30. mai 2016 · Commentaires fermés sur Le triomphe l’héroïne romantique : Corinne de Madame de Staël · Catégories: Première · Tags:
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 1766/1817 : Germaine Necker , baronne de Staël est la fille du riche banquier  Necker, ministre des Finances du roi Louis XVI . Elle fut élevée avec  par une mère protestante . Étonnamment précoce, elle  lisait à quinze ans Montesquieu et  Rousseau. Elle épousa, âgée de vingt ans, le baron de Staël Holstein, mais se sépara de lui peu d’années après. Elle eut une  liaison avec Benjamin Constant et voyagea dans toute l’Europe.  Madame de Staël accueillit d’abord la Révolution avec enthousiasme, détesta les crimes commis pendant la Terreur.En 1796, elle publia un ouvrage moral et politique : De l’influence des Passions sur le bonheur des individus et des Nations.Son salon devient en 1802, un centre d’opposition contre Bonaparte et elle fut persécutée sous le Consulat et l’Empire.Son premier roman  Delphine, confession émue , eut un grand succès en 1807, comme Corinne  .

Madame de Staël occupe dans l’histoire littéraire une place importante : elle et Chateaubriand sont les deux grands initiateurs du romantisme.

Résumé du roman  : Un jeune Ecossais, Oswald, lord Nelvil, voyage en Italie. Froid, relativement simple, fier, indifférent à tout et profondément mélancolique, il se lie avec un jeune émigré français, le comte d’Erfeuil, tout son contraire : gai, insouciant, content de lui et très infatué de sa qualité de Français.   Le lendemain de leur arrivée à Rome, ils assistent à un événement solennel : Corinne, mystérieuse poétesse italienne, est couronnée au Capitole pour sa beauté et son génie. Lord Nelvil s’éprend d’elle, Corinne répond en silence à cet amour. Elle lui propose de lui montrer les beautés de l’Italie. Oswald est ébloui. Mais la supériorité intellectuelle de Corinne et ses sentiments passionnés l’intimident.    Elle lui révèle alors qu’elle est Anglaise, fille de lord Edgermond et de sa première femme, une Italienne. Fut même un temps où lord Edgermond et son vieil ami lord Nelvil (le père d’Oswald) faisaient le projet d’unir leurs enfants. Mais la vivacité de Corinne avait effrayé lord Nelvil père qui était mort en souhaitant qu’Oswald épousât Lucile Edgemond, née d’un second mariage de son ami.   Oswald se souvient en effet de ce souhait importun. Il décide de retourner en Angleterre pour mettre fin à cette situation trouble et préparer l’opinion à son mariage avec Corinne.   Mais une fois de retour, il est repris par l’influence de la société anglaise, épouse Lucile qui promet d’être ue mère de famille parfaite, selon la tradition.   Corinne s’abstient de troubler le bonheur de sa soeur et meurt de chagrin.

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cérémonie du triomphe

Ce roman présente pour le première fois les revendications “féministes”. Corinne a quitté l’Angleterre pour fuir une société médiocre attachée aux convenances qui la condamnait et la rejetait. En Italie, elle a refusé de se soumettre aux bienséances et conventions sociales, vivant librement sans cacher son amour pour Oswald, suivant sa nature passionnée, chantant les beautés du monde dans ses poèmes. 

   Corinne est en même temps le premier roman international qui ait paru en France. Mme de Staël est foncièrement cosmopolite.    On peut donc insister sur l’un des grands services qu’elle rend aux Français de son temps : élargir leur horizon intellectuel en les renseignant sur l’étranger, non seulement l’Allemagne (De l’Allemagne), mais aussi l’Italie, où elle fait deux séjours, en 1804-1805 et en 1812-1813.      Chateaubriand visite bien l’Italie un peu avant elle (il va en Rome en 1803-1804 comme premier secrétaire d’ambassade) mais il ne publie son Voyage en Italie qu’en 1826 

   Dans Corinne, Mme de Staël mêle les aventures de son héroïne aux descriptions de ce pays : son amour pour Oswald se double des émotions artistiques ressenties devant paysages et monuments. 

Plan de l’extrait : Le triomphe de Corinne  

Comment le personnage de Corinne est -il construit ? 

1 Un triomphe à l’Antique : l’importance du cadre et des références

la jeune femme est sur un char comme un général romain, construit à l’antique 2 : nombreuses analogies avec la cérémonie du triomphe guerrier des généraux romains mais là il s’agit du triomphe de l’Amour 

le cadre romain très important avec les lieux et les références : le Capitole = l’une des 7 collines de Rome où montaient les généraux victorieux pour célébrer leur victoire ; statue de César : enthousiasme des Romains, beau ciel, lieu fécond en souvenirs 28 ; le cadre ajoute au triomphe du personnage 

la présence d’une foule enthousiaste et de nombreuse manifestations d’admiration la foule l 2, partout, chacun, tout le monde : objet d’une admiration de tous et cette admiration est visible :   on jette des parfums, on cherche à la voir, on lui dresse un tapis rouge  (écarlate l 5); cris d’acclamation et émotion générale (l 6) : cette admiration allait croissante ; on a préparé son triomphe 

2. Une héroïne magnifiée

un portrait laudatif :  le portrait physique cheveux du plus beau noir 11 ; costume pittoresque : rappelle beauté idéalisée des héroïnes du siècle classique  (La Princesse de Clèves) 

ses bras étaient d’une éclatante beauté 19, sa taille grande comparée à une statue antique et des qualités comme jeunesse et bonheur : idéal antique des statues, proportions admirées et incarne la féminité 

une déesse : 24 prêtresse d’Apollon et temple du Soleil , l 10 la Sybille = prêtresse qui lit l’avenir , ainsi qu’un regard inspiré 21 (signe divin)  rappelle ce lien avec la divinité 

présence de qualités morales : contente d’être admirée mais modestie ,absence de fatuité 15

paradoxe : semblait demander grâce pour son triomphe : mélange de timidité te de retenue 

3. Un objet d’admiration 

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La naissance de l’héroïne romantique : des qualités d’âme en plus des qualités physiques et une héroïne qui sait rester modeste 

l’admiration qu’elle suscite est générale : la foule l 2, partout, chacun, tout le monde : objet d’une admiration de tous et cette admiration est visible :   on jette des parfums, on cherche à la voir, on lui dresse un tapis rouge  (écarlate l 5); cris d’acclamation et émotion générale (l 6) : cette admiration allait croissante 

elle se trouve dans une situation extraordinaire (l 23 ) en même temps déesse et l 25 paradoxe: femme parfaitement simple (sait demeurer naturelle ce qui est une qualité ) ; absence d’orgueil : une sorte de naturel 22

elle produit un effet sur le héros : d’abord ne la partage pas (l 7 ) ; ensuite subjugué l 18 et son imagination comme électrisée 28 (indice d’un coup de foudre ? ) 

La victoire d’une femme : première fois qu’il était témoin des honneurs rendus à une femme  31; le triomphe d’une femme comparée à celui d’un chef d’Etat en mieux car larmes en moins ; son triomphe est celui du génie

Ici une héroïne triomphante qui célèbre les vertus de cette femme hors du commun en montrant qu’elle échappe aux défauts de certains grands hommes ; la romancière met en valeur son héroïne féminine en la dotant de nombreuses qualités qui ne font un modèle et un objet d’admiration. 

« Le classicisme, c’est la santé; le romantisme, c’est la maladie », dit Goethe. Des pâles figures alanguies de poètes lunatiques et de jeunes filles guettées par la phtisie hantent en effet les pages de la littérature romantique. Chateaubriand aperçoit dans ce “vague des passions” un symptôme essentiel du désenchantement propre à une génération dont les «facultés, jeunes actives, entières, mais renfermées, ne se sont exercées que sur elles-mêmes, sans but et sans objet.» (Le Génie du Christianisme). Le mal sera ravageur, inspirant plus tard le spleen baudelairien comme l’ironie flaubertienne.