09. septembre 2018 · Commentaires fermés sur Clémenceau contre Jules Ferry : propos d’un député contre la colonisation en 1885 · Catégories: Première · Tags:
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“Ce qui manque de plus en plus à notre grande industrie, ce sont les débouchés. Il n’y a rien de plus sérieux. Or ce programme est intimement lié à la politique coloniale. Il faut chercher des débouchés.Il y a un second point que je dois aborder : c’est le côté humanitaire et civilisateur de la question. Les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Je dis qu’il y a pour elles un droit parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le droit de civiliser les races inférieures.Enfin, si la France veut rester un grand pays, qu’elle porte partout où elle le peut sa langue, ses mœurs, son drapeau, ses armes et son génie. Rayonner sans agir, c’est abdiquer, et, dans un temps plus court que vous ne pouvez le croire, c’est descendre du premier rang au troisième ou au quatrième.”  Le discours de Clémenceau va donc reprendre les arguments de Jules Ferry pour parfois les contredire . 

La technique qui consiste à réemployer les arguments de son adversaire pour mieux les réfuter est très souvent utilisée pour obtenir un effet sur l’auditoire. Clémenceau emploie ce procédé afin de décrédibiliser son adversaire en montrant à la fois son racisme et son parti-pris. La Fance et le gouvernement sont alors, à cette époque, divisés en matière de politique coloniale car certains préfèreraient que l’Etat investisse sur le territoire national .On retrouve bien dans le discours de Ferry l’idée selon laquelle les colonie sont avant tout une valeur économique dans la mesure où elles vont créer de nouveaux marchés pour les produits industriels de métropole. Clémenceau rappelle alors au public la défaite de Sedan en 1871 et invente un argument  selon lequel les allemands auraient gagné la guerre parce qu’ils avaient un plus gros cerveau. Il ridiculise ainsi certains points de vue racistes qui relient la taille du cerveau comme étant un critère justifiant à lui seul la domination, d’un peuple ou d’une ethnie sur une autre . De plus, il rappelle  avec ce souvenir de défaite que la France est sortie fragilisée de ce conflit et qu’elle n’a pas les moyens de poursuivre une politique d’expansion coûteuse en dehors de ses frontières . ” Mais nous disons, nous, que lorsqu’une nation a éprouvé de graves, très graves revers en Europe, lorsque sa frontière a été entamée, il convient peut-être avant de la lancer dans les conquêtes lointaines, fussent-elles utiles — et, j’ai démontré le contraire —, de bien s’assurer que l’on a le pied solide chez soi et que le sol national ne tremble pas. ” Voilà le devoir qui s’impose. Mais quand un pays est placé dans ces conditions, aller s’affaiblir en hommes et en argent, et aller chercher au bout du monde, au Tonkin, à Madagascar, une force pour réagir sur le pays d’origine et lui communiquer une puissance nouvelle, je dis que c’est une politique absurde, une politique coupable, une politique folle… (Applaudissements à gauche et à droite.) On voit ici que Clémenceau critique de manière explicite la politique soutenue par  M Jules Ferry . 

[…]

Pendant que vous êtes perdus dans votre rêve colonial, il y a à vos pieds des hommes, des Français, qui demandent des dépenses utiles, fructueuses au développement du génie français et qui vous aideront, en augmentant la production, en la faisant à meilleur compte, à trouver ces fameux débouchés que vous fermez par vos expéditions guerrières. (Applaudissements sur divers bancs.)

Ci-dessous la carte de l’empire colonial français en 1911. 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b530636240/f1.item …

23. avril 2018 · Commentaires fermés sur Le dernier discours de Robespierre · Catégories: Première · Tags: ,

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 Au moment où il prononce ce discours, Maximilien de Robespierre n’est plus simplement un jeune avocat qui vient d’arriver à Paris ;  reconnu comme l’un des chefs des Jacobins, il est  déjà craint pour son extrémisme qui en fait un ennemi redoutable des révolutionnaires modérés ou hésitants et il  siège depuis peu  au Comité de Salut Public ; Redouté par beaucoup, on le considère comme l’un des grands dirigeants sous le régime de la Terreur, période tourmentée et sanglante qui suit immédiatement la révolution de 1789 et qui laisse voir une grande instabilité dans les institutions politiques .  Prononcé en juillet 1794,quelques jours seulement avant son exécution, ce texte est avant tout un plaidoyer pour l’oeuvre accomplie par la Révolution et un réquisitoire contre tous les adversaires de la Révolution; Robespierre souhaite qu’on le juge sur ce qu’il a tenté de faire et il justifie ses prises de décision par l’urgence de la situation politique . Voyons comment son intervention est construite .. il y justifie  , le plus souvent son action politique au nom de valeurs telles que la vérité et la Liberté et y montre ses adversaires sous un jour négatif comme des tyrans et des oppresseurs du Peuple; Il y prétend mener un combat qui le dépasse et nie toute forme d’ambition personnelle ; Il s’y montre comme le bras armé qui défend les intérêts du Peuple. Tyran malgré lui pour combattre la tyrannie: c’est là le paradoxe qui caractérise ces  “ultima verba”

Il s’agit avant tout de mettre le public de son côté et Robespierre va d’abord employer des techniques propres à tous les orateurs en jouant avec son public et en l’apostrophant à de nombreuses reprises ;

 I Un discours éloquent : créer un lien avec le public 

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1) les adresses au public : l’ami du Peuple

A la ligne 12, l’orateur s’adresse à la foule tout entière avec le mot Peuple qu’il répète ensuite à la ligne suivante : Il lui demande de se souvenir de ce qu’il a fait et emploie l’impératitf ici à valeur exhortation; L’impératif a également pour fonction de rythmer le discours et de créer des répétitions: souviens toi, l 12 et  l 14 ; le tutoiement est répété également aux lignes 13 et 14 ; Le Je qui est la personne dominante  dans l’élocution cède de temps en temps  la place au nous qui inclut ainsi le public : 24; 25 26 nous perdrions la patrie, la tyrannie règne parmi nous ; Dans son allocution, Robespierre ne cesse de s’adresser au peuple dont il se prétend l’ami et le défenseur : ta confiance et ton estime seront des titres de proscription pour tous tes amis ( l 20) . Le Tu marque ici à la fois une proximité et une complicité; Robespierre tent edu créer un lien fort avec l’auditoire de s’en faire un allié.

2) le jeu des répétition

 Le but des répétitions est de créer des rappels entre les différentes parties du discours , des échos sonores qui servent de points de repères auditifs pour l’auditoire . On retrouve également des répétitions avec sache16 et 17 ainsi qu’avec le verbe dire ; disons 26, 30 ; la répétition peut également affecter la structure des phrases : elle est alors moins visible mais on l’entend tout autant : toi que l’on flatte, que l’on craint et que l’on méprise : rythme ternaire ; Répétition de la subordonnée lignes 30 à 35   Qu’il existe une conspiration , qu’elle doit sa force à une coalition,  que cette coalition; que les ennemis de la république ; que les membres ; que la coalition (35 ) ; Cette cascade de subordonnées instaure un lien cause conséquence très fort entre les arguments développés par l’orateur . 

3) usage des questions oratoires 

L’emploi des futurs associés aux formes interrogatives des questions rhétoriques contribue également à ponctuer et à structurer cette prise de paroles de Robespierre : souscrivons nous , 24, révélerons -nous 26, dénoncerons -nous 27 .. il englobe le public dans sa prise de parole et l’implique ainsi fortement.

Tous ces procédés fréquents dans les discours contribuent à créer entre la foule et l’orateur un lien qui lui permet ensuite d’impliquer son auditoire dans la défense de la cause qu’il soutient. 

Ici il s’agit plus particulièrement d’attaquer ses adversaires et Robespierre emploie une stratégie volontairement offensive 

 II Les attaques : une stratégie très offensive 

1.  l’usage du lexique dépréciatif 

Pour déprécier ses adversaires et réduire leur valeur, on va les critiquer ostensiblement en utilisant , par exemple, des mots dépréciatifs tels que : Hommes pervers 2 , oppresseurs du peuple 9, tyrans, 10, 22, 19, 40  dictateur  24, scélérats, fripons l 44 ; On constate que ces insultes touchent essentiellement deux domaines ; tout d’abord celui de l’oppression politique avec les mots tyrans  et dictateurs qui sont les principales accusations lancées par Robespierre .  Ce sont celles qu’il emploie le plus souvent pour montrer les abus de pouvoir des aristocrates notamment ou de ces opposants .Un autre domaine revient souvent: c’est celui celui de la mauvaise conduit morale : en effet, Robespierre fait souvent allusion à ces ennemis comme à de mauvais hommes, des criminels:  Il les condamne ainsi pour leur absence de moralité. Ainsi le mot crime apparait à plusieurs reprises : ligne 7 carrière du crime, route du crime l 25 et dans sa conclusion: je suis fait pour combatte le crime l 40 qui donne ainsi de lui l‘image valorisante d’un justicier, d’un homme de bien qui combat le Mal . En effet, il s’agit pour Robespierre de se justifier sur le plan politique et donc de montrer qu’ en s’opposant à des criminels, il agit en homme de Bien au service du bonheur du peuple et de la Liberté. 

2. Le combat du Bien et du Mal : un combat éthique 

Le discours de Robespierre oppose ainsi volontairement et parfois au moyen d’antithèses le Bien au mal; Ces oppositions apparaissent sous plusieurs formes et  sont présentes dès le début du discours avec l 1 la première opposition entre les vices et les vertus . Face à ses détracteurs, Robespierre  se présente comme un homme pur et intègre qui doit combattre dans le voisinage impur d’hommes pervers; Cela revient à opposer sa droiture morale et sa pureté à la perversité des gouvernants qu’il combat ( l 2) ; Il indique d’ailleurs cherché lui aussi la ligne de démarcation entre le Bien et le Mal .( 6 )

3. Seul contre tous : la théorie du complot 

Au fur et à mesure de son réquisitoire , Robespierre se pose en victime et en homme seul face au reste du monde : à la ligne 10 il évoque la ligue des tyrans, image qui montre la force  de la coalition formée par  l’ensemble de ses adversaires  et montre qu’elle a beau jeu d’accabler un seul homme.  On a ainsi l’impression d’assister à un combat fortement déséquilibré. Il se présente également comme le seul ami du peuple , un homme qui s’élève pour “défendre ta cause et ta morale publique.” Il utilise également le mot horde ligne 43 pour montrer la force de ses adversaires ici implicitement comparés à des bêtes sauvages. A la ligne 31, il évoque également la coalitition criminelle et il détaille l’ensemble de ses ramifications ; il existe des traîtres selon lui partout ; Au sein de la Convention ( 31 ) dans le Comité de Sureté Générale ( 32 ) , dans les principaux bureaux et même au sein du Comité de Salut Public ( 33 ) Il évoque ainsi un vaste complot qui menace  et cherche , selon ses mots à “perdre les patriotes et la patrie “  l 34 . On peut entendr des accents de paranoïa dans cette manière de montrer des adversaires omniprésents qui l’encerclent et , en quelque sorte, le mettent à mort . Robespierre apparait ainsi comme une victime expiatoire qui paye de sa personne pour sauver la Révolution.

 En effet ,à la fin de son discours, l’orateur évoque sa mort prochaine  sans trembler et se proclame , une fois de plus du côté de la Raison  “que peut -on objecter à un homme qui a raison et qui sait mourir pour son pays ? ( 41) 

4. Devenir un tyran pour sauver la Patrie ? 

Seul face à ces forces menaçantes, Robespierre propose ce qu’il nomme  un remède contre le Mal , conservant ainsi l’allure , aux yeux du public , d’un sauveur de la Patrie. Il emploie le verbe épurer  à plusieurs reprises: on reste bien ici dans un contexte moral  car épurer signifie d’abord, ôter les parties impures, rendre pur . Il termine avec une tonalité particulièrement menaçante  en évoquant l’idée d’écraser ses ennemis ( 38 ) avec le poids de l’autorité nationale. On voit bien qu’il se sert de l’ Etat et du pouvoir conféré par ses fonctions pour entreprendre de terrasser ses ennemis ; C’est la définition même de la tyrannie : un pouvoir autoritaire et sans contrôle qui est donné temporairement à un homme pour sauver l’Etat de la ruine.  C’est ainsi que la plupart des tyrans ont justifié leur coup d’ Etat ou leur prise de pouvoir .On aboutit donc , de manière paradoxale à l’idée d’un tyran qui cherche à lutter contre la tyrannie des ennemis de la Patrie. La violence de l’affrontement  est suggérée au moyen de certains mots comme “empire des tyrans armé contre nous ” (22)  “chaînes “ qui entravent le Peuple ” et qui évoquent l’esclavage (15 )  “élever sur leurs ruines la puissance de la justice de la liberté ” image de la destruction d’un monde corrompu (38 ) . Robespierre conserve ainsi son image de combattant pour la liberté : il fait figure de Résistant contre l’Oppression et le Mal, qu’incarnent à ses yeux , ses ennemis . 

 Mais Robespierre ne se contente pas d’attaquer ses ennemis, il va également tenter d’imposer son raisonnement en utilisant des procédés rhétoriques qui ont fait leurs preuves . 

III  Un  raisonnement logique puissant 

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La force d’une argumentation repose la plupart du temps sur le choix et la valeur des illustrations et des citations; Robespierre convoque l’Histoire romaine et la figure d’un des plus grands orateurs de l’Antiquité: Cicéron, homme politique romain, issu de l’ordre équestre , qui combattit les privilèges des sénateurs et prit une part active contre la corruption des hommes politiques de son époque tourmentée elle aussi (premier siècle avant JC ) . Cicéron s’illustra notamment dans la lutte contre la concussion (crimes commis par des politiques dans le cadre de leurs fonctions ). Robespierre va donc tenter d’incarner un Cicéron de la révolution au service du Peuple et de la Patrie.

.1.  Robespierre, un nouveau Cicéron ? 

D’ailleurs il traite ses accusateurs de Verres et de Catalina , deux hommes politiques corrompus qui cherchaient uniquement à s’enrichir et qui, dans la rome antique, ont fait l’objet de deux célèbres mises en accusation menées par un avocat -magistrat qui s’appelait Cicéron. Robespierre fonde donc son raisonnement ici sur des arguments d’autorité en citant ces noms célèbres à titre d’exemples. Catalina fut jugé en 63 av JC pour avoir conspiré contre la République romaine ; Quant à Verrés, en tant que gouverneur de la Sicile, il fut accusé par la plupart des cités sous  son mandat,  de pillages, destruction d’oeuvres d’art et vols en tous genres; En face de lui, un jeune consul l’accusa et lui demanda de répondre de ses actes ad populum (face au peuple ) ; Marcus Tullio Cicero plus connu sous le nom de Cicéron  obtint un grand succès avec son réquisitoire contre Verres qui est aujourd’hui encore cité comme un modèle d’éloquence. Robespierre se met ainsi à la place du jeune consul romain et devient un nouveau Cicéron. Cette référence historique lui donne un peu de la gloire de son illustre modèle .

2. La force de la logique : des oppositions révélatrices 

Pour donner davantage de poids à ses arguments et à ses attaques, l’orateur construit des séquences fondées sur une organisation logique : il orchestre les oppositions en utilisant principalement les Mais et les au lieu de .. ; il rappelle tout d’abord les vilenies commises par les révolutionnaires   corrompus qui  se partagent la France comme un butin au lieu de la rendre libre et prospère (5 ) ; Robespierre insiste également sur l’opposition entre le passé et les promesses effectuées (naguère ) et la dureté  du présent : dés ce moment je leur lègue l’opprobre et la mort ; le châtiment qui frappe les oppresseurs apparaît ainsi nécessaire et justifié  car lié à une promesse que Robespierre va s’efforcer d’honorer . Il rappelle qu’il s’agit de son devoir de mourir “en défendant la cause du genre humain ” (11 ) .

Lorsqu’il s’adresse au Peuple, il précise qu’on le traite en esclave alors qu’il devrait être souverain reconnu (15 ) et montre que ce sont les passions des magistrats qui règnent au lieu de la justice (15 ) 

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Il orchestre ses propos en fabriquant un jeu de questions -réponses dans le troisième paragraphe . Il répond ainsi à chacun des questions au moyen d’hypothèse alarmistes qui peignent un futur catastrophique :  “Nous perdrions la Patrie ” .  Le futur et le conditionnel  caractéristiques de ce qu’on nomme dans les discours le ton prophétique sont employés pour décrire un avenir sombre . Robespierre ici est un messager qui prédit des catastrophes s’il n’est pas suivi . Il  évoque ainsi  les conclusions de son raisonnement ligne 39 .;  j’en conclurai donc .. et  termine en précisant que le temps n’est point arrivé (42 )  pour assurer la victoire de  ses idées. 

En conclusion, il s’agit ici d’un discours particulièrement éloquent dans lequel l’orateur , au seuil de sa condamnation, jette ses dernières armes dans une bataille de mots et une bataille d’idées où il se sait d’ores et déjà perdant. Il apostrophe le Public et tente de créer une solidarité avec lui et invective ses adversaires en démontrant que ce sont des bandes de criminels qui se propagent dans tous les organes de l’Etat .Il parait seul contre tous et se pose dans le rôle d’une victime qui fait son devoir: celui de se sacrifier pour le Peuple. Il apparaît ainsi comme une sorte de Justicier qui est prêt à mourir pour une cause qui lui semble juste; l’Histoire jugera sévèrement cet homme qui a commis de nombreux crimes et il semble paradoxal qu’il soit devenu un tyran dans la Mémoire collective alors que toute sa vie il a semblé lutter contre les tyrans de son époque. 

31. mars 2018 · Commentaires fermés sur Robespierre veut moraliser le droit à la propriété · Catégories: Première · Tags: ,
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Le chef des Montagnards , soutenu par les comités de sans-culottes , s’attaque à l’un des fondements de l’activité économique: le droit à la propriété. Son éloquence repose ici sur des arguments variés et il s’inspire du style des orateurs romains mais également des discours des Lumières  et de leurs critiques de la société,des inégalités  et de l’exercice du pouvoir . Voyons en détails quels procédés il emploie et quelle est sa stratégie argumentative ?  Les questions que vous pourriez avoir le jour de l’examen : quelle est la stratégie argumentation de l’orateur ? comment le discours est-il construit ? en quoi ce discours est-il éloquent ? convaincant ? que critique ce discours et pourquoi ? A partir des questions données, entrainez-vous à ébaucher des plans en classant les éléments donnés ci-dessous …

Robespierre  commence  une technique qui a fait ses preuves : rassurer l’auditoire : le verbe complèter l 1 sous-entend que sa théorie de la propriété vient juste s’ajouter à celle admise par la majorité des députés alors qu’en réalité son discours vise à modifier la conception même de la propriété.  Il fait d’ailleurs état à la ligne 2 de l’inquiétude supposée de la foule  et anticipe ainsi sur les arguments de ses adversaires ; c’est un excellent moyen de désamorcer leurs appréhensions . Le subjonctif ici a une valeur d’exhortation : il exerce ainsi une pression sur l’auditoire et les met dans de bonnes  conditions pour écouter la suite; L’adresse au public : âmes de boue  l 2 contient pourtant  une forme de provocation ; Le style imprécatif est  néanmoins souvent employé pour créer un contrat avec le public ; L'orateur se sert ici de la fonction phatique du langage: et instaure la communication . Anticipant la défiance et un rejet éventuel de la part des riches propriétaires, Robespierre emploie le mot trésors au lieu du mot argent et rend ainsi quelque peu ridicule l’amour de l’argent dont font preuve les propriétaires ; A la ligne 3 , il rend explicite l’une des principales accusations qui vont permettre la réforme du droit de propriété : l’origine douteuse des richesses acquises, souvent octroyées lors de la période féodale par le roi pour récompenser la valeur militaire des aristocrates qui se battaient pour le royaume; En effet, pendant des centaines d’années, le pouvoir royal a utilisé comme principale rétribution pour les vassaux de la couronne, les terres du royaume et les paysans se sont ainsi retrouvés sans ressources propres, obligés, pour pouvoir exploiter la terre , de payer un loyer à leurs seigneurs  sous forme d’impôts qui ne cessent d’augmenter . Robespierre entend ainsi souligner les abus commis par la royauté. L’adjectif impure a des connotations négatives et rabaisse ainsi ceux qui  ont obtenu des richesses de cette manière.L’orateur se sert ensuite d’images fortes pour qualifier une réforme politique qu’il combat: la loi agraire ;  (l 3) Il la qualifie de fantôme ce qui souligne son caractère inconsistant et quasi irréel et précise qu’elle émane de fripons; Il contribue par l'usage de ce terme péjoratif  à disqualifier ces adversaires; cette technique qui consiste à rabaisser ses adversaires a un nom: il s'agit d'argument ad hominem c’est à dire d’arguments qui s’attaquent à la moralité de vos ennemis; On va ainsi  particulièrement utiliser les insultes ; C'est le cas ici avec fripon, renforcé par le terme imbéciles  (‘l 4 ). Souvent les arguments ad hominem sont peu efficaces mais ils jettent un doute dans l’esprit du public et surtout visent à rabaisser ceux qui soutiennent la thèse inverse de celle que l’on défend . De plus, en utilisant le terme épouvanter , Robespierre sous entend que ses adversaires sont peureux car ils craignent des chose qui n’existent pas : les fantômes. Nous ne sommes plus ici dans le domaine rationnel ni logique. 

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Il rappelle ensuite une évidence au public en rétablissant un lien causal direct entre les inégalités de richesses et les malheurs du pays et y précise le rôle de la révolution; En effet, Robespierre est l’un de ceux qui pensent qu’il faut avant tout s’attaquer aux cause des phénomènes pour les faire disparaître et il met en évidence ainsi la nécessité de réduire “l’extrême disproportion ” des fortunes;  ( 5 ) En employant l'adverbe d'intensité extrême , il montre que la marge d’action est importante et continue à rassurer les nantis. Le parallélisme de construction  qui introduit la restriction dans la seconde partie de la phrase à l’aide de l’expression nous n’en sommes pas moins convaincus ...reflète ici l’équilibre de la pensée ; Robespierre ne veut pas l’égalité des biens  pour tous car il dénonce le caractère utopique d’une telle idée en la qualifiant de chimère (6 ) ; Une chimère est une créature mythologique monstrueuse et légendaire et  au sens figuré, désigne un rêve insensé ,  un but impossible à réaliser . L'orateur rappelle ensuite qu'il défend avant tout l’intérêt général en faisant passer la félicité publique (7 )  avant le bonheur privé ; Il anticipe ici sur les éventuels conflits politiques  entre la défense  de l'intérêt général et la défense des  intérêts particuliers . Le terme félicité , quelque peu archaïque ,fait référence  à la Rome antique et prépare la comparaison avec les arguments des orateurs romains .

En effet, Robespierre s’inspire fortement des figures de l’éloquence antique et fait allusion à des personnages historiques pour servir d’illustration à ses propos. Fabricius  ( l 8) est un général romain devenu consul qui fut célèbre à Rome au troisième siècle avant JC par son refus des biens matériels et de l’argent  ; Il refusa par exemple les cadeaux des nations vaincues car il pensait que l’argent pouvait amener la corruption et mourut dans la plus garde pauvreté.Il est cité en exemple par le philosophe Jean Jacques Rousseau dans ses discours pour vanter les mérites de l’absence de vénalité et pour prouver qu’on peut être heureux sans posséder beaucoup de biens matériels ; En effet, Rousseau imagine que le consul vivait dans une chaumière (c’est le mot qu’il emploie dans le Discours sur les Sciences et les Art notamment en 1759 ) ; Robespierre reprend ici clairement les thèmes et les arguments de Rousseau qu’il admirait notamment pour ses réflexions sur le Contrat Social ; Rousseau pensait en effet que les nations devaient se doter d’un contrat moral entre les individus et l’état afin de soutenir l’intérêt commun contre les tentations d’abus des individus et que la loi doit protéger le collectif et servir au plus grand nombre . Quant à Crassus sénateur romain du premier siècle avant JC , il est célèbre pour ses richesses et on le considère comme l’homme le plus riche de Rome; Il s’et enrichi notamment par des spéculations foncières et les dons reçus lors des victoires militaires de ses légions. Il symbolise la cupidité et l’enrichissement qui découle la simple l’activité politique . Robespierre oppose ici ces deux symboles et choisit de se ranger dans le camp des hommes publics désintéressés ; Il tient à convaincre ses auditeurs de sa probité et de sa morale.  Il poursuit ce raisonnement en s’identifiant à un fils d’Aristide. Aristide, surnommé le Juste, est une figure politique symbolique de la démocratie athénienne du cinquième siècle avant JC qui se démarque de ses adversaires par sa probité et son refus de l’enrichissement : il est réputé dans la Grèce antique pour avoir soutenu l’intérêt  général de la Cité contre les tentatives des riches sénateurs de privilégier leurs intérêts . Alors que Xerxès est un empereur perse  de la même époque  (- 500 ) dont l ‘ Empire a été démantelé notamment à cause des guerres que se livraient ses fils . Comme il a opposé la chaumière au palais, Robespierre oppose ici un lieu où règne la vertu: le Prytanée à un lieu de vices, matérialisé par la fange  des cours qui conduit implicitement à  l’avilissement des peuples : deux termes aux connotations fortement péjoratives . Le paradoxe final “brillant de la misère publique ” crée un lien implicite entre l’enrichissement des gouvernants et la pauvreté du peuple; l’adjectif brillant connote le luxe et l’or et montre ainsi de manière choquante le contraste entre le luxe et la misère. Robespierre dénonce ainsi les hommes politqiues qui s’enrichissent grâce à leurs activités et contribuent par leurs abus à rendre le sort du peuple encore plus précaire ; Double injustice en quelque sorte !

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Après ce détour par l’histoire antique et cette référence à Rousseau, l’orateur poursuit son raisonnement politique et revient à son intention première :  réformer le droit à la propriété et le moraliser . Il est donc logique qu’il emploie les illustrations en relation avec la moralité des hommes politiques antiques : il place ainsi l’argumentation sur le plan éthique : celui des valeurs morales et particulièrement du bien -agir; En effet, il s'agit ici de décider les députés à voter une loi qui moralise le droit à la propriété.  On retrouve également la notion de vices que s ‘efforce de combattre Robespierre . Il oppose ainsi la bonne foi aux préjugés dont les hommes font preuve et se pose ainsi en défenseur de la vérité: Il est celui qui cherche à éclairer , ce qui métaphoriquement est rappelé par les nuages épais (l 13 ) image qui matérialise ce  qui empêche les hommes de voir clair . Robespierre se place ainsi dans la lignée des Lumières dont il réutilise le vocabulaire ;

Ses arguments se font plus précis et il s’attaque d’abord aux esclavagistes qu’il qualifie de “marchands de chair humaine ” : cette expression se veut choquante et l’orateur poursuit avec des termes évocateurs comme la longue bière, périphrase  qui désigne le navire ; une bière est un cercueil et ici Robespierre sous- entend que les bateaux qui contiennent des esclaves sont pour eux des cercueils car ils effectuent les traversées dans d’horribles conditions. Les attaques contre l’esclavage reprennent celles des Lumières et de Voltaire notamment qui dans Candide , dénonce la cruauté des esclavagistes et les traitements inhumains qu’ils font subir à leurs esclaves, considérés comme des marchandises dans le Code Noir, texte qui légalise et dicte les règles de la traite des noirs. Pour dénoncer cette situation, Robespierre emploie des verbes  de parole à l’impératif comme des adresses à ses destinataires : demandez, ligne 14, interrogez, l 16 et 19 . De plus, il invente même les réparties de ses interlocuteurs en imitant ainsi la prosopopée ,procédé utilisé dans l’Antiquité par les orateurs et rendu célèbre par le philosophe  Jean-Jacques Rousseau dans son Discours sur les Sciences et les Arts qui donne la parole à un sénateur romain, Fabricius,  procédé d’éloquence repris par Robespierre. 

De plus, Robespierre établit un rapprochement entre les esclavagistes et les membres des familles royales qui ont régné pendant des centaines d’années sur l’Europe;  Il raisonne ainsi par l’analogie. Par ce biais, il assimile,dans le paragraphe qui suit, les membres de la “dynastie capétienne”  ( l 19) à des esclavagistes  qui , ont eu, selon lui, le droit héréditaire “d’opprimer, d’avilir ” les populations; Ce sont ici deux termes aux connotations négatives qui dénoncent les abus de la monarchie. On retrouve ici les principales critiques des Lumières envers les Grands et leurs caprices; en effet, les Lumières n’ont cessé de dénoncer les effets dévastateurs des guerres de successions sur les paysans et les populations les plus démunies, guerres menées simplement pour les caprices et l’orgueil démesuré des Princes qui souhaitaient agrandir leurs territoires et étendre leur domination; Voltaire notamment, dans l’article guerre de l’Encyclopédie, dénonce les caprices des Princes; on retrouve cette idée dans le discours de Robespierre avec la mention, ligne 22 , du bon plaisir des capétiens. Cette expression présente, en effet, leur manière de gouverner comme obéissant simplement à leurs envies personnelles . Or, pour Robespierre, un dirigeant est responsable du bien -être de se concitoyens et a des devoirs envers les plus faibles.  En s’appuyant sur le principe du droit héréditaire cité ligne 20 , les familles royales disposent ainsi de la propriété du pouvoir : la plus sacrée des propriétés (l 20 ) On sent ici tout l’ironie de l’orateur quad il ajoute “sans contredit “; Il montre ainsi que les partisans de la monarchie n'admettent pas qu'on ne puisse pas partager leurs idées et sont donc intolérants . 

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Arrivé à ce point de son discours, Robespierre va maintenant développer sa thèse en reprenant d’abord celle de ses adversaires : “aux yeux de tous ces gens là, la propriété ne porte sur aucun principe de morale ” ; il entend justement démontrer qu’il faut renoncer à cette manière de penser sous peine de ressembler à toux ceux qui ont commis des abus; Il sait qu’il doit convaincre, parmi les députés , les riches propriétaires terriens qui ne vont pas renoncer facilement à leurs propriétés . Il se fonde alors sur la déclaration des droits de l’homme qui définit la constitution du nouveau gouvernement et établit un parallèle entre l’énoncé dd droit fondamental à l liberté , qui repose sur des valeurs morales dans la mesure où la liberté de chacun a pour bornes les droits d’autrui et que la liberté est un droit sacré que l’homme “tient de la nature ” ; Par analogie, si la propriété ,  en tant que droit ,comme la liberté ,est garantie par la Constitution alors nul ne peut s’en arroger la détention et en priver les autres hommes. C’est ainsi que Robespierre entend réformer le droit de propriété et il énumère ensuite les articles qui lui semblent essentiels . Il déclare , une nouvelle fois, agir au nom de la Vérité pour combattre les Vices . (31)  Il termine son argumentation en reprenant les critiques contre les abus des nantis ; En effet, il juxtapose les termes riches, qui ne possède pas de connotation négative, avec accapareurs, agioteurs qui désignent des gens qui utilisent l’argent gagné à des fins personnelles et sont poussés sur l’appât du gain :ce deux termes  possèdent de fortes connotations négatives; Mais surtout, il place en fin d’énumération le terme tyrans qui lui est sans rapport direct avec l’argent mais dénonce simplement les abus liés à l’exercice autoritaire du pouvoir; Il recrée donc un lien analogique dans son argumentation entre abus des riches et abus des politiques ; ce qui par simplification revient à identifier abus des riches et abus politiques . 

Le discours prend alors la forme d’une proposition de réforme de la constitution et les députés devront ensuite voter l’adoption du texte ou le rejeter, ou alors en amender certains articles .  

En conclusion, Robespierre a déployé dans ce discours , toutes les ressources l’éloquence antique et reprend la plupart des idées déjà défendues par les Lumières dans la génération précédente ; En réformant le droit à la propriété , il entend pouvoir l’étendre à un grand nombre de citoyens qui jusqu’alors en avaient été écartés; On peut ainsi dire qu’il a été un des pionniers du combat pour l’accès à la propriété (et notamment au logement ) des classes les plus  modestes, Etre propriétaire de  son habitation, par exemple, ou des terres, que l’on cultive, peut ainsi contribuer à faire reculer la misère dans les campagnes et dans les villes et contribuer au Progrès  de l’ensemble de la Nation .

07. mars 2018 · Commentaires fermés sur La rhétorique et les genres oratoires · Catégories: Fiches méthode · Tags: ,
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La rhétorique est l’art de bien parler; Les Anciens ont mis au point une série de traités qui enseignent l’efficacité en matière de construction des discours ; ils établissent une distinction entre les discours de l’avocat qui défend un client ou plaide une cause dans le cadre d’un procès ;  (éloquence judiciaire )  les discours des hommes politiques qui tentent de faire voter des lois ou d’ amener des citoyens à voter pour eux ( genre délibératif ) ; Enfin le genre épidictique regroupe tous les discours prononcés à l’occasion d’un événement de la vie quotidienne  tel qu’un enterrement  (oraison funèbre) ou un mariage ou un discours de réception d’un prix . 

1. Les trois genres rhétoriques

II.1.1. Le genre judiciaire

Le genre judiciaire renvoie à un discours dont la fonction est d’accuser ou défendre.

Le genre judiciaire est donc surtout destiné au tribunal, puisque c’est là principalement qu’on accuse ou qu’on défend.De plus, le genre judiciaire renvoie essentiellement au passé, puisque lorsqu’on juge des faits, ces faits sont en principe déjà accomplis.Enfin, le genre judiciaire met nécessairement en œuvre les valeurs du juste et de l’injuste.

II.1.2. Le genre délibératif

Le genre délibératif renvoie à un discours dont la fonction est de persuader ou de dissuader.Le genre délibératif s’adresse donc à une assemblée publique. En effet, c’est au forum, dans un conseil, ou encore au Parlement qu’on persuade ou dissuade d’entreprendre la guerre, d’élever un bâtiment, d’accomplir telle ou telle action concernant l’ensemble de la société.Le genre délibératif renvoie par conséquent au futur, puisqu’il s’efforce d’amener l’auditoire à prendre une décision qui engage l’avenir.Le genre délibératif met essentiellement en œuvre les valeurs de l’utile et du nuisible.

II.1.3. Le genre démonstratif (ou épidictique)

Le genre démonstratif renvoie à un discours dont la fonction est de louerblâmer, ou plus généralement d’instruire. Il est parfois aussi appelé genre épidictique.Le genre démonstratif s’adresse à un auditoire réuni à l’occasion d’un événement particulier tel qu’un mariage, un décès, une réception officielle. C’est là qu’on loue ou blâme; c’est là qu’au travers de la louange ou du blâme, on instruit des choses de la vie.Le genre démonstratif ou épidictique renvoie tout à la fois au passé, au présent et au futur: il s’agit de louer ou de blâmer tel ou tel personnage, dont on évoque pour ce faire les actions passées et dont on prédit les actions à venir à partir de ses qualités présentes.Le genre démonstratif ou épidictique a donc principalement trait à l’admirable et à l’exécrable.

II.2. Genres rhétoriques et genres littéraires

Les genres rhétoriques entretiennent un rapport étroit avec les genres littéraires.

Le genre judiciaire est très présent dans la tragédie, où les situations de conflits abondent. Les personnages tragiques sont en effet souvent amenés à se justifier, à accuser, ou à se disculper. Ainsi, dans Le Cid de Corneille, Chimène accuse Rodrigue du meurtre de son père et demande réparation au roi qui se trouve alors en position de juge (II, 8). À son tour, le père de Rodrigue prend la défense de son fils et fait valoir ses arguments.

Le genre délibératif est présent dans divers genres littéraires. Il intervient dès que les personnages doivent se décider à agir dans un sens ou dans un autre. Au théâtre, les scènes où un confident, un proche ou un ami dialoguent avec un personnage pour le conseiller relèvent du genre délibératif.  Parfois, un seul personnage peut tenir un monologue relevant du genre délibératif, comme lorsque Rodrigue, dans les fameuses stances du Cid, s’interroge sur la conduite à tenir (I, 6).

Dans la poésie lyrique, les vers dans lesquels le poète exhorte sa Dame à se montrer moins cruelle ressortissent également au genre délibératif.

Le genre démonstratif ou épidictique est très présent dans la poésie lyrique où le poète chante la beauté de sa Dame, de même que dans la poésie officielle où il chante la grandeur d’un monarque et dans la poésie religieuse où il chante la grandeur de Dieu. On trouve également le genre démonstratif au théâtre, dans les scènes d’exposition, au cours desquelles un personnage met un autre personnage au courant de faits qu’il doit connaître.

II.3. Les cinq opérations rhétoriques

Quel que soit le genre rhétorique d’un discours, ce discours doit obéir à certains principes communs aux trois genres pour être efficace.

Un discours doit ainsi présenter des arguments pertinents ou relater des faits pertinents; un discours doit aussi suivre un plan qui en assure la cohérence et l’organisation; un discours doit également adopter un style approprié aux circonstances; il doit enfin être prononcé de façon vivante.

Ces diverses exigences correspondent moins aux étapes successives de la composition d’un discours qu’à des opérations rhétoriques par lesquelles il faut nécessairement passer pour produire un discours efficace. Examinons ces opérations les unes après les autres.

II.3.1. L’inventio ou la recherche des arguments

L’invention (inventio, dans les traités de rhétorique rédigés en latin) désigne la recherche des arguments et des idées à présenter aux destinataires du discours.

Ces arguments sont de deux types: les arguments affectifs qui agissent sur les émotions et la sensibilité des auditeurs et les arguments rationnels qui en appellent à leur raison.

II.3.1.1. Les arguments affectifs: l’ethos et le pathos

Les arguments affectifs se distribuent eux-mêmes en deux catégories: l’ethos et le pathos.

L’ethos est l’image que l’orateur ou l’auteur du discours donne de lui-même à travers son discours. Il rassemble les notations relatives à l’attitude que l’auteur du discours doit adopter pour s’attirer la bienveillance des destinataires. Cette attitude doit être faite de modestie, de bon sens, d’attention aux destinataires…

La seconde catégorie d’arguments affectifs rassemble les notations visant à éveiller les passions de l’auditoire (colère, crainte, pitié,…). C’est ce qu’on appelle le pathos du discours, autrement dit la charge émotionnelle du discours. Celle-ci peut notamment prendre la forme d’apostrophes véhémentes ou encore d’exclamations

La construction canonique du discours argumentatif :

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– Exorde : une introduction

– Narration : on raconte les faits

Confirmation : on réaffirme son opinion et on donne ses arguments

Réfutation : on réfute les arguments de la partie adverse

Péroraison : la conclusion du discours argumentatif

Les cinq étapes pour construire un discours argumentatif :

– L’invention : chercher tous les arguments pour ou contre

– La dipositio : organiser ses arguments dans un plan

– L’actio : le savoir être, le comportement, les gestes qui viennent appuyer le discours

– memoria : maîtriser son sujet et ne pas être collé sur ses notes

– L’élocutio : la voix et l’intonation 

 

05. mars 2018 · Commentaires fermés sur Composer un discours et défendre ses idées face à un public.. · Catégories: Fiches méthode, Spécialité : HLP Première · Tags: , ,
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L’Assemblée Nationale

Apprendre comment se construit un discours : ça peut servir …et notamment au BAC. Pour ce sujet d’invention, vous devez composer un discours sur un sujet qui vous tient à coeur et vous adresser à une assemblée officielle; En effet, le cadre et les consignes du sujet vous obligent à respecter une situation de communication imposée : vous devez jouer le rôle d'un député et vous adresser à vos collègues , au sein de l'hémicycle . Il s'agit donc d'un exercice de style où vous allez devoir imiter un style précis : celui des communications officielles . Un député ,en effet, rédige ses discours à partir des notes et des dossiers que lui fournissent ses collaborateurs , souvent de jeunes étudiants qu'on nomme des assistants parlementaires et qui étudient les sciences politiques . Votre prise de paroles devra donc contenir des éléments concrets, chiffrés et fiables qui montrent que vous maitrisez ce dont vous parlez. Vous pouvez travailler cette partie sur internet en vous documentant sur le sujet que vous allez choisir de défendre . 

Le choix du sujet (de votre thèse )  sera un critère important d’évaluation; Il faut que ce sujet puisse avoir sa place dans l’Assemblée nationale et concerne donc la collectivité mais aussi la législation ; En effet, le  premier rôle des députés consiste à proposer de nouveaux projets de loi ; vous pourrez consulter avec profit la chaîne parlementaire qui retransmet les allocutions des députés; chacun se spécialise , au sein de son groupe parlementaire , sur des domaines précis comme la prévention routière,  (limiter la vitesse à 80 km/h ) la politique de santé publique (augmentation du prix du tabac, déremboursement de certains médicaments ) , la lutte contre la délinquance (augmenter la durée de la garde à vue, dépénaliser le cannabis ..mettre des caméras de surveillance dans le lieu publics ) ..Une fois que vous avez choisi un sujet qui vous semble porteur et qui concerne la collectivité , vous pourrez alors réunir de la documentation récente sur ce dernier et il ne vous restera plus , à partir de vos notes, qu’à rédiger votre discours c’est à dire à mettre en forme des arguments . Pensez en introduction à justifier le choix de voter sujet en citant un fait récent qui fait débat ou qui a marqué l’actualité..

Voyons maintenant le corps du texte   Un discours comprend trois parties de base : une introduction, un développement et une conclusion. Vous pourrez y ajouter, entre parenthèses, les réactions de la foule …

  • Introduction : elles comprennent : une accroche et une ouverture sur le sujet traité.ora2.jpg
     
    • Placez une accroche. La chose la plus importante que vous devez faire dans votre introduction est de captiver l’attention de votre auditoire. Vous pouvez le faire de plusieurs façons : poser une question, dire quelque chose de surprenant, offrir des statistiques surprenantes, utiliser une citation ou un proverbe lié à votre sujet ou raconter une petite histoire. Prenez le temps pour comprendre comment vous allez attirer l’attention de votre auditoire ; 
    • Offrez un aperçu. Pensez à proposer un aperçu de votre discours ; une sorte de menu. Faites le récapitulatif des différentes étapes de votre exposé. Nul besoin d’entrer dans les détails, vous aurez l’opportunité de le faire par la suite. Une longue phrase peut très bien assurer cette fonction.
  • Le développement. Cette partie est la pièce maîtresse de votre travail. Les points que vous avez mentionnés ou les informations de votre rédaction en forment le corps. Il y a plusieurs façons d’organiser ces informations, soit dans l’ordre chronologique ou soit en commençant par le point le plus important et le faire suivre d’éléments plus secondaires. Composez des paragraphes de même longueur(au moins 3 de 10/15 lignes )  et alternez arguments abstraits illustrés par des exemples concrets.
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    Le perchoir de l’Assemblée 

    Conclusion. Il y a deux choses essentielles à mentionner dans votre conclusion. Elle  synthétise la globalité des informations présentées et  le fait de manière mémorable et définitive.

    • Faites un résumé. La meilleure façon de fixer les choses est par la répétition intentionnelle. Dans votre introduction, vous avez donné un aperçu de ce dont vous vouliez parler. Dans le développement du discours, vous avez parlé de ces choses. Maintenant, dans votre conclusion, vous devez rappeler à votre public ce dont il était question. Il suffit de proposer un aperçu des principaux points abordés.
    • La conclusion par l’argument décisif. Cet argument est une déclaration définitive et mémorable qui donne à votre discours un sentiment de fermeture. Une façon simple de le faire est de le présenter en rapport avec l’idée exprimée dans votre accroche. Cela permet en quelque sorte de boucler la boucle.
    • : A vous de jouer maintenant : définissez  le locuteur de votre discours, le cadre événementiel et les événements qui sont à l’origine de cette allocution. Et composez une accroche..notez les idée principales et ébauchez  la conclusion.
    • N’oubliez pas d’utiliser votre boîte à outils de procédés oratoires 
    • Soyez convaincants…et charismatiques 
04. mars 2018 · Commentaires fermés sur les types de discours : réviser pour le bac · Catégories: Fiches méthode · Tags: , ,

Un sujet d’invention fréquent  peut consister à composer un discours : n’oubliez pas que ce type de texte privilégie certaines techniques qu’il vous faut mémoriser ; Commençons par réviser un peu ..pour comprendre quelles sont les particularités de la rhétorique des discours. Tout d’abord, un discours doit être abordé dans une situation de communication : il vous faudra d’abord préciser à quel public s’adresse l’orateur et dans quel contexte il se trouve; On différenciera , par exemple, un discours politique d’un discours de commémoration ou de réception , par exemple, à l’occasion de la remise d’une récompense ; On tiendra compte également de la position du locuteur : représente-t-il un parti, une faction ? s’exprime-t-il au nom d’un collectif ou en son nom propre ? Ainsi, on pourra envisager les arguments dans leur contexte ; De plus, on tiendra compte des procédés  employés et notamment de ceux qui nous provient de l’éloquence antique ou de l’art oratoire classique ; Entrons dans les détails …

LE DISCOURS = un texte écrit, destiné à être lu à voix haute ou publié et qui s’adresse à un large public afin d’emporter son adhésion. Le discours ne semble donc pas vouloir se contenter d’un destinataire unique mais au contraire cherche à convaincre et persuader le plus grand nombre. Contrairement à l’essai, il utilise forcément les techniques de la rhétorique, c’est-à-dire de l‘art oratoire, en déroulant avec rigueur une pensée très structurée.

La première qualité d’un discours est d’être éloquent : n’oubliez pas que vous vous adressez à un public, à des lecteurs ou le plus souvent à des auditeurs donc tenez compte de votre auditoire et adressez-vous à eux, cherchez à attirer leur attention.

 

Le discours est un texte rédigé avec soin et destiné à être lu devant une assemblée ou un large public.

Ex : Discours de réception du prix Nobel de Camus (XXe) ; Appel de l’abbé Pierre en hiver 1954 (XXe) Discours d’André Malraux (voir illustration) pour l transfert des cendres de Jean Moulin au panthéon.

 

Le sermon est un discours religieux qui sert de discours de prédication, pour répandre la parole divine.

Ex : Oraison funèbre d’Henriette d’Angleterre de Bossuet (XVIIe) est un éloge + un sermon. Une oraison funèbre est la version religieuse de l’éloge des héros tel qu’il était pratiqué dans la Rome antique: C’est un genre codifié qui obéit à des règles strictes 

 

Le dialogue philosophique est un discours à deux voix permettant au lecteur d’assister à la confrontation de deux points de vue différents afin de se forger sa propre opinion.

Ex : Diderot est le philosophe des Lumières qui utilisait beaucoup la forme dialoguée

 

La lettre ouverte est une lettre destinée à une personne précise mais rendue volontairement publique par son auteur pour toucher le plus grand nombre.

Ex : Lettre ouverte « J’accuse » d’Emile Zola à l’occasion de l’affaire Dreyfus en 1898 : cette lettre est destinée à Monsieur Félix Faure, président de la République, mais publiée volontairement dans le journal L’Aurore. Les lettres  philosophiques de Voltaire peuvent être considérées en partie comme des lettres ouvertes.

 

Le manifeste est une œuvre théorique qui cherche à servir de référence à un groupe pour définir une nouvelle pensée.

Ex : Manifeste du surréalisme d’André Breton (XXe)

Les techniques communes à tous ces type de discours  à privilégier sont les questions rhétoriques ,  les adresses au public,  la ponctuation expressive, les répétitions.

La rhétorique distingue trois grandes parties dans un discours : l’entrée en matière (exorde) , le corps du texte et sa structure (dispositio) – et enfin la conclusion (péroraison)

Avant de commencer votre discours, notez au brouillon des éléments de disposition et d’organisation; réfléchissez notamment à l’ordre des arguments que vous allez employer et pensez à vous servir des arguments de vos adversaires pour les contrecarrer.

Soignez votre entrée en matière et votre final…

02. mars 2018 · Commentaires fermés sur Le vocabulaire de l’argumentation : repérer une stratégie argumentative · Catégories: Fiches méthode · Tags: ,
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Un orateur en action 

Etudier des textes argumentatifs suppose de savoir nommer avec précision les procédés employés par les écrivains pour nous convaincre et / nous persuader de la justesse de leurs thèses. Leurs stratégies argumentatives désignent l’ensemble des moyens qu’ils vont mettre en oeuvre pour défendre leurs opinions ; Ils peuvent se servir des formes de textes (discours, dialogue, récit ) , des différents registres (les mélanger, les opposer ) , du lexique plus ou moins imagé, plus ou moins péjoratif ou critique ou au contraire élogieux. Le plus important consiste à repérer la thèse qu’ils soutiennent ou qu’ils combattent et la manière dont ils s’y prennent pour fabriquer leur raisonnement et réussir à vous influencer ; N’oubliez pas d’observer les connecteurs logiques : ils vous seront d’un grand secours pour déterminer à quel type d’arguments vous êtes confrontés. L‘éloquence désigne l’art de savoir convaincre en paroles et donc de bien utiliser les stratégies argumentaires adaptées à un public précis ou à une situation de communication. 

Voilà qui devrait vous aider à y voir plus clair ….

Fiche de vocabulaire sur l’argumentation :

I/ Pour commencer :
– Argumenter : signifie soutenir une thèse (idée) dans le but d’obtenir l’adhésion de son destinataire à l’aide d’arguments 
Deux démarches pour argumenter :

Convaincre : chercher l’adhésion du destinataire sa thèse en faisant appel à des arguments logiques, qui sollicitent la raison. (chiffres, exemples , raisonnements déductifs, inductifs )

Persuader : chercher l’adhésion du destinataire sa thèse en faisant appel à des arguments affectifs, qui sollicitent ses sentiments. (pitié, colère, compassion, haine..) 

II/ Vocabulaire argumentatif :
– Thème  : sujet abordé par un texte. Pour le repérer, il faut s’intéresser au titre de l’œuvre, aux champs lexicaux présents.

Argument : c’est un élément de raisonnement (un fait, une remarque, une réflexion, une analyse) sur lequel on s’appuie pour justifier une thèse. Il est le plus souvent abstrait ou général .

– Exemple : c’est un élément concret, précis, qui sert à  illustrer un argument. Il est également appelé illustration 

– Le syllogisme : raisonnement déductif (de la règle générale  on tire l’exemple ou le cas particulier ), formé de deux propositions conduisant  à une conclusion.
Ex : « Tous les hommes sont mortels ; or je suis un homme ; donc je suis mortel ».

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– Le sophisme : souvent fondé sur le même principe que le syllogisme, il s’agit d’un raisonnement qui paraît rigoureux mais il est illogique : « Tous les hommes sont mortels ; or Socrate est mortel ; donc Socrate est un homme » (mais en fait Socrate est le nom de mon chat par exemple).

– Le paradoxe : du grec « para » (contre) et « doxa » (opinion) ; pensée contraire à l’opinion communément partagée. Il surprend le lecteur par son côté étonnant.

III/ Les différentes pratiques de l’argumentation :

– La délibération :
Délibérer : du latin « deliberare » qui signifie « réfléchir mûrement, trancher, décider »,consiste à considérer différents points de vue. Il s’agit de confronter des idées contradictoires avant de prendre une décision, de trouver une solution.

– La conviction :
Convaincre nécessite de faire appel  à des arguments sollicitant la raison, l’intelligence, les facultés d’analyse du destinataire pour obtenir son adhésion. Les arguments doivent donc être illustrés au moyen d’ exemples ; la progression argumentative est marquée par l’utilisation de connecteurs logiques (tout d’abord, ensuite, puis, en revanche, cependant, alors, aussi, en outre…). page1image23264 page1image23424 page1image23584

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La persuasion :
Persuader, c’est agir sur la sensibilité du destinataire pour obtenir son adhésion. On a donc recours à  des procédés tels que : l’apostrophe, les questions rhétoriques (questions qui n’attendent pas de réponses), l’exclamation, la variation des différents registres .

IV/ Exemples de genres argumentatifs :

L’essai : L’essai désigne un genre littéraire caractérisé par un texte en prose, argumentatif où la présence de l’auteur est nettement marquée par l’utilisation de la première personne. L’auteur livre une réflexion et ses impressions à travers une écriture personnelle. L’essai est donc un genre où l’auteur développe une pensée en mouvement en train de se saisir. Les sujets traités sont essentiellement d’ordre philosophique, moral, politique, artistique et parfois religieux.

On considère que c’est Montaigne (1533-1592) qui crée le genre en intitulant son œuvre Essais. Dans cette œuvre répartie en trois livres, il analyse notamment les faiblesses de la nature humaine et ses imperfections ; il confronte les civilisations et réfléchit sur la notion de barbarie…

La lettre :En général, elle est adressée un destinataire réel que l’on veut convaincre. Elle est souvent propice au débat dans la mesure où elle implique une réponse. Elle peut aussi prendre la forme d’une lettre ouverte, publiée, s’adressant ainsi au plus grand nombre. Par exemple, « J’accuse » de Zola est une lettre adressée au président Félix Faure, publiée le 13 janvier 1898 dans le journal L’Aurore, pour dénoncer l’injustice concernant l’ « affaire Dreyfus ».

L’apologue :Il s’agit d’un récit allégorique, plus ou moins court, en vers ou en prose, visée morale (implicite ou explicite). La fonction première de l’apologue est de divertir au moyen d’un récit plaisant chargé de livrer un enseignement moral.

V/ Exemples de registres pour le texte argumentatif :

– Le registre polémique :Du grec « polemos », signifiant « combat », le registre polémique est synonyme de violence verbale entre deux interlocuteurs. C’est un registre qui suscite le débat. Le texte polémique comporte une ponctuation expressive avec des exclamations, des interjections et des interrogations.
L’auteur ou le narrateur d’un texte polémique attaque ouvertement un personnage, une institution, une idée.

– Le registre comique peut être présent sous la forme de :L’absurde : il permet de confronter deux éléments qui n’ont rien en commun. L’ironie : elle consiste dire le contraire de ce que l’on pense.

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Un combat d’éloquence 

– Le registre satirique :Il permet de dénoncer des situations en les ridiculisant et de faire réagir le lecteur grâce à l’ironie et à l’exagération de certains traits.

– Le registre didactique :Il permet d’enseigner un savoir. La fonction du texte est de transmettre un savoir ou une morale. 

23. février 2018 · Commentaires fermés sur Qui est Robespierre ? · Catégories: Première · Tags: ,
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Robespierre en BD

Certes ce n’est pas à proprement parler un écrivain mais il demeure un homme de lettres ou plutôt un homme qui sait manier le Verbe. Artisan majeur de la Révolution française, il en incarne à la fois le pire et le meilleur ; Le pire car son intransigeance  a fait de lui le chef d’orchestre de la Terreur et le meilleur car il avait à coeur de transformer en profondeur la société française et de donner des droits au Peuple dans son ensemble sans distinction de classe sociale, de couleur , de parti politique . Considéré par certains comme un tyran, un véritable despote et exécuté le 9 thermidor , son génie politique et sa vision d’avenir , sont reconnus par beaucoup comme des bases de notre démocratie actuelle. Sa biographie ne suffit pas à le faire connaître; C’est pourquoi vous trouverez dans ce billet , un résumé de sa carrière et des citations commentée qui tentent de cerner son idéologie . Commençons par quelques dates …

Sa biographie (abrégée à partir du site hérodote.net ) 

 C’est tout d’abord un avocat : ce qui explique sa connaissance de l’éloquence qu’on apprenait alors aux futurs magistrats dans le cadre de leurs études. Fils d’un avocat d’Arras, qui appartient à la petite noblesse de robe, il a perdu très tôt ses parents et a été élevé par son grand-père .Après ses études, il demeure dans le Nord de la France . Séduit par les écrits sentimentaux de Rousseau, introverti, studieux, il ne fréquente pas de femme et n’a guère d’amis. On le décrit comme un jeune homme solitaire et taciturne. C’est alors que surviennent les élections aux Etats généraux  en 1789. Il signe alors son entrée en politique.

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 Il est rapidement élu député du tiers état d’Arras  et se montre  d’abord discret à l’assemblée mais assidu à un café de Versailles fréquenté par des députés bretons et auquel on donnera le nom de club breton. À l’automne 1789, le roi et l’Assemblée se transportent à Paris. Le club breton s’installe de son côté dans le couvent désaffecté des Jacobins. Il portera alors le nom célèbre de club des Jacobins en référence à ce lieu de leurs premières réunions.

Lorsqu’il prend la parole à  la tribune de l’Assemblée, Robespierre suscite des ricanements avec sa voix éraillée et son emphase amis il va donner toute sa mesure au club des Jacobins. Ce haut lieu de l’agitation révolutionnaire est fréquenté par les députés comme par les artisans de la ville, ceux que l’histoire va nommer les sans-culottes .Son détachement des plaisirs terrestres  lui vaut le surnom d’« incorruptible défenseur du peuple ».Après la chute de la monarchie, Robespierre est à nouveau élu député et entre à la Convention le 20 septembre 1792. Il se hisse d’emblée parmi les chefs de file de la Montagne et des Montagnards (on donna ce surnom aux députés qui s’asseyaient en hauteur dans les gradins ) et organise l’élimination de la Gironde, un parti modéré qu’il jugeait coupable de s’opposer à la Terreur. Ses chefs sont proscrits le 31 mai 1793.

L’« Incorruptible » va personnifier la Révolution à partir de son entrée le 27 juillet 1793 au Comité de Salut Public (le gouvernement révolutionnaire), dont il va devenir le président sans en avoir le titre.

Dans son discours du 5 février 1794, il en appelle à la terreur pour sauver la Révolution menacée de l’intérieur (par les partisans d’un retour à la royauté )  comme de l’extérieur (par les guerres des gouvernements étrangers) et lui donne une justification inattendue : « La terreur n’est autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible ; elle est donc une émanation de la vertu ; elle est moins un principe particulier qu’une conséquence du principe général de la démocratie, appliqué aux plus pressants besoins de la patrie ». Dictateur de fait après l’exécution de son principal rival Danton, le 5 avril 1794, il relance donc la terreur et même la Grande Terreur. Il tente même d’imposer l’éphémère culte de -l’Etre Suprême en remplacement du christianisme.

Gagnés par la lassitude et la peur, rassurés par les victoires des armées françaises sur le front, les députés de la Convention finissent par s’insurger et décrètent l’arrestation de Robespierre et de ses proches le 9 thermidor An II (27 juillet 1794). L’« Incorruptible »est guillotiné le lendemain.

Ce qu’il a dit : 

Celui qui dit qu’un homme a le droit de s’opposer à la Loi, dit que la volonté d’un seul est au-dessus de la volonté de tous. Il dit que la nation n’est rien, et qu’un seul homme est tout. S’il ajoute que ce droit appartient à celui qui et revêtu du pouvoir exécutif, il dit que l’homme établi par la Nation, pour faire exécuter les volontés de la nation, a le droit de contrarier et d’enchaîner les volontés de la nation ; il a créé un monstre inconcevable en morale et en politique, et ce monstre n’est autre chose que le veto royal.”
Maximilien de Robespierre – 1758-1794 –   Discours contre le veto royal, absolu ou suspensif, 21 septembre 1789

“La loi est-elle l’expression de la volonté générale lorsque le plus grand nombre de ceux pour qui elle est faite ne peuvent concourir, en aucune manière, à sa formation ? Non.”
Maximilien de Robespierre – 1758-1794 – Discours à l’Assemblée constituante, 25 janvier 1790

“La source de tous nos maux, c’est l’indépendance absolue où les représentants se sont mis eux-mêmes à l’égard de la nation sans l’avoir consultée. Ils ont reconnu la souveraineté de la nation, et ils l’ont anéantie. Ils n’étaient, de leur aveu même, que les mandataires du peuple, et ils se sont faits souverains, c’est-à-dire despotes, car le despotisme n’est autre chose que l’usurpation du pouvoir souverain.”
Maximilien de Robespierre – 1758-1794 – 29 juillet 1792

Toute spéculation mercantile que je fais aux dépens de la vie de mon semblable n’est point un trafic, c’est un brigandage et un fratricide.
Maximilien de Robespierre – 1758-1794 – Sur les subsistances, séance de la Convention du 2 décembre 1792

“La première loi sociale est donc celle qui garantit à tous les membres de la société les moyens d’exister ; toutes les autres sont subordonnées à celle-là ; la propriété n’a été instituée ou garantie que pour la cimenter ; c’est pour vivre d’abord que l’on a des propriétés. Il n’est pas vrai que la propriété puisse jamais être en opposition avec la subsistance des hommes.”
Maximilien de Robespierre – 1758-1794 – Discours à la Convention nationale sur les subsistances, 2 décembre 1792
 

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Lorsque le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.”
Maximilien de Robespierre – 1758-1794 – Discours sur la nouvelle déclaration des droits de l’homme et du citoyen, 24 avril 1793

“La force publique est en contradiction avec la volonté générale dans deux cas ou lorsque la loi n’est pas la volonté générale; ou lorsque le magistrat l’emploie pour violer la loi.”
Maximilien de Robespierre – 1758-1794 – Sur le gouvernement représentatif, 10 mai 1793

Ses discours 
Vous trouverez en pièce jointe dans cet article les 4 textes de votre liste du bac qui font l’objet de 4 articles .

20. avril 2017 · Commentaires fermés sur Clémenceau : Un discours contre la colonisation · Catégories: Première · Tags: ,

Parlons d’abord de l’auteur de ce discours … Qui est Clémenceau ?

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Georges Clémenceau

Médecin , il commence sa carrière politique par une fonction de maire  d’un arrondissement de Paris  , ensuite élu  député en 1871 ;il rejoint le parti républicain. Il défend l’idée d’une séparation entre l’Eglise et l’Etat et surtout  s’oppose à la politique de colonisation faisant tomber le gouvernement sur cette question. Il rejoindra également les rangs des dreyfusards et se battra pour que les Communards de 1871 soient amnistiés.Élu en 1902 sénateur  il est nommé ministre de l’Intérieur  en 1906. Se désignant lui-même comme le « premier flic de France »,  ,il est surnommé « le Tigre » et va réformer durablement la police ,  À la fin de l’année 1906, il devient président du conseil, l’équivalent du poste de premier ministre .

 

 

  Quel est ensuite le contexte  ?

 Georges Clémenceau s’exprime devant la Chambre des députés le 30 juillet 1885. Il répond au discours prononcé par l’ancien président du Conseil Jules Ferry, deux jours auparavant, au cours d’un débat sur la politique d’expansion coloniale de la France. Chef du gouvernement à deux reprises (1880-1881, 1883-1885), mais renversé par la Chambre le 30 mars précédent, Jules Ferry défend sa politique. Clemenceau entend la dénoncer. Nous sommes donc face à un débat idéologique .

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Le discours à l’assemblée

Le discours de Clémenceau : lecture analytique n° 4 

 

Points de méthode : tout discours suppose qu’on accore une attention particulière à l’éloquence de l’orateur c’est à  dire aux marques son élocution ; les plus fréquentes sont : les adresses aux auditeurs qui peuvent être soit des apostrophes soit des verbes à l’impératif ; les questions rhétoriques ; la présence des indices de subjectivité  du locuteur (je, moi, pour ma part ) . On cherchera également les figures de construction comme les antithèses, les répétitions et les parallélismes de construction. 

 

A noter que ce discours constitue une réponse à des arguments évoqués par Jules Ferry : il faudra donc repérer les arguments de la partie adverse dénoncés par l’orateur ainsi que les concessions faites aux thèses adverses. L’ironie peut également être une arme utilisée par le locuteur et on sera attentif à la rhétorique de l’éloge (les compliments ) et du blâme (les critiques ) 

 

Quelle est la thèse de Clémenceau ? les colons  français dissimulent la violence qu’il infligent aux populations colonisées sous le nom de devoir rendu aux races inférieures par la race supérieure; ils sont hypocrites et cruels. Il va également démontrer qu’il n’y  pas de race inférieure.  `

Quelle est la thèse combattue ? Ferry défend l’idée que la colonisation est un devoir des races supérieures envers les races inférieures . Il va donc s’efforcer de démontrer que ces arguments ne sont pas justifiés  en combattant l’idée d’inégalité des races notamment et en donnantt des illustrations concrètes (les chinois, les Hindous et l’exemple allemand qui fait référence à la désastreuse défaite française de 1871 face à l’Allemagne. ) 

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Quel est son sentiment dominant ?  l’indignation 

Quels sont ses arguments ? il emploie des arguments variés et s’efforce de réfuter les arguments adverses ;

argument 1 de Ferry : la colonisation rapporte des profits même si elle entraîne des dépenses. (de luxe ) 

réponse  : dépenser cet argent pour les Français serait utile et fructueux ; Clémenceau oppose le luxe à l’utilité (convaincre ) et il reprend cet argument dans la péroraison de son discours : “mon patriotisme est en France “ : ce qui signifie qu’il faut faire porter les efforts du gouvernement sur les citoyens français de métropole avant de penser aux colonies.

argument 2 de Ferry : les races supérieures auraient un droit sur les races inférieures  qu’elles exercent et pour justifier la colonisation, Jules ferry emploie le terme de devoir qui est son contraire; il souligne ainsi par cette formulation adroite la contradiction de la thèse de son opposant ; l’expression transformation particulière est particulièrement ironique . 

il détaille ensuite l’expression exercer son droit en utilisant une expression imagée : allant guerroyer et le convertissant de force ; on voit bien ici qu’il oppose encore une fois la notion de droit à la notion de force ; un droit qu’on exerce par la violence est-il encore un droit ? 

il remet en cause ensuite l’existence même d’inégalité des races en arguant du fait que cette différence n’a pas été scientifiquement prouvée mais résulte d’un jugement hâtif : c’est bientôt dit signifie c’est vite dit ( l 8 ) et donc pas forcément vrai. Cette formulation remet en cause la validité même de l’affirmation de Ferry. Il discrédite ainsi la thèse adverse.

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première illustration : pour étayer son argument sur les erreurs de jugement , Clémenceau reprend l’exemple récent (1871 ) de la défaite française face à l’ Allemagne que d’aucuns prétendent liée à l’infériorité de la race française ; il provoque ainsi la fibre patriotique de son public

en même temps l’orateur adopte une attitude de modestie : pour ma part, j’en rabats singulièrement ( l 8) et j’y regarde à deux fois ( l 11) . Il montre ainsi de manière fort adroite qu’il faut se méfier des jugements hâtifs et de cet argument de race inférieure . Il permet ainsi au public de reconnaître ses erreurs .

Il prend ensuite l’exemple des Hindous dont il vante en termes élogieux la “grande civilisation raffinée “  l 13 et la civilisation Chinoise avec “cette grande efflorescence d’art “ et ses “magnifiques vestiges “ Il fait donc ici clairement l’éloge de ces deux civilisations anciennes sur le plan artistique et intellectuel en citant notamment le vénérable Confucius, modèle de sagesse universellement reconnu. 

De plus, cet argument est aussitôt relayé par un second argument politique qui fait clairement allusion à des négociations diplomatiques gagnées par les asiatiques; de plus, Clémenceau reprend l’idée de jugement hâtif évoqué dès le début de son discours avec la phrase : “ceux qui se hâtent trop de proclamer leur suprématie “  

Ce paragraphe mêle donc habilement illustrations historiques, allusions à des événements politiques et critiques des partisans de la théorie des races supérieures. 

Le paragraphe suivant critique directement les défauts des colons : le mot vices ainsi que les références  à l’alcool et à l’opium sont des accusations directes de l’attitude des colons français; On peut d’ailleurs comparer cette stratégie argumentative à celle qu’emploie Diderot dans son Supplément au voyage de Bougainville. 

L’orateur met le public de son côté avec les allusions historiques et politiques dans un premier temps et passe

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Elu président du conseil 

ensuite au blâme avec des critiques des pratiques coloniales ; il peut alors réfuter la notion de droit et la remplacer par la notion de violence ; Il fustige ainsi l’hypocrisie des colons et il remplace , au final (l 30) l’opposition entre race inférieure et race supérieure par une différence entre civilisation scientifique et civilisation rudimentaire ; les mots abus et tortures désignent les actes des colonisateurs dont la mission civilisatrice est carrément remise en cause : prétendu civilisateur peut on lire à la ligne 31, ce qui est une critique directe des alibis des colons.

Clémenceau dénonce ainsi de manière polémique les pratiques coloniales qui dissimulent une violence sous  couvert d’une mission humaniste. Point par point, il réfute les thèses de son adversaire politique et parvient à la conclusion que ces façons d’agir nient les droits des populations indigènes :” ce n’est pas le droit (l 32) : c’en est la négation.” Une formule finale très efficace et frappante .

 

Exemple d’introduction (vous ajouterez des éléments biographiques donnés au début de cet article )

En 1885, l’Empire colonial français se dessine et  certaines voix au gouvernement militent pour son expansion et la multiplication des guerres de conquête; cependant le pays, sorti défait de sa confrontation avec l’Allemagne en 1871, a besoin de clarifier se priorités budgétaires; d’aucuns pensent que la colonisation pourra rapporter de gros profits et y voie t une possibilité pour al France de es reconstruire; Clémenceau n’est pas d’accord avec cette ligne de conduite et il le fait savoir ; (développement biographique sur l’auteur à placer ici ) .… son discours prononcé à la chambre des députés constitue une réponse à celui d’un  membre du gouvernement : Monsieur Jules Ferry ;  les deux hommes ont une vision différente de l’avenir même s’ils militent tous deux  au sein du parti républicain ; il s’agit donc de montrer en quoi ce discours éloquent constitue  une attaque contre la politique de colonisation menée par le gouvernement français  et reflète donc une confrontation politique et idéologique .

Exemple de plan détaillé pour un commentaire 

1 un discours éloquent ou polémique 

a) la contestation des thèses adverses : reprise et réfutation 

b) les indices de subjectivité :

et la création de  liens avec le public : l’absurdité de la thèse de l’infériorité des races avec l’exemple franco-allemand

  c)   l’utilisation du registre ironique très présent : transition une dénonciation virulente qui reflète l’indignation de Clémenceau

2. Une critique de la politique coloniale 

a) des conquêtes onéreuses : le poids économique 

b) les vices des colons : leurs abus

c) la violence des conflits : ils n’ont pas de droits sur ces populations 

3. La défense des civilisations  “rudimentaires “

a) l’éloge des grandes civilisations

b) la création d’une nouvelle distinction qui remplace l’idée d’infériorité

c) du droit à l’abus : contestation des pratiques coloniales désignées comme la négation des droits 

en conclusion ( à étoffer ) Une contestation idéologique et une remise en question de la politique coloniale française à cette époque : visée politique et idéologique  

23. décembre 2015 · Commentaires fermés sur Écrire un éloge funèbre · Catégories: Fiches méthode · Tags: ,

La rhétorique accorde une place particulière à ce type de discours qui a pour cadre le décès d’un  héros, d’un homme célèbre ou tout simplement d’ un proche. Durant la période classiqué, Bossuet a composé des oraisons funèbres en l’honneur des grands du royaume . Le décès d’ Henriette d’ Angleterre  , la femme du Duc d’Orleans’ , morte a l’âge de 26 ans va émouvoir l’ ensemble du royaume de France. 

Comment organiser un éloge funèbre ? Comme tous les genres oratoires, le panégyrique doit prendre en compte l’auditoire et fair naître son émotion en rappelant notamment des éléments de la vie du disparu .

L’éloge de Voltaire était prononcé lors d’une cérémonie bine particulière : le transfert de sa sépulture au Panthéon; Il était possible donc, de se servir de ce contexte, pour commencer le discours;

Mes chers amis, nous sommes aujourd’hui rassemblés pour célébrer la mémoire d’une Lumière qui s’est malheureusement éteinte depuis 13 ans déjà mais qui avant de s’éteindre a  éclairé nos vies et nos âmes”
Il était tentant de retracer la biographie de François Marie Arouet en suivant l’ordre chronologique : sa naissance, ses études, ses débuts d’homme de lettres.. “Très tôt, il se fit remarquer par la vigueur de sa plume et bientôt il fut craint dans la plupart des Cours d’Europe car il n’était pas tendre avec les grands auxquels il ne pardonnait guère leurs écarts de conduite” 
Une autre organisation pouvait consister à lister les domaines d’activités dans lesquels il s’est illustré ; le plus important consistait à renseigner ces rubriques en donnât des détails précis;
Nul n’oubliera qu’il a toujours combattu l’injustice et qu’il a a souvent payé le prix en séjournant, à plusieurs reprises , soit en prison, soit en dehors des frontières ; Qui d’autre que lui aurait pu défendre la mémoire de Jean Calas, ce protestant accusé d’avoir tué son fils récemment converti  au catholicisme  ? Qui d’autre que lui a osé élever sa voix, ou plutôt la plume pour condamner vertement l’exécution de ce jeune chevalier De La Barre chez lequel on retrouva d’ailleurs un de ses ouvrages sulfureux?
L’inscription sur le sarcophage pouvait évidemment donner lieu à un développement autour des affaires judiciaires auxquelles Voltaire a été mêlé ; Mais on pouvait aussi évoquer son pamphlet contre le Régent, ses démêlés avec le chevalier de Rohan dans la loge de la comédienne Adrienne Lecouvreur et la réplique cinglante de l’homme de lettres, réplique  qui lui valut d’être bastonné comme un vulgaire domestique ; L’une des versions de cette anecdote dit que le chevalier aurait voulu vexer Voltaire en lui rappelant ses origines roturières et que Voltaire lui aurait répondu publiquement : “je commence mon nom là ou vous finissez le vôtre; Le comte de Chabot n’aurait pas supporté la  pique publique de ce jeune homme de 32 ans. 
Peu d’élèves ont su évoquer ses oeuvres poétiques : son poème célèbre sur le Désastre de Lisbonne sera rappelé par un épisode de Candide te un des poèmes qui lui attira le plus d’ennuis fut le Mondain, poème dans lequel il loue la modernité de ce siècle de fer, modernité qu’il avoue préférer au soi disant âge d’or du passé; la dimension philosophique de sa carrière pouvait également faire l’objet d’u développement avec au moins Les lettre philosophiques publiées suite à son premier exil en Angleterre et ensuite, le Dictionnaire philosophique portatif, sorte du version personnelle de l’Encyclopédie,  vaste ouvrage collectif auquel Voltaire a collaboré. 
Historien ?  : il a rédigé d’abord la Henriade, en hommage à la politique de tolérance du roi Henri IV qui sut mettre fin aux guerres de religion et ensuite Le siècle de Louis XIV, panorama de la monarchie et des changements opérés en Europe sous le règne du Roi Soleil. Voltaire fut aussi  historiographe du roi Louis XV dès 1745.
Dramaturge : il fallait trouver le lien entre son activité au théâtre et ses idéaux.
Esprit libre , liberté de penser, libre religieuse,  régime libéral : liberté est un nom qu ‘il a décliné sous de nombreuse formes. On pouvait également, pour lui rendre hommage, filer la métaphore des Lumières .

 Voilà une courte biographie pour réviser ….. faites une fiche Voltaire et ajoutez y ce que nous avons vu en cours

Le le 21 novembre 1694 à Paris dans une famille de commerçants enrichis (son père avait pu acheter une charge de receveur à la Cour des comptes), François Marie Arouet, dit Voltaire, fut élevé chez les jésuites du collège Louis-le-Grand, qui influencèrent profondément son esprit, en lui apportant une solide formation de rhétorique et en lui donnant le goût de la discussion et du théâtre. Son insolence et son indépendance d’esprit, à moins que ce ne fût une certaine forme d’inconscience, lui valurent d’être emprisonné onze mois à la Bastille pour avoir osé écrire des libelles contre le Régent. Dès sa sortie de prison, le jeune Arouet adopta le pseudonyme de Voltaire, obtenu par l’anagramme de son nom. Sous cette nouvelle identité, il fit représenter sa première tragédie, Œdipe (1718), qui connut un honorable succès, et fut suivie de plusieurs autres pièces entre 1720 et 1725. Dans le même temps, il se consacrait à la composition d’une épopée, la Ligue, qu’il publia en 1723 et qu’il remania pour en faire la Henriade.

Le séjour en Angleterre : les lettres philosophiques

À la suite d’une altercation avec le chevalier de Rohan, Voltaire fut embastillé une nouvelle fois, et dut s’exiler dès sa libération. C’est ainsi qu’il passa deux ans et demi en Angleterre. Le contact avec la monarchie parlementaire et libérale anglaise exerça une grande influence sur son esprit, qu’il contribua sans doute à mûrir. Voltaire y découvrit en effet la tolérance, vertu qu’il ne cessera de défendre sa vie durant. Il rédigea en anglais les Letters Concerning the English Nation (1733), où l’éloge des mœurs politiques anglaises était pour lui une façon de dénoncer les abus du despotisme monarchique français et le scandale de l’intolérance et de l’oppression qui régnaient dans la société française. De retour en France, Voltaire publia plusieurs pièces, telles que Brutus (1730) et Zaïre (1732), tragédie écrite en trois semaines qui obtint un immense succès. En 1734, il traduisit et remania les Lettres anglaises pour les augmenter : elles furent publiées de nouveau, sous le titre de Lettres philosophiques.

L’ouvrage devint un véritable manifeste des Lumières, parce qu’il traitait de la liberté politique et religieuse, célébrait la prospérité et le progrès comme les avancées de la science, parce qu’il exposait la doctrine du matérialisme de Locke, tout en affirmant (à propos d’une lecture des Pensées de Pascal) une foi optimiste en la nature humaine. Le livre fut interdit pour ses idées réputées dangereuses. Voltaire décida de braver l’interdiction et, menacé d’être arrêté, il fut contraint de s’exiler en Lorraine, à Cirey, chez son amie Mme du Châtelet. La publication des Lettres philosophiques donna le coup d’envoi du combat que Voltaire mena sa vie durant pour ses idées.

 

La retraite à Cirey : les essais philosophiques

Retiré à Cirey, Voltaire s’adonna à l’étude et à l’écriture. Il y composa plusieurs pièces de théâtre, la Mort de Jules César (1735), Alzire ou les Américains (1736), Mahomet (1741) ou encore Mérope (1743), ainsi qu’un poème léger, épicurien et burlesque, à la gloire du bonheur terrestre : le Mondain (1736). Il se passionna également pour des domaines de connaissances divers : les sciences, l’histoire, la philosophie, et écrivit ses Éléments de la philosophie de Newton (1738), ouvrage de vulgarisation qui contribua largement à la diffusion des idées nouvelles. Le Siècle de Louis XIV (1751), dont la rédaction commença ces années-là, est fondé sur une méthode originale, où domine le souci de rapporter des faits objectifs!; l’ensemble de cet ouvrage est néanmoins une célébration du monarque et de la civilisation sous son règne. Avec l’Essai sur les mœurs (1756), Voltaire joua un rôle essentiel dans le renouveau des études historiques. Pendant son séjour à Cirey, Voltaire entretint également une correspondance avec Frédéric II de Prusse, dit “!le roi philosophe!”, qui voulait l’attirer à Potsdam. Mais une certaine libéralisation à la cour de France, sous le “!règne!” de Mme de Montespan, engagea Voltaire à revenir à Versailles, où il fut nommé historiographe du roi (1745).

 

Le retour à Versailles, les contes philosophiques

L’année suivante, Voltaire fut élu à l’Académie française. Il écrivit la tragédie Sémiramis (1748). Il se mit à explorer la forme narrative du conte pour illustrer ses idées. Zadig ou la Destinée (1748), qui pose le problème du bonheur et du destin, puis Micromégas (1752), qui traite de la relativité des connaissances, sont deux de ses contes philosophiques. En 1749, le philosophe eut à subir une épreuve douloureuse : Mme du Châtelet, qui avait une liaison avec le jeune poète Saint-Lambert, mourut en couches. Voltaire décida alors de répondre à l’invitation de Frédéric II, et partit pour la Prusse.

 

Les séjours en Prusse et en Suisse : engagement et polémique

Voltaire resta cinq ans au château de Sans-Souci. Voltaire dut quitter l’Allemagne, comme il s’était brouillé avec Frédéric II de Prusse et, la France lui refusant l’asile, il s’installa à Ferney, près de Genève. Là encore, Voltaire ne put jouir longtemps de son séjour en paix : en effet, les autorités genevoises n’apprécièrent pas son article “!Genève!” de l’Encyclopédie, qui contenait des critiques sévères contre la République et la religion calviniste. À ce propos, puis au sujet de la providence, Voltaire fut pris à parti par un autre philosophe, Jean-Jacques Rousseau, avec lequel il entretint un échange de lettres assez virulent (dont les Confessions de Rousseau rendent compte de la manière la plus partisane).

La tragique nouvelle d’un tremblement de terre à Lisbonne, qui avait fait vingt-cinq mille morts, émut profondément Voltaire!; elle le poussa à attaquer les tenants de l’optimisme dans son Poème sur le désastre de Lisbonne (1756). Dans la même lignée, l’Essai sur les mœurs et l’esprit des nations (1756) puis, dans un registre narratif, Candide (1759) sont portés par son indignation devant l’intolérance, les crimes, les guerres et l’oppression dont l’humanité souffre.

Retiré sur sa terre de Ferney, Voltaire y poursuivit son œuvre de réflexion avec le Dictionnaire philosophique (1764). Défenseur de la justice dans ses textes, Voltaire le fut aussi dans ses actes, puisqu’il intervint publiquement dans toutes les affaires où sévissaient la force de l’injustice et la violence des préjugés. Déjà, en 1756, il avait pris fait et cause pour l’amiral anglais Byng, exécuté pour avoir perdu une bataille. De 1762 à 1765, il défendit Calas, un huguenot condamné sans preuves pour avoir tué son fils, qu’il soupçonnait de vouloir se convertir au catholicisme. Le Traité sur la tolérance à l’occasion de la mort de Jean Calas (1763) est une protestation contre l’injustice faite à l’accusé et contre le fanatisme d’une accusation née de la rumeur et de la haine. Ce texte de Voltaire eut d’ailleurs une influence décisive sur la révision du procès et la réhabilitation de Calas.

La réputation du philosophe était alors immense et internationale. Des écrivains, des philosophes, des savants venaient lui rendre visite à Ferney, ou entretenaient une importante correspondance avec lui. Pourtant, son retour à Paris en 1778, l’année de sa mort, ne lui permit pas d’être reçu à Versailles.

Il mourut le 30 mai 1778 et fut enterré presque clandestinement, l’Église lui ayant refusé des obsèques. Treize ans plus tard, sa dépouille fut transférée au Panthéon.