21. novembre 2020 · Commentaires fermés sur Amour et politique dans La princesse de Clèves : résumé des intrigues · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première · Tags: ,

Cet article est un relevé non exhaustif des motifs narratifs présents  dans  les 4 parties du roman; Il vous permettra de relire des passages qui vous semblent importants pour vos sujets de dissertation . En travaillant sur les relations entre amour et politique dans le roman, nous sommes amenés à nous poser un certain nombre de questions : tout d’abord quel est le thème le plus important : les affaires ou l’amour ? les histoires d’amour sont-elles toutes dans la sphère publique ou politique? sont-elles subordonnées aux intérêts politiques des personnages ? Quel est le rôle des mariages dans le roman ? comment se nouent et se dénouent les alliances politiques ? Autant de questions dont les réponses vont vous permettre de construire une dissertation ; Et pour commencer , je vous suggère de faire l’inventaire des principales histoires d’amour, et de mesurer leurs conséquences sur le domaine politique ….

Le roman débute avec les amours du roi Henri II avec sa maîtresse Diane de Poitiers alias Madame de Valentinois qui le gouverne avec un empire absolu «  quoi qu’elle n’eût plus de jeunesse ni de beauté » ( p 24) . Cette liaison fait souffrir la reine ( elle -même amoureuse du Vidame de Chartres )  : Cette dernière  dissimule ses sentiments pour des raisons politiques . Après avoir fait différents portraits des grands seigneurs de la Cour, l’auteure termine par celui du Duc de Nemours qui a la réputation d’être un grand séducteur : «  il avait tant de disposition à la galanterie «  et .. « il avait plusieurs maîtresses mais c’était difficile de deviner celle qu’il aimait véritablement. »  On lui prête une liaison avec la reine Dauphine, femme du fils aîné du roi et  nièce des Ducs de Guise. La Duchesse de Valentinois d’ailleurs a cherché , à empêcher le mariage du dauphin avec Marie Stuart car ce mariage renforce la position des Ducs de Guise à la Cour . ( p 25 ) 

La maîtresse du roi cherche donc à faire alliance avec le connétable de Montmorency et rien de mieux pour cela que de conclure un mariage entre sa petite fille Mademoiselle de Lamarck et le second fils du connétable : M d’Anville ; mais ce dernier est très amoureux de la reine Dauphine et il ne pouvait se résoudre à prendre un engagement officiel  même s’il a peu d’espérance dans cette passion. Dans le roman, ses sentiments pour la Dauphine seront utilisés par le vidame de Chartres  , à des fins politiques .

Le roi, pour renforcer la paix avec l’Angleterre a l’idée de proposer le Duc de Nemours comme mari à la nouvelle reine Elisabeth : cette dernière , en effet , parle du Duc avec beaucoup d’empressement ( 28 ) . D’abord incrédule, Nemours finit par tenter cette grande fortune : devenir l’époux de la reine d’Angleterre. Il demande au roi de garder secret ce projet de mariage mais le connétable est miau courant ; C’est en novembre que paraît à la cour une jeune beauté, Mademoiselle de Chartres.

Elle rencontre d’abord le Prince de Clèves qui est touché de sa beauté et de son air modeste. On peut dire qu’il conçut pour elle dès ce moment une passion et une estime extraordinaires. ( 31) 

Un nouveau mariage se prépare à la Cour : celui de Madame, sœur du roi et du roi de Savoie : elle a de l’inclination pour lui depuis qu’elle l’avait vu à Nice et elle souhaite vraiment l’épouser. M de Clèves lui raconte sa rencontre avec Mademoiselle de Chartres et lorsque cette dernière se présente le lendemain chez Madame, elle apprend l’effet qu’elle a produit sur le Prince de Clèves. M de Guise est du même avis et sa beauté devient « le sujet de toutes les conversations » ( 34 ) Elle était aimée et admirée de toute la cour excepté de Madame de Valentinois. Cette dernière, en effet, a trop de haine pour le vidame de Chartres qui a choisi le parti de la  reine alors qu’elle aurait souhaité , dans le passé qu’il devienne le mari de l’une de ses filles. 

Le prince de Clèves devint « passionnément amoureux » et souhaitait ardemment de l’épouser mais il a peur de ne pas être choisi car il n’est que le fils cadet de la maison de Clèves . Son amitié avec le Duc de Guise ,s’est refroidie car ils sont tous les deux rivaux en amour. ( 35 ) Le père du prince de Nevers étant l’allié politique de la duchesse de Valentinois, il s’oppose donc au projet de mariage de son fils avec la nièce du Vidame . L’auteure peint alors l’agitation qui règne à la Cour où l’amour était toujours mêlé aux affaire et les affaires à l’amour. ( 36 ) 

Le Prince de Clèves et le Duc de Guise continuent de donner des marques publiques de leur passion mais Guise sait très bien que sa famille s’opposera farouchement à ce mariage en raison d’une haine tenace entre le cardinal de Lorraine et le vidame. Vexée que ces deux grandes familles ne souhaitent pas s’allier avec la maison de Chartres, Madame de Chartres songe alors au Prince de Montpensier et le vidame va intriguer pour favoriser ce mariage prestigieux pour sa famille ; Il a l’idée d’utiliser l’amour de M d’Anville pour la reine dauphine . Il évoque le projet de mariage avec la reine Dauphine afin qu’elle fasse pression sur M d’Anville ; cette dernière envoie son homme de confiance Chastelart lui transmettre une message ; ce dernier est très amoureux lui aussi de la reine dauphine et sa malheureuse passion va lui être fatale:elle va lui coûter la raison et la vie. ( p 40 ) M d’Anville va tenter de convaincre le roi d’accepter le mariage souhaité par la famille de Chartres mais sa maitresse Diane de Poitiers  a tellement d’influence sur lui qu’il refuse finalement  de donner son accord pour cette union ; le refus du roi va déclencher la colère de Madame de Chartres et la tristesse de la reine dauphine de n’avoir pas réussi . 

La dauphine explique alors que Madame de Valentinois la déteste car avant de tomber amoureux d’elle, le roi a d’abord été amoureux de la mère de Marie Stuart, Marie de Guise et il a même failli l’épouser et répudier la reine . Alors pour éviter d’être évincée du trône parce qu’elle n’avait pas encore d’enfants , la reine a fait alliance avec le connétable et ils obtinrent que Marie de Guise parte pour épouser le roi d’Ecosse Jacques V alors qu’à l’origine, elle avait été promise au roi d’Angleterre. Ce dernier fut parait-il très triste et la pauvre Marie fut contrainte de quitter la Cour de France pour un petit royaume alors qu’elle était destinée à devenir reine d’Angleterre.

Cette histoire que raconte la Dauphine à Mademoiselle de Chartres peut lui rappeler sa propre situation : plus personne n’osait penser à l’épouser « par la crainte de déplaire au roi ou par la pensée de ne pas réussir auprès d’une personne qui avait espéré un prince de sang »( 42 ) 

Le prince de Clèves , à la mort de son père, se réjouit d’être bien placé pour la demander en mariage mais il a peur de l’épouser sans en être aimé . La demoiselle se confie à sa mère qui consent à ce mariage pourvu qu’elle « sente son inclination portée à l’épouser. » Mais la jeune fille « n’avait aucune inclination particulière pour sa personne » ( 43 ) Et le prince comprend très vite que sa présence ne lui donne ni de plaisir ni de trouble. « M de Clèves ne voyait que trop combien elle était éloignée d’avoir pour lui des sentiments qui le pouvaient satisfaire puisqu’il lui paraissait même qu’elle ne les entendait pas. » ( 45 ) 

A son retour, M de Guise est affligé de voir Mademoiselle de Chartres en épouser un autre : « cette douleur n’éteignit pas sa passion et il ne demeura pas moins amoureux. » Mademoiselle de Chartres éprouve de la pitié à le voir triste le jour de son mariage tout particulièrement.

Après leur mariage, le prince, son époux conservait pour elle une passion violente et inquiète qui troublait sa joie ; mais il ne souffre pas de la jalousie car son épouse passe pour une femme inatteignable et sa conduite est exemplaire .

Un autre mariage arrive sur le devant de la scène : celui de la fille du roi Henri II, Claude de France avec le Duc de Lorraine ; il est prévu pour février. Le duc de Nemours revient à la Cour pour assister à ce mariage avant de repartir pour l’Angleterre où son projet avance favorablement . C’est à l’occasion de cet événement qu’il danse avec la Princesse de Cléves ; le Duc de Guise semble bien deviner qu’il se passe quelque chose entre eux , sans doute sous l’effet de la jalousie qui lui fit voir au-delà de la vérité ( 50 ) Chaque jour Madame de Clèves s’aperçoit que le Duc fait une grande impression dans son coeur et lui sentait pour elle une inclination violente.

Madame de Clèves se rend compte que le roi a gardé pour sa maîtresse « la même vivacité et les mêmes soins que dans les commencements de la passion » et cela l’étonne beaucoup . Sa mère décide alors de lui raconter les débuts de cette histoire d’amour entre Henri II et Madame de Valentinois. La jeune fille reproche alors à sa mère de ne pas lui avoir enseigné l’existence des animosités entre les courtisans. Elle lui avoue s’être déjà trompée plusieurs fois en se fiant aux apparences . « ce qui paraît n’est presque jamais la vérité » ajoute alors sa mère pour lui apprendre à se méfier des apparences . ( 54 ) Histoire de Diane de Poitiers : le roi tombe amoureux de Madame d’Etampes et une guerre se déclenche entre les fils de François Premier à cause de ces deux femmes ; En effet, Diane de Poitiers séduit le Dauphin qui deviendra Henri II et va aider ce dernier à combattre son frère , le Duc D’Orléans, soutenu par Madame D’Etampes et par l’Empereur Charles Quint . A la mort du Duc d’Orléans , Diane de Poitiers fait chasser la duchesse et se vengea pleinement. Depuis 12 ans , non seulement elle règne sur le coeur du roi mais également sur bon nombre de ses courtisans et tous ceux qui tentent de la discréditer sont rapidement éliminés de l’entourage du roi. 

Le Duc de Nemours est tellement amoureux qu’il cesse tout commerce avec ses amantes . Il cache ses sentiments même à ses amis et notamment au vidame de Chartres. La Princesse , de son côté ne parle pas de Nemours à sa mère mais celle-ci devine ce qu’elle éprouve et l’épisode du bal chez le maréchal de Saint-André vient confirmer ses soupçons. Ayant appris que le Duc de Nemours avait dit qu’il préférait que la femme qu’il aime ne soit pas vue en public en son absence , la Princesse décide de ne pas se rendre à ce bal en prétextant une maladie . La mère de la princesse qui a compris les raisons du mensonge de sa fille , s’efforce de peindre le Duc de Nemours sous les traits d’un séducteur invétéré . ( 67 ) Et elle informe la princesse qu’il a vraisemblablement une liaison avec la reine Dauphine. A ces mots, la douleur de la jeune femme est si vive qu’elle réalise qu’elle a des sentiments pour un autre que son mari et elle a honte d’ elle. Alors qu’elle est sur le point de tout avouer à sa mère, celle ci tombe malade. Avant de mourir, elle la met à nouveau en garde contre les dangers de la Cour. « vous êtes sur le bord du précipice » dit-elle à sa fille , « ayez de la force et du courage, retirez-vous de la Cour.” A la mort de sa mère, elle est reconnaissante à son mari de prendre soin d’elle : « il lui semblait qu’à force de s’attacher à lui, il la défendrait contre M de Nemours. ( 73 ) Alors que M de Clèves rentre de la Cour, elle lui annonce son chagrin de la mort de Madame de Tournon : ce qui décide le Prince à lui raconter l’histoire des amours de Madame de Tournon. 

Tome 2 

Le Prince est ami avec Sancerre ; celui-ci tombe amoureux de Madame de Tournon en secret. Un soir, le roi se fâche car Madame de Valentinois a perdu une bague et il la soupçonne de l’avoir donnée à son amant ; le Comte de Brissac. L’histoire de la bague est racontée par d’Anville d’abord au Prince de Clèves qui ensuite la raconte à M de Sancerre. Le lendemain, lorsqu’il arrive chez sa belle- soeur, cette dernière lui raconte l’histoire de la bague royale, histoire qu’elle n’a pu apprendre que par Sancerre . ( 77 ) Au bout de deux ans, la passion de Madame de Tournon semble se refroidir et un jour, Sancerre apprend sa mort : il est d’abord extrêmement peiné mais devient furieux lorsqu’il apprend qu’elle le trompait avec M d’Estouteville ; Ce dernier avance des preuves et présente à Sancerre des lettres touchantes écrites de la main de son amante. Elle a fait semblant d’accepter , après son veuvage, un mariage imposé par son père alors qu’en fait, elle était réellement amoureuse de M d’Estouteville. Ainsi Sancerre est à la fois triste de sa mort et fâché de sa tromperie. M de Clèves raconte cette histoire enchâssée à son épouse afin de lui montrer qu’il est aisé de tromper quelqu’un par « adresse et par dissimulation » ( p 85 ) M de Clèves doit retourner à Paris consoler son ami et sa femme accepte de revenir à la Cour : cette histoire lui a fait croire que ses sentiments pour Nemours « étaient entièrement effacés » 

La Dauphine lui fait part de ce qui s’est passé en son absence : tout le monde parle de Nemours qui est amoureux d’une mystérieuse femme et qui est sur le point , par amour, de négliger voir d’abandonner les espérances d’une couronne ( 86 ) ; La Dauphine tient ces informations de M de d’Anville : Nemours mis au courant par le roi que la reine d’Angleterre s’impatiente car il diffère son voyage, aurait ri en prétextant qu’il ne pouvait rivaliser avec le roi d’Espagne, lui aussi prétendant de cette reine, et aurait affirmé «» ( 87 ) Nemours rappelle alors que la reine Elisabeth a aimé autrefois le Comte de Devon qui était aussi aimé par sa sœur Marie ; A cause de cet amour, Marie, jalouse fit jeter en prison Elisabeth et le Comte  et épousa le roi d’Espagne; Nemours pense qu’aujourd’hui Elisabeth devenue reine, rappellera à ses côtés son ancien amant . Mais le roi lui apprend que ce dernier vient de mourir. Le Vidame s’étonne du changement de Nemours et il se confie à Madame de Martigues . Les paroles de la Dauphine font l’effet d’un poison pour la Princesse d’autant qu’elle ajoute que M d’Anville est persuadé que c’est d’elle qu’est amoureux Nemours. ( 89 ) 

Un autre mariage est prévu entre Madame, fille du roi Henri II et le roi Philippe II d’Espagne alors qu’elle devait épouser son fils ; Nemours profite du retour à la Cour de la Princesse pour aller lui déclarer sa passion ; elle en est , à la fois, offensée et heureuse et sent en elle de multiples contradictions ( 92 ) A l’occasion d’un épisode où son mari tombe malade, la princesse se met publiquement à éviter le Duc de Nemours et supplie son époux d’accepter qu’elle vive retirée. 

Madame la Dauphine raconte un soir l’histoire d’Elisabeth d’Angleterre et de sa mère Anne de Boulen , aimée de plusieurs rois ; Henri VIII finit par l’épouser alors qu’il était encore marié à Catherine d’Aragon ; ce roi furieux que le Pape lui refuse l’annulation de son premier mariage, se proclama chef de la religion anglicane et rompit avec l’Eglise catholique. Soi disant jaloux d’une liaison de sa femme avec le vicomte de Rochefort, il les fit exécuter tous les deux et épousa Jeanne Steimer . Il prit ensuite comme maitresse la veuve du Comte de Rochefort et la fit décapiter également. 

La Dauphine fait faire des portraits de toutes les dames de la cour et celui de Madame de Clèves est prêt : pour aider le peintre, on apporte un portrait d’elle qui appartient à son époux et Nemours, présent, ne peut s’empêcher de le dérober ; Son geste est surpris par la Princesse mais elle ne le dénonce pas. Ses pensées sont alors confuses : elle songe à avouer sa passion mais se souvient de l’histoire de Madame de Tournon. 

Pour le double mariage royal, Henri II veut organiser un grand tournoi ; Lors d’une partie de jeu de paume, une lettre est trouvée et Chastelart la confie à la Dauphine disant qu’il s’agit d’une lettre du Duc de Nemours. Au même moment ,ce dernier se blesse en montant un cheval trop fougueux. M de Guise s’aperçoit alors de la frayeur de la princesse et décide de quitter la Cour pour partir combattre à Rhodes où il mourra à l’âge de 25 ans . (110) La dauphine confie la lettre à la Princesse pour qu’elle la lise ( p 113 ) Torturée par la jalousie, la Princesse tombe malade. Cette lettre appartient en réalité au Vidame de Chartres …il va réveiller M de Nemours pour lui demander de continuer à faire croire à la Cour, par amitié » pour lui, qu’il est le destinataire de cette lettre . Il raconte alors à Nemours quel piège lui a tendu la reine en lui demandant s’il était amoureux d’une autre femme ; il aimait effectivement Madame de Thémines mais résolut de cacher cet attachement à la reine qui le choisit comme confident et lui interdit d’être amoureux car il ne saurait alors cacher les secrets qu’elle,va lui confier ( 125 ) « il serait impossible que je fusse contente de votre amitié si vous étiez amoureux » Le Vidame désobéit donc à la reine et conserve secrètement sa liaison avec Madame de Thémines

Fin du tome II 

Le tome III débute avec la suite du récit du Vidame : il conserve une « inclination naturelle “  pour Madame de Thémines : la reine s’en aperçoit et jalouse, elle est sur le point de démasquer le Vidame mais Madame de Thémines ne lui montre plus aucune marque d’attachement et il est persuadé qu’elle ne l’aime plus . ( 126 ) C’est à ce moment qu’elle lui écrit la lettre qu’il a égarée et que la dauphine a trouvée. Le Vidame pense qu’on ne peut pas devenir amoureux « par sa volonté » du moins c’est ainsi qu’il justifie sa soudaine passion pour Madame de Martigues,une fille d’honneur de la Dauphine. Cependant Catherine de Médicis soupçonne le vidame d’être amoureux de sa belle-fille la reine dauphine . La reine Catherine de Médicis se sert alors du cardinal de Lorraine pour démasquer le Vidame et nuire à la Dauphine.( 128 ) 

Nemours est conscient de l’embarras dans lequel se trouve son ami mais il doit bien admettre qu’il le mérite. Il lui reproche sa conduite et le Vidame se vexe quelque peu «  est ce à vous dm’accabler dréprimandes ? Votre expériencne vous doit-elle pas donner de l’indulgence pour mefautes ? ( 129 ) Nemours hésite à accepter car il craint que Madame de Clèves le croit amoureux d’une autre . Son ami lui offre alors une preuve destinée à le disculper aux yeux de la femme qu’il aime : un billet de Madame d’Amboise, l’amie de Madame de Thémines qui demande au Vidame la lettre qu’elle lui a écrite .

Nemours se précipite alors chez Madame de Clèves pour lui montrer cette preuve de son innocence : elle se prétend malade et refuse de le recevoir ; Il va alors trouver son mari et lui explique qu’il doit absolument parler à sa femme car la réputation du Vidame est entre ses mains. M de Clèves le fait aussitôt entrer dans la chambre de la Princesse. ( 133 ) «L’aigreur qu’il voyait dans l’esprit de Madame de Clèves lui donnait le plus sensible plaisir qu’il eût jamais eu. »Tous les deux se mettent à élaborer une stratégie commune : ne pas révéler leur secret à la Dauphine ;

A l’arrivée de Madame de Clèves chez elle, la reine dauphine lui demande de lui rendre, sur le champ, la lettre car la reine Catherine de Médicis pense que c’est une lettre du Vidame et elle souhaite la lire . La princesse affirme alors avoir rendu la lettre à son mari qui , en personne, l’a rendue à Nemours qui est venu la lui demander   le matin même ( 137 ) . Embarrassée par les reproches de la reine Dauphine, Madame de Clèves accepte alors de fabriquer une fausse lettre pour que la reine puisse la lire . De retour chez elle, la Princesse demande à son mari la permission de faire appeler Nemours afin qu’elle puisse recopier la véritable lettre mot à mot mais ce dernier avoue qu’il l’a déjà rendue au Vidame. Ils refont alors la fausse lettre ensemble « la présence de son mari et les intérêts du Vidame de Chartres la rassuraient ..elle ne sentait que le plaisir de voir M de Nemours ; elle en avait une joie pure et sans mélange qu’elle n’avait jamais sentie. ( 138 ) La fausse lettre est donc apportée à la reine Catherine qui n’est pas dupe et pense qu’il s’agit d’un complot de la Dauphine qui souhaite ainsi cacher son « intelligence »  avec le Vidame. Elle finira, à la mort du Dauphin , par obtenir le départ en Ecosse de la Dauphine Marie Stuart et mit un terme à sa liaison avec le Vidame ; ce dernier sera arrêté lors de la conjuration d’Amboise ; les protestants ont fait enlever le jeune roi âgé de 16 ans François II pour le soustraire à l’influence de la famille de Guise , très catholique et hostile aux huguenots et qui bénéficie du soutien de Catherine de Médicis.

Dans la soirée, la princesse tente d’analyser la variabilité de ses humeurs : de l’aigreur et de la froideur,elle est passée au calme et à la douceur et «elle ne se reconnaissait pluelle-même » ; découvrant l’inconstance des sentiments à travers les histoires racontées par M de Clèves et les aventures du Vidame, elle réfléchit également à la forte probabilité que Nemours la trompe un jour s’ils ont une liaison «  elltrouva qu’il était presque impossible qu’ellput être contentde sa passion »  ( 141 ) Elle se pose beaucoup de questions et décide, pour se sauver des griffes de cette passion naissante, de se retirer, à nouveau à la campagne, loin de la tentation. Elle parvient à convaincre son mari de la laisser partir à Coulommiers. M de Nemours accompagne quelques jours le roi à Compiègne et à son retour, il décide d’aller voir Madame de Clèves à la campagne, prétextant une visite chez sa sœur Madame de Mercoeur qui habite près de Coulommiers ; Il emmène avec lui le Vidame.Par hasard, au cours d’une chasse au cerf, il se perd dans la forêt et il arrive au château des Clèves ; craignant d’être découvert, il se cache pour écouter la conversation entre les deux époux qui se promènent dans le parc. Il entend alors l’aveu de la princesse à son mari « je veux éviter les périls où se trouvent quelquefois les personnes de mon âge »( 145 ) M de Clèves comprend fort bien qu’elle en aime un autre et se désole . Il cherche alors à connaître le nom de celui qu’elle aime mais elle refuse de lui faire cette confidence «  j’ai de la force pour taire ce que je crois ne pas devoir dire »( 147 ) Le mari repense à l’épisode du portrait volé et l’accuse de l’avoir dérobé pour le donner à son amant. On vient , à ce moment précis, chercher M de Clèves qui est appelé à la cour et la princesse reste seule, épouvantée par son aveu . Elle finit par se calmer et se dire qu’elle a eu raison d’avouer à son mari qu’elle craignait d’être éprise d’un autre .

Pendant qu’elle réfléchit aux conséquences de son aveu , M de Nemours qui s’est enfoncé dans la forêt, est lui aussi perdu dans ses pensées : il est heureux de se savoir aimé « c’était lui qu’ellne haïssait pas » mais il redoute qu’elle ne lui donne jamais aucune marque de son amour : « il se trouva cent foiheureux et malheureux tout ensemble » Son errance se poursuit une partie de la nuit et il ne rentre qu’à l’aube chez sa sœur. 

De retour à la Cour, le Duc parle un peu trop de son histoire d’amour et de ce qu’il a entendu, cet aveu d’une épouse à son mari, sans dire qu’il s’agit de ses propres sentiments ; Le vidame le presse de se confier à lui mais le « duc était trop amoureux pour avouer son amour » ( 152 ) 

M de Clèves soupçonne trois hommes de la Cour d’aimer sa femme dont Nemours : le jour même,le roi lui demande de l’accompagner avec son épouse en Espagne pour conduire sa fille ; M de Clèves ordonne à sa femme de rentrer à la Cour reprendre sa place et tenir son rang. Le couple a une nouvelle conversation et M de Clèves décide de laisser à sa jeune épouse la liberté de sa conduite « je ne veux me fier qu’à vous-même ; c’est le chemin que mon coeur me conseille de prendre et la raison me conseille aussi.( 154 ) . Pourtant il tend un piège à sa femme en lui disant que le roi a choisi également M de Nemours pour faire partie de son escorte en Espagne : il ne peut que constater le trouble de sa femme et comprend d’autant mieux qu’elle tente de lui expliquer que le choix du roi le dessert dans la mesure où il devra partager sa gloire avec Nemours ; le mari avoue alors son mensonge. Il a désormais la certitude qu’elle aime Nemours. Madame de Clèves abordée , à cet instant, par M de Nemours refuse même de lui parler et rentre chez elle l’esprit agité ; M de Clèves lui demandera pardon du stratagème qu’il a utilisé et ils fondent en larmes tous les deux et se « séparèrent sans avoir la force de se parler »

Le roi de Savoie arrive pour épouser Madame et Nemours se tient constamment auprès de lui . Le vidame raconte alors à Madame de Martigues l’action extraordinaire de cette personne qui avait avoué à son mari la passion qu’elle avait pour un autre homme que lui; « L’envie de s’éclaircir ou plutôt la disposition naturelle que l’on a de conter tout ce que l’on sait à ce que l’on aime »est ici condamnée par la narratrice du roman. Madame de Martigues va se mettre à observer Nemours pour tenter de percer le secret de ses amours cachées. La princesse appelée par la Dauphine lui entend raconter la rumeur qui circule à la cour ; la femme dont Nemours est amoureux aurait avoué à son mari sa passion . La Dauphine explique qu’elle a été avertie par Madame de Martigues qui tenait ses informations du Vidame de Chartres en personne auquel Nemours se serait confié. Nemours est fort embarrassé et parvient à peine à maitriser son visage et il demeure interdit , saisi ; Il finit par se reprendre et tous mettent en cause le caractère véritable de ces aveux inédits ; Madame de Clèves commence à soupçonner son mari d’avoir parlé et ne sait plus quoi penser. Elle prétexte alors un faux pas dans sa robe pour rentre chez elle.( 165 ) Lorsque son mari rentre du Louvre, il va trouver sa femme et cette dernière l’accuse d’avoir divulgué ses aveux. Tous deux savent que leur secret a été révélé mais ils ignorent comment : ils se reprochent mutuellement leur indiscrétion. 

La princesse se remet à fréquenter la Cour et ses pensées la poussent à croire que Nemours s’est cru flatté par son amour et qu’il n’a pas été capable de cacher ce qui flatte sa gloire ( 169) . Le duc s’en veut lui aussi d’avoir parlé et cela lui cause un « déplaisir mortel » (170) Fortement affligé , il cherche un moyen de parler à la princesse mais n’ose pas l’aborder durant les cérémonies du mariage et les bals qui suivent. Durant le tournoi, Nemours porte la couleur jaune car il sait que c’est la couleur préférée de la princesse. Le roi reçoit un éclat de lance dans l’oeil et meurt au bout d’une semaine, réalisant ainsi la prédiction qui lui avait été faite . La reine ne permit point à Madame de Valentinois de voir le roi ; Marie Stuart est désormais reine de France et le nouveau roi est François II . 

Le quatrième tome commence avec les changements survenus à la Cour : le Vidame est tenu à l’écart ; Les Guises prennent le commandement de l’armée et des finances. La duchesse de Valentinois est chassée de la cour et le connétable écarté. La reine éloigne les protestants et envoie le roi de Navarre en Espagne à la place de Monsieur de Clèves. Le Duc tente en vain de revoir la princesse qui refuse de le recevoir. (181) Mais Madame de Martigues et Madame de Nevers ont croisé Nemours à son arrivée chez les Clèves et ont parlé de sa visite à M de Clèves qui se trouvait chez la reine. «  La jalousie s’alluma alors dans son coeur. » « je vous adore je vous hais je vous offense je vous demande pardon je vous admire, j’ai honte de vous admirer.. » ( 184) 

Après le départ des hommes, Madame de Clèves se retire à Coulommiers et reçoit la visite de Madame de Martigues : cette dernière ignore la passion de la princesse pour Nemours mais la princesse sait qu’elle aime le Vidame. Lorsque Mme de Martigues la quitte pour retrouver la cour à Chambord, elle est accueillie par la reine qui lui demande des nouvelles de Mme de Clèves. En entendant dire qu’elle est à Coulommiers, Nemours décide de partir la rejoindre mais le Prince de Clèves le fait suivre. Nemours observe la princesse à la dérobée et la voit en contemplation devant son portrait au siège de Metz . En voulant s’approcher , il fait du bruit et elle croit l’apercevoir. Elle se réfugie alors dans un lieu où elle a de la compagnie : «  la raison et la prudence l’emportèrent sur tous ses autres sentiments » Très triste, le Duc laisse couler quelques larmes toujours caché derrière un petit ruisseau. Dans une déclaration passionnée, il s’adresse à la femme aimée ( 194 ) Résolu à la voir, il parvient à persuader sa sœur, Mme de Mercoeur, de lui rendre une visite et fait des allusions à sa présence et à ce qu’il a découvert dans le pavillon du jardin . La Princesse réussit à éviter d’être seule avec le Duc et ce dernier rentre à Paris sans avoir pu lui parler seul à seul. 

L’espion de M de Clèves fait son rapport mais M de Clèves ne le laisse pas terminer et tombe aussitôt malade avec des accès de fièvre ; Sa femme le rejoint à Blois et remarque sa grande froideur à son égard mais elle prend cette attitude pour une effet de la maladie. Avant de mourir, il lui ouvre enfin son coeur « je meurs du cruel déplaisir que vous m’avez donné. » Adieu Madame. Vous regretterez quelque jour un homme qui vous aimait d’une passion véritable et légitime et ma mort vous laissera en liberté et vous pourrez rendre M de Nemours heureux. » ( 201) La princesse ne comprend pas pourquoi son mari l’accuse de crimes qu’elle n’a pas commis et affirme son innocence «  La vertu la plus austère ne peut inspirer d’autre conduite que celle que j’ai eue »

La mort de M de Clèves cause une affliction très violente à la princesse qui pense perdre la raison. Elle éprouva alors de l’horreur pour elle-même et considère comme un crime de ne pas avoir eu de passion pour ce mari .Elle a l’intention de vivre le reste de sa vie selon ce qu’il aurait aimé ; Nemours ne renonce pas à la voir mais se montre très patient ; Au bout de quelques mois, son état évolue : elle passe de l’affliction violente à la tristesse ; Madame de Martigues vient lui donner des nouvelles de la cour ( 205) : elle apprend que Nemours paraît fort retiré du commerce des femmes ( 205) et qu’il effectue de fréquents séjours à paris ; elle découvre qu’il loue une chambre qui donne sur ses appartements afin de pouvoir l’observer ; elle le croise même dans l’allée du jardin mais il n’a pas le temps de la reconnaître car il se lève pour éviter la compagnie, à son approche. Elle commence à songer qu’elle pourrait l’épouser car il est digne d’être aimé et de son rang. Cependant elle trouve criminel d’aimer un homme qui est cause de la mort de son mari et « son austère vertu était si blessée de cette imagination... » (208) Le matin, elle le voit en train de la regarder à la fenêtre et cette vision lui redonne le courage de se confier au Vidame qui se réjouit de cette possible union entre sa nièce et son ami. Avec la complicité du Vidame, il avoue enfin à la Princesse la force de ses sentiments ( 211 ) Il évoque une passion dont il n’est plus le maître. Il lui révèle qu’il a été témoin de son aveu à son mari « j’ai souhaité ardemment que vous n’eussiez pas avoué au Prince ce que vous me cachiez , et que vous lui eussiez caché ce que vous m’avez laissé voir » Elle lui déclare son amour et lui déclare ne même temps qu’elle ne changera pas sa conduite « je suivrai les règles austères que mon devoir m’impose » Il lui reproche d’opposer un fantôme de devoir à son bonheur mais elle lui ouvre son coeur te lui fait entrevoir sa peur qu’il ne soit pas fidèle « les hommes conservent-ils de la passion dans ces engagements éternels ?Les passions peuvent me conduire , dit-elle ,mais elles ne sauraient m’aveuglerIl est plus difficile que vous ne pensez, lui répond le Duc, de résister à ce qui nous plaît, et à ce qui nous aime. ( 217) Il tente de la convaincre qu’elle s’impose à elle seule « une loi que la vertu et la raison ne vous sauraient imposer. »Même si le devoir ne subsiste que dans son imagination, elle veut s’y conformer et renonce à aimer Nemours. 

Nemours et le vidame suivent la cour ; M de Chartres pense que la détermination de sa nièce est forte mais il ne partage pas ses craintes avec son ami pour ne pas lui faire de peine. Elle part dans les Pyrénées dans ses terres pour de longs mois. Très malade, elle sent les restes de sa passion faiblir à la pensée de la mort ; Elle se retire ensuite dans une maison religieuse ; Le Duc au désespoir entreprend le voyage mais elle refuse de le recevoir . Il lui fallut de longues années pour éteindre sa passion. La princesse a quitté le monde et mène une vie austère et vertueuse : sa vie qui fut assez courte laissa des exemples de vertu inimitables. ( 226 )