Si l’on en croit les dictionnaires, ce mot apparaît au début du vingtième siècle ; Au sens physique, la résilience est d’abord une propriété des corps confrontés à des chocs violents: les ingénieurs calculent ainsi le coefficient de résistance de certains matériaux pour construire des avions ou des voitures. ; Au sens psychologique, on désigne ainsi la capacité des humains de résister à certains traumatismes infligés par la vie comme un deuil, une agression , de la maltraitance. La résilience est plus connue en tant que phénomène psychologique. Chez les enfants en particulier, elle désigne leur capacité à triompher des traumatismes qu’ils ont subis comme une séparation, de la violence, un viol, un deuil, une guerre afin de continuer à se construire et à se réparer.En prenant conscience de cet événement et en décidant de ne plus vivre affectés par celui-ci, ils tentent de se reconstruire socialement et psychologiquement. Ce faisant, il font preuve de résilience. Plus »
L’action se situe à la fin du dix-neuvième siècle, en 1885 , à Paris dans le cadre de l’hôpital de la Salpêtrière, rue Soufflot, où on regroupait alors les aliénées, souvent des jeunes femmes en marge de la société, condamnées pour leurs mœurs ou qui souffraient d’épilepsie . L’histoire se déroule essentiellement entre les murs du service du célèbre professeur Charcot , un neurologue qui pratique l’hypnose sur ses patientes afin de leur faire revivre les traumatismes qui sont à l’origine de leurs lésions . Il est idolâtré par Madame Geneviève, l’infirmière en chef qui l’assiste de son mieux. A l’extérieur, toutes sortes de rumeurs planent sur le service des hystériques comme on le nomme ” On imagine des femmes nues qui courent dans les couloirs, se cognent le front contre le carrelage, écartent les jambes pour accueillir un amant imaginaire, hurlent à gorge déployée de l’aube au coucher. On décrit des corps de folles entrant en convulsion sous des draps blancs, des mines grimaçantes sous des cheveux hirsutes”. ” Entre l’asile et prison, on mettait à la Salpêtrière ce que Paris ne savait pas gèrer, les malades et les folles .” Les folles fascinent et font horreur mais dans le service règne le plus souvent un grand calme . Ses femmes souffrent de tics nerveux et de troubles du comportement : lorsqu’elles font une crise , un interne leur presse les ovaires ou dans les cas les plus sérieux, les endort avec de l’éther.
Les portraits des personnages se complètent au fil de l’intrigue : Geneviève Gleizes cette fille de médecin auvergnat, écrit des lettres à sa sœur morte des années plus tôt d’une tuberculose , Ce décès tragique lui a fait perdre la foi et lui a donné la vocation d’aider aux avancées de la médecine ; Thérèse est une prostituée qui passe ses journées à tricoter et à veiller sur les jeunes femmes , enfermée, 20 ans plus tôt, pour le meurtre de son proxénète; Louise une jeune fille violentée par son oncle et abusée par un gardien sans scrupule dont elle est tombée amoureuse et qui lui promet le mariage La jeune fille finira paralysée suit à une séance d’hypnose . Eugénie Cléry est internée à la demande de sa famille car elle leur a avoué pouvoir s’entretenir avec les esprits notamment celui de son grand-père mort lorsqu’elle avait 12 ans et qui vient souvent lui rendre visite ; son frère finira par accepter de la délivrer lors du fameux bal organisé à l’hôpital pour fêter la mi-carême. dans les salons , on prétend que certaines femmes ont fini enfermées à la Salpêtrière car elles es comportaient comme des hommes : on évoque le cas d’une jeune femme internée de force par son mari car elle prétendait diriger avec lui la brasserie familiale, d’une autre qui aurait menacé de mort son mari infidèle en public, d’une quadragénaire enfermée pour avoir aimé un homme de 20 ans son cadet ; L’asile fait fonction de “dépotoir pour toutes celles nuisant à l’ordre public” ( p 34 ). avec les progrès de la médecine arrive une nouvelle catégorie d’internées: on les nomma hystériques, épileptiques, mélancoliques, maniaques ou démentielles. Les chaînes et les haillons laissèrent place à l’expérimentation sur leurs corps malades : les compresseurs ovariens parvenaient à calmer les crises d’hystérie; l’introduction d’un fer chaud dans le vagin et l’utérus réduisait les symptômes cliniques ; les psychotropes – nitrite d’amyle, éther, chloroforme, calmaient les nerfs des filles ; l’application de métaux divers – zinc et aimants- sur les membres paralysés avait de réels effets bénéfiques . ” p 97 ; Zola, Maupassant , et Sigmund Freud assistent aux séances publiques de Charcot assisté par Babinski et Gilles de la Tourette. Ces trois médecins axèrent leurs recherches sur le système nerveux central ; On leur doit la découverte de la maladie de Charcot, du test de Babinski et du syndrome de La Tourette. Les internées étaient les nouvelles actrices de Paris et on citait leurs noms avec un soupçon de crainte et d’admiration. ” Les folles pouvaient désormais susciter le désir. Leur attrait était paradoxal.” p 98 . Un photographe Albert Londe venait réaliser des clichés d’aliénées et le bal des folles était un événement mondain fort prisé.
On y trouve beaucoup de jeunes femmes victimes de violences sexuelles ou de traumatismes: Aglaé a effectué une tentative de suicide après la mort d’un enfant, Rose-Henriette, une femme de chambre qui a subi le harcèlement de son patron et qui est désormais victime d’attaques de panique.
Avant d’être internée , Eugénie étudiait le livre d’Allan Kardec , pseudonyme d’Hypolite Rivail , philosophe et fondateur du spiritisme dont les ouvrages seront édités par son ami Pierre-Gaëtan Leymarie , libraire rue Saint jacques et passionné d’ésotérisme. Elle s’est confiée à sa grand-mère et lui a révélé un secret que seul son grand-père connaissait . Mais sa famille prend peur et elle se retrouve internée contre son gré. Son père la considère comme diabolique ” on ne converse pas avec les morts sans que le diable y soit pour quelque chose ” avoue-t-il lors de l’entretien d’admission mené par Geneviève . Peu à peu les deux femmes se lient d’amitié : la soignante est, tout d’abord, ébranlée par les révélations d’Eugénie qui prétend être en contact avec sa soeur morte à 18 ans, Blandine . Elle lit à son tour le livre des esprits et Eugénie lui indique que son père a fait une chute sur le carrelage de sa cuisine; Geneviève réussit à prendre un train de nuit et découvre son père alité . Lorsqu’elle lui avoue qu’elle a été prévenue par l’esprit de Blandine , il la traite de folle et la renvoie à Paris; Elle intercède alors directement auprès du docteur Charcot, en faveur d’Eugénie pour la faire sortir de l’internement mais ce dernier se montre condescendant et la prie de ne pas outrepasser son rôle au sein de l’institution. Humiliée par les propos du neurologue, elle va alors œuvrer, dans le plus grand secret pour libérer Eugénie, au cours du bal . Ce soir là , le public observe les jeunes femmes à l’affût du moindre symptôme “on cherche un défaut, une tare,on remarque un bras paralysé sur une poitrine, des paupières qui se referment un peu trop fréquemment. On se bouscule pour voir de plus près ces animaux exotiques comme si l’on était dans une cage du Jardin des Plantes , en contact direct avec ces bêtes curieuses. ” p 214. Ce soir là , Louise après un nouveau viol, tombe dans une catalepsie qui durera deux ans et Geneviève est internée pour avoir aidé Eugénie à retrouver sa liberté. Elle continue inlassablement à écrire des lettres à Blandine, sa sœur décédée., en regardant la neige tomber sur le parc de l’hôpital.
Quel rapport entre l’alchimie, cette pratique qui peut s’apparenter à de la magie et qui transforme le plomb en or et l’alchimie poétique ? Tout d’abord le poète apparaît comme un magicien ; celui qui a le pouvoir de changer ce qu’il voit, de transformer la boue en or, le laid en beau , le Mal en Fleur .
L’alchimie est d’abord présente dans le recueil sous plusieurs formes
- avec le titre de certains poèmes comme Alchimie de la Douleur , par exemple, un sonnet de Spleen et Idéal . Le poète y révèle que la douleur règne sur son imagination et qu’elle le transforme en celui qui change “l’or en fer ” et le paradis en enfer” ; il se compare au “plus triste des alchimistes ” . L’alchimie à laquelle fait référence Baudelaire fonctionne donc ici à l’inverse de la magie . On peut parler d’une alchimie inversée .
- Le terme alchimie renvoie également au domaine de la magie et des sciences occultes et on trouve dans les FDM une série de références à des créatures fantastiques : l’alchimie est une sorte de trait d’union entre le monde visible et le monde invisible peuplé de créatures telles que les fantômes , les revenants, les spectres, le Diable et toutes ses incarnations et les figures féminines des sorcières et autres succubes . Le poète est celui qui est en relation avec ce monde fantastique qui peuple son imaginaire et qu’il s’emploie à faire renaître sous sa plume. Il est celui qui permet les Correspondances entre les mondes .
- L’alchimiste c’est surtout celui qui est capable d’opérer la transformation de ce qui est en quelque chose de nouveau, de différent et à ce titre , toute création poétique, artistique, peut s’apparenter , au sens large à une sorte d’alchimie car elle transforme ce qui est vil en ce qui est noble, et nous enchante en créant des associations sonores et verbales . La poésie transfigure le quotidien et nous met en relation avec les secrets du Monde : le poète est, à la fois celui qui comprend d’autres langages, celui des choses inanimées, de la Nature et des puissances invisibles et celui qui invente un langage magique, mystérieux , réservé à des initiés , une véritable “sorcellerie évocatoire “ ; Qui de la boue ou de l’or l’emporte dans Les Fleurs du Mal ? Plus »
Roman qui évoque des thèmes douloureux comme la mort d’un enfant et le choix pour les parents de faire don de ses organes , Réparer les vivants de Maylis de Kerangal aborde ces sujets de manière parfois poétique , souvent philosophique; Au delà de cette histoire tragique qui démarre par un fait divers terrible , cet accident de voiture dans lequel un adolescent de 17 ans fait une hémorragie cérébrale qui le plonge dans un état de mort encéphalique , la romancière dresse une galerie de portrait de personnages attachants et complexes qu’elle fait se croiser autour du corps de Simon Limbres . Nous sommes presque à la fin du récit: pendant que Virgilio le jeune chirurgien roule à toute allure avec le coeur de Simon qu’il vient de prélever dans son caisson étanche, Marianne, la mère du défunt, rentrée chez elle, pense à son fils mort.
Voyons comment ce passage est construit et quel regard la romancière élabore autour de ce personnage de la mère ..rappelons tout d’abord que les romanciers contemporains ne suivent pas précisément les codes de fabrication des personnages hérités des techniques réalistes (lire l’article du blog sur le réalisme) : en effet, ils construisent leurs personnages à partir de leurs voix et ne donnent qu très peu d’indications sur leur passé, leur identité, leur physique; Chaque personnage est saisi dans la vérité de l’instant comme une sorte d’instantané photographique et le roman se forme à partir de ces saisies partielles. On parle souvent de vision kaléidoscopique pour montrer que les romanciers juxtaposent des états sans chercher à créer une continuité d’ordre chronologique ou psychologique.
Annonce des axes de lecture : Marianne est un personnage qui se caractérise par le lien qu’elle a tissé avec Simon: c’est une mère frappée par la douleur d’avoir perdu ce fils qu’elle aimait : la romancière fabrique une dimension pathétique autour de ce personnage de mater dolorosa ce que nous verrons dans une première partie avant de démontrer que la romancière fabrique également un passage fantastique en évoquant d’abord la mystérieuse relation entre Marianne et Simon et ensuite en faisant disparaître le personnage au profit d’une sorte de rêve éveillé qui montre le coeur de Simon dans l’espace.
1 Une image pathétique de la mère
Le cadre tout d’abord est important : il fait nuit et Marianne ne parvient pas à dormir il va être minuit : 23 h 50 exactement la précision de ce détail rend la scène d’autant plus vraisemblable ; la douleur est personnifiée et agit avec violence comme le montre le verbe défonce; il appartient à un registre de langue familier et peut s’employer pour désigner l’état d’une personne qui se drogue ; être défoncée, c’est perdre le contact avec la réalité et Marinent est comme dans un état second ; L’analogie avec la drogue se poursuit avec l’expression “c’est là qu’elle peut tenir “; Notons que dans certains cas et pour certaines pathologies, les médecins plongent des patients dont la douleur est trop forte en coma artificiel afin que leur cerveau ne puisse transmettre cette douleur .
L‘intervention du narrateur ou l’art de raconter : ce passage montre un narrateur à la fois témoin des faits mais qui semble ne pas tout savoir sur les personnages “on s’en doute ” peut être analysée de deux manières : dans une certaine mesure, cette intervention brise les codes de l’illusion réaliste dans la mesure où elle montre au lecteur la voix de celui qui écrit l’histoire (le narrateur ) et qui de ce fait est distinct du personnage ) ; mais d’un autre côté, cette intervention créée également une complicité avec le lecteur car ce on qui est mentionné, l’inclut lui aussi et le rend , en quelque sorte, partie prenante de l’histoire en train de s’écrire. Le point de vue du narrateur apparait également avec ‘on la voit qui se redresse” : le point de vue ici est bien celui d’un narrateur témoin de la scène mais qui se contenterait de la filmer sans forcément tout savoir .
C’est d’ailleurs le but des questions rhétoriques qui frappent le lecteur car elles introduisent à la fois une forme d’incertitude (le narrateur feint de ne pas savoir ce que pense le personnage donc il adopte un point de vue limité sur la scène ) mais en même temps il émet des hypothèses pour expliquer le sursaut Marianne : “se peut-il qu’elle ait capté l’instant où ..” “se peut-il qu’elle ait eu l’intuition ‘ ? ; ces hypothèses font naître la dimension fantastique du passage qui va ensuite être construite avec l’image du coeur de Simon, relique sacrée qui effectue un voyage dans l’espace . Ces mêmes questions métaphysiques reviendront à la fin du passage et Marainne finira par leur donner une réponse rassurante : “il est irréductible: c’est lui ; elle ressent un calme profond “ ; La mère peut repenser alors à son fils comme à un être qui ne peut se réduire à sa matière charnelle ” Le choix de l’adjectif “irréductible ” prouve que , bien qu’on ait côté au corps de Simon certains organes, il peut demeurer entier en présence dans l’esprit de sa mère . Les questions se transforment elles aussi en “cerceaux bouillants “ et vont ainsi se transformer les “linéaments magnétiques ” dans son imagination : ces linéaments vont maintenir les liens indestructibles qui la relient à son fils
2. Une liaison mère/fils fantastique : la connexion au delà de la mort ?
Le narrateur laisse entendre que ce qui relie ces deux personnages est de l’orde du surnaturel et il crée des images pour essayer de rendre concret et visible cette connexion. D’abord nous remarquons le verbe connecter et l’image des “linéaments magnétiques “ Le mot linéament s’emploie plutôt dans un contexte géologique ou géographique car il désigne les lignes qui marquent les accidents de surface des roches qui provient des mouvements dans l’écorce terrestre ; sur une carte, les linéaments désignent le relief des sols et dans le roman, on comprend que ce mot désigne des sortes de fils, un peu comme des arcs électriques qui traverseraient l’espace-temps pour maintenir le lien mère-fils; L’imagination de la romancière est nourrie ici des images des failles de l’ espace temps où les ondes électromagnétiques renvoient à une activité cérébrale ou simplement électrique; On peut aussi rapprocher ces linéaments du fonctionnement du cerveau et rappeler que ce sont des machines électriques qui maintiennent le corps de Simon en vie et qu’elles vont être débranchées ; la romancière veut nous faire percevoir que le cerveau de Marianne enregistre en fait , comme par intuition , ce qui est en train d’arriver à Simon. La relation mère-fils est qualifiée de proximité impalpable : avec l’allitération en p, on voit ici les liens se former avec espace, profondeur et temporel .La mère veut se raccorder , rester raccrochée à son fils et pénètre dans cet espace interdit qui forme comme une zone de veille ; La romancière veut sans doute ici évoquer par cet euphémisme “espace interdit ” les mystères de la mort ” et la “zone de veille” peut peut- être rappeler l’une des fonctions maternelles par excellence : celle qui consiste à veiller sur son enfant , à le protéger, à le rassurer. A noter que dans le roman, cette fonction maternelle est occupée , parmi le personnel soignantt, par Thomas Rémige qui va prendre , dans le milieu médical, le relais de la mère auprès de Simon; Il va le rassurer en lui passant le casque avec la musique choisie par Juliette, en lui récitant les noms de tous ceux qui pensent à lui, en prenant soin de son corps avec la toilette et le chant de la mort pour l’aider à franchir cette mystérieuse frontière entre le monde des vivants et celui des morts. Frontière qui justement s’efface dans les rêves ….
3. L’effacement du personnage au profit du rêve
A mi -chemin du rêve et de la réalité, la romancière va utiliser le personnage de Marianne pour être le point de départ d’un passage onirique du roman où elle imagine les pensées de la mère, ses rêves et le coeur de Simon qui vole. Cette sorte de rêverie métaphysique manifeste la croyance éternelle et ancestrale en une forme de vie après la mort , dans le souvenir de ceux qui ont aimé les défunts. La rêverie s’organise elle aussi à partir d’un cadre : cette nuit polaire qui forme un décor fantastique comme une apparition lumineuse, une sorte d’étoile filante qui illumine l’espace: ainsi pour préparer cette apparition, les nuages se “déchirant” , “le ciel opaque se dissolve” ; le coeur de Simon est comme l’étoile polaire : celle qui dans les légendes guide les hommes vers Dieu ou les met sur la bonne voie; par analogie et comme par glissement, le coeur se transforme en relique sacrée : (la relique était le reste d’un corps de saint qu’on adorait et qu’on venait prier : cela pouvait être une main , un morceau de squelette et bien évidemment le coeur qu’on conservait précieusement ) Ainsi à cette apparition de l’étoile dans le Ciel coïncide ce voyage du coeur dans son “caisson ” et le narrateur note que le plastique de la paroi “brille dans les faisceaux de lumière électrique ” ; Un lien est donc clairement établi entre les deux voyages, celui de l’étoile observée par la mère et celui du coeur de Simon transporté par Virgilio .
La vision du personnage dans l’appartement a donné naissance à ce voyage réel d’abord du coeur de son fils dans la voiture et ensuite à un voyage imaginaire et mythique qui nous plonge au Moyen-age à l’époque où on convoyait “les coeur des Princes ” dans les cités; Simon devient ainsi un personnage de légende lui aussi, à l’instar de ces souverains d’autrefois dont les dépouilles étaient vénérées et devant lesquels les gens se recueillaient “on se signait en silence pour regarder passer ce cortège extraordinaire” Le personnage de Simon obtient ainsi grâce à ces comparaisons une dimension sacrée
Attention j’ai coupé une partie de cette description du voyage médiéval dans vos passages dactylographiés…
La fin du passage nous ramène à Marianne et aux questions métaphysiques qu’elle se pose et que tous les lecteurs peuvent également partager : “que subsistera t-il dans cet éclatement de l’unité de son fils” : cette interrogation pose le problème des liens entre le corps et l’âme ; l’esprit est un et indivisible alors que le corps peut être morcelé ; Notre unité est avant tout spirituelle et n’est pas liée à notre enveloppe corporelle : du moins pour ceux qui croient à l’existence de l’âme ; pour certaines religions, âme et corps ne peuvent être séparés et donc les parents refusent les dons d’organes par peur de perdre l’ âme de leur enfant
En conclusion ,la romancière a donc imaginé pour ce passage important qu’au moment où on opère son fils mort pour lui prélever ses organes et les envoyer un peu partout en France,, Marianne , sa mère perçoit du fond de sa peine, une sorte de lien indestructible en pensée entre elle son fils et elle est soulagée de sentir sa présence irréductible ; le personnage de Simon acquiert ainsi une dimension sacrée, mythique en se transformant et en étant comparé aux souverains défunts des temps anciens .
Pour ouvrir les yeux d’Argan et lui faire réaliser qu’il a tort de se fier aux médecins et à leurs pratiques, et bien résolue à faire échouer le mariage d’angélique avec Thomas Diafoirus, Toinette a pris les chose en main et se propose d’avoir recours à “une imagination burlesque ” . Béralde , mis dans la confidence un peu plus tôt dès la seconde scène de l’acte III, assiste en spectateur amusé à cette comédie de consultation qui n’est pas sans rappeler celle de Monsieur Purgon à la scène 5 . Le burlesque se caractérise notamment , au théâtre , par le travestissement et le déguisement. Il emprunte certains traits à la farce, fait intervenir un comique bas qui exploite essentiellement le corps et la gestuelle; Proche de la parodie, il peut consister à imiter un personnage honorable ( ici un célèbre médecin ) par un valet qui contrefait son modèle en jouant la comédie et en faisant apparaître ses défauts; Ainsi ridiculisé , le médecin devient la cible des rires du public qui se moque , en même temps , de la crédulité d’Argan ; Dans la pièce, on trouve également des intermèdes burlesques avec l’arrestation de Polichinelle lors de l’intermède qui sépare l’acte I de l’acte II et dans la cérémonie finale qui montre le sacre parodique d’Argan . On peut donc dire que Le Malade imaginaire repose , en partie , sur le burlesque et que dans cette scène 10 de l’acte II, qui prépare le dénouement et le ballet final, Toinette donne un côté spectaculaire et plaisant à la satire des médecins.
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Pourquoi choisir ce passage dans le cadre d’un parcours comédie et spectacle ?
Pour montrer justement que derrière les paillettes, les chants et les danses ou l’éternelle comédie du conflit maître/servante, l’oeuvre de Molière aborde parfois, sous ‘apparence du dialogue philosophique , des sujets graves et sérieux. Les deux frères représentent ici deux manières de voir la vie et de considérer la condition humaine.
Se sachant gravement malade, Molière décide d’écrire une dernière pièce dans laquelle il dénonce les pratiques des médecins et leur profonde ignorance des “mystères du corps humain ” ; Mais cette réflexion sur l’art de se soigner va de pair avec un questionnement sur le sens de la vie et la notion de destin. Pour pouvoir impliquer les spectateurs dans ses pensées, il les incarne sur scène , sous la forme de dialogues entre deux frères ; Argan représente l’homme qui se gâche la vie avec ses angoisses métaphysiques et sa peur de la mort; Quant à Béralde, son opposé, il reflète la sagesse de l’homme qui accepte son sort , à la manière du stoïcien antique. Voyons comment la dispute des deux frères reflète une discussion philosophique sur la condition humaine ? Plus »
Notre premier extrait aborde l’entrée en scène de Toinette à la scène 2 de l’acte I . La relation conflictuelle maître / valet est souvent au centre de la comédie et contribue, pour le plus grand plaisir du spectateur , à des moments d’affrontement parfois cocasses. Si Molière s’inspire des types de la comédie italienne et notamment du personnage de Sganarelle ( appelé également Polichinelle ) , il donne également de grands rôles aux servantes . Ces dernières se caractérisent par leur “ caquet ” défaut récurrent sur scène ; Dans sa dernière comédie, Le Malade imaginaire , Toinette fait partie de cette famille de servantes au grand coeur, ( et à la grande bouche ) dévouées à leur maître et à sa famille, soucieuse de préserver leurs intérêts et les mettant en garde contre ceux qui cherchent à leur nuire. Insolente et gouailleuse, elle tient tête avec effronterie à Argan et lui donne la réplique sans s’en laisser conter L’extrait que nous étudions complète l’exposition et nous en apprend plus sur le personnage d’Argan, cet homme qui se ruine en remèdes et qui se fait berner par son médecin comme tente de le lui faire remarquer sa fidèle servante .
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Pour vous aider dans votre lecture du poème et fabriquer votre fiche d’oral : que retenir de ce poème ? Premier rappel important : le temps de préparation à l’oral est limité à 30 minutes; Il et donc conseillé de ne pas écrire des phrases complètes mais de vous servir de mots clés à partir desquels vous allez pouvoir organiser votre temps de parole .
Exemple de notes :
Intro 1.30
: Contexte FDM 1857 , procès / scandale/ dédié à T Gautier, Parnassien mais Baud influencé par Romantisme et précurseur du Symbolisme avec notamment théories des Correspondances
Oeuvre : 6 sections dont Spleen /Idéal , > 70 poèmes ; déf du Spleen = mélancolie angoisse, mal de vivre … / Idéal = espoir de sérénité, douceur .. Ordre et beauté Luxe calme et volupté dans Invitation au voyage
Liens bio : poème composé 15 ans avant parution recueil / 1841 / voyage contrées exotiques / étape ile Maurice / accueilli par M de Bragard + sa femme Emeline de Carcénac / a inspiré le poète ainsi que d’autres modèles de beauté / a composé 2 poèmes pour Thérèse , belle métisse / tombera amoureux à son retour Jeanne Duval surnommée la Vénus noire pour laquelle composera un cycle poèmes
Poème : sonnet = forme préférée Baud /< Renaissance, modèle de l’ode = poème latin composé pour un personnage célèbre dont on vante les qualités // A une madone + A une mendiante rousse / Sonnet = 2 Q et 2 T d’alexandrins sur 4 rimes ( = variante / modèle original italien , le + courant avec 5 rimes )
Un hommage à la beauté particulière de cette femme des îles décrite sur fond de paysage exotique
LECTURE Nb liaison tout empourprés / charmes ignorés /les antiques / feriez à ..
Q 1 cadre présenté comme enchanteur = allitération en p pays parfumé / sensations privilégiées > sensualité description / odorat + caresse , toucher du soleil = sensation agréable , idée de douceur / lien avec intimité amoureuse v 2
j’ai connu : au sens premier = faire l’amour avec une femme ,/ décor met en scène intimité des amours secrètes / dais d’arbres = cache les amoureux , allitération en d dais d’arbres = forme une harmonie imitative qui évoque les cachettes où peuvent se réfugier les amoureux / empourprés : cette rougeur des arbres pourrait faire allusion aux tamarins / Baud avait dans une première version écrit tamarins ambrés à la place d’arbres empourprés.
palmiers = décor exotique de l’île Maurice, paysage tropical, arbre emblématique / pleut sur les yeux: allusion à la forme tombante des larges feuilles et à la chaleur qui règne / la paresse pour Baudelaire a des connotations laudatives : synonyme d’indolence ds FDM – Baud déteste le mouvement qui “déplace les lignes ” / partisan de la lenteur
dernier vers présente enfin objet de l’admiration du poète : dame créole : alliance de respect avec le mot dame et son origine / créole= femme des îles, au XIX mot désigne la population d’origine européenne née dans les colonies et une manière de vivre des iliens empreinte de douceur et d’indolence ( sens de 1850 ) / aux charmes ignorés : sa beauté n’est pas reconnue comme il se doit car ne correspond pas aux canons de beauté de l’époque; A noter que M Autard de Bragard est lui aussi né à Maurice où Baud séjourna 18 jours en 1841
Q 2 : description de la femme avec portrait et détails physiques : mélange , alliance de chaud et de froid ( teint pâle = blanc et chaud : hâlé par le soleil ou métisse ) : une sorte de paradoxe ici qui crée sa beauté particulière / périphrase : brune enchanteresse , brune = ses cheveux/ type de beauté exotique + magicienne force de son attirance
adv noblement = origine aristocratique des colons , issue d’une grande famille / rappel = C’est pour remercier son hôte que Baud compose cet hommage à son épouse dont il vante les qualités = une part de flatterie dans le portrait de la femme ;
un type de beauté apprécié par le poète : grande- / mince avec un côté animal suggéré par “chasseresse “ + référence à la déesse Diane / la femme ainsi divinisée ;
quatrain se termine par deux détails importants pour sa physionomie: son sourire qualifié par adj “tranquille” et son regard “ yeux assurés” / sûre d’elle , pas timide ; impression qui se dégage = une sorte de vénération et de fascination / un magnétisme animal …qu’on retrouve dans laplupart des descriptiosn des femmes aimées pour Baud.
Tercet 1: adresse directe à la fe “madame” / traduit respect du poète et imitation du style des odes / vouvoiement et réf à la France : vrai pays de gloire , périphrase élogieuse / mention de deux symboles Paris et la Seine et référence à Du Bellay et à Ronsard, poètes de la Pléiade avec la Loire , fleuve mentionné par les deux poètes classiques dans leurs œuvres comme symbole de la France alors comparée à l’Italie berceau de la Renaissance / d’autres références à la Pléiade avec l’univers de la Renaissance et la mention des “manoirs ” demeures des seigneurs de cette époque, des riches et nobles familles françaises / l’adj antique ici a le sens d’ancien/ Baud reconstitue cadre historique Renaissance/ portraits des femmes de cette époque
Tercet 2 : retour au cadre Q 1 avec ombreuses retraites , expression qui rappelle le berceau végétal des arbres empourprés et le soleil dont on cherche à s’abriter sous les feuillages ; la femme est comparée à une muse, celle qui inspire les poètes ; dans la mytho, les Muses = 9 déesses, filles de Zeus et de Mnémosyne : compagnes d’Apollon chacune de ces 9 femmes protège une forme d’art ; une Muse pour un poète = sa source d’inspiration, celle qui lui permet de composer ;
Le verbe germer , par métaphore = acte de création, faire sortir de la terre, donner vie à une plante / le fruit de cette création = le poème / ici forme du sonnet, popularisée époque Renaissance / coeur des poètes = idée que la femme devient matériau pour l’activité poétique /
dernier vers du tercet = chute du poème ; contient une allusion au pouvoir de la femme / son regard = instrument de domination comparé à la pratique de l’esclavage / esclaves noirs au service des colons ; Baud a assisté à des scènes de punition où des serviteurs sont fouettés pour avoir désobéi/ l’île est passée sous l’autorité du gouvernement anglais et l’esclavage est aboli dès 1835 mais le gouverneur anglais continue à tolérer que les colons français des grandes plantations maintienne une tradition d’esclavage avec les travailleurs mauriciens; Peu à peu des travailleurs indiens rémunérés vinrent remplacer la main d’œuvre servile ce qui changea la composition ethnique de Maurice.
La folie fascine : elle fait peur certes mais elle est également synonyme d’imagination et de joie de vivre . Mettre un petit grain de folie dans sa vie , c’est souvent lui donner de belles couleurs et la rendre plus intense; Quand on aime intensément, ne dit-on pas qu’on est fou amoureux ou qu’on aime à la folie? Mais cette dernière peut devenir furieuse et mener au meurtre ou au suicide ; Être fou à lier signifie qu’on doit vous attacher afin que vous ne deveniez pas un danger pour les autres ou pour vous-même .
Petites histoires et sources d’inspiration des poèmes
Quelques pistes biographiques pour compléter les analyses pour les lectures linéaires extraites des Fleurs du Mal
sources : Comptoir littéraire
a) L’histoire et les origines de l’Albatros poème
b), Emmeline, Dorothée ,
c) Jeanne Duval, la Vénus noire
d) Marie Daubrun
e) Apollonie Sabatier la Vénus blanche
Synthèse : place de la femme, composition du recueil Plus »