La folie fascine : elle fait peur certes mais elle est également synonyme d’imagination et de joie de vivre . Mettre un petit grain de folie dans sa vie , c’est souvent lui donner de belles couleurs et la rendre plus intense; Quand on aime intensément, ne dit-on pas qu’on est fou amoureux ou qu’on aime à la folie? Mais cette dernière peut devenir furieuse et mener au meurtre ou au suicide ; Être fou à lier signifie qu’on doit vous attacher afin que vous ne deveniez pas un danger pour les autres ou pour vous-même .
Voilà un exemple de commentaire littéraire rédigé en 1000 mots : quel est selon toi le plan suivi ? Note, si tu le peux, les titres des parties et des sous- parties..
On a souvent reproché aux écrivains naturalistes leur goût pour le spectacle et la peinture d’ambiances morbides ; Zola se justifia, à plusieurs reprise , dans les préfaces de ses roman sen affirmant que le roman n’était que le reflet de la vie et qu’il devait rendre compte de la totalité du monde . Montrer la misère, montrer le dénuement et révéler la mort dans toute sa “réalité ” : tels sont les objectifs que s’est assignés le romancier naturaliste. Dans ce passage du roman, Laurent , le meurtrier de Camille, passe chaque matin à la morgue car le corps de sa victime , étranglée et noyée lors d’une promenade en barque , n’a pas encore refait surface. Ce matin là, il se trouve face au cadavre et sa vue le bouleverse; Comment Zola peint -il la mort ? Dans un premier temps, nous montrerons comment Zola décrit la mort en donnant force détails, à la manière d’un peintre réaliste et dans un second temps, nous étudierons la dimension symbolique de cette représentation macabre qui évoque l’horreur du crime. Plus »
Voilà la question qui va servir de support à une dissertation sur le sujet du rôle du poète dans la société . Qu’est-ce que la poésie et qui sont le poètes au fil des siècles ? Comment conçoivent-ils leurs rapports avec la société, l’art , la politique? pas facile de répondre à ces questions d’une seule voix car les poètes ne sont pas tous d’accord entre deux sur les réponses à apporter. La connaissance de l’histoire de la poésie ainsi que la connaissance de ce qu’ont dit les poètes à propos de leur art , sont deux réservoirs d’idées à partir desquels vous pourrez articuler votre réflexion personnelle qui servir are base à la démarche de la dissertation. A partir du document ci -dessous, vous allez pouvoir résumer les positions de quelques poètes du dix-neuvième siècle comme Baudelaire, Rimbaud, Gautier, Mallarmé. Lisez le document et effectuez des regroupements qui finiront par composer un plan de dissertation
Au cours du XIXe siècle, certains écrivains récusent l’engagement politique et social de leurs prédécesseurs, les « prophètes » romantiques, pour se replier sur des valeurs esthétiques et formelles. Cette « dépolitisation de la littérature » réagit à l’avènement au pouvoir, dès 1830, de la bourgeoisie conservatrice. Charles X restaure la censure et la liberté d’expression est menacée.Théophile Gautier est le fondateur de la doctrine de l’art pour l’art. Dans la préface de Mademoiselle de Maupin (1835), il oppose le beau, valeur esthétique de l’artiste, à l’utile, valeur bourgeoise par excellence : « Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ». Ce rejet de l’utilitarisme et cette revendication d’une autonomie de l’art récusent d’une part la morale dans la littérature, d’autre part l’action sociale et les partisans d’un art social, souvent proches de l’opposition au pouvoir.
L’image de la fenêtre symbolise cette dissociation de l’art et de la politique. Elle apparaît déjà, sous la plume de Gautier, dans la préface d’Albertus (1832) : « L’auteur du présent livre n’a vu du monde que ce que l’on en voit par la fenêtre, et il n’a pas envie d’en voir davantage. Il n’a aucune couleur politique ; il n’est ni rouge, ni blanc, ni même tricolore ; il n’est rien, il ne s’aperçoit des révolutions que lorsque les balles cassent les vitres ». En 1852, au moment où l’hégémonie bourgeoise culmine avec l’effondrement sanglant des espoirs républicains et l’instauration du Second Empire, Gautier reprend le thème du poète travaillant toutes « vitres fermées » sur les désordres politiques de la rue C’est tout particulièrement le poème intitulé « L’art » (1957), repris dans l’édition définitive d’Emaux et Camées (1872), qui sert de manifeste littéraire à la doctrine de l’art pour l’art. Le travail poétique y est réhabilité, par opposition à l’immédiateté de l’épanchement lyrique, mais aussi au travail utilitaire visant à la production des marchandises. Gautier revendique une poésie plastique, sculptée comme un marbre antique . Les matériaux précieux de l’onyx ou de l’agate auxquels est comparé le vers poétique supposent une nature traitée comme ornement et extraite de tout contexte d’expérience, au contraire de la profondeur du paysage romantique. Le vers est bref, lapidaire et tranché, contrastant avec l’ampleur de l’alexandrin. Le poète devient artisan, orfèvre et sculpteur de mots.
Cette tendance esthétique est présente chez de nombreux d’auteurs, comme Baudelaire qui dédie à Gautier ses Fleurs du Mal, mais aussi Flaubert et son idéal d’un « livre sur rien », d’un livre « qui se tiendrait lui-même par la force interne de son style ». L’éducation sentimentale raille d’ailleurs l’engagement brouillon du poète Lamartine dans la révolution de 1848, en ironisant sur son impuissance politique. Surtout, la doctrine de l’art pour l’art aboutit à la création du mouvement parnassien, avec la publication en 1866 d’un recueil collectif intitulé Le Parnasse contemporain. « L’art » de Gautier devient l’art poétique des parnassiens, qui radicalisent la minéralisation néoclassique du langage poétique . Le fameux « Vase brisé » de Sully Prudhomme désigne la cristallisation glacée du sentiment, le vase étant une figure du coeur transi, mais aussi du poème lui-même en tant qu’objet esthétique. Si la brisure du vase est sentimentale, elle indique toutefois une tension constitutive de l’idéal parnassien, entre un absolu de la perfection formelle et les innovations modernes. Le Parnasse se fige dans un conservatisme académique et dans une logique d’exclusion, rejetant des poètes qui ont participé à ses débuts, comme Mallarmé ou Verlaine, et qui seront au coeur de l’émergence symboliste. Quant à Rimbaud, dont Le Parnasse contemporain a refusé trois de ses premiers poèmes, il parodie la préciosité idéaliste dans « Ce qu’on dit au poète à propos de fleurs », un poème qu’il adresse à Théodore de Banville avec une lettre toutefois fort admirative. Contrairement au désengagement politique des tenants de l’art pour l’art, Rimbaud prend parti pour les insurgés de la Commune (1871) et rédige des poèmes communards.
1886 est l’année du tournant du Parnasse au symbolisme, avec la création de la revue La Vogue, où paraissent la plupart des Illuminations de Rimbaud, et la publication, dans Le Figaro du 18 septembre, du manifeste symboliste de Jean Moréas : « la poésie symbolique cherche à vêtir l’Idée d’une forme sensible ». Moréas prône une conception analogique de la réalité matérielle, qui serait en continuité avec une essence idéale : « Tous les phénomènes concrets ne sauraient se manifester eux-mêmes : ce sont là des apparences sensibles destinées à représenter leurs affinités ésotériques avec les Idées primordiales ». Toutefois, cet idéalisme absolu de la pensée symboliste est parcouru de paradoxes. Par certains aspects, il engage un matérialisme absolu qui tient à la conception du symbole comme « forme sensible » de l’idée. Le poète symboliste se pose ainsi en récepteur d’un rythme universel, dont il traduit passivement les « vibrations » en symboles expressifs. Dans le Traité du verbe (1886), René Ghil instaure un système de synesthésies verbales fondé à la fois sur la physique ondulatoire et sur une métaphysique de la pensée. « Le Son peut être traduit en couleur, la Couleur peut se traduire en Son », parce qu’une totalité cosmique, unissant la matière et l’esprit, vibre d’une même pulsation universelle.
Cette idée symboliste de la continuité, Mallarmé la met en évidence en relevant dans Crise de vers l’émergence du vers libre . Il s’agit de la plus importante innovation formelle du symbolisme avec le monologue intérieur . Rompant avec la mesure syllabique du mètre, le vers libre vise à restituer une « unité de pensée » ou de « signification » , c’est-à-dire une unité rythmique – . Mallarmé lui-même « touche » peu au vers, restant attaché aux potentialités structurales de l’alexandrin ; D’une manière générale, la trajectoire de Mallarmé va du Parnasse au symbolisme.
Dans le texte encore parnassien des « Fenêtres », Mallarmé reprend le poème-vitre de l’art pour l’art, tout en révélant sa matérialité formelle. Le poème met en scène un moribond à sa fenêtre d’hôpital, figure du poète en quête de « l’azur ». Le poète pour Mallarmé est séparé du monde par une vitre .
Dans Crise de vers (1886-1996), manifeste de la poésie pure, Mallarmé associe un idéalisme du signifié poétique à une matérialité du signifiant poétique, dans ses dimensions visuelles et sonores. Le signe absente la chose, révélant sa propre identité sensible. « Je dis : une fleur ! et […] musicalement se lève, idée même et suave, l’absente de tout bouquets. » La poésie devient Aboli bibelot d’inanité sonore .
Un descendant des Maheu, devenu médecin, a été sollicité par un journaliste dans le cadre d’une enquête sur les évolutions de la société. Dans la lettre qu’il lui adresse en réponse, il explique comment, en quelques générations, sa famille s’est libérée de la mine grâce à l’instruction.
Comprendre le sujet
Quel type de texte doit -on écrire ?
Il s’agit d’une lettre d’un médecinqui explique et raconte l’histoire des descendants des Maheu des mineurs de charbon qui vivaient dans le Nord de la France entre 1850 et aujourd’hui . Ne pas oublier, nom ,date ,lieu et qu »’il s’agit d’une réponseà quelqu’un .. (préciser dès le début de la lettre )
Quel est le but de cette lettre ?
Elle doit contenir à la fois des élémentsnarratifs , explicatifs et argumentatifs. Il s’agit d’évoquer les bienfaits de l’instruction qui permet à l’homme de rfélchir à sa condition et de se libérer de l’oppression (ici des patrons qui n’accordent aucun droit aux ouvriers et les font travailler dans des conditions inhumaines )
On attend :
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L’emploi de différents registres
didactique (le médecin « instruit » s’adressant au journaliste), parfois pathétique (évocation des souffrances des mineurs), lyrique (s’il fait l’éloge de l’instruction).
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Des connaissances sur l’évolution de la condition ouvrière: révolutions industrielles , grèves des mineurs dans le Nord de la France 1880, création des syndicats , révolution prolétarienne en Russie1917 , front populaire en 1936, obtention des congés payés,revendications salariales, droit de grève.
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des connaissances sur les personnages de Zola, ou de Germinal et leurs conditions de vie <span style="background-repeat:initial initial">;on pouvait évoquer la dureté du travail ( éprouvant physiquement pour ceux qui creusent dans les tranchées et poussent les wagonnets de minerai, ; travail dans des positions inconfortables, dans le noir etla chaleur ;dangereux à cause des éboulements et des coups de grisou, nombreuses maladies pulmonaires liées aux inhalations du minerai (silicose) , rachitisme des enfants mal nourris , pauvreté chronique, travail de 7 à 70 ans , absence de retraite, mineurs logés dans des corons à proximité des fosses ; Zola compare la mine à un monstre qui dévore les hommes , à un enfer .
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Que fallait-il inventer ?
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l’identité des proches parents du médecin ;faites attention aux liens de parenté : la chronologie doit être respectée en fonction de la date du roman (1865) et de celle de l’écriture de la lettre (aujourd’hui ) ; Une génération est un intervalle de 25 ans environ ; le grand-père de Germinal surnommé Bonnemort est le père de Toussaint Maheu qui meurt au cours d’une émeute, tué par un soldat vers 1880 ; son fils deviendra instituteur en 1900 environ ; le petit- fils vit dans les années 1930 et c’est donc l’arrière peti-fils qui peut écrire. Petit clin d’oeil à Zola : le dernier personnage héros du vingtième et dernier roman des Rougon-Macquart est lui-même médecin :LeDocteur Pascal .
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le « parcours » et la profession de certains des parentsdu médecin, en soulignant le rôle de l’éducation dans leur vie.
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Les idées du médecin Maheu : son récit doit rendre sensibles ses idées sur le sort des ouvriers, sur la société, sur la pensée politique…
Exemple de barême possible au bac
langue / 4 ; arguments de Maheu et récit de famille /6 ; connaissances du monde ouvrier, de Zola et de l’évolution de la société / 6
Les plus :employer des termes de médecine , citer des faits historiques, s’inspirer des personnages de Germinal et des Rougon-Macquart , inventer des destins de personnages , le respect de la forme de la lettre, les références aux romans de Zola et aux mouvements sociaux .
Voilà un corrigé type …
Professeur Maheu
Eaubonne le 28 février 20..
Monsieur,
À la suite de notre entretien sur les évolutions de la société française, je vous écris pour clarifier et compléter ma pensée. Il me semble en effet nécessaire de préciser certains points pour mieux vous faire comprendre comment j’ai pu parvenir, moi, arrière-petit-fils et petit-fils de mineurs de fond, à devenir professeur en médecine.
Même si l’expression paraît quelque peu galvaudée de nos jours, je soutiens que j’ai bénéficié de ce que vos collègues appellent l’« ascenseur social ». Je ne vois pas d’expression plus appropriée pour désigner le passage, en l’espace de trois générations, de l’obscurité de la mine à la clarté des amphithéâtres. Cette opposition résume clairement le chemin parcouru par notre société grâce à l’éducation et à l’instruction. Moi-même je rends grâce à mes maîtres, qui m’ont permis de devenir médecin et de me dire que mes arrière-grands-parents seraient vraiment fiers de moi.
Mon grand-père Henri1, le petit-fils de celui que tout le coron appelait le père Bonnemort1, me recommandait sans cesse de respecter « monsieur l’instituteur » car c’était grâce à lui que j’allais pouvoir « devenir quelqu’un ». Conseil qu’il répétait aussi à mon père, lequel réussit finalement à entrer dans ce qu’on appelait à l’époque « l’école normale d’instituteurs » en suivant des cours du soir. Mon grand-père, mineur de fond ,mort en 1935, n’était pas allé à l’école, mais sa conviction que l’instruction nous permettrait à nous, les Maheu, de pouvoir respirer à l’air libre sans avoir les poumons encrassés par la houille, n’est pas morte avec lui. Sur ses conseils, mon père1, persuadé que l’ignorance maintenait les mineurs dans la servitude, a rejoint les rangs des « hussards noirs de la République », ces instituteurs tout de noir vêtus dont la mission était d’instruire la population française ; lui aussi a toujours insisté pour que je devienne « quelqu’un ». Il me racontait les souffrances de nos ancêtres, incapables de se défendre contre l’oppression parce qu’ils ne savaient ni lire ni écrire…
Il répétait qu’il n’y avait, au fond, que deux ou trois métiers qui comptaient vraiment. Seuls les enseignants et les médecins trouvaient grâce à ses yeux car ils permettaient aux gens de vivre mieux, d’être plus libres. Vers la fin de sa vie, opprimé par la maladie, il évoquait aussi les prêtres. Mais comme il avait passé sa vie à opposer les enseignants, dépositaires d’un savoir libérateur, aux « curés », situés du côté de ceux qui avaient maintenu son père au fond de la mine, je ne sais quelle valeur accorder aux réflexions d’un homme pris d’angoisse à l’approche de la mort.
J’ai évoqué mon arrière-grand-père Toussaint, « le père Maheu1 », haute figure de la mine, mon grand-père Henri, dont les velléités d’émancipation n’ont jamais abouti, et mon père, le premier à sortir de la mine. Il me faut maintenant vous parler de celui qui convainquit mon arrière-grand-père que c’était grâce à l’instruction que « tout péterait un jour » : un certain Étienne Lantier. Avant de faire sa rencontre, la famille Maheu faisait partie du paysage de la mine au même titre que les corons, les terrils, les ascenseurs et le ciel gris anthracite. Le père Bonnemort, mon arrière-arrière-grand-père, s’était résigné à sa quasi-servitude dans les boyaux houillers.
L’arrivée de Lantier, mécanicien dans les chemins de fer à Lille et proche des idées d’un certain Karl Marx, futle point de départ d’une prise de conscience de la nécessité de la révolution ouvrière . Pour lui, les principes de liberté et d’égalité affirmés par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen devaient désormaisêtre conquis par l’ensemble des citoyens de la République,. Dans des discours enflammés, il expliqua aux mineurs que la mine n’était pas une fatalité, que les hommes n’étaient pas des machines, qu’ils se libéreraient s’ils « réfléchissaient » et s’ils accédaient au savoir… La stratégie de Lantier était double : d’une part développer au maximum l’instruction des mineurs afin qu’ils puissent devenir instituteurs, comme mon père, ou médecins, comme moi-même ; d’autre part faire pression sur les patrons afin que les mineurs obtiennent des salaires plus élevés et des conditions de travail plus salubres. Deux conditions indissociables puisque, sans temps libre, les mineurs ne pouvaient s’instruire et que, sans instruction, ils ne pouvaient comprendre les revendications portées par les grèves et donc les faire aboutir.
Ses idées ont fait leur chemin : les hommes ont appris à « réfléchir ». Et certains de mes grands-oncles qui, comme mon arrière-grand-père Maheu fusillé lors d’une manifestation, avaient souffert comme haveurs2, ont pu quitter les entrailles de la terre, monter des commerces et faire vivre décemment leur famille ; on m’a même parlé d’une grand-tante herscheuse3 qui, malgré la fatigue et son dos cassé, apprenait le soir des rudiments de mathématiques et de comptabilité, et qui a quitté la mine pour participer à l’essor d’un grand magasin . Déjà à l’époque, grâce à l’instruction, les femmes aussi se libéraient… L’évolution de la société et la libération des ouvriers étaient en marche, et je suis l’héritier de cet immense effort de prise de conscience.
Bien sûr, on peut trouver à redire, de nos jours, à la rhétorique manichéenne de Lantier, qui oppose les mineurs incultes, forcément bons, et les patrons, forcément mauvais. Mais n’oublions pas que c’est cette rhétorique qui a permis à certaines familles du coron de quitter l’enfer des puits. Pour faire bouger la société, il faut parfois de ces exagérations frappantes qui donnent du souffle aux opprimés et permettent aux générations suivantes de s’élever.
Je reste bien évidemment à votre disposition si vous souhaitez obtenir plus de précisions sur l’histoire de ma famille, de la mine et du coron.
Je vous prie, Monsieur, d’agréer l’expression de mes salutations distinguées,
Professeur A. Maheu
1. Par rapport au roman de Zola, la généalogie du médecin qui écrit est la suivante : arrière-arrière-grand-père : Bonnemort (environ 70 ans en 1865) ; arrière-grand-père : Toussaint Maheu (un des personnages principaux qui meurt fusillé dans le roman de Zola) ; grand-père : Henri (fils du père Maheu, qui a 4 ans au moment de l’action du roman) ; père (fictif, né vers 1896, instituteur vers 1925) ; professeur Maheu (fictif, né vers 1930 ; il a donc environ 45 ans quand il écrit).
2. Haveurs : mineurs chargés de l’abattage de la roche en pratiquant des entailles parallèles à sa stratification.
3. Herscheur(se) : mineur chargé de pousser les wagons de minerai.
Voilà quelques éléments de réflexion et un corrigé de la question de corpus du bac blanc qui portait sur la notion de liberté . Vous pouvez consulter l’original de ce corrigé sur le site des annales ; Ce sujet a été donné au Bac 2012 à Pondichery. Je l’ai remanié pour vous en proposer une version à la fois plus synthétique mais également qui comporte une réflexion sur la liberté opposée à l’esclavage pour la Fable et le roman de Zola. Bonne lecture …
Identifier ce « qui permet d’être libre » équivaut à trouver le(s) moyen(s) qui font accéder à la liberté.Repérez d’abord les manifestations de la liberté dans chaque texte : liberté de mouvement pour le loup qui n’est ni attaché ni obligé de servir un maître ; liberté de mouvement pour Rousseau qui a décidé de ne pas respecter la notion de propriété et s e sent partout chez lui : la liberté est surtout un état d’esprit et ne dépend pas du niveau de richesse « il lui suffitd’être libre et maître de lui » . Pour Hugo la liberté d’opinion a un prix : l’exil mais il refuse d’être un valetet veut rester debout . Quant à Zola, il mentionne la possibilité pour les mineurs de se libérer de l’esclavage des patrons « grâce à l’instruction »
La mise en forme de la rédaction ..
Une des questions fondamentales que se pose l’homme est son droit à la liberté. Les écrivains s’en font l’écho en recourant aux genres les plus variés : l’apologue pour La Fontaine avec le loup et le chien , l’essai pour Rousseau, la poésie engagée pour Hugo ,le roman social (Germinal)pour Zola. Les quatre textes font comprendre, explicitement ou implicitement, ce qui permet à l’homme d’être libre.
Pour La Fontaine, Rousseau et Hugo, la liberté ne s’acquiert qu’au prix de sacrifices. Le Loup renonce au confort et peut être même à la nourriture (« os de poulets, os de pigeons »), et le mépris des richesses lui fait dire : « de tous vos repas/Je ne veux en aucune sorte,/Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor ». Rousseau revendique sa « pauvreté » à laquelle il oppose une « richesse » qui empêche de « connaître le prix de la vie » ; il lui suffit de ne « pas manque[r] dunécessaire ». Hugo se résigne à un autre type de renoncement : avec des accents élégiaques, il se soumet à « l’âpre exil » loin de sa « terre douce et triste » ; pour être libre il faut savoir faire le sacrifice et renoncer à certaines choses .
La liberté n’est pas seulement renoncement ; elle peut aussi représenter un trait de caractère . Ainsi le Loup veut sauvegarder à tout prix sa fantaisie : il tient à courir où il veut (« Vous ne courez doncpas/Où vous voulez ? »)et il n’entend flatter aucun maître ni travailler aux ordres de quelqu’un . Pour Rousseau, le plaisir et le bonheur sont les valeurs primordiales, comme en témoignent les nombreux mots du champ lexical du bon vouloir (« autant que je veux », « le choix », « on enveut »)et du plaisir (« plaisent », « plaisir » quatre fois, « on jouit »…). Quant à Hugo, c’est « la fidélité à « la République » qui lui donne la force de ne pas se soumettre. Il tient à combattre au nom de ses valeurs et prétend rester « debout » même s’il est en danger.
Obtenir la liberté nécessite aussi une prise de consciencequi permet de réalise rl’existence des rapports de force qui gouvernent la société . Ainsi, c’est à la suite de son dialogue avec le Chien que le Loup, qui a compris ce qu’était un courtisan « flatter ceux du logis, à son maître complaire » prend la décision de fuir . C’est en voyant les « trahisons et les têtes courbées » que Hugo, « indigné », seul contre tous, décide de manifester son libre–arbitre. C’est en s’opposant aux « gensà coffres-forts » que Rousseau prend conscience de sa vraie « liberté »et choisit consciemment de suivre son caprice. Étienne, par son discours, incite les mineurs à la « réflexion » pour acquérir « l’ambition de prendre la place du voisin »et ne plus demeurer « esclave du patron qui le payait » La liberté peut également être l’objet d’un effort collectif :Hugo en appelle à ses « nobles compagnons » qui lui ont donné la force de s’exiler, de revendiquer sa liberté individuelle (« s’iln’en reste qu’un »). Les mineurs, sont « une armée » dans Germanal et c’est leur union , notamment dans les grèves collectives ,qui leur donnera la force de se révolter et d’acquérir ainsi de meilleures conditions de travail .
Dans chacun des textes, les auteurs revendiquent leur choix d’une liberté qui peut prendre laforme d’un renoncement à la servilité : elle est combat mais aussi faculté de profiter des plaisir de la vie sans se conformer à l’opinion publique ou à la tradition qui tend reproduire les mêmes modèles : le prolétaire a remplacé le courtisan et le républicain est chassé par la tyrannie mais la véritable liberté est aussi un droit que peut s’accorder chacun,égoïstement de vivre selon son plaisir.
Le roman de Gide ainsi que le Journal des Faux-Monnayauers abordent de nombreux thèmes en relation avec la création littéraire. L’auteur y aborde notamment son désir d’écrire un roman où il pourrait tout regrouper , tout ce que lui présente la vie ; empêtré dans cette vision idéaliste, il se demande techniquement comment faire et débute une sorte de carnet (son Journal de création, dans lequel on note à la fois l’avancée de son roman et les problèmes qu’il rencontre ) ; Gide inscrit au jour le jour ses sources d’inspiration : un roman où il serait question de deux soeurs, (Laura et Rachel ou Laura et Sarah ) d’un séducteur (Vincent ), du conflit des générations (Bernard et son père, la famille Molinier ) ; L’écrivain se méfie des roman d’idées et compte sur ses personnages pour incarner des opinions variées ; Il cherche les meilleurs décors et les techniques de narration les plus adaptées à son projet de roman “total” ou roman “pur” . Il s’inspire également de plusieurs faits divers parus dans les journaux de l’époque comme celui du gang des faussaires et celui des suicides d’écoliers : deux anecdotes qu’il va fondre dans le roman. Il hésite longuement sur l’usage des points de vue conscient qu’il a besoin de différents narrateurs et s’interroge “peut être est-ce folie de vouloir éviter à tout prix le simple récit impersonnel ? (Journal ) En effet, ce dernier est l’instrument favori de la majorité des écrivains . Gide recherche des truchements : il pense à des notes de Lafcadio, ensuite à un carnet de notes d’Edouard (qui deviendra dans la version finale le journal d’Edouard ) mais aussi à un dossier d’avocat (qui es transformera en discussion entre Profitendieu et Molinier , un juge et un avocat.
Ce que retient Gide , c’est la volonté que Lafcadio incarne dans le roman, le personnage de l’écrivain en recherche : “il essaierait en vain de nouer des fils; il y aurait des personnages inutiles,des gestes inefficaces , des propos inopérants et l’action ne s’engagerait pas ” .Gêné par l’emploi du Je , Gide s’efforce de ne pas faire raconter directement les événements par l’auteur mais plutôt de les faire apparaître légèrement déformés soit par des participants soit exposés par un journal, par exemple. En parlant de son Journal , il écrit “il faut que ce carnet devienne en quelque sorte le cahier d’Edouard; il contiendrait des remarques d’ordre général sur l’établissement, la composition et la raison d’être du roman”. De même lorsqu’il réfléchir à la base artistique de son roman, Gide reprend cette idée de la méditation d’Edouard. Dans son second carnet, il écrit “ce cahier où j’écris l’histoire même du livre,je le vois versé tout entier dans le livre,en formant l’intérêt principal, pour la majeure irritation du lecteur .
Edouard lui pose véritablement des problèmes insurmontables : il tente de produire un roman pur dont il défend la théorie et auquel il rêve mais, en même temps, “c’est un amateur, un raté. ” Et ce roman, il ne parviendra jamais à l’écrire ; Pourtant au fur et à mesure que Gide pense à certains aspects de son roman, il précise de plus en plus souvent qu'il faudra le faire dire par Edouard ; Par exemple, il souhaiterait donner l'impression que comme dans la vie, quantité d'amorces de drames se présentent mais il est rare que ceux-ci se poursuivent et se dessinent comme a coutume de les filer un romancier . Il refuse ici que la narration n’imite pas le mouvement naturel et comme inachevé de la vie . L’écrivain confie à ses amis et note dans son Journal être davantage intéressé par la manière de présenter des figures que par l’invention de nouvelles figures .
Amour/Amitié
Je crois que c’est le propre de l’amour de ne pouvoir demeurer le même ; d’être forcé de croître, sous peine de diminuer </b>; et que c’est là ce qui le distingue de l’amitié.
Dans le domaine des sentiments, le réel ne se distingue pas de l’imaginaire </b>; Et s’il suffit d’imaginer qu’on aime pour aimer, ainsi suffit-il de se dire qu’on imagine aimer un peu moins , pour aussitôt aimer un peu moins , et même pour se détacher un peu de ce qu’on aime ou en détacher quelques cristaux.
. « Il est l’ami de beaucoup de monde » (parle de Passavant)
. « Je retiens la définition que Méral me donnait de l’amitié : « un ami, disait-il, c’est quelqu’un avec qui on serait heureux de faire un mauvais coup » Le journal des faux-monnayeurs
Désir
Du rassasiement des désirs peut naître , accompagnant la joie, et comme s’abritant derrière elle, une sorte de désespoir.
Education /Instinct
La meilleure éducation du monde ne prévalait pas contre les mauvais instincts.
Famille
Ne pas savoir qui est son père, c’est ça qui guérit de la peur de lui ressembler.
L’égoÏsme familial, à peine moins hideux que l’égoïsme individuel.
Famille je vous hais.
« Les sentiments pour les progéniteurs, ça fait partie des choses qu’il vaut mieux ne pas chercher trop à tirer au clair »
Faux -Sentiments
“Chacun de ces jeunes gens, sitôt qu’il était devant les autres, jouait un personnage et perdait presque tout naturel”
– “Tant que Lucien ne cherche qu’a persuader les autres, il n’y a que demi-mal. C‘est le premier degré de l’hypocrisie”
– “Le véritable hypocrite est celui qui ne s’aperçoit plus du mensonge, celui qui ment avec sincérité”
Femmes :
« Au fond, je me demande quel pourrait être l’état d’une femme qui ne serait pas résignée ? J’entends : d’une « honnête femme »… Comme si ce que l’on appelle « honnêteté » chez les femmes, n’impliquait pas toujours de la résignation ! »
« L’exemple de ses deux sœurs l’avait instruite ; elle considérait la pieuse résignation de Rachel comme une duperie ; ne consentait à voir dans le mariage de Laura qu’un lugubre marché, aboutissant à l’esclavage. […] Elle ne voyait point en quoi celui qu’elle pourrait épouser lui serait supérieur. […] il lui semblait que, de la politique même au besoin, la femme fait souvent preuve de plus de bon sens que bien des hommes… »
« Rachel s’est effacée toute sa vie, et rien n’est plus discret, plus modeste que sa vertu. L’abnégation lui est si naturelle qu’aucun des siens ne lui sait gré de son perpétuel sacrifice. C’est la plus belle âme de femme que je connaisse. » Partie III chap 2 p.230
Journal/Roman
Ce nouveau carnet, sur quoi j’écris ceci, ne quittera pas de sitôt ma poche. C’est le miroir qu’avec moi je promène. Rien de ce qui m’advient ne prend pour moi d’existence réelle, tant que je ne l’y vois pas reflété. »
«Je voudrais tout y faire entrer, dans ce roman. Pas de coup de ciseaux pour arrêter, ici plutôt que là, sa substance. Depuis plus d’un an que j’y travaille, il ne m’arrive rien que je n’y verse, et que je n’y veuille faire entrer : ce que je vois, ce que je sais, tout ce que m’apprend la vie des autres et la mienne »
« Sur un carnet, je note au jour le jour l’état de ce roman dans mon esprit<font color="#000000"> ; oui, c’est une sorte de journal que je tiens, comme on ferait celui d’un enfant… C’est à dire qu’au lieu de me contenter de résoudre, à mesure qu’elle se propose, chaque difficulté (et toute œuvre d’art n’est que la somme ou le produit des solutions d’une quantité de menues difficultés successives), chacune de ces difficultés, je l’expose, je l’étudie. Si vous voulez, ce carnet contient la critique de mon roman ; ou mieux : du roman en général. »
Littérature
« Lettre à François Mauriac » de Gide :« C’est avec les beaux sentiments qu’on fait de la mauvaise littérature »
Notes prises par Gide dans son journal intime à propos de l’écriture et de la réception des faux monnayeurs :1921 : « Je crois que le majeur défaut des littérateurs et des artistes d’aujourd’hui est l’impatience. »
Mensonge
« Il ne pouvait pourtant pas raconter la vérité, livrer aux enfants le secret de l’égarement passager de leur mère »
je reste ahuri devant l’épaisseur du mensonge où peut se complaire un dévot »
Morale
« Les bourgeois honnêtes ne comprennent pas qu’on puisse être honnête autrement qu’eux »
« Mais les préjugés sont les pilotis de la civilisation »
« Il suffit bien souvent, de l’addition d’une quantité de petits faits très simple et naturels chacun pris à part, pour obtenir un total monstrueux. »
« Il est bon de suivre sa pente, pourvu que ce soit en montant”
« On ne découvre pas de terres nouvelles sans consentir à perdre de vue, d’abord et longtemps, tout rivage. »
« Que sert d’interdire ce qu’on ne peut pas empêcher »
« Il y a beaucoup de choses très belles que nous verrions si nous étions moins méchants
Passion
Les passions mènent l’homme non les idées.
Personnages
Edouard (dans le Journal des FM )
Je dois respecter soigneusement en Edouard tout ce qu’il fait qu’il ne peut écrire son livre. Il comprend bien des choses mais se poursuit lui même sans cesse; à travers tous, à travers tout. Le véritable dévouement lui est à peu près impossible. C’est un amateur, un raté.»
« Personnage d’autant plus difficile a établir que je lui prête beaucoup de moi.»
« Il y a eu maldonne : C’est Olivier qu’Edouard aurait du adopter ; et c’est Olivier qu’il aimait. »
Un vieillard, ça n’intéresse plus personne ” (à propos de La Pérouse)
Vie /Existence
« La manière dont le monde des apparences s’impose à nous et dont nous tentons d’imposer au monde extérieur notre interprétation particulière, fait le drame de notre vie. La résistance des faits nous invite à transporter notre construction idéale dans le rêve, l’espérance, la vie future, en laquelle notre croyance s’alimente de tous nos déboires dans celle-ci »
« Dans la vie, rien ne se résout ; tout continue. On demeure dans l’incertitude ; et on restera jusqu’à la fin sans savoir à quoi s’en tenir ; en attendant, la vie continue, tout comme si de rien n’était »
La difficulté de ce sujet de dissertation est double; d’une part il faut définir avec précision ce que recouvrent les notions de duo et de trio ; d’autre part, il est préférable d’éviter le plan qui oppose les deux entités parce qu’il mène , en quelque sorte à une impasse et que la troisième partie, synthétique, reprendra nécessairement des idées développées dans les deux autres; Pour éviter cet écueil, comment trouver un bon plan? Des recherches préalables à la rédaction doivent interroger la notion même de duo; on peut en effet penser au couple qui forme , de base une cellule importante du sytème des personnages du roman ; mais on pouvait également penser au travail de création gidien qui propose deux personnages au final au lieu d’un (dédoublement ) et surtout, la matière pour deux romans ; on pouvait également partir de la notion de relais de narration pour montrer qu’un personnage devient le lecteur d’un autre : la mise en abîme fonctionne également pour le personnage de l’écrivain et pour le journal d’Edouard au sein du roman (Gide écrit deux livres en même temps ) qui reproduit le journal que Gide écrit en même temps qu’il rédige les FM.
Le repérage de la notion de trio ne posait guère de problème au lecteur ; il était , une effet , facile de repérer que le roman est découpé en trois parties (et de se souvenir que Gide évoque comme l’une de ses préoccupations principales la recherche d’équilibre ); On pouvait aussi penser que le trio central des FM est bien constitué de 3 personnages indissociables qui forment, au passage, plusieurs couples ; l’amitié est illustrée au départ du roman par le duo Bernard Olivier mais l’arrivée d’Edouard va permettre à Bernard de partir avec ce dernier (relation maitre/élève? ); Bernard se substitue donc à Olivier sauf que la nature de la relation qu’il a avec Edouard est sensiblement différente. Une nouvelle relation finira par apparaitre dans la dernière partie du récit : un amour entre Olivier et Edouard.(homosexualité impose le dédoublement de l’objet désiré) Grâce à cet exemple, on mesure à quel point un duo peut être remis en question par l’irruption d’un troisième personnage ; en effet, la relation entre Bernard et Olivier s'est modifié à cause de leur séparation et de ce que Bernard a appris dans le Journal d'Edouard;
Prenons un autre exemple de relation triangulaire : Vincent quitte Laura pour Lilian; il quitte une femme mariée enceinte pour une intrigante riche et perverse; Le personnage de Vincent s’abaisse avec cette action ; Laura elle, a quitté Felix pour Vincent et c’est vite au tour de Benard de tomber amoureux d’elle mais d’un amour chaste, platonique qu’elle refusera de transformer en amour charnel; Laura était au départ amoureuse d’Edouard avant de comprendre que ce dernier préfère les hommes; et ils sont alors devenus amis.Laura a épousé Felix par dépit et la rencontre avec Bernard intervient comme une troisième péripétie ; lorsque Lilian et Vincent formeront un couple, leur relation les détruira selon ce que Gide nomme la décristallisation qui dans leur cas, tourne à la haine de l’autre . Lorsque Bernard tombe amoureux de Laura, c’est un amour à sens unique mais lorsqu’il séduit Sarah (on notera ici grâce à la consonance identique des deux prénoms que ces deux jeune femmes forment en réalité les deux faces d’un même personnage ) Gide révèle à travers ce type de dédoublement proche d’une opposition, deux facettes opposée du sentiment amoureux : l’amour platonique et le désir charnel qui ne parvient pas à s’unir dans la même femme ou à une femme, pour un homme qui préfère les hommes; cette dissociation structure le thème de l’amour et du couple dans les FM.
Nous pourrions multiplier les exemples de duos ou de trios: présence de 3 batards dans le roman associés par leurs trois initiales Boris, Bronja et Bernard; trois personnages de purs : Rachel, Boris et Brojza; Mais aussi trois soeurs Azaïs : Rachel la vertueuse qui se sacrifie, son double inversé donc son opposé : Sarah qui veut vivre libre et Laura qui culpabilise d’avoir cédé à l’adultère; Trois soeurs pour trois variations du statut de la femme Laura elle même a aimé trois hommes avant de rencontrer Bernard : le premier Edouard ne lui a accordé que son amitié; le second l’épousé mais elle n’en est pas amoureuse et le troisième a fait d’elle une femme adultère et l’a abandonné de la plus lâche des façons, enceinte . Ici la succession des hommes permet de mieux définir la variété des sentiments amoureux et des liens qui peuvent unir un homme et une femme. Le trio permet donc souvent l’exposé de la variation quand il n’set pas triangle amoureux ; Mais les deux figures se rejoignent parfois avec le trio Bernard/ Laura/Sarah par exemple.
L’heure tourne et vous ne pourrez penser à tout mais plus vous connaîtrez les détails du roman , plus les idées en rapport avec la problématique donnée viendront rapidement et il ne vous restera plus qu’à trouver un plan pour les organiser; je vous conseille de d’abord jeter toutes vos idées sur le papier avant de chercher à les agencer au sein d’une organisation; Voilà une liste non exhaustive des applications possibles avec ces notions de duo ou de trio ….
un livre au lieu de deux
Bernard devient lecteur du journal d’Edouard : un lecteur dans un roman
mort des duos : Boris et Bronja meurent tous les deux ; Les La Pérouse sont séparés; les Molinier divorcent; Profitendieu séparés. Vincent tue LiIlian; Olivier quitte Robert ..les couples menacés dans les FM ; On rejoint les thèmes de l’échec des couples et des modèles familiaux .
l’adultère ; Gide montre que le troisième personnage est l’ élement perturbateur du triangle amoureux; à l’origine des bâtards et des relations adultères et donc des conflits familiaux? l’amour hors du mariage conserve un statut dangereux.
des trios révélateurs : trois figures de l’homosexuel (Robert, Edouard, Olivier ) ou + ? quid de Caloub? La Pérouse amoureux d’Edouard ? cas de Georges ?
la figure du mauvais garçon connaît elle aussi des variations : Georges maître chanteur, Vincent habité par le démon et Robert,le diable incarné , symbolise la tentation … et Armand, ?
combien de figures d’écrivains ?
les thèmes principaux relèvent à la fois du double (la fausse monnaie s’oppose à la vraie et les faux -sentiments à la sincérité ) et du triple à cause de l’utilisation de certaines techniques de relais de narration.
Au final, pour faire le plan le plus complet possible , il était sans doute plus simple de ne pas partir de l’opposition entre le duo et le trio mais de trouver trois grandes parties des oeuvres où trios et duos se concurrencent en cherchant à expliquer pourquoi .
Vous pouviez commencer soit par les personnages soit par le cadre du roman, sa construction
Partie 1 Amour et personnage
Les couples en échec : les duos ne résistent pas (décristallisation)
Les triangles amoureux : adultère et naissance des batards, déstabilisation des modèles familiaux
L’impossible union : désir charnel et amour “platonique” toujours séparés donc nécessité de deux partenaires
Partie 2 Création et modèles de bases (Cadre et construction)
Gide dédouble son écriture avec Journal et roman, avec division des personnages (trop de matière à répartir donc division inévitable)
La dualité permet l’opposition mais Gide se méfie de cette tendance donc brise les couples d’opposés (l’écrit dans Journal ) ; un fonctionnement par paires qu’il s’efforce de combattre en créant des variations
et Les triangulatiosn permettent d’apporter les variations : 3 soeurs, 3 batards, 3 figures de femmes, 3 homosexuels , plusieurs écrivains ; au lieu de seulement opposer amour sensuel et amour platonique, Gide invente les situations triangulaires qui introduisent des nuances intermédiaires
Ecrivain en recherche constante d’équilibre avec 3 parties mais eulement 2 endroits ( Paris, départ et retour )
Partie 3 La résolution des équations ; (Ecriture )
Un trio central donne lieu à plusieurs essais de couples : Bernard/Edouard/Olivier ; des interactions et des relations qui évoluent dans les duos qui se forment, se défont et se reforment (la matière ainsi ne s’épuise jamais, cette structure mime l’inachèvement constitutif ..exemple de l’absence de dénouement avec Caloub
Division et dédoublement des instances narratives : la mise en abime dédouble et l’ajout d’un narrateur ou d’un dialogue ou d’un journal nous fait passer du deux au trois
Roman de la fausse monnaie et des faux sentiments donc roman de la dissociation, de la lecture à deux niveaux (réception de l’oeuvre elle-même duelle et a divisé les lecteurs ) ; un roman du double jeu donc structure nécessairemment duelle prédominante.
Disserter sur les personnages de romans nécessite d’être un tant soit peu familier avec ces drôles de créatures imaginaires qu’on rencontre en tournant les pages d’un livre. Qui sont au juste les personnages pour le lecteur et que représentent-ils vraiment ? L’objectif de cette dissertation est de vous faire découvrir les différents liens qui peuvent unir un lecteur et des personnages. Les théoriciens de la littérature ont même donné un nom spécial à cette notion: ils l’appellent l’effet-personnage.
Aristote définissait le personnage comme le simple support d’une action et la plupart des romans jusqu’au seizième siècle semblent présenter des types de personnages idéalisés et interchangeables, aux qualités extraordinaires auxquels un lecteur contemporain a bien du mal à s’identifier; or, en l’absence d’identification produite par le phénomène d’illusion référentielle, le lecteur ne se sent ni proche ni attiré par ces êtres de papier que sont les personnages des romans. Si de nos jours, en effet, les personnages ont tendance à ressembler à des personnes vivantes, cette tendance n’apparaît vraiment qu’au dix-neuvième siècle avec les héros romantiques et surtout après 1850, avec les héros réalistes des grands ensembles de Zola ou de Balzac.Néanmoins, la précision des détails ne suffit pas pour qu’un lecteur se sente attiré par un personnage, il lui faut bien plus qu ‘un portrait physique ou qu’une généalogie. Pourquoi s’attache-t-on à certains personnages et qu’est-ce qui fait naître cet attachement ?
C’est l’une des questions à laquelle vous devrez répondre si vous choisssez de traiter ce sujet. L’un des éléments techniques essentiel pour faciliter une proximité entre le personnage et le lecteur, c’est effectivemennt la voix du narrateur car il sert d’intermédiaire entre l’univers de la fiction et celui de la lecture. Fabriquer un personnage c’est d’abord raconter une histopire dont il fait partie et la manière de montrer les actions du personnage détermine souvent notre degré d’attachement. Il est prouvé que les personnages antipathiques, dotés de nombreux défauts sont souvent des repoussoirs pour les ecteurs qui préfèrent les personnages drôles , et plein de surprises. Un personnage banal comme le héros du roman de George Pérec : Un homme qui dort peut paraître peu intéressant pour un lecteur qui rêve d’une vie palpitante; Pour celui qui rêve de partir à l’aventure, le héros de l’Or de Cendrars ou les personnages voyageurs de Le Clézio sembleront de proches parents. Ceux qui rêvent d’amours exceptionnels se sentiront attirés par les héros de romans comme Manon Lescault ou par les héros cyniques des Liaisons Dangereuses de Laclos. Les héros intrépides de Jules Verne ont pu marquer autrefois de jeunes lecteurs : attirent-ils encore les adolescents ? Faut-il être un super héros pour plaire à des lecteurs d’aujourd’hui ? Les filles et les garçons sont-ils fascinés par les mêmes personnages ?
Sujet : à partir des personnages de romans que vous avez rencontrés , expliquez ce que peut représenter pour le lecteur, un personnage de roman et quels rôles il peut être amené à jouer dans sa vie ? Un être de papier peut-il être amené à jouer un rôle dans la vraie vie de ses lecteurs ? Pourquoi certains personnages romanesques ont-ils eu un destin extraordinaire au point de devenir des mythes ?
Découvrez ce qu ‘en pense Albert Camus qui avec son roman l‘Etranger a inventé un drôle de personnage Jean Baptiste Meursault auquel il est vraiment difficile de s’attacher car il semble n’avoir aucun sentiment hulain.
Qu’est-ce que le roman, en effet, sinon cet univers où l’action trouve sa forme, où les mots de la fin sont prononcés, les êtres livrés aux êtres, où toute vie prend le visage du destin. Le monde romanesque n’est que la correction de ce monde-ci, suivant le désir profond de l’homme. Car il s’agit bien du même monde. La souffrance est la même, le mensonge et l’amour. Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Leur univers n’est ni plus beau ni plus édifiant que le nôtre. Mais eux, du moins, courent jusqu’au bout de leur destin, et il n’est même jamais de si bouleversants héros que ceux qui vont jusqu’à l’extrémité de leur passion. […] C’est ici que nous perdons leur mesure, car ils finissent alors ce que nous n’achevons jamais.
Mme de La Fayette a tiré La Princesse de Clèvesde la plus frémissante des expériences. Elle est sans doute Mme de Clèves, et pourtant elle ne l’est point. Où est la différence? La différence est que Mme de La Fayette n’est pas entrée au couvent et que personne autour d’elle ne s’est éteint de désespoir. Nul doute qu’elle ait connu au moins les instants déchirants de cet amour sans égal. Mais il n’a pas eu de point final, elle lui a survécu, elle l’a prolongé en cessant de le vivre, et enfin personne, ni elle-même, n’en aurait connu le dessin si elle ne lui avait donné la courbe nue d’un langage sans défaut. I
Albert CAMUS, “Roman et révolte” in L’Homme révolté (1951).
Voir la page originale :
http://www.site-magister.com/grouptxt4b.htm#ixzz43CBD5CcG
Vous consulterez avec profit : les doubles pages de votre manuel 120/121 202/203 274/275 402/403
Des textes de Sylvie Germain sur les personnages , le site magistère sur le personnage de roman, le site copie double et sa dissertation sur le lien lecteur :personnage, la page révisions du bac du Monde.fr sur le roman et la vision du monde .
La dissertation de la semaine se base sur une citation quelque peu ironique d’un critique littéraire contemporain : dans son Journal, Gide se plaint à plusieurs reprises d’avoir accumulé trop de matière pour un seul roman et prétend qu’il pourrait en écrire plusieurs car il cherche , en fait , à faire entrer la totalité de la vie dans son écriture ; Ainsi on pourrait penser qu’à force de vouloir faire entrer trop de choses dans ce roman, on finit par n’y plus rien retrouver. Si le propos peut paraître paradoxal, il repose en réalité sur une distinction entre le point de vue de l’auteur et celui du lecteur. L’écrivain lui , en dépit de quelques difficultés évoquées dans le Journal, tente de dompter la matière et surtout de l’organiser pour servir son projet narratif de roman pur , Quant au lecteur, il peut à juste titre se trouver quelque peu déstabilisé par les innovations de Gide et se sentir désorienté parfois , à la fois à cause des techniques employées mais également par manque d’habitude de ce type d’écriture.
On pouvait donc tout à fait commencer par examiner soit les arguments de la thèse ou de l’antithèse en spécifiant qu’il s’agit soit de difficultés involontaires ou liées à la complexité de l’organisation narrative .
Reprenons par exemple les éléments du Journal qui pourraient servir d’illustrations : les multiples hésitations de Gide à propos de la répartition des voix narratives peuvent témoigner de ce qu’il cherche à mettre en place : uns sorte de labyrinthe de voix ” j’hésite depuis deux jours si je ne ferai pas Lafcadio raconter mon roman ” ; quelques mois plus tard, il envisage plutôt un “simple récit impersonnel ” ; après plusieurs années de travail, il finit par avouer qu’il lui semble avoir perdu prise et qu’il regrette de ne pas être intervenu dans son roman pour , intervenir, commenter (81)
Gide a conscience que “c’est une folie sans doute de grouper dans un seul roman tout ce que me présente et m’enseigne la vie ” et on peut donc évoquer une forme d’ambition déraisonnable comparable d’ailleurs à l’ambition des écrivains réalistes comme Balzac de faire concurrence à l’Etat Civil; l’ambition est la même mais les procédés ont évolué ; L’illusion de la vie ne prend plus les mêmes formes ; là où Balzac tente d’épuiser le réel en décrivant les moindres détails (vêtements, portraits physiques, détails de l’ameublement des demeures des personnages ) Gide lui, se contente de noter les moindres conversations,les moindres faits et gestes de ses protagonistes sans jamais les décrire ni même s’attarder sur le décor dans lequel les événements se déroulent.
Dans le journal, les métaphores se multiplient pour désigner cette abondance de matériaux : le livre sera donc nécessairement touffu mais l’écrivain ressent une difficulté dans l’assimilation des divers éléments qui le composent; il évoque des tonalités différentes et cherche un équivalent musical pour traduire cette résistance ou plutôt ces deux voix parallèles ; il choisit l’art de la fugue , l’impossible alliage entre l’andante et l’allegro. A plusieurs reprises, il souligne qu’il cherche à “enrouler les fils divers de l’intrigue et la complexité de mes pensées autour de ces petites bobines vivantes que sont chacun de mes personnages. ” (27 ) Cette situation nous livre un plan qui répond assez aisément à la question posée par le sujet : une complexité narrative, une complexité dans le choix des multiples thèmes et la complexité de la construction et de l’organisation des personnages. (veillez à ne pas oublier l’un de ces trois domaines : narration, sources d’inspiration , thèmes abordés et personnages )
Dès le début de sa réflexion, Gide note également la présence de plusieurs intrigues concurrentes et il avoue avoir bien du mal à les départager; c’est pourquoi il en retiendra finalement plusieurs car il n’a pas réussi à choisir une intrigue vraiment centrale . Longtemps préoccupé par la conversation d’ordre général à partir de laquelle il veut “ouvrir le livre ” , il s’efforce de ne retenir que des éléments utiles car “tout ce qui ne peut servir alourdit “écrit-il p 20.
On remarque donc deux mouvements contraires dans la création du roman: d’une part l’auteur cherche à démêler l’écheveau de ses idées et il s’efforce d’effectuer un tri entre les différents éléments; et d’autre part, il cherche à “fondre ” et à “rattacher ” des éléments d’origines variées comme un article de journal qui relate un fait divers à propos d’un gang de faux monnayeurs et des discussions sur la littérature tenus par différents personnages du roman qui dressent des portraits contrastés d’écrivains .
De la fausse monnaie, Gide passe progressivement aux sentiments forcés et contrefaits, motif récurrent du roman et établit un lien avec le rigorisme religieux : la haine semble encore tenace dans le récit contre une “morale qui opprima toute sa jeunesse”(23 ) ; ce désir de faire entrer la vie toute entière dans un seul récit risque de faire perdre pied à Gide etc qu’il souligne dans son Journal “je risque de perdre pied ” ; C’est pourquoi dans un souci de clarté de l’ensemble, il revient à son idée de “livre en deux parties ” qui seraient séparées par la guerre; Le résultat final montre que Gide a volontairement épuré cette dimension de son travail d’écriture et que le motif historique de la guerre a bel et bien disparu du roman, remplacé par la coupure naturelle que représentent les vacances. De même c’est durant les dernières pages de son Journal qu’il décide d’opter finalement pour une division du roman en 3 parties autour de Paris et Saas-Fée (p 97)
Au fur et à mesure que son travail de réflexion se poursuit, l’écrivain constate que même s’il prétend rapprocher ce qu’il écrit du type convenu du roman, il doit se résoudre à accepter son étrangeté et que c’est justement son propre refus de ne pas envisager clairement sa création comme étrange qui le retient d’avancer ; Il pose des questions essentielles : “pourquoi tant rechercher une motivation, une suite, le groupement autour d’une intrigue centrale ? Peut-être justement parce que ces critères définissent le genre romanesque traditionnel: le lecteur y cherche une histoire racontée par un narrateur et qui fait se rencontrer des personnages dont certains jouent un rôle central . En allant volontairement contre ces critères convenus, Gide pressent que ses lecteurs seront déstabilisés et qu’il créée une nouvelle forme de roman. Il écrit un roman qui irait justement à l’encontre de ces codes romanesques qu’il juge usés :c’est ce geste créatif et son aboutissement que l’on nomme anti-roman. Ce n’est pas vraiment par goût de la provocation que Gide s’est lancé dans cette nouvelle aventure de l’écriture qu’on appellera bientôt le Nouveau-Roman, mais c’est tout simplement parce que son imagination le poussait dans un sens nouveau “il y aurait des personnages inutiles,des gestes inefficaces, des propos inopérants,et l’action ne s’engagerait pas. ” p 30
De plus, Gide entend faire jouer au lecteur un rôle nouveau: “l’histoire requiert sa collaboration pour se bien dessiner ” : un rôle actif qui peut au départ le rebuter ou lui sembler épuisant .Au mois de juillet 21, soit plus de deux an après avoir débuté son cahier, Gide note qu’il lui faut “établir le champ d’action et aplanir l’aire sur laquelle édifier le livre ” ; ce qui laisse entendre qu’il n’a pas encore vraiment réussi à démêler l’écheveau de ses idées, ce qu’il nomme poser des bases artistiques, intellectuelles et morales. il emploie pour cette opération le terme baratter en expliquant qu’il s’agit de retourner le sujet dans sa tête pour qu’il finisse par se solidifier et former des grumeaux ( 46 )
Second cahier : Gide doute de plus en plus du bien fondé de son projet et mentionne l’existence de deux foyers : le cahier serait versé dans le livre et Edouard deviendrait une sorte de porte -paroles de certaines idées autrement dit Gide insère un personnage de romancier en train d’écrire un roman à l’intérieur du roman qu’il est lui-même en train d’écrire : c’est ce qu’on nomme une mise en abîme. Ce procédé de diffraction rend la lecture plus complexe. De même Gide ne peut s’empêcher de constater que son roman se construit à l’envers : “les chapitres s’ajoutent non point les uns après les autres mais repoussant toujours plus loin celui que je pensais d’abord devoir être le premier.”
La construction des personnages est l’objet de son attention: Gide avoue les faire attendre, ne pas vouloir les amener trop vite au premier plan et forcer le lecteur à devoir les imaginer . C’est ce qu’il va nommer le roman pur “purger le roman de tous les éléments qui n’appartiennent pas spécifiquement au roman” On en revient ainsi à poser le problème des limites du genre romanesque et à ce qu’on attend d’un récit appelé roman quand on le lit ou pour reprendre le point de vue du Gide, quand on le fabrique.
Le choix des personnages -narrateurs, c’est à dire de la volontaire multiplicité des champs de vision peut s’expliquer en partie parce que cela permet à l’auteur de se sentir plus à l’aise , plus libre dans ses paroles car il avoue ainsi s’oublier lui-même pour devenir l’autre et pouvoir parler de la sorte au nom de quelqu’un d’autre ; C’est ainsi qu’il se définit “ceci est la clef de mon caractère et de mon oeuvre ” (p 77) . après se premiers essais de lecture , il souhaite modifier de nombreux éléments et repartir à neuf à chaque chapitre “ne jamais profiter de l’élan acquis: telle est la règle de mon jeu.” Ce choix a également des conséquences sur la réception du roman car le lecteur peut se sentir en permanence frustré de ne pouvoir prévoir ce qui risque de se passer ; La métaphore de la plante qui se développe lui vient alors pour définir la matière de son roman. (79) Gide s’impose des difficultés avec ces règles qu’il se fixe et à partir desquelles il entend révolutionner l’art d’écrire un roman : “chaque nouveau chapitre doit poser un nouveau problème, être une ouverture, une direction,une impulsion, une jetée en avant -de l’esprit du lecteur – “(83)
Et c’est en cela qu Gide prétend imiter la vie : en reproduisant simplement des amorces de drame sans que ces derniers se poursuivent et se dessinent comme a coutume de les filer un romancier; (90) Lorsqu’il s’agit de mettre un point final à son travail, Gide prétend qu’il ne doit pas se boucler, mais s’éparpiller, se défaire . Et c’est au lecteur de procéder à l’inventaire et de fair les comptes; Le romancier lui a juste tiré le rideau du livre et refuse de faire les comptes ; “Tant pis pour le lecteur paresseux ” ajoute-t-il car “Inquiéter, tel est mon rôle ” (96)
En relisant attentivement le Journal, nous pouvons donc mieux comprendre à la fois les difficultés réelles de l’écrivain et ses projets d’écriture qui sont susceptibles de créer des difficultés aux lecteurs. Gide n’a pas envie d’offrir au public un roman convenu dont il a l’habitude mais une nouvelle manière d’écrire un roman qui pourrait bien le déstabiliser et le désorienter quelque peu .