La fuite du temps est un thème qui a inspiré de nombreux poètes depuis l’Antiquité; Pendant la période romantique, la fuite du temps apparaît sous différentes formes souvent associée à la vieillesse et à la perte de l’amour . Charles Baudelaire , dans son recueil Les Fleurs du Mal , paru en 1857,a consacré un certain nombre de pièces à cette thématique qu’il rapproche très souvent de son Spleen : cet état d’âme mélancolique et angoissé qui lui fait voir la vie en noir. Dans les sept quatrains d’alexandrins aux rimes croisées qui forment ce chant d’automne aux accents élégiaques ,comment le poète a-t-il choisi de représenter le temps , cet ennemi qui lui ronge la vie et se fortifie du sang que l’homme perd ? Plus »
Parmi les poèmes qui composent le recueil Les Fleurs du Mal, on distingue différents poèmes qui ont le même titre : Spleen. Quel est cet état étrange que caractérise longuement le poète et qui prend des allures de prison mentale ? Il s’agira dans le cadre de notre étude de l’univers carcéral en poésie, de décrypter les images de l’enfermement qui apparaissent dans la composition du poème baudelairien.
Baudelaire invente une forme de désespoir radicalement nouveau, de mélancolie qui ne ressemble à aucune autre et qui est la source d’inspiration de sa poésie : le spleen.Le mot spleen a pour origine le mot anglais spleen (du grec ancien σπλήν : splēn) qui signifie « rate » ou « mauvaise humeur ». En effet les Grecs, dans le cadre de la théorie des humeurs, pensaient que la rate déversait un fluide noir dans le corps : la bile noire, responsable de la mélancolie.
Le plus souvent, on l’associe à une tristesse vague, dont on ne connaît pas les causes. Chez Baudelaire, le spleen devient une des composantes essentielles de l’angoisse d’exister. → En fait, Baudelaire donne exactement à son spleen le sens que la psychologie donnera ensuite à la dépression. Plus »
Le féminisme a débuté avec la prise de conscience du sort des femmes ,considérées souvent comme inférieures en droits notamment, à leurs homologues masculins . En écrivant, en manifestant, dans la rue ou dans des salons , elles ont cherché à faire valoir leurs arguments et elles ont combattu pour obtenir des droits qu’elles estiment légitimes . Chaque époque a imposé ses revendications et ses luttes et de nombreux hommes ont pris part, eux aussi, à la défense des droits des femmes. Les textes que vous trouverez en pièces jointes sont des témoignages des différentes phases de ces revendications ; Ils datent du siècle des Lumières mais également du dix-neuvième siècle et certains témoignages sont contemporains. Plus »
La Révolution française a été préparée par l’effervescence intellectuelle des Lumières : dans toute l’Europe, scientifiques et hommes de lettres , artistes et hommes de loi , réfléchissent aux améliorations à apporter à leur société ; réformes des institutions politiques , obtention de nouveaux droits civiques comme la modification du type de scrutin électoral, abrogation de la monarchie au profit de la République et de la démocratie, abolition de l’esclavage et défense des droits des minorités font partie de leurs revendications . Dans ce contexte de bouillonnement, des hommes et des femmes s’interrogent sur la manière d’opérer ces transformations de la société ; Parmi les révolutionnaires, certains sont plus modérés que d’autres et la Terreur exercée par les extrémistes partisans de méthodes radicales , contribue à diviser les rangs de ceux qui combattent au nom des droits de l’homme et du citoyen. Le texte qui va servir de base à la constitution de notre premier épisode républicain, nous le devons à l’Assemblée constituante, qui charge 5 députés ( dont Mirabeau ) de réunir différentes propositions .À travers son préambule et ses dix-sept articles , la déclaration des droits de l’homme et du citoyen définit des droits « naturels et imprescriptibles » que sont la liberté, la propriété, la sûreté, la résistance à l’oppression, elle reconnaît l’égalité devant la loi et la justice, et elle affirme le principe de la séparation des pouvoirs. Mais ce text fondamental semble avoir oublié de donner de nouveaux droits aux représentante du sexe féminin : c’est cet oubli que tentera de réparer Olympe de eGouges en écrivant la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Plus »
Laclos fait paraître en 1782, quelques années avant la révolution française, un roman épistolaire qui fit scandale. le titre Les liaisons dangereuses illustre son projet ; Il montre comment un coupe de libertins, la Marquise de Merteuil et le comte de Valmont manipulent leur entourage et sèment le déshonneur sur le chemin de ceux qu’ils séduisent et manipulent. Au moment où le mouvement des Lumières s’interroge milite notamment pour une meilleure éducation des femmes , Laclos montre qu’elles demeurent les premières victimes d’hommes peu scrupuleux qui font passer leurs désirs avant le respect des valeurs morales comme l’honnêteté et la fidélité. Dans cette lettre adressée à la présidente de Tourvel et rédigée par une amie , nous verrons tout d’abord qu’il s’agit d’une lettre de mise en garde qui incite à la prudence et nous montrerons ensuite comment Valmont est décrit ainsi que le danger qu’il représente pour les femmes.
Madame de Volanges se définit par l’amitié qui la lie à Madame de Tourvel : A la ligne 7 , elle la nomme “mon amie” et évoque leur passé commun ” vous me connaissez” ajoute . A la fin de sa lettre , elle évoque à nouveau la force de leur relation avec ” ma belle amie” : l’adjectif laudatif belle indique ici une marque d’affection et d’estime. Madame Volanges justifie sa démarche et tente de persuader la présidente de lui faire confiance ; Elle prétend agir au nom de “l’âge, l’expérience et surtout l’amitié ” ; Elle posséderait selon elle une forme de sagesse liée à sa connaissances du monde ; cette sagesse et cette lucidité feraient en partie défaut à Madame de Tourvel, plus jeune et moins expérimentée car elle ne vit ni à la Cour ni à Paris.
Madame de Volanges, en effet, l’incite à se méfier du vicomte qui tente de ternir la réputation de la jeune femme : elle lui répète les rumeurs qui circulent “dans le monde ” et cherche à lui faire peur afin qu’elle l’éloigne le plus vite possible ; c’est la conclusion de sa lettre ” je vous conseille d’engager sa tante à ne pas le retenir davantage ” . Le verbe conseille ici montre qu’elle s’efforce de modifier le point de vue de Madame de Tourvel au moyen d’arguments rationnels. Elle se place en position d’autorité un peu comme une mère face à sa fille. Madame de Volanges met en évidence la candeur de son amie à plusieurs reprises. Elle semble agir pour la protéger de ce qu’elle considère comme “le malheur le plus grand qui puisse arriver à une femme” Le superlatif ici traduit , au moyen d’une formule allusive, le fait pour une femme de céder aux avances d’un homme qui ira ensuite se vanter de l’avoir séduite
Certaines femmes, qui sortent directement du couvent à l’âge de 15 ans, pour se marier , comme nous l’avons vu avec l’arrivée à la Cour de Mademoiselle de Chartres dans La Princesse de Clèves, ne possèdent qu’une vision très naïve du jeu de la séduction et peuvent facilement être trompées par des libertins ; Ce sont des victimes et Madame de Volanges le rappelle à la ligne 14 à propos du vicomte : “pour être cruel et méchant sans danger, il a choisi les femmes pour victimes. ” A cette époque, la parole des femmes n’était pas considérée et elles n’osaient pas se plaindre de subir des agressions sexuelles car elles craignaient de perdre leur réputation . Madame de Tourvel mène, avec son époux “une vie sage et retirée ” , loin des cercles parisiens. Cet isolement la protège mais la maintient dans l’ignorance ce qui la met en danger car elle n’a jamais entendu parler de Valmont. Elle n’est donc pas au courant des rumeurs qui font état du libertinage de Valmont ; Madame de Volanges lui set d’informatrice et évoque ainsi de “scandaleuses aventures “ ligne 16, afin d’effrayer son amie . L’adjectif scandaleux a une connotation critique et révèle la désapprobation de l’auteure de la lettre. La prétérition ” je pourrais vous en raconter qui vous feraient frémir” ajoute , pour le lecteur , une note de mystère et nimbe le personnage du Vicomte d’une aura maléfique. Par contraste, la présidente apparaît comme une sorte d’ange : ” vos regards , purs comme votre âme” : La comparaison ici montre qu’elle est incapable d’envisager le mal et qu’elle est très vertueuse; il s’agit ici d’un éloge de la pureté de cette jeune femme, qui pour le lecteur, a déjà le statut de victime car il sait qu’elle fait partie d’un plan ourdi par le couple de libertins. Circonstance aggravante pour Valmont : toutes les femmes sont unanimes pour condamner sa conduite ainsi que le suggère la double négation “ il n’en est point qui n’ait eu à s’en plaindre .” Ce procédé de style est caractéristique de la préciosité : il donne un caractère artificiel à l’affirmation et s’apparente à une forme de litote. Laclos et Madame de La Fayette pour dépeindre la subtilité de l’analyse psychologiques ; adoptent, à un siècle d’écart, des tournures littéraires similaires.
Le romancier montre, à travers cette lettre, à quel point un libertin représente un danger pour la société : c’est un individu décrit comme une véritable menace et un réel hypocrite ; Il paraît “ encore plus faux et dangereux qu’il n’est aimable et séduisant ” les deux couples d’ adjectifs associent ici des qualités en apparence mais qui sont au service de la tromperie ainsi que le montre le comparatif de supériorité. Le Vicomte n’agit pas simplement par passion : “sa conduite est le résultat de ses principes” peut on lire ligne 12. Il suit ce qu’il a prémédité, ne laisse rien au hasard et se montre calculateur . C’est pourquoi il est impardonnable et Madame de Volanges ne lui trouve aucune circonstance atténuante ; elle le dépeint comme un être froid et qui s’adonne volontairement au mal : il ne s’agit pas d’obéir à des “passions fougueuses” mais d’une démarche calculée et maîtrisée. Le libertin est ainsi montré comme quelqu’un qui sait dominer la passion amoureuse et qui ne suit que son orgueil et son désir de puissance.
Madame de Volanges peint évidemment un tableau sombre et résister à un homme si fourbe et si habile relève du tour de force ; Il s’agit d’un véritable combat : elle évoque ainsi des “armes pour vous défendre” . Le champ lexical de la lutte illustre également le danger qu’il incarne : l’exemple de Madame de Merteuil est donné afin de montrer qu’elle seule, en apparence , “a su lui résister et enchaîner sa méchanceté ” ; Il s’agit d’une forme d’ironie ici de la part du romancier car le lecteur connait la véritable nature de la Marquise: il sont complices et elle n’a pas encore été démasquée par Madame de Volanges qui s’est fait prendre au piège de l’hypocrisie de Madame de Merteuil. La particularité d’un roman épistolaire réside essentiellement dans la position du lecteur qui assiste à une série d’échanges pour lesquels il possède une vue d’ensemble alors que chaque personnage du roman ignore le contenu des lettres des autres épistoliers. Non seulement le vicomte prend pour cible des femmes mais il ne se contente pas de les séduire, il les perd. ” je ne m’arrête pas à compter celles qu’il a séduites “, écrit Madame de Volanges : cette nouvelle prétérition qui a ici une valeur hyperbolique est complétée par une question réthorique ” mais combien n’en a-t-il pas perdues ? ” La tournure interro-négative met en évidence le caractère dépravé du personnage .
Le portrait de Valmont révèle sa noirceur ; celle de l‘âme d’un libertin; Laclos s’emploie à décrire les ruses et les artifices employés par ce type d’individus ; On retrouve ainsi la dimension morale du roman: mettre en garde les femmes contre les ruses employées par ces prédateurs afin d’abuser de faibles femmes candides. Le début de la lettre fait mention de la “candeur” dont Valmont aurait fait preuve devant Madame de Tourvel et son amie emploie l’ironie pour la persuader qu’elle se trompe ” oh oui la candeur de Valmont doit être en effet très rare ” : il s’agit d’un euphémisme qui signifie qu’il est le contraire de candide et qu’il dissimule sa perfidie sous une fausse candeur . “Jamais depuis sa plus grande jeunesse, il n’a fait un pas ou dit une parole sans avoir un projet , et jamais il n’eut un projet qui ne fût malhonnête ou criminel , écrit Madame de Volanges ” . Cette longue phrase est construite sur une amplification rythmée par l’anaphore de l’adverbe jamais ; La critique forme une gradation ; C’est tout d’abord le côté calculateur du Vicomte qui est montré avant d’évoquer , dans la seconde proposition construite à partir d’une double négation qui marque l’assertion , son côté immoral : c’est une manière hyperbolique de le critiquer et de condamner son immoralité. La diatribe se termine avec l’adjectif criminel qui dépasse ainsi la simple malhonnêteté. De plus, nous trouvons un champ lexical de l’ignominie avec “horreurs ” à la ligne 13 et méchanceté à la ligne 22
Le but de cette lettre est donc double : pour Madame de Volanges, il est important de prévenir son amie et de la mettre en garde contre le danger que représente Valmont, un libertin qui dissimule sa noirceur sous le masque d’un gentilhomme et pour le lecteur , il s’agit de révéler l’animosité et la naïveté de Madame de Volanges qui , sans le savoir, est tombée elle ausi dans le piège qu’elle dénonce. Elle est, en efeft, dès le départ de l’intrigue, avec sa fille Cécile, une des principales victimes de ce redoutable couple de libertins; Si elle a su identifier les ruses de Valmont, elle s’est montrée incapable de déceler sous le masque de la bonne amie, les véritables intentions de Madame de Merteuil et se trompe complètement sur cette dernière. Comme Madame de La Fayette, Laclos dépeint les pièges de l’amour et les dangers de la dissimulation : la galanterie a fait place au libertinage et si Madame de Clèves a réussi, grâce à son incomparable vertu, à fuir la menace qui pesait sur sa réputation, Madame de Tourvel, en succombant au Vicomte, le paiera de son honneur et de sa vie .
Pour l’étude d’ensemble , je vous renvoie au site dirigé par Amélie, commentairecompose.fr et à sa fiche de lecture sur la pièce de Jules Renard .https://commentairecompose.fr/knock-jules-romains/.
Exemple d’introductions pour le passage à commenter ( II, 4 )
En 1923, Jules Romains, dramaturge français, fait représenter une comédie, satire de la médecine. Cette pièce a pour héros un médecin usurpateur qui s’installe dans un petit village et reprend la clientèle de son prédécesseur. Soucieux de s’enrichir grâce aux maladies de ses patients, il profite de leur inquiétude partant du principe que tout homme bien portant est un malade qui s’ignore ; Dans l’acte II, scène 4, il fait face à une paysanne tombée d’une échelle et lui propose un traitement pour que son mal s’aggrave. Comment le dramaturge et -il en scène ici une consultation médicale? Nous montrerons dans un premier temps la dimension comique de l’échange et verrons ensuite comment le médecin arrive à tirer avantage de la maladie de sa patiente .
En 1923, juste après la première guerre mondiale, un dramaturge , Jules Romain, confie à l’acteur et metteur en scène Louis Jouvet, le rôle titre de sa comédie : Knock ou Le triomphe de la médecine . Ce titre nous met sur la voie d’une satire de la médecine moderne dont les méthodes sont ici dénoncées, de manière comique, par l’auteur. Un nouveau médecin tente, par tous les moyens, de se constituer une clientèle afin de s’enrichir. Dans cette scène 4 de l’acte II, il reçoit en consultation une paysanne tombée de son échelle et il la manipule; Nous montrerons tout d’abord comment il augmente la gravité de son mal en l’effrayant et ensuite de quelle manière il lui propose la soigner.
Lorsque Jules Romain crée Knock ou le triomphe de la médecine, au tournant des années 20 , le monde est en train de changer : la publicité fait son apparition et de nouvelles techniques de manipulation des masses s’imposent pour vanter les mérites de la consommation . Le dramaturge utilise sur scène l’idée qu’une médecine moderne, basée sur les progrès de la science, est en train de chercher à s’imposer et à imposer avec elle l’idée de l’omniprésence de maladies qu’il faudrait soigner à tout prix. Dans cette scène de l’acte II, il met face à face un médecin manipulateur et une paysanne naïve aveuglée par ses propos . Comment le médecin apparaît -il dans cette scène comique ? Nous montrerons premièrement la dimension comique de ses explications avant d’évoquer l’omniprésence de l’argent dans cette consultation .
Le commentaire : conseils de rédaction.
Erreurs à éviter : s’il est important de montrer que vous possédez des points de repère dans l’histoire littéraire, ne tentez pas de plaquer un courant littéraire sans en connaitre la définition et sans avoir vérifié qu’il correspond bien au thème et au style du texte proposé pour l’épreuve . Ainsi le sur réalisme , le Nouveau -Roman ou l’unanimisme sont bien des courants littéraires de la première moitié du siècle dernier mais les principes de ces mouvements ne permettent pas de définir le type de texte théâtral ici ; il faut plutôt se référer à l’évolution du théâtre et de la comédie et se souvenir comment analyser les procédés comiques .
Les observations les plus intéressantes constituent ici un commentaire dont les titres ainsi que les transitions figurent entre parenthèses
I (L’emprise du médecin )
(L’emploi d’un vocabulaire technique ) , sorte de jargon médical, a pour effet d’intimider le patient qui ne comprend pas les termes médicaux comme faisceau de Tûrck à la ligne 3 ou colonne de Clarke à la ligne 4 . Le spectateur peut douter de la réalité de ces appellations d’autant que les explications du médecin, au tableau semblent simplistes : il vulgarise des explications savantes pour un public non spécialiste . De plus l’observation de la répartition des répliques nous montre que le médecin demeure le maître du jeu et des échanges. Il prend, tout au long de cet échange, l’ascendant sur son interlocutrice de plusieurs façons.
Tout d’abord, Knock ( s’efforce de se montrer convaincant ) et d’exercer une emprise sur la patiente notamment en l’impliquant dans la prise de décision : il commence par une démonstration logique avec un dessin explicatif et il s’assure de l’adhésion de la dame : “vous me suivez ? ” . Il la red décisionnaire sans rien lui imposer ” ce que je puis vous proposer” . Loin de se montrer autoritaire, il apparait comme poli et courtois et lui laisse la décision finale ” vous vosu rendrez compte par vous-même et vous vosu déciderez ” . Peu à peu , il impose son point de vue tout en continuant à faire mine de s’intéresser à l’avis de la dame ” C’est convenu ? ” ; Il recherche son accord et l’obtient ne dépit d’un soupir , didascalie qui marque une certaine réticence ” Comme vous voudrez ” ; Il l’a finalement emporté et a convaincu la patiente de suivre ses recommandations .
(L’angoisse de la mort ): pour faire accepter à sa patiente un traitement onéreux, le médecin va aggraver volontairement les symptômes dont elle souffre . Venue le consulter pour un trouble bénin, elle sort de la consultation en se pensant gravement atteinte . Au lieu de la rassurer , il amplifie son inquiétude le faisant semblant de considérer la mort comme quelque chose de banal et d’inévitable “vous ne mourrez pas du jour au lendemain . Vous pouvez attendre ” Il présente la vieillesse comme des années inutiles dont on peut se passer “pour le plaisir qu’elles donnent ” Cette remarque ironique qui constitue un véritable paradoxe révèle, en partie sa stratégie : il feint un certain détachement envers la vie qui peut avoir comme effet de paniquer ses patients . On retrouve le thème de la peur de la mort qui est une constante dans la satire de la médecine ; Knock s’emploie à effrayer ses patients afin de les rendre dociles et de vaincre leurs réticences à se soigner .
(transition entre I et II ) Insuffler la peur en adoptant un ton désinvolte est donc une de ses techniques préférées et Jules Romains illustre le fonctionnement de son héros en lui faisant affirmer que tout homme bien portant est , en fait un malade qui s’ignore. Il s’agit de dresser de la corporation des médecins un tableau satirique en les dépeignant comme des praticiens avides de s’enrichir par tous les moyens et prêts à inventer des maladies imaginaires-
II (L’importance de l’ argent )Tout part d’un constat ; la dame ; bien que riche, refuse de payer une somme exorbitante ( l’équivalent de 4 bêtes ) pour se faire soigner et souhaiterait un traitement moins onéreux : Le médecin va la prendre au mot . Il lui propose alors de “laisser les choses comme elles sont ” ce qui revient à ne pas la soigner sous prétexte que “L’argent est si dur à gagner ” . Il va ainsi dans le sens de la demande de sa patiente : il feint d’adhérer à son argument pour mieux la manipuler en gagnant sa confiance; C’est une technique très utilisée en argumentation pour convaincre son interlocuteur . Ainsi la patient va devoir admettre qu’elle aimerait quand même être prise en charge mais souhaite être guérie pour “moins cher “ . Knock va mettre au point un stratagème qui consiste à l’affaiblir afin qu’elle se croit très malade; Il crée ainsi une sorte de malade imaginaire en dégradant son état de santé volontairement comme dans la pièce de Molière où Purgon abusait de la confiance d’Argan en lui prescrivant des remèdes onéreux dont il partageait les bénéfices avec le pharmacien M Fleurant.
Ainsi Knock se vante de prescrire une mise en observation et précise ” ça ne vous coûtera presque rien ” ligne 17 et pour couper court à tout reproche qui pourrait lui être adressé de s’enrichir sur le dos de ses patients, il tient à préciser ligne 26, “ vous ne direz pas que je vous ordonne des remèdes très coûteux “ Ce mode d’argumentation se nomme une prétérition et consiste à évoquer un sujet tout en expliquant qu’on n’en parlera pas. L’argent est donc très présent dans l’échange avec notamment l’idée que le médecin cherche à s’enrichir tout en se défendant d’avoir un quelconque intérêt pour l’argent . Il cache son jeu mais son insistance le démasque et surtout sa stratégie à trouver des maladies graves là où il n’y a que des maux du quotidien : il transforme un simple mal de dos en douleur incurable liée à un écrasement de “la moelle épinière” en ajoutant qu’il est très mal placé”. (TR entre II et III ) Ces exagérations et ses subterfuges font partie des effets comiques les plus fréquemment utilisés.
III (Les procédés comiques )
(La naïveté de la patiente) L ‘un des ressorts comiques pour le spectateur consiste à comprendre que la patiente est en train de se faire duper mais qu’elle ne s’en rend pas compte. En effet, la panique la gagne peu à peu après l’annonce du diagnostic ” Mon Dieu ! Mon Dieu ! s’exclame -t-elle ligne 8 pour ensuite se lamenter “ Oh ! là là “ Elle se rallie , sous l’effet de la peur, à la nécessité d’accepter un traitement et le médecin feint de lui attribuer le pouvoir de décision finale ; Elle acquiesce alors “ Oui c’est çà “ ligne 19 et il peut ensuite rédiger l’ordonnance ainsi que le précise la didascalie de la ligne 22 .
(Un traitement insolite )Les recommandations du médecin n’ont rien à voir avec le traitement lié à une chute : si on peut concevoir que le repos soit une source d’amélioration de la santé de la dame, il est plus difficile de comprendre l’isolement exigé : “défendez qu’on vous parle ” et surtout le jeûne imposé : “aucune alimentation solide pendant une semaine ” ; Les conséquences sont prévisibles : la dame va être affaiblie et cette “faiblesse générale ” ainsi qu’une certaine paresse à vous lever ” sont juste les conséquences logiques et prévisibles de cette mise en quarantaine assortie d’une privation de nourriture. Le spectateur se rend bien compte de la manipulation et de l’escroquerie dont la patiente est ici la victime. Tout ce qu’il cherche c’est justement en l’isolant et en la privant de contact , c’est à faire apparaître des symptômes de mal-être qu’il pourra alors attribuer à la maladie . De soignant, le médecin devient tortionnaire.
(L’ambiguïté du comique ) Ici le médecin donne une sorte de leçon à la paysanne à laquelle il reproche notamment de ne pas vouloir payer pour se faire soigner; Son but est double : en aggravant son mal, et en lui infligeant une période d’observation inutile et dangereuse pour son état général, il va la rendre dépendante : si le mal est moins sérieux qu’on ne pouvait le croire, je serai le premier à vous rassurer. Il se montre ici particulièrement habile en endossant le rôle du sauveur alors qu’il est à l’origine de l’aggravation de ce mal de dos qu’il qualifie de “tiraillement continu qui s’exerce sur les multipolaires ” Comme il possède le savoir, Jules Romains montre qu’il peut ainsi exercer une emprise sur les moins cultivés et son habileté à argumenter lui confère également un avantage sur la plupart des gens; C’est un manipulateur et le rire du spectateur est ambigu, comme l’est la comédie elle-même .
Pour conclure, ce passage révèle la supercherie du médecin et sa capacité à transformer des patients bien portants en malades grâce à ses talents d’orateur et son pouvoir de persuasion .La comédie, dès l’Antiquité est un genre de spectacle qui contient une dimension morale mais s’applique à divertir autant qu’à instruire; Molière dont la devise était de faire rire en se moquant des défauts des hommes , l’a illustré à de nombreuses reprises et notamment dans Le Malade imaginaire où il montre comment des médecins s’enrichissent en faisant croire à leurs patients qu’ils souffrent de nombreuse maladies graves; Jules Romains reprend ici le même argument avec ce personnage de Knock, dont le triomphe constitue une sorte de mise en garde contre les dérives de la science lorsqu’elle cherche à abuser les plus crédules .
La réforme du baccalauréat a modifié le déroulement de l’oral de français: après avoir effectué sa lecture linéaire sur l’un des textes étudiés durant l’année à partir de sa liste de bac, le candidat doit ensuite présenter durant 2 à 3 minutes le livre de son choix parmi ceux qui lui ont été proposés par son professeur ; cette seconde partie de l’oral est argumentative : il est important de bien la préparer et de réfléchir, à l’avance aux arguments que vous souhaitez défendre et à ce qui a motivé votre choix personnel . l’examinateur s’attend donc à une prise de parole argumentée, basée sur une lecture personnelle et une connaissance de l’oeuvre et de ses enjeux . N’hésitez pas à mettre en avant les passages , les thèmes qui vous ont plu et à faire référence à des personnages précis ou à des scènes du livre , à chaque fois que vous donnez un justificatif . Voilà les meilleurs arguments trouvés dans vos copies et reformulés . Servez -vous de ce modèle pour construire vos futures argumentations . Plus »
De nombreux épisodes du roman peuvent nous paraître fort éloignés des histoires d’amour actuelles et des représentations que nous nous faisons de la jalousie, de l’adultère ou des aveux amoureux. A la cour de Madame de Lafayette, cet épisode a déclenché de nombreuse discussions: fallait -il avouer ce qu’elle ressentait pour un autre homme à son mari ou devait -elle imposer le silence à son coeur et à sa passion ? Quand on avoue qu’on aime ailleurs, l efait -on pour soulager sa conscience ou pour mettre un terme à une relation qui ne nous convient plus ou que nous souhaitons briser sans avoir le courage d’y parvenir . L’aveu marque -t -il d’ailleurs toujours la fin d’une histoire d’amour . Est -il un gage de sincérité ? L’amour est né entre l’héroïne et le duc de Nemours dès leur rencontre au bal, peu après le mariage de celle-ci avec le Prince de Clèves. Laissée seule, après la mort de sa mère, face à ses sentiments, la Princesse en découvre, dans la seconde partie du roman, toute la puissance et elle fait l’expérience des souffrances liées à la passion. La joie qu’elle éprouve lors des moments partagés avec le duc, dans la troisième partie, lui a fait comprendre à quel point elle l’aime , et la seule façon de résister à cette « inclination », est de trouver refuge loin de la Cour. Alors que son mari la presse de revenir à Paris, elle choisit une autre issue qui peut paraître étrange : lui avouer son amour, pour lui demander son appui. La scène se déroule dans le parc du château de Coulommiers. Les deux époux sont assis « sous le pavillon », mais le Duc de Nemours, venu là dans l’espoir d’apercevoir la princesse, se cache « dans un cabinet » contigu. Il est donc un témoin caché de l’aveu et ce détail de mise en cène est fondamental pour comprendre les conséquences de cette révélation . Nous verrons tout d’abord l’aveu de la princesse et ses modalités avant d’examiner la réaction du Prince .
Le roman de Madame de La Fayette nous plonge dans l’ambiance de la cour du roi Henri II : la magnificence et la galanterie, commence-t-elle n’ont jamais paru en France avec autant d’éclat que dans les dernières années du règne de Henri second. Ce cadre historique va servir d’écrin à la naissance d’une passion amoureuse entre une toute jeune fille Mademoiselle de Chartres et un personnage célèbre à la Cour pour ses talent de séducteur : Le Duc de Nemours. La jeune femme , récemment mariée au Prince de Clèves, un parti avantageux, découvre sans trop oser se l’avouer , qu’elel nourrit de tendres sentiments pour un autre homme que son époux. Cet épisode , situé au début du second tome, marque le retour à la Cour de La Princesse, qui s’était retirée pour faire le deuil de la mort de Madame de Chartres. La scène se situe chez Madame de Clèves, lors d’une visite de la dauphine qui demande à comparer un portrait de la Princesse que son mari a fait réaliser afin de le comparer avec celui qu’un peintre effectue à sa demande , et qui est destiné à décorer les appartements de la reine mère. Monsieur de Nemours qui a profité de cette occasion pour venir admirer la Princesse , décide alors de dérober ce portrait . Voyons tout d’abord la mise en scène du vol et ensuite le choix difficile auquel la Princesse est confrontée . Plus »
Brumes et Pluies
En 1861 , Baudelaire a quarante ans et il se remet d’un procès retentissant contre son recueil de poèmes Condamné à livrer au public une version allégée de certaines de ses compositions et à en supprimer d’autres, il décide de remanier son oeuvre . Dans son nouveau recueil intitulé Tableaux Parisiens, il intègre la ville de Paris et les paysages parisiens . Parmi les 18 poèmes regroupés dans cette section, 8 figuraient déjà dans la section Spleen et Idéal des Fleurs du Mal en 1857. La ville y est décrite comme un nouvel espace esthétique et poétique. Il montre à la fois la pauvreté de certains quartiers et la magie urbaine d’une “fourmillante cité, cité pleine de rêves” où ” tout même l’horreur tourne aux enchantements “.
Introduction d’un commentaire littéraire
Composé par Charles Baudelaire, poète français situé au carrefour de trois courants littéraires successifs: le Romantisme, le Parnasse et le symbolisme, Brumes et Pluie est un sonnet formé de deux quatrains et de deux tercets d’alexandrins aux rimes plates qui , sur un registre lyrique et élégiaque , célèbre le pouvoir du brouillard. (Problématique) En quoi peut on dire de ce poème qu’il représente un paysage état d’âme ? (Annonce de plan ) Dans une première partie, nous montrerons qu’il est formé de différents éléments naturels symboliques et ensuite nous verrons que ces éléments sont mis en correspondance avec des sentiments éprouvés par le poète.
1. Le paysage : (de quel type de paysage s’agit-il ? )
mes sous-parties vont répondre à cette question
1. Un paysage “flou” : le poète évoque tout d’abord trois saisons différentes , le printemps, la fin de l’automne et l’hiver , saisons toutes trois qualifiées d’ “endormeuses “; Cet adjectif peut sembler dériver du verbe endormir et il s’agirait pour le poète de nous faire comprendre que ce temps lui donne envie de dormir ou qu’il endort quelque chose en lui. Les éléments qui composent le paysage sont assez vagues: “une grande plaine ” au vers 5 , un vent glacial, les longue nuits et une girouette personnifiée ; cette girouette sous l’effet du vent violent fait du bruit et le poète la compare à un homme enroué ce qui n’est guère agréable et rappelle le bruit du frottement des pales de métal sous l’effet du vent .
2. Un paysage triste et “éteint”: le poème fait préférence , à plusieurs reprises,au froid notamment avec le mot frimas au vers 10 et au vers 5, l‘autan froid ; Il est également question de la nuit, et du côté terne de la lumière avec l’adjectif “blafardes” qui signifie d’une pâleur extrême, presque maladive.
3. la beauté du Mal ?
En dépit de ces caractéristiques désagréables, le paysage semble exercer un certain charme sur le poète qui déclare “je vous aime et vous loue” en s’adressant à ces saisons froides. de plus, il évoque leurs effets positifs sur son état d’ âme à la fin du premier quatrain . Les saisons sont d’ailleurs assimilées à des reines au vers 11 : ce qui les rend précieuses te contribue à les valoriser .
En effet, le poète semble apprécier ces conditions climatiques et ces paysages pourtant fantomatiques : pour quelle raison apprécie-t-il ce paysage ? C’est à cette question que nous allons répondre dans cette seconde partie de notre étude .
II Les sentiments du poète
1.
Baudelaire invoque les saisons comme s’il s’agissait presque de divinités et on remarque la présence d’un O qui rend hommage à cette atmosphère pourtant sinistre ; ce qui plait au poète c’est avant tout ce “linceul vaporeux “; on peut penser ici qu’il s’agit de la brume ou du brouillard qui enveloppe chaque chose d’un halo de brume et qui brouille notre perception des couleurs , des formes et des volumes . Le mot linceul connote la mort car au sens propre, il s’agit du drap blanc dans lequel on place les morts avant de les déposer dans leur cercueil ou sur un bûcher funéraire ; mais l’adjectif vaporeux fait penser à une sorte de brume légère, comme de la vapeur d’eau, à un tissu léger. Les connotations de ces deux mots sont opposées.
2. Des images morbides
Cette présence de la mort dans le paysage et dans le tableau est perceptible à d’autres moments; Quand par exemple il est question , au vers 9; “des choses funèbres” et même au vers 12 des “pâles ténèbres ” . On notera ici l‘oxymore pâles ténèbres qui oppose la blancheur à l’obscurité la plus totale ; Cette figure de style retient notre attention car elle rapproche deux lots qui sont habituellement opposés. Elle crée donc un effet de surprise.
3. Une sorte d’apaisement
En dépit de ce froid et de cette tristesse, le poète se sent à l’aise au sein de ce paysage qui est celui qui convient à son âme; En effet, il sent son âme qui “ouvrira ses ailes de corbeau” . Baudelaire par analogie, associe son âme un oiseau à la triste réputation et il parait prendre son envol dans cette ambiance ; ce paysage est donc celui qui lui convient car il représente extérieurement ce qu’il ressent intérieurement. Il est donc à l’unisson avec cette atmosphère. Et ce brouillard est “doux ” à son coeur car il forme comme un voile protecteur entre lui et la douleur ;
Le dernier vers construit l’image d’un amour éphémère mais consolateur : “deux à deux” renvoie à l’image du couple ou de la rencontre amoureuse et le “lit hasardeux ” laisse à penser que ce sera un amour sans lendemain ; Seule la rencontre amoureuse est capable de réconforter le poète encore plus fortement que ces paysages nocturnes et vides. Mais cet amour ne dure pas et cela nous ramène au Spleen
En conclusion, ce paysage état d’âme correspond à l’intériorité du poète qui souffre de son spleen ; Seul l’amour semble de taille à combattre ce mal-être existentiel. Cependant Baudelaire se sent accordé à cette mélancolie du paysage et du temps qui parle directement à son âme car elle en est la traduction sous les traits des correspondances symboliques.
Questions : ( les exemples seront pris dans le poème )
1. Définis un oxymore et donne un exemple
2. Donne un titre à la première sous-partie de la partie II
3. Explique ce qu’est une correspondance symbolique et donne un exemple
4. Qu’est-ce que la mélancolie ?
5. Quelle était la problématique de ce commentaire ?
6. Quels éléments biographiques sont importants pour comprendre ce poème ?
7. Que sais tu sur le procès des Fleurs du mal : Baudelaire a t-il gagné ou perdu ?
8. Quelle différence y at-il entre le registre lyrique et le registre élégiaque ?