17. mars 2022 · Commentaires fermés sur Composer un paysage amoureux : le clos de notre amour …d’Emile Verhaeren · Catégories: Seconde · Tags: , , ,

Pour clore l’étude de notre travail sur la poésie lyrique amoureuse, vous allez devoir vous improviser poète et composer votre propre paysage amoureux; Suivez le mode d’emploi et inspirez- vous du modèle donné. 

Emile Verhaeren a composé un poème formé de 3 strophes de longueurs différentes :  un douzain ( ou 3 quatrains ), un sizain ( ou 2 tercets )  et un quatrain ; Il y emploie majoritairement des alexandrins aux rimes suivies et y célèbre la beauté de l’amour grâce aux analogies avec la jardin en été. L’amour est décrit comme une sorte d’enclos, de jardin protégé rempli d’éléments merveilleux ; On y croise des animaux familiers  qui semblent d’ailleurs se fondre dans le paysage comme: un paon d’or, un insecte de prisme , mille abeilles comme des bulles légères. Ce jardin est rempli d’une lumière extraordinaire : tout y  brille et y scintille comme les perles , émeraudes, turquoises; on y admire les lueurs des sous-bois, des grappes d’argent, et des midis radiants comme des roses de lumière.vermeils, à l’horizon nacré, montent vers le soleil” . Le poète évoque la “robe de diamant du bel été ” et ce jardin “de pure clarté” correspond au sentiment amoureux, celui d’ une joie unique éclose en nos deux âmes.”  Un amour  très pur et très doux qui plonge l’univers dans un véritable bain de lumière céleste.  Plus »

15. mars 2022 · Commentaires fermés sur Le langage poétique de l’amour : petites variations amoureuses et histoire de la poésie . · Catégories: Seconde · Tags: , ,

La poésie lyrique médiévale, marquée par l’influence de l’amour courtois, brosse souvent une peinture idéalisée de l’amour : l’homme , le poète s’y décrivent comme des serviteurs de leur dame à laquelle ils attribuent de nombreuses qualités en employant le registre de l’éloge et les correspondances avec des éléments naturels comme les fleurs , les blés, l’eau pure. Toutefois, les poètes soulignent souvent la froideur de la femme aimée  et sa cruauté qui leur brise le coeur et les blesse. Ainsi l’amour, non partagé  est vu comme une maladie ; à la fois poison et remède. De nombreux troubadours utilisent la forme de la ballade pour célébrer l’amour de loin . Christine de Pisan est considérée comme la première femme à vivre de son art:  l’écriture et son livre des cent ballades connut un grand succès .  Elle évoque un amour qui est présenté comme un don de soi : la femme offre un baiser consenti à son amant .La souffrance amoureuse y prend comme souvent une dimension hyperbolique : celui qui souffre par amour est qualifié de martyr et la crainte de l’infidélité est bien présente. Plus »

01. février 2021 · Commentaires fermés sur Atelier haïku · Catégories: Première, Seconde · Tags: , ,

Le mont Fuji sous la neige

Nos apprentis poètes ont découvert l’art du haïku.

Pour compléter notre étude de la poésie amoureuse; nous avons organisé un petit atelier de fabrication de haïkus amoureux ; Qu’est-ce qu’un haïku ?

haïku  Le  terme  aurait été créé par le poète Masaoka Shiki( 1867-1902) : c’ est une forme poétique japonaise

Il s’agit d’un petit poème extrêmement bref visant à dire l’évanescence des choses. Encore appelé haïkaï ( hokku
(son nom d’origine), ce poème comporte traditionnellement 17
mores en trois segments 5-7-5, et est calligraphié traditionnellement soit sur une seule ligne verticale soit sur trois.

Les écrivains occidentaux lorsqu’ils s’inspirent de cette forme de poésie brève transposent le haïku japonais,sous la forme d’un tercet
de 3 vers de 5, 7 et 5 syllabes .
Plus »

21. novembre 2020 · Commentaires fermés sur Coup de foudre au bal : quand la Princesse de Clèves rencontre le Duc de Nemours · Catégories: Lectures linéaires, Première · Tags: ,

Après avoir préparé les portraits  élogieux des personnages principaux, celui du Duc de Nemours ” chef d’oeuvre de la nature ” et celui de la princesse ” une beauté parfaite qui attira les yeux de tout le monde , Madame de La Fayette met en scène la rencontre entre les deux protagonistes.  Cette rencontre est tout d’abord publique: ce sont deux individus très en vue qui se croisent pour la première fois à l’occasion d’un grand bal donné en l’honneur des fiançailles de la seconde fille du roi, Claude de France avec Monsieur de Lorraine Charles III ,fils de la duchesse de Lorrain.La famille de cette dernière a en effet servi de médiateur pour mettre un terme à la guerre entre le roi de France Henri II et le roi d’Espagne Philippe II . La rencontre est donc un événement mondain et  ils seront l’objet de tous les regards . A cette occasion, l’auteure montre à quel point ils sont magnifiques comme s’ils étaient faits pour aller ensemble; Elle détaille également les réactions de la société qui les entoure. Voyons les détails de cette rencontre ….

La lecture linéaire détaillera les 25 lignes de ” Elle passa tout le jour des fiançailles …à s’ils ne s’en doutaient point  ” édition Hatier p 48 , lignes 734 à 759 et  Hachette 713 à 739 p 49. véritable topos littéraire, la rencontre amoureuse prend place dans un décor romanesque et fait l’objet de longues descriptions minutieuses; La princesse se prépare longuement “ tout le jour “ à cet événement qui constitue , en quelque sort, son baptême du feu des mondanités, juste  après son propre mariage , qui s’est tenu quelques semaines plus tôt. Le Prince de Clèves a été  , en fin de compte, le seul à faire sa demande car la maîtresse du roi avait réussi à dissuader les autres partis et l’orgueil de Madame de Chartres constituait également un obstacle ; De plus, en accord avec sa fille, Madame de Chartes a résolu de faire un choix qui pourrait lui convenir . Néanmoins, elle se rend vite compte que la jeune fille n’est pas amoureuse de son mari et elle travaille à lui faire comprendre “ce qu’elle devait à l’inclination qu’il avait eue pour elle avant que de la connaître “; autrement dit, elle lui demande d’être reconnaissante envers son mari Cette précision nous montre  aussi que le sentiment , chez le Prince,précède la connaissance selon le principe bien connu du coup de foudre.  Plus »

21. novembre 2020 · Commentaires fermés sur Amour et politique dans La princesse de Clèves : résumé des intrigues · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première · Tags: ,

Cet article est un relevé non exhaustif des motifs narratifs présents  dans  les 4 parties du roman; Il vous permettra de relire des passages qui vous semblent importants pour vos sujets de dissertation . En travaillant sur les relations entre amour et politique dans le roman, nous sommes amenés à nous poser un certain nombre de questions : tout d’abord quel est le thème le plus important : les affaires ou l’amour ? les histoires d’amour sont-elles toutes dans la sphère publique ou politique? sont-elles subordonnées aux intérêts politiques des personnages ? Quel est le rôle des mariages dans le roman ? comment se nouent et se dénouent les alliances politiques ? Autant de questions dont les réponses vont vous permettre de construire une dissertation ; Et pour commencer , je vous suggère de faire l’inventaire des principales histoires d’amour, et de mesurer leurs conséquences sur le domaine politique ….

Le roman débute avec les amours du roi Henri II avec sa maîtresse Diane de Poitiers alias Madame de Valentinois qui le gouverne avec un empire absolu «  quoi qu’elle n’eût plus de jeunesse ni de beauté » ( p 24) . Cette liaison fait souffrir la reine ( elle -même amoureuse du Vidame de Chartres )  : Cette dernière  dissimule ses sentiments pour des raisons politiques . Après avoir fait différents portraits des grands seigneurs de la Cour, l’auteure termine par celui du Duc de Nemours qui a la réputation d’être un grand séducteur : «  il avait tant de disposition à la galanterie «  et .. « il avait plusieurs maîtresses mais c’était difficile de deviner celle qu’il aimait véritablement. »  On lui prête une liaison avec la reine Dauphine, femme du fils aîné du roi et  nièce des Ducs de Guise. La Duchesse de Valentinois d’ailleurs a cherché , à empêcher le mariage du dauphin avec Marie Stuart car ce mariage renforce la position des Ducs de Guise à la Cour . ( p 25 ) 

Plus »

18. février 2020 · Commentaires fermés sur Quelle vision de l’amour au XXI ème siècle ? Mariage et famille ? · Catégories: Spécialité : HLP Première · Tags:

Aujourd’hui avec l’augmentation du nombre de divorces et les bouleversements liés à l’accélération de nos rythmes de vie, à l’augmentation de notre longévité, aime-t-on de la même manière qu’autrefois ? Comment les individus parviennent-ils encore à concilier leur désir d’épanouissement personnel avec une vie de couple, des contraintes familiales et souvent professionnelles ? Alors que les mariages de raison, imposés par le groupe familial se raréfient , du moins en Europe, on constate que beaucoup de couples sont malheureux ; certains envisagent même des thérapies , des médiations car ils craignent, en se séparant, de briser leur cellule familiale; Comment expliquer cette faillite de l’amour libre et quelles en sont les causes ? Et si l’amour n’était pas fait pour durer ?  Les histoires d’amour finissent-elles mal ne général? Allons faire un  petit tour du côté de la littérature ….

Les romans d’amour nous enseignent le plus souvent la douleur de l’amour et les dangers des passions . Les moralistes classiques mettent l’homme en garde contre les excès en matière de sentiments; L’amour nous rend malade et peut nous faire mourir dans de nombreux cas et particulièrement dans les tragédies te les romans d’analyse psychologique . Les philosophes des Lumières incitent leurs contemporains à faire preuve d’esprit critique et condamnent le libertinage  mais Don Juan , Casanova et les personnages des Liaisons dangereuses fascinent les lecteurs  en transgressant la morale et les codes . 

Stendhal invente alors le concept de cristallisation amoureuse  avec ses couples impossibles . Le siècle suivant  montrera les tourments de  la génération romantique : les héros trainent leurs âmes en peine et les poètes rivalisent d’images sombres : spleen baudelairien, mélancolie de Verlaine, folie avec Nerval , Méditations et lamentations avec Lamartine. On célèbre l’automne, la fuite du temps, le caractère inéluctable de la vieillesse  et on mêle ces thèmes aux déboires amoureux; Les sanglots, les violons et les paysages tristes dominent .   Le réalisme s’intéressera surtout à la puissance du désir et des instincts  en révélant que nous agissons sous l’influence de nos pulsions ;  L’amour peut y mener au crime et on tue souvent par amour : les crimes passionnels intéressent particulièrement les écrivains comme Zola avec Thérèse Raquin ,et La Bête humaine.

La psychanalyse et l’inconscient remplacent progressivement la transcendance et la fatalité des Anciens . L’individu aliéné par son désir , peut tenter de s’en affranchir mais, au même moment, l’amour fou est célébré par les surréalistes qui déclarent leur flamme à travers les images surprenantes de leurs vers libres. Quelle est , de nos jours, la place de l’amour dans la littérature  et comment les écrivains actuels le décrivent-ils ? En soulignent-ils la force ou la faiblesse , les bons ou les mauvais côtés ? Regardons ce  débat entre deux philosophes qui confrontent leur vision de l’amour : écoutons-les et essayons de noter les points essentiels qui les opposent pour pouvoir ensuite ,étendre notre réflexion à certaines oeuvres littéraires contemporaines 

 

12. février 2020 · Commentaires fermés sur Une apparition troublante : Frédéric tombe sous le charme d’une mystérieuse inconnue dans l’Education Sentimentale de Flaubert .. · Catégories: Lectures linéaires, Première · Tags: , ,

Un rencontre amoureuse peut constituer un moment décisif dans le parcours d’un personnage ou ne représenter qu’une possibilité qui tourne court. Gustave Flaubert peint dans L’Education Sentimentale un véritable coup de foudre qui va durablement marquer son héros à tel point qu’il ne réussira jamais à trouver la volonté ou le courage ou la force de transformer cet amour idéalisé en amour “vécu”.  L’individu se heurte à plusieurs obstacles de taille: barrière de la morale tout d’abord car la femme aimée est mariée et mère et barrière sociale car Frédéric,  doit élaborer des stratégies matrimoniales pour s’élever dans la société et Marie Arnoux ne peut lui, être, sur ce plan, d’aucune utilité . Voyons comment l’auteur nous décrit cette rencontre déterminante pour le destin du personnage .

D’emblée la rencontre est présentée comme une apparition et cette femme inconnue se pare des attributs d’une divinité. Sa solitude parait d’emblée subjective et soumise à caution car le narrateur précise “du moins il ne distingua personne “ Cette remarque laisse à penser que le regard du personnage est sous l’emprise d’un choc; En effet, sur ce bateau qui transporte de nombreux voyageurs de Paris à Rouen, il y a sans doute beaucoup de monde mais la rencontre est ainsi mise en relief dans sa dimension extraordinaire; Cet éblouissement que subit le héros à la ligne 3 , a pour origine les yeux de la mystérieuse inconnue; Le jeune homme , pour autant , ne l’aborde pas ; Son corps accuse lui aussi le coup de cette rencontre car “il fléchit involontairement les épaules ” ; ce geste souligné par le narrateur traduit une forme de soumission, de passivité  et même d’asservissement de Frédéric ; la femme est ici vue comme une déesse devant laquelle il se prosterne ; Il n’ose lever les yeux vers elle que lorsqu’il se trouve “plus loin” ;  Cette attitude du personnage peut passer pour une grande timidité ou une forme de peur, ou même une marque de son inexpérience ; Frédéric, rappelons, est âgé de 18 ans.

Le second paragraphe établit un portrait plus précis de la jeune femme  du point de vue du jeune homme ébloui comme l’indique le verbe : il la regarda.  La description suit  l’ordre canonique, du haut en bas; le chapeau de paille rappelle la lumière de cette belle journée d’été et les rubans roses sont ici personnifiés : comme le coeur de Frédéric qui s’emballe sous l’effet du coup de foudre, les rubans “palpitaient au vent ” Le regard descend et contemple les cheveux, dissimulés sous des bandeaux qui entourent “amoureusement” l’ovale du visage; Là encore, l’adverbe reflète les sentiments du jeune homme  et indique qu’il est bien à l’origine des perceptions ; La robe , autre élément de séduction , est également mise en valeur ; la légèreté du tissu, la mousseline, la couleur “claire ” évoquent un cadre lumineux: celui, romantique, à souhait d’une belle journée d’été. Flaubert fabrique un cadre idyllique à cette rencontre dont on devine pourtant la banalité; En effet, elle ne paraît extraordinaire que pour le personnage. Cette femme se donne à voir comme si elle était le sujet d’un tableau et ” sa personne se découpait sur le fond de l’air bleu “.  Nous sommes déjà dans une visions fantasmée .  Cette belle inconnue va devenir l’incarnation du mystère amoureux :  elle demeure immobile telle la statue d’une divinité et le personnage se ridiculise à l’observer en la contournant de peur d’être vu; Cette tentative de dissimulation peut déjà nous transmettre certaines informations ; Frédéric craint d’être repéré et il paraît bien maladroit ; à la ligne 12, le verbe se “planta” a plutôt des connotations négatives et le choix de la position, derrière l’ombrelle, renforce l’idée d’un personnage peureux qui se cache et veut voir sans être vu. Il fait d’ailleurs semblant d’observer une chaloupe sur la rivière ” La passivité du héros est déjà bien présente au cours de cet épisode et l’un des enjeux du roman va, justement consister, à montrer son absence d’évolution .

Pour autant, c’est l’éblouissement qui domine encore avec l‘expression hyperboliquejamais il n’avait vu cette splendeur ” : la négation contribue à rendre encore plus exceptionnelle la beauté de la jeune femme : les éléments du portrait changent de nature et deviennent plus clairement l’expression du désir du jeune homme : le regard se porte sur “la séduction de sa taille ” ligne 14 et “cette finesse des doigts que la lumière traversait ” . Le narrateur montre la femme  en train de broder , activité somme toute, très ordinaire à cette époque et Frédéric semble quelque peu naïf et transporté par ses sentiments . C’est pourquoi on peut penser que la réalité est transfigurée grâce à l’utilisation du point de vue interne.  ; Les objets les plus triviaux lui apparaissent comme des trésors : il considérait son panier à ouvrage avec ébahissement , comme une chose extraordinaire . ” On trouve, dans cette formulation, l’association d’un lexique très fort comme le mot “ébahissement ”  lui-même associé avec une comparaison quelque peu redondante , “extraordinaire ” : cette sorte de tautologie  rend le personnage un peu “ridicule “. Flaubert montre, de cette manière, à quel point la passion peut transformer notre vision des choses; Frédéric souffre déjà d’une sorte de désir insatiable qui se traduit par une litanie de questions ” quels étaient son nom, sa demeure, sa vie, son passé ” peut -on lire à la ligne 15 . Il veut littéralement tout savoir de cette mystérieuse inconnue ; Son désir semble sans fin ; cette fois c’est l’ énumération des objets qui lui sont associés qui  permet de traduire la force de cette passion quasi instantanée : “ il souhaitait connaître les meubles de sa chambre, toutes les robes qu’elle avait portées, les gens qu’elle fréquentait .”  Le désir du héros tente de s’emparer de l’objet qu’il convoite dans une sorte de possession symbolique ; De même que son regard la cerne et l’entoure, ses pensées tentent  également de cerner de son existence toute entière . Cette convoitise est présentée comme douloureuse: on retrouve ici le paradoxe amoureux; En effet, le sentiment amoureux occasionne à la fois une grande joie et une grande souffrance à la pensée que l'objet que nous convoitons , pourrait nous échapper . Le narrateur tente de décrire avec davantage de précision, la nature du désir éprouvé par Frédéric: il élimine la simple possession physique pour faire référence à une forme de désir  supérieur , plus profond et plus total, qui n’est pas sans évoquer l’adoration religieuse. En effet, les mystiques s’efforçaient d’entrer en contact avec le divin  et d’unir leur esprit à une réalité supérieure : ils pouvaient parfois s’abandonner à des formes de contemplation qui pouvaient aller jusqu’au retrait du monde . La subordonnée finale ” une curiosité douloureuse qui n’avait pas de limites ” pourrait être empruntée au vocabulaire religieux pour, justement, caractériser, l’expérience mystique.

L’écrivain s’amuse maintenant à nuancer ce tableau religieux qui pourrait ressembler à une adoration de la Vierge avec l’apparition, non seulement de l’enfant mais également de la nourrice de ce dernier “une négresse”  ( l 20 ) ; le terme ici n’est pas péjoratif mais désigne simplement une femme de couleur . La mystérieuse inconnue est donc d’un statut bourgeois car elle a une domestique et probablement mère car elle prend l’enfant sur ses genoux. Il ne s’agit donc pas d’une rencontre entre deux jeunes gens qui semblent promis l’un à l’autre . Le jeune héros est ici fasciné par une mère de famille : ce qui peut heurter la moral et  on devine une liaison adultère se profiler si la femme est mariée. La précision “déjà grande ” ,  à propos de  l’enfant ,indique que les deux personnages n’ont pas le même âge et là encore, la différence d’âge ainsi que  le fait qu’un très jeune homme tombe amoureux d’une femme plus âgée, peut heurter certaines convictions morales d’un lecteur en 1860. Dès les premières lignes de cette rencontre amoureuse, le romancier prépare l’évolution de l’intrigue entre son héros, Frédéric et celle qu’il considérera comme le grand amour de sa vie mais aucun des deux personnages ne parviendra à vaincre les obstacles qui les séparent .

Marie Arnoux devient un objet de fantasme mais le héros ne transformera jamais cet amour en réalité partagée. Lorsqu’à la fin du passage, il se décide à intervenir pour rattraper son châle qui allait tomber à l’eau à la ligne 26, il peut , grâce à ce geste créer un premier contact mais il ne réussira pas à aller plus loin que de simples formules de politesse. C’est son imagination qui prend le dessus et il rêve à toutes les fois où son châle a servi à la réchauffer; Par l’intermédiaire de cet objet fantasmé, le narrateur nous fait lire son désir : “en envelopper sa taille, s’en couvrir les pieds, dormir dedans. ” Les allusions sont claires et indiquent une forte attirance et un désir de partager l’intimité de Marie, d’être, en quelque sorte, à la place de son châle. Frédéric devient , par son geste , “le rattrapa ” une sorte de héros mais nous sommes bien loin de l’idéal chevaleresque .

Flaubert met en scène , au début du roman, une rencontre amoureuse qui s’apparente à un coup de foudre mystique et laisse deviner au lecteur perspicace que cette liaison est condamnée à échouer car le personnage a donné à la femme le statut d’une divinité inaccessible . En choisissant , qui plus est, une femme mariée et déjà mère, le romancier cherche également ,  à nous faire réfléchir à la manière dont la société de son époque tolère ce type de liaisons . Marie Arnoux sera sur le point de succomber à l’ardeur des sentiments du jeune homme mais , comme La princesse de Clèves, elle ne se résoudra pas à devenir la maîtresse de Frédéric; le jour où ils avaient rendez-vous à l’hôtel, son enfant est tombé malade et elle y a lu comme un signe du destin; elle ne s’est donc pas rendue au rendez-vous et Frédéric fut fou de rage et de tristesse. L’occasion se représenta quand elle fut plus âgée

 Vous trouverez la totalité de la fiche avec le lien suivant : http://keepschool.com/fiches-de-cours/lycee/francais/education-sentimentale.html

Le projet du roman et ses grandes lignes

Le romancier Gustave Flaubert s’est librement inspiré de l’amour absolu et platonique qui le lie à jamais à Mme Schlésinger, cette femme qu’il rencontra jadis, il n’avait pas seize ans. « Je veux faire l’histoire morale des hommes de ma génération, écrit l’auteur ; “sentimentale” serait plus vrai. C’est un livre d’amour, de passion telle qu’elle peut exister maintenant, c’est-à-dire inactive. » Comme on peut s’en douter dès leur première rencontre, cette passion en sera jamais assouvie car le héros idéalise cet amour .Le roman met en scène les ambitions passives de Frédéric Moreau. L’intrigue se résume à la vacuité d’une carrière amoureuse et sociale ratée. Loin de l’image d’un héros romantique entreprenant et ambitieux ,  Frédéric Moreau est bien plutôt un anti-héros. Sa passion pour Marie Arnoux, jamais démentie, jamais aboutie, se résume à une contemplation  plus ou moins perturbée par les mouvements sociaux et politiques de 1848. Ses ambitions sociales, politiques et matrimoniales échouent successivement, Il symbolise à lui seul toute une génération, l’échec d’une jeunesse romantique face à la société bourgeoise et à l’Histoire. Marie Arnoux est la femme adulée. Épouse d’un bourgeois , mère de deux enfants, elle est pour Frédéric l’amante idéalisée, une promesse de bonheur. À la voir, il éprouve « une sorte de crainte religieuse ». Vingt ans plus tard, il la retrouve, et voit « ses cheveux blancs.  » Son désir pour elle est contrarié par quelque chose « comme l’effroi d’un inceste », la crainte du dégoût ou de l’embarras, et le désir de « ne pas dégrader son idéal ». Autour de Frédéric graviteront d’autres figures féminines secondaires. Louise Roque, jeune fille riche et amoureuse qu’il finira par épouser et qu’il quittera, Mme Dambreuse, mondaine parisienne, dont il deviendra l’amant  et Rosanette, courtisane facile avec laquelle il aura une liaison mouvementée, faite de séparations et de retrouvailles  . Aucune de ces trois femmes ne semble pourtant rivaliser avec cet idéal incarné qui obsède Frédéric et qui constituera un échec supplémentaire dans sa vie faite de ratages successifs.

11. novembre 2019 · Commentaires fermés sur Les séductions de la parole amoureuse ..en chansons .. · Catégories: Spécialité : HLP Première · Tags:

Quels mots rêvez-vous d’entendre ? Comment séduire en utilisant une rhétorique amoureuse ? Un premier corpus de textes nous montrera comment évolue la rhétorique amoureuse au fil des siècles ? Séduit-on encore aujourd’hui, en utilisant les mêmes mots qu’autrefois ? Le discours amoureux obéit-il à une logique différente ? Comment rendre une déclaration d’amour persuasive ? Existe-il des genres spécifiques pour transporter la parole amoureuse ? Autant de questions auxquelles nous tenterons de répondre en examinant les textes et leur fonctionnement ? Faut-il connaître le sentiment amoureux pour pouvoir l’exprimer ? Peut- on toucher les coeurs grâce à certaines techniques ? Examinons d’abord quelques exemples …en commençant par la chanson ..

La poésie est souvent considérée comme l’instrument privilégié pour transporter la parole amoureuse : voyons -vous pour quelles raisons ? Le cours d’histoire de la poésie vous montrera quelles formes littéraires ont été privilégiés pour servir de cadre à la parole amoureuse , codifiée ou plus spontanée ? Certaines images littéraires, sans doute innovantes , au départ, sont devenue de plus en plus stéréotypées . Comment déclarait-on sa flamme autrefois ? Comment renouveler le langage amoureux en l’associant à une forme de modernité ? Hommes et femmes emploient-ils les mêmes mots pour dire qu’ils aiment ? 

Commençons par un petit tour d’horizon de ce que nous offre la chanson française  . 

Quand il me prend dans ses bras, qu’il me parle tout bas, je vois la vie en rose; Il me dit des mots d’amour, des mots de tous les jours et ça me fait quelque chose; Il est entré dans mon coeur une part de bonheur dont je connais la cause; 

Que je t’aime que je t’aime que je t’aime que je t’aime que je t’aime que je t’aime …  quand tes cheveux s’étalent comme un soleil d’été et que ton oreiller ressemble aux champs de blé ..quand quand ton corps sur mon corps est  lourd comme un cheval mort quand on fait l’amour comme d’autres font la guerre quand c’est moi le soldat qui meurt et qui la perd 

Il me dit que je suis belle  et qu’il n’attendait que moi, il me dit que je suis celle, juste faite pour ses bras, ll parle comme on caresse De mots qui n’existent pas De toujours et de tendresse Et je n’entends que sa voix Des mensonges et des bêtises Qu’un enfant ne croirait pas Mais les nuits sont mes églises Et dans mes rêves j’y crois

Moi je n’étais rien et voilà qu’aujourd’hui, je suis le gardien du sommeil de ses nuits : je l’aime à mourir. Vous pourrez écrire toute qui vous plaira elle n’a qu’à ouvrir l’espace de ses bras pour tout reconstruite je l’aime à mourir … 

Ne me quitte pas il faut oublier tout peut s’oublier qui s’enfuit déjà oublier le temps des malentendus et le temps perdu à savoir comment  oublier ces heures  qui tuaient parfois à coups de pourquoi le coeur du bonheur ne me quitte pas ne me quitte pas . Moi je t’offrirai des perles de pluie venues de pays où il ne pleut pas , je creuserai  la terre jusqu’à après ma  mort pour couvrir ton corps d’or et de lumière, je ferai un domaine où l’amour sera roi, où l’amour sera loi, où tu seras reine . On a vu souvent rejaillir le feu d’un ancien volcan qu’on croyait trop vieux; Il est parait -il des terres brûlées donnant plus d’un blé qu’un meilleur avril ; Et quand vient le soir pour qu’un ciel flamboie elle rouge et le noir ne s’épousent-ils pas …

Comment ne pas perdre la tête  Serrée par des bras audacieux?Car l’on croit toujours aux doux mots d’amour Quand ils sont dits avec les yeux Elle qui l’aimait tant 
Elle le trouvait le plus beau de Saint Jean Elle restait grisée Sans volonté sous ses baisers Sans plus réfléchir, elle lui donnait Le meilleur de son être Beau parleur chaque fois qu’il mentait Elle le savait, mais elle l’aimait

Tu viendras longtemps marcher dans mes rêves  Tu viendras toujours du côté où le soleil se lève Et si malgré ça j’arrive à t’oublier J’aimerais quand même te dire Tout ce que j’ai pu écrire Aura longtemps le parfum des regrets…

Je lui dirai les mots bleus les mots qu’on dit avec les yeux les mots qui rendent les gens heureux 

On ira ,où tu voudras quand tu voudras et l’on s’aimera encore lorsque l’amour sera mort . Toute la vie sera pareille à ce matin aux couleur de l’été indien

Et si tu n’existais pas dis moi pourquoi j’existerais 

Je suis l’as de trèfle qui pique ton coeur Caroline …

Mais d’aventures en aventures de train en train de ports en ports jamais encore je te le jure, je n’ai pu oublier ton corps ..Mais d’aventures en aventures De trains en trains, de ports en ports Je n’ai pu fermer ma blessure Je t’aim’ encore

A faire pâlir tous les marquis de Sade, à faire rougir les putains de la rade, à faire dresser tes seins et tous les saints , à faire prier et supplier nos mains, je vais t’aimer Je vais t’aimer comme on ne t’a jamais aimée, je vais t’aimer comme personne n’a osé l’imaginer , je vais t’aimer comment j’aurais tellement  voulu être aimé…

Ce petit tour d’horizon de la chanson dite de “variétés française” de la seconde moitié du vingtième siècle nous permet de voir apparaître quelques traits généraux de la rhétorique amoureuse dans les paroles de chansons   : lesquels? 

 

14. avril 2019 · Commentaires fermés sur Comment renouveler le langage amoureux en poésie ? André Breton célèbre la femme .. · Catégories: Seconde · Tags:

La poésie amoureuse , à toutes les époques, rend hommage à la beauté de l’être aimé et tente de définir le sentiment amoureux , sous toutes ses formes . Dès l’Antiquité, nombreux sont les poètes qui font l’éloge de la  femme en la divinisant , en lui attribuant des caractères surnaturels : Baudelaire reprendra ce topos avec la femme Statue, rêve de pierre à la beauté inaccessible . Le corps de la femme, ses attraits , et l’attirance qu’on éprouve pour elle, sont des thèmes très fréquents dans le lyrisme amoureux et la technique du blason notamment, sert  de base à la plupart des portraits élogieux. André Breton, un auteur qui fait parti edu courant surréaliste,  compose un poème en vers libre qu’il intitule Union libre  justement pour y célébrer une nouvelle manière d’écrire l’amour . Il reprend la technique du blason  et construit son hommage à partir d’une anaphore  qui donne au poème l’apparence d’une prière amoureuse. Comment le poète renouvelle-t-il les clichés de la poésie amoureuse ?  

L’Union libre de la lecture analytique au commentaire littéraire 

Tout d’abord, André Breton utilise une forme poétique traditionnelle héritée du Moyen-Age : le blason.  Pourtant ,contrairement à la tradition qui consiste à célébrer une seule partie du corps de la femme , André Breton célèbre la totalité des éléments qui composent le corps allant même jusqu’à nommer les plus intimes ; Ainsi ,en plus des parties traditionnellement évoquées comme les yeux , les cils, les seins, la bouche , les hanches : on trouve « ma femme au sexe de glaïeul » ou « ma femme aux aisselles de martre » et « aux fesses de printemps » . Le poète prend ici des libertés par rapport aux conventions poétiques en utilisant des termes qui soit désignent des parties intimes liées à la sexualité comme fesse ou sexe ; soit des parties du corps considérées comme moins nobles ou peu attrayantes comme les aisselles ou les mollets de moelle de sureau . Le poète suit également un ordre original : il débute par la moitié supérieure du corps en descendant des cheveux aux pieds avec un mouvement qui se focalise sur le visage avec la bouche, la langue et les tempes avant de survoler les membres supérieurs et ensuite inférieurs pour revenir , dans une sorte de tour complet aux parties centrales et érotiques comme le ventre , les seins, les fesses et le sexe ; Le poème  se boucle sur le  regard de la femme aimée dans une sorte de zoom final . Le regard de la femme aimée contient le monde entier et tout l’univers y semble enfermé . C’est un cliché de la poésie amoureuse.

On notera que chaque élément du corps est l’objet de différentes séries d’associations qui peuvent paraître étonnantes ou inédites ; 

Le poète sollicite, en effet nos sens et provoque des synesthésies amusantes ou parfois énigmatiques : ainsi l’odorat est souvent sollicité avec les « doigts de foin coupé »  au vers 19, qui évoquent l’odeur de l’herbe sèche et qui s’associent à « la chevelure de feu de bois »  du vers initial ; On pense, à la fois, à la couleur rousse et à l’odeur du feu ; le thème du feu est associé à un mot abstrait au vers suivant « pensées d’éclair dechaleur » ; éclair et chaleur rappellent tous les deux un autre aspect du feu qui reviendra au vers 21 avec la mention de la nuit de la Saint-Jean où l’on allume de grands feux ; on retrouve aussi ce champ lexical avec l’évocation de la fusée au vers 25 ; Breton joue ici avec la polysémie du mot fusée qui rappelle par son sens la forme des jambes bien dessinées avec l’adjectif fuselé ainsi que la mise à feu et le f de fusée crée un réseau sonore avec le f de femme, de feu , de griffe , fuit ; ici les mots sont associés phonétiquement grâce aux allitérationsmême s’ils désignent des parties différentes de l’univers . 

L’évocation du feu se prolonge avec les allumettes qui dépeignent la finesse des poignets au vers 17 et le feu de bois du premier vers qui a allumé, en quelque sorte, la flamme amoureuse , se transforme à l’avant dernier vers en « yeux de bois toujours sous la hache » Sous un désordre apparent, le poète construit en réalité un véritable univers traversé par des lignes de force qui tissent des métaphores filées .

Le portrait du corps de la femme dessine un monde et tous les composants de l’univers s’y retrouvent étrangement mélangés : le dernier vers mentionne d‘ailleurs explicitement les quatre éléments du cosmos : eau, air, terre et feu .

Le thème de l’eau, par exemple , apparaît sous différentes formes : certains animaux sont clairement aquatiques comme la loutre associée à la taille de la femme au vers 4 ou le dauphin au vers 16 ; le poète évoque également les liquides qui proviennent de phénomènes naturels comme la condensation avec la buéeaux vitres au vers 14 et la rosée au vers 36 ; le champagne , boisson pétillante est rapprochée des épaules de la femme au vers 15 mais on trouve également un torrent au vers 32 qui suggère avec le mot lit , lui aussi polysémique, une étreinte amoureuse ; de plus Breton mélange les éléments de cet univers étrange avec une« taupinière marine »  au vers 34 pour suggérer le renflement des seins que figure l’animal qui creuse son terrier mais cet abri devient sous-marin ce qui heurte la logique et rend cette dimension fantastique . L’eau est présente également sous la forme des larmes , du sexe d’algue,au vers 53 , de la chute d’un verre dans lequel on vient de boire au vers 43 et enfin par l’image de la femme aux yeux d’eau pour boire en prison ; On peut ici comprendre que la femme aimée , par son regard , apporte une forme d’apaisement au poète ou au contraire que l’amour est une sorte de prison douce . André Breton renouvelle ainsi la vision de l’amour par le biais de ces associations inattendues .

Odorat et toucher sont associés également à plusieurs  reprises comme lorsque le poète évoque la « craie mouillée »au vers 42 ou la langue d’ambre et de verre frottés » qui suggère un contact désagréable et précieux en même temps et qui associe goût et toucher ;

La célébration de la femme est totale, la description semble former le mouvement du regard qui descend, remonte et se concentre sur un point, les yeux .Le portrait du corps de la femme dessine donc un monde et tous les composants de l’univers s’y retrouvent étrangement mélangés : le dernier vers mentionne d‘ailleurs explicitement les quatre éléments du cosmos : eau, air, terre et feu

Lpoète semble ici inventer un nouveau langage amoureux et le poème est aussi construit sous forme litanique à partir d’une anaphore « ma femme » et de nombreux parallélismes  de construction. Il ressemble ainsi à une prière amoureuse . La litanie est une prière au moyen de laquelle on implore une divinité  . Le poète construit la célébration de la femme aimée à la manière d’un hymne musical en jouant sur les ressources sonores des mots comme les nombreuses allitérations tout au long du poème ainsi que les paronomasescomme au vers 27 : « mollets de moëlle » ou « écume et écluse » au vers 23 ou encore « rose et rosée » au vers 36 ; Les variations de rythmes et la variété des compléments qui accompagnent l’anaphore de « ma femme » contribuent à cet effet lancinant et à sa musicalité.

Sonorités et matières se rejoignent pour donner de la femme une image associée à quelque chose de précieux et de fragile à la fois, d’essentiel et de vital : , la délicatesse de l’écriture d’un enfant ou encore la finesse de sa taille ou de ses poignets sont la métonymie de sa faiblesse ; Mais elle est également précieuse pour le poète ainsi qu’en  témoigne la présence des pierres précieuses comme l’ambre, et l’or au vers 31 ou l’argent au vers 40 ou le rubis au vers 35 ; La femme est aussi associée aux matières naturelles , aux matières premières qu’on trouve dans la Nature : végétale avec le foin, les fênes au vers 20 , le sureau au vers 27 , l’orge au vers 30 , mais aussi la pierre et le minéral avec le grès , l’ardoise et l’amiante . Elle est la Nature à elle seule , à la fois, Plante et Pierre, Ciel et Terre, Mer et Lumière : elle opère la synthèse des contraires en un tout harmonieux et sa beauté provient de l’étrangeté du mélange obtenu par l’union des contraires : ce qui correspond parfaitement aux objectifs créatifs du courant surréaliste .

On peut penser aussi que certains aspects de la vision de l’amour que forme ici Breton s’inspirent de l’amour courtois qui date du Moyen-Age : les troubadours y célébraient la beauté de la femme aimée dont ils faisaient l’éloge et se plaignaient également de sa dureté ; peut être retrouve-t-on cette idée renouvelée à travers l’insensibilité de la balance au vers 47 ou à cette nuque de pierre au vers 42.

Le thème de la souffrance amoureuse , en effet, apparaît à plusieurs reprises et il est difficile de savoir si le poète souffre des rigueurs de cette femme ou s’il fait allusion à la souffrance souvent liée à la force du désir ; plusieurs aspects peuvent, en effet, paraître menaçants dans cette peinture de l’amour ; La femme ainsi a la taille « entre les dents d’un tigre » au vers 4 ; on y lit la finesse de cette partie du corps mais aussi une morsure désagréable ; cette idée de morsure et de blessure , on la retrouve au vers 8 avec la langue poignardée et on mentionne également les «  dents d’empreintes de souris » au vers 6 ; On note ici le caractère surréaliste de cette association où le mot empreinte est complément du nom souris ; l’adjectif « coupé » au vers 19 peut également réactiver cette idée de blessure qui se prolonge au vers 38 avec la griffe géante, le verre brisé et enfin l’aiguille du vers 56 directement associée aux yeux plein de larmes ; L’apparition de la hache , image saisissante qui connote la violence au vers 59 vient clore ce champ lexical de la souffrance liée sans doute à la peur de la blessure  ; Est-ce tout simplement une nouvelle manière de faire allusion aux tourments amoureux ou à la crainte de la rupture qui fait figure de déchirure ? On peut également y deviner une forme de violence dans les relations amoureuse et l’acte sexuel empreint ici de sensualité ; cette idée de sauvagerie du désir est liée également à la présence du tigre et de la savane dans les yeux de la femme au vers 57. L’amour garde cette part de mystère et de danger auquel il est associé dans la littérature de toutes les époques. En conclusion, les images de la femme et de la poésie amoureuse fabriquées par André Breton dans l’Union libre sont originales et novatrices. Dans un premier temps, elles contribuent à érotiser le corps féminin. En effet, en dehors des six derniers vers consacrés aux yeux, les éléments les plus évoqués sont : la langue, les seins, les hanches, le sexe  , les aisselles, le dos et les fesses . Le poète se livre , sans tabou et sans pudeur à une célébration de l’amour sensuel . Le poème  surréaliste devient une forme de rébellion contre les conventions de l’époque, et  un véritable cantique à la sensualité de la femme. Ainsi par la beauté de son anatomie, la femme devient la principale source d’inspiration pour André Breton et également  pour les autres surréalistes. L’étreinte amoureuse suggérée à travers l’ensemble du poème rend la femme  à la fois vulnérable et extrêmement séduisante grâce au contraste entre les images . Les images célèbrent également le lien entre la femme et le monde. 

Breton célèbre de façon originale la femme avec une nouvelle forme de blason. Les métaphores  étranges, déroutantes dont le lecteur ne comprend pas toujours le sens, illustrent parfaitement la beauté du rapprochement entre des images différentes, opposées que les surréalistes revendiquent. 

 

  • qui est l’auteur de ce poème ?à quel courant littéraire appartient -il ?

  • quel est le titre du recueil ? Quel est le titre du poème ?

  • Quelle est la forme du poème (type de vers , rimes ) ? 

  • qu’est-ce qu’un blason ? qu’est-ce qu’une anaphore ? qu’est-ce qu’une image ? qu’est-ce qu’une litanie ?qu’est-ce qu’un hymne ? 

 

Rédiger une introduction : 

D’abord publié anonymement puis associé au recueil  Clair de terre, un titre oxymorique, qui paraît en 1923, ce poème sera finalement réédité en 1931.   André Breton traverse à cette époque des moments d’incertitudes artistiques  et amoureuses. Considéré comme le fondateur du mouvement  surréaliste , il a théorisé, en 1924, dans un manifeste, les principes de ce courant littéraire que nous retrouvons dans cette création : goût pour les images frappantes et les associations libres, étonnantes , inattendues  . Dans ce poème aux vers  libres , il exprime la force de son amour pour une femme mystérieuse en utilisant notamment la technique du blason  . Construit comme une sorte d’hommage à la beauté et à la sensualité , cette poésie , par sa structure syntaxique répétitive  s’apparente à un hymne ou à une  prière amoureuse . La femme y est célébrée telle une déesse et tout l’ univers semble se refléter en elle . Comment le poète célèbre-t-il l’amour pour la femme ? 

Compléter un plan détaillé  

I . L’éloge de la femme avec le blason amoureux 

1. Un ordre original 

2. Des associations étranges : synesthésies et allitérations

3. La femme recompose le monde et réunit les contraires : tout l’univers se reflète en elle 

a) le feu 

b) l’eau

II  Une prière amoureuse

1. Un nouveau langage amoureux 

2. Femme précieuse  et fragile

3 Les souffrances de l’amour : la blessure amoureuse  

26. mars 2019 · Commentaires fermés sur Histoire du sonnet · Catégories: Fiches méthode · Tags: ,

Le sonnet est une forme de poésie qui est apparue il y a des siècles et qui continue à inspirer les poètes ..jugez plutôt …

Le sonnet est certainement la forme fixe la plus répandue de la poésie. Les recettes du sonnet varient selon les époques et chaque poète tente d’y ajouter sa touche personnelle

Formé de quatorze vers, à l’origine des décasyllabes, puis surtout des alexandrins, ses vers sont répartis en trois strophes distinctes, deux quatrains suivis d’un sizain, séparé en deux tercets.

Le schéma des rimes du sonnet est lui aussi très codifié : les deux quatrains possèdentdes rimes embrassées, puis le sizain se compose d’un distique et d’un quatrain de rimes croisées. La combinaison originale du sonnet est donc abba abba ccdede.

Cette forme est appelée le « sonnet français »,

De nombreuses variantes ont été inventées par la suite, en particulier dans la disposition des rimes : sonnet dit « élisabéthain » ou « shakespearien »,

Beaucoup de sonnets mettent en valeur le dernier vers avec une formule brillante, et il est appelé le « vers de chute ».

Histoire et évolution du sonnet

Inventé par Pétrarque pour sa muse Laure, il est importé à la Cour du roi de fRance grâce aux échanges avec l’Italie favorisés par François Premier. L’invention et le développement  de l’imprimerie vont favoriser la mode du sonnet qui se répand progressivement  en Europe .

Clément Marot introduit le sonnet en France dès 1539.

Les poètes de la Pléiade comme Du Bellay , et Ronsard publient rapidement des recueils de sonnets inspirés de l’Antiquité ; d’abord réservéau lyrisme amoureux, le sonnet s’ouvre à d’autres thèmes et à d’autres registres mai demeure une moyen privilégié d’explorer les nuances des sentiments .

Durant toute la première moitié du XVIIème siècle, il demeure une forme pratiquée par les poètes baroques tels que Sponde ou Maynard, et ensuite par les poètes classiques comme Malherbe, ou par les Précieux, comme Voiture et Malleville qui apprécient sa concision et sa symétrie .

Dans la seconde moitié du siècle, Boileau le condamne dans son Art poétiquede 1674 : « en vain mille auteurs y pensent arriver », et finit par caractériser le sonnet comme « orgueilleux »

Cette forme poétique tombe alors en désuétude et  sera de moins en moins utilisée jusqu’au romantisme.

Sous l’impulsion des premiers romantiques qui relisent les poètes de la Pléiade, le sonnet revient au premier plan : Gautier, Nerval et Baudelaire en écrivent, suivis par les Parnassiens comme Heredia, puis par Rimbaud, Verlaine et tous les symbolistes, dont Mallarmé. Cependant, le sonnet du XIXème siècle est profondément renouvelé et fait l’objet de nombreuses variations ; il redevient à la mode mais se libère des contraintes formelles de ses origines ;, au siècle suivant, les poètes vont se détourner de cette forme alors jugée trop normative,pour donner  de plus en plus d’importance au vers libre, voire au poème en prose; 

Aujourd’hui des poètes contemporains retrouvent l’envie d’écrire en se servant de cette forme d’autrefois et on peut donc dire que le sonnet continue à inspirer les poètes et donne naissance à de multiples créations