02. septembre 2024 · Commentaires fermés sur Olympe de Gouges : petite histoire du féminisme · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première · Tags: , ,

Le mot féminisme n’a pas bonne presse : il rime souvent avec revendications et agressivité ; Souvent moquées , parfois critiquées, les féministes ne se ressemblent pas toutes . Nous allons donc arpenter les couloirs de l’Histoire et les coulisses de la fiction afin de mieux comprendre ce que veulent ces femmes , ce qu’elles combattent et ce qu’elles défendent selon les époques. Voilà notre feuille de route .. .

Avec beaucoup d’humour, Chimamanda Ngozie Adichie cherche à changer les esprit set les mentalités : sa prise de parole se fonde souvent sur des anecdotes personnelles; Elle introduit son propos en évoquant les paroles de sa mère ; Cette dernière lui a appris que quand on est une femme , on doit toujours sourire et se marier afin d’avoir des enfants . Elle pense que “parce qu’on est une femme ” “because you are a woman”  ne devrait jamais servir d’argument pour nous inciter à accomplir quelque chose; Elle conclut son discours en conseillant aux femmes de ne pas faire taire la petite voix qu’elles ont en elles et qui leur signale quand une situation est injuste . Elle rappelle qu’il faut apprendre, aux jeunes femmes , que l’amour ce n’est pas seulement un don de soi ; En amour, on doit donner et prendre, recevoir autant que l’on donne.  Plus »

05. janvier 2024 · Commentaires fermés sur Composer un discours et défendre ses idées face à un public.. · Catégories: Fiches méthode, Spécialité : HLP Première · Tags: , ,
Apprendre comment se construit un discours : ça peut servir …et notamment au BAC. Pour ce sujet d’invention, vous devez composer un discours sur un sujet qui vous tient à coeur et vous adresser à une assemblée officielle; En effet, le cadre et les consignes du sujet vous obligent à respecter une situation de communication imposée : vous devez jouer le rôle d’un député et vous adresser à vos collègues , au sein de l’hémicycle . Il s’agit donc d’un exercice de style où vous allez devoir imiter un style précis : celui des communications officielles . Un député ,en effet, rédige ses discours à partir des notes et des dossiers que lui fournissent ses collaborateurs , souvent de jeunes étudiants qu’on nomme des assistants parlementaires et qui étudient les sciences politiques . Votre prise de paroles devra donc contenir des éléments concrets, chiffrés et fiables qui montrent que vous maitrisez ce dont vous parlez. Vous pouvez travailler cette partie sur internet en vous documentant sur le sujet que vous allez choisir de défendre .

Le choix du sujet (de votre thèse )  sera un critère important d’évaluation; Il faut que ce sujet puisse avoir sa place dans l’Assemblée nationale et concerne donc la collectivité mais aussi la législation ; En effet, le  premier rôle des députés consiste à proposer de nouveaux projets de loi ; vous pourrez consulter avec profit la chaîne parlementaire qui retransmet les allocutions des députés; chacun se spécialise , au sein de son groupe parlementaire , sur des domaines précis comme la prévention routière,  (limiter la vitesse à 80 km/h ) la politique de santé publique (augmentation du prix du tabac, déremboursement de certains médicaments ) , la lutte contre la délinquance (augmenter la durée de la garde à vue, dépénaliser le cannabis ..mettre des caméras de surveillance dans le lieu publics ) ..Une fois que vous avez choisi un sujet qui vous semble porteur et qui concerne la collectivité , vous pourrez alors réunir de la documentation récente sur ce dernier et il ne vous restera plus , à partir de vos notes, qu’à rédiger votre discours c’est à dire à mettre en forme des arguments . Pensez en introduction à justifier le choix de voter sujet en citant un fait récent qui fait débat ou qui a marqué l’actualité..

Voyons maintenant le corps du texte   Un discours comprend trois parties de base : une introduction, un développement et une conclusion. Vous pourrez y ajouter, entre parenthèses, les réactions de la foule …

  • Introduction : elles comprennent : une accroche et une ouverture sur le sujet traité.
     
    • Placez une accroche. La chose la plus importante que vous devez faire dans votre introduction est de captiver l’attention de votre auditoire. Vous pouvez le faire de plusieurs façons : poser une question, dire quelque chose de surprenant, offrir des statistiques surprenantes, utiliser une citation ou un proverbe lié à votre sujet ou raconter une petite histoire. Prenez le temps pour comprendre comment vous allez attirer l’attention de votre auditoire ;
    • Offrez un aperçu. Pensez à proposer un aperçu de votre discours ; une sorte de menu. Faites le récapitulatif des différentes étapes de votre exposé. Nul besoin d’entrer dans les détails, vous aurez l’opportunité de le faire par la suite. Une longue phrase peut très bien assurer cette fonction.
  • Le développement. Cette partie est la pièce maîtresse de votre travail. Les points que vous avez mentionnés ou les informations de votre rédaction en forment le corps. Il y a plusieurs façons d’organiser ces informations, soit dans l’ordre chronologique ou soit en commençant par le point le plus important et le faire suivre d’éléments plus secondaires. Composez des paragraphes de même longueur(au moins 3 de 10/15 lignes )  et alternez arguments abstraits illustrés par des exemples concrets.
  • Le perchoir de l’Assemblée

    Conclusion. Il y a deux choses essentielles à mentionner dans votre conclusion. Elle  synthétise la globalité des informations présentées et  le fait de manière mémorable et définitive.

    • Faites un résumé. La meilleure façon de fixer les choses est par la répétition intentionnelle. Dans votre introduction, vous avez donné un aperçu de ce dont vous vouliez parler. Dans le développement du discours, vous avez parlé de ces choses. Maintenant, dans votre conclusion, vous devez rappeler à votre public ce dont il était question. Il suffit de proposer un aperçu des principaux points abordés.
    • La conclusion par l’argument décisif. Cet argument est une déclaration définitive et mémorable qui donne à votre discours un sentiment de fermeture. Une façon simple de le faire est de le présenter en rapport avec l’idée exprimée dans votre accroche. Cela permet en quelque sorte de boucler la boucle.
    • : A vous de jouer maintenant : définissez  le locuteur de votre discours, le cadre événementiel et les événements qui sont à l’origine de cette allocution. Et composez une accroche..notez les idée principales et ébauchez  la conclusion.
    • N’oubliez pas d’utiliser votre boîte à outils de procédés oratoires 
    • Soyez convaincants…et charismatiques 
20. décembre 2023 · Commentaires fermés sur INDIGNEZ-VOUS … · Catégories: Spécialité : HLP Première · Tags: ,
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Stéphane Hessel en 2010 

Stéphane Hessel est né en 1917 à Berlin : très vite il rejoint le camp de la résistance et combattra contre Hitler et son idéologie meurtrière; nommé ensuite secrétaire à l’ONU , il sera le co -rédacteur de la Déclaration des Droit de l’homme et du Citoyen . Il est décédé en 2013.

Indignez-Vous est un essai d’une vingtaine de pages ; Il résume les idées de son auteur en matière d’Histoire et il nous livre sa vision du monde . Pour lui, la capacité à s’indigner doit être à la base de toutes les grandes révolutions car elle mobilise l’énergie de l’homme qui tente de rendre le monde meilleur .Découvrons ensemble les thèses défendues par l’auteur. Plus »

22. novembre 2023 · Commentaires fermés sur Le député Hugo se bat contre la misère : un discours éloquent ? Comment déterminer l’éloquence d’une prise de parole publique ? · Catégories: Spécialité : HLP Première · Tags: ,

Le site de l’Assemblée nationale regroupe les discours qui ont fait date dans l’histoire de notre pays ;  on peut donc y retracer l’histoire de l‘éloquence politique des siècles  passés . Comment apprécier  l’éloquence d’une allocution politique ? Plusieurs critères doivent être examinés

Il faut noter tout d’abord que lorsqu’il est question d’analyser une prise de parole publique, et notamment un discours officiel d’un parlementaire ou d’un homme politique ( chef d’Etat par exemple, général, ministre ), les circonstances de la prise de parole sont souvent déterminantes. L’encadré ci-dessous vous donne une première indication avec deux mots importants ; le mot loi indique que nous nous plaçons dans le domaine de l’éloquence judiciaire et la notion d’assistance publique nous prépare à entendre des arguments éthiques qui se fondent sur des valeurs telles que le bien et le mal, le devoir, la morale, la solidarité . 

Le discours de Victor Hugo appuie la proposition d’Armand de Melun visant à constituer un comité destiné à « préparer les lois relatives à la prévoyance et à l’assistance publique ».

Une autre circonstance historique vous était présentée : une émeute ( plusieurs milliers de manifestants )  a eu lieu à Paris afin de renverser le président Louis Napoléon Bonaparte et de restaurer la République : cette émeute était dirigée par des députés du parti de La Montagne , proche de l’extrême gauche . Ces émeutes menacent la paix sociale mais elles révèlent l’inquiétude grandissante de certains français contre notamment l’augmentation de la pauvreté et les conditions de travail  misérables des ouvriers . 

Je ne suis pas, messieurs, de ceux qui croient qu’on peut supprimer la souffrance en ce monde ; la souffrance est une loi divine ; mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère.

Remarquez-le bien, messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire. Les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matière, tant que le possible n’est pas fait, le devoir n’est pas rempli.

La misère, messieurs, j’aborde ici le vif de la question, voulez-vous savoir jusqu’où elle est, la misère ? Voulez-vous savoir jusqu’où elle peut aller, jusqu’où elle va, je ne dis pas en Irlande, je ne dis pas au Moyen Âge, je dis en France, je dis à Paris, et au temps où nous vivons ? Voulez-vous des faits ?

Il y a dans Paris, dans ces faubourgs de Paris que le vent de l’émeute soulevait naguère si aisément, il y a des rues, des maisons, des cloaques, où des familles, des familles entières, vivent pêle-mêle, hommes, femmes, jeunes filles, enfants, n’ayant pour lits, n’ayant pour couvertures, j’ai presque dit pour vêtement, que des monceaux infects de chiffons en fermentation, ramassés dans la fange du coin des bornes, espèce de fumier des villes, où des créatures s’enfouissent toutes vivantes pour échapper au froid de l’hiver.

Voilà un fait. En voulez-vous d’autres ? Ces jours-ci, un homme, mon Dieu, un malheureux homme de lettres, car la misère n’épargne pas plus les professions libérales que les professions manuelles, un malheureux homme est mort de faim, mort de faim à la lettre, et l’on a constaté, après sa mort, qu’il n’avait pas mangé depuis six jours.

Voulez-vous quelque chose de plus douloureux encore ? Le mois passé, pendant la recrudescence du choléra, on a trouvé une mère et ses quatre enfants qui cherchaient leur nourriture dans les débris immondes et pestilentiels des charniers de Montfaucon !

Eh bien, messieurs, je dis que ce sont là des choses qui ne doivent pas être ; je dis que la société doit dépenser toute sa force, toute sa sollicitude, toute son intelligence, toute sa volonté, pour que de telles choses ne soient pas ! Je dis que de tels faits, dans un pays civilisé, engagent la conscience de la société tout entière ; que je m’en sens, moi qui parle, complice et solidaire, et que de tels faits ne sont pas seulement des torts envers l’homme, que ce sont des crimes envers Dieu !

Vous n’avez rien fait, j’insiste sur ce point, tant que l’ordre matériel raffermi n’a point pour base l’ordre moral consolidé !

Comment utiliser des connaissances théoriques ( le cours )  pour construire la réponse à la question de réflexion  en HLP ?   Cette question générale  nécessite de mobiliser des connaissances sur le thème étudié : les pouvoirs de la parole  en relation avec les questions  de chaque chapitre  : comment la parole judiciaire ou politique parvient -elle à être efficace ? comment la parole politique incite -elle à l’action ? qu’est ce qui donne de l’autorité à une parole ?  Qu’est ce qui caractérise l’efficacité de la parole publique ? comment un discours peut il se montrer convaincant ou persuasif ?  ce qui revient à chaque fois à se poser la question des effets de la parole  et des instruments utiles pour mesurer son pouvoir, son efficacité , son impact .

La définition : qu’appelle -t on une stratégie argumentative ? 

Il s’agit de l’ensemble des moyens  utilisés par un orateur et des effets produits par son discours  Le relevé des procédés d’écriture doit être mis en relation  avec les effets produits avec les enjeux  du texte ( quel est le but de l’orateur ? ) ; Une stratégie est un ensemble construit pour augmenter l’efficacité d’une démarche : Une stratégie, par exemple, est établie avant une bataille pour optimiser les chances de l’emporter en fonction du terrain, des adversaires, des armes dont on dispose. Dans un discours , une stratégie est un plan , une sorte de feuille de route élaborée pour maximiser la portée des paroles du locuteur  selon les auditeurs visés  . Pour définir sa stratégie, un orateur doit comprendre ce qu’il souhaite obtenir  et comment il met en oeuvre son discours et ses arguments ( ethos / logos / pathos ) 

La méthode :  on peut partir  soit du texte ( qui sera à dominante philosophique )  et de son analyse  (sans se perdre dans les détails ) et ensuite relier ce qu’on a découvert avec des éléments de connaissances ou seconde solution, partir de ce qu’on sait  en théorie (  c’est à dire des éléments du cours ) et voir comment le texte ( ainsi que d’autres textes étudiés qui pourront être cités en exemples ) entre dans une réflexion générale . Que faut il retenir du cours ? 

  • les 3 genres de la rhétorique : démonstratif ou épidictique, délibéraitf, judiciaire  
  • les 3 types d’arguments ; ethos/ logos/ pathos 
  • les mots, la voix , les gestes , l’autorité du locuteur  : charisme , émotion, empathie 
  • les types de discours :   réquisitoire / plaidoyer / harangue / blâme / pamphlet / polémique / parabole /apologie/ sermon /oraison/ prêche /allocution 
  • les figures et leurs effets :  allégorie / anaphore , antithèse , apostrophe, emphase, énumération, questions rhétoriques, gradation, hypotypose /métaphores, comparaisons, images , paradoxe , syllogisme… 
  • la construction du discours:  sa structure générale , présence de connecteurs logiques, présence d’illustrations, type d’arguments les plus fréquents progression thématique ou éclatée, présence du ‘je ” , accroche/ paragraphes péroraison,  formules , adresses .
  • l’autorité des paroles : citations, preuves ,personnalité de l’orateur 
  • les effets ressentis  :  émotions indignation , colère , pitié , révolte , enthousiasme, embrigadement, influence , tristesse, 
  • la distinction entre convaincre / persuader

Dans ce court extrait , les principaux procédés rhétoriques sont mis en évidence ; dans un premier temps, il importe de les noter et de les observer , de voir lesquels sont dominants et d’avoir toujours en tête les 3 catégories de l’argumentation que constituent le logos, l’ethos et le pathos . Ainsi que les principales fonctions du langage .

Exemples de question de réflexion en littérature  : une fiction mensongère peut elle dire la  vérité ? Un discours qui fait plaisir est -il selon vous un discours qui fait du Bien ? la provocation et la prise de risque sont ils les instruments efficaces dans la parole publique ? le pouvoir de la fiction vous semble-t-il supérieur à celui de l’essai  pour persuader  son auditoire  de soutenir nos idées ? Pensez-vous que toute parole publique se fonde nécessairement sur la nécessité de plaire à son public ? Le but de la parole est -il d’entretenir nos illusions ou de révéler la vérité ? Est- on sincère quand on parle de soi ? L’orateur doit -il tenir compte de la dimension morale de ses arguments ou peut il s’en affranchir ? Pour dénoncer une réalité scandaleuse, un orateur peut il utiliser l’humour ou l’ironie ou cela risque t-il d’être contre productif ? a-t-on le droit de tout dire et de déguiser la vérité pour gagner un débat ? Dans un discours officiel, l’enjeu de la victoire peut il l’emporter sur la nécessité de dire la vérité ? Un exposé de connaissances et des exemples concerts donnent -ils davantage d’autorité à un discours que des paroles sincères et des opinions personnelles ? Un homme de lettres doit il-prendre part aux débats politiques et sa parole a-t-elle plus d’autorité  ? Prêter  serment est-ce engager sa parole toujours ou peut-on retrouver sa liberté et renoncer à ce qui nous engageait ? 

Je vous mets en lien deux analyses littéraires de ce discours célèbre mais ces analyses ne suffisent pas pour répondre avec précision à la question de réflexion : il faut dépasser le cadre de l’extrait donné pour la question d’interprétation qui elle porte sur un texte littéraire et consiste  à en produire une analyse synthétique à mi chemin entre la lecture linéaire et le commentaire littéraire . En effet ; la réponse à la question d’interprétation doit être structurée et comporter une courte introduction , un ou deux paragraphes argumentés et une conclusion . 

L.A Discours contre la misère de Victor Hugo

Eléments de corrigé pour le discours de V Hugo : je vous renvoie à l’analyse donnée sur le site commentairecompose.fr

Discours sur la misère, Victor Hugo : commentaire

08. novembre 2023 · Commentaires fermés sur Un discours efficace ? L’appel radiophonique de l’abbé Pierre · Catégories: Spécialité : HLP Première · Tags: ,

 Testons ensemble l’efficacité d’un discours.

Pourquoi ce discours est-il selon vous efficace pour mobiliser ? 
Rappel du contexte : il s’agit d’un appel d’urgence lancé par le député Henri Grouet dont le pseudonyme de résistant est l’abbé Pierre. Ému par la mort d’un bébé de 3 mois dans les bras de sa mère qui dormait dehors, il s’est lancé dans une véritable croisade contre l’indifférence . Il obtient la permission que son texte soit lu par le directeur de la radio RTL. Son initiative va déclencher un bel élan de solidarité chez les français .

Les éléments à retenir : l’accroche; Elle est formée de deux parties : la formule de captation benevolentiae “mes amis” ; Son but est de créer un lien de sympathie entre les auditeurs et l’orateur; Il cherche à s’attirer leur bienveillance.

“Au secours “: c’est un cri d’alarme qui a pour fonction de susciter la compassion des français; Cet appel  à l’aide est direct et émouvant. L’orateur cherche à susciter de l’émotion chez le public afin qu’il passe à l’action car il y a  vraiment urgence, pour lui, à aider cette population de sans-abri qui meurent dans la rue , en raison de cette vague de froid particulièrement brutale . 
Juste après cette accroche débute le rappel des faits : de nombreux détails réalistes comme l’heure, le nom d’une rue et la mention de cet arrêté d’expulsion que la personne décédée tenait sur sa poitrine, contribuent à fabriquer un cadre pathétique. Cet exemple est suivi d’une généralisation: cette situation tragique qui a ému les auditeurs se reproduit chaque nuit pour des milliers de personnes démunies. Le rôle des détails comme “recroquevillés sous le gel” ou “presque nu” est de donner à voir la misère ;Il faut que les gens se rendent compte à quel point la survie de ces personnes démunies dépend de leur générosité.
Un vocabulaire expressif renforce ce tableau insoutenable : ” horreur, souffres, mourant de misère” ; 
L’impératif  “Ecoutez-moi”  a une valeur bien particulière ici: il exprime l’injonction ou l’exhortation; son but est de faciliter le passage à l’action. Il constitue également un rappel à l’attention pour les auditeurs ; il est en effet important de relancer souvent leur attention avec ces formules de rappel. Les tournures impersonnelles comme il faut; on doit  permettent de ne pas porter d’accusation directe mais d’englober , au contraire la collectivité. Chacun se sent ainsi engagé.
Enfin , le discours de cet homme d’Eglise repose sur des valeurs morales qui reprennent le message chrétien d’amour; En effet, la figure du Christ est utilisée comme modèle de solidarité et de sacrifice , lui qui n’a pas hésité à donner sa vie pour nous sauver, selon le message des Evangiles. L’abbé fait appel à la bonté, la générosité, la compassion, la fraternité chrétienne avec des messages comme “centre fraternel de dépannage “ou “toi qui souffres, ici on t’aime” ; Cet amour de l’autre prend la forme concrète de dons d’argent ou de dons matériels qui sont rappelés de manière prosaïque , dans la dernière partie de l’allocution : ” 5000 couvertures, 300 grandes tentes” .  L’orateur conclut avec des maximes, qui sont des phrases solennelles  et des remerciements par anticipation. “Que tant de douleur nous ait rendu cette chose merveilleuse : l’âme de la France. Merci !”
Dans la France de l’après-guerre, l’appel de l’abbé Pierre restera comme le symbole de la solidarité avec les plus démunis ; La France regarde enfin la misère en face et ce qu’elle voit a de quoi l’effrayer. Un homme seul peut-il changer le cours des choses ?
Il a dit  aussi : “c’est quand chacun de nous attend que l’autre commence que rien ne se passe
Et aujourd’hui, la misère a-t-elle disparu de nos rues ?  Le combat continue-t-il et sous quelles formes ? 

05. septembre 2023 · Commentaires fermés sur L’éloquence judiciaire : quand maître Frémiot prend la parole au tribunal …. Un fait divers tragique: l’affaire Alexandra Lange.. · Catégories: Spécialité : HLP Première · Tags: ,

Un avocat , lorsqu’il défend un client ou lorsqu’il cherche à faire condamner un accusé , se doit d’être le plus éloquent possible mais comment définir son éloquence ? qu’est-ce qui rend son discours convaincant ? sa plaidoirie émouvante ou son réquisitoire  persuasif ? Comment de simples paroles peuvent elles avoir une influence sur la décision d’un juré qui s’apprête à voter . C’est ce que nous allons essayer de découvrir ensemble en analysant d’abord ce que nous ressentons à l’écoute de ce discours. 

Luc Frémiot est un magistrat connu pour son implication dans la lutte contre les violences conjugales . Depuis plus de 20 ans, il se bat contre les violences conjugales et les féminicides notamment ; Dans cette affaire, il doit juger  une jeune femme  coupable du meurtre de son mari. La journaliste Pascale -Robert Diard explique, dans un de ses articles, les circonstances du drame et elle nous fait revivre le réquisitoire de l’avocat général. 

Le premier paragraphe commence par une adresse directe à l’accusée dont il donne le prénom et le nom. Il évoque ensuite , au moyen d’une anaphore, le caractère inéluctable du meurtre ” nous avions rendez-vous ” annonce-t-il , comme s’il s’agissait à la fois d’un rendez-vous amical, un moment d’intimité et de face à face ,  mais également d’un événement attendu et qui est programmé; Il suggère , de cette manière , qu’il était impossible de l’éviter ; il choisit l’adjectif “inexorable ” qui contient une dimension pathétique mais précise que l’accusée est avant tout une “victime de violences conjugales ” . L’argument évoqué ensuite relève de l‘exemplarité : cette jeune mère de famille n’est pas un cas isolé; elle représente “toutes ces femmes qui vivent la même chose” . L’avocat emploie ensuite des images saisissantes pour rendre perceptible la peur des femmes qui “guettent les ombres de la nuit” . Les maris violents sont désignés,  par le terme “danger” : ce procédé permet presque  de les effacer en tant qu’êtres humains: le crime perd ainsi son côté effroyable car il apparaît comme la suppression  d’une menace. On comprend bien qu’elle a tué pour défendre sa vie et il va donc pouvoir plaider la légitime défense. Le magistrat fait aussi référence aux enfants qui “filent dans leur chambre ” , apeurés et on comprend que la mère agit pour les mettre à l’abri de cette violence qui “explosera ” . Le verbe exploser ici est très imagé et clôt le premier paragraphe sur cette ambiance menaçante.

Le second paragraphe débute par un appel au pathos : il cherche à toucher les membres du jury en décrivant ce que vivent ces victimes ignorées ,le plus souvent , par la société : ” elles sont toutes soeurs , ces femmes que personne ne regarde , que personne n’écoute . ” Ici, l’anaphore ” que personne ” associée à la négation , peut avoir un effet culpabilisant . Les violences, en effet, ont lieu dans l’intimité “derrière une porte fermée ” : cette image représente concrètement la frontière entre le domaine public et le domaine privé. L’avocat fustige l’indifférence des voisins qui préfèrent se taire même s’ils savent ce qui se passe car cette violence laisse des traces concrètes ” bruit des meubles que l’on renverse, les coups qui font mal , les claques qui sonnent et les enfants qui pleurent . ”  Il dépeint ici un ensemble de signes qui accompagnent la violence conjugale et que tout le monde peut reconnaître ; C’est sans doute un moyen de sensibiliser le jury et de le rendre , sans l’accuser directement, en partie responsable de ce qui a mené au drame : l’absence d’intervention extérieure; il dénonce implicitement le fait qu’on laisse ses femmes seules sans oser intervenir pour faire cesser les coups.

Le troisième paragraphe décrit les “auteurs de violences conjugales ” comme des personnes qui seront finalement traduites en justice pour meurtre le plus souvent. ”  ici, on les connait bien ” : il s’agit d’une allusion à leur nombre d’une part et à leurs condamnation en “cour d’assises ” , d’autre part. Lorsqu’ils sont traduits en justice , c’est malheureusement , sous-entend Luc Frémiot, parce qu’ils ont tué leur femme . La victime est devenue ” un corps de femme sur une table d’autopsie” ; là encore , il nous offre une image saisissante de la réalité  brutale des violences conjugales et de leur dénouement funeste . Le paragraphe se termine par une nouvelle adresse au jury sous la forme d’un appel à la réflexion : ”  nous sommes au pied du mur , nous allons devoir décider” . L’avocat utilise le nous pour créer un lien  de connivence entre lui et le jury et pour montrer que nous sommes tous concernés par cette affaire.

Homme de loi, il rappelle la nature des accusations portées contre l’accusée : “ mon devoir est de rappeler que l’on n’ a pas le droit de tuer” ; Cependant , les jurés vont devoir arbitrer entre les préconisations de la loi et les circonstances du crime ; La périphrase geste homicide ” a une valeur d’euphémisme: elle tend  à atténuer la gravité de ce qui a été commis. En citant les paroles des enfants en guise de témoignage , l’avocat laisse le jury face à un choix ” Papa est mort, on ne sera plus frappés . Papa , il était méchant ” ; En utilisant la citation, il donne ainsi une présence à la parole des enfants qui avec leurs mots simples traduisent leur perception des faits et de la situation. Il termine son argumentaire en reprenant le rappel à la loi  “on n’a pas le droit de tuer ” et mettant cette interdiction en balance avec ce qu’a subi la jeune mère , qui sont aussi des violations de la loi ” on n’a pas le droit de violer non plus , d’emprisonner une femme et des enfants dans un caveau de souffrances et de douleur ” . La dernière image a une valeur hyperbolique et connote la mort ; En effet un caveau est une tombe et cela nous renvoie à l’idée d’un danger de mort permanent sur cette famille. Certes , la victime a enfreint la loi mais son compagnon était lui aussi un hors la loi ! La loi n’est donc pas uniquement du côté du mari ! 

Luc Frémiot avance ensuite un argument qui est souvent utilisé par les gens qui ne comprennent pas les mécanismes de la violence conjugale : il anticipe ainsi une éventuelle objection majeure  “ Pourquoi n’est elle pas partie avec ses enfants” ? Cette stratégie  consiste à anticiper les arguments de la partie adverse en les invalidant par avance; Ce qui les rend inefficaces ! Il rappelle le calvaire de ces femmes en employant des termes très forts terreur , angoisse” Il invite alors les jurés à se mettre à la place de la jeune femme : ” c’est cela être juge, c’est être capable de se mettre à la place des autres ” ; Il tente de les persuader de ne pas condamner l’accusée et  joue ici sur le sentiment d’empathie  Pour tenter d’emporter l’adhésion des jurés , il cite le prénom et l’âge des 4 enfants ce qui va sans doute les émouvoir et les faire prendre conscience que si leur mère va en prison, les enfants seront placés en famille d’accueil et auront  ainsi  perdu leurs deux parents . 

Le paragraphe final de sa plaidoirie met en évidence le questionnement qui doit être celui du jury : les questions rhétoriques permettent ici de faire entendre les interrogations de ce dossier ; Peut- on condamner une femme  qui a cherché à sauver sa vie alors que la société a été incapable de la protéger des violences qu’elle subissait ? En présentant les faits sous cet angle, le magistrat plaide la légitime défense : elle a tué pour sauver sa propre vie et celle de ses enfants . Voilà comment il présente ce drame et  la surprise finale de sa plaidoirie est de taille ; il  défend  carrément l’acquittement . “Aujourd’hui je ne veux pas la laisser seule. C’est l’avocat de la société qui vous le dit: vous n’avez rien à faire dans une cour d’assises, Madame. Acquittez-la ! ”  Il aurait pu requérir une peine symbolique et demander une remise en liberté mais plaider l’acquittement , c’est considérer qu’elle ne doit pas être condamnée pour le meurtre de celui qui était devenu son bourreau. Il faut également noter que Luc Frémiot n’était pas le défenseur de l’accusée mais l’avocat général qui représente les intérêts de la société  . Alexandra aujourd’hui milite activement pour les droits des femmes . Un film intitulé l’Emprise a été inspiré par son histoire tragique. Elle a effectué, à l’époque  18 mois de détention préventive et a pu récupérer au bout de trois ans la garde de ses enfants. Elle a écrit un roman intitulée Acquittée 

Alexandra Lange y explique qu’elle est allée plusieurs fois porter plainte, qu’elle a aussi tenté de fuir avec ses enfants mais que  son compagnon les a retrouvés; Son père, présent au moment du procès, à ses côtés,  a été condamné à de la prison avec sursis pour avoir modifié la scène du  crime: il a placé un couteau dans la main du mari afin qu’elle obtienne la légitime défense car au moment où elle a frappé, il n’avait pas d’arme sur lui , autre que ses poings qu’il utilisait fréquemment .  

Vous trouverez dans ce podcast un entretien avec Luc Frémiot , à propos de l’affaire .

 

21. novembre 2022 · Commentaires fermés sur Combattre contre la colonisation : quelle écriture de combat ? · Catégories: Première · Tags: ,
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Indigné contre le colonialisme ! 

 Une écriture de combat se définit par sa capacité à mobiliser les ressources de la langue afin de soutenir une thèse;

 Nous allons nous employer à comparer trois stratégies argumentatives pour un même combat : celui qui consiste à dénoncer la colonisation .

Commençons par examiner le Discours de Césaire  

Qui est l’auteur ? Aimé Césaire est né  en Martinique : il suit des études au lycée Victor Schoelcher à Fort-de-France, puis à Paris  où il se lie d’amitié avec Léopold Sédar Senghor et enfin à l’École normale supérieure.Il entre en contact avec de jeunes étudiants africains et prend conscience de l‘aliénation culturelle qui caractérise les sociétés coloniales martiniquaises et guyanaises. Avec d’autres étudiants, il fonde en 1934 le journal “L’Etudiant noir”.
En réaction à l’oppression culturelle du système colonialiste français, Aimé Césaire commence à écrire en 1936 et forge le concept de négritude . Il veut lutter contre la tentative d’assimilation culturelle de la France et promouvoir la culture africaine victime du racisme engendré par le colonialisme.  : “Je suis de la race de ceux qu’on opprime”.En 1939, ayant obtenu l’agrégation de lettres, Aimé Césaire retourne en Martinique où il enseigne et publie un texte  de nature poétique  “Cahier d’un retour au pays natal”.   Plus »

13. janvier 2022 · Commentaires fermés sur Mon allocution de fin du monde : les pouvoirs de la parole. · Catégories: Spécialité : HLP Première · Tags: ,

Lorsqu’on réfléchit aux pouvoirs de la parole, nous sommes amenés ,à nous demander, dans nos prises de parole et nos discours publics, ce qui est important et ce qui l’est moins . Le sujet proposé prenait place dans le cadre fictif suivant ; “Un terrien, pensant sa dernière heure venue et croyant à la destruction de sa planète, adresse, sur son téléphone, un dernier message à ceux qui, un jour, l’écouteront peut être ”  . Nul besoin de préciser dans quelles circonstances la catastrophe se produira ou si certains survivront à ce cataclysme présumé. Il importait de savoir ce qu’on avait vraiment envie de dire , de délivrer  une forme de  parole testamentaire , de bien choisir ses mots, dans ces circonstances pour le moins saisissantes. 

Avant d’écouter les enregistrements, la classe fabrique une grille d’évaluation qui recense les différentes compétences attendues pour l’exercice : on y distingue ce qui relève de l’usage et de la maitrise de la voix comme l’articulation, la vitesse du débit , le caractère audible de l’enregistrement , la fluidité de la prise de parole . Un deuxième critère cible la maîtrise de l’expression : le registre de langue est-il adapté ?  le vocabulaire est -il précis et adapté ? Les phrases sont-elles construites de manière correcte ? Le dernier critère,  qui à lui seul, “pèse ” la moitié des points, évalue le respect des consignes et le cadrage du sujet ; tous les aspects ont -il été abordés ? les propos sont ils pertinents et les circonstances de la prise de parole sont-elles comprises et respectées ? Enfin, une  partie de la note dans cette catégorie , ( parfois séparée) , pourrait prendre en compte la capacité à émouvoir, à toucher et à convaincre. Sur 10 points , on peut répartir respectivement 3, 2 et 5 points pour les critères 1, 2 et 3 ; Sur 20 , comme pour le grand oral du bac  on pourrait dissocier différentes compétences à l’intérieur de chaque catégorie : 6 pour la voix, 4 pour  la qualité de l’expression et 6 / 4  contenu du sujet et qualité de la conviction . Les moments d’échange suivent l’écoute des enregistrements et 3 élèves différents sont choisis pour évaluer chaque catégorie de la prestation . 

Quel type de discours pouvait -on composer ? 

La rhétorique antique distingue trois types d’éloquence : le genre épidictique s’apparente au registre de l’éloge ou du blâme. Le genre judiciaire présente un fait passé en vue d’accuser celui qu’il souhaite condamner  ou d’innocenter celui qu’il défend : procureur ou avocat de la défense emploient des stratégies similaires au service de leurs thèses respectives  mais ne s’attachent pas à produire les mêmes effets sur l’auditoire ; Le défenseur cherche à susciter l’empathie alors que le procureur cherche à indigner l’auditoire ne montrant, par exemple , la violence du meurtre ou son caractère gratuit. Le troisième genre est dit délibératif : il porte sur l’avenir et pousse l’auditoire à passer à l’action , à se mobiliser ; On considère alors que la parole est assez puissante pour inciter l’homme à modifier son comportement et à changer de manière de penser et éventuellement à changer  le monde autour de lui .

Aristote et  Cicéron ont écrit des manuels pour apprendre l’art de bien parler et au Moyen-Age, l’enseignement de la rhétorique fait partie des sept arts libéraux . Platon estimait déjà qu’on devait mettre cette science au service de la vérité . L’orateur se gardera d’adopter un style froid ( qui est le contraire d’un style sublime selon Aristote) On appelle style sublime, le style qui cherche à obtenir le plus d’effets possibles sur les auditeurs . Comment l’obtient -on ? En évitant les mots trop longs, les épithètes inutiles et les mots ‘froids ” , dénués d’affect. On peut recourir aux images sans pour autant en abuser car elles peuvent paraître artificielles . 

Dès l’Antiquité se pose également le problème de la sincérité  et  de l’authenticité de la parole publique :  comment convaincre et persuader ?  Existe -t-il des moyens pour emporter l’adhésion d’un public ? La frontière avec la manipulation et la démagogie est parfois bien mince et le pouvoir de séduction de la parole peut avoir des conséquences dramatiques comme le rappelle , dans l’Odyssée d’Homère, l’épisode des Sirènes et dans le monde actuel, le langage publicitaire et la communication de masse . Mais si elle peut manipuler et tromper, la parole peut aussi réconcilier : thérapeutique, elle allège le poids des non-dits et nous ibère d’évènements traumatiques; Les grecs employaient le mot pharmakon pour la désigner ici  car ce mot signifie soit poison soit remède. Il existe même un genre littéraire qu’on appelle “consolation ” ; Souvent utilisé par les philosophes , il tente d’enseigner aux hommes l’art de la sagesse et la nécessité de maîtriser leurs passions. Il paraît bien adapté pour le traitement du sujet. 

Quelle rhétorique alors fallait -il employer pour cette allocution ? Comment toucher le coeur de son interlocuteur ? Pour Quintilien, d’ailleurs , le bon orateur est précisément celui qui sait faire naître l’émotion . Platon connaissait déjà le pouvoir de séduction des figures et des images notamment dans certains domaines comme celui du destin de l’âme après la mort. 

 En préambule …. on pouvait dresser un rapide état des lieux du monde au moment où il s’apprête à disparaître . Peu d’entre vous ont échappé à la tentation de décrire le passé : on pouvait dépeindre le monde avec ses multiples excès et imaginer ce qui a causé notre perte . On utilise alors le registre du blâme ; On pouvait , par exemple , condamner les dérives de notre société : pollution, consommation de masse , destruction des espaces naturels, déforestation, agriculture intensive, pillage des ressources de la planète, ethnocentrisme , instinct belliqueux qui pousse les hommes à s’entretuer encore et toujours . On pouvait aussi mettre en exergue l’agressivité de l’homme en tant que super -prédateur : en haut de la chaine alimentaire et prêt à tout pout étendre son territoire et sa zone d’influence. Mais après avoir fustigé les excès en tous genres , un grand nombre d’entre vous ont voulu délivrer quelques paroles apaisantes ; Vous avez alors recommandé, à vos auditeurs de s’aimer, de partager ses derniers moments avec ceux qui leur sont chers . Profiter du moment présent , de la vie et de ses bonheurs petits et grands, relève d’une philosophie hédoniste dont la devise carpe diem souligne la nécessité de profiter du présent et de ce qu’il nous offre. Vivre au jour le jour sans songer à l’avenir n’est pas donné à tout le monde mais les circonstances ici pouvaient vosu conduire à ce type d’exorde.

La vérité n’est pas toujours bonne à dire : à méditer .. voyez pourquoi dans certains cas, des orateurs sont amenés à “jouer ” avec la vérité , à la travestir, à l’enjoliver, à mentir même ? 

 Patchwork de vos réussites : 

1 Des adresses  variées :  Mes amis , qui que vous soyez , mes frères humains ou d’ailleurs , mes congénères 

2 Personnaliser son énoncéJe me tiens ici devant vous ce soir, je me présente à vous ne ce dernier jour de l’Humanité afin de vous dire ce que j’ai sur le coeur 

3 Ne pas se plaindre : il n’est plus temps de gémir. Le temps des pleurs est révolu .  Ne soyez pas triste.  Il est temps maintenant de se dire adieu ou au revoir .

4 Série de questions rhétoriques : Qu’avons nous -fait ? Que pouvons nous désormais changer ? Y a t-il encore quelque chose à tenter ? 

5 Appel à la dignité ( pathos )  : Nous pouvons encore partir la tête haute : notre espèce va sans doute s’éteindre mais nos pensées survivront, sous de multiples formes . Jusqu’à notre dernier souffle, nous aurons tenté de rendre ce monde meilleur. J’aimerais m’adresser à chacun d’entre vous pour lui dire qu’aucune vie na été inutile : vous avez tous apporté votre pierre à l’édifice de la pensée humaine. 

6  Du bon usage de l’impératif d’exhortation : Sachons partir main dans la main : jamais nos liens n’ont été aussi forts ; Ne nous retournons pas sur ce passé délétère

7. La puissance des images : nous redeviendrons des poussières dans l’univers 

Qu’est ce qui favorise l’efficacité d’un discours ? citons en vrac 

  • la posture de l’orateur
  • la qualité de la voix et l’expressivité 
  • la composition du texte 
  • l’usage des figures de style
  • les formules choc
  • le charisme
  • l’engagement personnel 
  • la qualité de l’écoute 
  • la sensibilité de l’auditeur
12. septembre 2020 · Commentaires fermés sur Un discours politique convaincant : une oratrice déterminée · Catégories: Spécialité : HLP Première · Tags: ,

En  juin 2018 , le parlement argentin a pris position, à une très courte majorité ( 129 voix à 126 ) en faveur de la légalisation de l’avortement; pour rappel, la même loi a été proposée en 1974, en France, à l’Assemblée Nationale par la première femme ministre de la Santé: Simone Veil . Analysons ensemble  la communication non verbale de la députée argentine Silvia Lospennato,  jeune députée de 41 ans , dans une assemblée où on compte de plus en plus de femmes ; Elle prend la parole avec une formule solennelle  : ce siècle est le siècle des droits des femmes .”  Elle cite , à plusieurs reprises, les noms des femmes  en Argentine, et plus largement dans le monde , qui ont pris part dans ce qu’elle nomme un combat, une lutte  . Son discours dure près de 14 minutes et l’émotion est palpable dans l’hémicycle .  Voici  la traduction  du dernier paragraphe de son allocution. “À nos sœurs, cette pluralité de femmes qui s’est installée dans la politique argentine. Unies dans nos différences mais toujours en faveur des femmes. Des femmes au foyer, de nos mères et de nos filles. Pour que l’avortement soit légal, sûr et gratuit. Que cela devienne la loi !» Vous avez entre vos mains le pouvoir de voter pour nos droits, ne tremblez pas pour le faire.” a-elle conclu.

Un discours politique convaincant : une oratrice déterminée

Comment parvient-elle à nous transmettre sa conviction, son émotion et surtout sa détermination ?  Observez attentivement les changements de son ton, les inflexions de sa voix, son regard, son débit de parole, l’expression de son visage .

09. septembre 2018 · Commentaires fermés sur Clémenceau contre Jules Ferry : propos d’un député contre la colonisation en 1885 · Catégories: Première · Tags:
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“Ce qui manque de plus en plus à notre grande industrie, ce sont les débouchés. Il n’y a rien de plus sérieux. Or ce programme est intimement lié à la politique coloniale. Il faut chercher des débouchés.Il y a un second point que je dois aborder : c’est le côté humanitaire et civilisateur de la question. Les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Je dis qu’il y a pour elles un droit parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le droit de civiliser les races inférieures.Enfin, si la France veut rester un grand pays, qu’elle porte partout où elle le peut sa langue, ses mœurs, son drapeau, ses armes et son génie. Rayonner sans agir, c’est abdiquer, et, dans un temps plus court que vous ne pouvez le croire, c’est descendre du premier rang au troisième ou au quatrième.”  Le discours de Clémenceau va donc reprendre les arguments de Jules Ferry pour parfois les contredire . 

La technique qui consiste à réemployer les arguments de son adversaire pour mieux les réfuter est très souvent utilisée pour obtenir un effet sur l’auditoire. Clémenceau emploie ce procédé afin de décrédibiliser son adversaire en montrant à la fois son racisme et son parti-pris. La Fance et le gouvernement sont alors, à cette époque, divisés en matière de politique coloniale car certains préfèreraient que l’Etat investisse sur le territoire national .On retrouve bien dans le discours de Ferry l’idée selon laquelle les colonie sont avant tout une valeur économique dans la mesure où elles vont créer de nouveaux marchés pour les produits industriels de métropole. Clémenceau rappelle alors au public la défaite de Sedan en 1871 et invente un argument  selon lequel les allemands auraient gagné la guerre parce qu’ils avaient un plus gros cerveau. Il ridiculise ainsi certains points de vue racistes qui relient la taille du cerveau comme étant un critère justifiant à lui seul la domination, d’un peuple ou d’une ethnie sur une autre . De plus, il rappelle  avec ce souvenir de défaite que la France est sortie fragilisée de ce conflit et qu’elle n’a pas les moyens de poursuivre une politique d’expansion coûteuse en dehors de ses frontières . ” Mais nous disons, nous, que lorsqu’une nation a éprouvé de graves, très graves revers en Europe, lorsque sa frontière a été entamée, il convient peut-être avant de la lancer dans les conquêtes lointaines, fussent-elles utiles — et, j’ai démontré le contraire —, de bien s’assurer que l’on a le pied solide chez soi et que le sol national ne tremble pas. ” Voilà le devoir qui s’impose. Mais quand un pays est placé dans ces conditions, aller s’affaiblir en hommes et en argent, et aller chercher au bout du monde, au Tonkin, à Madagascar, une force pour réagir sur le pays d’origine et lui communiquer une puissance nouvelle, je dis que c’est une politique absurde, une politique coupable, une politique folle… (Applaudissements à gauche et à droite.) On voit ici que Clémenceau critique de manière explicite la politique soutenue par  M Jules Ferry . 

[…]

Pendant que vous êtes perdus dans votre rêve colonial, il y a à vos pieds des hommes, des Français, qui demandent des dépenses utiles, fructueuses au développement du génie français et qui vous aideront, en augmentant la production, en la faisant à meilleur compte, à trouver ces fameux débouchés que vous fermez par vos expéditions guerrières. (Applaudissements sur divers bancs.)

Ci-dessous la carte de l’empire colonial français en 1911. 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b530636240/f1.item …