20. octobre 2015 · Commentaires fermés sur Un portrait exhaustif · Catégories: Première

Un personnage de conte est souvent moins détaillé qu’un personnage de roman mais le héros de l’ingénu dispose d’un portrait plutôt complet..jugez plutôt.

Un personnage se définit d’abord par son nom ; ses origines, son portrait physique et son caractère ainsi que son rôle dans le schéma actanciel. L’ingénu est un bas-breton élevé par des Hurons et il se distingue d’emblée par ses qualités physiques :son allure charme les dames ; Il est ” très bien fait” et possède une jolie “figure” “Sa taille fine et dégagée, son air martial et doux” attirent les regards . Aimable, il suscite l’admiration de la compagnie ; lorsqu’il intervient, il est certes excédé mais sa voix allie douceur et fermeté (encore une alliance réussie de deux qualités souvent opposées) 

Son nom suscite une explication : je dis toujours naïvement ce que je pense comme je fair toujours ce que je veux”  Fier, il prétend n’avoir besoin de rien quand on s’émeut de le savoir orphelin de père et de mère. Il prétend apprendre très vite ce qu’il veut apprendre et s’y entend en langues étrangères. Fidèle et constant en amour, il se déclare de sa propre religion avant d’accepter de devenir catholique (2) Matinal, excellent chasseur, homme d’esprit (3) et doté d’une excellente mémoire: la “fermeté des organes de Basse-Bretagne , fortifiée par le climat du Canada, avait rendu sa tête si vigoureuse que quand on frappait dessus , à peine le sentait-il et quand on gravait dedans, rien ne s’effaçait, il n’avait jamais rien oublié.” Grand lecteur, il possède également le pouvoir de reconnaître ses erreurs(4) ; Têtu, rebaptisé Hercule à cause de sa vigueur physique (5) Lorsqu’il découvre les lois du mariage, il considère que ce sont beaucoup de précautions inutiles mais les explications de l’abbé lui paraissent ensuite justes. Il se laisse prendre  au piège des paroles flatteuses, rentre chez lui sans épouser sa promise et devient furieux quand il apprend, le lendemain que sa fiancée est enfermée dans un couvent.(7) Désormais “plongé dans une sombre et profonde mélancolie” il pense au suicide  et son coeur est agité par des mouvements contraires; Au combat, contre la flotte anglaise, sa valeur anime le courage des troupes.(8) A Saumur, il pense que la cause des protestants est juste et leur promet de les défendre;  arrivé à Versailles il se bat avec les portiers qui se moquent de lui lorsqu’il leur annonce qu’il veut rencontrer le roi en personne. Il se montre fort surpris des usages à la Cour et notamment de l’attente interminable dans les antichambres; ensuite, il ne comprend pas le systèmes  des achats de titres et on le prend pour un fou.(10) Embastillé, il fait la connaissance de Gordon et se confie à lui : “les hommes de ce pays-ci sont des coquins raffinés” lui avoue-t-il en lui racontant ses malheurs.

 Le jeune homme voulait beaucoup apprendre: la géométrie, la philosophie,l’origine du Bien et du Mal, l’Histoire ; “il plaignait ceux qui l’aimaient, beaucoup plus qu’il ne se plaignait lui-même.” (11) En prison, il se met à rédiger des réflexions qui paraissent fort naturelles et pleines de bon sens à son codétenu; il prend plaisir à lire de la poésie mais elle ravive en même temps son chagrin; il préfère Racine à Corneille et avance l’idée que les jugements des hommes sont parfois influencés par” l’ illusion, la mode et le caprice ” (14) L’ingénu fait des progrès rapides dans toute les sciences car il est dépourvu de préjugés ” son entendement n’ayant point été courbé par l’erreur, était demeuré dans toute sa rectitude.” Il conserve intacte sa franchise naturelle et parvient à donner à Gordon une image différente de l’amour “un sentiment noble et tendre”, capable d’élever l’âme et de produire des vertus.(18) A sa sorti de prison, l’ingénu a changé : il a  appris à se maîtriser , pense qu’ “”une âme noble, reconnaissante et sensible, peut vivre heureuse”. Il forme le gouvernement idéal: générosité, absence de cruauté, sens du devoir sont des qualités essentielles à ses yeux. Discret, il a intégré le sentiment des bienséances. (20) C’est une grande âme, une âme forte qui devint un excellent officier, guerrier et philosophe intrépide.

A vous de choisir les détails qui vous semblent pertinents pour former un portrait élogieux de l’Ingénu, adressée à  une femme. Certains détails peuvent être omis parce qu’inappropriés et d’autres peuvent faire l’objet de développement exhaustifs. Seront valorisés :  l’originalité de la présentation, l’invention lorsqu’elle cadre avec le conte et le choix des rubriques. (imitation petite annonce)

14. octobre 2015 · Commentaires fermés sur L’ingénu: premier extrait Le dîner à Saumur · Catégories: Première

En chemin pour Versailles, notre héros fait étape à Saumur et discute avec un groupe de protestants : mais de quoi parlent-ils ? Cet extrait ,du début du chapitre VIII à  ..monarque / sera notre première lecture analytique extraite du conte philosophique.

En guise d’introduction…

Composé en 1767, le conte philosophique de Voltaire intitulé
l’ingénu connut un très grand succès.Voltaire a conquis un lectorat d’esprits
éclairés qui ont déjà lu Candide paru quelque années plus tôt. Voltaire reprend une fois encore le principe du personnage
naïf qui découvre le monde et s’étonne des usages en vigueur. Le
lecteur suit avec plaisir les aventures d’un personnage
« ingénu », un bas breton qui a été élevé par des
Hurons dot d’un esprit droit et d’une intelligence naturelle.L’auteur  se sert de cet oeil étranger pour mener les principaux combats des Lumières en
matière de politique, de société et de religion.

Hercule Kerkabon , nom de baptême de notre ingénu, est, en effet, une sorte de
porte-paroles des idées voltairiennes : il représente un homme
naturel, libéré de toutes formes de préjugés et qui se laisse
guider par des valeurs humanistes, obéissant à son bon sens et sa
raison . A son arrivée au prieuré de Notre Dame de La Montagne
il découvre ses véritables origines (fils d’un couple de marins
bretons) et découvre également  l’amour en la personne de de sa marraine, Mademoiselle
de Saint – Yves. Le frère de cette dernière qui ne voit pas d’un
bon œil cette idylle  éloigne
sa sœur en la faisant enfermer au couvent comme le veut la coutume. Désespéré le jeune
homme ne peut se résoudre à renoncer à celle qu’il aime et muni d’un sac d’or raflé lors d’une attaque  anglaise, il  se rend à la Cour pour
obtenir du roi la reconnaissance de ses hauts faits et pense obtenir de Louis XIV la permission d’épouser
sa marraine. L’extrait commence au début du chapitre 8 et narre la
rencontre dans une auberge entre l’Ingénu des huguenots.

Axes d’étude ou problématiques :quelles sont les cibles de la critique voltairienne dans ce passage ?  comment Voltaire utilise-t-il le regard de l’Ingénu ? quels sont les procédés de la satire dans cet extrait ?

Voilà un plan détaillé : à laquelle de ces trois questions s’adapte-t-il ? comment peut-on en réutiliser des parties pour répondre aux autres questions ? 

Plan 1 Les procédés de la satire : 

A. Le regard du personnage : 

il s’étonna..traduit la surprise du personnage

la ville presque déserte  exagération 

ignore le sens de la citation latine : d’où nécessité de lui expliquer 

les questions : technique la plus utilisée par Voltaire, poser des questions qui paraissent naïves et auxquelles le lecteur a déjà parfois les réponses

pourquoi fuyez-vous ? pourquoi ne le reconnaîtriez-vous pas ? d’où vient donc qu’un si grand roi…? 

les nombreuses interrogations du personnage mettent en évidence l’absurdité de la politique  antiprotestante menée par Louis XIV et le parti dévot

un regard qui apparaît comme naïf mais qui met en évidence, de manière parfois satirique,les principaux problèmes comme la persécution religieuse, signe de l’intolérance du gouvernement, et les causes des divergences entre catholiques et protestants.

B. Les éléments historiques : fait précis, exemples, références

ils ont pour effet de rendre l’argumentation plus convaincante

le nb d’habitants : 15000 à 6000 : un détail réaliste, 

le cadre du souper  Saumur est une importante colonie protestante ; le roi Henri III en a fait une place fort de l’Eglise réformée et le gouverneur Duplessis-Mornay y a érigé une université protestante dès 1600 qui devint vite renommée; à partir de 1685, les tensions augmentent entre les catholiques hostiles à ce projet et les protestants et certains, inquiets après l’Edit de Fontainebleau  , quittent la ville avec leurs familles.

les protestants évoquent la révocation de l’édit de Nantes : pour les lecteurs c’est un événement récent et important ; il est également question des dragons, soldats catholiques qui obligent les protestants à se convertir par la force ; Voltaire mentionne également l’un des musiciens les plus en vue à la Cour de Louis XIV, l’italien Lulli ainsi que la guerre contre l’Angleterre avec la mention du roi Guillaume III, prince protestant qui vient de s’emparer du trône d’Angleterre en 1688 au détriment du roi catholique qui a tenté de faire valoir ses droits et que soutiendra Louis XIV.

C. L’ironie : arme principale de la satire

Le principal problème consiste à détecter l’ironie car elle se présente sous différentes formes; la plupart du temps, dans le conte, elle résulte de la sensation d’un décalage entre ce qui est écrit et ce que sait le lecteur ; ainsi un écart est perceptible entre les interventions du narrateur et le regard du personnage. La première cible de la critique , c’est la politique de Louis XIV qui met un terme à la liberté religieuse des protestants; Voltaire insiste sur le caractère néfaste de cet exode pour l’économie du pays il perd déjà cinq à six cent mille sujets très utiles; de plus cette intolérance sera le principal motif de guerre avec le roi d’Angleterre Guillaume d’ Orange qui a enrôlé les protestants français dans ses troupes.

Voltaire montre aussi à quel point les sources du conflit entre catholiques et protestants sont , à ses yeux, futiles; En effet, les protestants refusent de reconnaître le pape comme souverain de l’Eglise ; ce pape dit qu’il est le maître du domaine des rois” et limitent sa sphère d’influence au sein du domaine religieux; or, le Pape Innocent XI conteste au roi de France le pouvoir d’administrer temporairement les diocèses français qui n’ont pas d’évêque ; il prétend devoir en être l’administrateur légitime; cette querelle qui remonte à 1763 porte sur le droit de régale, c’est à dire l’étendue des pouvoirs du roi en matière de juridiction religieuse. “pour les rois, c’est leur affaire : de quoi vous mêlez-vous ? ajoute l’ingénu; Il provoque ainsi les explications du pasteur protestant.

D’autres allusions ironiques contribuent à renforcer la critique du roi; en effet, Voltaire fait dire à son personnage : “d’où vient donc qu’un si grand roi dont la gloire s’étend jusque chez les Hurons se prive de tant de coeurs qui l’auraient aimé, et de tant de bras qui l’auraient servi ?” cette question rappelle à la fois la politique colonial de la France qui a conquis le Canada; par gloire, il faut lire pouvoir militaire, en revanche, la seconde partie de la question révèle une réalité préoccupante: l’exode massif des protestants français prive le royaume d’une parti de ses forces vives;

Une dernière partie de la critique porte sur les conseillers du roi, accusés de le tromper: on lui a fait croire que dès qu’il aurait dit un mot, tous les hommes penseraient comme lui. On peut également penser que Voltaire critique ici l’orgueil des monarques tout autant que leurs mauvais conseillers; En matière politique, les Lumières étaient favorables à une monarchie de type parlementaire avec un pouvoir royal équilibré par les décisions des chambres formées de représentants de toutes les classes de la  société .

En conclusion, cet extrait montre comment Voltaire utilise son personnage pour dénoncer certains aspects de la politique de Louis XIV; l’argumentation s’effectue le plus souvent indirectement grâce à la fiction et au décalage temporel entre la date de l’écriture du conte (1767) et les faits racontés qui remontent à 1689; cependant, de nombreuse références historiques sont aisément reconnaissables pour les lecteurs qui voient ainsi l’histoire de leur pays sous un autre jour; les questions de l’Ingénu permettent de révéler, grâce à l’ironie, les pensées de Voltaire dont on connaît les combats: lutter contre le sectarisme, lutter contre l’intolérance et le dogmatisme religieux, lutter pour obtenir qu’on nomme des rois sages et philosophes dont on puisse contrôler et limiter le pouvoir. En organisant cette rencontre avec ces protestants persécuté, Voltaire nous place face aux exactions commises un siècle plus tôt par un pouvoir politique alors sous l’autorité  d’un mouvement religieux influent : les jésuites. 

Voilà d’autres développements sur des points précis: à quelles questions pourraient-ils constituer une forme de réponse ?

  • Portrait des huguenots : registre pathétique

Référence littéraire à Virgile : banni par l’empereur,
douleur de l’exil , la citation latine

Voltaire lui-même sera obligé de s’exiler par peur des
représailles

La réaction émue du personnage

  • Présentation de la querelle catholique/ protestant : les
    griefs

Arguments de l’Ingénu : donne en partie seulement raison aux
protestants ; pose des questions faussement « naïves »et
obtient des réponses qui laissent penser que Voltaire est hostile à
la politique religieuse menée par Louis XiV qui subit alors
l’influence du parti dévot.

Voltaire milite pour la tolérance religieuse

Référence historique ; guerres de religion, promulgation de
l’Edit de Nantes  et conséquences de sa révocation (1685)

  • La position du roi et les conséquences pour le pays : un exode
    massif va priver l’économie de certains de ses atouts ;
    beaucoup de marchands vont s’enfuir en Angleterre, en Allemagne ou
    en Hollande, pays + tolérants d’où un affaiblissement de
    l’économie ; Les caisses de l’Etat sont vides.

05. octobre 2015 · Commentaires fermés sur L’Ingénu : une oeuvre engagée ? · Catégories: Première

Un conte philosophique  qui raconte les aventures imaginaires d’un personnage inventé peut-il être subversif ? Tout dépend du contexte.. religieux d’abord…

En août 1767 paraît à Genève, sous couvert de l’anonymat, un petit ouvrage intitulé l’Ingénu. Très vite interdit au public, ce conte reprend l thème du choc des cultures et dénonce, au moyen du regard étonné d’un jeune Indien, toute les formes de conformisme politique, religieux et social, dans un pays présenté comme profondément intolérant, injuste et inégalitaire. 

Le regard du Huron est une arme redoutable. A 73 ans, Voltaire continue à se battre contre le poids des préjugés, l’obscurantisme religieux, la corruption des puissants et les injustices sous toutes les formes. Pourquoi a-t-il choisi cette fois une intrigue sentimentale romanesque ? Peut-être parce qu’il est convaincu que le genre de la fiction, pourtant méprisé par la plupart des philosophes, est le seul capable de plaire au grand public ; Les lumières veulent se battre pour le plus grand nombre et ils ont besoin que leurs idées soient diffusées largement. Le parcours de formation de l’ingénu nous permet de nous confronter avec de nombreux thèmes abordés par Voltaire en tant que philosophe et qui ont été repris dans son Traité sur la Tolérance , paru 4 an plus tôt. mais ce conte est d’un abord plus facile car le personnage du Huron est attachant et l’auteur s’emploie à glisser de nombreux sourires à l’attention des lecteurs. 

 Comment définir l’engagement de voltaire à travers ce conte ? Tout d’abord, rappelons que l’engagement consiste à prendre position dans l’espace public sur des questions politiques ou sociales ou morales . Les écrivains engagés défendent une cause à laquelle ils croient; Pour eux, écrire , c’est déjà agir et faire réagir. Voltaire, à son époque , se présente comme un savant, un penseur et il représente la figure de l’intellectuel; lettré mais aussi scientifique, traducteur d’anglais et de latin, il a acquis un certain prestige en raison de son savoir. La forme même du conte philosophique se prête particulièrement bien à l’engagement car c’est souvent un récit plaisant et ce plaisir escompté va séduire le lectorat. Le héros est dot de multiples qualités et ses aventures sont souvent trépidantes pour que le lecteur ne s’ennuie pas. C’est un genre à la fois didactique (car il prétend enseigner quelque chose , délivrer une morale ou une leçon de vie) et divertissant . Les débats philosophiques y sont masqués, en partie, par la fiction . 
 La dimension critique y est omniprésente et chaque domaine de la société est passée au crible; Ainsi , les querelles religieuses font l’objet de plusieurs développements (épisode de l’arrivée du Huron, du baptême, de son instruction religieuse et de celle des Bretons, arrestation de l’Ingénu, rencontre avec le personnage de Gordon, père Tout-à-tous jésuite) et les philosophes déplorent l’intolérance du catholicisme qui tente d’éliminer toutes les formes de croyances concurrentes . Le fanatisme de certaines instances catholiques est apparu clairement lors des affaires pour lesquelles 
 Voltaire s’est engagé: l’exécution du chevalier de La barre, le procès Calas et l’affaire Sirven notamment. Voltaire est persuadé que la tolérance religieuse est une garantie de la paix sociale. Il prône le respect de toutes les croyances véritables (qu’il distingue de certaines superstitions renforcées par le dogmatisme des prêtres) ainsi que le respect de tous ceux qui ne croient pas. (les athées alors considérés comme hérétiques). Nous verrons plus en détails comment s’organise dans le conte les critiques du dogmatisme. Il faudra attendre e1905 pour qu’une loi proclame la France laïque et que les églises soient séparée de l’Etat.
05. octobre 2015 · Commentaires fermés sur Le regard de l’étranger : question de synthèse · Catégories: Première, Spécialité : HLP Première · Tags:

Quels étaient les points communs de ces trois textes qui utilisent chacun un regard étranger pour dénoncer les moeurs européennes ? En pièce jointe, la comparaison de leur efficacité.

Montaigne, Léry et Diderot font tous trois appel à un regard étranger qui va leur servir d’instrument dans leur démarche critique. Montaigne et Diderot se servent d’un événement historique attesté pour conférer une forme d’authenticité à leur fiction : en effet, Monsieur Bougainville a réellement découvert Tahiti et trois indiens d’Amérique se sont  vraiment rendus à  Rouen pour venir y témoigner de leur civilisation. Quant à Léry, il a pu véritablement vivre cette rencontre avec un sage indien de la tribu Topinambas durant l’année passée au Brésil. Le degré d’authenticité est ,en effet, un facteur important pour que l’argumentation soit efficiente.                                                 L’échange entre l’auteur et l’étranger fait l’objet de différents traitements : Montaigne se sert d’un récit et joue le rôle du témoin qui rapporte des faits ; Léry met en scène un dialogue socratique entre un sage Brésilien qui parvient à faire avouer la vérité au colon : les Européens sont vraiment “de grands fous” de venir au bout du monde en escompter une forme de profit; Quant au Sage tahitien imaginé par Diderot, il s’adresse sur un ton accusateur au chef de l’expédition, Monsieur Bougainville sous la forme d’un véritable réquisitoire. L’auteur n’est donc pas cette fois un personnage du texte à la différence des deux écrivains de la Renaissance. Si Diderot s’efface et utilise un porte-paroles , c’est peut-être parce que la critique est beaucoup plus explicite au cours de cette confrontation. 

 Les trois auteurs sont à la recherche d’un efficacité maximale dans leur argumentation et on va donc trouver des procédés communs car ils poursuivent un but identique : les questions rhétoriques, par exemple, sont une technique recherchée par les orateurs car elles impliquent le lecteur ; lorsque Léry fait dire à l’indien, à propos du bois, : “N’y en a-t-il point en votre pays” ou Diderot au Tahitien : ” quel droit as-tu sur lui qu’il n’ait pas sur toi ?”, ces deux questions font réfléchir le lecteur et provoquent son indignation. Montaigne , quant à lui, pratique une fore de dénonciation beaucoup plus implicite. Il passe par la confrontation des pratiques des deux civilisations afin de démontrer que les coutumes indigènes reposent sur du bon sens alors que les Français, qui se prétendent plus civilisés ont des usages étonnants pour un homme du Nouveau-Monde. C’est cette fausse naïveté du regard étranger qui est le vecteur de la dénonciation; nous sommes alors dans le domaine de l’implicite : la surprise, l’étonnement , servent de révélateurs pour le lecteur et Montaigne ne peut s’empêcher de conclure sur une note ironique : “mais quoi ils ne portent point de hauts de chausse” . Il feint ici de s’indigner à propos des usages vestimentaires des indigènes et ce jugement est l’écho de ce qu’il entend à la Cour; C’est une manière implicite de dénoncer les propres jugements de se contemporains qui s’en tient à l ‘apparence vestimentaire pour juger de la valeur d’un homme. Un dernier point sur lequel nous pouvons rapprocher ces trois textes, c’est celui de la présence du jugement de l’auteur et sur se propres commentaires. Diderot est totalement absent de son texte et ses idées sont celles qu’il prête au Tahitien; Léry joue son rôle de narrateur et produit un éloge soutenu des Sauvages, comme Diderot d’ailleurs, pour mieux, par comparaison, critiquer les colons
 Quant à Montaigne, il joue un double jeu; à la fois témoin neutre est écrivain engagé, il présente les faits avec ironie et cette ironie est la marque de son jugement et de son point de vue. Les trois écrivain s’engagent donc pour dénoncer la colonisation et la domination européenne et militent, chacun à leur manière , contre l’ethnocentrisme naissant à la Renaissance et  devenu patent au dix-huitième siècle. Le regard de cet étranger posé sur notre civilisation est une arme redoutable car il agit de l’extérieur et nous amène à décaler notre point de vue, à sortir de nos idées reçues, à voir les choses autrement. C’est pourquoi il demeure un procédé très utilisé, aujourd’hui encore, dans les textes argumentatifs
04. octobre 2015 · Commentaires fermés sur Qui est vraiment l’Ingénu ? · Catégories: Première

Composé en 1767, presque 10 ans après Candide et 10 ans avant la mort de Voltaire, ce conte philosophique présente une vision assez pessimiste de l’existence..celle d’un homme que ses incessants combats ont peut-être fini par fatiguer dans sa lutte contre l’infâme !

L’action du conte se situe entre 1689 et  169, ver la fin du règne de Louis XIV, juste après la révocation de l’Edit de Nantes qui assurait une forme de tolérance religieuse en France. L’argument du conte est simple : un jeune sauvage inexpérimenté débarque en France et pose un regard étonné et naïf sur les moeurs qu’il découvre. Ce regard étranger permet au philosophe d’attaquer les vices de son époque, en passant par le détour d’une fiction et d’ un personnage. 

Ce jeune Huron arrive le 15 juillet 1689 en Bretagne et retrouve par le plus grand des hasards , son oncle et sa tante : l’abbé de Kerkabon et sa soeur. Il tombe assez vite amoureux de Mademoiselle de Saint-Yves qu’il ne peut épouser car elle est devenue sa marraine lors de son baptême.  Cette partie du conte est pour Voltaire l’occasion de nous faire réfléchir aux conventions religieuses et de faire la satire des moeurs de Province. L’Ingénu décide de partir à Versaille pour obtenir l’autorisation d’épouser la jeune fille qu’on a fait enfermer dans un couvent. 

En chemin, Il découvre alors les persécutions dont sont victimes les huguenots ; Accusé d’espionnage au service de la cause protestante, il est emprisonné à la Bastille et découvre un compagnon de cellule janséniste, le sage Gordon, qui va entreprendre de l’éduquer. Pendant qu’il croupit en cellule, sa fiancée s’est enfuie, est arrivée à la Cour et a du céder au chantage de l’infâme  Saint-Pouange; elle a accepté de coucher avec lui en échange de la libération de l’Ingénu. Désespérée et honteuse, Mademoiselle de Saint-Yves va mourir de chagrin  à son retour en Bretagne et l’Ingénu, fortement attristé par la mort de la jeune femme, échappe de peu au suicide. Il deviendra à la fois  un guerrier et un philosophe intrépide; Quant au sage Gordon, il prend comme devise celle qui pourrait être la conclusion des aventures du jeune Huron  : “malheur est bon à quelque chose”.
12. septembre 2015 · Commentaires fermés sur Le Vieux qui lisait des romans d’amour · Catégories: Première

Ce roman chilien de Luis Sepulveda  va vous faire partager le quotidien des tribus amazoniennes. Tout commence à El Idilio, une petite cité perdue dans la jungle et fondée par un ancien colon espagnol:  Antonio José Bolivar, surnommé Le Vieux; Ce dernier attend avec impatience l’arrivée du dentiste, le docteur Rubincondo Loachamin, qui tous les six mois, lui apporte deux nouveaux romans d’amour. Le Vieux a perdu sa femme durant la colonisation de cette portion aride de jungle et depuis, il rêve de se venger de la forêt : “cet enfer vert qui lui avait pris son amour et ses rêves.”(p 41). Peu à peu, Le Vieux se met à vivre comme les tribus Shuar qui lui apprennent à chasser et à s’adapter à la jungle; “En les fréquentant, il abandonna ses pudeurs de paysan catholique. Il allait à moitié nu en évitant les nouveaux colons qui le regardaient comme un dément.” p 41. 

Lorsqu’un cadavre est découvert , il va mener l’enquête. Les indigènes le considèrent avec respect car il a survécu à une morsure de crotale et pour eux, c’est  un signe des Dieux: “ils lui firent comprendre qu’il venait de passer une épreuve d’acceptation, due au seul caprice de dieux espiègles, dieux mineurs qui se cachent souvent au milieu des scarabées ou des vers luisants quand ils veulent jouer un tour aux hommes.” (p 44) . Désormais intégré, il a le corps peint, boit la liqueur hallucinogène et assiste aux fêtes. “il apprit les rites et les secrets de ce peuple. Il participait à l’hommage rendu quotidiennement aux têtes réduites des ennemis morts en guerriers valeureux.” (p 46). Cependant, il ne peut pas avoir d’épouse officielle car il n’est pas totalement Indien.Il doit es contenter des femmes offertes par ses hôtes. Peu à peu , devant l’arrivée de nouveaux colons, les tribus se déplacent et s’enfoncent dans l’intimité de la forêt.  Après la mort de plusieurs membres de la tribu tués à coup de fusil, par des chercheurs d’or, il est banni et va devoir vivre seul  avec comme seule compagnie  celle des personnages de ses romans.  Pour préserver la paix de l’endroit, il accepte d’ aider les colons à retrouver la femelle ocelot qui tue les chercheurs d’or . 

Cette dernière est  folle de douleur  parce qu’on a abattu ses petits : “Tu sais que les ocelots sont des animaux étranges, au comportement imprévisible.Ils n’ont pas la force des jaguars mais ils font preuve d’une intelligence raffinée.’ (p 109) Lorsqu’il se trouve face à face avec l’animal , une surprise l’attend. Vous aussi, vous serez surpris et sans doute émus par ce récit et ce final aux personnages attachants . Un rappel lancinant de la barbarie causée par les hommes inconscients . Et sûrement aussi un rappel des méfaits de la  ” Bête de métal honnie de toutes les créatures.” (p 120). Qui sont les Sauvages ? 

10. septembre 2015 · Commentaires fermés sur Montaigne : la rencontre colons/ indiens lecture analytique texte 2 · Catégories: Première · Tags:

A la Renaissance, les expéditions maritimes apportent aux Européens la connaissance d’autre hommes et d’autre modes de vie: qui sont les  vrais Sauvages ? 

 Introduction : Auteur humaniste du seizième siècle, Montaigne saisit l’occasion de la découverte d’un Nouveau Monde, à peine un siècle plus tôt; pour s’interroger sur la nature humaine et sur la  nature  particulière de la relation entre les colons Espagnols et les Indiens d’Amérique. Il développe un point de vue étonnamment moderne pour un homme de cette époque car il ne se laisse pas aveugler par les préjugés et n’hésite pas à remettre  en cause certains éléments constitutifs de la civilisation occidentale. D’ailleurs l’écriture des Essais et le choix de cette forme qui allie esprit scientifique et volonté d’introspection; témoigne bien de cet élan pour se démarquer des traditions. En imaginant, dans cet extrait, une rencontre entre des colons espagnols fourbes et des Indiens clairvoyants, l’écrivain oppose ainsi , en augmentant le contraste, deux systèmes de pensée; Quelle est ici sa stratégie argumentative ? 

Dans un premier temps, nous étudierons la mise en scène de cette rencontre et les détails réalistes qui authentifient le récit. Ensuite nous montrerons comment Montaigne utilise l‘opposition entre les arguments fallacieux des Espagnols et la lucidité des Indiens; Nous terminerons cette étude en évoquant le caractère inévitable de la guerre et la remise en cause profonde de la légitimité même de la colonisation. (annonce de plan) 

Partie 1  les détails “réalistes” 

Le scénario inventé par Montaigne est élaboré à partir de témoignages et se réfère à des situations vécues , relatées par les marins et leurs récits de voyage. Comme l’indique la première ligne du passage, il s’agit , en effet d’une expédition maritime : ” en naviguant le long des côtes à la recherche de leurs mines..”  . Il semble bien d’ailleurs que ce soit la cupidité qui pousse les marins à s’aventurer jusqu’à cette contrée “fertile et agréable, fort habitée”; la rencontre se déroule selon un certain protocole ; les Espagnols cherchent à amadouer les Indiens et à obtenir de la nourriture et de l’or et ne se montrent menaçants que lorsqu’il s’agit d’aborder le sujet de la religion; L’humour de l’auteur se teinte d‘ironie quand il affirme ligne 11: “ils leur conseillaient d’accepter; ajoutant quelques menaces à ce conseil.” On peut aisément comprendre que le mot conseil est ici une forme de tentative d’intimidation et qu’on doit sans doute faire peur aux Indiens en leur expliquant ce qui les attend s’ils refusent de se convertir au catholicisme. Un autre procédé qui contribue à authentifier les propos lus par le lecteur, c’est l‘usage du style direct; Montaigne fait comme s’il s’agissait de paroles ayant été  réellement prononcées par les personnages . Selon le même procédé , le discours des Indiens et leurs répliques sont traduits  soit par du style direct comme ligne 11 à 31, parfois associé à des verbe introducteurs qui renvoient à des paroles rapportées : ” il dirent, ils ajoutèrent. Ces techniques visent toutes à donner un aspect authentique à cette scène afin d’en accroître la portée. Un autre détail réaliste consiste à évoquer la cupidité des colons à la recherche des mines d’or  (l1) des Indigènes; Montaigne dévoilerai la véritable raison de la colonisation: le goût immodéré de l’or; Cette cupidité sera d’ailleurs dénoncée dan sale réquisitoire de l’Indigène contre l’attrait de l’or: Ce dernier affirme que l’or est méprisé car “tenu comme inutile au service de leur vie” ;(19) Ce trait contribue à opposer très fortement Espagnols et Indiens. C’est sur cette opposition que se construit l’argumentation.

 Partie 2. Une opposition nettement marquée

Montaigne ne se contente pas seulement de mettre en scène de manière imagée son argumentation, il utilise , pour ce faire, un contraste entre le discours mensonger des Espagnols et les arguments convaincants des colons. Chaque argument avancé par les colons est aussitôt repris et contredit de manière rationnelle par les Indiens. Leur sens de l’observation leur permet ainsi de contredire le soi-disant caractère de “gens paisibles” allégué par les colons à la ligne 3; Comme le remarquent les Indiens , leur attitude dément cette allégation : ” ils n’en portaient pas la mine” trouve-t-on à la ligne 12. Et un autre détail renforcera cette hypothèse : ils sont “armés” (l 29). Alors que les Espagnols prétendent qu’is sont envoyés par leur roi qui a reçu du pape “la principauté de toutes les Indes ” (l 6), les Indiens rappellent que cette façon de revendiquer , selon un droit religieux, leurs terres, va inévitablement être une source de  “dissension” . Ce reproche peut se lire comme une critique du pouvoir religieux , représenté dans le texte par l’autorité du Pape, chef de l’Eglise catholique et représentant de Dieu sur terre (l 5); Les indigènes se pensent, à juste titre, possesseurs de la terre où ils vivent et ils récusent les titres de propriété que vont leur présenter les colons. De nombreux conflits vont ainsi découler de cette situation: les Indiens refuseront ,pour la plupart ,que les occidentaux prennent possession de territoires qui sont déjà occupés par des populations qu’ils vont s’efforcer de soumettre. Montaigne n’hésite pas à se montrer caustique dans son argumentation; Ainsi, il fait dire aux Indiens que leur “roi devait être indigent et nécessiteux” pour oser réclamer des choses qui ne lui appartiennent pas; c’est qu’il en a fort besoin et cela peut apparaître comme une critique de la complicité du roi dans le processus de colonisation. L’argumentation des Indien ses base sur des liens logiques indiscutables; ils répondent point par point  (quant aux menaces,quant au Dieu unique..en indiquant les causes de leur refus : “pour cette raison, l 20; Leurs arguments sont donc parfaitement recevables ce qui contribue, de ce fait, à discréditer davantage la position des Espagnols et leurs mensonges. 

Partie 3 : la dimension polémique ; un texte qui remet en cause les fondements même de la colonisation

 Dès le début du texte, le lecteur découvre l’hypocrisie des colons; L’adjectif habituelles qui caractérise ici, à la ligne 3, les déclarations hypocrites car faussement bienveillantes des colons, marque leur duplicité ; ils sont donc coutumiers du fait et passent ainsi pour de sordides menteurs. leur tentative d’intimidation est un échec et les Indiens ont le dernier mot en parvenant à les faire fuir; l’auteur ridiculise les Espagnols en faisant ainsi parler les Indiens : “quant aux menaces, c’était un signe de manque de jugement” ou un peu plus avant ” ils avaient l’habitude de ne prendre conseil que de leurs amis ou connaissances”  (l 25). Montaigne révèle au lecteur que les Indiens ne sont absolument pas dupes des paroles mensongères des des marins . Ces dernier doivent se résoudre à partir sous la menace; On leur montre “les têtes de certains hommes exécutés ,autour de leur ville” (31) . Les paroles des Indiens sont claires ; ils exigent le départ immédiat des Espagnols : ” qu’ils se dépêchassent et promptement de quitter leur pays.” L’auteur emploie ironiquement le mot enfant  (32) car il vient de démontrer que les Indien sont doués de clairvoyance et savent parfaitement raisonner ; ils sont loin d’être des enfants qu’on pourrait berner en leur offrant des colifichets en échange de l’or, si précieux pour les Occidentaux. De plus, leurs arguments dissuasifs ont été couronnés de succès dans la mesure où l’auteur précise : ” ni en ce lieu, ni ne plusieurs autres où les Espagnols ne trouvèrent pas les marchandises qu’il cherchaient, ils ne firent d’arrêt ni d’entreprise guerrière.” Le discours des Indiens a donc été persuasif. Ils ont, sans doute, réussi à fair peur aux Espagnols.

Ce passage a donc comme fonction essentielle de nous montrer un versant de la colonisation, du point de vue des Indiens qui ont perçu la menace que va faire peser l’attrait des richesses sur leur civilisation. Si l’homme blanc a longtemps considéré les sauvages comme des êtres inférieurs, à peine doués de raison, Montaigne ose ici, dès le seizième  siècle,  affirmer le contraire ; son point de vue est minoritaire car les théories antiques et notamment celles d’Artiste, sont encore largement répandues. Aristote affirme , en effet, pour justifier l’existence et la pratique de l’esclavage dans la Grèce antique que les Dieux ont fait naître certains hommes pour commander et d’autres pour obéir. Ces thèses antagonistes seront illustrées par deux personnages au cours d’une célèbre controverse qui s’est tenue à Valladolid ; Il s’agissait de se demander si les Indiens étaient des créatures semblables aux Espagnols et s’ils avaient une âme. Le tribunal qui a jugé cette dispute a donné raison aux défenseurs des Indiens et a interdit qu’on les massacre mais , en contre partie, le même tribunal, autorisé et conseillé aux colons espagnols d’utiliser de la main d’oeuvre africaine pour remplacer les Indiens dans les plantations; Cet événement marque le début de la traite des noirs en Europe.

Compare les deux stratégies argumentations mise sen place par Montaigne dans les textes 1 et 2…. Entrainement à la question de synthèse..

09. septembre 2015 · Commentaires fermés sur Sauvages …vous avez dit Sauvages .. · Catégories: Première, Spécialité : HLP Première · Tags: , ,

Qui sont les Sauvages et comment notre société définit-elle ce mot ?
 

   
      De Delon à Johnny Depp comment les industriels de la parfumerie utilisent-ils la notion de Sauvage pour mieux vendre leur eau de toilette ? Beaucoup d’industriels ont tenté d’utiliser ce concept pour associer leur marque à cette sauvagerie qui est synonyme de liberté et pour eux, synonyme de bénéfices commerciaux.
En effet, un animal sauvage partait plus libre qu’un animal domestique; 
Pour une voiture, c’est un signe de puissance et son moteur peut ainsi être comparé à une force animale brute.

Les nombreuses connotations positives du mot sauvage peuvent permettre de vendre de nombreux produits aussi divers que des barres chocolatées : le slogan “rugir de plaisir” a dopé le succès de  la marque au lion. Et de nombreux groupes agroalimentaires ont profité de cet engouement pour dynamiser certains de leurs produits phares comme ce fabricant d’eau pétillante.
Le mot sauvage est-il toujours connoté positivement ou peut-il avoir des connotations négatives ? 
Comparez les expressions suivantes et trouvez leurs antonymes: des fleurs sauvages, des bêtes sauvages, des coutumes sauvages, des espaces sauvages; Quel sauvage : il m’a marché sur les pieds ou il m’ a poussé. Cet endroit est sauvage.
Ne sois pas aussi sauvage; viens avec nous..

L’opposition entre Nature et Culture, Sauvages ou Barbares et Civilisés constitue un domaine privilégié de l’étude de la question de l’homme et nous amène à réfléchir aux valeurs qui fondent la nature humaine. Quels critères objectifs vont déterminer la valeur d’un être humain et comment décréter qu’un homme est supérieur à un autre ? 

 
03. septembre 2015 · Commentaires fermés sur L’oeil de l’étranger : la question de l’homme. · Catégories: Première, Spécialité : HLP Première · Tags:

Adopter l’oeil de l’étranger est le nom d’une technique utilisée par les écrivains afin de pouvoir se livrer  sans craindre la censure à la critique des défauts de leurs contemporains en prétextant qu’il s’agit des jugements d’un personnage fictif étranger . Les écrivains des Lumières ont souvent eu recours à ce procédé pour peindre un tableau sans concession de leur époque. Ainsi Voltaire , dans ses Contes philosophiques comme L’Ingénu retranscrit le point de vue d’un Indien Huron sur les moeurs plutôt étranges pour lui des Bas-Bretons.  Ce procédé est encore utilisé aujourd’hui  : pour pouvoir dénoncer les injustices de leurs époques sans risquer l’exil ou pire encore la prison , de nombreux écrivains continuent à  imaginer des histoires au sein desquelles ,  seuls les lecteurs attentifs et perspicaces, peuvent découvrir la critique des us et coutumes des contemporains, d’un souverain ou d’un régime politique . 

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03. septembre 2015 · Commentaires fermés sur La question de l’homme …le point de vue d’un certain Ingénu · Catégories: Première · Tags:

François Marie Arouet, alias Voltaire décide de faire du conte philosophique une arme de combat pour dénoncer les préjugés et l’intolérance de ses contemporains. Il rejoint ainsi le mouvement des Lumières qui se fixa comme objectif au dix-huitième siècle d’accroître les connaissances encyclopédiques du peuple afin que le Savoir fasse reculer l’obscurantisme .

 En 1767 paraît sous couvert de l’anonymat, à Genève, cet étrange récit qui raconte les aventures rocambolesque d’un Indien Huron ; Ce dernier embarqué sur un navire anglais accoste en Bretagne et découvre, le plus souvent à ses dépens, les moeurs des français et les coutumes étranges des Bretons. Bien sûr, sous couvert de la fiction, il s’agit avant tout de dénoncer les erreurs de jugement, l’ethnocentrisme et la bêtise parfois des français. Grâce aux péripéties de cet indien qui n’hésite pas à braver de nombreux dangers pour obtenir la main de la belle Mademoiselle de Saint Yves, le lecteur se familiarise avec les querelles religieuses de cette époque , la corruption des Grands et l’injustice. Comme dans la plupart des contes voltairiens, le héros tirera un enseignement de sa quête et le récit nous livre une morale . Quant au lecteur , il peut , grâce aux différente situations, se faire une idée des combats des Lumières et de leur engagement.

Lisez ce conte en résumant au fur et à mesure les péripéties qu’affronte le Huron -Ingénu et faites vous une liste de personnages en réfléchissant à ce qu’il peuvent incarner. Bonne lecture…