29. juin 2021 · Commentaires fermés sur Le bal des folles , un roman de Victoria Mas · Catégories: Le livre du mois · Tags:

L’action se situe à la fin du dix-neuvième siècle, en 1885 , à Paris dans le cadre de l’hôpital de la Salpêtrière, rue Soufflot, où on regroupait alors les aliénées, souvent des jeunes femmes en marge de la société, condamnées pour leurs mœurs ou qui souffraient d’épilepsie . L’histoire se déroule essentiellement entre les murs du service du célèbre professeur Charcot , un neurologue qui pratique l’hypnose sur ses patientes afin de leur faire revivre les traumatismes qui sont à l’origine de leurs lésions . Il est idolâtré par Madame Geneviève, l’infirmière en chef qui l’assiste de son mieux. A l’extérieur, toutes sortes de rumeurs planent sur le service des hystériques comme on le nomme ” On imagine des femmes nues qui courent dans les couloirs, se cognent le front contre le carrelage, écartent les jambes pour accueillir un amant imaginaire, hurlent à gorge déployée de l’aube au coucher. On décrit des corps de folles entrant en convulsion sous des draps blancs, des mines grimaçantes sous des cheveux hirsutes”.  ” Entre l’asile et prison, on mettait à la Salpêtrière ce que Paris ne savait pas gèrer, les malades et les folles .” Les folles fascinent et font horreur mais dans le service règne le plus souvent un  grand calme . Ses femmes souffrent de tics nerveux et de troubles du comportement : lorsqu’elles font une crise , un interne leur presse les ovaires ou dans les cas les plus sérieux, les endort avec de l’éther.

Les portraits des personnages se complètent au fil de l’intrigue : Geneviève Gleizes cette fille de médecin auvergnat, écrit des lettres à sa sœur morte des années plus tôt  d’une tuberculose  , Ce décès tragique lui a fait perdre la foi et lui a donné la vocation d’aider aux avancées de la médecine ; Thérèse est une prostituée qui passe ses journées à tricoter et à veiller sur les jeunes femmes , enfermée, 20 ans plus tôt, pour le meurtre de son proxénète; Louise une jeune fille violentée par son oncle et abusée par un gardien sans scrupule dont elle est tombée amoureuse et qui lui promet le mariage La jeune fille finira paralysée suit à une séance d’hypnose .  Eugénie Cléry est internée à la demande de sa famille car elle leur a avoué pouvoir s’entretenir avec les esprits notamment celui de son grand-père mort lorsqu’elle avait 12 ans et qui vient souvent lui rendre visite  ; son frère finira par accepter de la délivrer lors du fameux bal organisé à l’hôpital pour fêter la mi-carême. dans les salons , on prétend que certaines femmes ont fini enfermées à la Salpêtrière car elles es comportaient comme des hommes : on évoque le cas d’une jeune femme internée de force par son mari car elle prétendait diriger avec lui la brasserie familiale, d’une autre qui aurait menacé de mort son mari infidèle en public, d’une quadragénaire enfermée pour avoir aimé un homme de 20 ans son cadet ; L’asile fait fonction de “dépotoir pour toutes celles nuisant à l’ordre public” ( p 34 ). avec les progrès de la médecine arrive une nouvelle catégorie d’internées: on les nomma hystériques, épileptiques, mélancoliques, maniaques ou démentielles. Les chaînes et les haillons laissèrent place à l’expérimentation sur leurs corps malades : les compresseurs ovariens parvenaient à calmer les crises d’hystérie; l’introduction d’un fer chaud dans le vagin et l’utérus réduisait les symptômes cliniques ; les psychotropes – nitrite d’amyle, éther, chloroforme, calmaient les nerfs des filles ; l’application de métaux divers – zinc et aimants- sur les membres paralysés avait de réels effets bénéfiques . ” p 97 ; Zola, Maupassant , et Sigmund Freud assistent aux séances publiques de Charcot assisté par  Babinski et Gilles de la Tourette. Ces trois médecins axèrent leurs recherches sur le système nerveux central ; On leur doit la découverte de la maladie de Charcot, du test de Babinski et du syndrome de La Tourette.  Les internées étaient les nouvelles actrices de Paris et on citait leurs noms avec un soupçon de crainte et d’admiration. ” Les folles pouvaient désormais susciter le désir. Leur attrait était paradoxal.” p 98 . Un photographe Albert Londe venait réaliser des clichés d’aliénées et le bal des folles était un événement mondain fort prisé.

On y trouve beaucoup de jeunes femmes victimes de violences sexuelles ou de traumatismes: Aglaé a effectué une  tentative de suicide après la mort d’un enfant, Rose-Henriette, une femme de chambre   qui a  subi le harcèlement de son patron et qui est désormais victime d’attaques de panique.

Avant d’être internée , Eugénie étudiait le livre d’Allan Kardec , pseudonyme d’Hypolite Rivail , philosophe et  fondateur du spiritisme dont les ouvrages seront édités par son ami Pierre-Gaëtan Leymarie , libraire rue Saint jacques et passionné d’ésotérisme. Elle s’est confiée à sa grand-mère et lui a révélé un secret que seul son grand-père connaissait . Mais sa famille prend peur et elle se retrouve internée contre son gré. Son père la considère comme diabolique ” on ne converse pas avec les morts sans que le diable y soit pour quelque chose ” avoue-t-il lors de l’entretien d’admission mené par   Geneviève . Peu à peu les deux femmes se lient d’amitié : la soignante est, tout d’abord, ébranlée par les révélations d’Eugénie qui prétend être en contact avec sa soeur morte à 18 ans, Blandine . Elle lit à son tour le livre des esprits et Eugénie lui indique que son père  a fait une chute sur le carrelage de sa cuisine; Geneviève réussit à prendre un train de nuit et découvre son père alité . Lorsqu’elle lui avoue qu’elle a  été prévenue par l’esprit de Blandine , il la traite de folle et la renvoie à Paris; Elle intercède alors directement auprès du docteur Charcot, en faveur d’Eugénie pour la faire sortir de l’internement mais ce dernier  se montre condescendant et la prie de ne pas outrepasser son rôle  au sein de l’institution. Humiliée par les propos du neurologue, elle va alors œuvrer, dans le plus grand secret pour libérer Eugénie, au cours du bal . Ce soir là , le public observe les jeunes femmes à l’affût du moindre symptôme   “on cherche un défaut, une tare,on remarque un bras paralysé sur une poitrine, des paupières qui se referment un peu trop fréquemment. On se bouscule pour voir de plus près ces animaux exotiques comme si l’on était dans une cage du Jardin des Plantes , en contact direct avec ces bêtes curieuses. ”   p 214. Ce soir là , Louise après un nouveau viol, tombe dans une catalepsie qui durera deux ans et Geneviève est internée pour avoir aidé Eugénie à retrouver sa liberté. Elle continue inlassablement à écrire des lettres à Blandine, sa sœur décédée., en regardant la neige tomber sur le parc de l’hôpital.

29. mai 2021 · Commentaires fermés sur L’alchimie dans les Fleurs du Mal : parcours thématique de la boue à l’or · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première

Quel rapport entre l’alchimie, cette pratique qui peut s’apparenter à de la magie et  qui transforme le plomb en or et l’alchimie poétique ? Tout d’abord le poète apparaît comme un magicien ; celui qui a le pouvoir de changer ce qu’il voit, de transformer la boue en or, le laid en beau , le Mal en Fleur .

L’alchimie est d’abord présente dans le recueil  sous plusieurs formes

  • avec le titre de certains poèmes comme Alchimie de la Douleur , par exemple, un sonnet de Spleen et Idéal . Le poète y révèle que la douleur règne sur son imagination et qu’elle le transforme en celui qui change “l’or en fer ”  et le paradis en enfer” ; il se compare au “plus triste des alchimistes ” .  L’alchimie à laquelle fait référence Baudelaire fonctionne donc ici  à l’inverse de la magie . On peut parler d’une alchimie inversée .
  • Le terme alchimie renvoie également au domaine de la magie et des sciences occultes et on trouve dans les FDM une série de références à des créatures fantastiques : l’alchimie est une sorte de trait d’union entre le monde visible et le monde invisible peuplé de créatures telles que les fantômes , les revenants, les spectres, le Diable et toutes ses incarnations et les figures féminines des sorcières et autres succubes . Le poète est celui qui est en relation avec ce monde fantastique qui peuple son imaginaire et qu’il s’emploie à faire renaître sous sa plume. Il est celui qui permet les Correspondances entre les mondes .
  • L’alchimiste c’est surtout celui qui est capable d’opérer la transformation de ce qui est en quelque chose de nouveau, de différent et à ce titre , toute création poétique, artistique, peut s’apparenter , au sens large à une sorte d’alchimie car elle transforme ce qui est vil en ce qui est noble, et nous enchante en créant des associations sonores et verbales . La poésie transfigure le quotidien et nous met en relation avec les secrets du Monde : le poète est, à la fois  celui qui comprend d’autres langages, celui des choses inanimées, de la Nature et des puissances invisibles et celui qui invente un langage magique, mystérieux  , réservé à des initiés , une véritable “sorcellerie évocatoire “ ; Qui de la boue ou de l’or l’emporte dans Les Fleurs du Mal ? Plus »
28. mai 2021 · Commentaires fermés sur Réparer les vivants : le voyage fantastique du coeur de Simon · Catégories: Première · Tags:
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Roman qui évoque des thèmes douloureux comme la mort d’un enfant et le choix pour les parents de faire don de ses organes , Réparer les vivants de Maylis de Kerangal aborde ces sujets de manière parfois poétique , souvent philosophique; Au delà de cette histoire tragique qui démarre par un fait divers terrible , cet accident de voiture dans lequel un adolescent de 17 ans fait une hémorragie cérébrale qui le plonge dans un état de mort encéphalique  , la romancière dresse une galerie de portrait de personnages attachants et complexes qu’elle fait se croiser autour du corps de Simon Limbres . Nous sommes presque à la fin du récit: pendant que Virgilio le jeune chirurgien roule à toute allure avec le coeur de Simon qu’il vient de prélever dans son caisson étanche, Marianne, la mère du défunt, rentrée chez elle,  pense à son fils mort. 

Voyons comment ce passage est construit et quel regard la romancière élabore autour de ce personnage de la mère ..rappelons tout d’abord que les romanciers contemporains ne suivent pas précisément les codes de fabrication des personnages hérités des techniques réalistes (lire l’article du blog sur le réalisme) : en effet, ils construisent leurs personnages à partir de leurs voix et ne donnent qu très peu d’indications sur leur passé, leur identité, leur physique; Chaque personnage est saisi dans la vérité de l’instant comme une sorte d’instantané photographique  et le roman se forme à partir de ces saisies partielles. On parle souvent de vision kaléidoscopique pour montrer que les romanciers juxtaposent des états sans chercher à créer une continuité d’ordre chronologique ou psychologique. 

 Annonce des axes de lecture : Marianne est un personnage qui se caractérise par le lien qu’elle a tissé avec Simon: c’est une mère frappée par la douleur d’avoir perdu ce fils qu’elle aimait : la romancière fabrique une dimension pathétique autour de ce personnage de mater dolorosa ce que nous verrons dans une première partie avant de démontrer que la romancière fabrique également  un passage fantastique en évoquant d’abord la mystérieuse relation entre Marianne et Simon et ensuite en faisant disparaître le personnage au profit d’une sorte de rêve éveillé qui montre le coeur de Simon dans l’espace. 

1 Une image pathétique de la mère 

Le cadre tout d’abord est important : il fait nuit et Marianne ne parvient pas à dormir  il va être minuit : 23 h 50 exactement la précision de ce détail  rend la scène d’autant plus vraisemblable ; la douleur est personnifiée et agit avec violence comme le montre le verbe défonce; il appartient à un registre de langue familier et peut s’employer pour désigner  l’état d’une personne qui se drogue ; être défoncée, c’est perdre le contact avec la réalité et Marinent est comme dans un état  second ; L’analogie avec la drogue se poursuit avec l’expression “c’est là qu’elle peut tenir “; Notons que dans certains cas et pour certaines pathologies, les médecins plongent des patients dont la douleur est trop forte en coma artificiel afin que leur cerveau ne puisse transmettre cette douleur .

L‘intervention du narrateur ou l’art de raconter  : ce passage montre un narrateur  à la fois témoin des faits mais qui semble ne pas tout savoir sur les personnages  “on s’en doute ” peut être analysée de deux manières : dans une certaine mesure, cette intervention brise les codes de l’illusion réaliste dans la mesure où elle montre au lecteur la voix de celui qui écrit l’histoire (le narrateur ) et qui de ce fait est distinct du personnage ) ; mais d’un autre côté, cette intervention créée également une complicité avec le lecteur car ce on qui est mentionné, l’inclut lui aussi et le rend , en quelque sorte, partie prenante de l’histoire en train de s’écrire. Le point de vue du narrateur apparait également avec  ‘on la voit qui se redresse” : le point de vue ici est bien celui d’un narrateur témoin de la scène mais qui se contenterait de la filmer sans forcément tout savoir .

 C’est d’ailleurs le but des questions rhétoriques qui frappent le lecteur car elles introduisent à la fois une forme d’incertitude (le narrateur feint de ne pas savoir ce que pense le personnage donc il adopte un point de vue limité sur la scène ) mais en même temps il émet des hypothèses pour expliquer le sursaut Marianne : “se peut-il qu’elle ait capté l’instant où ..” “se peut-il qu’elle ait eu l’intuition ‘ ? ; ces hypothèses font naître la dimension fantastique du passage qui va ensuite être construite avec l’image du coeur de Simon, relique sacrée qui effectue un voyage dans l’espace . Ces mêmes questions métaphysiques reviendront à la fin du passage et Marainne finira par leur donner une réponse rassurante : “il est irréductible: c’est lui ; elle ressent un calme profond “ ; La mère peut repenser alors à son fils comme à un être qui ne peut se réduire à sa matière charnelle ” Le choix de l’adjectif “irréductible ” prouve que , bien qu’on ait côté au corps de Simon certains organes, il peut demeurer entier en présence dans l’esprit de sa mère .  Les questions se transforment elles aussi en “cerceaux bouillants “ et vont ainsi se transformer les “linéaments magnétiques ” dans son imagination : ces linéaments vont maintenir les liens indestructibles qui la relient à son fils 

2. Une liaison mère/fils fantastique : la connexion au delà de la mort ?

Le narrateur laisse entendre que ce qui relie ces deux personnages est de l’orde du surnaturel et il crée des images pour essayer de rendre concret et visible cette connexion. D’abord nous remarquons le verbe connecter et l’image des “linéaments magnétiques “ Le mot linéament s’emploie plutôt dans un contexte géologique ou géographique car il désigne les lignes qui marquent les accidents de surface  des roches qui provient des mouvements dans l’écorce terrestre ; sur une carte, les linéaments désignent le relief des sols et dans le roman, on comprend que ce mot désigne des sortes de fils, un peu comme des arcs électriques  qui traverseraient l’espace-temps pour maintenir le lien mère-fils; L’imagination de la romancière est nourrie ici des images des failles de l’ espace temps où les ondes électromagnétiques renvoient à une activité cérébrale ou simplement électrique; On peut aussi rapprocher ces linéaments du fonctionnement du cerveau et rappeler que ce sont des  machines électriques qui maintiennent le corps de Simon en vie et qu’elles  vont être débranchées ; la romancière veut nous faire percevoir que le cerveau de Marianne enregistre en fait , comme par intuition , ce qui est en train d’arriver à Simon. La relation mère-fils est qualifiée de proximité impalpable : avec l’allitération en p, on voit ici les liens se former avec espace, profondeur et temporel .La mère veut se raccorder , rester raccrochée à son fils et pénètre dans cet espace interdit qui forme comme une zone de veille ; La romancière veut sans doute ici évoquer par cet euphémisme “espace interdit ” les mystères de la mort ” et la “zone de veille” peut peut- être rappeler l’une des fonctions maternelles par excellence : celle qui consiste à veiller sur son enfant , à le protéger, à le rassurer. A noter que dans le roman, cette fonction maternelle est occupée , parmi le personnel soignantt, par Thomas Rémige qui va prendre , dans le milieu médical, le relais de la mère auprès de Simon; Il va le rassurer en lui passant le casque avec la musique choisie par Juliette, en lui récitant les noms de tous ceux qui pensent à lui, en prenant soin de son corps avec la toilette et le chant de la mort pour l’aider à franchir cette mystérieuse frontière entre le monde des vivants et celui des morts. Frontière qui justement s’efface dans les rêves ….

3. L’effacement du personnage au profit du rêve 

A mi -chemin du rêve et de la réalité, la romancière va utiliser le personnage de Marianne pour être le point de départ d’un passage onirique du roman où elle imagine  les pensées de la mère, ses rêves et le coeur de Simon qui vole. Cette sorte de rêverie métaphysique manifeste  la  croyance  éternelle et ancestrale en une forme de vie après la mort , dans le souvenir de ceux qui ont aimé les défunts. La rêverie s’organise elle aussi à partir d’un cadre : cette nuit polaire qui forme un décor fantastique comme une apparition lumineuse, une sorte d’étoile filante qui illumine l’espace: ainsi pour préparer cette apparition,   les nuages  se “déchirant” , “le ciel opaque se dissolve” ; le coeur de Simon est comme l’étoile polaire : celle qui dans les légendes guide les hommes vers Dieu ou les met sur la bonne voie; par analogie et comme par glissement, le coeur se transforme en relique sacrée : (la relique était le reste d’un corps de saint qu’on adorait et qu’on venait prier : cela pouvait être une main , un morceau de squelette et bien évidemment le coeur qu’on conservait  précieusement ) Ainsi à cette apparition de l’étoile dans le Ciel coïncide ce voyage du coeur dans son “caisson ” et le narrateur note que le plastique de la paroi “brille dans les faisceaux de lumière électrique ” ; Un lien est donc clairement établi entre les deux voyages, celui de l’étoile observée par la mère et celui du coeur de Simon transporté par Virgilio . 

La vision du personnage dans l’appartement a donné naissance à ce voyage réel d’abord du coeur de son fils dans la voiture et ensuite à un voyage imaginaire et mythique qui nous plonge au Moyen-age à l’époque où on convoyait “les coeur des Princes ” dans les cités; Simon devient ainsi un personnage de légende lui aussi, à l’instar de ces souverains d’autrefois dont les dépouilles étaient vénérées et devant lesquels les gens se recueillaient “on se signait en silence pour regarder passer ce cortège extraordinaire” Le personnage de Simon obtient ainsi grâce à ces comparaisons une dimension sacrée

Attention j’ai coupé une partie de cette description du voyage médiéval dans vos passages dactylographiés…

La fin du passage nous ramène à Marianne et aux questions métaphysiques qu’elle se pose et que tous les lecteurs peuvent également partager : “que subsistera t-il dans cet éclatement de  l’unité de son fils” : cette interrogation pose le problème des liens entre le corps et l’âme ; l’esprit est un et indivisible alors que le corps peut être morcelé ; Notre unité est avant tout spirituelle et n’est pas liée à notre enveloppe corporelle : du moins pour ceux qui croient à l’existence de l’âme ; pour certaines religions, âme et corps ne peuvent être séparés et donc les parents refusent les dons d’organes par peur de perdre l’ âme de leur enfant 

 En conclusion ,la romancière  a donc  imaginé pour ce passage important  qu’au moment où on opère son fils mort pour lui prélever ses organes et les envoyer un peu partout en France,, Marianne , sa mère  perçoit du fond de sa peine, une sorte de lien indestructible en pensée entre elle son fils et elle est soulagée de sentir sa présence irréductible ; le personnage de Simon acquiert ainsi une dimension sacrée, mythique en se transformant  et en étant comparé aux  souverains défunts des temps anciens .

29. mars 2021 · Commentaires fermés sur Les dessous des poèmes des Fleurs du Mal : liens biographiques et sources d’inspiration · Catégories: Lectures linéaires, Première · Tags:

Petites histoires et sources d’inspiration des poèmes 

Quelques pistes biographiques pour compléter les analyses pour les lectures linéaires extraites des Fleurs du Mal

sources : Comptoir littéraire

a) L’histoire et les origines de l’Albatros poème

b), Emmeline, Dorothée ,

c) Jeanne Duval, la Vénus noire

d) Marie Daubrun

e) Apollonie Sabatier la Vénus blanche

Synthèse : place de la femme, composition du recueil Plus »

23. mars 2021 · Commentaires fermés sur Le pin des Landes ou le poète selon Théophile Gautier · Catégories: Lectures linéaires, Première · Tags:
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 Quelle image les poètes cherchent-ils à donner de leur art  ? Beaucoup de poètes ont cherché à dresser de leur travail et de leur vocation un portrait précis , à travers notamment des figures d’animaux et  des allégories ; Le Pin des landes révèle le statut du poète selon le fondateur de l’Art pour l’Art , Théophile Gautier,  auquel Baudelaire dédiera son recueil Les Fleurs du mal. Avant de parvenir à  rédiger  le commentaire littéraire de ce poème, il est nécessaire de partir d’observations et de repérages qui se fondent sur un examen attentif du poème vers par vers ; cette étape constitue la lecture linéaire qui sert de base à l’oral du bac de français;  à l’écrit,  si vous choisissez l’épreuve dite du commentaire littéraire , il faudra déterminer , dès l’introduction, une problématique  ( appelée également axe principal ) et proposer  un plan qui répondra à la question posée; Les explications qui suivent forment une étude linéaire.  A partir de ce document , entrainez-vous , par écrit, à  reconstituer un plan détaillé  en faisant clairement apparaître les titres des parties, des sous-parties, les citations, les figures de style et les interprétations principales . Plus »

08. mars 2021 · Commentaires fermés sur Diderot et le Vieux Tahitien quand la fiction dénonce la colonisation · Catégories: Spécialité : HLP Première · Tags: ,

 A l’époque des Lumières, les explorations maritimes agrandissent les empires coloniaux  des principaux pays d’Europe comme l’ Espagne, l’Angleterre et la France . Diderot  qui entend dénoncer la colonisation a alors recours à un moyen ingénieux pour sensibiliser ses contemporains. Il invente un ouvrage fictif qu’il présente comme un supplément au récit d’exploration de  Monsieur Bougainville paru en 1771. Ce récit de voyage  écrit par le savant  Bougainville s’intitulait Voyage autour du monde et l’explorateur  relate avec force détails , les découvertes  de son équipage   durant plus de deux ans . Ils ont fait escale assez brièvement à Tahiti  (une semaine environ ) mais le récit de cette étape polynésienne occupe de nombreuses pages au sein de l’ouvrage car les marins ont été frappés par la qualité de l’accueil des indigènes  .

Qui est Bougainville ?  Louis Antoine de Bougainville commandant  français des troupes envoyées au Canada part de Brest sur La Licorne le 3 avril 1756 pour maintenir française la colonie du canada. L’armée française se repliera vers Montréal où Bougainville, bilingue, négocie, dès le 7 septembre la capitulation française face aux anglais. Bougainville laissera des Mémoires détaillés sur sa campagne de Nouvelle-France.Ses Mémoires portent sur la conduite des opérations militaires, l’administration coloniale dont il critique l’inefficacité et les relations avec les peuples autochtones alliés des Français. Il découvre ensuite les Malouines et au Brésil, une fleur nouvelle va porter son nom : la Bougainvillée. A Tahiti, il embarque à bord de son navire un jeune Tahitien Autouru qui va lui enseigner la langue et les coutumes polynésiennes  et qui mourra durant son voyage de retour vers son archipel. En 1771 sa Description d’un voyage autour du monde, où il évoque le mythe, au parfum alors sulfureux, du « paradis polynésien ». remporte un grand succès en Europe. Bougainville y note les découvertes scientifiques faites à bord avec les savants qui l’ont accompagné. Plus »

20. février 2021 · Commentaires fermés sur Parcours autour du spleen baudelairien dans Les Fleurs du Mal · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première · Tags: ,

Si tous s’accordent à définir le spleen baudelairien comme un univers à part entière, il peut prendre diverses formes selon les poèmes; Effectuons ensemble un rapide tour d’horizon des composantes du Spleen en repérant, à travers l’oeuvre, les principales pièces qui abordent cet univers sombre. Son lien avec l’alchimie peut être défini de la manière suivante: sous l’effet du spleen le monde se transforme en une source d’ennuis:  les paysages se métamorphosent , des créatures inquiétantes naissent de l’esprit tourmenté du poète et son Moi prend des allures de tombeau . 

Les Fleurs du Mal s’ouvrent sur une première section intitulée Spleen et Idéal  qui comporte plus de 80 poèmes : Baudelaire y dessine des frontières mouvantes entre deux mondes; Le monde Idéal est lumineux, aérien , ensoleillé et rempli d’amour “ Là tout n’est qu’ordre et beauté, luxe calme et volupté ” écrira- t-il dans Invitation au Voyage; Le seconde versant , celui du Spleen est marqué par l’obscurité, la tristesse et la solitude .  Le malaise existentiel du poète culmine avec l’allégorie de l’Angoisse , cette figure atroce qui terrasse l’esprit du poète . Alors son esprit cherche à s’élever, à fuir la noirceur du quotidien , cette “existence brumeuse ” peuplé de “miasmes morbides “  ( Elevation ) mais il a l’impression de demeurer prisonnier, de ne  pas pouvoir s’échapper  . La Muse malade décrit ces “visions nocturnes” qui mêlent horreur et folie, dans les matins “froids et taciturnes”; Le poète personnifie souvent les éléments du décor et compose des paysages  intérieurs , qui reflètent l’état de son âme ; Beaucoup de pluie donc dans son Spleen et l’automne et l’hiver sont ses saisons mentales . Le analogies avec les cauchemars sont également nombreuses.  La Muse vénale  évoque ces “noirs ennuis des neigeuses soirées “ et le froid mortel qui semble envahir le poète , qui se voit contraint de mendier pour ne pas mourir de faim. Dans le  sonnet suivant , le Mauvais moine,le poète compare d’ailleurs son âme à un “tombeau que mauvais cénobite, depuis l’éternité je parcours et j’habite” . La laideur et le sentiment d’enfermement sont les dominantes de cette description et l’artiste rêve justement de pouvoir transformer  le “spectacle vivant de ma triste misère  ” en façonnant des poèmes  qui montreront une image différente de ce Mal qui le ronge  . Plus »

19. février 2021 · Commentaires fermés sur La parole amoureuse : comment dépasser les clichés ? · Catégories: Spécialité : HLP Première · Tags:

Je t’aime .. moi non plus : la parole amoureuse se déploie au fil des siècles en jouant sur des constantes mais également en se mettant au goût du jour ; Déclare-t-on son amour de la même manière qu’autrefois ? Petit tour d’horizon des formes et des mots  les plus employés pour déclarer sa flamme …

Tout d’abord , comment la parole peut-elle séduire ? Cet effet de la parole pouvait être comparé à une forme d’ensorcellement comme le rappelle le sophiste grec Gorgias : l’auditeur est comme prisonnier des charmes de la parole . Dans l’Antiquité , celui qui séduit par sa parole est l’aède , ce poète qui récite et chante devant les assemblées. Dans l’Odyssée, Homère met en scène le poète Démodocos qui charme Ulysse en chantant les récits des amours d’Arès et d’Aphrodite. La beauté du chant les séduit tout autant que les qualités littéraires des aventures de ces dieux amoureux. Le plus grand aède est Orphée dont le chant était capable de dompter les bêtes sauvages; sa figure mythique fait de lui le modèle de la parole musicale et envoutante, séductrice. Mais les hommes se méfient de la puissance de séduction des mots ainsi que le montre la figure mythologique de la Sirène : ces femmes qui chantent de doux airs aux marins font échouer les navires te conduisent à la mort, avec de fausses promesses, les marins qui les écoutent. Plus »

15. février 2021 · Commentaires fermés sur Neige ..le parcours de Yuko , un apprenti-poète · Catégories: Le livre du mois · Tags:

Ce récit retrace le parcours de Yuko, un jeune homme idéaliste qui rêve de devenir poète pour regarder passer le temps. Dans sa famille, on naît soldat ou prêtre mais il décide de choisir un autre destin et de devenir à 17 ans , un messager du Ciel . Rien que du blanc à songer .. c’est sur cette citation empruntée à Rimbaud que débute le roman; Nous sommes au Japon, en 1884 ; Yuko est alors âgé de 17 ans et il a deux passionx dans la vie : le haïku et la neige .
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05. février 2021 · Commentaires fermés sur L’Artiste face à la Nature : le confiteor de Baudelaire · Catégories: Terminale spécialité HLP · Tags: , ,

Certains hommes  sont- ils plus sensibles que d’autres ? peut on éduquer sa sensibilité ? Comment l’artiste se sert-il de sa sensibilité pour créer des œuvres qui sont l’expression de son Moi et traduisent sa vision du Monde ?  Si la rêverie est au cœur du romantisme , la création de paysages états d’âme ne se limite pas à cette période et on retrouve, encore aujourd’hui, chez de nombreux artistes , une sensibilité face à la Nature qui leur permet de décrire leur intériorité en créant des correspondances entre le monde visible et le monde  spirituel , invisible. Comment traduire avec des mots ces pensées fugitives qui s’emparent de l’artiste face  à un spectacle naturel qui l’émeut ? Le choix de la poésie, à cause de sa musicalité , est privilégié : son rythme et ses accords traduiraient les mouvements de l’âme; Comme l’écrit Rimbaud , en 1871 , dans une lettre  à Paul Demeny appelée lettre du Voyant , la mission du poète est de trouver une langue adaptée à ces visions, à la traduction de ces instantanés .  “ Cette langue sera de l’âme pour l’âme, résumant tout, parfums, sons, couleurs, de la pensée accrochant la pensée et tirant Plus »