25. mai 2020 · Commentaires fermés sur Don Juan : un libertin et un libre penseur ? · Catégories: Seconde
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 Qui est Don Juan et pourquoi ce personnage est-il devenu mythique ?

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Le personnage de Don Juan représente, sous certains angles, des traits de la pensée libertine fortement condamnée par une partie de la société du dix-septième siècle  et notamment des partis religieux catholiques à l’époque de Molière ; En effet, les autorités religieuses considèrent que la pensée libertine porte atteinte aux commandements de la religion dans la mesure où elle se fonde sur l’exercice d’une liberté individuelle qui risque de menacer la cohésion sociale . A partir de ces définitions de dictionnaire, cherchez quels pourraient être les sens du mot libertin tel que Molière l’entendait pour son personnage et quels points communs on retrouve dans toutes ses définitions. Lisez ensuite l’éloge de l’inconstance dans la pièce et repérez les principaux points sur lesquels vous n’êtes pas d’accord avec le personnage sous forme de tableau.

 Article du CRNT

1. Cour. Conduite de celui qui a des mœurs très libres, qui s’adonne sans retenue aux plaisirs de la chair. Un libertinage effréné; camarades de libertinage. Parmi les emportements sensuels de son amour, il y avait tout à la fois des tendresses de jeune fille et du libertinage de courtisane (E. de Goncourt, Faustin,1882, p. 216).Le peintre s’est amusé à cette transposition d’une société élégante et frivole, qui pare encore son libertinage des voiles légers du sentiment (Nolhac, Boucher,1907, p. 57).

1. Ah! monsieur, vous commencez bien plus tôt que mon père cette carrière de libertinage, de prodigalité qui déshonore un père de famille, qui diminue le respect des enfants, et au bout de laquelle se trouvent la honte et le désespoir. Balzac, Cous. Bette,1846, p. 235.

2. Vx. Attitude de celui qui refuse les contraintes, les sujétions. (Dict. xixeet xxes.).

3. Vieilli ou littér. Attitude de celui qui refuse le dogmatisme des croyances établies ou officielles et en particulier celui de la religion et la contrainte de sa pratique. [Théodore Jouffroyaimait de la religion justement ce que les athées par libertinage en détestent : sa règle austère et son enseignement vertueux (Bourget, Essais psychol.,1883, p. 55):

2. Le libertinage n’est pas, comme on l’a trop longtemps soutenu, l’attitude tapageuse et paradoxale de quelques jeunes fous. C’est un vaste mouvement où confluent les tendances les plus diverses, les courants d’idées les plus puissants de l’Europe intellectuelle (…). Le libertin n’admet qu’une faculté de connaître, la raison, organe de la critique individuelle. Il l’oppose fortement à l’autorité et à la tradition. A. Adam, Théophile de Viau et la libre pensée fr. en 1620, Paris, Droz, 1935, p. 432.

Article du TLF

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LIBERTIN, -INE, adj. et subst.
A.    Adj. et subst.
1.  Cour.  (Celui, celle) qui a une conduite, des mœurs très libre(s); qui s’adonne sans retenue aux plaisirs de la chair. Femme libertine; vieillard libertin; un jeune, un fieffé libertin; un libertin repentant.  Ils [les peuples latinsdeviennent aisément rhétoriciens, dilettantes, épicuriens, voluptueux, libertins, galants et mondains (TAINE, Philos. art, t. 1, 1865, p. 234). Marat avait l’habitude des femmes, il connaissait toutes les ficelles du jeu d’amour, c’était un « vieux libertin », un « séducteur »

1. Les libertins, ces gens que la nature a doués de la faculté précieuse d’aimer au delà des limites qu’elle fixe à l’amour, n’ont presque jamais leur âge.
BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 261.
2.  Vx, souvent péj.  Qui refuse les contraintes, les sujétions; qui manifeste une grand esprit d’indépendance, qui fait preuve de non conformisme. Sainte-Beuve (…) très hardi dans la chasse aux talents inédits, mais trop traditionnel, trop voisin de la grande école de la prose française pour n’être pas choqué des audaces révolutionnaires de ses « jeunes amis libertins ». C’est ainsi qu’il appelait souvent Baudelaire et sans doute les deux Goncourt,  prenant le mot dans son vieux sens d’indépendance révoltée et un peu sacrilège (BOURGET, Nouv. Essais psychol., 1885, p. 181).
3.  Vieilli ou littér.  Qui refuse le dogmatisme des croyances établies ou officielles et en particulier celui de la religion et la contrainte de sa pratique. Synon. libre-penseur. Mais voici qu’enfin, par des gradations insensibles, Nane avait glissé à la libre pensée; devenue libertine, et pour tout dire, anticléricale (TOULET, Nane, 1905, p. 208). Ce libertin [Benjamin Constantn’a jamais été indifférent à Dieu, (…) il ne s’est jamais interrompu de le chercher (MAURIAC, Mém. intér., 1959, p. 90) :

B.    Adjectif
1.  Cour.  Qui est propre au libertin [au sens A 1]; qui est inspiré, motivé par le dérèglement des mœurs. Un monsieur surprenant un album libertin dans les mains de deux jeunes filles rougissantes (BAUDEL., Salon, 1846, p. 174). L’art coquet, libertin et spirituel du dix-huitième siècle (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 184). La conduite la plus sage, avec les pensées les plus libertines (LÉAUTAUD, Journal littér., t. 3, 1920, p. 304) :
3.  Vieilli ou littér.  Qui appartient à ou qui concerne les libertins [au sens A 3], les libre-penseurs. Courant, morale, mouvement, tradition libertin(e); les œuvres libertines de Cyrano de Bergerac.  J’avais écrit qu’Éveline s’était plu à semer dans l’esprit de sa fille les germes de la libre pensée. À y bien réfléchir il me semble aujourd’hui que c’est l’esprit libertin de Geneviève, si enfant qu’elle fût encore, qui contamina l’âme de sa mère (GIDE, Robert, 1930, p. 1331) :

4. … il [le Theophrastus redivivus] rassemble les thèses de la littérature libertine. Le monde est éternel, et les astres règlent notre destin. L’homme est un animal comme les autres, et qui ne leur est pas supérieur. L’immortalité est une chimère. Le sage aborde la destruction finale sans terreur. Toutes les religions sont des inventions politiques.

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24. mai 2020 · Commentaires fermés sur Ecriture pour le théâtre : les particularités de l’écriture pour le théâtre · Catégories: Fiches méthode, Seconde · Tags:
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Plus l’histoire du théâtre se rapproche de nous et plus les dramaturges utilisent les didascalies, ces indications scéniques précieuses pour le metteur en scène ; Dans les tragédies classiques ou dans les comédies de Molière, peu de traces de ce type d’écriture ; La plupart des didascalies en effet, sont internes (elles sont mentionnées à l’intérieur des échanges des personnages ) ; En revanche, des écritures comme celles d’Eugène Ionesco ou de Samuel Beckett, deux dramaturges du théâtre de l’absurde, sont basées sur une large utilisation des didascalies externes ; Voyez cela par vous-même ….avec les extraits suivants …

Il s’agit du début de la pièce de Ionesco Le roi se meurt  qui met en scène le destin tragique d’un roi qui refuse de mourir mais dont le royaume rétrécit peu à peu au fur et à mesure que sa maladie augmente …les indications scéniques à elles seules méritent d’être analysées ..

Salle du trône, vaguement délabrée, vaguement gothique. Au milieu du plateau, contre le mur

du fond, quelques marches menant au trône du Roi. De part et d’autre de la scène, sur le devant, deux trônes plus petits qui sont ceux des deux Reines, ses épouses.

A droite de la scène, côté jardin, au fond, petite porte menant aux appartements du Roi. A gauche de la scène, au fond, autre petite porte. Toujours à gauche, sur le devant, grande porte. Entre cette grande porte et la petite, une fenêtre ogivale. Autre petite fenêtre à droite de la scène, petite porte sur le devant du plateau, du même côté. Près de la grande porte, un vieux garde, tenant une hallebarde.

Avant le lever du rideau, pendant que le rideau se lève et quelques instants encore, on entend une musique dérisoirement royale, imitée d’après les Levers du Roi du XVIIe siècle.

LE GARDE, annonçant. Sa majesté, le Roi Bérenger Ier. Vive le Roi ! 

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Le roi se meurt 

Le Roi, d’un pas assez vif, manteau de pourpre, couronne sur la tête, sceptre en main, traverse le plateau en entrant par la petite porte de gauche et sort par la porte de droite au fond.

LE GARDE, annonçant. Sa Majesté, la reine Marguerite, première épouse du Roi, suivie de Juliette, femme de ménage et infirmière de Leurs Majestés. Vive La Reine !

Marguerite, suivie de Juliette, entre par la porte à droite premier plan et sort par la grande porte. 

Ionesco précise tout d’abord quelques éléments de décor symboliques pour désigner la royauté : les trônes des personnages et la mention  de musique royale  ainsi que le costume symbolique pourpre , sceptre et couronne ; l’accessoire la hallebarde nous renvoie plutôt à une époque médiévale ainsi que la fenêtre ogivale qui rappelle celle des châteaux ; En revanche le délabrement de la salle et l’adverbe dérisoirement peuvent nous faire penser que la royauté va être un objet de dérision de la part du dramaturge; L’écriture théâtrale cherche à rendre visible la dimension symbolique  d’un cadre; 

Application pratique : si vous voulez faire visualiser une maison à la campagne  ou un appartement en ville ,quels éléments de décor pourront référer symboliquement à cet univers ? quels costumes connotent l’opulence et la richesse ou au contraire le dénuement et la pauvreté ?

Examinez ce second exemple tiré de la scène d’exposition de En attendant Godot de Beckett : la pièce montre deux vagabonds Vladimir et Estragon qui attendent en vain un mystérieux personnage nommé Godot, dont on peut penser qu’il s’agit de Dieu ; Pour tromper le vide de leur existence , ils passent leur temps à se quereller pour rien .

Route à la campagne, avec arbre.
Soir.
Estragon, assis sur une pierre, essaie d’enlever sa chaussure. Il s’y acharne des deux mains, en ahanant. Il s’arrête, à bout de forces, se repose en haletant, recommence. Même jeu.
Entre Vladimir.

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Vladimir et Estragon 

ESTRAGON (renonçant à nouveau) : Rien à faire.
VLADIMIR (s’approchant à petits pas raides, les jambes écartées) : Je commence à le croire. (Il s’immobilise.) J’ai longtemps résisté à cette pensée, en me disant, Vladimir, sois raisonnable. Tu n’as pas encore tout essayé. Et je reprenais le combat. (Il se recueille, songeant au combat. A Estragon.) Alors, te revoilà, toi.
ESTRAGON : Tu crois ?
VLADIMIR : Je suis content de te revoir. Je te croyais parti pour toujours.
ESTRAGON : Moi aussi.
VLADIMIR : Que faire pour fêter cette réunion ? (Il réfléchit.) Lève-toi que je t’embrasse. (Il tend la main à Estragon.)
ESTRAGON (avec irritation) : Tout à l’heure, tout à l’heure.
Silence. 
VLADIMIR (froissé, froidement) : Peut-on savoir où monsieur a passé la nuit ?
ESTRAGON : Dans un fossé.
VLADIMIR (épaté) : Un fossé ! Où ça ?
ESTRAGON (sans geste) : Par là.

Cette exposition est déroutante pour le spectateur car les indications données sont parfois vagues  , parfois même contradictoires ; elles traduisent les difficultés de communication entre les deux personnages qui du coup paraissent étranges ; cependant le dramaturge nous fait visualiser un jeu avec la chaussure d’un des vagabond et cet élément visuel sera repris durant toute la pièce.

Voici un troisième exemple toujours pour le théâtre moderne : il s’agit de la première scène de la pièce La Leçon de Ionesco; Un professeur très étrange, d’abord extrêmement gentil et patient,devient  de plus en plus exaspéré par la bêtise de son élève et les cris de douleur de la jeune fille qui a très mal aux dents : il  devient fou de rage et la tue sur scène; On apprend à la fin de la pièce qu’il assassine, en fait, plusieurs élèves chaque jour.

Au lever du rideau, la scène est vide, elle le restera assez longtemps. Puis on entend la sonnette de la porte d’entrée. On entend la voix de

LA BONNE (en coulisse): Oui. Tout de suite.

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La leçon 

précédant la Bonne elle-même, qui, après avoir descendu, en courant, des marches, apparaît. Elle est forte; elle a de 45 à 50 ans, rougeaude. La Bonne entre en coup de vent, fait claquer derrière elle la porte de droite, s’essuie les mains sur son tablier, tout en courant vers la porte de gauche, cependant qu’on entend un deuxième coup de sonnette.

Patience. J’arrive.

Elle ouvre la porte. Apparaît la jeune élève, âgée de 18 ans. Tablier gris, petit col blanc, serviette sous le bras.

Bonjour, Mademoiselle.
L’ÉLÈVE: Bonjour, Madame. Le Professeur est à la maison?
LA BONNE: C’est pour la leçon?
L’ÉLÈVE: Oui, Madame.
LA BONNE: Il vous attend. Asseyez-vous un instant, je vais le prévenir
L’ÉLÈVE: Merci, Madame.
Elle s’assied près de la table, face au public; à sa gauche, la porte d’entrée; elle tourne le dos à l’autre porte par laquelle, toujours se dépêchant, sort la Bonne, qui appelle

: LA BONNE: Monsieur, descendez, s’il vous plaît. Votre élève est arrivée.
Voix du PROFESSEUR (plutôt fluette): Merci. Je descends … dans deux minutes
La Bonne est sortie; l’Élève, tirant sous elle ses jambes, sa serviette sur ses genoux, attend, gentiment; un petit regard ou deux dans la pièce, sur les meubles, au plafond aussi; puis elle tire de sa serviette un cahier, qu’elle feuillette, puis s’arrête plus longtemps sur une page, comme pour répéter la leçon, comme pour jeter un dernier coup d’œil sur ses devoirs. Elle a l’air d’une fille polie, bien élevée, mais bien vivante gaie, dynamique; un sourire frais sur les lèvres; au cours du drame qui va se jouer, elle ralentira progressivement le rythme vif de ses mouvements, de son allure, elle devra se refouler; de gaie et souriante, elle deviendra progressivement triste, morose; très vivante au début, elle sera de plus en plus fatiguée, somnolente; vers la fin du drame sa figure devra exprimer nettement une dépression nerveuse; sa façon de parler s’en ressentira, sa langue se fera pâteuse, les mots reviendront difficilement dans sa mémoire et sortiront, tout aussi difficilement, de sa bouche; elle aura l’air vaguement paralysée, début d’aphasie; volontaire au début, jusqu’à en paraître agressive, elle se fera de plus en plus passive, jusqu’à ne plus être qu’un objet mou et inerte, semblant inanimée, entre les mains du Professeur si bien que lorsque celui-ci en sera arrivé à accomplir le geste final, l’Élève ne réagira plus; insensibilisée, elle n’aura plus de réflexes; seuls ses yeux, dans une figure immobile, exprimeront un étonnement et une frayeur indicibles; le passage d’un comportement à l’autre devra se faire, bien entendu, insensiblement.

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LE PROFESSEUR entre. Il porte une longue blouse noire de maître d’école, pantalons et souliers noirs, faux col blanc, cravate noire. Excessivement poli, très timide, voix assourdie par la timidité, très correct, très professeur. Il se frotte tout le temps les mains; de temps à autre, une lueur lubrique dans les yeux, vite réprimée.

Au cours du drame, sa timidité disparaîtra progressivement, insensiblement; les lueurs lubriques de ses yeux finiront par devenir une flamme dévorante, ininterrompue; le Professeur deviendra de plus en plus sûr de lui, nerveux, agressif, dominateur, jusqu’à se jouer comme il lui plaira de son élève, devenue, entre ses mains, une pauvre chose. Evidemment la voix du Professeur devra elle aussi devenir de plus en plus forte, et, à la fin, extrêmement puissante et éclatante, tandis que la voix de l’Élève se fera presque inaudible. Dans les premières scènes, le Professeur bégaiera, très légèrement, peut-être. 

On note , dans cette présentation, l’importance des didascalies qui non seulement nous renseignent sur le décor et les personnages mais également nous présentent l’évolution de l’action sur scène ; pour le metteur en scène, on peut noter la difficulté à représenter fidèlement les idées du dramaturge ; D’ailleurs Ionesco sera mécontent la plupart du temps de l’adaptation de se pièces sur scène car il jugera que les metteurs en scène déforment ses intentions et ne respectent pas ses notes.  Il s’est exprimé à ce sujet dans son ouvrage théorique dont je vous livre ci-dessous un extrait :

Ionesco Notes et contre-notes, 1966.

Si l’on pense que le théâtre n’est que théâtre de la parole, il est difficile d’admettre qu’il puisse avoir un langage autonome. Il ne peut être que tributaire des autres formes de pensée qui s’expriment par la parole, tributaire de la philosophie, de la morale. Les choses sont différentes si l’on considère que la parole ne constitue qu’un des éléments de choc du théâtre. D’abord le théâtre a une façon propre d’utiliser la parole, c’est le dialogue, c’est la parole de combat, de conflit. Si elle n’est que discussion chez certains auteurs, c’est une grande faute de leur part. Il existe d’autres moyens de théâtraliser la parole : en la portant à son paroxysme, pour donner au théâtre sa vraie mesure, qui est dans la démesure ; le verbe lui-même doit être tendu jusqu’à ses limites ultimes, le langage doit presque exploser, ou se détruire, dans son impossibilité de contenir les significations.

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Mais il n’y a pas que la parole : le théâtre est une histoire qui se vit, recommençant à chaque représentation, et c’est aussi une histoire que l’on voit vivre.

Le théâtre est autant visuel qu’auditif. Il n’est pas une suite d’images, comme le cinéma, mais une construction, une architecture mouvante d’images scéniques.

Tout est permis au théâtre : incarner des personnages, mais aussi matérialiser des angoisses, des présences intérieures. Il est donc non seulement permis, mais recommandé, de faire jouer les accessoires, faire vivre les objets, animer les décors, concrétiser les symboles.

De même que la parole est continuée par le geste, le jeu, la pantomime, qui, au moment où la parole devient insuffisante, se substituent à elle, les éléments scéniques matériels peuvent l’amplifier à leur tour. L’utilisation des accessoires est encore un autre problème. (Artaud en a parlé.)

À propos de Rhinocéros aux États-Unis

“Le succès public de Rhinocéros à New York me réjouit, me surprend et m’attriste un peu, à la fois. J’ai assisté à une répétition seulement, à peu près complète, avant la générale, de ma pièce. Je dois dire que j’ai été tout à fait dérouté.

J’ai cru comprendre qu’on avait fait d’un personnage dur, féroce, angoissant, un personnage comique, un faible rhinocéros : Jean, l’ami de Bérenger. Il m’a semblé également que la mise en scène avait fait d’un personnage indécis, héros malgré lui, allergique à l’épidémie rhinocérique, de Bérenger, une sorte d’intellectuel lucide, dur, une sorte d’insoumis ou de révolutionnaire sachant bien ce qu’il faisait (le sachant, peut-être, mais ne voulant pas, nous expliquer les raisons de son attitude).

J’ai vu aussi, sur le plateau, des matches de boxe qui n’existent pas dans le texte et que le metteur en scène y avait mis, je me demande pourquoi. J’ai souvent été en conflit avec mes metteurs en scène: ou bien ils n’osent pas assez et diminuent la portée des textes en n’allant pas jusqu’au bout des impératifs scéniques, ou bien ils « enrichissent » le texte en l’alourdissant de bijoux faux, de pacotilles sans valeur parce que inutiles. Je ne fais pas de littérature. Je fais une chose tout à fait différente; je fais du théâtre. Je veux dire que mon texte n’est pas seulement un dialogue mais il est aussi « indications scéniques ». Ces indications scéniques sont à respecter aussi bien que le texte, elles sont nécessaires, elles sont aussi suffisantes.

Si je n’ai pas indiqué que Bérenger et Jean doivent se battre sur le plateau et se tordre le nez l’un à l’autre c’est que je ne voulais pas que cela se fît.

Ce texte polémique de Ionesco soulève donc un certain nombre de problèmes liés aux difficultés d’adaptation et de mise en scène de la parole théâtre et du respect des didascalies; Pour le dramaturge, la parole théâtrale est non seulement dialogue mais tout autant didascalies.

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15. mai 2020 · Commentaires fermés sur La comédie au siècle des Lumières : quel type de comique ? · Catégories: Seconde · Tags: , ,

Les pièces de Molière ont connu un très grand succès au dix-septième siècle mais les goûts du public ont évolué avec les changements de la société et des mentalités et le spectacle théâtral change avec de nouveaux thèmes ou plutôt une réécriture de certains thèmes comme par exemple, le mariage contrarié qui est à la base de beaucoup de comédies de Molière .

1. Le cadre historique : une société en évolution

a) Beaumarchais invente Figaro

Deux dramaturges sont en vedette à cette époque : Beaumarchais qui invente le personnage de Figaro qui connaîtra un très grand succès ; Figaro est un valet “savant ” qui a exercé tous les métiers: médecin, ou plutôt vétérinaire dans les écuries du roi, journaliste, poète et bien sûr, barbier à domicile, ce qui va donner son titre à la première partie de la trilogie Le barbier de Séville . Il deviendra , par la suite, régisseur, et homme à tout faire de son patron le Comte Almaviva ; Les deux hommes préparent, chacun à leur manière, Le Mariage de Figaro dans la pièce qui inspirera de nombreux artistes. Le personnage de Figaro est considéré comme le symbole de l’ascension du Tiers- Etat dans la société et la fin des privilèges de la noblesse; Les accents prérévolutionnaires de la pièce, jouée quelques années avant la Révolution Française , ont été souvent commentés mais l’humour n’est pas seulement celui des revendications et l’affrontement entre le maître et le valet a lieu sur un fond de rivalité amoureuse; Chacun cherche à définir sa place et son rôle dans un monde où les femmes elles aussi s’affranchissent de certaines contraintes , à l’image de la Comtesse qui tend un piège à son mari. Les effets comiques dans le théâtre de Beaumarchais reposent beaucoup sur l’art du déguisement et du travestissement. Le Comte doit dissimuler sa véritable identité pour séduire Rosine, prisonnière de son tuteur et figaro se montre habile pour organiser son évasion et tromper le vieillard . Ensuite , le Comte devra reconquérir sa femme et révéler ses véritables sentiments.

2. Marivaux et la troupe des comédiens italiens

Marivaux écrit lui aussi des comédies sentimentales et il montre dans ses spectacles des personnages qui tentent de savoir si l’amour qu’on leur porte est véritable.  Marivaux écrit ses pièces pour la troupe des comédiens italiens et reprend des éléments traditionnels de la commedia dell’arte, un théâtre de rue  populaire avec des personnages aux noms italiens et aux rôles définis à l’avance : Arlequin est le valet rusé et impertinent, souvent porté sur la bouteille . Les premières comédies de Marivaux ont des intrigues amoureuses fondées sur les effets de surprise et les déguisements; des jeunes gens pour tester les sentiments de leurs amoureux tentent de les prendre au piège en mentant sur leurs identités et le spectateur est complice de la supercherie. Il s’attend ainsi à voir les personnages se trahir mais dans la plupart des cas, leur amour est véritable et les sentiments authentiques finissent par triompher, pour le plus grand plaisir du public.   “j’ai guetté dans le coeur humain toutes les niches différentes où peut se cacher l’amour, lorsqu’il craint de se montrer et chacune de mes comédies a pour objet de le faire sortir d’une de ces niches. ”  Cette citation nous montrer que le dramaturge s’intéresse particulièrement à la naissance du sentiment amoureux et certains de ces personnages tentent de cacher qu’ils ont des sentiments pour un autre personnage. Cependant dans l’Ile des esclaves , écrite te jouée en 1725, la réflexion du dramaturge est davantage fondée sur les relations au sein de la société , entre les maîtres et les valets.

3. L’île des esclaves : une comédie politique ?

L’habileté de Marivaux consiste dans cette pièce à avoir inventé une situation de départ qui permet aux spectateurs de réfléchir à l’évolution de la relation entre les maîtres  :  à cette époque les aristocrates comme Iphicrate , et leurs domestiques, ici représentés par le personnage d’Arlequin.Marivaux a imaginé que ce duo débarque sur une île étrange dans laquelle il y a eu autrefois une révolution et dans cette ile, on a inversé les rôles ; Les domestiques sont devenus les maîtres et les anciens aristocrates sont désormais à leur service; L’idée de Marivaux est de dénoncer , à travers ce renversement de situation, les abus commis par ceux qui ont actuellement le pouvoir et qui maltraitent leurs serviteurs. Mais comment rendre cette situation comique ?

4. Les effets comiques de la pièce 

Tout d’abord , Arlequin se moque de la peur de son maître et il savoure sa revanche; Il ne semble pas du tout le plaindre et commence à lui désobéir car il le sait ne position de faiblesse; Lorsque ce dernier lui demande de le suivre, il ment en disant qu’il a mal aux jambes et ne peut marcher; L’attitude insolente du valet déclenche la colère d’Iphicrate qui apparaît avec l’aparté “le coquin abuse de la situation, j’ai mal fait de lui dire où nous sommes ” . Le comique de caractère est assuré par la moquerie du valet et la  colère du maître qui tente de le frapper, le menace et finit par lui courir après, l’épée à la main. Le personnage du valet Arlequin est issu du théâtre traditionnel italien : il ne pense qu’à boire ce qui a un effet comique te es moque ouvertement des dangers encourus par son maître ; De plus il lui fait remarquer qu’il se comportait mal avec lui et montre ainsi au public qu’il a conscience de l’hypocrisie d’Iphicrate ” comme vous êtes civil et poli, c’est l’air du pays qui fait cela” ; En temps normal, son maître le rudoie, le frappe parfois ” à coups de gourdin ” alors que cette fois, il se montre aimable et veut bénéficier de son aide “ et ne sais tu pas que je t’aime ” ; Mais son hypocrisie est démasquée par le valet  “oui mais les marques de votre amitié tombent toujours sur mes épaules “ ; Il dénonce ici les châtiments qu’il reçoit lorsque son maître est mécontent; Ces  menaces de coups sont une constante dans le théâtre de Molière : on les retrouve, par exemple, dans la scène de dispute de l’avare avec son valet; Marivaux ajoute toutefois une réflexion plus philosophique à cette confrontation maître /valet, fondée sur un rapport de forces. La pièce poursuit un but moral: dénoncer la cruauté de certains maîtres et les inciter à mieux se comporter avec leurs domestiques.

5.Ecriture d’appropriation

Ecrivez les didascalies initiales d’une pièce de théâtre dans laquelle vous allez imaginer un moyen de faire comprendre à un personnage qu’il a mal agi ; Vous préciserez dans quel décor la pièce va se jouer au lever de rideau: pourquoi cet endroit, quelle est la mise en scène . Vous expliquerez les circonstances exactes dans le cadre d’un dialogue sur scène entre deux personnages ; Vous direz précisément dans les didascalies internes où se trouvent les personnages et ce qui va se passer ; vous  aurez précisé qui ils sont en quelques lignes avec leurs caractéristiques principales dans les didascalies initiales externes – L’un des deux aura peur et l’autre se moquera de lui et lui rappellera ses mauvaises actions passées.  Le but n’est pas de le tuer mais de lui faire prendre conscience de ce qu’il a fait et de rendre cet échange drôle . Vous pouvez écrire la scène à deux ; Chacun joue et écrit le rôle d’un personnage . 3 scènes seront retenues, retravaillées  et jouées en classe à la reprise . Votre travail se présentera de la manière suivante; Un des critères d’évaluation de votre travail sera son caractère réalisable. Pad d’effets spéciaux, des moyens faciles à mettre en scène , des situations drôles et sans danger . Le jeu doit consister à essayer d’échapper à la punition/sanction /correction   en utilisant les différentes émotions comme le fait Iphicrate tantôt poli, gentil, affectueux, mais aussi en colère ,

page 1 (recto – ) les didascalies

page 2 ( verso)  l’échange entre les personnages acte 1, scène 1

ou vous pouvez également utiliser l’intérieur d’une copie double avec à gauche les didascalies et à droite le dialogue.

 

 

 

 

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11. mai 2020 · Commentaires fermés sur Se disputer sur scène · Catégories: Seconde · Tags: ,

On se dispute beaucoup sur les scènes des théâtres et c’est le plus souvent , pour faire rire le public. Le théâtre classique nous montre un certain nombre de sujets de conflits entre les maîtres et leurs valets. Chez Molière, les exemples ne manquent pas . Dans la plupart de ses comédies, le spectateur assiste à des scènes comiques qui ont plusieurs fonctions. Le maître souvent, y rudoie, ses serviteurs mais ces derniers ont parfois la langue bien pendue. Voilà deux exemples de disputes ; Dans l’Avare, Harpagon, un vieillard riche , est persuadé qu’on le vole et il soupçonne son valets d’être complice des malfaiteurs qui cherchent à lui dérober son argent.

Texte 1 : Acte I, scène 3

HARPAGON, LA FLÈCHE.

HARPAGON.- Hors d’ici tout à l’heure, et qu’on ne réplique pas. Allons, que l’on détale de chez moi, maître juré filou ; vrai gibier de potence. ( 1 )

LA FLÈCHE.- Je n’ai jamais rien vu de si méchant que ce maudit vieillard ( 2 )  ; et je pense, sauf correction , qu’il a le diable au corps.

HARPAGON.- Tu murmures entre tes dents.

LA FLÈCHE.- Pourquoi me chassez-vous ? Plus »

04. mai 2020 · Commentaires fermés sur L’analyse des procédés comiques · Catégories: Seconde · Tags: ,

Dans Le Bourgeois Gentilhomme, Molière met en scène un riche bourgeois qui cherche à devenir noble mais qui craint de ne pas posséder les codes de la bonne éducation. Il s’entoure alors de professeurs pour apprendre à passer pour un homme bien éduqué et bien né; Il apprend l’escrime, la philosophie, l’art de bien s’habiller. Dans cette scène, il veut écrire, en cachette de sa femme, un billet amoureux à une jeune marquise  mais il a  peur de ne pas trouver les mots justes; Il se fait  alors aider par un maître, expert en bonnes manières et en beau langage.  Regardez cet extrait  au moins deux fois et répondez ensuite aux questions du QCM.

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10. avril 2020 · Commentaires fermés sur Le comique de situation : spécial confinement ! Comment écrire pour le théâtre ? · Catégories: Seconde · Tags: ,

Pour aborder l’étude de l’écriture théâtrale, je vous demande d’imaginer une scène de théâtre à partir des éléments suivants : une situation de confinement et la naissance d’une dispute au sein des habitants de la maison ou entre voisins . L’écriture théâtral impose différentes contraintes : passons les en revue en semble et définissons ce qu’il sera possible de faire te ce qu’il faudra éviter ou proscrire . Mettons tout d’abord en place les principaux points de repère de l’écriture théâtrale.

Une scène de théâtre est composée de didascalies ou indications scéniques et des répliques des acteurs qui forment le texte   ; Ces indications scéniques que le spectateur n’entend pas  peuvent être limitées ou très nombreuses; Elles donnent des indications de mise en scène et précisent , à la fois, les éléments de décor, la situation au lever du rideau et tout ce qui peut être utile pour le metteur en scène ou scénographe .Voilà un exemple de didascalies initiales dans une pièce de Ionesco, un auteur du XX e siècle : la pièce raconte l’histoire d’une ville envahie par des troupeaux de rhinocéros , image symbolique de la montée du totalitarisme. Plus »

05. avril 2020 · Commentaires fermés sur Les hommes face aux monstres : initiation à l’essai · Catégories: Seconde · Tags:

On appelle essai, ou parfois dissertation, une exercice littéraire qui consiste à vérifier l’exactitude d’une opinion au moyen d’exemples , le plus souvent tirés de votre expérience de lecteur ou de spectateur. L’exercice se présente sous la forme d’une question , ouverte ou fermée ( dans quelle mesure les monstres permettent -ils de mieux comprendre ce qu’est l’humanité  ou les monstres sont -ils toujours les ennemis des hommes ? ) ; Mais il peut également s’agir d’une affirmation à discuter : cela veut dire qu’on vous demande votre avis ; Mais , vous l’aurez bien compris; il ne s’agit pas  uniquement  de répondre par oui ou par non ; Il faut argumenter et surtout trouver des exemples qui valident la thèse et des illustrations qui en montrent les limites ; Autrement dit ,vous devez envisager plusieurs réponses possibles . Voilà comment procéder. Plus »

04. avril 2020 · Commentaires fermés sur L’amour et le haïku ou comment déclarer sa flamme en haiKu … · Catégories: Seconde · Tags:

Quelques uns de vos haïkus amoureux en atelier poésie..bravo à tous 

Ses yeux dans mes pensées

La peur de m’y noyer

Je ne peux qu’aimer       by Zelda

Ton visage de renarde

Dans la clairière des sages

Formant mirage         by Clémentine

Notre amour tombe comme

Neige dans le désert

De ma vie                by Mlachahe Plus »

04. avril 2020 · Commentaires fermés sur Le procès de Charles Baudelaire : imaginons un réquisitoire .. · Catégories: Seconde

De nombreux écrivains, à toute les époques, ont fait l’objet de poursuites judiciaires : du temps de Louis XIV, un écrivain dont les idées étaient jugée dangereuses pour l’Etat , finissait souvent  banni ou emprisonné. La Fontaine, a appris , par exemple, à ses dépens, qu’on ne pouvait se moquer impunément du roi sans encourir une disgrâce. Au siècle suivant, sous l’égide des Lumières, certains écrivains ont connu la prison et furent condamnés à l’exil ; Diderot fit plusieurs séjours au donjon de Vincennes et Voltaire choisit de s’installer en-dehors du territoire français, à la frontière Suisse. Même Victor Hugo fut contraint à l’exil dans les îles anglo-normandes lorsque Napoléon III s’empara du pouvoir par un coup d’Etat.  Les auteurs qui combattent, par leurs idées , le pouvoir politique, le paient souvent assez cher . Mais la société civile peut également leur reprocher leurs idées amorales ou licencieuses. En 1857, Flaubert et Baudelaire furent tous deux accusés d’outrage aux bonnes moeurs et furent contraints de se justifier; leurs avocats démontrèrent qu’ils voulaient, en fait, montrer le Mal pour mieux dissuader leurs lecteurs d’y avoir recours.

Imaginons quel aurait pu être le réquisitoitre prononcé par un avocat contre Charles Baudelaire; Comment ce dernier aurait-il pu argumenter pour faire condamner le poète et son recueil de poèmes intitulé Les Fleurs du Mal ?

Mesdames et Messieurs,

Nous sommes aujourd’hui , réunis pour juger un dangereux criminel: oui, il s’agit peut- être d’un artiste mais je n’hésite pas à qualifier cet homme de dangereux criminel et je vais vous le prouver. Regardez-le un instant : ce regard fuyant, ce teint blême, ces habit noirs : tout en lui porte la trace du Mal . Arrêté à plusieurs reprises en état d’ivresse, il est de notoriété publique, connu pour fréquenter assidument les prostituées et des témoins affirment l’avoir vu consommer de l’opium et du haschich. Comment un être aussi pernicieux pourrait-il composer une oeuvre édifiante ? J’ai lu , Mesdames et Messieurs , cette oeuvre , dégoûtante,  écoeurante, abominable et je n’y ai trouvé que stupre,luxure, dépravation, amours interdites et contre-nature.  “L’ odieux y côtoie l’ignoble et l’infect; jamais on ne vit telle revue de démons, de diables et de vermine; Jugez plutôt rien qu’en entendant les titres de ces soi-disant poèmes : A une mendiante rousse : bel exemple pour notre jeunesse que d’évoquer la mendicité de nos rues, un véritable fléau ! L’amour du mensonge: et comment voulez-vous faire une oeuvre moralement irréprochable avec un tel titre ? Bohémiens en voyage: Monsieur le poète évoque ces gitans qui viennent rôder aux portes de nos villes et s’établissent dans des campements insalubres où ils vivent de larcins et parfois même de vol d’enfants . Une charogne : un poème particulièrement raffiné puisqu’ il célèbre la beauté d’un cadavre. Franchement répugnant et le poète ne nous épargne aucun détail comme la puanteur, les mouches qui bourdonnent sur le ventre putride et se transforment en larves ; Tout dans ce poème n’est qu’ordure, vermine et infection .

Comment ne pas penser à un esprit dérangé quand nous lisons ces vers ? Continuons à nous enfoncer un peu plus dans l’horreur de ce cerveau décati : danse macabre, enfer, néant, fontaine de sang: En voulez-vous d’autres encore ?  même ce nom grec atroce : héautontimomérounos qui désigne celui qui se punit lui-même : Baudelaire y écrit, noir sur blanc, être lui-même le vampire de son propre coeur ; Une créature maléfique donc que nul ne doit mentionner sous peine d’offense à la religion catholique qui bannit de telles supercheries. Sur ce terrain, on pourrait continuer à dresser la liste des méfaits de cet écrivaillon : sorcières, femmes sataniques, sabbat, et autres goules sont légion dans les poèmes; pas une page, pas un vers sans qu’on y rencontre une créature infernale ! Je n’ai même pas encore évoqué la luxure et les moeurs dégénérées de ces femmes : Lesbos, Muse vénale, Serpent qui danse; Là encore, Mesdames et Messieurs, je me contente de citer les titres des morceaux choisis de ces fleurs qui ressemblent plutôt à un tas de pourriture . Alors je vous le demande, en votre âme et conscience, cet écrivain mérite-t-il d’être publié ? Allons-nous laisser ces idées perverses issues d’un cerveau en décomposition, gangrèner les esprits de nos concitoyens? Pensez à ces jeunes filles qui risquent d’être à tout jamais effrayées de ce qu’elles vont découvrir ! Nous nous devons de les protéger, de les mettre à l’abri de telles horreurs: il s’agit de notre devoir de citoyen! Que ce Monsieur Baudelaire continue à écumer les lieux mal fréquentés et à fréquenter les femmes de mauvaise vie s’il le souhaite mais qu’il ne se mêle pas de littérature et n’entende pas nous faire partager ses expériences . Impossible, vous m’entendez, de ne pas condamner intégralement ce livre et je suggère également de demander des dommages et intérêts pour le préjudice subi moralement après la lecture de ce tissu d’obscénités. Je vous laisse délibérer . Merci de m’avoir écouté ! 

Quels procédés argumentatifs ont été utilisés pour construire ce réquisitoire ? comment est-il organisé ? 

31. mars 2020 · Commentaires fermés sur Les récits de migrants : des récits pas comme les autres .. · Catégories: Seconde

Voilà un padlet qui a été élaboré à partir de vos récits : merci à tous les contributeurs ; leurs textes ont été parfois modifiés ; Vous trouverez également des témoignages authentiques du parcours de ceux qui cherchaient l’Eldorado ..l’ont-ils parfois atteint ? Tous évoquent la mélancolie de l’exil , les difficultés de l’intégration, des belles rencontres parfois et la déception aussi pour certains .

Fait avec Padlet