10. septembre 2024 · Commentaires fermés sur Portrait d’une femme révolutionnaire : Olympe de Gouges · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première · Tags: , , ,
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Si l’on compte de nombreux hommes parmi les figures révolutionnaires comme Robespierre, Mirabeau, Danton ou Saint-Just, certaines femmes défendirent également les idées et les valeurs qui agitèrent la société française en ces temps mouvementés . Parmi elles, on peut citer l’épouse de celui qui fut Ministre de l’Intérieur en 1791, Madame Roland, qui mourut exécutée avec les députés girondins ; Et une certaine citoyenne Mademoiselle Olympe de Gouges ; Elle combattit notamment pour l’égalité des droits entre le sexe  prétendu fort et le sexe qu’on nomme faible : celui des femmes . Voici quelques éléments de portrait et une partie de ses écrits. Plus »

02. septembre 2024 · Commentaires fermés sur Olympe de Gouges : petite histoire du féminisme · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première · Tags: , ,

Le mot féminisme n’a pas bonne presse : il rime souvent avec revendications et agressivité ; Souvent moquées , parfois critiquées, les féministes ne se ressemblent pas toutes . Nous allons donc arpenter les couloirs de l’Histoire et les coulisses de la fiction afin de mieux comprendre ce que veulent ces femmes , ce qu’elles combattent et ce qu’elles défendent selon les époques. Voilà notre feuille de route .. .

Avec beaucoup d’humour, Chimamanda Ngozie Adichie cherche à changer les esprit set les mentalités : sa prise de parole se fonde souvent sur des anecdotes personnelles; Elle introduit son propos en évoquant les paroles de sa mère ; Cette dernière lui a appris que quand on est une femme , on doit toujours sourire et se marier afin d’avoir des enfants . Elle pense que “parce qu’on est une femme ” “because you are a woman”  ne devrait jamais servir d’argument pour nous inciter à accomplir quelque chose; Elle conclut son discours en conseillant aux femmes de ne pas faire taire la petite voix qu’elles ont en elles et qui leur signale quand une situation est injuste . Elle rappelle qu’il faut apprendre, aux jeunes femmes , que l’amour ce n’est pas seulement un don de soi ; En amour, on doit donner et prendre, recevoir autant que l’on donne.  Plus »

15. avril 2022 · Commentaires fermés sur De l’utilité de la poésie : un vieux débat ! · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Divers · Tags:
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Disserter sur l’utilité de la poésie revient en fait à débattre autour de la notion même d’utilité ; En effet, les mots provocateurs de Théophile Gautier ” il n’y a de beau que ce qui est inutile ; Tout ce qui est utile est laid” tendent à opposer  de manière gun peu caricaturale et provocatrice deux aspects de la poésie ; On comprend que si la poésie se fixe un but utilitaire, elle perd sa beauté et s’enlaidit à vouloir servir à quelque chose ; Gautier critique ainsi un certain usage de la poésie et  les faiseurs de rimes qui critiquent la société dans leurs poèmes ou délivrent une morale ; Mais n’est ce pas oublier que dès l’Antiquité, Horace exigeait de la poésie qu’elle allie le plaisir à l’enseignement ; Sa devise qui a été adoptée par de nombreux poètes, au cours des siècles , docere placereque a été illustrée par les membres de la Pléiade, La Fontaine, Voltaire et Hugo.  En effet, Du Bellay allie lyrisme personnel et poèmes engagés ; Hugo également .Une bonne idée consistait donc  à partir du fait qu’on peut distinguer plusieurs types d’utilité : une dimension collective avec la poésie satirique ou morale ou la poésie épique qui chante la gloire d’un pays ou d’un héros  et une dimension individuelle avec le lyrisme personnel  qui peut accèder   à une dimension universelle quand il célèbre l’amour, la mort ou le mal de vivre .  De plus, on pouvait aboutir aux mêmes réflexions en se demandant à qui la poésie est -utile  ? Les lecteurs partageront les sentiments et les émotions des poètes alors que les détracteurs de la poésie nieront toute forme d’utilité personnelle. En résumé, avant de démarrer à la recherche de vos illustrations, encore fallait -il s’interroger sur la notion d’utilité et en déterminer différents degrés. Ce qui est utile pour moi peut l’être moins pour un homme d’une autre époque ou quelqu’un qui ne lit pas .

L’introduction devait donc poser clairement la question et montrer que le débat chez les poètes était déjà en cours depuis l’Antiquité. Ne citez pas forcément de noms dans vos introductions mais précisez toujours votre plan avant de passer une ligne : voici un exemple d’introduction 

“le poème , cette hésitation prolongée entre le son et le sens” , comme le qualifia Paul Valéry, a-t-il une véritable utilité? Le poètes jouent-ils un rôle de premier plan à leur époque et face à l’histoire qui les juge ? Ces questions sont largement débattues depuis l’Antiquité et la naissance même de la poésie ; Platon, en effet, souhaitait bannir les poètes de la Cité car selon le philosophe grec, ils éloignent les hommes de la vérité en déformant le langage avec leur imagination ; Pourtant les poètes étaient considérés à l’image de leurs représentants Orphée et  Apollon comme des messagers divins porteurs de paroles sacrées; A qui la poésie peut -elle être utile ? à un pays, à un homme, à son auteur ? et quand on évoque la notion d’utilité, ne peut-on y distinguer différents paliers comme l’utilité pratique , l’ usage qu’on peut faire de connaissances utiles , l’utilité morale ?  Pour répondre à ces questions, nous étudierons dans un premier temps les poètes qui croient fortement à leur mission d’utilité publique avant d’aborder, dans un second temps ,le point de vue des artistes qui se montrent plus réservés sur la notion d’utilité de l’art; Dans un dernier temps nous verrons comment certains poètes ont su mêler à des époques différentes , au sein de leurs oeuvres, les deux courants . 

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Analyse de l’introduction : après avoir situé le débat, et interrogé la notion même d’utilité, le plan est composé de 3 parties : la thèse favorable à une forte utilité de la poésie, l’antithèse qui montre les réserves de certains poètes, leur désaccord et enfin la synthèse qui rassemble les oppositions et démontrent leur coexistence ; Une dissertation , en effet, dépasse les contradictions apparentes pour parvenir à une vue unifiée  sur la question. 

Si vous êtes convaincus que la poésie peut être  parfois utile, alors commencez par le démontrer ; Ce sera votre thèse donc votre première partie. Dans un second temps, vous développerez une antithèse qui ne dira pas le contraire de ce que vous venez d’écrire mais qui nuancera vos propos et fera apparaitre à des avis divergents ou partagés sur l’utilité de la poésie. 

Florilège de citations à répartir à propos de la poésie : entrainez-vous à les insérer au sein du plan 

“je serai , sous le sac de cendres qui me couvre, la voix qui dit Malheur, la bouche qui dit Non”  Hugo dans “Ultima Verba”, dernière partie de son recueil Les Contemplations 

“un instrument au service d’idées  pour émouvoir et rallier les lecteurs ” : Voltaire 

“la poésie est un art de langage, un art de vivre , un instrument moral ” Eluard  

le poète doit marcher devant les peuples comme une lumière  Hugo ; il traite certains poètes de “chanteurs inutiles ” ;

le poète est un simple accompagnateur pour Baudelaire “compagnon de voyage ” dans l’Albatros.

le poète est un Multiplicateur de Progrès pour   Rimbaud

la poésie est un “aboli bibelot d’inanité sonore ” Mallarmé 

les résistants ont écrit des poèmes pour qu’on se souvienne des héros morts au combat  “Strophes pour se souvenir ” 

“sans le poète lombric et l’air qu’il lui apporte, le monde étoufferait sous les paroles mortes ”  Rougeaud définit le  poète comme un  porteur d’oxygène qui renouvelle notre vision du monde 

“luciole dans les noires broussailles de la cité ” Barbier : poète éclaireur moderne

“ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir ” Césaire voit le  poète comme un  porte-paroles des opprimés à rapprocher par exemple de la citation de V Hugo 

“la poésie est une insurrection ” Pablo Neruda : vif appel à l’engagement lui qui s’est battu tout est vie contre la dictature militaire dans son pays

“Un poète n’est pas plus utile à l’ Etat qu’un bon joueur de quilles ” Malherbe doute de l’efficacité de la poésie sur le plan de la Nation 

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En résumé, il s’agissait de confronter dans votre démonstration, les témoignages des poètes favorables à une certaine utilité de la poésie peut être en les classant du plus engagé au moins engagé (pour amorcer la transition avec la seconde partie); ensuite de restreindre cette notion d’utilité collective à une dimension plus individuelle (le lyrisme personne en effet est souvent très utile pour le poète lui-même sur le plan individuel  car celui lui permet d’exprimer ses sentiments, d’en prendre conscience et de les expulser, en quelque sorte, de son esprit ) ; Même la notion de jeu , de délassement peut avoir une certaine utilité mais beaucoup moins marquée que celle de porte-paroles du Peuple ou passeur de mémoire . Enfin, une dernière parti aurait pu prendre comme exemple, les poètes qui ont mêlé dans leur carrière et leur parcours poétique, différents aspects de la poésie (Hugo bien sûr, Eduard, Aragon, Char ) 

Exemple de plans : retenez les articulations logiques et mettez des illustrations pour chaque sous-partie; Soignez vos enchainements !

1 ;Les poètes : des guidesdes poètes qui sont utiles pour la collectivité )

a) éclairer le Peuple : Hugo

b) faire entendre des oppositions  

c) accompagner les révolutions : Neruda, Rimbaud, les surréalistes 

2, les poètes :  des compagnons ( une poésie qui est surtout utile au poète lui-même )

a) partager des émotions (lyrisme personnel ): Baudelaire

b) partager une expérience esthétique ; 

c) se consacrer à la Beauté uniquement  : Parnasse, Gautier, Surréalisme (assure transition avec troisième partie ) 

3. les poètes qui croient aux pouvoirs des  mots 

a) Hugo : du mage romantique à l’ennemi de Napoléon

b) poètes résistants et amoureux 

c) l’idéal classique : plaire et instruire    La Fontaine et les fables ; utilité réelle ? 

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Erreurs fréquentes : la poésie peut être détachée de toute forme d’engagement politique: elle n’en demeure pas moins utile pour le poète car elle lui permet  d’exprimer des émotions et des sentiments personnels qui peuvent toucher le lecteur ; l’utilité n’est pas uniquement liée à l’engagement politique 

Il ne faut pas opposer abruptement poésie utile et à la ligne suivante décréter que toute poésie est inutile : soyez mesurés dans vos propos et indiquez que l’utilité de la poésie est une frontière mouvante et qu’il est bien difficile de quantifier l’utilité même de l’Art. 

Les conclusions : elles ne doivent pas ouvrir de manière artificielle sur un courant littéraire ou une autre question . La seule ouverture intéressante consistait à passer du domaine poétique au domaine artistique et de se demander si la notion d’utilité était pertinente pour interroger le rôle d’une création artistique .

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Une variante de ce sujet : le poète doit-il rester dans sa chambre , enfermé dans sa tour d’ivoire, séparé du monde par une vitre  ou au contraire, doit-il descendre dans la rue ? Le débat cette fois va s’articuler autour de la notion de participation de l’artiste à des événement politiques ; son art doit -il être le reflet des préoccupations sociales et historiques ou l’artiste doit -il demeurer à l’écart des soubresauts du monde ? autrement dit cela revient à justifier l’engagement ou à dire que le véritable artiste tend à l’impartialité et demeure observateur du monde pour mieux pouvoir l’analyser . Entrainez-vous à faire un plan détaillé ….

27. janvier 2022 · Commentaires fermés sur Parcours : Ecrire et combattre pour l’égalité hommes / femmes · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première · Tags: , ,

Le féminisme a  débuté avec la prise de conscience du sort des femmes ,considérées souvent comme inférieures en droits notamment, à leurs homologues masculins . En écrivant, en manifestant, dans la rue ou dans des salons , elles ont cherché à faire valoir leurs arguments et elles ont combattu pour obtenir des droits qu’elles estiment légitimes . Chaque époque a imposé ses revendications et ses luttes et de nombreux hommes ont pris part, eux aussi, à la défense des droits des femmes. Les textes que vous trouverez en pièces jointes sont des témoignages des différentes phases de ces revendications ; Ils datent du siècle des Lumières mais également du dix-neuvième siècle et certains témoignages sont contemporains. Plus »

29. mai 2021 · Commentaires fermés sur L’alchimie dans les Fleurs du Mal : parcours thématique de la boue à l’or · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première

Quel rapport entre l’alchimie, cette pratique qui peut s’apparenter à de la magie et  qui transforme le plomb en or et l’alchimie poétique ? Tout d’abord le poète apparaît comme un magicien ; celui qui a le pouvoir de changer ce qu’il voit, de transformer la boue en or, le laid en beau , le Mal en Fleur .

L’alchimie est d’abord présente dans le recueil  sous plusieurs formes

  • avec le titre de certains poèmes comme Alchimie de la Douleur , par exemple, un sonnet de Spleen et Idéal . Le poète y révèle que la douleur règne sur son imagination et qu’elle le transforme en celui qui change “l’or en fer ”  et le paradis en enfer” ; il se compare au “plus triste des alchimistes ” .  L’alchimie à laquelle fait référence Baudelaire fonctionne donc ici  à l’inverse de la magie . On peut parler d’une alchimie inversée .
  • Le terme alchimie renvoie également au domaine de la magie et des sciences occultes et on trouve dans les FDM une série de références à des créatures fantastiques : l’alchimie est une sorte de trait d’union entre le monde visible et le monde invisible peuplé de créatures telles que les fantômes , les revenants, les spectres, le Diable et toutes ses incarnations et les figures féminines des sorcières et autres succubes . Le poète est celui qui est en relation avec ce monde fantastique qui peuple son imaginaire et qu’il s’emploie à faire renaître sous sa plume. Il est celui qui permet les Correspondances entre les mondes .
  • L’alchimiste c’est surtout celui qui est capable d’opérer la transformation de ce qui est en quelque chose de nouveau, de différent et à ce titre , toute création poétique, artistique, peut s’apparenter , au sens large à une sorte d’alchimie car elle transforme ce qui est vil en ce qui est noble, et nous enchante en créant des associations sonores et verbales . La poésie transfigure le quotidien et nous met en relation avec les secrets du Monde : le poète est, à la fois  celui qui comprend d’autres langages, celui des choses inanimées, de la Nature et des puissances invisibles et celui qui invente un langage magique, mystérieux  , réservé à des initiés , une véritable “sorcellerie évocatoire “ ; Qui de la boue ou de l’or l’emporte dans Les Fleurs du Mal ? Plus »
20. février 2021 · Commentaires fermés sur Parcours autour du spleen baudelairien dans Les Fleurs du Mal · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première · Tags: ,

Si tous s’accordent à définir le spleen baudelairien comme un univers à part entière, il peut prendre diverses formes selon les poèmes; Effectuons ensemble un rapide tour d’horizon des composantes du Spleen en repérant, à travers l’oeuvre, les principales pièces qui abordent cet univers sombre. Son lien avec l’alchimie peut être défini de la manière suivante: sous l’effet du spleen le monde se transforme en une source d’ennuis:  les paysages se métamorphosent , des créatures inquiétantes naissent de l’esprit tourmenté du poète et son Moi prend des allures de tombeau . 

Les Fleurs du Mal s’ouvrent sur une première section intitulée Spleen et Idéal  qui comporte plus de 80 poèmes : Baudelaire y dessine des frontières mouvantes entre deux mondes; Le monde Idéal est lumineux, aérien , ensoleillé et rempli d’amour “ Là tout n’est qu’ordre et beauté, luxe calme et volupté ” écrira- t-il dans Invitation au Voyage; Le seconde versant , celui du Spleen est marqué par l’obscurité, la tristesse et la solitude .  Le malaise existentiel du poète culmine avec l’allégorie de l’Angoisse , cette figure atroce qui terrasse l’esprit du poète . Alors son esprit cherche à s’élever, à fuir la noirceur du quotidien , cette “existence brumeuse ” peuplé de “miasmes morbides “  ( Elevation ) mais il a l’impression de demeurer prisonnier, de ne  pas pouvoir s’échapper  . La Muse malade décrit ces “visions nocturnes” qui mêlent horreur et folie, dans les matins “froids et taciturnes”; Le poète personnifie souvent les éléments du décor et compose des paysages  intérieurs , qui reflètent l’état de son âme ; Beaucoup de pluie donc dans son Spleen et l’automne et l’hiver sont ses saisons mentales . Le analogies avec les cauchemars sont également nombreuses.  La Muse vénale  évoque ces “noirs ennuis des neigeuses soirées “ et le froid mortel qui semble envahir le poète , qui se voit contraint de mendier pour ne pas mourir de faim. Dans le  sonnet suivant , le Mauvais moine,le poète compare d’ailleurs son âme à un “tombeau que mauvais cénobite, depuis l’éternité je parcours et j’habite” . La laideur et le sentiment d’enfermement sont les dominantes de cette description et l’artiste rêve justement de pouvoir transformer  le “spectacle vivant de ma triste misère  ” en façonnant des poèmes  qui montreront une image différente de ce Mal qui le ronge  . Plus »

01. novembre 2020 · Commentaires fermés sur La place de la flatterie dans les Fables : paroles flatteuses, paroles trompeuses et paroles sincères. · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première

Lorsqu’on découvre les recueils de fable écrits par Jean de La Fontaine à la fin du dix-septième siècle, on constate que de nombreuses fables mettent en scène une parole codifiée , parfois empêchée: celle des courtisans,  qui semble centrale  et imite les usages de la Cour dont elle se veut un miroir critique . On y rencontre aussi, au fil des anecdotes, l’éloquence des beaux parleurs: la parole trompeuse de ceux qui cherchent à se concilier les grâces des puissants ou à échapper à leur vindicte. Réussit-on, dans les fables, à se sortir des situations périlleuses grâce à son éloquence ? Le langage est-il  uniquement l’arme des puissants ? Quels types de discours entend-t-on dans les Fables ? Nous verrons tout d’abord que la flatterie occupe une place centrale dans les Fables ; Nous montrerons ensuite qu’on entend aussi souvent le discours du fabuliste ; Dans un dernier temps, nous tenterons de prouver que la voix de la raison ne triomphe pas nécessairement . Plus »

04. avril 2020 · Commentaires fermés sur Le poète doit-il sortir de sa tour d’ivoire et ouvrir la fenêtre sur le monde pour descendre dans la rue ? · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Divers · Tags:
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 Voilà la question qui va servir de support à une dissertation sur le sujet du rôle du poète dans la société . Qu’est-ce que la poésie et qui sont le poètes au fil des siècles ? Comment conçoivent-ils leurs rapports avec la société, l’art , la politique? pas facile de répondre à ces questions d’une seule voix car les poètes ne sont pas tous d’accord entre deux sur les réponses à apporter. La connaissance de l’histoire de la poésie ainsi que la connaissance de ce qu’ont dit les poètes à propos de leur art , sont deux réservoirs d’idées à partir desquels vous pourrez articuler votre réflexion personnelle qui servir are base à la démarche de la dissertation. A partir du document ci -dessous, vous allez pouvoir résumer les positions de quelques poètes du dix-neuvième siècle comme Baudelaire, Rimbaud, Gautier, Mallarmé. Lisez le document et effectuez des regroupements qui finiront par composer un plan de dissertation 

Au cours du XIXe siècle, certains écrivains récusent l’engagement politique et social de leurs prédécesseurs, les « prophètes » romantiques, pour se replier sur des valeurs esthétiques et formelles. Cette « dépolitisation de la littérature »  réagit à l’avènement au pouvoir, dès 1830, de la bourgeoisie conservatrice. Charles X restaure la censure et la liberté d’expression est menacée.Théophile Gautier est le fondateur de la doctrine de l’art pour l’art. Dans la préface de Mademoiselle de Maupin (1835), il oppose le beau, valeur esthétique de l’artiste, à l’utile, valeur bourgeoise par excellence : « Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ». Ce rejet de l’utilitarisme et cette revendication d’une autonomie de l’art récusent d’une part la morale dans la littérature, d’autre part l’action sociale et les partisans d’un art social, souvent proches de l’opposition au pouvoir.

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Gautier 

L’image de la fenêtre symbolise cette dissociation de l’art et de la politique. Elle apparaît déjà, sous la plume de Gautier, dans la préface d’Albertus (1832) : « L’auteur du présent livre n’a vu du monde que ce que l’on en voit par la fenêtre, et il n’a pas envie d’en voir davantage. Il n’a aucune couleur politique ; il n’est ni rouge, ni blanc, ni même tricolore ; il n’est rien, il ne s’aperçoit des révolutions que lorsque les balles cassent les vitres ». En 1852, au moment où l’hégémonie bourgeoise culmine avec l’effondrement sanglant des espoirs républicains et l’instauration du Second Empire, Gautier reprend le thème du poète travaillant toutes « vitres fermées » sur les désordres politiques de la rue  C’est tout particulièrement le poème intitulé « L’art » (1957), repris dans l’édition définitive d’Emaux et Camées (1872), qui sert de manifeste littéraire à la doctrine de l’art pour l’art. Le travail poétique y est réhabilité, par opposition à l’immédiateté de l’épanchement lyrique, mais aussi au travail utilitaire visant à la production des marchandises.  Gautier revendique une poésie plastique, sculptée comme un marbre antique . Les matériaux précieux de l’onyx ou de l’agate auxquels est comparé le vers poétique supposent une nature  traitée comme ornement et extraite de tout contexte d’expérience, au contraire de la profondeur du paysage romantique. Le vers est bref, lapidaire et tranché, contrastant avec l’ampleur de l’alexandrin. Le poète devient artisan, orfèvre et sculpteur de mots.

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Théodore de Banville 

Cette tendance esthétique est présente chez de nombreux  d’auteurs, comme Baudelaire qui dédie à Gautier ses Fleurs du Mal, mais aussi Flaubert et son idéal d’un « livre sur rien », d’un livre « qui se tiendrait lui-même par la force interne de son style ». L’éducation sentimentale raille d’ailleurs l’engagement brouillon du poète Lamartine dans la révolution de 1848, en ironisant sur son impuissance politique. Surtout, la doctrine de l’art pour l’art aboutit à la création du mouvement parnassien, avec la publication en 1866 d’un recueil collectif intitulé Le Parnasse contemporain. « L’art » de Gautier devient l’art poétique des parnassiens, qui radicalisent la minéralisation néoclassique du langage poétique . Le fameux « Vase brisé » de Sully Prudhomme désigne la cristallisation glacée du sentiment, le vase étant une figure du coeur transi, mais aussi du poème lui-même en tant qu’objet esthétique. Si la brisure du vase est sentimentale, elle indique toutefois une tension constitutive de l’idéal parnassien, entre un absolu de la perfection formelle et les innovations modernes. Le Parnasse se fige dans un conservatisme académique et dans une logique d’exclusion, rejetant des poètes qui ont participé à ses débuts, comme Mallarmé ou Verlaine, et qui seront au coeur de l’émergence symboliste. Quant à Rimbaud, dont Le Parnasse contemporain a refusé trois de ses premiers poèmes, il parodie la préciosité idéaliste dans « Ce qu’on dit au poète à propos de fleurs », un poème qu’il adresse à Théodore de Banville avec une lettre toutefois fort admirative. Contrairement au désengagement politique des tenants de l’art pour l’art, Rimbaud prend parti pour les insurgés de la Commune (1871) et rédige des poèmes communards.

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Jean Moréas

1886 est l’année du tournant du Parnasse au symbolisme, avec la création de la revue La Vogue, où paraissent la plupart des Illuminations de Rimbaud, et la publication, dans Le Figaro du 18 septembre, du manifeste symboliste de Jean Moréas : « la poésie symbolique cherche  à vêtir l’Idée d’une forme sensible ». Moréas prône une conception analogique de la réalité matérielle, qui serait en continuité avec une essence idéale : « Tous les phénomènes concrets ne sauraient se manifester eux-mêmes : ce sont là des apparences sensibles destinées à représenter leurs affinités ésotériques avec les Idées primordiales ». Toutefois, cet idéalisme absolu de la pensée symboliste est parcouru de paradoxes. Par certains aspects, il engage un matérialisme absolu qui tient à la conception du symbole comme « forme sensible » de l’idée.  Le poète symboliste se pose ainsi en récepteur d’un rythme universel, dont il traduit passivement les « vibrations » en symboles expressifs. Dans le Traité du verbe (1886), René Ghil instaure un système de synesthésies verbales fondé à la fois sur la physique ondulatoire et sur une métaphysique de la pensée. « Le Son peut être traduit en couleur, la Couleur peut se traduire en Son », parce qu’une totalité cosmique, unissant la matière et l’esprit, vibre d’une même pulsation universelle.

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Stéphane Mallarmé

Cette idée  symboliste de la continuité, Mallarmé la met en évidence en relevant dans Crise de vers l’émergence du vers libre . Il s’agit de la plus importante innovation formelle du symbolisme avec le monologue intérieur . Rompant avec la mesure syllabique du mètre, le vers libre vise à restituer une « unité de pensée » ou de « signification » , c’est-à-dire une unité rythmique – . Mallarmé lui-même « touche » peu au vers, restant attaché aux potentialités structurales de l’alexandrin ;  D’une manière générale, la trajectoire de Mallarmé va du Parnasse au symbolisme.

Dans le texte encore parnassien des « Fenêtres », Mallarmé reprend le poème-vitre de l’art pour l’art, tout en révélant sa matérialité formelle. Le poème met en scène un moribond à sa fenêtre d’hôpital, figure du poète en quête de « l’azur ». Le poète pour Mallarmé est séparé du monde par une vitre .

Dans Crise de vers (1886-1996), manifeste de la poésie pure, Mallarmé associe un idéalisme du signifié poétique  à une matérialité du signifiant poétique, dans ses dimensions visuelles et sonores. Le signe absente la chose, révélant sa propre identité sensible. « Je dis : une fleur ! et […] musicalement se lève, idée même et suave, l’absente de tout bouquets. »  La poésie devient  Aboli bibelot d’inanité sonore .

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Les symbolistes

 

 

25. novembre 2019 · Commentaires fermés sur Le thème du mensonge dans Les Fables : dissertation .. · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première · Tags: ,

Vérité et mensonges dans les Fables .

Cette dissertation consiste à examiner la place des mensonges dans les Fables au programme cette année afin d’ en déterminer à la fois l’importance et la variété. La première étape du travail de la dissertation consiste donc à faire l’inventaire des différents mensonges rencontrés dans les récits; Ensuite, il convient de se demander quel rôle joue le mensonge, qui ment et quelles sont les conséquences des mensonges pour les forces en présence; On peut également classer les mensonges : on séparera, par exemple, les mensonges bénéfiques et ceux qui nuisent à autrui ou qui ont des conséquences graves .  Une fois ce travail effectué, on pourra commencer à réfléchir à une organisation qui deviendra un plan :  I Mensonge de la fiction: la fable est un mensonge au service des vérités  II Mensonges dans les fables: une arme redoutable  III Existe-t-il des mensonges positifs ? C’est une idée d’organisation mais ce n’est pas le seul plan possible … voyons d’abord notre stock de mensonges prêts à être utilisés comme illustrations dans une dissertation ….

Vérité et mensonges dans les Fables

Liste des mensonges dans Les fables ( 19 fables soit une sur quatre environ comportent au moins  une référence explicite au mensonge ) 

Les Animaux ..: le renard ment en atténuant la gravité des actions du roi (flatterie du courtisan , mensonge pour plaire aux puissants )

La cour du lion : le renard ment en feignant ne plus avoir d’odorat, mensonge pour sauver sa vie, situation du courtisan habile qui est hypocrite sans trop en faire ( singe trop menteur ) : « ne soyez… ni parleur trop sincère »

Le chat la belette et le petit lapin : le chat appelé pour départager les deux animaux qui se battent pour la possession du terrier les croque ; il les attire à lui par un mensonge; il prétend être sourd pour qu’ils soient à portée de griffe ( mensonge pour nuire à autrui, le plus fort ment au plus faible pour le croquer, synonyme de ruse ?  )

Un animal dans la lune : le fabuliste y lance un débat philosophique ; l’homme doit -il se fier à se sens «  mes yeux ne me trompent jamais en me mentant toujours » ..réflexion sur le phénomène d’illusion optique

Le lion, le loup et le renard : le loup médit de l’absence du renard  à la cour ; ce dernier prétexte un pèlerinage ( souvent la religion sert de prétexte ) et ment en prétendant qu’une peau de loup est un remède à la vieillesse ; il a menti pour tuer son adversaire ; Mensonge à des fins politiques : légitime défense ?

Les femmes et le secret : un époux ment pour révéler la véritable nature de son épouse, incapable de garder un secret : un mensonge pour enseigner ou pour faire découvrir une vérité

Dans Le  rieur et les poissons, un convive réussit à se faire servir un très gros poisson  à table en inventant un habile mensonge: il fait semblant d’interroger les poissons sur le sort d’un de ses mais disparu en mer et on le croit. On lui apporte un plus gros poisson qui , selon lui, en saura forcément plus : mensonge dans le but d’obtenir ce qu’on désire, mensonge qui rétablit une sorte d’équilibre entreponts et faibles .

Les obsèques de la lionne : le cerf ment habilement pour sauver sa peu et son mensonge, qui ressemble à un songe miraculeux, lui vaut même les faveurs du roi (mentir par nécessité, pas de conséquences négatives sur autrui )

Le faucon et le chapon : un chapon se méfie des hommes qui cherchent à l’attraper pour le manger  et lui mentent en prétendant le nourrir ; il explique au faucon qu’il n’obéit pas à l’appel de son maître car il ne veut pas finir à la broche ; l’homme lui tient ici un langage mensonger .

Le chat et le rat : le rongeur a accepté de délivrer son ennemi le chat d’un piège mais il se méfie des paroles mensongères du chat qui cherche à l’attirer pour le manger : on ne doit pas croire son ennemi . Le mensonge ici nous donne une leçon .

Le dépositaire infidèle :  le fabuliste déclare avoir mis dans ses fables « des légions de menteurs » « Tout homme ment, dit le Sage. »  Tous tant que nous sommes , nous mentions, grands et petits .Qui mentirait comme Esope comme Homère un vrai menteur ne serait . Le doux charme de maint songe /par leur bel art inventé/ sous les habits du mensonge/ nous  offre la vérité. Trompé par un marchand qui ment ne disant que des rats ont mangé le fer , un trafiquant enlève le fils de ce dernier et invente un mensonge : un hibou l’a emporté. Le trafiquant qui a compris la ruse , rend alors l’argent dérobé.

Le loup et le chien maigre : le chien, pour sauver sa peau, ment au loup qui l’épargne en pensant venir le rechercher quand il aura grossi . La Fontaine souligne la sottise du loup qui a cru sa proie et l’ a laissée filer par appât du gain.

Discours à Madame de la Sablière : dans cette longue fable, La Fontaine démontre que les animaux ont des sentiments et qu’il sont bien loin de n’être que des machines; par ironie, il évoque un roi polonais et prétend  que « jamais un roi ne ment »

Les poissons et le cormoran : le vieil oiseau ment par nécessité;Son mensonge est cru et la morale proposée est de ne pas se fier «  en ceux qui sont mangeurs de gens » . Un menteur qu’on ne parvient pas totalement à détester car il est présenté comme un pauvre animal qui souffre de disette.

L’Enfouisseur et son compère : un homme réussit grâce à un habile mensonge à confondre celui qui lui vole son argent et à récupérer ce qui lui appartient ; L’autre s’est laissé tenté par l’appât du gain. Ce mensonge doit lui servir de leçon . ‘l’autre fut sage , il retint tout chez lui «  et au lieu de se montrer avare et d’entasser son argent, il décide alors de le dépenser.

Le berger et le roi;  Un berger est nommé , grâce à son bon sens, Juge souverain mais les courtisans , jaloux, complotent contre lui  et l’ accusent faussement de posséder un trésor . La Fontaine les qualifie «  de machineurs d’impostures »    Leurs mensonges sont des calomnies et visent à nuire à celui qu’il considèrent comme un rival.

Dans Les poissons et le berger qui joue de la flûte comme dans Les deux perroquets le roi et son fils, le fabuliste dénonce le langage trompeur: douces paroles miellées du berger qui veut attraper les poissons et «  le leurre de l’appât d’un profane langage » Un leurre est un mensonge qui va piéger sa victime .

Le loup et le renard : le fabuliste montre que le renard bien qu’expert en « tours pleins de matoiserie »  n’a pas toujours l’avantage . Piégé par le reflet de la lune qu’il prend  pour un fromage, il est obligé de piéger le loup pour se sortir du puits dans lequel il est tombé ? Ce dernier  est qualifié de sot .

Quelques exemples maintenant d’insertion des illustrations au sein d’un raisonnement argumentatif. 

Après avoir démontré que sous une enveloppe mensongère , celle de la fiction, la fable donne parfois accès à certaines vérités , voyons maintenant comment la fable parvient elle à exprimer des vérités sur le plan politique .

L’une des illustrations la plus claire nous est fournie par Le Pouvoir des fables; En effet, dan cet apologue, un orateur qui ne parvient pas à se faire entendre de son public , décide d’inventer une fable pour attirer leur attention et ainsi, les alerter d’un danger imminent pour la cité; Le mensonge de la fiction  a facilité la parole politique, celle de l’orateur , et a permis , de déguiser , sous le masque d’une histoire , une véritable menace pour l’ambassadeur de France .

En effet, certaines fables sont politiquement engagées . Par le biais des animaux, le fabuliste  lance  même , souvent ,des accusations contre les hommes . Ainsi, dans Les animaux malades de la Peste, il nous fait assister à une parodie de justice ; L’âne, animal faible, avoue une peccadille qui lui vaut d’être pendu alors que le lion, qui a avoué des crimes répétés, n’est pas jugé coupable . La morale de la fable «  Selon que vous serez puissant ou misérable / les jugements de cour vous rendront blancs ou noirs » critique explicitement l’injustice qui règne à la cour de louis XIV

Dans Le Singe et le Léopard, le fabuliste nous  donne un autre avis politique sous la forme d’un avis  personnel : il préfère les gens d’esprit aux gens qui se contentent d’être bien nés et se vantent de leurs titres; Ces courtisans orgueilleux sont dépeints sous les traits d’un léopard fier de sa peau tachetée . La vérité apparait alors : «  ils n’ont que l’habit pour tous talents “; La fable nous a permis d’y voir plus clair et de démasquer la vérité cachée sous des apparences mensongères.

Si la plupart des fables n’ affichent pas clairement une lecture politique, on peut toutefois lire certaines situations comme une réflexion sur l’art de gouverner; Ainsi dans Le lion, le singe et les deux ânes, La Fontaine reprend l’un des rôles du singe chez Esope, celui qui donne des conseils au roi . Derrière la situation mensongère de la fable, on devine aisément que le fabuliste adresse une forme d’avertissement à Louis XIV en le montrant sous le masque d’un «  terrible sire »; Il lui conseille de se méfier de son orgueil , qui fait prendre de mauvaises décisions aux souverains .

La présence d’un mensonge , à l’intérieur de  la Fable, peut  se lire , de temps à autre,  comme un instrument de perfectionnement . Il permet souvent de se sortir d’un mauvais pas . De ce point de vue, il peut être assimilé à la métis des grecs , cette ruse qui permet de vaincre ses ennemis et de sauver sa vie ou, tout simplement ,  de faire triompher ses intérêts . C’est le cas du cerf, dans Les obsèques de la lionne. Ce dernier, dénoncé par des courtisans malveillants , risque de mourir pour avoir été sincère et ne pas  avoir fait semblant d’être triste  à la mort de la lionne. Grâce à un fabuleux mensonge où il prétend que la reine lui est apparue en songe  ,il sauve sa vie et obtient  même une récompense  . On remarque d’ailleurs que songe , au sens où l’entendent les moralistes du siècle classique,  est souvent synonyme de mensonges ; Le rêve, en effet, fait partie de l’imaginaire et éloigne l’homme du chemin de la Vérité sur lequel sa raison doit le guider.

Le mensonge peut même avoir un statut formateur et servir d’enseignement ; Ainsi dans Les femmes et le secret, c’est au moyen d’un mensonge qu’un mari met en évidence l’incapacité de as femme à garder un secret; Il a mis son épouse à l’épreuve et  son stratagème a permis de révéler ce qui est présenté comme une sorte de vérité générale: nous avons beaucoup de mal à garder un secret quelqu’il soit.

Dans Le dépositaire infidèle , un premier mensonge déclenche des conséquences terribles qui vont servir de leçon au menteur; ce dernier dissimulé le vol de l”argent derrière une cause mensongère , en expliquant qu’un rat a dévoré l’argent ; Pour lui rendre la monnaie de sa pièce, ce dernier enlève son fils et raconte un mensonge aussi énorme : il aurait été enlevé par un hibou; le voleur ne peut que comprendre ici, la leçon donnée à ses dépens.

Les mensonges des fables ont également pour but de révéler des vérités cachées sous des apparences trompeuses . Le mensonge  des hypocrites est parfois démasqué comme celui du singe dans La Cour du lion</b> ; sa sotte flatterie causera sa perte ; le fabuliste démontre ainsi que la la Cour est un milieu impitoyable où chacun doit dissimuler ses véritables sentiments sans tomber dans une flagornerie trop facilement décelable.

Les mensonges permettent , de temps à autre ,de démasquer la cruauté de l’homme et de révéler qu’il est un véritable prédateur pour tous les autres animaux auxquels il se juge supérieur . Avec L’homme et la couleuvre, le fabuliste montre clairement l’ingratitude de l’espèce humaine qui exploite, à son profit, les espèces animales.

Le mensonge a donc un statut ambivalent dans les fables : instrument de tromperie au service des méchants, il est aussi une arme pour les victimes ; Ainsi dans Le loup, le lion et le renard, le loup l’emploie pour se débarrasser de son rival le renard, et ce dernier l’emploie à son tour pour lui rendre la monnaie de sa pièce . Le renard  prétend qu’il connaît un remède miraculeux contre la vieillesse : une peau de loup écorché vif et le vieux roi l s’empresse alors de faire exécuter le loup afin de prendre sa peau . Le renard est d’ailleurs expert en mensonges de toutes sortes: sa parole flatte les puissants ; Maître dans l’art de la démagogie, il sait aussi se taire et ne pas répondre ; Ainsi dans La cour du Lion, il préfère mentir en prétextant en rhume qui le prive d’odorat, plutôt que de devoir se prononcer sur l’odeur qui règne au palais.

Le renard n’est pas le seul animal à savoir mentir : le chemin ment parfois pour sauver sa peau comme par exemple dans l loup te le chien maigre : pour échapper au oui, il lui fait croire que c’est préférable de le laisser engraisser avant de revenir le chercher ; Le loup le croit et lorsqu’il se présente pour réclamer sa proie, le chien lui envoie un dogue féroce qui le fait fuir . Le loup a été berné et  ici, la sympathie du lecteur va plutôt au menteur ; Ce qui peut sembler immoral mais il s’agit d’un mensonge « pour une bonne cause » ;

Le mensonge du cormoran dans Les poissons et le cormoran s’apparente-t- il à celui du chien ? Vieux, mal voyant et affamé , « lorsque le long âge eût glacé le pauvre animal » , l’oiseau qui ne peut plus pêcher , doit se résoudre à mentir et à tromper les poissons pour pouvoir se nourrir . Le fabuliste précise que « le besoin (est ) docteur en stratagème » ; Ce vers nous indique qu’il ment iniquement par nécessité et que c’est la situation critique dans laquelle il se trouve , une « disette extrême »  qui l’ a obligé à inventer une ruse mensongère pour attirer les poissons dans un endroit où ils seront à sa portée . Le mensonge a été une leçon pour les poissons: il ne faut pas croire leur prédateur ; La Fontaine enseigne ainsi , grâce au mensonge , plusieurs choses et notamment de ne pas nous fier à nos ennemis.

Dans Le chat et le rat , nous voyons que le rat a fait alliance avec son ennemi, le chat par nécessité car il était menacé par deux autres de ses prédateurs ; Une fois qu’il a libéré le chat de son piège, il ne se fie pas aux paroles trompeuses de ce dernier qui cherche sans doute à l’attirer pour le manger et il garde soigneusement ses distances . Les mensonges du chat sont rendus ici inopérants grâce à la prudence et à la sagesse du rat. Donc le mensonge ne triomphe pas toujours et c’est plutôt porteur d’espoir.

Et voici maintenant un exemple de conclusion avec deux ouvertures littéraires ..

En conclusion , choisir la forme mensongère de la fable, permet à La Fontaine de révéler de nombreuses vérités à ses contemporains . De plus, il n’hésite pas à introduire de nombreux mensonges au sein des histoires . On note ainsi la fréquence, la diversité et la variété des utilisations du mensonge dans les Fables ; Le mensonge n’est pas seulement réservé aux plus faibles ou aux victimes , il peut également être employé par ceux qui veulent donner une leçon à leurs pairs. Les fables nous enseignent , en outre, que l’art de la dissimulation , est parfois très utile . Le mensonge s’apparente parfois à la parole trompeuse et en cela, il rejoint la flatterie des courtisans .  Dans un monde où triomphent hypocrisie et la loi du plus fort, les mensonges habiles , redistribuent les cartes et compensent, en partie, pour certains, les inégalités de la société ou les injustices dont ils sont victimes. Mais pour d’autres, le mensonge est le piège dans lequel ils s’apprêtent à tomber ; parfois, il sert d’alibi  ou de substitut  à la force brutale.  Les prédateurs cachent  alors sous leurs paroles mensongères leur désir de rendre plus facile la capture d’une proie que tout désigne. Les moralistes classiques comme Pascal et La Rochefoucauld nous enseignent à nous défier des attraits du mensonge , parole flatteuse qui nous dit ce que nous voulons entendre . L’amour-propre devient alors un guide trompeur pour l’homme.Mais un roman comme La Princesse de Clèves nous révèle également  que la dissimulation règne au sein de la Cour : on se ment à soi-même en même temps qu’on cache ses véritables sentiments aux autres .  Il semblerait que le mensonge fasse partie du la nature humaine .