Question d’interprétation littéraire à partir d’un extrait de l’Emile de Jean-Jacques Rousseau .
Rousseau, écrivain et philosophe des Lumières, réfléchit dans son Essai intitulé Emile ou de l’éducation, aux fins de l’éducation . Il nous fait partager sa définition des visées de l’éducation, tout au long de cet ouvrage dans lequel il tente de construire des modèles éducatifs efficaces : quels sont les modèles éducatifs envisagés par Rousseau et comment contribuent -ils à façonner l’homme ? Nous étudierons , dans un premier temps, ce qu’est l’enfance pour l’auteur avant d’évoquer les trois sources éducatives et le but ultime de toute éducation. Plus »
Il est d’usage de dire qu’un texte philosophique donnera lieu, à l’épreuve de spécialité , à une question d’interprétation philosophique et un texte littéraire à une question d’interprétation littéraire , mais il est parfois difficile de savoir si un extrait de Montaigne, de Pascal, de Rousseau ou de Sartre entre dans la catégorie des textes littéraires ou des textes philosophiques tant la frontière peut sembler mince entre les deux catégories . Quelques éléments pour construire vos réponses .Plus »
“L’éducation c’est ce qui reste, après qu’on ait oublié ce qu’on a appris à l’école” : cette définition provocatrice d’Albert Einstein a pour mérite de prendre le contrepied de nos idées reçues et de mettre une évidence la complexité des éléments qui interviennent dans la sphère d’éducative ; Ainsi pour le savant, l’éducation se mesure sur le long terme et constituerait un capital pour l’individu, mais ne se mesurerait pas tellement en terme de “connaissances acquises ” . D’ailleurs, il ajoute que “l’école devrait toujours avoir pour but de donner à ses élèves une personnalité harmonieuse et non de les former en spécialiste. ” Et vous , qu’en pensez-vous ? Quelle est, aujourd’hui , votre définition de l’éducation. Plus »
Lorsqu’on cherche à découvrir l’histoire de notre personnalité et de ce qui nous constitue en tant qu’être pensant , il parait logique de se tourner vers les origines, l’enfance et l’éducation reçue. En effet, ce qui a fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui remonte à nos premiers pas, parfois même avant notre conception; Certains parents rêvent d’enfants imaginaires et projettent , avant même qu’ils soient nés, leurs désirs, à propos de leur éducation et leurs espoirs. Ainsi lorsque l’enfant vient au monde, il entre dans des schémas qui lui préexistent et auxquels “l’enfant réel ” va devoir se confronter .Plus »
Certains hommes sont- ils plus sensibles que d’autres ? peut on éduquer sa sensibilité ? Comment l’artiste se sert-il de sa sensibilité pour créer des œuvres qui sont l’expression de son Moi et traduisent sa vision du Monde ? Si la rêverie est au cœur du romantisme , la création de paysages états d’âme ne se limite pas à cette période et on retrouve, encore aujourd’hui, chez de nombreux artistes , une sensibilité face à la Nature qui leur permet de décrire leur intériorité en créant des correspondances entre le monde visible et le monde spirituel , invisible. Comment traduire avec des mots ces pensées fugitives qui s’emparent de l’artiste face à un spectacle naturel qui l’émeut ? Le choix de la poésie, à cause de sa musicalité , est privilégié : son rythme et ses accords traduiraient les mouvements de l’âme; Comme l’écrit Rimbaud , en 1871 , dans une lettre à Paul Demeny appelée lettre du Voyant , la mission du poète est de trouver une langue adaptée à ces visions, à la traduction de ces instantanés . “ Cette langue sera de l’âme pour l’âme, résumant tout, parfums, sons, couleurs, de la pensée accrochant la pensée et tirant. Plus »
Cette émission d’ARTE se propose , en un peu moins d’une heure , de vous faire réfléchir , aux relations entre les deux romans d’anticipation Le Meilleur des Mondes et 1984. Regardez ce reportage passionnant et répondez ensuite au questionnaire qui suit …
Cet article résume l’ouvrage de Pierre Péju illustré par le dessinateur Alfred , dans la collection Philophile, chez Gallimard qui est intitulé: Sommes- nous tous narcissiques ?
Le mythe de Narcisse est à mettre en relation avec le chapitre consacré aux variations du Moi . Le point de départ de l’évocation du mythe repose sur la mode des selfies ; l’auteur considère que le selfie ne reproduit qu’une apparence de moi-même . Ces clichés peuvent-ils tenir lieu d’identité ? En offrant des images instantanées de moments successifs , parvient on à reconstituer l’unité du Moi ? L’enseignement de Socrate qu’on résume souvent par la devise : connais- toi toi même , signifie en fait que l’individu doit apprendre à accéder à son essence , à ce que nous avons tous en commun et qui définit une forme de stabilité , de permanence de notre Moi, ce qui nous constitue essentiellement. Le narcissisme contemporain , en fondant notre identité sur l’image que nous exposons publiquement et que nous mettons en scène , parfois sur les réseaux sociaux , va à l’encontre du précepte socratique . La fascination des images entraîne justement une confusion regrettable enter le désir de plaire et la recherche de soi . Le reflet se substitue à la réflexion .
Qui est Narcisse et en quoi son histoire nous intéresse-t-elle dans notre recherche de ce qui nous constitue ? Plus »
Georges Perec écrit en 1967 un drôle de récit à la seconde personne du singulier, un roman intitulé Un homme qui dort ; Mais qui est ce mystérieux personnage, posé comme objet du récit et objet de connaissance ? On le découvre, progressivement , sous les traits vagues d’ un jeune étudiant qui a une sorte de révélation : il réalise, assez brutalement qu’il se déprend du monde qui l’entoure; Il se sent de plus en plus indifférent aux choses , aux objets quotidiens et semble vivre une vie à la fois heureuse et triste. Proche de l’ataraxie, son existence se compose de la répétition de gestes routiniers et il passe de longs moment sans rien faire , à part observer une goutte d’eau qui fuit au robinet ou les fissures du plafond dans son champ de vision.Plus »
Le mot conscience en littérature a plusieurs sens . De nombreuses expressions reflètent sa complexité comme En mon âme et conscience … se donner bonne conscience .. être conscient des enjeux, agir consciemment . Si l’esprit a toujours été le centre de notre connaissance du monde, il est souvent difficile de percer les secrets de notre intériorité et notre vie psychique nous échappe en partie , notamment lorsque nous dormons ou lorsque nous rêvons . Les découvertes des sciences cognitives nous donnent de précieuses d’informations sur le fonctionnement du cerveau mais la source de nos émotions est souvent complexe. Lorsqu’on aborde la découverte de soi , on se rend compte que les écrivains cherchent à définir dans leurs oeuvres ce qui relève de la conscience et ce qui lui échappe; Plus »
Pour cette étude qui porte sur l’homme au centre de la guerre ou face à la guerre , ont été réunis différents témoignages qui attestent de la pluralité des visions de la guerre; Nous allons donc comparer les définitions données par Voltaire dans Candide, Céline dans Voyage au bout de la nuit, Giraudoux dans La guerre de Troie n’aura pas lieu et Pierre Lemaître dans Au Revoir là haut. Le conte philosophique adopte plutôt une dimension critique ; le roman de Céline prend appui sur des élements autobiographiques et se veut le témoignage d’un combattant ; la pièce de Giraudoux se présente comme une réflexion sur les causes de la guerre et tente de répondre à la question: pourquoi les hommes font- ils la guerre été pourquoi aiment-il cela ? Quant au roman de Pierre Lemaître, la guerre n’y occupe pas un rôle central ; elle est le déclencheur d’un drame humain, celui d’un jeune artiste qui ne parviendra pas à surmonter le handicap crée par sa blessure au visage. Le romancier y montre surtout les traumatismes engendrés par les mutilations des corps .
Le siècle des Lumières voit apparaître un renversement de l’opinion publique: siècle belliqueux, il amorce une réflexion sur la nécessité de certaines guerres ; Les philosophes, en effet, combattent la guerre en s’appuyant sur son caractère non nécessaire Ils accusent ,la plupart du temps, les Princes et les Puissants de se laisser emporter par leurs passions, leur orgueil et leur soif de pouvoir qui les conduisent à amorcer des conflits dans leurs seuls intérêts. Voltaire est l’un des premiers à développer une critique systématique de la guerre afin d’en démontrer , à la fois le caractère néfaste mais aussi l’absurdité véritable. Dans Candide, son héros s’est engagé dans l’armée uniquement pour gagner de l’argent car il n’a nulle part où aller et il se retrouve,enrôlé , face à la réalité d’une guerre atroce: un conflit destructeur entres abares et Bulgares; Voltaire dresse un tableau apocalyptique du massacre en accumulant les détails sordides : “les vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglantes . ” Le point de vue du personnage est d’abord utilisé pour décrire, sur un ton élogieux , la préparation des troupes et le cérémonial : “rien n’était si beau si leste si brillant et si bien ordonné que les deux armées” La dimension spectaculaire est ici mise en valeur mais très vite , le spectacle se transforme en massacre : ” les canons renversèrent à peu près six mille hommes de chaque côté ” et Voltaire emploie l’oxymore “boucherie héroïque “ pour rendre compte de cette contradiction . De plus, il montre bien la réciprocité des destructions en précisant que les pertes subies dans chaque camp sont identiques ; Le héros décide alors de déserter et Voltaire le montre s’enfuyant “en marchant sur des membres palpitants ou à travers des ruines ” “hors du théâtre de la guerre ” . La critique des horreurs de la guerre se manifeste de différentes manières et on note que la désertion de Candide est montrée comme un choix raisonnable : “ il prit le parti d’aller raisonner ailleurs des effets et des causes “ ; vue de l’extérieur, avant le déclenchement des hostilités, la guerre peut paraître admirable mais lorsqu’on se retrouve au front, à l’intérieur des combats, elle devient horrible.
Louis Auguste Ferdinand Destouches a choisi lui aussi de consacrer une partie de son roman à la description d’une guerre qu’il a lui même effectuée: la première Guerre Mondiale. Son héros Bardamu se retrouve aux premières lignes , dans le conflit tout comme son auteur qui choisit de s’engager dans l’armée à 18 ans devançant ainsi l’âge légal du service militaire obligatoire . Il montre l’horreur des assauts ,la lassitude des soldats et l’acharnement des officiers; Blessé , le héros est évacué et effectue sa convalescence à Paris ; Il devient alors un adversaire acharné de la guerre et se fait traiter de lâche par sa fiancée. ” vous êtes répugnant comme un rat “lui lance cette dernière et elle se range derrière l’argument de la nécessaire défense de la Patrie( l 9) . Bardamu persiste dans son refus en prenant comme illustration l’oubli des morts tombés sur le champ de bataille “ils sont morts pour rien ces crétins” et “il n’y a que la vie qui compte “ajoute-t-il ‘ (ligne 16 ) . Cette confrontation des points de vue se retrouve , sous une autre forme, dans la pièce de Giraudoux où deux camps s’affrontent avec des arguments puissants :.
Jean Giraudoux est un diplomate français qui, parmi les premiers, a pressenti les risques d’un nouveau conflit. En 1935, juste avant le déclenchement de la Guerre d’Espagne, prélude à la seconde guerre mondiale, Giraudoux mesure la montée des nationalismes et se sert d’un conflit légendaire, la guerre de Troie, pour mettre en scène une réflexion sur la possibilité d’éviter la guerre. Il fait dialoguer bellicistes et pacifistes jusqu’à l’issue tragique : l’ouverture des portes de la guerre en dépit des efforts conjugués d’Hector, qui a rallié l’avis de son épouse Andromaque et d’Ulysse ,le négociateur envoyé par les Grecs. L’extrait que nous étudions se situe au début de la tragédie : Hector vient de rentrer victorieux d’une guerre éprouvante et découvre que son épouse attend leur premier enfant. Cette dernière set farouchement opposée à une nouvelle guerre qui risquerait de coûter des vies mais son mari se moque de sa sollicitude maternelle en affirmant que le désir de faire la guerre l’emportera toujours “si toutes les mères coupent l’index droit de leur fils, les armées de l’univers se feront la guerre sans index.”( l 1) Andromaque se déclare prête à tuer son propre fils plutôt que de lui faire courir le risque de se faire tuer à la guerre ; ce qui peut paraître quelque peu excessif ..elle demande ensuite à son mari s’il aime la guerre et la réponse d’Hector est étrange :il définit d’abord la guerre par ses aspects négatifs “ce qui nous délivre du bonheur, de l’espoir, des êtres les plus chers. ” avant d’ajouter qu’il se sent invincible juste avant de combattre grâce à cette délégation que les Dieux lui donnent . Leur discussion se clôt sur un nouveau paradoxe ; L’homme se sent à la fois un Dieu et moins qu’un homme et respecte la vie au moment où il s’apprête à l’ôter à d’autres hommes.
Pierre Lemaître revisite à sa manière les affrontements de 14/18 en inventant un point de départ tragique à sa fiction. Albert , l’un des deux héros du roman , constate , au cours d’un assaut que deux des hommes du bataillon ont été abattus de deux balles dans le dos et il soupçonne alors son officier :le lieutenant Pradelle , de les avoir exécutés pour faire croire à des tirs allemands. Avec un certain cynisme, le romancier critique les officiers qui se croient des Dieux au moment du combat ; le lieutenant est qualifié de “Messie “; Le décor de la guerre ressemble à un décor “de fin du monde “. Les soldats sont présentés comme terrifiés ” des types hurlent comme des fous pour s’enivrer, pour se donner du courage.” Il sont armés d’une colère définitive et d’un désir de vengeance : ” même Albert terrorisé par l’idée de mourir, étriperait le premier venu ” . Les hommes ont le ventre noué, la gorge sèche et courent baissés, par réflexe d’offrir le moins de prise possible comme si l’on faisait tout le temps la guerre dans la crainte du ciel ” . Pierre Lemaître reprend la plupart des clichés sur la guerre des tranchées : la terre épaisse , la boue, la peur et la colère ; Il utilise un narrateur omniscient à la différence de Laurent Gaudé qui dans Cris, ne nous offre que les pensées de ses personnages sans jamais aucun commentaire .