations , l’une visuelle et l’autre auditive, le romancier nous fait partager une sorte d’étonnement . La modalité du regret est présentée avec la comparaison des enfants battus: l’expression “je suis resté intact” (l 13) peut être interprétée comme une sorte de reproche; En réalité, elle dénonce l’incapacité à nouer des liens : l’enfant apparaît ici comme quelqu’un que rien ne peut émouvoir, une sorte de bloc d’indifférence et le romancier y voit ce qui  a poussé l’enfant à faire du théâtre car , il éprouvait le besoin de reproduire des gestes dont il n’avait pas été le témoin : il se met ainsi, à “mimer le baiser paternel ” (14)  : la fiction rétablissant une sorte d’équilibre voir une compensation, au vide affectif de sa vie. 

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La relation avec la mère est également évoquée à partir de la ligne 15 : en raison de sa disparition prématurée, la relation avec la mère se caractérise également par une forme d’ absence ; L’écrivain reprend ici les images traditionnelles (les clichés  ) de la tendresse maternelle; Sont ainsi évoquées les images de la mère nourricière avec la métonymie du sein offert ( l 15 ) ; les bras ouverts qui contrastent à la fois avec les bras croisés de Georges et les mains jointes du père dans son cercueil ; La posture de la mère  est synonyme d’ouverture, de caresse enveloppante alors que les hommes sont ici fermés aux autres  et au contact.  La dernière image peut également être considérée comme un paradoxeles yeux brillants de ventre ” : on y retrouve l’image de la mère qui porte l’enfant dans son ventre ici métonymie du corps maternel ; Quant au regard, il est brillant sans doute à cause d l’émotion que suscitait chez la mère la vue de l’enfant ; On évoque parfois, dans le langage courant, la reconnaissance du ventre pour désigner le lien charnel , antenatal   qui unit une mère et son enfant ; on dit que l’allaitement maternel peut encore renforcer ce lien ; Le narrateur mentionne ainsi la différence entre ses deux parents : à l’indifférence supposée de son père, il oppose l’existence de ce qui fut la tendresse maternelle mais il ne lui en reste plus de souvenirs ; cette fois c’est l’absence de souvenirs , d’images et non l’absence de lien qu’il déplore . ‘ Je n’ai rien gardé de ma mère: aucune trace de  lèvres aucune caresse aucun regard ” Il rappelle ici qu’il fut orphelin de mère très tôt : ce qui rend encore plus pathétique l’absence de tendresse de son père . De cette façon, les deux emplois de rien ne désignent pas la même chose : l’ absence de souvenirs du côté maternel et l’absence de relation du côté paternel. Les verbes garder et conserver s’opposent ainsi : le jeune enfant du fait de son très jeune âge n’a pu garder : c’est une action involontaire alors qu’on peut supposer que dans le verbe conserver émane une sorte de  volonté de nier l’existence même d’une relation avec son père. La formule finale du premier paragraphe suggère le manque affectif que le personnage va chercher à combler ; On va donc suivre le personnage de Georges à travers le  roman dans ses relations amicales et amoureuses ; “J’étais une bouche en trop, je suis devenu un coeur en plus ” ( l 19) Cette double image combine deux métonymies ; la bouche pour désigner celui qu'on doit nourrir et le coeur pour désigner le siège de l'amour; L'enfant se décrit ici par le biais d'un parallélisme de construction  comme une bouche à nourrir, une sorte de fardeau pour son père et un coeur vide qui ne trouve personne à aimer . Il est surnuméraire : en trop..c'est une perception extrêmement négative de son existence.  

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 Ces images expliquent l’évolution de Georges dans le roman et les liens qui vont l’unir à d’autres personnages.  On peut par exemple opposer l’attitude chaleureuse et protectrice de Marwan, père de substitution, à celle de son propre père; on notera que Marwan est un père très aimant avec son fils Nakad et que cet amour ira jusqu’au meurtre. Lorsqu’il quitte Beyrouth , après les massacres de Sabra et Chatila et la mort d’image, Marwan organise le départ de Georges et le serre dans ses bras : ” Jamais personne ne m’avait vraiment serré dans ses bras “note le personnage.( p 273 )    Georges va donc logiquement chercher à retrouver cette tendresse qui lui fait défaut et cela peut expliquer, pour le lecteur, la force de son engagement auprès de son ami Samuel , autre figure du père idéal; En effet, Samuel représente tout ce que le propre père de Georges n'a pas fait; ce dernier étudiait l'Histoire sans y avoir participé du point de vue de son fils, alors que Samuel s'engage au péril de sa vie dans les événements historiques de son temps comme la révolte des colonels en Grèce qui lui vaudra son douloureux exil en France en 1974. 

Cette absence de lien avec le père apparait également dans cet extrait sous la forme de l’impossibilité de se toucher la main et les images employées lors du récit de l’anecdote de l’enterrement de son père, vont dans ce sens; Georges devient orphelin de mère à 5 ans et de père à 20 ans; 

 Deuxième axe possible : Que nous apprend ici la scène de l’enterrement ?  l’impossibilité d’abord de renouer le contact: Georges se décrit debout, juste en observateur “à le regarder ” : il ne décrit pas de sentiment simplement des sensations physiques : cuisses douloureuses ” parce que collées au cercueil  (l 26 ) et il a tenu à rester dans cette position inconfortable “comme ça la nuit entière ”  en s’infligeant une sorte de punition ; d ‘ailleurs cette idée réapparaît à travers la comparaison “comme puni dans mon coin ” (30) Georges a l’occasion de tenir la main vers son père, de le toucher mais il s’en montre incapable ; “je n’ai pas bougé ” La dernière image de son père restera celle de ses mains “piquetées de mort noire “ et les images de contact charnel se dessinent autour de cette main , métonymique de l’individu tout entier  : “glisser mes doigts”agripper sa manche  pour le garder ”  Vient alors la sensation d’être seul au monde relayée dans le texte par une image qu’on trouve sur les champs de bataille lorsqu’on décrit une guerre  et les soldats qui risquent leur vie parce qu’ils sont exposés ” devant en première ligne ” (41) On retrouvera beaucoup d’autres mains amies et ennemies dans le roman: la main de Yassine le frère d’imane qui se pose sur lui , la tant d’Image bien sûr et ensuite celles de Nakad “Après les mains d’Imane , Nakad m’a offert les siennes” (p 245)  : mains  qui soignent , qui lavent et qui apaisent mais lorque Nakad lui avoue qu’il l’aime , Georges se sent incapable de “mettre une main sur son épaule ” et de lui parler.

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Après avoir fait le récit de l’enterrement de son père , moment clé dans le parcours du personnage , l’écrivain tire les conséquences de cet événement sur le parcours de Georges et donne ainsi au lecteur des informations qui lui permettent d’appréhender différemment l’une des  sources de violence qu’il a entrevue chez le personnage; L‘écrivain fabrique ainsi une figure de personnage doté d’une épaisseur psychologique et dont les actions sont en relation avec un passé et des blessures d’enfance . 

 Troisième axe : La métaphore de la peau et de la lutte  est très importance dans le roman; A la lumière de ce passage, nous comprenons donc mieux le fait que Georges se sente “une peau à défendre” Dans un entretien avec un journaliste en 2015, Sorj Chalandon explique qu’il n’existait dans sa famille aucun contact peau à peau et qu’adulte, il s’est lancé dans l’amour et l’amitié à coeur perdu. Il cherche avant tout à défendre sa peau et les dangers lui semblent doubles : d’abord contre d’éventuels ennemis qualifiés par l’expression démonstrative “ceux qui lui voudraient du mal ” mis en opposition avec des dangers différents qui viendraient des femmes “celles qui lui voudraient du bien ” On retrouve dans cette construction à la fois le parallélisme et l’ antithèse ; Georges se lance dans des combats politiques et craint d'être vulnérable sur le plan affectif , notamment dans ses rencontres avec les femmes .  Les dernières lignes du troisième paragraphe préparent dans l'esprit du lecteur , toujours au moyen d'images saisissantes , la suite logique des aventures du personnage : devenu une peau à défendre,(l 45)  la violence physique va faire partie de son quotidien et on le retrouvera, sans grande surprise, militant d’extrême -gauche, et engagé dans des combats de rue , importants à ses yeux mais qui cachent un combat intérieur plus profond  “quand je tombais sous les coups, je revoyais le cadavre de mon père; ses mains jointes me faisaient honte “; Les mains jointes  du gisant symbolisent ici l’absence de résistance et c’est tout naturellement que le fils va s’incarner en résistant , devant ainsi l’inverse du père.  “Enfant , adulte, j’ai résisté “ (52)  La juxtaposition des deux états du personnage, enfant, adulte est déjà comme un véritable trait d’union pour l’évolution du héros.   Georges cherche , en quelque sorte à expier cette mauvaise conscience à travers des combats politiques mais Samuel lui fera remarquer qu’il se trompe de guerre et que les fascistes ne sont pas des nazis et que 1979 ne peut être comparé à 1939. La dernière image “des doigts tachés d’encre aux phalanges écorchées ” peut s’interpréter de différentes manières; On peut d’abord y voir une représentation de l’évolution de l’enfant écolier à l’adulte combattant et révolté ; mais on y retrouve également l’image de la colère qui nous fait tout briser parce qu’elle émane de nos blessures personnelles et trouve simplement à s’incarner dans le cadre de combats que notre époque nous fait traverser. Sait-on vraiment pourquoi on se bat et au nom de quoi ? telle pourrait être l’une des questions à laquelle le parcours de Georges nous aide à répondre dans ce qui peut s’apparenter , vu sous cet angle, à un roman initiatique. Les phalanges écorchées symbolisent à la fois la violence et la souffrance qui en découle: coups qu’on donne aux autres pour attaquer ou se défendre  et blessures qu’on reçoit; Blessures morales et blessures physiques sont ici étroitement associées. 

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  ( à ajouter selon le temps qui vous reste …peut être très intéressant  en conclusion )   …Les images qui apparaissent dans ce passage seront reprises dans la suite du roman ; Le personnage de Georges se construit donc sur une double blessure : à celle de l’enfance s’ajoute sa découverte de la guerre et de ses horreurs  qui vient réactiver les blessures originelles. D’ailleurs brisé par la guerre et ses visions  , il refusera, à son retour, tout contact avec la main de sa fille et le corps de sa femme : “Mon corps se dérobait lorsqu’elle avançait la main vers ma peau” ( p 283) Il ne parvient plus à recréer de liens avec sa famille et ses amis . Dans son lit, il est comme dans une tranchée ; signe que c’est la guerre qui a pris le dessus sur la vie . D’ailleurs la guerre s’empare peu à peu  du personnage et  le transforme; elle lui fait commettre des actions qui effraient son entourage comme lorsqu’il frappe la porte de la cuisine : ” La main saignait, les phalanges avaient été écorchées; Ce n’était pas ma main . Ni mon bras. Ni rien de moi. Une autre violence que la mienne.” (285) 

Ce passage qui retrace les blessures d’enfance et l’enterrement du père , représente une étape déterminante et  fondatrice dans le parcours du personnage romanesque et pour le lecteur , c’est également un moment crucial pour sa reconstruction ultérieure  du personnage qui fabrique de l’empathie.  Lorsqu’il devient père le personnage remarque “je n’avais pour exemple de père que l’absence du mien ” ( p 58 )  et avant la naissance de Louise il évoque les “dernières heures sans liens ‘( 57)- et lorsqu’il est de retour de Beyrouth pour la première fois, il regarde la photo de sa femme et de sa fille pour se souvenir pourquoi il rentre : “le monde s’arrêtait aux frontières de leur peau ” pense alors Georges ( p 204) ;

 En conclusion ,grâce à ce passage, situé au début du roman, avant le départ de Georges , le lecteur construit une image cohérente du personnage et les éléments qui seront disséminés au fil du roman, viendront subitement enrichir ce premier portrait des blessures originelles , comme une sorte de terreau du personnage, de substrat à partir duquel le romancier va élever une figure . Peu à peu, grâce à l’intercession de Samuel, Georges substituera l’Art à la violence physique en allant apporter la parole de la révoltée en zone de guerre, mais la guerre sera la plus forte et il y laissera sa peau, On peut noter que Sorj Chalandon, en devant écrivain, a réussi à échapper à cette emprise de la guerre et a effectué, par le biais de la fiction et de l’écriture,  comme une sorte du parcours inverse de celui de son héros, Lui est revenu et a décidé de ne plus y retourner  alors que Georges y est  reparti et y est définitivement resté. “il a traversé le quartrième mur, celui qui protège les vivants. ” 

 

06. janvier 2018 · Commentaires fermés sur Ecrire le dilemme au théâtre · Catégories: Fiches méthode · Tags:
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 Un dilemme est une situation fréquente au théâtre : il s’agit d’un  choix quasi impossible, extrêmement douloureux face auquel un personnage est placé; Le dilemme devait être résolu c’est à dire que le choix devait être fait au cours de la scène . Votre sujet d’invention consistait à créer et ensuite à  rédiger   ce dilemme qui devait être joué sur scène sous la forme d’un monologue par un acteur . Pour ce fair vous deviez d’abord présenter la situation initiale c’est dir résumer en quelques lignes les enjeux du dilemme. Ensuite, vous deviez écrire un texte destiné à être représenté sur scène ; Donc le point le plus important de ce travail d’invention consistait à préciser les éléments de mise en scène choisis pour mettre ne évidence le caractère angoissant de la situation dans laquelle es trouve plongé le perosnnage. Voyons donc dans l’ordre chacun des points respectivement évalué à hauteur de 4 pts , 6 pts et 10 pts. 

Examinons d’abord les situations inventées 

Mention spéciale aux dilemmes qui mettent en jeu la vie d’un personnage : il peut s’agir de raisons médicales comme par exemple arrêter un traitement ou choisir qui va vivre et qui va mourir quand on ne peut sauver les deux personnes ; Ce sont les choix les plus difficiles et ils engagent la vie d’un individu. En temps de guerre , beaucoup d’hommes ont été confrontés à ces choix comme par exemple les résistants qui ont réussi à trouver le code secret qu’utilisaient les allemands pour communiquer et qui ont du choisir quels bateau ils allaient sauver et quel seraient ceux qui ne seraient pas prévenus des attaques; Ainsi un des mathématiciens a du choisir entre la survie esse généraux indispensables ) la suite des opérations militaires ou la vie de son frère et d’autres soldats blessés qui revenaient du champ de bataille. Excellent choix de situation épineuse. Le contexte de guerre exacerbe les dilemmes : un snipper , par exemple , ou un homme qui s’apprête à commettre un attentat ou à poser une bombe qui risque de tuer des civils , peut être en situation délicate sur le plan moral.William Styron a écrit un roman où un nazi demande à une mère à Auchwitz de choisir lequel de ces deux enfants, une petit fille et un petit garçon, elle va pouvoir sauver. Ce roman porte comme titre Le Choix de Sophie et il va dévaster la vie du personnage ; 

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Le dilemme amoureux est également un grand classique de la scène : un personnage doit choisir entre son amour et sa famille ; On peut par exemple imaginer qu’une femme ne souhaite pas quitter ses parents malades pour suivre son ami à des milliers de kilomètres pour son nouveau travail; On peut aussi imaginer qu’un des membres du couple doive choisir entre sa vie de famille et ses obligations professionnelles ; Parfois difficile de concilier les deux comme dans la vie ! Un personnage peut également devoir choisir entre deux prétendants et la pièce peut devenir une tragédie ou une comédie; Un copie a fort justement montrer un dilemme original: un roi qui refuse d’avoir un enfant de peur que ce dernier lui vole un jour son trône mais qui craint de perdre l’amour de la reine. Bien trouvé ! 

 Les questions d’honneur sont à l’origine de nombreux dilemmes : se taire ou dénoncer son bourreau pour les victimes au risque de conséquences pour leurs proches; Menace, chantage sont souvent sur scène les armes des puissants qui souhaitent assujettir leur opposant; Ainsi dans Andromaque,tragédie classique de Racine, Pyrrhus roi grec , dédaigné par sa prisonnière Andromaque, une troyenne veuve du prince Hector, décide de tuer son fils si elle persiste à refuser sa demande en mariage; cette dernière es retrouve donc face à un dilemme: soit elle condamne son fils en restant fidèle à son époux défunt et à sa mémoire, soit elle le sauve mais elle devient l’épouse de son ennemi. Racine et Corneille ont utilisé des personnages confrontés à ces choix douloureux entre l’exercice du pouvoir, la loyauté envers leur patrie, leur camp et l’amour pour un ennemi ou une femme du camp opposé. L’empereur Titus doit ainsi renoncer à Bérénice, reine de Palestine qu’il aime pourtant car le Sénat

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romain  lui interdit  ce mariage  dans la tragédie de Racine : Bérénice. 

“Rome, par une loi qui ne se peut changer,
N’admet avec son sang aucun sang étranger,
Et ne reconnaît point les fruits illégitimes
Qui naissent d’un hymen contraire à ses maximes.”   L’empereur  de Rome pour obéir à la raison d’Etat renonce à son projet de mariage et la reine quitte  le pays; Racine a écrit cette pièce pour rendre hommage au sacrifice du roi Louis XIV qui a renoncé à son amour pour Marie Mancini afin d’épouser l’infante d’Espagne pour des raisons politiques; Le devoir triomphe souvent de la passion au théâtre. 

Le dilemme peut également être exploité à des fins comiques : un groupe a ainsi imaginé  une campagne politique digne de House of cards qui voit s’opposer Marine Le Pont et Emmanuel Macrau , rivaux pour l’élection présidentielle, avec un chantage à la photo compromettante..mais la comédie satirique vire à la tragédie quand la candidate s’empoisonne en avalant une boîte de médicaments. Un autre groupe a fait preuve d’originalité en imaginant une infirmière maladroite qui tue un patient alors que la famille se divisait pour savoir s’il fallait ou non le débrancher .  Une situation tout à fait ingénieuse à exploiter sur le plan scénique. La palme du la sophistication du scénario revient à une copie qui a imaginé la responsable d’un accident de voiture mortel  qui s’enfuit et qui n’est autre que la mère de l’inspecteur qui doit mener l’enquête…quel dilemme s’il découvre la culpabilité de sa mère ! 

La qualité des textes , en dehors de la présence de fautes de syntaxe , reposait essentiellement sur la variété des arguments proposés par les intervenants ; en effet, un dilemme doit donner lieu à des interrogations, des questionnements ; Le style de l'argumentation s'apparente le plus souvent au registre délibératif; les personnages pèsent le pour et le contre et échafaudent des hypothèses (si ..ou bien si.. ) en fonction des choix à opérer; Ils envisagent également les conséquences de leurs actes et font part de leurs hésitations. Corneille a , par exemple traduit les hésitations de son héros Le Cid en fabriquant des stances

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Que je sens de rudes combats ! 

Contre mon propre honneur mon amour s’intéresse: 

Il faut venger un père, et perdre une maîtresse

L’un m’anime le coeur, l’autre retient mon bras. 

Réduit au triste choix ou de trahir ma flamme, 

Ou de vivre en infâme

Des deux côtés mon mal est infini. 

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On mesure ici la paralysie du héros qui , sur scène, exprime son impossibilité à prendre une décision ; Le registre pathétique est également employé dans le monologue célèbre de Hamlet de Shakespeare où ce dernier ne sait s’il doit continuer à vivre ou se laisser mourir . 

La dernière partie du travail d’écriture consistait à indiquer au moyen de didascalies , le travail de mise en scène . C’est un point essentiel dans une écriture destinée à la représentation; c’est ce qui différencie un texte littéraire d’un texte théâtral . Si autrefois les dramaturges donnaient assez peu d’indications dans leurs textes, c’est parce que souvent les didascalies étaient internes ; Aujourd'hui, les textes de théâtre contiennent énormément d'indications destinées à faciliter le travail du metteur en scène  et à guider le passage du texte écrit à la représentation ; C'est un point sur lequel vous devez travailler car la plupart de vos didsacalies sont assez conventionnelles ; vous devez donc préciser les gestes de votre acteur : face à un choix difficile, le personnage va montrer des signes d'agitation ; Il peut tourner en rond, faire les cent pas, se prendre la tête dans les mains, mimer le chagrin, la colère; Il bouillonne à l'intérieur et cette agitation doit se traduire par une gestuelle appropriée. N’oubliez pas non plus les intonations et les expressions . Le trouble peut s’entendre avec la voix, les pauses, les changements de rythme, de volume sonore. 

Bref n’oubliez pas d’inventer et de noter entre parenthèses ou à côté des noms des personnages ,des didascalies variées et nombreuses  dans vos copies si vous devez produire un texte théâtral.

05. janvier 2018 · Commentaires fermés sur Une scène d’exposition · Catégories: Première · Tags:

La scène d’exposition au théâtre a une triple fonction : elle présente le cadre spatio-temporel , les personnages  ainsi que leurs relations et l’intrigue de la pièce. Quel type d’exposition Giraudoux a-t-il choisi comme ouverture de La Guerre de Troie n’aura pas lieu

Il s’agit tout d’abord d’un dialogue entre deux femmes qui sont parentes et troyennes : Andromaque est la femme d’Hector, prince héritier de Troie, fils de Priam le roi et Cassandre est la soeur d’Hector et de Paris, la belle-soeur donc d’Andromaque. Les deux femmes sont en opposition sur pas mal de points ; une ambassade grecque vient d’être mandatée afin de déterminer si la guerre doit avoir lieu ; Andromaque optimiste pense pouvoir l’éviter alors que Cassandre, qui a un don de prophétie mais que personne croit jamais, paraît sûre qu’elle aura bien lieu . Se propos ont des allures catégoriques: ” Et la guerre de Troie aura lieu” Cette réplique fait suite à celle d ‘Andromque, à l’inverse ; Le ton de cette dernière  peut s’apparenter à de la colère et une pointe d’inquiétude comme pourrait l’indiquer le point d’exclamation: ” la guerre de Troie n’aura pas lieu, Cassandre ! , ” Ce premier dialogue nous plonge au coeur du problème et de l’action ; L’arrivée d’Hector semble un point déterminant et on retrouve, au coeur de cette scène d’exposition, la plupart des éléments du théâtre classique tels que les définit Boileau dans son Art Poétique en 1674 : “Que dés les premier vers, l’action préparée,/ Sans peine du sujet aplanisse l’entrée.”  et la règle des trois unités , résumée avec ces deux alexandrins : “Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli/ Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli. Par bien des aspects en effet, le théâtre de Giraudoux s’inspire de la tragédie classique mais le dramaturge y ajoute un mélange des tons et une verve comique, qui caractérise le mélange des genres , pratiqué par de nombreux dramaturges en ce début du vingtième siècle . La première scène de la pièce révèle un thème tragique : l’imminence d’un conflit mais le sujet est traité sous une forme parfois comique avec notamment la familiarité de certains répliques et les arguments ad hominem utilisés par les deux femmes . Voyons comment nous passons en quelques lignes d’une dispute amicale à un conflit dramatique.  Tout d’abord, le début de la pièce peut paraître quelque peu déroutant pour le spectateur qui connait l’histoire de la Guerre de Troie et le destin tragique de la plupart des protagonistes.Les principaux acteurs de ce conflit, même ceux qui ne sont pas sur scène, sont nommés par les deux femmes; ces dernières se tutoient mais leurs liens familiaux n’effacent pas leur désaccord qui se manifeste clairement par la reprise , en version négative, de ce que l’une des deux ,affirme. Ce procédé met en valeur la radicalité de leur antagonisme : ” On la lui rendra ” affirme Andromaque, en parlant d’ Hélène, et Cassandre réplique immédiatement: ” On ne la  lui rendra pas” .  Ce procédé est utilisé à plusieurs reprises au cours de cette scène et lui confère ainsi un aspect comique et tragique à la fois .

Le différend entre les deux femmes semble également se prolonger lorsqu’elles évoquent  leur vision des choses : l’une  se veut optimiste et reproche à l’autre son pessimisme , sur un ton parfois agacé : ” Cela ne te fatigue pas de ne voir et de ne prévoir que l’effroyable ? ”  Cette interrogation d’Andromaque est une critique de Cassandre et l’adjectif effroyable marque bien ce que représenterait une nouvelle guerre pour les Troyens: une catastrophe. Face aux sinistres prédictions de sa belle-soeur, Andromaque tend à se fermer de plus en plus et à refuser l’échange comme le montre cette évolution de ses répliques : elle commence par dire ” je ne sais pas ce qu’est le destin,” sorte de refus de la  notion même de fatalité, avant d’enchaîner, quelques phrases plus loin avec ” je ne comprends pas les abstractions” pour bien montrer qu’elle n’entend pas se laisser convaincre;  Cassandre emploie alors une image concrète “une métaphore pour jeunes filles ” . Elle sous- entend ici, non sans ironie, que tout le monde est capable de comprendre ce qu’est le destin et qu’Andromaque n’a ainsi plus d’excuse valable pour faire la sourde oreille .  La métaphore du tigre illustre en effet, assez bien ; la cruauté du destin, et l’idée qu’il frappe sans bruit, sans  forcément un signe annonciateur .  Andromaque, à court d’arguments logiques s’en prendra alors directement à la personne de sa belle- soeur en multipliant les attaques personnelles : “je ne te comprends pas ” et ensuite “”le destin s’agite dans les filles qui n’ont pas de mari“,   attaque à peine voilée au célibat de Cassandre qui pourrait susciter sa jalousie envers les femmes heureuses en ménage , et les futures mères .  Andromaque souhaiterait que sa belle -soeur cesse de parler et elle entend la faire taire : ce que reflète, en outre, la modalité injonctive de l’impératif dans “laisse-le dormir ” , à propos du tigre-destin . On note toutefois une évolution tragique car l’ incompréhension de la femme d’Hector  finit par se transformer en une sorte d’angoisse qui se manifeste dans la réplique, qui est cette fois davantage une supplique : “Ne me fais pas peur Cassandre”  On peut donc en déduire que Cassandre a pris l’ascendant sur la femme d’Hector et que c’est sa vision pessimiste qui pourrait l’emporter, à la fin de cette première scène, dans l’esprit du spectateur . Cette scène d’exposition remplit bien les fonctions traditionnelles : elle indique le cadre dans lequel va se dérouler l’action et présente  les liens entre les différents personnages . Elle introduit le spectateur in medias res : au milieu d’une histoire en cours

Le dramaturge donne également des indications sur le hors-scène : on apprend ainsi, en leur absence que le couple formé par Hélène et Paris ne s’aime plus guère ; ” Paris ne tient plus à Hélène ” ce qui pourrait constituer un argument pour les défenseurs de la paix ; Mais suffit-il de rendre à Mélénas sa femme pour que ce dernier considère que l’offense qui lui a été faite , est réparée ; Les Grecs qui ont fait le déplacement vont-ils accepter la restitution d’Hélène ? ne vont-ils pas réclamer des dédommagements pour le préjudice subi ? De plus ,Hector est présenté comme un guerrier victorieux : va-t-il renoncer à faire la guerre ? L’action se place au printemps et symboliquement “le plus beau jour de printemps” comme pour signifier que ce jour est propice à la paix; L’absence de didascalies peut nous faire hésiter sur la manière d’interpréter certaines répliques ironiques de Cassandre et il faut alors se référer au contexte mythologique pour comprendre les caractères inventés par le dramaturge .  Cassandre dit, en effet, toujours la vérité,  et elle connaît le futur : “la guerre de Troie aura lieu”  affirme- t-elle ici  en employant un futur . Cette affirmation  plonge le spectateur dans une attente tragique car il connaît l’issue inéluctable et les conséquences terribles de cette guerre qui va se déclencher . Toute l’habileté de Giraudoux consiste à différer le dénouement tragique en nous donnant de faux espoirs tout au long de la pièce. Andromaque compte sur Hector pour faire pencher la balance et le destin du côté de la paix et le spectateur est lui aussi dans l’attente de l’arrivée sur scène du personnage, arrivée imminente annoncée par les “trompettes” de la victoire . 

Un début traditionnel donc mais qui peut néanmoins surprendre le spectateur par les libertés prises par rapport aux personnages de la mythologie ; les noms sont respectés et correspondent essentiellement à la version d’Homère mais avec quelques variations; ainsi Andromaque est seulement enceinte alors qu’Astyanax est déjà né quand la guerre éclat dans l’iliade. De plus , Homère se place dans le camp grec pour raconter l’histoire de la guerre alors que Giraudoux situe l’action de sa pièce  à l’intérieur de Troie, avant que la guerre éclate. Le dramaturge es sert de matière antique comme d’une source d’inspiration afin de faire réfléchir ses spectateurs à la situation actuelle de la France en 1935, confrontée au péril d’une nouvelle confrontation avec l’Allemagne. La culture antique sert ici de paravent pour masquer l’actualité d’un questionnement ; Giraudoux utilise également les symboles comme le lavoir, qui dans l’Iliade représente la paix ou les remparts qui représentent le futur siège de Troie. Le spectateur peut davantage s’identifier au personnage d’Andromaque car elle relaie les craintes de la population à propos d’un nouveau conflit alors que les propos de Cassandre demeurent plus mystérieux . Les personnages eux-mêmes peuvent apparaître , par l’effet de la mise en abyme, comme les spectateurs de leur propre destin qu’il se contentent d’observer , en haut des remparts, sans pouvoir changer le cours des choses. Tout au long de la pièce, le dramaturge va exploiter la dimension poétique et la dimension symbolique des objets comme par exemple avec des répliques comme ” quand il est parti voilà trois mois, il m’a juré que cette guerre était la dernière.” qui  fait référence à la guerre 14/18, surnommée par les anciens combattants “la der des der.” Le problème politique déplacé dans un contexte antique permet ainsi la mise distance et suscite davantage la  réflexion. De  plus , la légèreté du ton de certaines réparties contribue à rendre l’atmosphère moins pesante. 

En conclusion, ce début de pièce annonce bien au spectateur ce qu’il découvrira par la suite. Il présente les personnages et leurs relations, il fixe le cadre spatio-temporel et il indique le sujet de l’histoire. Il donne également le ton de l’œuvre avec un renouvellement du genre théâtral de la tragédie, autant sur le fond que sur la forme. Après cette entrée en matière, le public souhaite évidemment en savoir plus. Il se demande si le titre sera réalisé, c’est-à-dire si Jean Giraudoux propose réellement une réécriture de l’histoire d’Homère avec une guerre de Troie qui n’aura finalement pas lieu. Il a hâte aussi de découvrir physiquement les autres personnages dont on lui a parlé dans cette scène d’exposition, notamment Hélène et Hector, personnages assurément clefs pour la suite de la pièce. 

05. janvier 2018 · Commentaires fermés sur Le prologue d’Antigone : commentaire du commentaire · Catégories: Première · Tags:
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Commenter un texte consiste surtout à proposer à partir d’observations et de citations, des interprétations sur le sens de ce qui est écrit ; pour que l’exercice soit réussi, plusieurs facteurs entrent en compte dans des proportions variables. Le barème d’évaluation le jour de l’examen sanctionne essentiellement les erreurs de compréhension du texte appelées contresens . Sur les 16 points à attribuer, 3 ou 4 sont consacrés traditionnellement à la construction du devoir et 3 environ à l’expression ; Les 9 ou 10 points qui restent sont répartis entre  qualité et variété des observations, utilisation des citations et surtout présence d’interprétations. 

  • la qualité des observations est primordiale
  • le choix des citations et leur insertion dans les phrases est un point important 
  • la profondeur des interprétations (qui sont des hypothèses de lecture, des suppositions ) fait la différence entre les copies
  • la rigueur et l’efficacité de la démonstration est un atout non négligeable mais attention un plan vide ou un commentaire qui n’est composé que d’une grosse introduction et d’une conclusion ne vous rapportera guère plus de 6/7 points sur 20; chacune des 2 ou 3  parties doit comporter au moins deux sous-parties et leur longueur doit largement dépasser la taille d’une introduction !  

Les erreurs les plus fréquentes

  • consulter un corrigé et vouloir le résumer en ôtant soit les passages essentiels soit les éléments de construction du commentaire : c’est un signe que l’exercice n’est pas maitrisé ; Tous les corrigés ont une logique et si vous mixez des corrigés, vous devez en tenir compte dans l’architecture de votre devoir.
  • annoncer un plan et ne pas le suivre 
  • se focaliser sur des détails sans grand intérêt
  • commenter un texte qui n’est pas celui qui a été donné sous prétexte que les corrigés étudient l’intégralité du prologue 🙂 
  • dire qu’on va comparer deux textes : un commentaire ne prend appui que sur un texte et éventuellement des connaissances générales du théâtre par exemple mais on ne pouvait pas dire qu’on allait dans une troisième partie comparer ce prologue avec celui de Sophocle 
  • se méfier de la notion d’originalité; en effet prétendre qu'un texte est original nécessite qu’on soit capable de dire ce qu’il a de différent par rapport aux autres manières de commencer une pièce de théâtre ; autrement dit cela revient à connaître les grands principes de l’exposition au théâtre et  à expliquer pourquoi effectivement cette scène est différente de la plupart des autres expositions 
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Essayons d’y voir plus clair : il fallait commenter un prologue au théâtre ; 

D’abord partir de ses connaissances …..

ce que je sais : je connais la pièce , je sais que cette tragédie est une réécriture d’un mythe antique , je sais qu’au théâtre l’exposition a trois fonctions essentielles : présenter les personnages, le cadre et l’action c’est à dire permettre au public de comprendre ce qui va se passer (lire  par exemple l’article consacré à l’analyse de l’exposition d’une pièce de Giraudoux , elle aussi réécriture d’un mythe antique ) 

Ensuite :penser que c’est un texte de théâtre donc consacrer une partie de ses explications à la représentation ; Pour cela , un truc simple consiste à se mettre à la place d’un spectateur ; quel effet éprouve un spectateur qui entend parler d’un personnage qu’il voit en même temps? les acteurs tous présents  sur scène vont-ils exécuter les gestes que récite le prologue? 

La question essentielle qui est aussi la meilleur problématique parce qu’elle permet de cerner tous les enjeux du texte  : comment Anouilh met- il en scène cette réécriture d’une tragédie antique ? Un peu mieux que : quel est le rôle de ce prologue ? mais on pouvait parvenir au même résultat en faisant attention à ne pas oublier la dimension scénique du texte ; Aujourd’hui, on exige d’un élève qu’il envisage le texte de théâtre en vue de sa représentation; C’est pourquoi l’objet d’étude du bac de français  a changé et s’intitule désormais texte de théâtre et représentation; La plupart des corrigés proposés sur internet ne tiennent  pas compte de cette obligation et sont donc incomplets de ce point de vue. Du coup, rares sont les élèves qui y ont pensé 🙂  

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Un  plans possible assez complet … du moins intéressant au plus intéressant , du plus évident au plus subtil

 1 Le prologue joue un rôle informatif 

a) expose pour le spectateur les liens entre les personnages qui par nature ne vont pas évoluer 

b) expose le cadre de la pièce 

c) expose les enjeux 

2. Un prologue sous le signe de la fatalité : comment Anouilh réécrit et modernise une tragédie antique 

a) les indices de la tragédie antique

b) la mort annoncée

c) la reprise du prologue antique 

3. Un prologue  qui modernise le théâtre : 

a) la  mise en abîme : la création d’un nouveau personnage

b) une mise en scène qui fait des spectateurs des cibles : destruction du quatrième mur ?

c) les références à l’actualité brûlante 

CCL :la première partie d’une conclusion reprend les conclusions de chaque partie du plan 

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Anouilh réinvestit les codes du théâtre antique et classique une fabriquant une exposition conforme par certains points à ce qu’on exige d’une première scène au théâtre, c’est à dire la délivrances des informations essentielles (ma partie 1 )  mais il fait preuve d’une réelle  originalité à la fois par sa mise en scène très surprenante  et  ses adresses au spectateur par l’intermédiaire du personnage du prologue; En jouant avec la reprise des poncifs de la tragédie antique (ma partie 2) , le dramaturge redonne au mythe une force qui tient à ses liens avec l’actualité douloureuse de la première représentation au théâtre de l’Atelier en 1944. (ma partie 3) ; D’ailleurs le public, touché par cette héroïne et son parcours,  réserva un très bon accueil à cette pièce . 

 Idée d’ouverture thématique : A cette époque, Jean-Paul Sartre avec Les Mouches et Jean Giraudoux avec La guerre de Troie n’aura pas lieu reprennent eux aussi, sur scène, les mythes antiques en leur injectant la part de tragédie liée à la nouvelle guerre mondiale qui se joue sous les yeux des spectateurs ; Le public est ainsi amené à devenir lui aussi acteur de sa propre vie et la guerre fait résonner étrangement les combats de la révolte face la loi, du pacifisme et du bellicisme et nous amène à nous interroger sur la notion même de fatalité. 

Je vous joins des commentaires trouvés sur internet et commentés par mes soins …

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Pour progresser : réfléchir à la nature du texte et à ses enjeux ; soyez plus curieux, plus observateurs et utilisez des termes techniques précis ; Ne vous focalisez par sur un plan avant 1 h 30 de travail d’observations …ayez en tête des plans possibles pour des types de textes (un combat, une exposition, une rencontre, un dénouement, des aveux ) Posez -vous des questions et votre plan tentera d’y répondre ! qu’apprend-t-on dans cet extrait ? ; quels sont les registres dominants? que voit-on ? que cherche-t-on à nous montrer ? Partez de vos connaissances sur des objets d’étude : l’histoire de la poésie, l’évolution de la figure du héros, l’évolution du théâtre …

Une devise qui vous aidera : ramenez l’étranger à ce qui vous est familier et l’inconnu à ce que vous connaissez déjà 

 

14. décembre 2017 · Commentaires fermés sur Parcours d’une héroïne : autour d’Antigone (parcours de lecture ) · Catégories: Première · Tags:
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Pour préparer l’entretien oral qui suit l’exposé, vous devez réunir des connaissances à la fois sur l’oeuvre étudiée mais également sur l‘histoire et l’évolution du genre théâtral. Les questions de l’examinateur sont variées mais elles visent à tester vos connaissances autour d’un objet d’étude . Le parcours de lecture proposé a pour objectif de vous préparer à cette seconde partie de l’oral du bac qu’on nomme l’entretien et qui dure environ 10 minutes;  Il est conseillé de vous entrainer régulièrement sur les séries de questions données durant l’année et de préparer des fiches qui résument l’histoire littéraire de la poésie, du roman , du théâtre ainsi que les principales formes argumentatives . Reprenons quelques points autour de la pièce d’Anouilh , Antigone . 

1. Il s’agit de présenter le mythe d’Oedipe et de connaître les noms de la famille proche et élargie autour d’Antigone ; n’oubliez pas le rôle de fille modèle et de guide pour son père. 

2 Définir son portrait peut être complexe mais efforcez vous de reprendre ses qualités et ses défauts;Surtout citez des éléments de la pièce  et essayez de vous souvenir des passages qui la caractérisent "la petite maigre, noiraude et renfermée, yeux graves , elle pense qu’elle va mourir et qu’elle est jeune (le prologue )  tu es l’orgueil d’Oedipe, ton sale caractère (Créon )  tu es folle …menteuse, ma colombe, file de roi, princesse (la nounou ) . Je ne suis pas aussi courageuse que toi , te voilà lancée sans écouter personne, ma petite soeur, c’est bon pour les hommes de croire aux idées et de mourir pour elles ) Piochez parmi les adjectifs suivants : têtue, orgueilleuse, déterminée, libre, négative, butée, obstinée, courageuse, suicidaire …..”elle a préféré sa folie et la mort” dira Créon à son fils  Hémon. 

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3. Anouilh dresse de la royauté un portrait original: Créon est défini comme un homme robuste aux cheveux blancs, avec des rides et fatigué; il se demande s’il n’est pas vain de conduire les hommes mais au matin, il se lève et se retrousse les manches; il a renoncé à ses plaisir personnels pour gouverner; il entend devenir un prince sans histoire et fait souvent référence à son beau-frère Oedipe dont il entend se démarquer : “moi j’ai les deux pieds sur terre et j’ai résolu de m’employer tout simplement à rendre l’orde de ce monde un peu moins absurde, si c’est possible “. C’est un métier; les rois ont autre chose à faire que du pathétique personnel j’ai le mauvais rôle , précise-t-il à Antigone..il affirme prendre le temps qu’il faudra pour la sauver en dépit des urgences du royaume: “Au lendemain d’une révolution ratée, il y  a du pain sur la planche, je te jureun matin je me suis réveillé roi, avoue-t-il et je me suis senti comme un ouvrier qui refusait un ouvrage. Il prétend aussi être un roi dont l’autorité est bafouée par les refus d’Antigone ; il n’a pas été assez fort pour l’empêcher de mourir .

4 et 17 et 22 . Anouilh construit sa pièce en imitant certains aspects des tragédies grecques dont il reprend d’ailleurs un sujet ; il place ainsi un prologue joué par un acteur (le même que celui qui interprétera le rôle du choeur ) au début de sa pièce; Ce prologue ,conformément à la tradition, annonce le sujet présente l’histoire et décrit les personnages ainsi que le dénouement .  

Le choeur lui aussi interviendra dans la tragédie à plusieurs reprises ; juste après l’annonce par les gardes de la découverte de la profanation (et voilà maintenant le ressort est bandé..lecture analytique 1 ) ; il s’adresse plutôt au public ; il s’adresse ensuite à Créon à la fin de la pièce pour lui demander de ne pas faire mourir Antigone et pour souligner sa folie ; Cette fois , il s’agit d’un échange avec le roi et le choeur rappelle qu’Antigone n’est qu’une enfant . Le choeur réapparaît lors du départ précipité d’Hémon ; Il semble inquiet et s’adresse une fois encore au roi: “Créon il faut faire quelque chose ” Il entrera sur scène pour annoncer après la sortie d’Antigone emmenée par les gardes ; “là, c’est fini pour Antigone “; Il dialogue avec le messager; ensuite avec Créon et  et reste sur scène jusqu’au baisser de rideau et prononce les dernier mots de la pièce ; Ce passage se nomme l’exodos dans la tragédie classique (la sortie du choeur qui marque la fin de la pièce ) . Anouilh a choisi un final pour le moins inattendu en partie” Il ne reste plus que les gardes; Eux tout ça, cela leur est égal; c’est pas leurs oignons. Ils continuent à jouer aux cartes. 

5.Pour résumer la différence entre les deux pièces, on peut évoquer la toute puissance de la religion à laquelle obéit l’héroïne grecque  de Sophocle alors que dans la pièce d’Anouilh, elle semble avant tout agir pour elle et invoque sa liberté de dire non.

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6. 7 et 8  Antigone entre en scène sans faire de bruit, à l’aube, ses chaussures à la main pour ne réveiller personne ; Elle vient de jeter une poignée de terre sur la dépouille de son frère Polynice et donc d’enfreindre la loi. Elle se fait surprendre par sa nounou qui pense qu’elle est allée rejoindre un garçon; Le drame s’ouvre donc sur un quiproquo comique . La nourrice la gronde et l’interroge et les réponses de la jeune fille ne sont pas comprises réellement. On notera le ton poétique avec lequel Anouilh décrit cette nuit là ..

9,10. La relation entre les deux soeurs est basée sur un contraste : Ismène,l’aînée se montre à la fois protectrice et raisonnable “moi je suis plus pondérée” ; elle tente de convaincre Antigone d'être sage et de renoncer à sa folie de s'occuper de la sépulture de leur frère; il y a un effet d’ironie tragique dans les paroles d’Ismène car c’est déjà trop tard ; deux échanges ont lieu dans la pièce entre les soeurs; Le premier juste après l’arrivée d’Antigone résume la jalousie de cette dernière , qui a longtemps été malheureuse à cause de la beauté de sa soeur . La seconde apparition d’Ismène suit la sortie d’Hémon ; Antigone est en pleurs et elle avoue à sa soeur ce qu’elle vient de faire; Ismène quitte la scène sur un cri. A la fin de la pièce au moment où les gardes vont l’emmener , Antigone refuse qu’elles pleurnichent toutes les deux ensemble et Ismène tente de la convaincre; C’est peine perdue..Ismène retourne alors se coucher et ne réapparaît qu’à la fin de la pièce elle fait son entrée en scène dans un cri  et demande pardon à sa soeur ..elle souhaite mourir avec elle mais Antigone refuse. Elle paraît donc n’avoir aucune influence sur sa jeune soeur ; Sa seconde entrée en scène est pathétique : “Je ne veux pas vivre si tu meurs,je ne veux pas rester sans toi ” crie-t-elle et Antigone semble alors plus pressée que les gardes l’emmènent comme si elle se refusait de céder à l’émotion . D’ailleurs on peut noter qu’elle s’ adresse assez durement à Ismène: “laisse-moi maintenant avec tes jérémiades” . Et elle lui reproche de ne pas être allée  elle aussi sur  la tombe de Polynice . Ismène promet de s’y rendre dès le lendemain. 

11. 12  Antigone est une véritable héroïne tragique notamment parce que sa mort est inscrite dans le texte; Dès le début de la pièce et bien avant que son forfait soit découvert, elle s’exprime comme si elle allait mourir;Le dramaturge emploie fréquemment le  conditionnel passé notamment et évoque la vie future sans elle , la tristesse de sa chienne qu’elle suggère da’illeurs étrangement de faire piquer , la suite de la vie d’Hémon . Autant de petits détails qui révèlent qu’elle se comporte comme si elle savait d’ ores et déjà que ses jours sont comptés. “Nounou tu ne devrais pas être trop méchante ce matin …moi aussi j’aurais bien voulu ne pas mourir..”  Elle demande d’ailleurs à sa nounou de la consoler comme quand elle  était petite et lui avoue qu’elle seule doit savoir que justement elle se sent un “peu petite” pour ce qui l’attend. Antigone apparaît fragile dans cette scène et cherche une aide auprès de sa nourrice. 

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13. Cette scène pathétique précède l’arrivée d’Hémon , le fiancé de la jeune fille et son amoureux également. Antigone lui avoue alors qu’elle s’était faite belle  la veille pour se donner à lui mais il a ri en la voyant si belle avec la robe d’Ismène et  maquillée ; alors Antigone s’est sentie vexée et elle s’est enfuie. Elle révèle à Hémon qu’elle ne l’épousera jamais et lui demande de sortir sans la regarder. 

14. Les entrées des personnages rythment la pièce comme souvent au théâtre; Une fois Hémon sorti, Ismène revient pour implorer sa petite soeur de ne pas commettre l’irréparable mais cet échange est interrompu tragiquement par l’arrivée du garde qui vient justement prévenir le roi Créon que le cadavre de Polynice a été recouvert par un peu de terre “juste assez pour le cacher aux vautours ” ; Le crime vient donc d’être découvert ce qui va précipiter l’enchainement inéluctable des faits comme le suggère la tirade du choeur (notre extrait 1 ) 

15. Les gardes constituent un contrepoint comique dans la pièce ; Leur fonction principale est de dédramatiser l’action et leur bêtise ainsi que le caractère obtus, leurs querelles , distraient le spectateur . Le prologue les présente comme “trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes; Ce ne sont pas des mauvais  bougres précise-t-il. Ils ont des femmes et des enfants des petits ennuis aussi comme tout le monde mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure . Ils sentent l’ail le cuir et le vin rouge .  Ils sont dépourvus d’imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents  et toujours satisfait d’eux-mêmes ,de la justice de Créon. Ils entrent en scène pour avertir le roi dont ils craignent la réaction. Ce dernier leur demande de garder le silence et les accuse de négligence; Il les menace de mort s’ils ébruitent l’affaire . Ils reviennent après avoir arrêté Antigone qui a recommencé à gratter la terre de la tombe de son frère mais apparemment ils ne savent pas qui elle est et surtout  ils ne la croient pas quand elle se présente comme la fille d’Oedipe .Ils  s’expriment familièrement et entendent bien profiter de leur solde pour aller au restaurant . Ils donnent leur version des faits à Créon et quittent la scène; Ce dernier les fera revenir sur scène quand il aura pris enfin la décision de faire exécuter sa nièce ; Antigone va alors tenter de dicter une dernière lettre d’adieu à son fiancé et le garde qui la surveille maintient volontairement ses distances avec elle même s’il accepte d’écrire la lettre qu’elle lui dicte. A l’arrivée de ses camarades, il glisse l'”anneau que lui a remis la jeune fille dans sa poche et range le carnet sur lequel il écrivait .. et “gueule pour se donner une contenance ” Allez! pas d’histoires !  Lorsque le rideau se baisse , on indique que les gardes sont en train de jouer aux cartes. 

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16. et 18 . La pièce résume assez brièvement les éléments de l’enquête qui conduit à l’arrestation d’Antigone; Le premier indice c’est la terre qui  a bougé,; on pourrait soupçonner un animal mais “la terre était jetée sur lui selon les rites ” ensuite les traces de pas d’oiseau autour de la tombe, des petits pieds d’enfant, une petite  pelle d’enfant toute vieille et toute rouillée  avec le nom de Polynice et enfin,Antigone se fait prendre une flagrant délit en train de gratter la terre. “comme une petite hyène” ;Elle a de la terre sous les ongles et ne cherche nullement à nier les faits .

19. 20 et 23  La partie centrale de la tragédie est un long face à face entre Créon et sa nièce; Ils s’opposent âprement et le roi tente , à plusieurs reprises de justifier ses décisions et d’expliquer les contraintes de l’exercice du pouvoir. Les grecs appelaient ces affrontements des duels oratoires ou agon. La première étape consiste pour l’oncle à interroger sa nièce et à lui rappeler qu’elle a enfreint ses ordres; elle reconnait immédiatement ses torts “j’étais certaine que vous me feriez mourir ” dit elle. Le roi lui rappelle ensuite l’histoire de sa famille, le destin funeste de son père et tente de lui faire peur; Il pense que cela va suffire à lui faire entendre raison mais elle demeure sur ses positions, déterminée à y retourner : “Il faut que j’aille enterrer mon frère ”  Elle fait ce geste pour elle et prétend qu’il ne peut la sauver en dépit de son pouvoir de roi: “ni me sauver ni me contraindre.. vous pouvez seulement me faire mourir.”  Créon invoque ensuite les raisons d’Etat : l’exposition du cadavre du régicide est nécessaire selon lui pour que  les brutes qu’il gouvernent comprennent . “il faut pourtant qu’il y en ait qui disent oui” explique-t-il à sa nièce dans une longue tirade sur les difficultés de exercice du pouvoir . Mais Antigone demeure murée dans une sorte de mépris alors il tente de lui raconter qui était vraiment son frère et le mal qu’il a fait endurer à leur famille. Après ces révélations, Antigone semble touchée et affaiblie mais elle le provoque dans un dernier sursaut d’orgueil  en le traitant de “cuisinier” et il tente désespèrement de la faire taire. Il appelle alors les gardes pendant qu’Ismène lui lance qu’elle se rendra elle aussi le lendemain sur la tombe de leur frère. Le geste d’Antigone aurait-il fait des émules ? 

21 Le refus du bonheur : alors que son oncle essaie de la convaincre qu’elle doit croire au bonheur, Antigone remet en question ce mot ; “quel sera-t-il mon bonheur ? ” elle affirme ne jamais pouvoir être heureuse si elle doit mentir, se vendre et laisser mourir en détournant le regard . Elle maintient son  choix; “vous me dégoûtez tous avec votre bonheur; avec votre vie qu’il faut aimer coûte que coûte. On dirait des chiens qui lèchent tout ce qu’ils trouvent. ” 

25. Il est difficile de se prononcer  au final sur l’attitude de la jeune fille  et les avis seront surement partagés; que vous la trouviez courageuse, idéaliste et admirable ou au contraire butée, orgueilleuse et égoïste, il vous faudra justifier votre avis en vous servant d’éléments précis dans la pièce et notamment de citations. 

26. En 1944 dans la France occupée, il est difficile de faire entendre publiquement ses divergences avec le gouvernement provisoire de Vichy, sous les ordres des allemands ; Le pays est occupé et la guerre fait rage; des français de plus en plus nombreux combattent dans la Résistance et d’autres ne savent pas très bien dans quel camp se situer. Anouilh a utilisé un mythe mais on peut penser qu’Antigone représente la position de certains résistants décidés à donner leur vie pour leur idéologie ( destruction du nazisme et du Reich) ; la pièce a été applaudie longuement et a connu un triomphe . 

27. Le public a été enthousiaste . Dans le roman de Chalandon, il résume notamment l’ambiance lors de la première représentation. 

28. La notion de mélange des genres désigne le fait de passer dans une même pièce de passages tragiques et pathétiques à des scènes plus légères qui comportent des élément comiques ; C’est la fin de la séparation des deux principaux genres que sont la comédie et la tragédie; Ensuite c’est plutôt une question de proportion entre les éléments comiques et les éléments tragiques .

 

 

01. décembre 2017 · Commentaires fermés sur Naissance d’un projet : Germinal ou le roman des ouvriers mineurs · Catégories: Seconde · Tags: ,
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Après avoir écrit l’Assommoir qui évoque les ravages de l’alcoolisme dans la famille d’ Etienne Lantier, Zola constate qu’il n’a que peu parlé du rôle social et politique de la classe ouvrière. Il réalise en effet, à cette époque la naissance d’un vaste mouvement socialiste en Europe et il pense qu’il possède là de la matière pour un nouvel opus des Rougon-Macquart. En France la situation politique était en pleine évolution car dès 1877 la démocratie libérale permet l’essor des syndicats qui seront libres en 1884 et des partis ouvriers socialistes. En 1875 on commence à connaître les idées de l’ouvrage majeur de Karl Marx : Das Kapital, qui est traduit dans de nombreuses langues. A trois reprises , entre 1878 et 1884, des grèves éclatent et paralysent l’industrie minière du Nord de la France; A la même période, des attentats anarchistes éclatent un peu partout en Europe , en Italie, en Espagne mais aussi en Russie où les révolutionnaires anarchistes s’en prennent au Tsar ; Alexandre III qui meurt assassiné en 1881. C’est dans ce contexte politique de bouleversements qu’il faut replacer la création de Germinal. 

Zola, en effet, est très attentif à l’actualité politique nationale et internationale. Le nihiliste devient un personnage littéraire à la mode et de nombreux romanciers en font un des héros de leurs romans : la figure de Bakounine est dans l’ombre du personnage fictif Souveraine . Tout au long de son roman, l’auteur s’efforce de décrire avec une précision documentaire le mode de vie des ouvriers et en même temps, il prédit sur un mode visionnaire des bouleversements sociaux et politiques. Pour Zola la classe ouvrière  est en train de fermenter et peut suivre deux voies : le socialisme révolutionnaire soit marxiste soit nihiliste. Lorsqu’il commence à évoquer son projet romanesque, il pense à mettre, dans le rôle du héros un “ouvrier d’insurrection ” mai peu à peu, il élargit cette figure et Etienne apparaît davantage comme un prolétaire que comme un véritable révolutionnaire ; La grève a été choisie car elle offre au romancier des situations dramatiques qui peuvent ainsi donner aux faits décrits le relief nécessaire .

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Les mineurs sont alors au centre des media: la Chambre des députés étudie les textes législatifs qui réglementent les conditions de travail dans les établissements miniers français; On parle également beaucoup dans les journaux des grèves des mineurs. De plus, durant l’été 1883 alors en vacances en Bretagne, Zola fait la connaissance du professeur Giard qui enseigne les sciences à Lille et qui occupe la charge de député de gauche . Ce dernier invite Zola à venir voir par lui-même dans le Nord, comment vivent les mineurs . En janvier 1884, Zola avait parlé de son projet à Edmond de Goncourt qui note alors dans son Journal : ” Il serait plus porté à faire quelque chose se rapportant à une grève dans un pays de mine et qui débuterait par un bourgeois égorgé à mort. Puis le jugement, des hommes condamnés mort, d’autres à la prison . Et parmi les débats du procès,l’introduction d’une sérieuse et approfondie étude de la question sociale. ” Le titre est déjà trouvé en référence au calendrier révolutionnaire ; ce sera Germinal. 

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L’imaginaire de l’écrivain est empreint de violence et il représente ces soulèvement populaires avec une grande cruauté et parfois pour donner au lecteur bourgeois un frisson de terreur; A cette époque, nombreux sont les auteurs qui partagent l’idée que la misère peut mener aux crimes les plus sauvages. On y voit des maisons attaquées à coups de pierre, des meurtres qui s’accompagnent de violence animale comme la castration de l’épicier Maigrat ; Mais cette flambée de violence a été préparée dans le récit par un ensemble de circonstances; En effet, les romanciers réalistes prennent la peine de motiver les actions de leurs romans ; Pour préparer ce soulèvement des mineurs, Zola a commencé à noter leurs conditions de vie déplorables , la dureté de leur labeur, leurs salaires misérables, les vexations qu’ils subissent de la part de leurs employeurs qui les infantilisent ; Pour décrire ce quotidien des mineurs, il est allé séjourner à Anzin ; 

En 1884 éclata la grève des 12000 mineurs d’Anzin,  une petite localité près de Valenciennes; A cette occasion, Zola  se rend au coeur du pays minier ; Reçu par le directeur de la mine il parcourt les installations des bassins , descend au fond de la fosse Renard à moins 675 mètres sous terre sous la conduite d’un ingénieur; Minutieusement, il reconstitue les moindres détails du travail des mineurs et note au jour le jour se impressions; il a cru étouffer dans les galeries et a été surpris par le passage d’un cheval blanc qui tire une berline (il transformera cette anecdote en un émouvant passage du roman: la descente de Trompette accueilli par le vieux  cheval Bataille ) ; Zola se fait expliquer l’extraction, le criblage, et écouté esse témoignages des mineurs qui évoquent le coup de grisou, la fatigue, la terreur d’être enterré vivant au fond. 

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Dans ses notes , Zola détaille les tâches de chaque métier : porion, herscheur, cribleur, galibot; Comme un ethnographe, il entrait chez les familles de mineurs avec son petit carnet à la main et prenait inlassablement des notes sur ce qu’il voyait ou entendait. L’aspect misérable de l’habitat ouvrier l’a profondément marqué et il dépeint un coron noir, triste, et sale. Il se renseigne également sur les distractions préférées des mineurs : les quilles, les cartes; Examine l’air fatigué des femmes, commente les amours libres des filles et conclut fin février qu’il s’agit “d’un pays superbe pour le cadre de mon bouquin ” ; Fasciné par l’espace industriel et sa curieuse géométrie, Zola pense au parti qu’il va pouvoir en tirer pour les grandes descriptions de Germinal. 

En mars 1884, quand il rentre à Paris, le romancier a la nette impression que les périls s’accumulent et que la montée de l’irritation ouvrière est inévitable : Lorsque son roman est publié, certains journaux conservateurs parlent de diffamation de la société française et accusent Zola de salir l’honneur des honnêtes travailleurs, une population houillère “si douce, si calme,si honnête , si attachée à son travail pénible .”  ; Zola se défend en disant qu’il a atténué la réalité de ce qu’il a pu voir sur place. 

01. décembre 2017 · Commentaires fermés sur La décision d’Etienne dans Germinal (fin de la première partie ) · Catégories: Seconde · Tags: ,
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Etienne Lantier, machineur au chômage, est le héros de Germinal; Fils de Gervaise Lantier , une ouvrière parisienne qui a sombré dans la misère et dans l’alcoolisme , il  arrive dans le Nord de la France et tente du trouver du travail; Avec ce personnage étranger , Zola utilise un procédé réaliste appelé “l’oeil de l’étranger ” ou la fiction du voyageur étranger “; Cette technique permet à un écrivain de donner un maximum de détails au lecteur sur la région et les gens qui apparaissent dans le roman en prétextant que le héros a besoin de ces renseignements . L’écrivain nous donne ainsi à voir l’univers de la fiction par les yeux et le point de vue de ce personnage qui va de découverte en découverte, et à qui il est nécessaire de tout expliquer. C’est par ce biais que les romanciers réalistes motivent leurs descriptions qui sinon pourraient paraître fastidieuses ou inutiles aux yeux du lecteur pressé de découvrir l’ avancée de l’intrigue . 

(fin de l’introduction ; situation de l’extrait , problématique retenue et plan d’étude du commentaire ) Le passage que nous étudions se situe à la fin de la première partie du roman; Le personnage d’ Etienne contemple alors longuement le paysage à la fois campagnard et  industriel qu’il a sous les yeux et ses pensées semblent flotter au gré de sa contemplation. Nous nous demanderons comment Zola organise cette description qui fait écho à l’arrivée d’Etienne  en pleine nuit au début du roman : nous verrons dans un premiers temps les caractéristiques réalistes de cette description avant d’en étudier les marques de la subjectivité qui rendent compte du regard du personnage. 

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La description commence par le canal : Zola utilise ici une toponymie réalisé avec la mention de la Scarpe  qui serpente entre le Voreux et Marchiennes ; cette rivière sert de convoyeur pour le minerai et du coup elle est transformée par cette utilisation industrielle; d’abord on note qu’elle a été canalisée pour les besoins du transport : décrite ave des accents poétiques comme la métaphore “ruban mat” , elle est surtout longue de deux lieues et au moyen d’une métaphore, Zola l’identifie à une avenue bordée d’arbres; On note que ce procédé est fréquent dans le roman: le romancier mêle les éléments naturels dans une sorte de mélange dans lequel ils ont tous des éléments communs. La terre est décrite comme le ciel : la route se change en mer et ici la rivière est qualifiée d‘avenue . On retrouve ainsi , à la fin du premier paragraphe, la rivière assimilée à une grande route : “une eau géométrique ..charriant la houille et le fer ” Zola semble ici montrer la transformation du paysage naturel en paysage industriel sous la main de l’homme soucieux d’utiliser au mieux  les voies de transport que lui offre le site;

La description est très précise et comme souvent mentionne des petits détails qui ont comme effet d’augmenter l’authenticité de l’ensemble : ainsi l’arrière des péniches est qualifiée de vermillonné, presque un terme pictural ; De même les mouvements sont précisés :  le canal fait un coude et coupe de biais les marais; 

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vêtements des ouvriers au séchage 

Enfin la description est progressive comme l’indiquent les verbes de perception visuelle : “les regard d’Etienne remontaient du canal au coron “et l’écrivain semble la limiter à l’angle de vue permis par la position du personnage : “il distinguait seulement les tuiles rouges ” Ce procédé qui consiste à limiter la description à un champ de vision fait partie également des techniques de description réaliste et peut être rapproché de ce qu’on nomme la description subjective qui elle nous fait part des sensations et des sentiments du personnage observateur . 

Ce paysage est vu par le regard du personnage : Etienne regardait et semble surpris de ce qu’il voit ; ses regards se déplacent et permettent une sorte de panoramique du paysage industriel ; Les tas de briques lui semblent énormes , on entend un wagon qui jetait un cri aigu; Zola personnifie ici les objets pour faire entendre ce grincement dans lequel on pourrait identifier les cris de douleur des hommes . 

On retrouve également à la fin du paragraphe, le puits comparé à un monstre avec son “haleine grosse et longue ” et l’image de l’ogre confirme ce que nous avions déjà pu deviner ; L’écrivain utilise ces métaphores récurrentes  pour évoquer la dangerosité du travail des mineurs : les hommes qui descendent sous terre prennent le risque d’être dévorés comme des proies par un Dieu cruel : “ce dieu reçu et accroupi, auquel dix mille affamés donnaient leur chair sans le connaître ; ” ce dernier point pourrait faire référence à l’anonymat des actionnaires qui se partagent les bénéfices des compagnies minières et nomment à leur tête de simples salariés pour les diriger . 

Le personnage du héros se trouve face à un choix: il n’est plus tout à fait un inconnu et le romancier rappelle le chemin parcouru depuis son arrivée : “ce n’était plus l’inconnues ténèbres ” ; Peu à peu son regard se familiarise avec ce qu’il voit et sa connaissance des réalités industrielles fait disparaitre certains côtés qui pouvaient sembler fantastiques au départ : “les tonnerres inexplicables ” sont devenus les bruit des pompes d’extraction des puits et les “flamboiements d’astres ignorés” tout simplement les lampes qui servent à guider les hommes qui vont au travail ; 

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Etienne prend alors la décision de rester et le romancier la motive en fournissant deux hypothèses qui vont créer l‘horizon d’attente du secteur pour la suite du roman: les yeux clairs de Catherine laissera supposer une histoire d’amour entre ces deux personnages mais la véritable raison avancée par Zola c’est “le vent de la révolte, qui venait du Voreux ”  ; Le personnage est déterminé à “souffrir et se battre ” pour ces gens auxquels il songe “violemment ” On note ici que par une sorte de glissement l’adverbe  violemment indique tout autant la force de la pensée d’Etienne et la violence qui est  jusque là contenue dans le personnage mais qui ne demande qu’à éclater. 

En conclusion ce passage descriptif  a plusieurs fonctions essentielles : d’abord il nous montre la transformation des paysages naturels sous l’effet de l’industrialisation et  ensuite il précise l’évolution du personnage et laisse entendre au lecteur que le combat peut désormais  commencer : le héros semble prêt à relever le défi et l’action principale du roman est enfin lancée : ce vent de révolte suffira-t-il à faire trembler la terre ? 

Plan détaillé 

I Une description réaliste 

1. le canal au centre

2. les petits détails

Transition : un paysage industriel 

II Une description subjective

1. la vision d’ Etienne 

2. un regard plus familier 

l’annonce de la révolte 

13. novembre 2017 · Commentaires fermés sur Histoire des débats télévisés · Catégories: Divers

Les émissions de débat télévisés sont de plus en plus nombreuse et attirent des publics variés; A l’origine, ce sont souvent des émissions de débats politiques qui peu à peu abordent des sujets de société . Elles sont animées par des journalistes qui accueillent sur le plateau différents invités choisis à l’avance pour leurs avis divergents . Certaines se spécialisent dans les polémiques et cherchent à faire de l’audimat en créant des scandales; d’autres s’efforcent simplement de présenter au téléspectateurs des points de vue différents sur des sujets d’actualité . Plusieurs critères sont à prendre en considération pour fabriquer une émission de ce type. 

 Comment organiser un débat télévisé ? 

  • –  Débat spectacle ou débat réflexion ?

  • –  Trouver un titre à l’émission, au débat

  • –  Organiser le plateau :

o Dispositif scénique, mobilier, décor
o Emplacements (présentateur, public, invités)

– Le présentateur- journaliste :
 Qui ? un ou deux ? Apparition, vêtements, gestuelle, voix, documents, déplacement, debout, assis, rôle…

Distribue la parole :

 Choisit les intervenants

 Réagit à des demandes d’intervention

 Relance le débat :

 Réagit à ce qui est dit
 Exprime des opinions
 Introduit de nouvelles idées

o Gère le temps de parole

  • –  Le public : quel rôle, où est-il ?

  • –  Les invités : qui ? où ? comment interviennent-ils ?

  • –  Le lancement :

o musique ?
o écrire le texte de présentation du sujet
o présenter les invités : prénom et nom, fonction (justifier leur présence sur le plateau) 

Quelques émissions célèbres : 

Droit de réponse était une émission de débats télévisés polémiques en direct, de Michel Polac réalisée par Maurice Dugowson et diffusée sur TF1 entre le 12 décembre 1981 et le 19 septembre 1987, de manière hebdomadaire le samedi à 20 h 30.

C dans l’air est une émission télévisée française de débat consacrée à l’actualité. Crée en 2001 par Jérôme Bellay et Yves Calvi, elle s’impose rapidement en tant qu’émission phare de la chaîne France 5. 

On n’est pas couché est une émission française de débat télévisé diffusée depuis le 16 septembre 2006 sur France 2, chaque samedi soir en deuxième partie de soirée vers 23 h, présentée .

 

 

11. novembre 2017 · Commentaires fermés sur Atelier d’écriture : lettres jamais écrites · Catégories: Seconde
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Estelle Savata : le metteur en scène 

Ce vendredi 10 décembre, la classe de seconde 4 et la classe de seconde 1 ont pu assister à la représentation théâtrale à l’Orange Bleue d’un spectacle de la Compagnie Hippolyte a mal au coeur interprété par un duo de comédiens qui nous ont fait vivre la situation suivante ; des adolescents ont écrit des lettres qu’il n’ont jamais envoyées: lettres à un père, un grand-père, une mère, à Dieu, à son futur moi,; une jeun fille a écrit à la jeune fille timide qu’elle était deux ans plus tôt; un jeune homme a écrit à son futur fils. Ensuite, chaque lettre a été envoyée à un auteur qui devait y répondre et la metteur en scène a ensuite mélangé les lettres écrites par les jeunes et les réponses reçues ; Pour chaque lettre , les comédiens ont ébauché une mise en scène et avant le spectacle, les lettres choisies par le public sont distribuées aux jeunes présents dans la salle . Certaines lettres étaient émouvantes, d’autres drôles et parfois tristes aussi ; à vous de vous transformer en épistoliers mais à travers la fiction …

A votre tour, vous allez inventer une correspondance fictive entre les personnages du roman; sur des feuilles  de couleur , vous allez devoir imaginer les échanges entre les différents protagonistes de l’orangeraie . Attention, vos lettres devront parfaitement coïncider avec les événements décrits dans le roman ! Il ne faudra modifier ni la chronologie des événements, ni les lieux ni les relations entre les personnages mais vous pourrez inventer des secrets de famille et révéler des moments qui ne sont pas décrits dans le roman.

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Quelques règles d’écriture à respecter; Choisissez d’abord un  personnage du roman et un seul ; vous avez le choix par ordre alphabétique …Amed, Aziz,  Dalimah, Dieu, Dodi, Hamil, Kamal,  Mickael,  Moni,Mounir, Naliffa, Tamara, Shahina,  Sony, Soulayed, Zahed..;vous pouvez aussi nommer et inventer les personnages suivants ; un médecin à l’hôpital, l’esprit du jardin, le fantôme de la grand-mère, les esprits de la maison ou de la terre ou du jardin, le psy que va se décider à consulter Amed/Aziz, la femme de Mikaël.. vous pouvez également me soumettre d’autres suggestions en classe !

Quand vous avez choisi votre personnage qui sera donc l’expéditeur de la lettre, vous allez adresser cette lettre à un autre personnage du roman : le nom de l’expéditeur et celui du destinataire figureront sur l’enveloppe dans laquelle chaque lettre sera glissée ; ensuite, vous récupérerez la lettre écrite par votre destinataire et vous lirez sa réponse; Alors, à votre tour, vous pourrez également répondre à celui qui vous a écrit ;

Les lettres seront manuscrites et  limitées à 250 caractères soit environ 20 lignes . Le style que vous utilisez doit être le plus proche possible de celui que vous avez découvert dans le roman : il s’agit donc à la fois d’un exercice d’invention mais aussi d‘imitation. 

26. octobre 2017 · Commentaires fermés sur Qui est Antigone ? · Catégories: Première · Tags:

Fille maudite d’un héros lui-même maudit, Antigone voit son destin scindé en deux parties. 

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 Antigone est donc au départ de son histoire,  la fille d’un inceste tragique; son père Oedipe,  devenu roi de Thèbes après sa victoire sur le sphinx, a épousé la reine Jocaste,  sans savoir qu’elle était sa mère biologique. Abandonné à sa naissance par ses parenst  Jocaste et LaIos, oedipe n’a pas été sacrifié comme cela avait été prévu par ses parents par le serviteur destiné à le mettre à mort ; il a simplement été laissé attaché  dans le désert et recueilli par un berger qui l’a conduit auprès de ses maîtres : le roi et la reine de Corinthe qui l’ont adopté et lui ont caché ses véritables origines; Toutefois, des rumeurs laissaient entendre qu’il était un “enfant trouvé ” et pour en avoir le coeur net, Oedipe décéda d’aller consulter un oracle qui lui révéla la vérité mai sous une forme obscure ; Il tuerait son père et coucherait avec sa mère. C’est ce même oracle qui avait déjà prédit vingt an plus tôt à se parents biologiques que leur premier fils serait à tous deux la cause de leur mort. C’est pourquoi Laiös et Jocaste avaient décidé de sacrifier Oedipe, leur premier né.

Après avoir entendu l’oracle , Oedipe décide de ne jamais retourner à Corinthe où il pense qu’il pourrait faire du mal à ses parents ; il prend alors le chemin de Thèbes et en chemin, rencontre un vieillard qui refuse de lui céder le passage; Il tue ce dernier dans un accès  de colère devenant ainsi le meurtrier de son père biologique qu’il n’a jamais connu. En chemin, il triomphe de l’énigme du monstre qui terrorisait la région et reçoit comme trophée le trône de la ville de Thèbes occupé par Créon et sa soeur Jocaste depuis la mort de Laïos. Il devient ainsi le roi légitime. Il fonde une famille avec celle qui est à la fois sa mère et son épouse.  Mais les Dieux vont lui révéler l’étendu edu ses crimes et l’accomplissement de l’oracle.

 Après le suicide de Jocaste, honteuse de son inceste involontaire, Oedipe, qui s’est crevé les yeux, s’exile à Colone sous la conduite d’Antigone. Sa soeur Ismène les y rejoint. Le poète Ducis met ces mots dans la bouche d’Oedipe s’adressant à sa fille qui a su si bien s’occuper de lui. 

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Oui, tu seras toujours chez la race nouvelle
De l’amour filial le plus parfait modèle; 
Tant qu’il existera des pères malheureux 
Ton nom consolateur sera sacré pour eux: 
Il peindra la vertu , la pitié vive et tendre
Jamais sans tressaillir ils ne pourront l’entendre! 

 A retenir : Antigone devient , en quelque sorte, la fille modèle , entièrement dévouée à un père monstrueux et aveugle qui nécessite d’être aidé en permanence et qui dépend totalement d’elle . 
 

Après la mort d’Oedipe, les jeunes filles reviendront volontairement à Thèbes où le roi Créon, leur oncle, avait promis de marier Antigone à son fils Haemon ou Hémon. Une guerre de succession oppose  alors les frères d’Antigone :  Etéocle et Polynice qui finissent par  s’entretuer.    Créon , alors au pouvoir après la mort de sa soeur et l’exil d’Oedipe,  ordonne de  donner à Etéocle une sépulture décente, mais de laisser  le corps de Polynice, qu’il considérait comme un traître à sa patrie,  sans sépulture, à l’endroit  même où il était tombé. Antigone, convaincue que la loi divine qui exige qu’un corps reçoive les honneurs funéraires  devait l’emporter sur les décrets humains, décida, en dépit de l’interdiction proférée par Créon, de rendre les honneurs funèbres à son frère. Surprise par les gardes parce qu’elle avait jeté de la terre sur le mort, elle fut amenée devant le roi. 

 Créon la condamna à être enfermée vivante dans le tombeau des Labdacides où elle devait mourir de faim. Ismène voulut partager son sort mais Antigone refusa car elle n’avait pas eu, en son temps, le courage de s’opposer à Créon. Le devin Tirésias rapporta à Créon ces paroles à peine obscures où il devait sous peine de malédiction plutôt “enterrer les morts et  déterrer les vivants“. Créon comprit et se précipita au tombeau pour le faire ouvrir mais il était déjà trop tard.Antigone s’était pendue avec sa ceinture et son amant éploré, Haemon, chercha d’abord à tuer son père et en le maudissant, il se suicida à son tour suivi dans son acte par sa mère, Eurydice, la femme de Créon qui se trancha la gorge. Le destin tragique d’Antigone se poursuit donc avec ce combat qui l’oppose à Créon, la figure de l’autorité et des lois de la cité; la jeune femme incarne pour beaucoup l’héroïsme de celle qui ose braver la loi des hommes  quand elle ne lui parait pas juste; déterminée et farouche dans son obstination, elle se bat  pour imposer ses idées et faire triompher les loi divines; elle pourrait incarner aussi, dans se côtés obscurs, une part de fanatisme dans son intransigeance .

Antigone et Polynice (c.1806) 
Benjamin CONSTANT 
 

Il existe une autre version  d cela fin tragique d’Antigone racontée par Euripide. Créon imposa à son fils de châtier sa future épouse car ce pouvoir appartient au mari ou au fiancé. Haemon fit semblant d’obéir et cacha Antigone à la campagne où elle lui donna un enfant. Mais un jour que ce dernier participait à une épreuve sportive à Thèbes, Créon remarqua une marque en forme de fer de lance qui était une caractéristique héréditaire de la famille. Il comprit ce qui s’était passé et condamna à mort Haemon et Antigone. Mais Dionysos (ou Héraclès) en personne venu assurer la défense, obtint le pardon et ainsi Haemon et Antigone purent se marier et vivre librement. 

 

Antigone conduit Oedipe hors de Thèbes
Charles-François JALABEAT
 

 

Oedipe conduit par Antigone
Antoni BRODOWSKI (1828)