05. juin 2016 · Commentaires fermés sur Etudier un dénouement · Catégories: Fiches méthode · Tags:
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Que ce soit à l’écrit  du bac de français, pour le commentaire composé, ou à l’oral, durant l’exposé de dix minutes sur le texte de la liste, étudier un dénouement n’est pas une chose facile car la fin d’un récit , l’épilogue ou l’excipit d’un roman, le dénouement d’une pièce de théâtre, le dernier chapitre d’un conte philosophique , constituent des moments cruciaux qui doivent être analysé avec minutie et méthode. Quelques conseils pratiques ..

Comment se termine l’histoire ?   Commençons par le commencement si vous le voulez bien.. c’est à dire : quelle était la situation initiale  ? Une fin ne peut faire sens que si on la considère comme la résolution d’une intrigue, la fin d’une histoire, l’achèvement d’un parcours. 

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Prenons l’exemple de l‘Ingénu, conte philosophique de Voltaire : le héros bon sauvage perd la femme qu’il aime car elle a succombé à la honte d’avoir cédé aux avances du ministre ; Emprisonné injustement sur la foi d’une dénonciation mensongère, l’Ingénu cause ainsi, indirectement  , sans le vouloir, la perte de sa fiancée. Après son décès, la fin demeure ouverte et Voltaire pourrait choisir  de faire mourir son héros de chagrin (comme le fait par exemple Flaubert à la fin de Madame Bovary avec le mari de l’héroïne )  (dénouement pathétique) , de lui faire tuer le ministre , de le transformer en justicier ou en meurtrier, de le faire repartir en Huronien (ce qui dénoncerait le mode de vie corrompu des bas Bretons ) Il faut donc toujours es demander quel type de dénouement a choisi l’auteur et pourquoi ? quelles auraient pu être les autres fin possibles et qu’est-ce que cela aurait changé ? Voltaire aurait pu , par exemple, faire rencontrer à son héros une autre femme dont il serait tombé amoureux et avec laquelle il aurait fondé une famille (dénouement heureux) . Le dénouement choisi par Voltaire comporte ainsi une double morale et une certain nombre d’aspects positifs : L’ingénu a appris à s’intégrer dans cette société où il  trouvé sa place (excellent officier ) ; Il met ainsi sa force et son énergie au service de son pays , dans le cadre de son travail et valorise ses compétences. Il a également tiré profit de ses malheurs car il trouve refuge dans la philosophie ; il est devenu sage et a su accepter ce que le sort lui réservait (il est en quelque sorte, beaucoup moins révolté) De plus, il a noué une solide amitié avec Gordon : en dépit de leurs divergences, les deux hommes ont su faire triompher l’amitié . Cependant , un certain nombre d’éléments sont plus inquiétants dans ce dénouement : Saint Pouange est -il vraiment repenti ? Il couvre de cadeaux la famille de la disparue et cela suffit-il à les consoler de la perte de l’être aimé ? On sent l‘ironie voltairienne et on entend dans ce dénouement une forme de cruauté : les hommes se consoleraient bien vite avec des présents de leurs chagrins et on pourrait presque les acheter et se faire pardonner avec de l’argent et des présents . Peut-on acheter ainsi les sentiments des gens ? Voltaire choisit souvent des dénouements plutôt pessimistes sauf pour Zadig ; L’homme confronté aux malheurs doit tirer un enseignement de ses expériences et s’efforcer surmonter son chagrin pour continuer à vivre sans sombrer dans le désespoir.

Prenons l’exemple de La Guerre de Troie n’aura pas lieu : depuis le début de la pièce, le spectateur, intrigué par le titre , s’attend à voir la guerre repoussée mais il ne peut s’empêcher de penser qu’elle va finalement avoir lieu ; Hector et Andromaque redoublent d’efforts pour éviter le drame et ils sont sur le point de réussir lorsque surgit Oiax, l’envoyé des Grecs  venu chercher Hélène pour la ramener à son mari. C’est la dernière scène de la pièce et tout va déraper ..Oiax est ivre, il provoque Hector en tournant autour de son épouse Andromaque; ce dernier, qui est sur le point de craquer , se retient pourtant mais Démokos, le poète officiel, belliciste convaincu, surgit et veut entonner un chant de guerre; Hector le tue pour le faire taire et éviter le pire . Cependant en mourant , il accuse  faussement Oiax de l’avoir tué : ce qui est un nouveau motif de guerre entre les Grecs et les Troyens.

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Les troyens , pour le venger, tuent Oiax l’émissaire grec et la guerre ne peut plus être évitée. Cassandre donne alors al parole à Homère pour faire le lien avec l’Iliade qui est le poème épique qui raconte la guerre de Troie. Giraudoux a donc construit un dénouement en plusieurs temps avec un coup de théâtre, un double meurtre, une tragédie finale. Que signifie ce choix ? Tout d’abord, il montre qu’en dépit de tous leurs efforts, quelques hommes ne peuvent modifier le cours des événements . Le poids du collectif est ici déterminant . néanmoins, le spectateur se demandera toujours si la guerre aurait pu être évitée et il a très envie du répondre par l’affirmative à cette interrogation; Giraudoux rend Démokos directement responsable de cet enchaînement fatal : c’est la menace de son chant de guerre  qui a rendu Hector fou au point de le tuer et ce faisant, il devient l’agent du destin en provoquant la guerre ;

Les mensonges et les fausses accusations de Démokos peuvent faire penser à de la propagande et de la désinformation ; On peut aussi évoquer le meurtre de Jean Jaurès assassiné par les partisans de la guerre parce qu’il était pacifiste, juste après un de ses discours . Le dénouement de la pièce repose sur une série de rebondissements : il présente des aspects comiques en parodiant notamment la mort des héros dans les tragédies classiques (le personnage qui est tué continue à parler sur scène )  et en mêlant des aspects de comédie amoureuse ( Oiax ivre qui multiplie les tentative sue séduction auprès de la femme d’Hector qui se bouche les oreilles) . Il est à l’image de la pièce qui mélange le comique et le tragique . Il montre également que cette guerre aurait pu être évitée et n’a pas été déclenchée par une noble cause comme l’amour d’Hélène et de Paris; En effet, le dramaturge a choisi de montrer Hélène sous l’aspect d’une femme qui aime les hommes et l’amour ; Lorsqu’on la voit embrasser Troilus, le petit frère de Paris et d’Hector, le spectateur comprend que les hommes ont besoin, pour justifier les déclenchements des guerres , d’inventer de nobles causes . Ce dénouement a également un sens moral : il est pessimiste car il montre que les hommes de bonne volonté comme Hector , ne peuvent aller contre le cours des choses. 

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Dans Cris, le romancier avait lui aussi, plusieurs possibilités de fin : les hommes de la vieille garde ont vu mourir leurs compagnons d’armes et sont résignés à mourir  eux aussi mais l’un d’entre eux, Jules , décide , contre toute attente, de ne pas retourner au front. Pendant qu’il fuit, à l’arrière, les voix des soldat morts qui semblent le poursuivre et qu’il cherche un moyen de les faire taire, la guerre continue et les cris des hommes résonnent dans les plaines : cris de souffrance, de douleur, de désespoir, de folie; la guerre est à l’image d’une tempête monstrueuse , d’une vague meurtrière et déferlante à laquelle rien ne résiste; Elle emporte les soldats comme des fétus de paille et rend leurs corps en morceaux, en lambeaux,  à la terre qui elle même semble souffrir de la violence dévastatrice des assauts et exhibe ses plaies béantes. Boris est mort  égorgé par l’homme-cochon, Dermoncourt est mort parce qu’il a cessé de courir, Barboni a explosé en mille morceaux quand son réservoir de lance-flammes a été touché par une balle, Messard et Castillac n’ont pas survécu à la prise de leur tranchée, le gazé a fini par succomber à ses blessures, seul dans un trou entre les deux lignes; Rigola été sauvé par M’Bossolo qui vient du bout du monde pour enfoncer son poing au plus profond de la terre et combattre  ; Durant cette folie, que fait Jules ? Il tente de témoigner de ce qui  est en train de se passer mais ses mot sont impuissants; On ne l’écoute pas, on lui jette des pierres en le traitant de déserteur ; Alors quand les paroles sont vaines et que personne ne veut écouter, il faut trouver un autre moyen;

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L’épilogue montre Jules devenu sculpteur , qui travaille durement jour et nuit pour semer ses statues de boue à chaque carrefour  ; Personne ne peut ainsi échapper au regard de ces corps meurtris qui semblent hurler “et fixent le monde de tout leur douleur ” Bouche bée.” Dénouement qui montre l’importance du témoignage sur ces événements terribles , dénouement qui met l’accent sur la nécessité de conserver et d’enregistrer la mémoire des disparus afin qu’ils ne soient pas mort pour rien et que leur souvenir, grâce aux livres , vive à jolis en nous qui devenons ainsi des passeurs de mémoire, dénouent enfin qui révèle l’importance du travail de création artistique . 

23. décembre 2015 · Commentaires fermés sur Écrire un éloge funèbre · Catégories: Fiches méthode · Tags: ,

La rhétorique accorde une place particulière à ce type de discours qui a pour cadre le décès d’un  héros, d’un homme célèbre ou tout simplement d’ un proche. Durant la période classiqué, Bossuet a composé des oraisons funèbres en l’honneur des grands du royaume . Le décès d’ Henriette d’ Angleterre  , la femme du Duc d’Orleans’ , morte a l’âge de 26 ans va émouvoir l’ ensemble du royaume de France. 

Comment organiser un éloge funèbre ? Comme tous les genres oratoires, le panégyrique doit prendre en compte l’auditoire et fair naître son émotion en rappelant notamment des éléments de la vie du disparu .

L’éloge de Voltaire était prononcé lors d’une cérémonie bine particulière : le transfert de sa sépulture au Panthéon; Il était possible donc, de se servir de ce contexte, pour commencer le discours;

Mes chers amis, nous sommes aujourd’hui rassemblés pour célébrer la mémoire d’une Lumière qui s’est malheureusement éteinte depuis 13 ans déjà mais qui avant de s’éteindre a  éclairé nos vies et nos âmes”
Il était tentant de retracer la biographie de François Marie Arouet en suivant l’ordre chronologique : sa naissance, ses études, ses débuts d’homme de lettres.. “Très tôt, il se fit remarquer par la vigueur de sa plume et bientôt il fut craint dans la plupart des Cours d’Europe car il n’était pas tendre avec les grands auxquels il ne pardonnait guère leurs écarts de conduite” 
Une autre organisation pouvait consister à lister les domaines d’activités dans lesquels il s’est illustré ; le plus important consistait à renseigner ces rubriques en donnât des détails précis;
Nul n’oubliera qu’il a toujours combattu l’injustice et qu’il a a souvent payé le prix en séjournant, à plusieurs reprises , soit en prison, soit en dehors des frontières ; Qui d’autre que lui aurait pu défendre la mémoire de Jean Calas, ce protestant accusé d’avoir tué son fils récemment converti  au catholicisme  ? Qui d’autre que lui a osé élever sa voix, ou plutôt la plume pour condamner vertement l’exécution de ce jeune chevalier De La Barre chez lequel on retrouva d’ailleurs un de ses ouvrages sulfureux?
L’inscription sur le sarcophage pouvait évidemment donner lieu à un développement autour des affaires judiciaires auxquelles Voltaire a été mêlé ; Mais on pouvait aussi évoquer son pamphlet contre le Régent, ses démêlés avec le chevalier de Rohan dans la loge de la comédienne Adrienne Lecouvreur et la réplique cinglante de l’homme de lettres, réplique  qui lui valut d’être bastonné comme un vulgaire domestique ; L’une des versions de cette anecdote dit que le chevalier aurait voulu vexer Voltaire en lui rappelant ses origines roturières et que Voltaire lui aurait répondu publiquement : “je commence mon nom là ou vous finissez le vôtre; Le comte de Chabot n’aurait pas supporté la  pique publique de ce jeune homme de 32 ans. 
Peu d’élèves ont su évoquer ses oeuvres poétiques : son poème célèbre sur le Désastre de Lisbonne sera rappelé par un épisode de Candide te un des poèmes qui lui attira le plus d’ennuis fut le Mondain, poème dans lequel il loue la modernité de ce siècle de fer, modernité qu’il avoue préférer au soi disant âge d’or du passé; la dimension philosophique de sa carrière pouvait également faire l’objet d’u développement avec au moins Les lettre philosophiques publiées suite à son premier exil en Angleterre et ensuite, le Dictionnaire philosophique portatif, sorte du version personnelle de l’Encyclopédie,  vaste ouvrage collectif auquel Voltaire a collaboré. 
Historien ?  : il a rédigé d’abord la Henriade, en hommage à la politique de tolérance du roi Henri IV qui sut mettre fin aux guerres de religion et ensuite Le siècle de Louis XIV, panorama de la monarchie et des changements opérés en Europe sous le règne du Roi Soleil. Voltaire fut aussi  historiographe du roi Louis XV dès 1745.
Dramaturge : il fallait trouver le lien entre son activité au théâtre et ses idéaux.
Esprit libre , liberté de penser, libre religieuse,  régime libéral : liberté est un nom qu ‘il a décliné sous de nombreuse formes. On pouvait également, pour lui rendre hommage, filer la métaphore des Lumières .

 Voilà une courte biographie pour réviser ….. faites une fiche Voltaire et ajoutez y ce que nous avons vu en cours

Le le 21 novembre 1694 à Paris dans une famille de commerçants enrichis (son père avait pu acheter une charge de receveur à la Cour des comptes), François Marie Arouet, dit Voltaire, fut élevé chez les jésuites du collège Louis-le-Grand, qui influencèrent profondément son esprit, en lui apportant une solide formation de rhétorique et en lui donnant le goût de la discussion et du théâtre. Son insolence et son indépendance d’esprit, à moins que ce ne fût une certaine forme d’inconscience, lui valurent d’être emprisonné onze mois à la Bastille pour avoir osé écrire des libelles contre le Régent. Dès sa sortie de prison, le jeune Arouet adopta le pseudonyme de Voltaire, obtenu par l’anagramme de son nom. Sous cette nouvelle identité, il fit représenter sa première tragédie, Œdipe (1718), qui connut un honorable succès, et fut suivie de plusieurs autres pièces entre 1720 et 1725. Dans le même temps, il se consacrait à la composition d’une épopée, la Ligue, qu’il publia en 1723 et qu’il remania pour en faire la Henriade.

Le séjour en Angleterre : les lettres philosophiques

À la suite d’une altercation avec le chevalier de Rohan, Voltaire fut embastillé une nouvelle fois, et dut s’exiler dès sa libération. C’est ainsi qu’il passa deux ans et demi en Angleterre. Le contact avec la monarchie parlementaire et libérale anglaise exerça une grande influence sur son esprit, qu’il contribua sans doute à mûrir. Voltaire y découvrit en effet la tolérance, vertu qu’il ne cessera de défendre sa vie durant. Il rédigea en anglais les Letters Concerning the English Nation (1733), où l’éloge des mœurs politiques anglaises était pour lui une façon de dénoncer les abus du despotisme monarchique français et le scandale de l’intolérance et de l’oppression qui régnaient dans la société française. De retour en France, Voltaire publia plusieurs pièces, telles que Brutus (1730) et Zaïre (1732), tragédie écrite en trois semaines qui obtint un immense succès. En 1734, il traduisit et remania les Lettres anglaises pour les augmenter : elles furent publiées de nouveau, sous le titre de Lettres philosophiques.

L’ouvrage devint un véritable manifeste des Lumières, parce qu’il traitait de la liberté politique et religieuse, célébrait la prospérité et le progrès comme les avancées de la science, parce qu’il exposait la doctrine du matérialisme de Locke, tout en affirmant (à propos d’une lecture des Pensées de Pascal) une foi optimiste en la nature humaine. Le livre fut interdit pour ses idées réputées dangereuses. Voltaire décida de braver l’interdiction et, menacé d’être arrêté, il fut contraint de s’exiler en Lorraine, à Cirey, chez son amie Mme du Châtelet. La publication des Lettres philosophiques donna le coup d’envoi du combat que Voltaire mena sa vie durant pour ses idées.

 

La retraite à Cirey : les essais philosophiques

Retiré à Cirey, Voltaire s’adonna à l’étude et à l’écriture. Il y composa plusieurs pièces de théâtre, la Mort de Jules César (1735), Alzire ou les Américains (1736), Mahomet (1741) ou encore Mérope (1743), ainsi qu’un poème léger, épicurien et burlesque, à la gloire du bonheur terrestre : le Mondain (1736). Il se passionna également pour des domaines de connaissances divers : les sciences, l’histoire, la philosophie, et écrivit ses Éléments de la philosophie de Newton (1738), ouvrage de vulgarisation qui contribua largement à la diffusion des idées nouvelles. Le Siècle de Louis XIV (1751), dont la rédaction commença ces années-là, est fondé sur une méthode originale, où domine le souci de rapporter des faits objectifs!; l’ensemble de cet ouvrage est néanmoins une célébration du monarque et de la civilisation sous son règne. Avec l’Essai sur les mœurs (1756), Voltaire joua un rôle essentiel dans le renouveau des études historiques. Pendant son séjour à Cirey, Voltaire entretint également une correspondance avec Frédéric II de Prusse, dit “!le roi philosophe!”, qui voulait l’attirer à Potsdam. Mais une certaine libéralisation à la cour de France, sous le “!règne!” de Mme de Montespan, engagea Voltaire à revenir à Versailles, où il fut nommé historiographe du roi (1745).

 

Le retour à Versailles, les contes philosophiques

L’année suivante, Voltaire fut élu à l’Académie française. Il écrivit la tragédie Sémiramis (1748). Il se mit à explorer la forme narrative du conte pour illustrer ses idées. Zadig ou la Destinée (1748), qui pose le problème du bonheur et du destin, puis Micromégas (1752), qui traite de la relativité des connaissances, sont deux de ses contes philosophiques. En 1749, le philosophe eut à subir une épreuve douloureuse : Mme du Châtelet, qui avait une liaison avec le jeune poète Saint-Lambert, mourut en couches. Voltaire décida alors de répondre à l’invitation de Frédéric II, et partit pour la Prusse.

 

Les séjours en Prusse et en Suisse : engagement et polémique

Voltaire resta cinq ans au château de Sans-Souci. Voltaire dut quitter l’Allemagne, comme il s’était brouillé avec Frédéric II de Prusse et, la France lui refusant l’asile, il s’installa à Ferney, près de Genève. Là encore, Voltaire ne put jouir longtemps de son séjour en paix : en effet, les autorités genevoises n’apprécièrent pas son article “!Genève!” de l’Encyclopédie, qui contenait des critiques sévères contre la République et la religion calviniste. À ce propos, puis au sujet de la providence, Voltaire fut pris à parti par un autre philosophe, Jean-Jacques Rousseau, avec lequel il entretint un échange de lettres assez virulent (dont les Confessions de Rousseau rendent compte de la manière la plus partisane).

La tragique nouvelle d’un tremblement de terre à Lisbonne, qui avait fait vingt-cinq mille morts, émut profondément Voltaire!; elle le poussa à attaquer les tenants de l’optimisme dans son Poème sur le désastre de Lisbonne (1756). Dans la même lignée, l’Essai sur les mœurs et l’esprit des nations (1756) puis, dans un registre narratif, Candide (1759) sont portés par son indignation devant l’intolérance, les crimes, les guerres et l’oppression dont l’humanité souffre.

Retiré sur sa terre de Ferney, Voltaire y poursuivit son œuvre de réflexion avec le Dictionnaire philosophique (1764). Défenseur de la justice dans ses textes, Voltaire le fut aussi dans ses actes, puisqu’il intervint publiquement dans toutes les affaires où sévissaient la force de l’injustice et la violence des préjugés. Déjà, en 1756, il avait pris fait et cause pour l’amiral anglais Byng, exécuté pour avoir perdu une bataille. De 1762 à 1765, il défendit Calas, un huguenot condamné sans preuves pour avoir tué son fils, qu’il soupçonnait de vouloir se convertir au catholicisme. Le Traité sur la tolérance à l’occasion de la mort de Jean Calas (1763) est une protestation contre l’injustice faite à l’accusé et contre le fanatisme d’une accusation née de la rumeur et de la haine. Ce texte de Voltaire eut d’ailleurs une influence décisive sur la révision du procès et la réhabilitation de Calas.

La réputation du philosophe était alors immense et internationale. Des écrivains, des philosophes, des savants venaient lui rendre visite à Ferney, ou entretenaient une importante correspondance avec lui. Pourtant, son retour à Paris en 1778, l’année de sa mort, ne lui permit pas d’être reçu à Versailles.

Il mourut le 30 mai 1778 et fut enterré presque clandestinement, l’Église lui ayant refusé des obsèques. Treize ans plus tard, sa dépouille fut transférée au Panthéon.