08. mars 2021 · Commentaires fermés sur Diderot et le Vieux Tahitien quand la fiction dénonce la colonisation · Catégories: Spécialité : HLP Première · Tags: ,

 A l’époque des Lumières, les explorations maritimes agrandissent les empires coloniaux  des principaux pays d’Europe comme l’ Espagne, l’Angleterre et la France . Diderot  qui entend dénoncer la colonisation a alors recours à un moyen ingénieux pour sensibiliser ses contemporains. Il invente un ouvrage fictif qu’il présente comme un supplément au récit d’exploration de  Monsieur Bougainville paru en 1771. Ce récit de voyage  écrit par le savant  Bougainville s’intitulait Voyage autour du monde et l’explorateur  relate avec force détails , les découvertes  de son équipage   durant plus de deux ans . Ils ont fait escale assez brièvement à Tahiti  (une semaine environ ) mais le récit de cette étape polynésienne occupe de nombreuses pages au sein de l’ouvrage car les marins ont été frappés par la qualité de l’accueil des indigènes  .

Qui est Bougainville ?  Louis Antoine de Bougainville commandant  français des troupes envoyées au Canada part de Brest sur La Licorne le 3 avril 1756 pour maintenir française la colonie du canada. L’armée française se repliera vers Montréal où Bougainville, bilingue, négocie, dès le 7 septembre la capitulation française face aux anglais. Bougainville laissera des Mémoires détaillés sur sa campagne de Nouvelle-France.Ses Mémoires portent sur la conduite des opérations militaires, l’administration coloniale dont il critique l’inefficacité et les relations avec les peuples autochtones alliés des Français. Il découvre ensuite les Malouines et au Brésil, une fleur nouvelle va porter son nom : la Bougainvillée. A Tahiti, il embarque à bord de son navire un jeune Tahitien Autouru qui va lui enseigner la langue et les coutumes polynésiennes  et qui mourra durant son voyage de retour vers son archipel. En 1771 sa Description d’un voyage autour du monde, où il évoque le mythe, au parfum alors sulfureux, du « paradis polynésien ». remporte un grand succès en Europe. Bougainville y note les découvertes scientifiques faites à bord avec les savants qui l’ont accompagné. Plus »

02. octobre 2019 · Commentaires fermés sur Monter un procès: mise en scène du discours argumentatif · Catégories: Seconde · Tags:
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L’affaire Alexandra en scène

A partir d’une chronique judiciaire et d’une plaidoirie , notre projet va consister à gérer un procès et à le mettre en scène; Chaque équipe sera responsable du déroulement du procès et désignera les personnages principaux parmi la liste des personnages suivants : l’accusée, sa famille (parents, soeur , enfants) , ses amis qui pourront venir témoigner ; la victime et plaignante (partie civile) pourra être représentée également par sa famille , des amis; On pourra faire appel à des policiers (ceux qui ont recueilli les mains courantes de l’accusée notamment ) et à des voisins. Dans chaque équipe, un élève régisseur  sera responsable du déroulement des auditions des témoins : il devra choisir un ordre de passage  ainsi que les question des avocats et ose réponse des témoins; En effet chaque témoin sera interrogé tour à tour par les deux avocats (on pourra imaginer 4 avocats : 2 pour la défense de l’accusée et deux pour l’accusation; le rôle du juge sera de coordonner les différentes interventions des personnages dont il aura la liste (minutage du procès ).   Une place pourra être laissée à l’improvisation ….

Chaque régisseur distribue les rôles et veille au bon déroulement des sessions d’écriture : il pourra jouer le rôle du juge . 6 élèves de l’équipe adverse seront appelés pour désigner les jurés et ils devront prononcer le verdict. 

Chaque équipe travaillera sous la forme de groupes d’écriture associés à un duo ou un trio de personnages ; chaque groupe rendra une partie écrite de son travail avec les différentes interventions des personnages ; une note de production écrite sera attribuée à ce travail ainsi qu’une note de réalisation orale: représentation du procès devant la classe …prochainement 

Pour vous aider , voici une liste de termes judiciaires que vous pouvez utiliser 

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Ajournement : Report d’une instance ou de la session d’un tribunal à une date ultérieure, soit à date fixe, soit sans fixation de date; on parle alors d’un « ajournement sine die ». La locution latine « sine die » signifie « sans jour fixé ». Voir la définition de « renvoi ». 

Libération inconditionnelle : Lorsqu’une personne est déclarée coupable, le juge, plutôt que de la condamner, lui accorde une libération inconditionnelle.

Accusé : Personne accusée d’un acte criminel.

Loi : Texte législatif édicté ou adopté par un pouvoir législatif ou par le Parlement.

Action : Instance civile souvent désignée sous le nom de « poursuite » et introduite par une déclaration. 

Affidavit : Exposé des faits écrit appuyé du serment ou de l’affirmation solennelle du déclarant (le « déposant »). Contrairement au témoignage présenté devant le tribunal, l’affidavit sera déposé à titre de preuve et le juge en tiendra compte au moment de trancher sur une affaire précise. 

Appelant : Personne qui interjette appel d’une décision rendue par un tribunal ou un autre organisme décisionnaire.

Requérant : Personne qui présente une requête au tribunal en vue d’obtenir le recours ou le redressement prévu dans une requête.

Requête : Demande présentée au tribunal pour qu’il prononce une ordonnance sur le recours ou le redressement demandé. (Application)

Plaidoyer : Exposé ou présentation des parties visant à persuader le tribunal de rendre une décision en leur faveur. Le plaidoyer ne constitue pas une preuve en soi et peut se faire par écrit au moyen d’un mémoire présenté au tribunal. L’expression « conclusions finales » est utilisée pour décrire les observations finales ou les plaidoiries présentées au jury par la Couronne, ainsi que par la défense dans le cadre d’un procès criminel devant jury. (Argument)

Interpellation : Dans le cadre d’une cause criminelle, instance dans laquelle l’accusé est déféré au tribunal pour inscrire un plaidoyer en rapport avec l’acte criminel dont il est accusé. L’accusé reçoit lecture de l’accusation et il doit plaider coupable ou non coupable. 

Cour d’assises : Autre expression utilisée pour désigner un jury. Désigne également la session d’un tribunal en régions éloignées des principaux tribunaux.

Mise en liberté sous caution : Dans le Code criminel, il s’agit de la « mise en liberté provisoire par voie judiciaire ». Mise en liberté d’un accusé pendant son procès ou à la fin de celui-ci. Une personne déclarée coupable peut également se voir accorder une mise en liberté en attendant la fin de l’appel qu’elle a interjeté en ce qui concerne sa déclaration de culpabilité. La mise en liberté ou la mise en liberté sous caution comprend des conditions que l’accusé doit respecter, sous peine de voir sa mise en liberté sous caution révoquée par le tribunal.

Barre : Barrière située dans la salle d’audience qui sépare les membres du tribunal du public. 

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Barreau : Il s’agit d’une expression utilisée pour décrire les membres de la profession juridique ou les avocats en tant que groupe (« membres du Barreau »). L’expression « admis au barreau » s’entend d’une instance judiciaire dans laquelle un étudiant en droit est autorisé à porter le titre d’avocat par le tribunal et donc à franchir la barrière située dans la salle d’audience. (Bar)

Condamnation avec sursis : Lorsque la peine d’emprisonnement prononcée est de deux ans maximum, le juge peut ordonner que la peine soit purgée dans la collectivité, sous réserve de certaines conditions.

Condamnation : Dans une cause criminelle, décision prononcée par le tribunal selon laquelle l’accusé est coupable de l’infraction. La « date de condamnation » est celle à laquelle l’accusé est déclaré coupable de l’infraction par le tribunal et où la détermination de la peine est effectuée. Toutefois, la détermination de la peine peut être reportée à une date ultérieure. 

Défendeur : Dans le cadre d’une affaire au civil, désigne la personne qui est poursuivie, et dans le cadre d’une cause criminelle, expression utilisée pour remplacer le terme « accusé ». 

Pièce : Preuve matérielle présentée ou déposée devant le tribunal, par exemple, un document, une arme, un vêtement. 

Mise en accusation : Inculpation formelle pour une infraction criminelle commise par un ou plusieurs accusés. Cette infraction est exposée dans un document déposée devant le tribunal par le procureur de la Couronne. 

Injonction : Une ordonnance du tribunal exigeant qu’une personne ne commette pas, ou cesse de commettre, un acte qu’elle n’a pas le droit de commettre selon le tribunal; ou dans le cas d’une ordonnance de faire, une ordonnance exigeant qu’une personne fasse ce qu’elle est légalement obligée de faire selon le tribunal. 

Ordonnance provisoire : Décision rendue par le tribunal, mais qui ne constitue pas l’issue définitive de l’affaire. Il est fréquent, dans les affaires de droit de la famille, que le tribunal rende une ordonnance provisoire pour ce qui est des questions qui pourront être tranchées en fin de compte à une date ultérieure, savoir au moment du procès. 

Jugement ou arrêt : Décision du tribunal judiciaire en dernier ressort. Les termes « jugement » et « décision » sont souvent utilisés l’un pour l’autre. Un jugement peut être écrit ou prononcé oralement à l’audition. Le jugement peut également être mis en délibéré par le tribunal à la fin de l’instance et être prononcé à une date ultérieure, et ce, généralement sous forme écrite. 
Exposé détaillé : Renseignements détaillés des faits allégués afférents à l’infraction criminelle dont l’accusé est inculpé. 

Partie : Plaignant, défendeur, requérant ou intimé dans le cadre d’une instance civile. En matière criminelle, personne ayant réellement commis une infraction ou qui est responsable, à titre de partie, d’une infraction du fait d’avoir aidé, encouragé ou conseillé quiconque en vue de commettre une infraction ou d’avoir comploté en ce sens.

Plaignant : Personne qui engage une action ou une poursuite. 

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Actes de procédure : Documents déposés devant le tribunal par les parties à une instance et qui font état des questions en litige ou des affaires sur lesquelles devra statuer le tribunal. Documents fondamentaux qui constituent le dossier d’extraction du tribunal. 

Enquête préliminaire : Audience devant un juge de la Cour provinciale visant à déterminer s’il existe suffisamment d’éléments de preuve contre l’accusé pour justifier un procès. Une enquête préliminaire n’a lieu que si l’accusé est inculpé d’un acte criminel et choisit de subir un procès devant un juge ou devant un juge et un jury d’un tribunal supérieur de première instance. 

Conférence préparatoire : Rencontre entre les parties, leurs avocats et le juge pour régler les questions de procédure et définir ou restreindre les questions qui feront l’objet du procès. Il est également possible de régler les questions qui feront l’objet du procès. 

Registraire : Fonctionnaire du greffe ou du « registre », qui reçoit les documents à déposer au tribunal et qui a le pouvoir d’attester ou de confirmer les décisions au nom du tribunal. 

Renvoi : Report d’une instance criminelle à une autre date; contrairement aux instances civiles, où un ajournement peut renvoyer à une date indéfinie, un renvoi exige que le tribunal fixe la date à venir, à laquelle l’affaire sera de nouveau présentée au tribunal. Voir la définition d’ajournement.

Défense : Plaidoyer pour réagir ou se défendre à l’égard de la déclaration dans une instance civile où le défendeur fait valoir les faits qui fondent la défense à l’encontre de l’allégation faite dans le cadre de l’action en justice. 

Plaidoirie : Semblable au plaidoyer; discours ou présentation des parties à l’intention du tribunal à la fin d’une instance, après que la preuve a été présentée et avant que le tribunal ne rende sa décision; occasion donnée aux parties de résumer les questions en litige, la preuve et le droit et de tenter de persuader le tribunal de rendre une décision en leur faveur. 

Assignation de témoin : Ordre de comparaître à une date et à un lieu précis pour témoigner sur une affaire précise; certaines assignations peuvent exiger que la personne produise un document ou d’autres objets en sa possession. 

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Assignation : Document qui enjoint à une personne de se présenter au tribunal à une date et une heure pour répondre à une plainte déposée au tribunal; une procédure dans une instance criminelle en vue d’imposer à une personne intimée de se présenter au tribunal pour répondre à une accusation criminelle.

Caution : Dans une instance criminelle, personne qui, pouvant être tenue de déposer un montant d’argent ou un cautionnement, garantit qu’une personne intimée qui a été libéré sous caution comparaîtra à son procès ou à sa prochaine comparution prévue.

Condamnation avec sursis : Lorsqu’une personne est déclarée coupable, le tribunal suspend la peine et remet le délinquant en liberté sous les conditions énoncées dans une ordonnance de probation. À l’échéance de l’ordonnance de probation, si la personne n’a pas été accusée d’autres infractions et a respecté toutes les conditions de l’ordonnance de probation, le tribunal n’imposera pas de peine à la personne. 

 

14. juin 2019 · Commentaires fermés sur Des écrits de Résistances aux poètes de la Résistance : quelques données historiques de l’Humanisme à la seconde guerre mondiale · Catégories: Première · Tags: ,

De nombreux artistes tentent, à travers leurs oeuvres, de dénoncer une forme d’oppression qu’ils trouvent injuste : dès l’Humanisme, on réfléchit avec la découverte de nouvelles civilisations comme les Indiens d’Amérique, à la manière de vivre  avec des étrangers qui ne nous ressemblent pas forcément . La pseudo-supériorioté de l’Homme blanc et de l’Européen sur la Sauvage , va alimenter des siècles de colonisation. Pourtant Montaigne avait déjà mis en évidence l’ethnocentrisme coupable des Européens dans les Essais où il relate l’arrivée à la cour du Roi d’une délégation de Sauvages venus du Brésil. Jean de Léry racontera dans ses Mémoires les années passées au Brésil et fera l’éloge des peuplades indigènes dont il souligne l’habileté et la connaissance de la Nature. Les Lumières dénonceront , un peu plus tard, la colonisation et ses massacres perpétrés au nom du racisme .

Montesquieu , dans un article polémique , dénoncera l’absurdité des arguments employés par les français pour justifier la traite des noirs et le commerce des esclaves. Voltaire , dans Candide, fera rencontrer à son héros un jeune esclave martyrisé et montrera ainsi, la cruauté des esclavagistes. Diderot, dans son récit : Supplément au Voyage de Bougainville , révélera les massacres et la violence  perpétrée par la colonisation française à Tahiti. Le siècle suivant poursuivra la dénonciation de l’oppression sous toutes ses formes ; Les écrits peuvent alors prendre une dimension politique comme les poèmes de Hugo dans les Châtiments  qui dénoncent l’iniquité du régime de Napoléon III qui l’obligera à vivre en exil durant 15 ans . Zola se fera journaliste pour condamner la position du gouvernement dans l’affaire Dreyfus qu’il accuse  de mensonge dans un article demeuré célèbre: J’accuse  .  Le vingtième siècle débute par une guerre sanglante qui est suivie d’un second conflit tout aussi marquant dans les esprits .Le déclenchement de seconde  Guerre Mondiale et l’occupation du territoire français par l’armée allemande après l’armistice de 40, vont donner lieu à de nombreux écrits de résistance . Mais quand on évoque la Résistance à cette époque, de quoi parle-t-on au juste ? 

  Qui sont les résistants en 1940 ?  

Les écrits des poètes de la Résistance s’inscrivent tous dans un contexte singulier, qu’ils soient datés de 1940 ou des années suivantes, à savoir celui des années de l’occupation allemande en France et du régime autoritaire de Vichy.

Dès le second semestre de 1940 de jeunes Français (isolés ou un peu plus organisés) manifestent leur refus de l’occupation et parfois rejoignent le général de Gaulle à Londres : peu à peu , face aux brimades de l’occupation et au durcissement du régime de Vichy .dse cercles de résistants s’organisent et se regroupent. La Résistance dans son ensemble a concerné une infime minorité de Français, et certains d’entre eux n’avaient même pas conscience qu’ils faisaient de la résistance ; le mot lui-même de « résistance » est popularisé seulement à partir de 1942.

Dans la mémoire collective, que les historiens ont pris pour objet d’histoire, la Résistance garde une place à part. Elle est devenue un mythe fondateurqui a permis aux Français de se donner des valeurs et d’élaborer un projet de société pour l’après-guerre. La Résistance, c’est avant tout des hommes et des femmes, très souvent désintéressés, héros anonymes pour beaucoup, animés par des convictions patriotiques et humanitaires.

À l’origine, les premiers gestes de refus sont symboliques et minimes. Les premiers résistants sont issus de tous les milieux sociaux et agissent dans toutes les régions. Pour beaucoup, il s’agit avant tout de « faire quelque chose » pour ne pas subir le joug nazi. Ils réagissent en leur âme et conscience, sans suivre aucun ordre de mobilisation générale insurrectionnel. Leur combat est fou, car ils interviennent contre l’opinion commune et en dépit de la présence des occupants. .
Le point de départ des premières actions résistantes tient davantage du ressort du réflexe viscéral que de la réponse idéologique au nazisme. Écrasé par la peur et l’incertitude, dans une société décomposée, le résistant des premiers mois de l’occupation est très rare. Le sens du devoir semble l’emporter soit en distribuant des tracts, soit en coupant des lignes téléphoniques (l’ouvrier agricole Étienne Achavanne, sera le premier résistant français fusillé, le 20 juin 1940), ou encore en refusant d’amener le drapeau français aux Allemands (le maire de La Rochelle le 23 juin 1940). D’autres rejoignent de Gaulle qui a lancé son appel de Londres le 18 juin ; 
Progressivement, des groupes d’hommes et de femmes, pour la plupart jeunes et sans vie sociale et familiale encore bien assise, s’organisent, par exemple au musée de l’Homme à Paris, ou dans plusieurs lycées parisiens ; le 11 novembre 1940, des étudiants manifestent aux Champs-Élysées et déposent une gerbe de fleurs au pied de l’Arc de Triomphe, prenant des risques incroyables. La répression sera très dure. À Londres, avec l’appui de Churchill, de Gaulle avance à pas lents. Mais rien n’est facile. Il faut non seulement trouver des leaders plus âgés, mais accepter également de tout abandonner, le plus souvent une vie professionnelle – quand elle ne sert plus de couverture pour cacher ses activités résistantes – et parfois une épouse et des enfants.

En 1941–1942, de part et d’autre de la ligne de démarcation, les résistants cherchent de l’argent et des armes, mais organisent aussi des mouvements et des réseaux. Les premiers (Franc-TireurCombatLibération-SudDéfense de la France, entre autres) ont des visées politiqueset se préparent à prendre en mains les destinées politiques de la France de l’après-guerre. Les seconds effectuent des missions militaires et de renseignement. Par ailleurs, la France libre est en lutte contre les Américains pour faire reconnaître sa légitimité, tandis que les chefs de la résistance intérieure s’affrontent pour le pouvoir. 
Avec l’invasion de l’URSS par les nazis, en juin 1941, des communistes organisés en triades commettent plusieurs attentats contre l’armée allemande, occasionnant des mesures de rétorsion cruelles : exécutions d’otages, arrestations de centaines de résistants par les polices françaises . Lesecond semestre 1941 marque bien le passage à la Résistance arméeen métropole.
À l’automne 1942, les résistants ont enfin conscience qu’ils œuvrent pour la Résistance. Grâce à Jean Moulin – arrêté à Caluire en juin 1943, puis tué sous les coups de Klaus Barbie à Lyon – qui sait réunir les différentes obédiences de la Résistance intérieure, de Gaulle devient le chef de la France résistante. Pour nombre de résistants, non seulement il faut chasser désormais les Allemands, détruire le régime de Vichy, mais il faut également réfléchir aux méthodes de restauration de la République après la Libération.

Ils se nommaient Paul Eluard, Louis Aragon, Philippe Soupault, Robert Desnos , René Char , Jean Casson , Robert Seghers , René Guy Cadou ; vous en saurez plus en suivant ce lien … bonne lecture 

https://www.reseau-canope.fr/poetes-en-resistance/accueil/

Après la seconde guerre mondiale, partout dans le monde, des artistes et des écrivains continuent à prendre la plume ou le stylo pour résister à ce qu’ils   entendent dénoncer et notamment la colonisation et le racisme: poètes des Caraïbes et poètes africains s’unissent ainsi pour combattre l’hégémonie de l’homme blanc : ils fondent des concepts baptisés négritude (fierté d’être noir ) et créolité (identité métisse revendiquée ) ; Ils s'appellent Senghor, Aimé Césaire, Rene Guy Tyrolien , René Depestre et ils continuent le long combat de leurs ancêtres pour affirmer leurs droits et dénoncer les mentalités esclavagistes de certains Européens ou Américains. En Orient, les poètes palestiniens comme Samir El Qassim dénoncent l'occupation  armée de leur pays et entendent,  de cette manière, résister

05. mars 2019 · Commentaires fermés sur S’engager dans une dissertation : autour de l’efficacité d’une argumentation · Catégories: Fiches méthode · Tags: ,

Une dissertation réussie se base sur une analyse complète du sujet donné :

Etape 1 : définir le sujet

Les mots importants sont « expérience vécue » et « force d’une argumentation » 

« expérience vécue » renvoie à des récits de vie ou de tranches de vie, donc à des passages narratifs ; cela peut donc faire référence à l’autobiographie (s’il s’agit de la vie vécue par l’auteur), mais aussi aux apologues qui exposent une situation qui va servir de base à une morale et à tout genre qui comporte une histoire . Il peut donc s’agir de « l’expérience vécue » par l’auteur, par des personnes ayant réellement existé ou par des personnages fictifs ;

L’expression « force d’une argumentation » renvoie à l’efficacité pour argumenter. Cela revient à se demander ce qui pour un lecteur a le plus d’efficacité . La question que vous devez vous poser et qui est une reformulation du sujet est la suivante :  Le recours à l’expérience est-il un moyen efficace pour soutenir une thèse/des idées ?

Lorsque vous la trouvez dans l’énoncé d’un sujet : l’expression « Dans quelle mesure » suggère de chercher pourquoi l’expérience vécue est efficace, donc d’analyser ses atouts et avantages. Mais vous devez aussi vous demander si elle ne présente pas des limites, des inconvénients, ou si elle est suffisante pour appuyer une thèse. 

Etape 2 : Chercher des idées

Mettez la question posée par le sujet en relation avec les grands thèmes de la question de l’homme dans la littérature argumentative : s’interroger sur l’homme, c’est prendre en compte ses divers aspects en tant qu’individu (corps, sensibilité, esprit, conscience), mais aussi en tant que membre d’un groupe social (famille, milieu et mœurs, travail, nation, et aborder les questions d’ordre social, politique, scientifique, éthique, religieux (valeurs qui doivent guider la vie : bonheur, pouvoir, liberté…).

Pour trouver des idées et construire le plan, répertoriez les types d’expériences vécues rapportées dans les textes argumentatifs que vous connaissez. Vous partez alors d’illustrations concrètes qui seront développées dans la rédaction de votre dissertation. Ce type de plan est appelé raisonnement par induction.

Les exemples : en partant du corpus, faites la liste des textes que vous connaissez qui comportent le récit d’expériences vécues, réelles (biographie, autobiographie) ou fictives présentées comme réelles, dans les apologues (fables, contes, notamment contes philosophiques), mais aussi dans les romans (Hugo, Les Misérables ; Zola, Germinal ; Camus, La Peste…). Rangez ensuite ces illustrations selon leur efficacité argumentative ( du plus convaincant au moins convaincant par exemple) 

Au moment de rédiger, pour éviter la répétition de l’expression « expérience vécue » mais aussi pour trouver des idées, faites-vous un « stock » de mots du champ lexical qui s’y rapporte : exemples personnels, tranche de vie, parcours, (le) vécu, (l’)histoire, expérimentations…

Soyez attentif à la bonne construction de vos paragraphes. Un paragraphe de dissertation n’est complet que s’il comporte trois composantes indispensables : l’argument avancél’exemple qui l’illustre et le commentaire de cet exemple. La longueur moyenne d’un paragraphe est d’une dizaine de lignes.

Vous devez développer l’exemple en mettant en valeur les détails concrets qui appuient l’argument. Attention ! Il ne faut pas raconter toute l’œuvre, mais faire des commentaires directement reliés à l’argument à démontrer.

Etape 3 : rédiger 

Introduire le sujet (la citation est souvent un moyen élégant d’entrée en matière ..pensez-y 

La pensée naît d’événements de l’expérience vécue et elle doit leur demeurer liée comme aux seuls guides propres à l’orienter », écrit la philosophe Hannah Arendt. Une telle affirmation confère à l’expérimentation un rôle primordial dans la formation de notre pensée et suggère que le récit d’expériences – réelles ou fictives – est un moyen argumentatif infaillible pour forcer l’adhésion d’autrui. Mais n’est-ce pas une position un peu extrême ? Certes, il faut accorder dans sa réflexion une place à l’expérience vécue . Cependant son efficacité présente des limites – voire des dangers – et requiert des précautions ; il convient d’en user avec discernement et de lui garder sa juste place dans l’argumentation .

I. L’efficacité argumentative de l’expérience vécue

Une argumentation est d’autant plus forte dans son expression, d’autant plus persuasive, d’autant plus vivante qu’elle se nourrit de l’expérience vécue par celui qui la conçoit et la compose, mais aussi vécue par d’autres auxquels il peut faire référence.

1. Une argumentation concrète, détaillée et incarnée

L’argumentation inspirée et illustrée par une expérience vécue, personnelle ou non, est concrètesouvent détaillée. Ainsi, Le Dernier Jour d’un condamné, de Hugo, qui retrace les derniers moments d’un homme qui va être guillotiné, permet au lecteur de partager, au fur et à mesure que les heures s’écoulent, les émotions, les sentiments et les réflexions du futur supplicié, prises sur le vif, bien plus qu’un traité ou un essai théoriques sur la peine de mort.

Les idées sont alors incarnées et prennent un relief saisissant. L’expérience vécue donne corps à des abstractions en les incarnant. Les idées « en action » – les allégories animales de La Fontaine, comme le Loup dans « Le Loup et le Chien » (qui représente le choix de la liberté face à la soumission, mais aussi l’acceptation de la pauvreté et de la précarité), oul’expérience de mineur de Lantier, symbole de la révolution – sont concrètement perçues et les arguments des personnages touchent le lecteur comme s’il s’agissait de véritables témoignages authentiques.

2. Force de l’authenticité, force de l’identification

L’efficacité de l’expérience vécue tient aussi à l’authenticité, à la véracité qu’elle confère à l’argumentation. Ainsi, dans les Mémoires de guerre, les idées politiques de De Gaulle s’enrichissent d’un vécu profondément enraciné dans la réalité : il parle en connaissance de cause de la Libération, des forces antagonistes, pour en avoir été non seulement un témoin, mais aussi un acteur de premier plan. Qui peut mieux connaître les rouages de la politique de ces années mouvementées ? De là vient aussi l’efficacité des romans d’apprentissage, tels que Le Rouge et le Noir, de Stendhal. Le lecteur s’identifie au héros at apprend à travers les expériences de ce dernier .

L’exemple – personnel ou fictif – peut aussi susciter la sympathie ou l’identification avec le locuteur ou avec le personnage(s) dont l’expérience est rapportée : le lecteur vibre avec émotion au gré de ce qui arrive aux êtres dont il suit l’itinéraire et auxquels il s’attache. ……… comme dans …..

Ainsi, le lecteur qui s’identifie à un personnage adhère à sa conception du monde ou au contraire la rejette ; il subit inconsciemment l’ influence de ce modèle.……

3. La variété apportée par l’expérience vécue

Le recours à l’expérience vécue permet aussi la variété, comme en témoigne la multitude des genres littéraires qui reposent sur un récit : apologues (qui se diversifient en fable, conte…) ou romans. 

Parfois même, à l’intérieur de genres plus austères – l’essai, le traité… –, un auteur introduit des passages narratifs qui agrémentent une argumentation théorique qui serait trop abstraite. Ainsi, dans son article « Torture » du Dictionnaire philosophique,Voltaire introduit l’histoire véridique du jeune chevalier de La Barre, torturé pour avoir « chanté des chansons impies ».

Le recours à l’expérience vécue permet de varier les types de personnages : les bons et les méchants s’opposent (Jean Valjean et Javert dans Les Misérables), mais aussi les registres : lyrisme d’« Ultima verba », le poème de Hugo ; La Peste de Camus, tantôt lyrique, tantôt pathétique avec le récit de la mort de l’enfant.

4. Chacun porte en soi « la forme entière de l’humaine condition »

L’expérience vécue peut, en outre, inspirer des idées plus larges, voire universelles. Comme le dit Montaigne : « Qui se connaît, connaît aussi les autres, car chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition. » Ainsi, parler de soi, c’est aussi parler de l’ensemble des hommes dès lors qu’il est question de la condition humaine, de ses joies, de ses peines.

Lorsque Hugo affirme : « Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous […] Ah ! insensé qui crois que je ne suis pas toi » (préface des Contemplations), il donne à son cas particulier une portée universelle. De même, l’expérience personnelle de Primo Levi dans les camps de concentration racontée dans Si c’est un homme (1947) renvoie l’image de tous les déportés et prend une portée morale en présentant aux hommes l’image de leur propre cruauté.

5. L’efficacité du raisonnement inductif

Enfin, le récit de l’expérience vécue amène le lecteur – qui doit tirer ses propres conclusions de l’exemple proposé – à une démarche inductive. Le cheminement de la réflexion va de l’exemple à la généralisation, du concret à l’abstrait. L’auteur joue ainsi de la force et de la vertu de l’exemple. La fiction parle à l’imagination avant de parler à l’esprit.

Une telle démarche requiert un lecteur actif qui doit réfléchir pour tirer de l’expérience vécue des conclusions et en trouver les implications dans son propre monde. Ainsi, à partir du récit que fait Montaigne dans ses Essais de sa rencontre avec des « sauvages » venus à Rouen, le lecteur doit discerner la critique sociale et politique implicite des sociétés dites civilisées et l’image du roi idéal selon l’auteur.

II. Limites et conditions de l’efficacité de l’expérience vécue

Cependant, l’efficacité de l’expérience vécue présente des limites et doit obéir à certaines conditions.

1. Une seule expérience ne saurait amener à une loi

Au-delà de l’aspect affectif, le recours à l’expérience vécue peut pêcher par ses failles logiques. Ainsi, dans les sciences expérimentales, une expérience ne suffit pas à confirmer une loi ; pour cela, il faut que de multiples expériences dans des conditions identiques aboutissent au même résultat.

De la même façon, une histoire vécue n’est qu’un cas particulier qui dépend du contexte dans lequel elle se déroule et qui ne saurait aboutir immanquablement à une vérité générale.

2. La nécessité d’un regard objectif sur son expérience

Pour convaincre, l’argumentation, en tant que développement d’une pensée abstraite, d’idées qui atteignent un degré suffisant de généralité, doit dépasser tout point de vue étroitement partisan, souvent formé par une expérience de la vie nécessairement limitée et contingente. Pour mener une argumentation efficace, il faut savoir prendre le recul nécessaire et gommer toute subjectivité excessive, volontairement ou involontairement déformante.

3. Les dangers de la persuasion : un lecteur sous influence

Parce que l’expérience vécue s’adresse davantage à l’imagination et à l’affectivité qu’à la raison, elle est plus propre à persuader qu’à convaincre et de ce fait présente des dangers. Ainsi, la sympathie (au sens étymologique) du lecteur, son identification avec le personnage dont est rapportée l’expérience peut être si forte qu’elle l’investit complètement. Le lecteur qui s’identifie ainsi à un personnage adhère à sa conception du monde ; il subit inconsciemment l’influence de ce modèle, qui peut, par un raisonnement spécieux, présenter comme une vérité générale sa propre expérience.

Il faut savoir lutter contre les séductions du récit, lequel peut prendre des voies détournées pour abuser et influencer : combien de lecteurs se sont laissé séduire par Mein Kampf et ses raisonnements spécieux ? 

La dernière partie de la dissertation (pour ceux qui souhaitent établir un plan en trois parties) propose alors une sorte de synthèse qui repose sur le mélange des récits avec des arguments fondés sur un raisonnement dans des genres hybrides comme le conte philosophique, qui allie la dimension séductrice de la narration avec le choix plus sérieux des thèmes abordés. On pourrait aussi évoquer la morale des fables qui illustre implicitement souvent les enseignements à tirer de l’apologue. On peut aussi envisager l’idée selon laquelle les expériences d’un homme sont assez limitées alors que l’imagination artistique permet de les multiplier et ainsi de les rendre plus enrichissantes . 

 

01. mars 2019 · Commentaires fermés sur Ultima Verba : Hugo dénonce le tyran et déplore son exil forcé.. une poésie de combat ! · Catégories: Première · Tags:

Avant de pouvoir rédiger le commentaire, partons de quelques observations concrètes .

De quel type de texte s’agit -il ? 

  • Poème en vers formé de quatrains d’alexandrins en rimes croisées 

  • Poème engagé, qui dénonce la tyrannie de Napoléon III : une dimension satirique 

  • Appel à la lutte et à la résistance contre le tyran 

  • Registre lyrique pour l’expression de la plainte (tonalité élégiaque de l’exil forcé ) 

  • Le titre indique une forme de gravité et désigne les derniers mots avant la mort ou ici, le départ . 

Les axes d’étude : on peut observer un mélange des genres entre l’expression du combat et celui de la douleur de l’exil ; le poète comme porte-parole de la dénonciation de l’oppression et l’appel au collectif (le Je face aux autres ) 

Exemple de titres possibles pour des parties : la dénonciation de la tyrannie , une parole épique, une parole poétique politique , un portrait satirique de l’Empereur , la lâcheté des courtisans , le courage des proscrits, l’élégie de l’exil, la souffrance du banni, la solitude du poète , la force de la parole poétique, la solennité de l’engagement .

  • Entrainez-vous à recomposer le plan de cette version du commentaire et à retrouver des titres possibles pour chaque sous-partie ..
  • Entrainez-vous également à rédiger l’introduction …

Exemple de développement …

Hugo s’adresse d’abord directement à Napoléon III et lui exprime son mépris : il le tutoie (indices personnels de la 2e personne du singulier : « te, ton »). Le nom de « César » (v. 8) dont il l’affuble prend alors une valeur d’antiphrase ironique et contraste avec le croquis burlesque d’un bien piètre « César » dans son misérable « cabanon ». Par l’antithèse ironique – d’autant plus visible que les deux mots sont à la rime – entre ce « cabanon », qu’il mériterait vraiment, et le « Louvre », qu’il occupe indûment, le poète dénonce la folie, mais aussi la mégalomanie et l’usurpation de l’empereur.

Plus avant dans le poème, la désignation implicite de Napoléon III par l’évocation de « Sylla » (v. 26), dictateur romain qui a multiplié les proscriptions et les massacres, dénonce sa cruauté sanguinaire et fait de lui une figure légendaire dont la postérité gardera le souvenir au même titre que les pires tyrans. Le poème se fait satire.

Après l’avoir tutoyé, Hugo prend ses distances par rapport à Napoléon III, comme pour l’annihiler : l’utilisation du pronom « il », pronom de l’absence (« tant qu’il sera là », v. 13), marque son refus de nommer cet ennemi, son désir de lui ôter son identité, de le renvoyer dans le néant.

La critique s’étend à l’entourage de Napoléon III : Hugo dévoile la vérité sous l’apparence officielle et révèle la contagion des vices de l’empereur à tous ses partisans.

La métonymie des « têtes courbées » (v. 9), le terme péjoratif de « valets » (v. 7) pour désigner l’entourage de l’empereur, la lourdeur des sonorités en « on » qui reviennent par six fois dans les vers 6-7 et le rythme régulier que leur imprime la répétition du son « t » (« tandis, tes, te, montreront, ton, te, montrerai, ton ») suggèrent la soumission des courtisans et fustigent leur servilité. Le terme « trahisons » (v. 9) – dont le pluriel indique qu’il s’agit d’une pratique courante – dévoile la vraie noirceur de ce milieu.

Le clergé qui « bénit » (v. 4) l’empereur n’est pas exempt de cet « opprobre » : Hugo le désigne implicitement par l’indéfini « on » (v. 4), désireux d’en rejeter les membres dans l’anonymat et l’oubli, ce qui sera l’un de leurs « châtiments ». Il dénonce ainsi indirectement la complicité coupable de l’Église avec Napoléon  III.

Mais Hugo sait marier satire et lyrisme, et change de ton quand il évoque son sort d’exilé qu’il partage avec ses « nobles compagnons » (v. 1). 

Le poème répond à la rumeur d’amnistie proposée par Napoléon III aux proscrits qui reviendraient en France. Hugo fait ici allusion à ce « piège » qui peut faire vaciller des volontés moins fortes, et peut-être même la sienne…

Le ton religieux, la solennité à l’antique : le thème de l’exil est abordé par le biais de l’apostrophe solennelle à ses pairs en exil, qui rappelle les exhortations à l’antique : le ton est quasi religieux. Ainsi, « culte » (v. 1), terme du vocabulaire religieux, évoque celui des Mânes antiques ; l’apostrophe collective « bannis » (v. 2) semble sortie d’un sermon  ; enfin, la « République » qui « nous unit » (v. 2), personnifiéepar la majuscule, renvoie à une valeur antique essentielle. Ces références au bannissement, qui renvoient à la tradition politique de la République romaine antique, sont reprises par la mention de « Sylla » (v. 26) pour désigner Napoléon qui ne sort pas grandi de cette comparaison .

Le mouvement final de la dernière strophe est préparé par la désignation successive des proscrits dans le poème, la relation de Hugo avec eux étant marquée par un détachement progressif. Hugo part d’une sorte de fusion suggérée par les indices personnels de la 1re personne (« mes compagnons, nous unit, nous tente »), puis, de cette idée collective, il passe à une certaine individualisation (« si quelqu’un a plié », v. 23) et marque la distance instaurée avec ceux qui ont « plié » par le pronom indéfini « on » (v. 25). Si on ne sent de la part de Hugo aucun reproche, l’emploi au vers 26 de « ils », pronom de l’absence, et la formule impersonnelle « s’il en demeure dix » (v. 27) suggèrent cependant la séparation entre lui et ses anciens « compagnons » (v. 1).

Lorsqu’il répète comme un leitmotiv le nom de la « France », Hugo exprime son mal du pays avec des accents nostalgiques  Ainsi, des expressions « ta terre », « ta rive » (v. 15 et 17) se dégage une impression de nostalgie . Le mot nostalgie est à prendre ici dans son sens étymologique de « désir de retour », comme en témoigne la forte opposition du vocabulaire du départ (« reverrai, s’en vont, tente ») et de la fixité (« croiserai les bras, planterai, resterai, rester, demeurer, être »).

Par endroits, le ton et le rythme se font élégiaques : la répétition de certains mots, l’anaphore de « Je ne reverrai pas » (v. 15 et 17) qui met en valeur la négation – et, par là, la souffrance du manque –, l’interjection « hélas » (v. 18) ou le vocabulaire de la douleur (« âpre exil », v. 21) font de ces vers une plainte douloureuse. Les sonorités mêmes contribuent à cet effet : les rimes féminines (v. 13, 15, 17…), les « e » muets (à l’intérieur des vers 14, 15, 17), sonorités douces, et le son « s » (v. 13-14, 15 : « sera, cède, persiste, France » deux fois, « douce, triste ») donnent à ces vers un ton nostalgique.

La  peine toutefois est atténuée par le recours à la prétérition, qui consiste à présenter sa nostalgie par la négation. 

Les sentiments passent par de discrètes allusions personnelles : la référence au « tombeau [de mes aïeux] » (v. 16) suggère implicitement celui de sa fille Léopoldine ; l’évocation du « nid de [s]es amours » (v. 16) est une métaphore qui rappelle son attachement à son pays natal

En contraste avec cette délicatesse affective, le ton se fait parfois poignant et ferme.

La triple apostrophe à la France personnifiée, qui se développe sur un ample groupe ternaire, rythme de l’émotion, et est mise en relief par la coupe et le hiatus (« aimée // et », v. 14), prend des accents épiques.

L’abondance tout au long du poème de verbes, conjugués pour la plupart au futur de certitude, insuffle élan et amplitude à la parole de Hugo.

Enfin, les bras croisés (v. 10), associés au verbe « Je resterai » (v. 20) qui suggère la permanence et la solidité, la solennité du dernier vers font penser à la statue d’un héros car ils évoquent une attitude méditative, mais ferme. La parole du Poète devient une force .

 À travers l’expression de ses sentiments et la force de ses vers, Hugo se pose en figure emblématique du poète engagé dont l’arme est la parole.

La fréquence du pronom « je » (répété treize fois, le plus souvent en tête de vers) ou de sa forme tonique « moi » témoigne d’une forte présence de l’auteur qui se met lui-même en scène pour mieux affirmer son originalité.Hugo se présente dans la posture du héros romantique-type : il est « debout » (v. 20), les bras croisés…Complétant ce portrait physique, de nombreuses comparaisons soulignent son originalité : il apparaît ainsi sous les traits de personnages très divers, tantôt gardien de l’autel du souvenir, sorte de Romain chargé du « culte » de la « République » (v. 1-2) ; tantôt prophète à travers la mention du « sac de cendre qui [le] couvre » (v. 5) ; tantôt héros d’épopée évoquant Achille retiré à l’écart sous « sa tente » (v. 19) ; tantôt statue avec « mon pilier d’airain » (v. 12) ; 

Ces diverses images composent le portrait théâtralisé et impressionnant du poète héroïsé.

Le poème progresse sur le mode de la gradation descendante qui focalise le lecteur sur le personnage du poète mis en scène. Le jeu sur les chiffres, reposant sur une progression qui va s’accélérant de « mille » à « cent », puis « dix », puis « un », crée un mouvement qui semble irrépressible. À cette gradation correspond le jeu sur le rythme des vers : le vers 25 est fragmenté (les troupes sont nombreuses, les rangs instables) ; la relative stabilité du vers 27, coupé à l’hémistiche, soutenue par un parallélisme dans la place de « dix » et « dixième » en fin d’hémistiche, amorce un équilibre qui suggère force et stabilité ; enfin le vers 28 obéit à un équilibre parfait dans son rythme ferme et tonique et l’adéquation entre « un » et « celui-là ».

Hugo joue aussi sur les rimes pour donner plus de force à ce final épique : les rimes masculines sonores en « a » de « Sylla » et « celui-là » qui portent l’accent tonique, s’opposent fermement. Les sonorités orchestrent ce tableau : aux vers 25 et 27, la répétition de la voyelle aiguë « i » (9 occurrences) alliée à des sons forts (« que » répété, « qu’un », « [celui-]là ») met progressivement l’emphase sur le dernier vers, très théâtral.

Cette mise en scène spectaculaire a pour but de montrer que la parole du poète est aussi forte que des actes. Par la répétition du verbe dire (au sens plein de « proclamer », v. 6), Hugo signifie que la parole a un puissant pouvoir sur le monde.

La parole dévoile, perce les apparences, renverse l’échelle des valeurs : ainsi, par la puissance du verbe, l’« insulte » deviendra « gloire » (v. 3), ce qu’on « bénit » sera entaché d’« opprobre » (v. 4) ; la réunion de ces contraires dans un même vers matérialise le pouvoir du poète.

La parole confère aussi l’identité et la suprématie, comme en témoigne l’utilisation des pronoms personnels : ainsi le « je » du poète en début de vers 3 et 4 s’affirme fermement, face à un « on » anonyme, derrière lequel se profile implicitement le tyran, Napoléon III.

Le dire du poète est enfin détenteur du futur, synonyme d’espoir et de sa confiance dans l’efficacité de sa mission : les futurs « Je jetterai l’opprobre » (v. 4), « Je serai […] la voix » (v. 5-6) s’opposent au passé ou au présent des « traîtres » qui se soumettent au tyran, celui qui « a plié » (v. 26), ceux qui « s’en vont » (v. 27). Le ton se fait ici prophétique et rappelle une des missions du poète romantique : il éclaire le peuple et sert de guide pour l’avenir.

 Pour conclure ,le changement de la date de composition du poème (2 décembre au lieu du 14  décembre 1852) est significatif : la date choisie – celle du coup d’État – prend une valeur symbolique et révèle l’importance du poème. De même, son titre latin, très solennel, lui donne l’importance d’une déclaration solennelle placée sous l’autorité de l’Antiquité et des grands orateurs et proscrits. Hugo, le républicain, se bat avec son arme – les mots – et avec force, contre le criminel politique, tout en montrant sa détermination inébranlable, sa destinée unique face à tous. Il s’investit du rôle suprême de modèle : la bouche qui dit « non », par un effet de mise en abyme résonne comme un écho à sa propre voix. Le poème montre l’efficacité de la poésie engagée, pour peu qu’elle ne soit pas trop ancrée dans les événements auxquels elle se réfère et accède à un degré d’universalité qui lui fasse transcender le temps. Le poème de Hugo peut être le chant de tout opposant (Napoléon III n’est pas nommé), de tout exilé insoumis, une leçon de démocratie. Il a son écho au siècle suivant dans les poèmes résistants d’Aragon (« L’Affiche rouge ») ou d’Eluard (« Liberté ») qui dénoncent les atrocités commises par l’occupant allemand .

01. janvier 2019 · Commentaires fermés sur Les liaisons dangereuses : Valmont expert en trahisons sentimentales .. · Catégories: Première · Tags:

Le roman épistolaire de Laclos rédigé en 1782 a failli lui coûter sa carrière militaire car ses supérieurs l’ont considéré comme une violente critique  contre la noblesse dépravée.  Le succès du roman a été très important et la traduction anglaise parut moins de deux ans plus tard.  L’intrigue principale met en scène un couple manipulateur formé par la Marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont qui trompent tous les membres de leur entourage et se font passer pour des gens vertueux et aimables alors qu’en réalité, ils sont égoïstes et fourbes. La structure du roman par lettres met le lecteur dans une position particulière : il connaît tous les échanges entre les protagonistes et ainsi, il devient une sorte de voyeur car il entrevoit leurs moindres secrets et tous  leurs mensonges. Valmont incarne les dangers du libertinage : calculateur, il s’efforce de ne rien laisser au hasard et prémédite la manière dont il va séduire la Président de Tourvel, une jeune femme devant laquelle il va  tenter de se faire passer pour un homme pieux et sincère. Après de longs mois d’une cour acharnée , il a finalement réussi à se faire aimer d’elle ; pendant tout ce temps, il a continué à voir d’autres femmes et  lui menti constamment sur la sincérité de ce qu’ il éprouve pour elle .  Alors qu’il passait la journée en sa compagnie et qu’elle désirait sortir, il a prétexté un rendez-vous important et a pris congé d’elle; La Président  a finalement décidé d’aller dîner chez des amis et ne chemin, sa voiture rencontre celle de Valmont, près de l’opéra, accompagné par une courtisane, une fille connue pour vivre de ses charmes.  Nous allons étudier la lettre 137 envoyée par Valmont à la présidente de Tourvel  : elle constitue la réponse à la lettre de la jeune femme, désespérée, qui pense alors être trompée et  demande à son amant  de mettre un terme à leur relation. Le vicomte se défend  avec beaucoup d’éloquence en employant une stratégie argumentative astucieuse. 

 

 

 

Dans cette lettre , Valmont tente de  se justifier auprès de la Présidente qui se considère trahie : elle lui avoue avoir eu tort de lui faire confiance et s’accuse de son propre aveuglement. Il tente alors de la rassurer et de regagner sa confiance. Nous examinerons la stratégie argumentative de Valmont : comment tente t-il de convaincre Madame de Tourvel qu’il ne l’a pas trahie ?

Notons tout d’abord qu’il s’efforce de faire naître sa pitié en utilisant un registre pathétique . Dès les premières lignes, on trouve des points d’exclamation qui traduisent son émotion . Le verbe frémir traduit, par exemple, l’intensité de ses sentiments et pourrait désigner , à la fois la peur mai également le frisson de l’amour. Valmont reprend point par point les reproches  contenus dans la lettre qu’il a reçue: Il évoque ainsi “l’affreuse idée” que se fait de lui la jeune femme pour mieux tenter de lui donner tort. Il concède tout d’abord un argument à la partie adverse en affirmant qu’il a eu des torts  mais il tente aussitôt de lire minimiser. Le modalisateur “sans doute ” tend à réduire sa part de responsabilité . Cette une technique argumentative efficace  est appelée concession. Cette technique est  employée également aux lignes 6 lorsqu’il est question des apparences; Valmont concède qu’elles ont pu le desservir et donner de lui une image négative pour mieux tenter ensuite de réfuter cette idée et de se faire passer pour innocent.  

La syntaxe expressive fait ressortir l’indignation du vicomte grâce notamment aux parallélismes de construction et aux répétitions : “ Qui moi vous humilier vous avilir ” ( l 4 ) ; Ces deux verbes ont un sens critique très fort et la technique employée ici porte le nom de dénégation; l'accusé nie  en partie les faits et  se défend d'avoir voulu nuire à la jeune femme.  Cette fausse indignation est suivie d'une déclaration respectueuse : “quand je vous respecte autant que je vous chéris ” ( l 4 ) On note le contraste entre les deux parties de la phrase et la conjonction de subordination quand  qui marque la simultanéité des deux actions a ici,  presque la avaleur d’une opposition ; On pourrait le traduire par : alors que. Le vicomte tente de donner de lui l’image d’un homme respectueux alors que les faits disent le contraire. 

Il fait appel aux sentiments de son amante en utilisant une question rhétorique ligne 7 “ n’aviez vous  pas dans votre coeur ce qu’il fallait pour les combattre ? ” Ici le mot coeur est une métonymie qui désigne à la fois le siège des sentiments, des émotions mais également le siège de l’intelligence et du jugement comme on le voit avec la phrase suivante : “ vous m’avez jugé capable de ce délire atroce ” . Valmont tente de retourner la situation en se faisant passer pour une victime et développe une argumentation dans ce sens ; “si  vous vous trouvez dégradée à ce point  par votre amour , je suis donc moi-même bien vil à vos yeux ” La première partie de la phrase développe un système hypothétique qui fait dépendre la situation du Vicomte du simple jugement de sa maîtresse; Il se décrit comme dévalorisé par l’image négative que la présidente a de lui et qu’il s’ efforce de corriger . Le registre pathétique réapparaît à de nombreuses reprises  notamment aux lignes 11 où le vicomte se prétend “oppressé par le sentiment douloureux ” d’être mal jugé ; ou à la ligne  17 où il évoque un “événement cruel ” et également “la crainte de vous déplaire ou de vous affliger ” ligne 24. Le vicomte rejette  de manière habile en grande partie sa faute sur sa véritable victime  et se plaint de sa cruauté alors que c’est justement sa cruauté à lui qui est affichée par son attitude  ; C’est un habile retournement de situation que de se faire passer pour la victime alors que l’on est accusé à juste raison . 

La question rhétorique est souvent un moyen de persuasion dans la mesure où elle implique elle lecteur dans l’argumentation : celle de la  ligne 17 “cependant qui le croirait  ? “  marque un changement dans la stratégie argumentative du vicomte: après les reproches, c’est le moment d’exposer les faits sous un jour nouveau  et de tenter de faire douter sa maîtresse. Il avance tout d’abord la responsabilité de la présidente qui lui aurait fait perdre la tête et oublier ses obligations : “ cet événement cruel a pour première cause le charme tout puissant que j’éprouve auprès de vous ” C’est une manière habile de présenter les faits en rendant son amante responsable de ses agissements  et en rejetant la faute sur elle au lieu d’assumer un écart de conduite et une tromperie préméditée . L’amour de la Présidente  est donc ici qualifié de “charme tout puissant ” comme pour lui rappeler le pouvoir et la domination qu’elle exerce sur son esprit alors qu’en réalité, c’est le Vicomte qui la manipule entièrement depuis le début en ne cessant de mentir . Il s’agit cette fois de reproches déguisés comme la phrase “je vous quittai trop tard ” ( l 19 )  Le but est toujours de faire culpabiliser la jeune femme et on touche ici le comble de la mauvaise foi

En effet, le lecteur qui a connaissance depuis le début du roman de tous les mensonges de Valmont espère que la jeune femme ne continuera pas à être dupe de ses agissements et finie par découvrir la vérité sur ce séducteur sans scrupules .

Au lieu d’exposer les faits et d’avouer qu’il a retrouvé une de ses anciennes maîtresses nommée Emilie, Valmont rend ainsi  la présidente responsable de tout ce qui s’est passé. Il va même jusqu’à vouloir justifier le fait d’avoir voulu dissimuler la présence de la courtisane par “crainte de vous déplaire ou de vous  affliger ” et évoque ainsi, de sa part “une précaution de la délicatesse “ .( l 25 ) ; Nous voyons ainsi qu’il donne de lui l’image d’un amoureux transi qui craint d’être jugé “coupable “ ; alors qu'il s'est mal conduit, il persiste à se trouver des excuses qui semblent toutes plus ridicules les unes que les autres : il aurait rencontré la demoiselle par hasard et elle lui aurait demandé de la déposer chez elle . 

En effet, la culpabilité du vicomte  ne fait aucun doute dans l’esprit du lecteur et c’est ce qui rend cette lettre particulièrement comique ou tragique selon le points de vue. De plus , ce même lecteur ne va pas tarder à connaitre  une autre  version de cette rencontre, cette fois du point de vue de Valmont lorsqu’il  raconte, deux lettres plus tard, ce même événement  à la Marquise. Dans cette lettre, il ridiculise volontairement la Présidente .  Alors qu’il tente , pour justifier sa tromperie,de faret passer sa maîtresse pour une sorte   de bourreau , de juge impitoyable, il se moque d’elle un peu plus tard  “ je sentis sur le champ que vous seriez portée à me juger coupable ” l 23: cette phrase  a l’allure d’une sentence et parait très sévère . On retrouve à cette occasion un des reproches que les libertins adressaient à la société qui les entourait : elle les jugeait amoraux et donnait d’eux une image négative. 

Valmont va même jusqu’à accuser la femme qui l’accompagnait en évoquant une sorte d’ abus de pouvoir : à travers ses propos, il laisse deviner qu’il méprise Emilie qu’il qualifie de “fille” ce qui sous -entend qu’elle n’est pas mariée et il  lui reproche, à elle aussi, d’avoir voulu profiter de cette occasion si éclatante ” (l 27 ) . Il prend alors, à nouveau la position de victime en évoquant sa “peine cruelle “ et en  renouvelant à l’intention de sa destinataire, son “amour et son respect” . Cette lettre a clairement pour but d’éviter une rupture avec une femme dont , bien qu’il s’en défende, il commence à tomber amoureux : ce qui entre en opposition avec son libertinage . 

Le vicomte  cherche également à culpabiliser la présidente en faisant appel à son intelligence , à sa raison ; Il cumule ainsi des techniques de persuasion fondées sur l’usage de sentiments avec des techniques de conviction qui se basent sur l’usage du raisonnement . Cette lettre déploie des trésors d’éloquence mais le lecteur n’est pas dupe des techniques employées par ce séducteur. il devra toutefois attendre encore deux lettres pour comprendre l’étendue des mensonges et  de l’hypocrisie du personnage.  La cruauté de Valmont atteindra son paroxysme avec la fameuse lettre de rupture qui va suivre . Cette  lettre de rupture terriblement cruelle  a été écrite par Madame de Merteuil et sera recopiée, puis envoyée par le vicomte. Dans cette  lettre  particulièrement humiliante, Valmont déclare qu’il ne l’a jamais aimée. Cette révélation provoquera, à moyen terme, la mort de la jeune femme, victime de ce duo de séducteurs sans scrupules .

Pour les libertins, l’amour  véritable est considéré comme une faiblesse et la Marquise se moque de Valmont lorsqu’elle comprend qu’en dépit de toutes ses dénégations, il éprouve des sentiments pour la Présidente . C’est elle qui va le pousser à la rupture par jalousie .Valmont apparait ici hypocrite et fourbe; Dans  la lettre suivante, Valmont se moque ouvertement de Madame de Tourvel qu’il qualifie d’austère dévote et lorsqu’il mentionne cet épisode, il avoue avoir souhaité rejoindre Emilie, avoir passé la nuit chez elle . De plus, il sait que Madame de Tourvel a  fait envoyer chez lui un messager qui est revenu en mentionnant que le vicomte passait la nuit à l’extérieur .

La lettre  que nous avons étudiée montre une sorte de tentative de reconquérir le coeur et la confiance de la présidente en comptant sur sa naïveté et sur la force des mensonges “admirables ” .Le vicomte est ainsi pris au piège ; d’un côté; la Marquise de Merteuil  continue à lui faire croire qu’elle acceptera de devenir sa maîtresse s’il exécute sa volonté : rompre définitivement avec Madame de Tourvel. D’un autre côté, Valmont aimerait prolonger sa laissions car il éprouve un véritable attachement pour la Présidente . Cette lettre cruelle  mettra définitivement un terme aux illusions de la présidente et révélera toute la noirceur de l’âme de Valmont   La fin tragique du roman est enclenchée :  la jeune femme trahie et blessée se retirera du monde ,  et mourra de chagrin et de remords quelques mois plus tard . Valmont se laissera tuer en duel par le chevalier Danceny et la Marquise, défigurée par la petite vérole  et ruinée par un procès, devra quitter la France définitivement . 

La morale de ce roman est mentionnée dans la dernière lettre “Qui pourrait ne pas frémir en songeant aux malheurs que peut causer une seule liaison dangereuse ! et quelles peines ne s’éviterait-on point en y réfléchissant davantage ! Quelle femme ne fuirait pas au premier propos d’un séducteur ? ” Pour ne pas avoir réussi à fuir et pour avoir cru aux mensonges de Valmont , de nombreuses femmes ont souffert . 

Quelques exemples d’axes de lecture : 

une réthorique du mensonge : les fausses accusations (, concession et dénégations ) et les explications .

le registre pathétique :  se faire passer pour une victime, se plaindre et culpabiliser l’autre

rejeter la faute sur l’autre : hypocrisie et libertinage.  

 

01. octobre 2018 · Commentaires fermés sur · Catégories: Première · Tags: , ,
 

 

23. avril 2018 · Commentaires fermés sur Le dernier discours de Robespierre · Catégories: Première · Tags: ,

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 Au moment où il prononce ce discours, Maximilien de Robespierre n’est plus simplement un jeune avocat qui vient d’arriver à Paris ;  reconnu comme l’un des chefs des Jacobins, il est  déjà craint pour son extrémisme qui en fait un ennemi redoutable des révolutionnaires modérés ou hésitants et il  siège depuis peu  au Comité de Salut Public ; Redouté par beaucoup, on le considère comme l’un des grands dirigeants sous le régime de la Terreur, période tourmentée et sanglante qui suit immédiatement la révolution de 1789 et qui laisse voir une grande instabilité dans les institutions politiques .  Prononcé en juillet 1794,quelques jours seulement avant son exécution, ce texte est avant tout un plaidoyer pour l’oeuvre accomplie par la Révolution et un réquisitoire contre tous les adversaires de la Révolution; Robespierre souhaite qu’on le juge sur ce qu’il a tenté de faire et il justifie ses prises de décision par l’urgence de la situation politique . Voyons comment son intervention est construite .. il y justifie  , le plus souvent son action politique au nom de valeurs telles que la vérité et la Liberté et y montre ses adversaires sous un jour négatif comme des tyrans et des oppresseurs du Peuple; Il y prétend mener un combat qui le dépasse et nie toute forme d’ambition personnelle ; Il s’y montre comme le bras armé qui défend les intérêts du Peuple. Tyran malgré lui pour combattre la tyrannie: c’est là le paradoxe qui caractérise ces  “ultima verba”

Il s’agit avant tout de mettre le public de son côté et Robespierre va d’abord employer des techniques propres à tous les orateurs en jouant avec son public et en l’apostrophant à de nombreuses reprises ;

 I Un discours éloquent : créer un lien avec le public 

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1) les adresses au public : l’ami du Peuple

A la ligne 12, l’orateur s’adresse à la foule tout entière avec le mot Peuple qu’il répète ensuite à la ligne suivante : Il lui demande de se souvenir de ce qu’il a fait et emploie l’impératitf ici à valeur exhortation; L’impératif a également pour fonction de rythmer le discours et de créer des répétitions: souviens toi, l 12 et  l 14 ; le tutoiement est répété également aux lignes 13 et 14 ; Le Je qui est la personne dominante  dans l’élocution cède de temps en temps  la place au nous qui inclut ainsi le public : 24; 25 26 nous perdrions la patrie, la tyrannie règne parmi nous ; Dans son allocution, Robespierre ne cesse de s’adresser au peuple dont il se prétend l’ami et le défenseur : ta confiance et ton estime seront des titres de proscription pour tous tes amis ( l 20) . Le Tu marque ici à la fois une proximité et une complicité; Robespierre tent edu créer un lien fort avec l’auditoire de s’en faire un allié.

2) le jeu des répétition

 Le but des répétitions est de créer des rappels entre les différentes parties du discours , des échos sonores qui servent de points de repères auditifs pour l’auditoire . On retrouve également des répétitions avec sache16 et 17 ainsi qu’avec le verbe dire ; disons 26, 30 ; la répétition peut également affecter la structure des phrases : elle est alors moins visible mais on l’entend tout autant : toi que l’on flatte, que l’on craint et que l’on méprise : rythme ternaire ; Répétition de la subordonnée lignes 30 à 35   Qu’il existe une conspiration , qu’elle doit sa force à une coalition,  que cette coalition; que les ennemis de la république ; que les membres ; que la coalition (35 ) ; Cette cascade de subordonnées instaure un lien cause conséquence très fort entre les arguments développés par l’orateur . 

3) usage des questions oratoires 

L’emploi des futurs associés aux formes interrogatives des questions rhétoriques contribue également à ponctuer et à structurer cette prise de paroles de Robespierre : souscrivons nous , 24, révélerons -nous 26, dénoncerons -nous 27 .. il englobe le public dans sa prise de parole et l’implique ainsi fortement.

Tous ces procédés fréquents dans les discours contribuent à créer entre la foule et l’orateur un lien qui lui permet ensuite d’impliquer son auditoire dans la défense de la cause qu’il soutient. 

Ici il s’agit plus particulièrement d’attaquer ses adversaires et Robespierre emploie une stratégie volontairement offensive 

 II Les attaques : une stratégie très offensive 

1.  l’usage du lexique dépréciatif 

Pour déprécier ses adversaires et réduire leur valeur, on va les critiquer ostensiblement en utilisant , par exemple, des mots dépréciatifs tels que : Hommes pervers 2 , oppresseurs du peuple 9, tyrans, 10, 22, 19, 40  dictateur  24, scélérats, fripons l 44 ; On constate que ces insultes touchent essentiellement deux domaines ; tout d’abord celui de l’oppression politique avec les mots tyrans  et dictateurs qui sont les principales accusations lancées par Robespierre .  Ce sont celles qu’il emploie le plus souvent pour montrer les abus de pouvoir des aristocrates notamment ou de ces opposants .Un autre domaine revient souvent: c’est celui celui de la mauvaise conduit morale : en effet, Robespierre fait souvent allusion à ces ennemis comme à de mauvais hommes, des criminels:  Il les condamne ainsi pour leur absence de moralité. Ainsi le mot crime apparait à plusieurs reprises : ligne 7 carrière du crime, route du crime l 25 et dans sa conclusion: je suis fait pour combatte le crime l 40 qui donne ainsi de lui l‘image valorisante d’un justicier, d’un homme de bien qui combat le Mal . En effet, il s’agit pour Robespierre de se justifier sur le plan politique et donc de montrer qu’ en s’opposant à des criminels, il agit en homme de Bien au service du bonheur du peuple et de la Liberté. 

2. Le combat du Bien et du Mal : un combat éthique 

Le discours de Robespierre oppose ainsi volontairement et parfois au moyen d’antithèses le Bien au mal; Ces oppositions apparaissent sous plusieurs formes et  sont présentes dès le début du discours avec l 1 la première opposition entre les vices et les vertus . Face à ses détracteurs, Robespierre  se présente comme un homme pur et intègre qui doit combattre dans le voisinage impur d’hommes pervers; Cela revient à opposer sa droiture morale et sa pureté à la perversité des gouvernants qu’il combat ( l 2) ; Il indique d’ailleurs cherché lui aussi la ligne de démarcation entre le Bien et le Mal .( 6 )

3. Seul contre tous : la théorie du complot 

Au fur et à mesure de son réquisitoire , Robespierre se pose en victime et en homme seul face au reste du monde : à la ligne 10 il évoque la ligue des tyrans, image qui montre la force  de la coalition formée par  l’ensemble de ses adversaires  et montre qu’elle a beau jeu d’accabler un seul homme.  On a ainsi l’impression d’assister à un combat fortement déséquilibré. Il se présente également comme le seul ami du peuple , un homme qui s’élève pour “défendre ta cause et ta morale publique.” Il utilise également le mot horde ligne 43 pour montrer la force de ses adversaires ici implicitement comparés à des bêtes sauvages. A la ligne 31, il évoque également la coalitition criminelle et il détaille l’ensemble de ses ramifications ; il existe des traîtres selon lui partout ; Au sein de la Convention ( 31 ) dans le Comité de Sureté Générale ( 32 ) , dans les principaux bureaux et même au sein du Comité de Salut Public ( 33 ) Il évoque ainsi un vaste complot qui menace  et cherche , selon ses mots à “perdre les patriotes et la patrie “  l 34 . On peut entendr des accents de paranoïa dans cette manière de montrer des adversaires omniprésents qui l’encerclent et , en quelque sorte, le mettent à mort . Robespierre apparait ainsi comme une victime expiatoire qui paye de sa personne pour sauver la Révolution.

 En effet ,à la fin de son discours, l’orateur évoque sa mort prochaine  sans trembler et se proclame , une fois de plus du côté de la Raison  “que peut -on objecter à un homme qui a raison et qui sait mourir pour son pays ? ( 41) 

4. Devenir un tyran pour sauver la Patrie ? 

Seul face à ces forces menaçantes, Robespierre propose ce qu’il nomme  un remède contre le Mal , conservant ainsi l’allure , aux yeux du public , d’un sauveur de la Patrie. Il emploie le verbe épurer  à plusieurs reprises: on reste bien ici dans un contexte moral  car épurer signifie d’abord, ôter les parties impures, rendre pur . Il termine avec une tonalité particulièrement menaçante  en évoquant l’idée d’écraser ses ennemis ( 38 ) avec le poids de l’autorité nationale. On voit bien qu’il se sert de l’ Etat et du pouvoir conféré par ses fonctions pour entreprendre de terrasser ses ennemis ; C’est la définition même de la tyrannie : un pouvoir autoritaire et sans contrôle qui est donné temporairement à un homme pour sauver l’Etat de la ruine.  C’est ainsi que la plupart des tyrans ont justifié leur coup d’ Etat ou leur prise de pouvoir .On aboutit donc , de manière paradoxale à l’idée d’un tyran qui cherche à lutter contre la tyrannie des ennemis de la Patrie. La violence de l’affrontement  est suggérée au moyen de certains mots comme “empire des tyrans armé contre nous ” (22)  “chaînes “ qui entravent le Peuple ” et qui évoquent l’esclavage (15 )  “élever sur leurs ruines la puissance de la justice de la liberté ” image de la destruction d’un monde corrompu (38 ) . Robespierre conserve ainsi son image de combattant pour la liberté : il fait figure de Résistant contre l’Oppression et le Mal, qu’incarnent à ses yeux , ses ennemis . 

 Mais Robespierre ne se contente pas d’attaquer ses ennemis, il va également tenter d’imposer son raisonnement en utilisant des procédés rhétoriques qui ont fait leurs preuves . 

III  Un  raisonnement logique puissant 

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La force d’une argumentation repose la plupart du temps sur le choix et la valeur des illustrations et des citations; Robespierre convoque l’Histoire romaine et la figure d’un des plus grands orateurs de l’Antiquité: Cicéron, homme politique romain, issu de l’ordre équestre , qui combattit les privilèges des sénateurs et prit une part active contre la corruption des hommes politiques de son époque tourmentée elle aussi (premier siècle avant JC ) . Cicéron s’illustra notamment dans la lutte contre la concussion (crimes commis par des politiques dans le cadre de leurs fonctions ). Robespierre va donc tenter d’incarner un Cicéron de la révolution au service du Peuple et de la Patrie.

.1.  Robespierre, un nouveau Cicéron ? 

D’ailleurs il traite ses accusateurs de Verres et de Catalina , deux hommes politiques corrompus qui cherchaient uniquement à s’enrichir et qui, dans la rome antique, ont fait l’objet de deux célèbres mises en accusation menées par un avocat -magistrat qui s’appelait Cicéron. Robespierre fonde donc son raisonnement ici sur des arguments d’autorité en citant ces noms célèbres à titre d’exemples. Catalina fut jugé en 63 av JC pour avoir conspiré contre la République romaine ; Quant à Verrés, en tant que gouverneur de la Sicile, il fut accusé par la plupart des cités sous  son mandat,  de pillages, destruction d’oeuvres d’art et vols en tous genres; En face de lui, un jeune consul l’accusa et lui demanda de répondre de ses actes ad populum (face au peuple ) ; Marcus Tullio Cicero plus connu sous le nom de Cicéron  obtint un grand succès avec son réquisitoire contre Verres qui est aujourd’hui encore cité comme un modèle d’éloquence. Robespierre se met ainsi à la place du jeune consul romain et devient un nouveau Cicéron. Cette référence historique lui donne un peu de la gloire de son illustre modèle .

2. La force de la logique : des oppositions révélatrices 

Pour donner davantage de poids à ses arguments et à ses attaques, l’orateur construit des séquences fondées sur une organisation logique : il orchestre les oppositions en utilisant principalement les Mais et les au lieu de .. ; il rappelle tout d’abord les vilenies commises par les révolutionnaires   corrompus qui  se partagent la France comme un butin au lieu de la rendre libre et prospère (5 ) ; Robespierre insiste également sur l’opposition entre le passé et les promesses effectuées (naguère ) et la dureté  du présent : dés ce moment je leur lègue l’opprobre et la mort ; le châtiment qui frappe les oppresseurs apparaît ainsi nécessaire et justifié  car lié à une promesse que Robespierre va s’efforcer d’honorer . Il rappelle qu’il s’agit de son devoir de mourir “en défendant la cause du genre humain ” (11 ) .

Lorsqu’il s’adresse au Peuple, il précise qu’on le traite en esclave alors qu’il devrait être souverain reconnu (15 ) et montre que ce sont les passions des magistrats qui règnent au lieu de la justice (15 ) 

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Il orchestre ses propos en fabriquant un jeu de questions -réponses dans le troisième paragraphe . Il répond ainsi à chacun des questions au moyen d’hypothèse alarmistes qui peignent un futur catastrophique :  “Nous perdrions la Patrie ” .  Le futur et le conditionnel  caractéristiques de ce qu’on nomme dans les discours le ton prophétique sont employés pour décrire un avenir sombre . Robespierre ici est un messager qui prédit des catastrophes s’il n’est pas suivi . Il  évoque ainsi  les conclusions de son raisonnement ligne 39 .;  j’en conclurai donc .. et  termine en précisant que le temps n’est point arrivé (42 )  pour assurer la victoire de  ses idées. 

En conclusion, il s’agit ici d’un discours particulièrement éloquent dans lequel l’orateur , au seuil de sa condamnation, jette ses dernières armes dans une bataille de mots et une bataille d’idées où il se sait d’ores et déjà perdant. Il apostrophe le Public et tente de créer une solidarité avec lui et invective ses adversaires en démontrant que ce sont des bandes de criminels qui se propagent dans tous les organes de l’Etat .Il parait seul contre tous et se pose dans le rôle d’une victime qui fait son devoir: celui de se sacrifier pour le Peuple. Il apparaît ainsi comme une sorte de Justicier qui est prêt à mourir pour une cause qui lui semble juste; l’Histoire jugera sévèrement cet homme qui a commis de nombreux crimes et il semble paradoxal qu’il soit devenu un tyran dans la Mémoire collective alors que toute sa vie il a semblé lutter contre les tyrans de son époque. 

31. mars 2018 · Commentaires fermés sur Robespierre veut moraliser le droit à la propriété · Catégories: Première · Tags: ,
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Le chef des Montagnards , soutenu par les comités de sans-culottes , s’attaque à l’un des fondements de l’activité économique: le droit à la propriété. Son éloquence repose ici sur des arguments variés et il s’inspire du style des orateurs romains mais également des discours des Lumières  et de leurs critiques de la société,des inégalités  et de l’exercice du pouvoir . Voyons en détails quels procédés il emploie et quelle est sa stratégie argumentative ?  Les questions que vous pourriez avoir le jour de l’examen : quelle est la stratégie argumentation de l’orateur ? comment le discours est-il construit ? en quoi ce discours est-il éloquent ? convaincant ? que critique ce discours et pourquoi ? A partir des questions données, entrainez-vous à ébaucher des plans en classant les éléments donnés ci-dessous …

Robespierre  commence  une technique qui a fait ses preuves : rassurer l’auditoire : le verbe complèter l 1 sous-entend que sa théorie de la propriété vient juste s’ajouter à celle admise par la majorité des députés alors qu’en réalité son discours vise à modifier la conception même de la propriété.  Il fait d’ailleurs état à la ligne 2 de l’inquiétude supposée de la foule  et anticipe ainsi sur les arguments de ses adversaires ; c’est un excellent moyen de désamorcer leurs appréhensions . Le subjonctif ici a une valeur d’exhortation : il exerce ainsi une pression sur l’auditoire et les met dans de bonnes  conditions pour écouter la suite; L’adresse au public : âmes de boue  l 2 contient pourtant  une forme de provocation ; Le style imprécatif est  néanmoins souvent employé pour créer un contrat avec le public ; L'orateur se sert ici de la fonction phatique du langage: et instaure la communication . Anticipant la défiance et un rejet éventuel de la part des riches propriétaires, Robespierre emploie le mot trésors au lieu du mot argent et rend ainsi quelque peu ridicule l’amour de l’argent dont font preuve les propriétaires ; A la ligne 3 , il rend explicite l’une des principales accusations qui vont permettre la réforme du droit de propriété : l’origine douteuse des richesses acquises, souvent octroyées lors de la période féodale par le roi pour récompenser la valeur militaire des aristocrates qui se battaient pour le royaume; En effet, pendant des centaines d’années, le pouvoir royal a utilisé comme principale rétribution pour les vassaux de la couronne, les terres du royaume et les paysans se sont ainsi retrouvés sans ressources propres, obligés, pour pouvoir exploiter la terre , de payer un loyer à leurs seigneurs  sous forme d’impôts qui ne cessent d’augmenter . Robespierre entend ainsi souligner les abus commis par la royauté. L’adjectif impure a des connotations négatives et rabaisse ainsi ceux qui  ont obtenu des richesses de cette manière.L’orateur se sert ensuite d’images fortes pour qualifier une réforme politique qu’il combat: la loi agraire ;  (l 3) Il la qualifie de fantôme ce qui souligne son caractère inconsistant et quasi irréel et précise qu’elle émane de fripons; Il contribue par l'usage de ce terme péjoratif  à disqualifier ces adversaires; cette technique qui consiste à rabaisser ses adversaires a un nom: il s'agit d'argument ad hominem c’est à dire d’arguments qui s’attaquent à la moralité de vos ennemis; On va ainsi  particulièrement utiliser les insultes ; C'est le cas ici avec fripon, renforcé par le terme imbéciles  (‘l 4 ). Souvent les arguments ad hominem sont peu efficaces mais ils jettent un doute dans l’esprit du public et surtout visent à rabaisser ceux qui soutiennent la thèse inverse de celle que l’on défend . De plus, en utilisant le terme épouvanter , Robespierre sous entend que ses adversaires sont peureux car ils craignent des chose qui n’existent pas : les fantômes. Nous ne sommes plus ici dans le domaine rationnel ni logique. 

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Il rappelle ensuite une évidence au public en rétablissant un lien causal direct entre les inégalités de richesses et les malheurs du pays et y précise le rôle de la révolution; En effet, Robespierre est l’un de ceux qui pensent qu’il faut avant tout s’attaquer aux cause des phénomènes pour les faire disparaître et il met en évidence ainsi la nécessité de réduire “l’extrême disproportion ” des fortunes;  ( 5 ) En employant l'adverbe d'intensité extrême , il montre que la marge d’action est importante et continue à rassurer les nantis. Le parallélisme de construction  qui introduit la restriction dans la seconde partie de la phrase à l’aide de l’expression nous n’en sommes pas moins convaincus ...reflète ici l’équilibre de la pensée ; Robespierre ne veut pas l’égalité des biens  pour tous car il dénonce le caractère utopique d’une telle idée en la qualifiant de chimère (6 ) ; Une chimère est une créature mythologique monstrueuse et légendaire et  au sens figuré, désigne un rêve insensé ,  un but impossible à réaliser . L'orateur rappelle ensuite qu'il défend avant tout l’intérêt général en faisant passer la félicité publique (7 )  avant le bonheur privé ; Il anticipe ici sur les éventuels conflits politiques  entre la défense  de l'intérêt général et la défense des  intérêts particuliers . Le terme félicité , quelque peu archaïque ,fait référence  à la Rome antique et prépare la comparaison avec les arguments des orateurs romains .

En effet, Robespierre s’inspire fortement des figures de l’éloquence antique et fait allusion à des personnages historiques pour servir d’illustration à ses propos. Fabricius  ( l 8) est un général romain devenu consul qui fut célèbre à Rome au troisième siècle avant JC par son refus des biens matériels et de l’argent  ; Il refusa par exemple les cadeaux des nations vaincues car il pensait que l’argent pouvait amener la corruption et mourut dans la plus garde pauvreté.Il est cité en exemple par le philosophe Jean Jacques Rousseau dans ses discours pour vanter les mérites de l’absence de vénalité et pour prouver qu’on peut être heureux sans posséder beaucoup de biens matériels ; En effet, Rousseau imagine que le consul vivait dans une chaumière (c’est le mot qu’il emploie dans le Discours sur les Sciences et les Art notamment en 1759 ) ; Robespierre reprend ici clairement les thèmes et les arguments de Rousseau qu’il admirait notamment pour ses réflexions sur le Contrat Social ; Rousseau pensait en effet que les nations devaient se doter d’un contrat moral entre les individus et l’état afin de soutenir l’intérêt commun contre les tentations d’abus des individus et que la loi doit protéger le collectif et servir au plus grand nombre . Quant à Crassus sénateur romain du premier siècle avant JC , il est célèbre pour ses richesses et on le considère comme l’homme le plus riche de Rome; Il s’et enrichi notamment par des spéculations foncières et les dons reçus lors des victoires militaires de ses légions. Il symbolise la cupidité et l’enrichissement qui découle la simple l’activité politique . Robespierre oppose ici ces deux symboles et choisit de se ranger dans le camp des hommes publics désintéressés ; Il tient à convaincre ses auditeurs de sa probité et de sa morale.  Il poursuit ce raisonnement en s’identifiant à un fils d’Aristide. Aristide, surnommé le Juste, est une figure politique symbolique de la démocratie athénienne du cinquième siècle avant JC qui se démarque de ses adversaires par sa probité et son refus de l’enrichissement : il est réputé dans la Grèce antique pour avoir soutenu l’intérêt  général de la Cité contre les tentatives des riches sénateurs de privilégier leurs intérêts . Alors que Xerxès est un empereur perse  de la même époque  (- 500 ) dont l ‘ Empire a été démantelé notamment à cause des guerres que se livraient ses fils . Comme il a opposé la chaumière au palais, Robespierre oppose ici un lieu où règne la vertu: le Prytanée à un lieu de vices, matérialisé par la fange  des cours qui conduit implicitement à  l’avilissement des peuples : deux termes aux connotations fortement péjoratives . Le paradoxe final “brillant de la misère publique ” crée un lien implicite entre l’enrichissement des gouvernants et la pauvreté du peuple; l’adjectif brillant connote le luxe et l’or et montre ainsi de manière choquante le contraste entre le luxe et la misère. Robespierre dénonce ainsi les hommes politqiues qui s’enrichissent grâce à leurs activités et contribuent par leurs abus à rendre le sort du peuple encore plus précaire ; Double injustice en quelque sorte !

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Après ce détour par l’histoire antique et cette référence à Rousseau, l’orateur poursuit son raisonnement politique et revient à son intention première :  réformer le droit à la propriété et le moraliser . Il est donc logique qu’il emploie les illustrations en relation avec la moralité des hommes politiques antiques : il place ainsi l’argumentation sur le plan éthique : celui des valeurs morales et particulièrement du bien -agir; En effet, il s'agit ici de décider les députés à voter une loi qui moralise le droit à la propriété.  On retrouve également la notion de vices que s ‘efforce de combattre Robespierre . Il oppose ainsi la bonne foi aux préjugés dont les hommes font preuve et se pose ainsi en défenseur de la vérité: Il est celui qui cherche à éclairer , ce qui métaphoriquement est rappelé par les nuages épais (l 13 ) image qui matérialise ce  qui empêche les hommes de voir clair . Robespierre se place ainsi dans la lignée des Lumières dont il réutilise le vocabulaire ;

Ses arguments se font plus précis et il s’attaque d’abord aux esclavagistes qu’il qualifie de “marchands de chair humaine ” : cette expression se veut choquante et l’orateur poursuit avec des termes évocateurs comme la longue bière, périphrase  qui désigne le navire ; une bière est un cercueil et ici Robespierre sous- entend que les bateaux qui contiennent des esclaves sont pour eux des cercueils car ils effectuent les traversées dans d’horribles conditions. Les attaques contre l’esclavage reprennent celles des Lumières et de Voltaire notamment qui dans Candide , dénonce la cruauté des esclavagistes et les traitements inhumains qu’ils font subir à leurs esclaves, considérés comme des marchandises dans le Code Noir, texte qui légalise et dicte les règles de la traite des noirs. Pour dénoncer cette situation, Robespierre emploie des verbes  de parole à l’impératif comme des adresses à ses destinataires : demandez, ligne 14, interrogez, l 16 et 19 . De plus, il invente même les réparties de ses interlocuteurs en imitant ainsi la prosopopée ,procédé utilisé dans l’Antiquité par les orateurs et rendu célèbre par le philosophe  Jean-Jacques Rousseau dans son Discours sur les Sciences et les Arts qui donne la parole à un sénateur romain, Fabricius,  procédé d’éloquence repris par Robespierre. 

De plus, Robespierre établit un rapprochement entre les esclavagistes et les membres des familles royales qui ont régné pendant des centaines d’années sur l’Europe;  Il raisonne ainsi par l’analogie. Par ce biais, il assimile,dans le paragraphe qui suit, les membres de la “dynastie capétienne”  ( l 19) à des esclavagistes  qui , ont eu, selon lui, le droit héréditaire “d’opprimer, d’avilir ” les populations; Ce sont ici deux termes aux connotations négatives qui dénoncent les abus de la monarchie. On retrouve ici les principales critiques des Lumières envers les Grands et leurs caprices; en effet, les Lumières n’ont cessé de dénoncer les effets dévastateurs des guerres de successions sur les paysans et les populations les plus démunies, guerres menées simplement pour les caprices et l’orgueil démesuré des Princes qui souhaitaient agrandir leurs territoires et étendre leur domination; Voltaire notamment, dans l’article guerre de l’Encyclopédie, dénonce les caprices des Princes; on retrouve cette idée dans le discours de Robespierre avec la mention, ligne 22 , du bon plaisir des capétiens. Cette expression présente, en effet, leur manière de gouverner comme obéissant simplement à leurs envies personnelles . Or, pour Robespierre, un dirigeant est responsable du bien -être de se concitoyens et a des devoirs envers les plus faibles.  En s’appuyant sur le principe du droit héréditaire cité ligne 20 , les familles royales disposent ainsi de la propriété du pouvoir : la plus sacrée des propriétés (l 20 ) On sent ici tout l’ironie de l’orateur quad il ajoute “sans contredit “; Il montre ainsi que les partisans de la monarchie n'admettent pas qu'on ne puisse pas partager leurs idées et sont donc intolérants . 

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Arrivé à ce point de son discours, Robespierre va maintenant développer sa thèse en reprenant d’abord celle de ses adversaires : “aux yeux de tous ces gens là, la propriété ne porte sur aucun principe de morale ” ; il entend justement démontrer qu’il faut renoncer à cette manière de penser sous peine de ressembler à toux ceux qui ont commis des abus; Il sait qu’il doit convaincre, parmi les députés , les riches propriétaires terriens qui ne vont pas renoncer facilement à leurs propriétés . Il se fonde alors sur la déclaration des droits de l’homme qui définit la constitution du nouveau gouvernement et établit un parallèle entre l’énoncé dd droit fondamental à l liberté , qui repose sur des valeurs morales dans la mesure où la liberté de chacun a pour bornes les droits d’autrui et que la liberté est un droit sacré que l’homme “tient de la nature ” ; Par analogie, si la propriété ,  en tant que droit ,comme la liberté ,est garantie par la Constitution alors nul ne peut s’en arroger la détention et en priver les autres hommes. C’est ainsi que Robespierre entend réformer le droit de propriété et il énumère ensuite les articles qui lui semblent essentiels . Il déclare , une nouvelle fois, agir au nom de la Vérité pour combattre les Vices . (31)  Il termine son argumentation en reprenant les critiques contre les abus des nantis ; En effet, il juxtapose les termes riches, qui ne possède pas de connotation négative, avec accapareurs, agioteurs qui désignent des gens qui utilisent l’argent gagné à des fins personnelles et sont poussés sur l’appât du gain :ce deux termes  possèdent de fortes connotations négatives; Mais surtout, il place en fin d’énumération le terme tyrans qui lui est sans rapport direct avec l’argent mais dénonce simplement les abus liés à l’exercice autoritaire du pouvoir; Il recrée donc un lien analogique dans son argumentation entre abus des riches et abus des politiques ; ce qui par simplification revient à identifier abus des riches et abus politiques . 

Le discours prend alors la forme d’une proposition de réforme de la constitution et les députés devront ensuite voter l’adoption du texte ou le rejeter, ou alors en amender certains articles .  

En conclusion, Robespierre a déployé dans ce discours , toutes les ressources l’éloquence antique et reprend la plupart des idées déjà défendues par les Lumières dans la génération précédente ; En réformant le droit à la propriété , il entend pouvoir l’étendre à un grand nombre de citoyens qui jusqu’alors en avaient été écartés; On peut ainsi dire qu’il a été un des pionniers du combat pour l’accès à la propriété (et notamment au logement ) des classes les plus  modestes, Etre propriétaire de  son habitation, par exemple, ou des terres, que l’on cultive, peut ainsi contribuer à faire reculer la misère dans les campagnes et dans les villes et contribuer au Progrès  de l’ensemble de la Nation .

04. mars 2018 · Commentaires fermés sur les types de discours : réviser pour le bac · Catégories: Fiches méthode · Tags: , ,

Un sujet d’invention fréquent  peut consister à composer un discours : n’oubliez pas que ce type de texte privilégie certaines techniques qu’il vous faut mémoriser ; Commençons par réviser un peu ..pour comprendre quelles sont les particularités de la rhétorique des discours. Tout d’abord, un discours doit être abordé dans une situation de communication : il vous faudra d’abord préciser à quel public s’adresse l’orateur et dans quel contexte il se trouve; On différenciera , par exemple, un discours politique d’un discours de commémoration ou de réception , par exemple, à l’occasion de la remise d’une récompense ; On tiendra compte également de la position du locuteur : représente-t-il un parti, une faction ? s’exprime-t-il au nom d’un collectif ou en son nom propre ? Ainsi, on pourra envisager les arguments dans leur contexte ; De plus, on tiendra compte des procédés  employés et notamment de ceux qui nous provient de l’éloquence antique ou de l’art oratoire classique ; Entrons dans les détails …

LE DISCOURS = un texte écrit, destiné à être lu à voix haute ou publié et qui s’adresse à un large public afin d’emporter son adhésion. Le discours ne semble donc pas vouloir se contenter d’un destinataire unique mais au contraire cherche à convaincre et persuader le plus grand nombre. Contrairement à l’essai, il utilise forcément les techniques de la rhétorique, c’est-à-dire de l‘art oratoire, en déroulant avec rigueur une pensée très structurée.

La première qualité d’un discours est d’être éloquent : n’oubliez pas que vous vous adressez à un public, à des lecteurs ou le plus souvent à des auditeurs donc tenez compte de votre auditoire et adressez-vous à eux, cherchez à attirer leur attention.

 

Le discours est un texte rédigé avec soin et destiné à être lu devant une assemblée ou un large public.

Ex : Discours de réception du prix Nobel de Camus (XXe) ; Appel de l’abbé Pierre en hiver 1954 (XXe) Discours d’André Malraux (voir illustration) pour l transfert des cendres de Jean Moulin au panthéon.

 

Le sermon est un discours religieux qui sert de discours de prédication, pour répandre la parole divine.

Ex : Oraison funèbre d’Henriette d’Angleterre de Bossuet (XVIIe) est un éloge + un sermon. Une oraison funèbre est la version religieuse de l’éloge des héros tel qu’il était pratiqué dans la Rome antique: C’est un genre codifié qui obéit à des règles strictes 

 

Le dialogue philosophique est un discours à deux voix permettant au lecteur d’assister à la confrontation de deux points de vue différents afin de se forger sa propre opinion.

Ex : Diderot est le philosophe des Lumières qui utilisait beaucoup la forme dialoguée

 

La lettre ouverte est une lettre destinée à une personne précise mais rendue volontairement publique par son auteur pour toucher le plus grand nombre.

Ex : Lettre ouverte « J’accuse » d’Emile Zola à l’occasion de l’affaire Dreyfus en 1898 : cette lettre est destinée à Monsieur Félix Faure, président de la République, mais publiée volontairement dans le journal L’Aurore. Les lettres  philosophiques de Voltaire peuvent être considérées en partie comme des lettres ouvertes.

 

Le manifeste est une œuvre théorique qui cherche à servir de référence à un groupe pour définir une nouvelle pensée.

Ex : Manifeste du surréalisme d’André Breton (XXe)

Les techniques communes à tous ces type de discours  à privilégier sont les questions rhétoriques ,  les adresses au public,  la ponctuation expressive, les répétitions.

La rhétorique distingue trois grandes parties dans un discours : l’entrée en matière (exorde) , le corps du texte et sa structure (dispositio) – et enfin la conclusion (péroraison)

Avant de commencer votre discours, notez au brouillon des éléments de disposition et d’organisation; réfléchissez notamment à l’ordre des arguments que vous allez employer et pensez à vous servir des arguments de vos adversaires pour les contrecarrer.

Soignez votre entrée en matière et votre final…