04. avril 2020 · Commentaires fermés sur L’Horloge de Baudelaire : l’image du Temps · Catégories: Commentaires littéraires, Lectures linéaires, Première · Tags:
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Lorsque Baudelaire publie son recueil Les Fleurs Du Mal en 1857, il se situe encore au carrefour de trois influences majeures pour la poésie  au dix-neuvième siècle : le romantisme qui privilégie l’expression personnelle des sentiments, le symbolisme qui s’efforce de révéler le sens caché des choses au moyen des symboles ; l’expression des sentiments devient alors indirecte; et le Parnasse qui accorde une attention particulière à la forme et refuse l’engagement de l’Art ainsi que le préconise Théophile Gautier, son chef de file, dans une formule originale : “il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien” 

L’Horloge clôt la section du recueil intitulée “Spleen et Idéal” et il a pour thème principal le Temps . Comment le poète a-t-il choisi de représenter le Temps  qui passe ?   Plus »

20. mars 2020 · Commentaires fermés sur Le poète en oiseau : l’Albatros de Baudelaire · Catégories: Commentaires littéraires, Lectures linéaires, Première · Tags:
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  Le dix-neuvième siècle est  marqué par la succession de différents mouvements littéraires : le romantisme est contesté par les fondateurs du Parnasse et après eux, les Symbolistes définiront un nouvel art poétique. Charles Baudelaire se trouve  précisément au carrefour de ces trois courants . Son recueil Les Fleurs du Mal qui paraît  1857  fit scandale et lui vaudra un procès retentissant ; Le poète sera contraint de censurer des pièces jugées scandaleuses et de livrer ainsi , au public, une version expurgée de son recueil . Dans la continuité du mouvement romantique, on retrouve  des thématiques communes et notamment l‘expression du  mal de vivre, qui chez Baudelaire, s’amplifie et devient le Spleen . Nous verrons comment Baudelaire, dans « l’Albatros », propose une image du poète en oiseau; Il   oppose l’Idéal au Spleen,  et met en scène une vision pessimiste de la société, dans laquelle le poète ne trouve pas sa place. Plus »

04. mars 2018 · Commentaires fermés sur Ruy Blas : une scène d’aveu · Catégories: Commentaires littéraires, Première · Tags: ,
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Cet extrait de l’acte I du drame romantique de Hugo avait été retenu pour servir de base au commentaire littéraire de ce bac blanc; Le héros y avoue à son ami et aristocrate qu’il est amoureux de la reine et jaloux du roi d’Espagne alors qu’il n’est qu’un laquais. La question de corpus vous a mis sur la piste de la scène d’aveu et la gent edu la pièce pouvait également vous donner des indications sur la position du personnage et les points communs entre la tragédie ;  si les introductions en général montrent bien  que vous avez identifié le drame romantique , l’une des difficultés  principales consiste à trouver une problématique qui permette d’étudier les thèmes essentiels de ce passage. Certains d’entre vous sot partis sur une lecture politique critique : en effet, Hugo a chois dans cette pièce qui se déroule en Espagne de critiquer la monarchie espagnole mais le public de son époque perçoit , au delà du jeu des acteurs et du cadre de la fiction, la satire du gouvernement de Napoléon III . Voyons quels étaient les axes à privilégier ! 

 

Il s’agira d’étudier en quoi cette scène d’aveu remplit sa fonction dramaturgique (poursuivre l’exposition de la pièce) tout en annonçant déjà  la fatalité qui pèse sur la destinée du héros. 

  1. La dramatisation de l’aveu

1. Une scène de confidence : un aveu surprenant 

  • Le rôle de Don César est ici proche de celui du confident des tragédies classiques : sa présence justifie la prise de parole de RB (de façon plus vraisemblable que s’il s’était agi d’un monologue) et les révélations qui vont suivre. 
  • En effet, cette scène tirée du premier acte de la pièce constitue un prolongement de l’exposition : le dialogue entre le héros et son confident permet par le biais de la double énonciation de délivrer au lecteur/spectateur des informations essentielles et de mettre en place l’intrigue tout en suscitant son intérêt. 
  • Les réactions de Don César (interrogations et exclamations) sont d’ailleurs le miroir de celles que peut avoir le public face à l’aveu surprenant de RB. Ces interventions sont réduites à quelques syllabes, mais leur expressivité (interrogations et exclamations) participe à la dramatisation du passage.

2. Une libération progressive de la parole: des révélations successives 

  • Les brèves interventions de Don César divisent la prise de parole de RB en quatre répliques. Chacune d’elle constitue une étape et un nouvel aveu : l’aveu par RB de sa condition de laquais / l’aveu d’une passion dévorante / l’aveu de l’identité de la femme aimée / l’aveu de sa jalousie envers le roi.
  • La parole de RB semble se libérer au fil du passage : ses quatre répliques sont de longueurs croissantes (5 vers / 8 vers / 10 vers / 14 vers).
  • Cependant, ce qui caractérise le passage et crée sa tension dramatique, c’est plutôt l’hésitation entre libération et rétention de la parole  : l’aveu ne se fait pas sans détours et retardements.

3. L’amplification de la gravité de l’aveu

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  • Un effet d’attente est créé par la construction des répliques de RB qui prennent l’apparence d’énigmes : la seconde s’achève par une question (v. 13) à laquelle il répond immédiatement, mais cette réponse suscite plus d’interrogations encore ; la troisième se présente explicitement comme une devinette soumise à Don César et au public (« Tu ne devines pas ? » v. 21) et s’achève par l’aveu de l’amour éprouvé pour la reine ; la quatrième commence  par le présentatif « il est… » (v. 25) relancé par « il est un homme » (v. 26), mais la solution n’arrivera qu’au vers 37 : il est question du roi.
  • Chacun de ces aveux est précédé par des images, des hyperboles qui amplifient son caractère insensé.On y retrouve l’image du feu amoureux mortel , autre ressemblance avec l’univers de la tragédie classique et ses passions funestes. 
  • Des effets liés à la versification renforcent les effets d’attente et d’amplification, par exemple l’enjambement des vers 22 – 23 qui retarde la révélation de l’identité de la femme aimée

Ces détours, ces effets d’attente qui captent l’attention du lecteur/spectateur, mettent aussi en évidence la difficulté du personnage à avouer son amour insensé et douloureux pour la reine.

II. L’expression d’un amour impossible et douloureux

1. Un lyrisme exalté : le héros romantique sur scène 

  • L’amplification progressive des répliques évoquée plus haut traduit l’exaltation qui saisit peu à peu le héros.
  • Cette montée de l’exaltation est également retranscrite par les redoublements de termes (« être esclave, être vil » v. 9) ou  les gradations (« quelque chose / D’étrange, d’insensé, d’horrible et d’inouï » v. 15 – 16).
  • Le lyrisme passionné de RB s’exprime par un rythme saccadé que soulignent les nombreux tirets, l’emploi fréquent de la modalité exclamative, les interjections qui viennent entrecouper le propos ainsi que la succession parfois heurtée (v. 14) des verbes à l’impératif.

2. La puissance de la passion amoureuse

La violence de l’amour est suggérée par des images terrifiantes :

  • La métaphore de l’«hydre aux dents de flamme » (v.11)  exprime la souffrance intérieure du héros.
  • Elle est reprise au vers suivant par l’adjectif « ardent » (v.12) qui évoque une sensation de brûlure. L’idée d’étouffement est présente à travers l’expression « serre le coeur » (v.12).
  • L’amour provoque une véritable douleur physique, un mal qui ronge  la « poitrine », le « coeur ». 
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3. La conscience de la fatalité

  • L’amour impossible de RB pour la reine est associé à un « poison affreux » (v. 18), ce qui semble prémonitoire : RB mourra en effet en s’empoisonnant pour sauver la reine du déshonneur.
  • L’annonce d’un destin tragique est explicitement présente dans la troisième réplique de RB avec l’expression antithétique « une fatalité dont on soit ébloui » (v. 17) qui retrouvera dans l’expression soleil noir,chères à Hugo, son pendant poétique 
  • L’image du « gouffre où [s]on destin [l’] entraîne» (v. 22), omniprésente dans l’ensemble de la pièce, représente métaphoriquement cette fatalité qui pèse sur lui. D’autres termes (« creuse », « abîme », «noir ») font également écho à cette métaphore.

L’amour impossible de Ruy Blas pour la reine est donc l’un des aspects que prend la fatalité qui pèse sur sa destinée. Cette fatalité est étroitement liée à la condition sociale du personnage.

III. Ruy Blas, une incarnation de la fatalité sociale

  1. Une reconstitution historique
  • Les toponymes « Aranjuez » et « L’Escurial » ainsi que les noms des personnages aux sonorités hispaniques (nom de César précédé de Don) créent ce qu’on appelle la couleur locale, le cadre exotique souvent présent dans les oeuvres romantiques. Le drame se déroule en effet dans l’Espagne du XVIIe siècle.
  • Les v. 30-31 évoquent un usage particulier à la cour d’Espagne.
  • Il est sans doute possible de voir dans le tableau que brosse Victor Hugo de l’Espagne de la fin du XVIIe siècle dans la pièce un reflet de la France des années 1830 (époque de composition de la pièce). Hugo utilise ainsi le principe de distanciation que reprendra , par exemple, Anouilh en utilisant le mythe d’Antigone pour faire réfléchir le public de 1944 sur la politique de collaboration de la France occupée par les allemands .

2. La vision du roi par Ruy Blas, entre fascination et terreur

  • Le champ lexical de l’effroi (« terreur », « tremblant », « redoutable ») est très présent dans la longue tirade de RB sur le roi, un être redouté.
  • La toute-puissance royale est exprimée par la comparaison avec Dieu (v. 28) et par le rappel de son pouvoir de vie et de mort sur ses sujets (v. 31).
  • Le terme « fantaisie » évoque de façon péjorative le caractère arbitraire de ses décisions. 
  • Le roi est également présenté comme un être inaccessible et isolé.
  • Cependant, et même si la pièce reflète la réflexion politique et sociale de son auteur, le roi dont RB fait le portrait ne saurait être assimilé au monarque français contemporain de Victor Hugo, Louis-Philippe. La figure du roi sert surtout à mettre en évidence, par contraste, la position de RB et le caractère insensé, et par conséquent tragique, de son amour pour la reine.

3. Ruy Blas, un être déclassé

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  • Ruy Blas est un homme du peuple, mais l’éducation de qualité qu’il a reçue lui a permis de s’élever au-dessus de sa condition. C’est pourquoi il souffre de son statut de laquais. Son nom qui associe le patronyme aristocratique Ruy et le nom populaire Blas reflète ce déchirement.
  • La « livrée » désignée par la périphrase dégradante de « habit qui souille et déshonore », qualifiée d’ « infâme », représente la condition servile de RB, qui souffre de son déclassement.
  • Cet abaissement social est sans rapport avec les qualités de RB, homme d’honneur comme le montrera la suite de la pièce. C’est pourquoi Don César entretient une relation d’égalité avec lui comme le montrent la didascalie « lui serrant la main » ou l’apostrophe «Frère ! » par laquelle RB s’adresse à lui.
  • Il n’en reste pas moins que l’amour de RB pour la reine relève d’une incongruité sociale insurmontable, ce que met en évidence la jalousie du héros envers le roi, sentiment présenté comme grotesque au v. 37. Le caractère grotesque de la situation est renforcé par le prosaïsme des expressions employées par RB : au v. 39, la reine est rabaissée par la trivialité de l’appellation « femme du roi ».

Ainsi, cette scène d’aveu est essentielle à la pièce puisqu’elle prolonge l’exposition en mettant en place l’intrigue. La révélation par Ruy Blas de sa passion insensée pour la reine est également l’occasion pour Victor Hugo de nouer étroitement deux thèmes essentiels du drame, celui d’un amour exacerbé par la conscience tragique de son impossibilité et celui de la fatalité sociale qui pèse sur le héros.

Les ouvertures possibles : la fatalité amoureuse au théâtre ( comparaison avec Phèdre ou d’autres tragédies qui reposent sur une passion funeste ou un amour impossible  ); un amour condamné par la différence de statut  sociale des amants . 

08. mars 2017 · Commentaires fermés sur Commentaire littéraire : Rhinocéros : L’exposition · Catégories: Commentaires littéraires, Première · Tags:

 En guise d’introduction …

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La pièce de Ionesco, Rhinocéros est quelque peu étrange pour le spectateur à l’image de son titre énigmatique ;  Elle fait partie du théâtre de l’absurde qui se donne comme objectif de montrer  une certaine forme d’absence de sens de l’existence . Une épidémie de rhinocérite transforme brusquement les habitants d’une petite ville en pachydermes brutaux ; tous vont-ils y succomber ou certains résisteront-ils à cette épidémie. L’exposition s’ouvre avec comme décor la place d’un village , plus précisément la terrasse d’un café; deux amis  Jean et Béranger discutent et leur conversation va être interrompue par l’arrivée d’un troupeau de rhinocéros . Comment Ionesco parvient-il à faire surgir l’absurde d’une situation qui paraît banale?..Nous verrons tout d’abord qu’il s’agit d’une scène de la vie quotidienne perturbée par un événement fantastique qui annonce la tragédie à venir. 

Vous trouverez ci -dessous le plan détaillé du commentaire littéraire de ce texte proposé au bac blanc …

 

A Une scène de la vie ordinaire

1/ Des personnages ordinaires aux relations stéréotypées 

  • Personnages nombreux sur la scène.
  • Déterminant défini générique qui renvoie à un ensemble, à une catégorie que les personnages représentent : L’épicière…
  • Désignation des personnages fantaisiste : prénoms ou fonction ou désignation vague « Le vieux monsieur »
  • Des rapports de force marqués entre les personnages (sexe/social/ professionnel)

2/ Une dispute entre amis  

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  • Discussion autour de thèmes en apparence banals : la routine du travail « Tout le monde travaille […] tous les jours » ; les congés.
  • Ton véhément de Jean qui introduit un rapport agonistique dans la conversation : répétition de « moi aussi », répétition du marqueur d’opposition « pourtant », interjection « que diable !… » ; comparatif de supériorité « mieux que… » ; interrogation rhétorique « seriez-vous une nature supérieure ? » # Négations de Bérenger.
  • Jean est jaloux des relations sociales de Bérenger : ton ironique « Si vous vous en souvenez » et acrimonieux avec la répétition de « notre ami Auguste ? » + interrogations rhétoriques « Y suis-je allé moi ? » = mauvaise foi de Jean marquée par l’absence de logique de sa réfutation. 

 

3/ Une action routinière dans un cadre spatio-temporel réaliste

  • Un café ; une épicerie 
  • « Bonjour, Messieurs que désirez-vous boire ? » 
  • Une identification qui se fait par les lieux et le mode vestimentaire : chapeau mou, canne à pommeau d’ivoire ; petite moustache grise 
  • « La poussière soulevée par le fauve, se répand sur le plateau »➔Il n’y a plus rien à voir : scène peu importante…
  • Réduction de l’importance de la scène : « Il me semble, oui, c’était un rhinocéros »

 

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ion1.jpg, mar. 2017

B Un événement fantastique

  1. Un événement préparé et prolongé par le hors-scène
  • « A ce moment on entend le bruit très éloigné, mais se rapprochant vite, d’un souffle de fauve et de sa course précipitée, ainsi qu’un long barrissement. » ➔L’action est soustraite aux yeux des spectateurs, seule une bande sonore capte notre attention annonçant un bruit insolite et animal qui reste indéterminé.
  • « Bruits devenus énormes ; bruits de galop d’un animal puissant et lourd ; tout proches ; très accélérés » ➔ maintien du suspens + accroissement de la tension du spectateur et du lecteur à mesure que les bruits se rapprochent.
  • « en provenance de la gauche des “oh ! des “ah des pas de gens qui fuient. La poussière, soulevée par le fauve, se répand sur le plateau » ➔ les didascalies externes indiquent encore que l’événement se résume aux conséquences du passage du rhinocéros. Les spectateurs ne semblent pas le voir, ils ne peuvent que se l’imaginer en entendant les cris d’effroi ou de surprise des personnages qui se trouvent maintenant dans le hors scène côté cour. Mais à la bande sonore s’ajoute ici l’élément visuel de la poussière qui explique sans doute pourquoi le rhinocéros ne paraît pas à nos yeux. Cela accentue le mystère qui entoure cette apparition fugace.

 

2 Un événement inexplicable

  • Onomatopées + Phrases nominales + Modalités interrogative et exclamative ➔ surprise des personnages qui ne s’attendait pas à voir un rhinocéros en liberté.
  • « Oh ! un rhinocéros ! » ➔ caractère insolite de la présence du pachyderme dans une petite ville de province, où il n’y a ni cirque ni zoo.
  • « Les bruits produits par l’animal s’éloigneront à la même vitesse » + « tomber » x2 + « une bouteille se brise » ➔ Un événement fugace et violent. Nous ne savons d’où vient le rhinocéros, il renverse tout sur son passage et d’ailleurs il disparaît aussi vite qu’il apparaît nous laissant dans l’incapacité d’expliquer quoi que ce soit. Rien ne justifie sa présence et sa course effrénée.

3 Un événement bouleversant

  • « Mais qu’est-ce que c’est ? » x2 ; « Oh ! », « ah ! » ; « il remue les lèvres ; on n’entend pas ce qu’il dit » ➔ Cet événement provoque l’incompréhension et le désordre dans les discours des personnages qui devient cacophonique et inaudible.
  • « fait tomber sa chaise » « laisse tomber son panier, ses provisions se répandent sur la scène » ➔ Les objets se renversent comme le laisse entendre les verbes tomber et répandre et manifestent sans doute, de façon symbolique, le bouleversement des personnages qui ne se maîtrisent plus et ne les maîtrisent plus.
  • « Le Vieux Monsieur élégant […] se précipite dans la boutique des épiciers, les bouscule, entre, tandis que le Logicien ira se plaquer contre le mur » </i>; « des pas de gens qui fuient » </i>; « Ce que j’ai eu peur ! »➔ L’événement est encore une source d’actions qui traduisent la peur des personnages comme le dénotent les verbes ainsi que la forme exclamative et emphatique de la réplique finale de la ménagère.

C/  Une scène qui révèle l’absurdité des hommes et annonce le tragique à venir

  1. Une existence humaine comique
  • Le comique du langage : répétitions
  • Comique de situation : « Bérenger, toujours indolent » ; « il remue les lèvres ; on n’entend pas ce qu’il dit ».
  • « se lève d’un bond, fait tomber sa chaise en se levant »# « Bérenger, toujours un peu vaseux, reste assis »// « se précipite », « les bouscule », « le logicien ira se plaquer contre le mur du fond » ; « éternue »/ « éternue »/ « se mouche » ➔ Comique de farce

 

2 . Des répliques qui marquent la faillite du langage

  • Impossibilité de s’entendre : « criant presque pour se faire entendre ».
  • Le  sens du mot « devoir » est ramené à son degré le plus bas (décalage entre l’abstrait et le concret)
  • Décalage que l’on retrouve dans les postures des personnages
  • Une parole appauvrie qui se réduit à des monosyllabes
  • Une parole illogique : « et pourtant vous me voyez » conclusion étrange si on ne se réfère pas à la situation d’énonciation et à la gestuelle qui doit accompagner le discours (ici l’absence de didascalies nourrit l’équivocité et souligne l’absurdité d’un logos déraisonnable) // « Tout le monde doit s’y faire. Seriez-vous une nature supérieure ? » // « C’est peut-être justement que vous n’avez pas été invité ! »

 

3. Une existence dont la vacuité semble devoir être comblée par la violence.

  • « Tout le monde travaille […], moi aussi […] je fais tous les jours mes huit heures de bureau » ; « je n’ai que vingt et un jour de congé par an » ➔ sentiment d’asservissement au travail
  • « Et pourtant vous me voyez »➔ l’absence de didascalies qui explique la situation d’énonciation dans laquelle est prononcée cette réplique rend possible l’interprétation philosophique ou ontologique selon laquelle l’existence de Jean et des gens qui lui ressemblent (l’homonymie nous autorise encore cette explication) se réduit à une simple présence sans véritable pensée digne de ce nom.
  • « je ne m’y fais pas, à la vie » ➔ Difficulté de vivre et souffrance de l’homme obligé de supporter sa condition.
  • « bruits forts », « énormes », « Il fonce droit devant lui, frôle les étalages ! », « Viens voir ! », « Tous suivent du regard […] la course du fauve » ➔ Attirance et fascination pour la violence comme le traduisent les jeux de regards et la curiosité des personnages spectateurs de leur propre Histoire. Ce jeu de regard reflète d’ailleurs le public encouragé à réfléchir sur sa position devant la scène mais également devant le théâtre du monde (il s’agit là d’une mise en abyme). Dans ce cadre le rhinocéros serait une manifestation métaphorique des totalitarismes qui sévissent encore après la Seconde Guerre mondiale.

CCL. : Résistance de Bérenger qui agit à contre-courant mais cela est-il dû aux effets encore persistants de ses libations ? Est-il un original ou s’oppose-t-il consciemment aux réactions de la foule ?