07. décembre 2019 · Commentaires fermés sur Apprendre à conclure : la conclusion d’une dissertation · Catégories: Fiches méthode · Tags:

Conclure une dissertation s’effectue sous la forme d’un paragraphe distinct du développement (on vous conseille de sauter une ligne ) ;  La conclusion comporte deux étapes : tout d’abord, on reprend la question de départ, celle qui a servi de base au travail de réflexion et on reformule , rapidement, les différentes parties  du plan ( le plus souvent on ne reprend que les grands axes ) ; Ensuite, on rédige son avis personnel sur la question et on peut tenter de faire une ouverture sur un sujet plus large qui a un rapport direct avec le point étudié . Attention toutefois aux ouvertures artificielles qui ne prolongent pas la réflexion mais introduisent d’autres sujets .

 Lisons quelques exemples de conclusions rédigées sur les fables ..

Sujet : les fables permettent -elles de penser l’homme ? variante  : les fables peuvent  elles être considérées comme un instrument de réflexion sérieux qui permettrait de penser l’homme et le monde dans lequel il évolue ? 

Conclusion : Nous venons donc de voir que , grâce à leurs morales, le plus souvent  identifiables qui donnent des conseils ou des leçons, les fables permettent de réfléchir vraiment à la nature humaine; de plus, le fabuliste construit des histoires dans le but de nous apprendre des vérités morales . Grâce aux situations choisies et aux actions des personnages, nous en tirons des conséquences  immédiates . Cependant , il arrive que certaines morales soient ambivalentes ou laissent paraître des vérités dérangeantes . De plus, La fontaine laisse volontairement certaines questions sans réponse afin justement de déclencher , peut être , une réflexion chez le lecteur. Néanmoins, les fables nous montrent un univers assez manichéen où tout semble joué d’avance et où les personnages n’évoluent pas vraiment; Ils se contentent de jouer leur rôle . Ainsi, les fables apparaissent davantage comme des sortes de miroirs grossissants, des  loupes qui permettent d’éclairer certains défauts des hommes mais les questions qu’elles soulèvent demeurent assez limitées; C’est en ce sens qu’un essai ou un traité philosophique paraît plus indiqué pour penser l’homme et le monde qui l’entoure .

Sujet pensez vous que les fables s’adressent avant tout aux enfants ? 

Conclusion : S’il est vrai que le premier recueil des fables a été dédicacé au Dauphin, le jeune Duc de Bourgogne, et que La Fontaine se plait à créer un univers peuplé d’animaux expressifs et même de créatures fantastiques , dans le second recueil, le fabuliste évoque davantage des thèmes comme la mort et l’ injustice qui parlent peut être moins à un jeune public; D’autre part, certaines fables semblent bien peu éducatives et comportent des morales ambivalentes assez éloignées des valeurs qu’on cherche à inculquer aux enfants. Si au départ, le genre de l’apologue a pu séduire la Fontaine par son aspect “enfantin” , il l’a très vite transformé et utilisé comme un instrument de réflexion pour montrer des vérités cachées que les enfants ne peuvent pas percevoir . Néanmoins, chacun, à chaque âge et en fonction de son expérience, peut trouver dans une fable de quoi  simplement sourire ou parfois de quoi réfléchir et sans doute, à l’occasion, de quoi désespérer ! Si Rousseau déconseillait vivement la lecture des fables aux enfants, c’est parce qu’il redoutait qu’ils n’en retiennent que certains aspects négatifs et pessimistes. Mais la variété  des fables va permettre à un enfant d’y trouver avec plaisir des animaux qui parlent . 

 

05. juin 2016 · Commentaires fermés sur Etudier un dénouement · Catégories: Fiches méthode · Tags:
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Que ce soit à l’écrit  du bac de français, pour le commentaire composé, ou à l’oral, durant l’exposé de dix minutes sur le texte de la liste, étudier un dénouement n’est pas une chose facile car la fin d’un récit , l’épilogue ou l’excipit d’un roman, le dénouement d’une pièce de théâtre, le dernier chapitre d’un conte philosophique , constituent des moments cruciaux qui doivent être analysé avec minutie et méthode. Quelques conseils pratiques ..

Comment se termine l’histoire ?   Commençons par le commencement si vous le voulez bien.. c’est à dire : quelle était la situation initiale  ? Une fin ne peut faire sens que si on la considère comme la résolution d’une intrigue, la fin d’une histoire, l’achèvement d’un parcours. 

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Prenons l’exemple de l‘Ingénu, conte philosophique de Voltaire : le héros bon sauvage perd la femme qu’il aime car elle a succombé à la honte d’avoir cédé aux avances du ministre ; Emprisonné injustement sur la foi d’une dénonciation mensongère, l’Ingénu cause ainsi, indirectement  , sans le vouloir, la perte de sa fiancée. Après son décès, la fin demeure ouverte et Voltaire pourrait choisir  de faire mourir son héros de chagrin (comme le fait par exemple Flaubert à la fin de Madame Bovary avec le mari de l’héroïne )  (dénouement pathétique) , de lui faire tuer le ministre , de le transformer en justicier ou en meurtrier, de le faire repartir en Huronien (ce qui dénoncerait le mode de vie corrompu des bas Bretons ) Il faut donc toujours es demander quel type de dénouement a choisi l’auteur et pourquoi ? quelles auraient pu être les autres fin possibles et qu’est-ce que cela aurait changé ? Voltaire aurait pu , par exemple, faire rencontrer à son héros une autre femme dont il serait tombé amoureux et avec laquelle il aurait fondé une famille (dénouement heureux) . Le dénouement choisi par Voltaire comporte ainsi une double morale et une certain nombre d’aspects positifs : L’ingénu a appris à s’intégrer dans cette société où il  trouvé sa place (excellent officier ) ; Il met ainsi sa force et son énergie au service de son pays , dans le cadre de son travail et valorise ses compétences. Il a également tiré profit de ses malheurs car il trouve refuge dans la philosophie ; il est devenu sage et a su accepter ce que le sort lui réservait (il est en quelque sorte, beaucoup moins révolté) De plus, il a noué une solide amitié avec Gordon : en dépit de leurs divergences, les deux hommes ont su faire triompher l’amitié . Cependant , un certain nombre d’éléments sont plus inquiétants dans ce dénouement : Saint Pouange est -il vraiment repenti ? Il couvre de cadeaux la famille de la disparue et cela suffit-il à les consoler de la perte de l’être aimé ? On sent l‘ironie voltairienne et on entend dans ce dénouement une forme de cruauté : les hommes se consoleraient bien vite avec des présents de leurs chagrins et on pourrait presque les acheter et se faire pardonner avec de l’argent et des présents . Peut-on acheter ainsi les sentiments des gens ? Voltaire choisit souvent des dénouements plutôt pessimistes sauf pour Zadig ; L’homme confronté aux malheurs doit tirer un enseignement de ses expériences et s’efforcer surmonter son chagrin pour continuer à vivre sans sombrer dans le désespoir.

Prenons l’exemple de La Guerre de Troie n’aura pas lieu : depuis le début de la pièce, le spectateur, intrigué par le titre , s’attend à voir la guerre repoussée mais il ne peut s’empêcher de penser qu’elle va finalement avoir lieu ; Hector et Andromaque redoublent d’efforts pour éviter le drame et ils sont sur le point de réussir lorsque surgit Oiax, l’envoyé des Grecs  venu chercher Hélène pour la ramener à son mari. C’est la dernière scène de la pièce et tout va déraper ..Oiax est ivre, il provoque Hector en tournant autour de son épouse Andromaque; ce dernier, qui est sur le point de craquer , se retient pourtant mais Démokos, le poète officiel, belliciste convaincu, surgit et veut entonner un chant de guerre; Hector le tue pour le faire taire et éviter le pire . Cependant en mourant , il accuse  faussement Oiax de l’avoir tué : ce qui est un nouveau motif de guerre entre les Grecs et les Troyens.

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Les troyens , pour le venger, tuent Oiax l’émissaire grec et la guerre ne peut plus être évitée. Cassandre donne alors al parole à Homère pour faire le lien avec l’Iliade qui est le poème épique qui raconte la guerre de Troie. Giraudoux a donc construit un dénouement en plusieurs temps avec un coup de théâtre, un double meurtre, une tragédie finale. Que signifie ce choix ? Tout d’abord, il montre qu’en dépit de tous leurs efforts, quelques hommes ne peuvent modifier le cours des événements . Le poids du collectif est ici déterminant . néanmoins, le spectateur se demandera toujours si la guerre aurait pu être évitée et il a très envie du répondre par l’affirmative à cette interrogation; Giraudoux rend Démokos directement responsable de cet enchaînement fatal : c’est la menace de son chant de guerre  qui a rendu Hector fou au point de le tuer et ce faisant, il devient l’agent du destin en provoquant la guerre ;

Les mensonges et les fausses accusations de Démokos peuvent faire penser à de la propagande et de la désinformation ; On peut aussi évoquer le meurtre de Jean Jaurès assassiné par les partisans de la guerre parce qu’il était pacifiste, juste après un de ses discours . Le dénouement de la pièce repose sur une série de rebondissements : il présente des aspects comiques en parodiant notamment la mort des héros dans les tragédies classiques (le personnage qui est tué continue à parler sur scène )  et en mêlant des aspects de comédie amoureuse ( Oiax ivre qui multiplie les tentative sue séduction auprès de la femme d’Hector qui se bouche les oreilles) . Il est à l’image de la pièce qui mélange le comique et le tragique . Il montre également que cette guerre aurait pu être évitée et n’a pas été déclenchée par une noble cause comme l’amour d’Hélène et de Paris; En effet, le dramaturge a choisi de montrer Hélène sous l’aspect d’une femme qui aime les hommes et l’amour ; Lorsqu’on la voit embrasser Troilus, le petit frère de Paris et d’Hector, le spectateur comprend que les hommes ont besoin, pour justifier les déclenchements des guerres , d’inventer de nobles causes . Ce dénouement a également un sens moral : il est pessimiste car il montre que les hommes de bonne volonté comme Hector , ne peuvent aller contre le cours des choses. 

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Dans Cris, le romancier avait lui aussi, plusieurs possibilités de fin : les hommes de la vieille garde ont vu mourir leurs compagnons d’armes et sont résignés à mourir  eux aussi mais l’un d’entre eux, Jules , décide , contre toute attente, de ne pas retourner au front. Pendant qu’il fuit, à l’arrière, les voix des soldat morts qui semblent le poursuivre et qu’il cherche un moyen de les faire taire, la guerre continue et les cris des hommes résonnent dans les plaines : cris de souffrance, de douleur, de désespoir, de folie; la guerre est à l’image d’une tempête monstrueuse , d’une vague meurtrière et déferlante à laquelle rien ne résiste; Elle emporte les soldats comme des fétus de paille et rend leurs corps en morceaux, en lambeaux,  à la terre qui elle même semble souffrir de la violence dévastatrice des assauts et exhibe ses plaies béantes. Boris est mort  égorgé par l’homme-cochon, Dermoncourt est mort parce qu’il a cessé de courir, Barboni a explosé en mille morceaux quand son réservoir de lance-flammes a été touché par une balle, Messard et Castillac n’ont pas survécu à la prise de leur tranchée, le gazé a fini par succomber à ses blessures, seul dans un trou entre les deux lignes; Rigola été sauvé par M’Bossolo qui vient du bout du monde pour enfoncer son poing au plus profond de la terre et combattre  ; Durant cette folie, que fait Jules ? Il tente de témoigner de ce qui  est en train de se passer mais ses mot sont impuissants; On ne l’écoute pas, on lui jette des pierres en le traitant de déserteur ; Alors quand les paroles sont vaines et que personne ne veut écouter, il faut trouver un autre moyen;

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L’épilogue montre Jules devenu sculpteur , qui travaille durement jour et nuit pour semer ses statues de boue à chaque carrefour  ; Personne ne peut ainsi échapper au regard de ces corps meurtris qui semblent hurler “et fixent le monde de tout leur douleur ” Bouche bée.” Dénouement qui montre l’importance du témoignage sur ces événements terribles , dénouement qui met l’accent sur la nécessité de conserver et d’enregistrer la mémoire des disparus afin qu’ils ne soient pas mort pour rien et que leur souvenir, grâce aux livres , vive à jolis en nous qui devenons ainsi des passeurs de mémoire, dénouent enfin qui révèle l’importance du travail de création artistique .