“L’éducation c’est ce qui reste, après qu’on ait oublié ce qu’on a appris à l’école”  : cette définition provocatrice d’Albert Einstein a pour mérite de prendre le contrepied de nos idées reçues et de mettre une évidence la complexité des éléments  qui interviennent dans la sphère d’éducative ; Ainsi pour le savant, l’éducation se mesure sur le long terme et constituerait un capital pour l’individu, mais ne se mesurerait pas tellement en terme de “connaissances acquises ” .  D’ailleurs, il ajoute que  “l’école devrait toujours avoir pour but de donner à ses élèves une personnalité harmonieuse et non de les former en spécialiste. ” Et vous , qu’en pensez-vous ? Quelle est, aujourd’hui ,  votre définition de l’éducation.

  Parvenus au terme de ce rapide survol des questions liées à l’éducation, il est temps de faire le bilan et de compléter , collectivement ,l’énoncé suivant : Eduquer c’est …voilà vos réponses ; apprendre les bases de la vie en société à un individu dans le domaine de la culture, de la vie en société , et de la morale .

Education et transmission

On distingue donc, dès la première définition,  les domaines dans lesquels, les effets de l’éducation, vont être perceptibles. La seconde définition met l’instruction au centre de cette notion d’éducation: Eduquer, c’est instruire autrui avec des connaissances mais également des valeurs morales. On constate qu’apprentissage et instruction se répondent ; L’élève apprend et reçoit une instruction . La troisième définition évoque , en premier lieu, l’enrichissement personnel ” Eduquer, c’est s’enrichir intérieurement “. Ce processus de maturation, de transformation de l’individu, est peut être elle résultat le moins visible d’une éducation car il touche à al construction de la personnalité, à la formation du Moi; Disons plutôt que toute forme d’éducation devrait avoir pour effet un enrichissement personnel . Toutefois le mesurer, le quantifier demeure problématique . La quatrième définition repose sur la notion de transmission . ” Eduquer, c’est transmettre certaines valeurs qui nous aident à forger l’adulte que nous serons plus tard. Là encore, si l’acte de transmission est le plus souvent, considéré comme la base de nos modèles éducatifs, il est parfois difficile de comprendre comment s’opère la transmission , ce qui la favorise et ce qui la freine .

Eduquer c’est faire grandir ? 

Mais cette idée de formation de l’individu est essentielle ; “Eduquer c’est s’élever et se trouver” autrement dit devenir soi-même . Dans l’utilisation du verbe s’élever , on retrouve l’idée d’un enrichissement, d’un ajout qualitatif ; Il pourrait, sous cet  angle, exister une éducation de base, une éducation pour les enfants qui délivrerait le savoir vivre indispensable à la vie une communauté et d’autres formes d’éducation  comme par exemple :  une éducation artistique, une éducation sportive ,  et même une éducation aux émotions; On pourrait ainsi apprendre toute sa vie et continuer notre éducation dans certains domaines , ceux que nous souhaitons approfondir et développer. On arrive donc à des définitions plus centrées sur l’ humain et qui prennent en compte les apprentissages comme des instruments utiles à une formation plus globale, celle de l’individu dans sa globalité : “Eduquer c’est faire d’un enfant un homme , c’est former un homme dans son ensemble, lui donner la capacité d’être en accord avec lui-même et avec la société ” J’aurais tendance à ajouter : et à lui permettre d’être justement en désaccord avec le rôle social qu’on veut lui faire jouer et avec la société lorsqu’elle lui paraît nocive, toxique;

La critique du système éducatif : une nécessité ?

Ainsi la notion de conflit de génération  apparait souvent au centre des questions sociétales et des questions éducatives; De nombreux enfants se montrent critiques envers l’éducation qu’ils ont reçue. On peut citer, par exemple, Jules Vallès qui avoue, dans son roman autobiographique, avoir crevé d’ennui à l’école et qui dénonce les traitements humiliants infligés par ses maitres. Ou Simone de Beauvoir qui dénonce le caractère arbitraire que revêtait pour elle, quand elle était enfant, l’interdiction donnée par un adulte. Jean- Paul Sartre critique lui aussi, dans son autobiographie intitulée Les Mots,  les instituts privés qu’il fréquentait dans son enfance et qu’il décrit comme des lieux de compétition, où les enfants de la bourgeoisie, constamment sous le regard  suspicieux et inquisiteur de leurs mères, étaient récompensés par des enseignants soucieux de flatter leur amour propre; Les enfants n’y développaient aucun échange et recevaient l’instruction dans un silence qui étouffait leur personnalité naissante   . Mais, paradoxalement, c’est grâce à une partie de cette éducation qu’il rejettent, qu’ils ont pu construire un esprit critique, celui qui est devenu le leur, en tant qu’adulte .

 Le monde de nos grand-parents n’est plus adapté aux souhaits de nos parents et le monde que les parents bâtissent peut ne pas correspondre aux idéaux et aux modèles de vie de leurs enfants ; C’est ce que souligne Hannah Arendt dans son essai intitulé La crise de l’éducation ” , paru en 1961. ” “Dans un monde moderne , écrit-elle, le problème de l’éducation tient au fait que par sa nature même , l’éducation ne peut faire fi de l’autorité ni de la tradition, et qu’elle doit cependant s’exercer dans un monde qui n’est pas structuré par l’autorité ni retenu par la tradition. ”  On retrouve ainsi une idée défendue par de nombreux philosophes : éduquer , à terme, permet  à l’ esprit d’être libre et de penser par lui-même, en opérant ses propres choix idéologiques. S’il est toujours difficile de savoir vraiment quelles traces nous gardons de notre éducation , il est incontestable qu’elle nous a permis de devenir ce que nous sommes .

Education et socialisation .

Beaucoup ont insisté dans leurs définitions sur la nécessité de prendre en compte dans l’acte éducatif, la socialisation des individus . En effet, il vous a semblé important que l’éducation prépare une forme d’intégration sociale; Grâce à son parcours éducatif, un sujet serait à même de trouver sa place dans la société, et son éducation le prépare à y jouer un rôle prédéfini par ses compétences mais aussi sa sensibilité et les modèles dont il a hérités. L’un des enjeux de l’éducation est justement d’ ouvrir le champ des possibles et de ne pas enfermer les individus dans une classe , une fonction ou un avenir déterminé par leur héritage socio-culturel. Ce que dénonce le sociologue Pierre Bourdieu dans sa thèse ,  intitulée Les Héritiers c’est justement cette tendance de l’institution scolaire dirigée par des anciens “héritiers” à diffuser des modèles qui favorisent le succès des élites et mettent en difficulté l’accès aux savoirs, et aux plus hautes fonctions, des classes “laborieuses ” Ainsi la domination des élites intellectuelles calquerait une forme de domination d’un modèle économique  ; Certains détiendraient argent et culture et se serviraient de cet héritage pour opprimer les autres . Au lieu de réduire les inégalités sociales , l’école reflèterait la domination des élites.  Si cette thèse sociologique se fonde sur des analyses chiffrées de la réussite scolaire de certaines catégories socioprofessionnelles , elle ne prend pas en compte les exceptions , les individus auxquels l’école permis de trouver leur voie et d’effectuer une forme d’ascension sociale .

Des modèles variés 

On peut donc s’interroger autour de ce concept d l’éducation en se demandant qui on éduque, comment, pourquoi te dans quel but et quelles sont les différents types d’éducation qui co existent aux différentes époques et dans différentes civilisations. La carte mentale  ci- dessous résume ainsi lse principaux enjeux en listant, à partir de ces 4 pôles de questionnement , les principaux arguments des philosophes ( en jaune ) des écrivains ( en rose ) des penseurs et intellectuels ( en bleu) . De nombreux mots clés et des couples antagonistes complètent ce premier bilan comme les oppositions Nature/Culture, Inné/Acquis , Individu et Société .