01. janvier 2019 · Commentaires fermés sur Portrait d’un traître : M comme Mouchard ; Le cas de Paul Dounat dans l’Armée des Ombres . · Catégories: Première · Tags:

Délateur, dénonciateur, rapporteur, cafard, barbouze : les qualificatifs aux connotations péjoratives ne manquent pas pour désigner celui qui trahit son camp et livre des renseignements à l’ennemi. La littérature compte certains mouchards célèbres mais la plupart des modèles de personnages fictifs sont issus de l’Histoire. Le succès des films d’espionnage et le cliché de l’agent double continuent aujourd’hui à alimenter les images des traîtres . Dans l’Armée des Ombres, Joseph Kessel invente le personnage de Paul Dounat et nous fait assister à son exécution. 

A peine sorti de son camp de prisonniers, Paul Gerbier doit superviser l’exécution de celui qui l’a trahi . Le chapitre deux s’intitule l’exécution donc le lecteur connaît clairement l’issue fatale . Dè les premières lignes du chapitre, l’identité du traître est révélée ; Paul Dounat parait sous son véritable patronyme alors que comme tous les résistants, il est connu sous un faux-nom; Il a endossé le pseudonyme de Vincent Henry et ignore qu’il a été démasqué par son organisation. C’est donc en toute confiance qu’il se rend au rendez-vous à Marseille et les résistants, venus pour l’arrêter ,  se font passer pour des policiers   . Le lecteur comprend ce qui se passe au moment où l’auteur lui précise que Paul Gerbier devenu André Roussel ,est assis dans la voiture : “ Tout le sang de Paul Dounat lui afflua d’un seul coup et il s’affaissa comme un pantin désarticulé ” . Cependant le personnage du traître est  présenté très rapidement comme “indifférent ” à son sort , au delà de la peur .  ” Le premier choc avait épuisé en lui tout sentiment vivant. Comme toujours et du moment qu’il n’avait pas à choisir , il s’accommodait du pire avec une docilité et une facilité étranges.” 

 Le personnage de Dounat est vu par les yeux de Gerbier qui le juge assez sévèrement  ‘lui parut plus vague encore plus inconsistant qu’à l’ordinaire.  “ paresse manifeste de la  volonté,” pensait distraitement Gerbier . Le style indirect libre est utilisé pour rendre compte des pensées du héros. Gerbier éprouve une sorte d’ennui comme s’il exécutait une formalité fastidieuse. L’épisode de l’exécution est utilisé dans le roman pour montrer le caractère exceptionnel de ces instants qui transforment de simples citoyens en tortionnaires . Le traître comprend qu’il va être effacé de l’ordre humain; cette expression rend sa mort à la fois dramatique et inéluctable. Sa mort était un fait acquis . Lorsqu’il est emmené,   vers la maison où il va être exécuté, Paul pense à la manière dont les communistes se débarrassait de leurs traîtres : “On attirait l’homme de nuit , au bord de la mer, on l’assommait, on le déshabillait, on l’enroulait dans un treillage en fil de fer et on le jetait à l’eau. Les crabes à travers les mailles dévoraient entièrement le corps. ” Ce souvenir revient en mémoire de Paul: il avait entendu cette histoire en compagnie de sa maîtresse et elle avait prononcé ces mots très durs : ” Il n’y a pas de mort assez sale pour les gens qui vendent leurs camarades. “; Le narrateur ajoute le commentaire suivant : il montait docilement entre Gerbier et Félix comme pour établir un lien entre les paroles de Françoise et le sort de son amant. Le romancier utilise ici une alternance de points de vue pour rendre compte à la fois des faits et des effets produits par la trahison sur les personnages ; Gerbier se caractérise , tout au long du roman, par une forme d’impassibilité, allant parfois jusqu’à la froideur ou du moins l’apparence du détachement .

Au moment où le traître lève les yeux vers son bourreau, ce dernier les voit “humbles ,honteux et troublesavec une telle misère humaine qu’il eut envie de crier . On dit de Paul qu’Il redoute particulièrement la souffrance physique et  l’autre le montre en train d’esquisser un geste de protection avec ses mains qu’il place “paumes ouvertes devant son visage. ” Gerbier a une dernière hésitation avant de donner l’orde d’étrangler Paul Dounat mais renoncer à le tuer, c’est tuer Félix et mettre en danger le réseau ; finit-il par penser ; “ce n’était pas la faute de Paul Dounat s’il allait mourir ce n’était pas la faute de ceux qui l’assassinaient . Le seul, l’éternel coupable était l’ennemi qui imposait aux français la fatalité de l’horreur . ” Que pensez-vous de cette  affirmation ? Etes-vous d’accord avec ce raisonnement ?  Chaque convulsion du traître donne à Gerbier une haine nouvelle contre les allemands et le résistant Claude Le Masque se met à pleurer. Gerbier lui conseille alors avec bonté  d’avoir toujours du cyanure sur lui afin de s’empoisonner pour ne pas risquer de parler sous la torture . 

Des idées de plan pour répondre à la question : comment le traître est-il représenté ? 

En introduction, présenter le roman, le cadre de la Résistance et la situation des personnages; expliquez ce qu’il a fait et les raisons de sa trahison ; on peut dans un premier temps présenter ose caractéristiques du personnage et analysez le point de vue de Gerbier et ensuite  montrer que le titre du chapitre l’exécution annonce la dimension tragique du passage.

I un portrait contrasté

Des qualités qui le redent attachant , humain : utile intelligent courageux  AVANT bonne famille, bonne manières, traits agréables 34 belle bouche tendre : fait pour l’amour et pas pour la guerre 36 grain de beauté : petit détail 

Le mépris affiché de Gerbier fait ressortir sa froideur : lui parait vague inconsistant 22 , paresse manifeste de la volonté 40 , incapable de décider  42 : portrait d’un veule : menton indécis , un peu gras 39

Il est devenu un traître par  désespoir amoureux ou par faiblesse  : deux interprétations possibles  inertie 24  ou  devenu instrument de la police 25

le lecteur juge peut être moins sévèrement le personnage que Gerbier 

II Un homme condamné : une fatalité 

prêt à mourir l 1 “c’est alors qu’ils me tueront ” 1 ; absence d’interrogatoire 46 : inutile de vous poser des questions 

déjà mort indifférent :  n’a plus peur , premier choc , plus de sentiment vivant , veines creuses 3 à 10

s’érige en victime : ne releva pas la tête 49  s’accommodait du pire avec une docilité et une facilité étranges 8

 ccl Une exécution qui met en évidence la dureté de la guerre : transforme les hommes et révèle le meilleur comme le pire. Personnage pathétique et scène de l’étranglement qui révèle les difficultés des résidants à commettre ce meurtre. Carapace de Gerbier pour se protéger des émotions ? 

12. décembre 2018 · Commentaires fermés sur Les repas dans Bel -Ami : décrire un repas de manière réaliste … · Catégories: Seconde

On mange beaucoup dans le roman de Maupassant et souvent . A quoi servent les scènes de repas au juste ? Sont-elles décrites uniquement pour nous donner faim ? 

En fait les repas sont des occasions de montrer le milieu dans lequel évolue le personnage : à l’aise dans un Paris nocturne qui boit de la bière le long des boulevards, le héros n’est pas encore dans son élément au sein de la bourgeoisie d’affaires mais son féroce appétit lui ouvrira bientôt toute les portes .  Pour décrire votre scène de repas , vous devrez d’abord choisir un endroit précis dans le roman : chez les Forestier, au restaurant, à l’extérieur et expliquez à quelle occasion se déroule ce repas. Un repas est d’abord composé d’un menu : les plats défilent de l’entrée  au potage en passant par les poissons, les viandes, les fromage et les desserts . La vaisselle joue également un rôle important : penser aux nappes, aux assiettes , à la décoration de la table ou aux ustensiles de cuisine  . Enfin, placez les convives autour de la table et détaillez pour chacun d’eux une manière de manger, de couper sa viande, de demander à être resservi ou de pencher son verre de vin . N’oubliez pas de détailler l’ambiance générale (vous pouvez évoquer les sujets de conversation, les sourires ou la gêne des invités )  et terminez soit par le départ des invités soit par une note globale . “ce fut un interminable repas ” ou “ce fut un moment très agréable ” ? Vous trouverez quelques exemples ci-dessous…

On mange beaucoup dans le roman de Maupassant et souvent . A quoi servent les scènes de repas au juste ? Sont-elles décrites uniquement pour nous donner faim ? 

Comment mange-t-on à l’époque de Maupassant ? 

A u XIX°, l’élite sociale se compose de la haute bourgeoisie et de la nouvelle bourgeoisie . La première continue de recevoir chez elle et véhicule les manières qu’elle avait déjà sous l’Ancien Régime. Dans les banquets qu’elle donne, tout comme dans le banquet traditionnel, il est toujours question pour l’hôte d’étaler sa richesse et pour les convives de briller intellectuellement. Quant à la seconde, ses revenus lui permettent l’accès aux mets de luxe du siècle précédent, mais elle ignore le savoir-vivre et les bonnes manières de la table. N’osant pas encore afficher un train de vie trop luxueux chez elle, mais voulant se montrer et prouver que son capital lui permet d’avoir des goûts de luxe, elle mange au restaurant et fréquente les meilleurs tables de Paris. Tout au long du XIX°, elle cherche à imposer ses habitudes pour légitimer et renforcer sa nouvelle position. Parmi les valeurs qu’elle promeut, certaines ont un lien direct avec les représentations du repas. Son goût pour ce qu’il y a de meilleur et le développement des marchés et des restaurants conduisent à une nouvelle révolution gastronomique. Contrairement à la haute bourgeoisie, elle ne recherche pas de capital culturel : les discussions intellectuelles laissent la place à l’orgie et à la nourriture charnelle. 

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Le déjeuner sur l’herbe de Manet 

Cependant, jusqu’au milieu du XIX°, se nourrir reste une hantise quotidienne pour la majorité des gens. C’est pourquoi, le plaisir de manger, quand il est possible, rime avec abondance de nourriture et banquets interminables. 

DansBel-AmiMaupassant montre tout d’abord l’obsession de la nourriture pour le héros désargenté : Georges Duroy, arrivé à Paris sans le sou, doit choisir entre boire ou manger à tous les repas et la première fois qu’il est invité à dîner chez son ami Forestier, il est fasciné à la fois par le luxe de la table et par l’abondance des mets et des vins. « Le dîner était fort bon et chacun s’extasiait. M Walter mangeait comme un ogre, ne parlait presque pas . » 

Au XIX°, l’art culinaire jouit d’une importante popularité, surtout dans la deuxième moitié du siècle. Enfin, les écrits gastronomiques détaillent, sur un ton plaisant, les plaisirs raffinés da la bonne chère et prescrivent l’étiquette et les dernières modes alimentaires. En 1900, c’est la création du premier Guide Michelin. 

Dans la première moitié du XIX°, les plaisirs de la table ne sont que très lentement représentés dans la littérature. En effet, pour un certain romantisme du début du siècle, la nourriture, au même titre que les réalités physiologiques, est occultée. Les scènes de repas sont utilisées à des moments stratégiques du parcours du héros comme son arrivée, son mariage, sa réussite . C’est Balzac qui, le premier, a compris l’intérêt pour un romancier, de faire entrer les plaisirs de la table dans la littérature. Par contre, dans la deuxième moitié du XIX°, la littérature romanesque, s’ouvre plus largement à la représentation des plaisirs de la table avec des écrivains comme Flaubert, Zola, ou Maupassant. Ceux-ci mettent en scène les repas, de façon très détaillée, parce qu’ils y découvrent de véritables instruments pour montrer lemode de vie des personnages et les usages en société.La nourriture devient alors un des thèmes majeurs du réalisme .Le motif du repas devient un motif inscrit dans le temps de la narration et développé, sur le mode de la scène, pour aborder des problèmes comme : la famille toute puissante et aliénante, les rapports de pouvoir, la pauvreté et la richesse. 

Les repas dans le roman marquent l’ascension du héros . La première promenade du héros sans le sou sur les boulevards pleins des couleurs et des reflets des boissons, qu’il convoite, introduit son amour de l’argent et son goût pour les plaisirs .  “une soif chaude, une soif de soir d’été le tenait et il pensait à la sensation délicieuse des boissons froides coulant dans la bouche; ” Il conjugue souvent les plaisirs de la bonne chère avec les plaisirs de la chair comme lors du repas au restaurant avec Clotilde et les Forestier .  ” Une table carrée de quatre couverts étalait sa nappe blanche si luisante qu’elle semblait vernie. Et les verres , l’argenterie , le réchaud brillaient gaiement sous la flamme de douze bougies portées par deux hauts candélabres.”  On note à cette occasion une érotisation de la nourriture : «  Puis après le potage on servit une truite rose comme de la chair de jeune fille.. et on se mit à parler d’amour. Et comme la première entrée n’arrivait pas, ils buvaient de temps en temps une gorgée de champagne en grignotant des croûtes arrachées sur le dos des petits pains ronds . Et la penséede l’amour, lente eenvahissante entrait en eux, enivrait peu à peu leur âme, comme le vin clair, tombé goutte à goutte en leur gorge, échauffait leur sang et troublait leur esprit. » 

Au fur et à mesure qu’il s’élève socialement, le personnage de Bel -Ami semble moins s’intéresser à la nourriture : Le voilà désormais qui compte souvent parmi les invités de Madame Walter, la femme de son patron au Journal. « Le dîner fut banal et gai, un de ces dîners où l’on parle de toutsans rien dire . Duroy ne resta pas tard trouvant monotone la soirée ». Il rentrera seul d’ailleurs sans Clotilde de Marelle. Lorsque cette dernière l’invite à dîner chez elle, il se sent un peu gêné : « il se sentit étrangement troublé non pas qu’il lui répugnât de prendre la main de ce mari,de boire son vin et de manger son pain, mai sil avait peur de quelque chose sans savoir de quoi. » 

Lorsque Madeleine lui demande de la rejoindre car elle craint que son mari décède , les repas ne sont plus une source de plaisirs dans ces circonstances tragiques : « Enfin le dîner fut annoncé. Il sembla long à Duroy, interminable. Ils ne parlaient pas, mangeaient sans bruit, puis émiettaient du pain du bout des doigts. » 

Après avoir épousé Madeleine devenue veuve, en décidant qu’ils formeraient un couple libre, Georgesqui es fait désormais appeler Du Roy De Cantel emmène son épousen Normandie afin de la présenter à ses parents,des paysans aisés. «  Ce fut un long déjeuner de paysans aveunsuite de plats mal assortis, uen andouille après un gigot, uneomelette après l’andouille. Le père Duroy mis en joie par le cidre et quelques verres de vin, lâchait le robinetde ses plaisanteries dechoix. » Cette description critique montre que Madeleine ne se sent pas à sa place : « Le repas du soir , à la lueur d’une chandelle, fut plus pénible encore pour Madeleine que celui du matin. »

En revanche lorsque Madeleine dîne avec son nouvel amant le ministre Laroche-Mathieu , voilà ce qu’on trouve dans leur chambre : « Ils traversèrent une salle à manger dont la table non desservie montrait les restes du repas : des bouteilles à champagne vides, une terrine de foie gras ouverte, une carcasse de poulet et des morceaux de pain à moitié mangés . Deux assiettes posées sur le dressoir portaient des piles d’écailles d’huîtres. »

En exécutant son dernier coup d’homme de proie – s’assurer le mariage avec la très riche Suzanne – Bel-Ami jette dans l’eau du bassin de l’hôtel un morceau de pain : “Tous les poissons se jetèrent avidement sur ce paquet de mie qui flottait […] et ils le dépecèrent”.

La nourriture tant enviée par Georges Duroy au début du roman ne lui fait désormais plus envie car il a pu satisfaire d’ autres appétits : celui des femmes et plus encore celui du pouvoir. Le dernier regard qu’il jette dans le roman n’est pas pour le banquet de ses noces mais pour la chambre des Députés qui se profile à l’horizon. 

En résumé il est devenu celui qui a croqué les autres.  

11. décembre 2018 · Commentaires fermés sur La place du traître : motif central ou ressort de l’intrigue ? Initiation à la dissertation · Catégories: Fiches méthode
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Dans quelle mesure peut-on dire que la figure du traître est centrale dans l’univers romanesque et théâtral ?  Voilà la question qui va servir de point de départ à nos cogitations et  à laquelle il va falloir répondre sous la forme d’une dissertation . Les méthodes et les modes d’emploi pour apprendre à réaliser cet exercice de réflexion et d’argumentation , ne manquent pas ; mais, si, aujourd’hui, il n’est  choisi que par 5% des candidats au bac de français, c’est  surtout parce qu’il paraît effrayant pour beaucoup d’élèves. Que signifie au juste disserter au lycée  ? Pour certains , il s’agit simplement de discuter , pour d’autres, de vérifier le domaine d’application ou d’extension d’une notion ; pour la plupart, au final, disserter en français se réduit à faire étalage de sa culture et de ses connaissances. La réalité est autre : disserter s’apparente  avant tout  à une  démarche réflexive  qui effectue un va- et- vient permanent entre des connaissances, certes, mais surtout la construction d’une réflexion qui met à jour les rouages de la pensée …suivez le guide !

 Tout d’abord, disserter dépasse le cadre étroit d’une matière : on disserte en histoire, en économie, en philosophie, et en mathématiques également ainsi qu’ en sciences : l’exercice prend alors le nom et  la forme d’une démonstration . Les Anciens ont,  d’ailleurs, donné des noms aux différentes  étapes de cette démarche  au sein de la rhétorique :  Inventio avec un I qui désigne l’art d’inventer, de trouver des idées ou arguments , D comme dispositio : l’art de faire des plans , de ranger, d’ordonner les arguments ; L’ Elocution désigne l’art de bien parler et peut être remplacée par la rédaction lorsqu’il s’agit d’écrire . Les orateurs ajoutaient M comme Memoria pour désigner l’art d’apprendre son discours (mémoriser ) , A comme Actio pour désigner les performances des orateurs . 

Je vous propose d’employer un moyen mnémotechnique pour vous souvenir des étapes du travail de dissertation. 

D comme définir le sujet : prendre le temps de l’analyser, de le comprendre, de le reformuler…

I comme inventorier les idées ,  des exemples, faire des listes, des tableaux, des cartes mentales , noter des noms, des titres d’oeuvres, des noms de personnages..

S comme synthétiser : regrouper ce qui se ressemble, faire apparaître les idées voisines ou les oppositions , classer, rassembler. 

S comme souffler : attendre un peu que les idées lèvent  ..l’idéal est de reprendre le lendemain ou plusieurs jours plus tard 

E comme élaborer un plan , ordonner, construire , enlever ce qui fait doublon, étoffer , équilibrer 

R comme rédiger un plan détaillé , l’armature du travail final dans lequel on fait apparaître les idées, les exemples à la place choisie et les liens entre  les parties qu’on nomme 

T comme transitions : les jointures indispensables pour un travail solide 

E comme écrire  enfin sur sa copie

R comme ne pas oublier de se relire

Pour simplifier la recette finale  : définir, inventorier,synthétiser, souffler ,élaborer un plan, rédiger le plan détaillé, transitions, écriture, relecture . 

Commençons aujourd’hui par les deux premières étapes 

D comme définir le sujet : Dans quelle mesure peut-on dire que la figure du traître est centrale dans l’univers romanesque et théâtral ?

Le mot clé est bien sur le mot traître .Il va falloir discuter des trahisons mentionnées dans les textes et démontrer quelle est la place de cette trahison dans l’oeuvre ;

L’expression dans quelle mesure nécessite qu’on quantifie cette place : on peut , par exemple, penser à un pourcentage . Thème central à 100 % : le roman n’évoque que la trahison: c’est l’action essentielle ou unique ; Ou la trahison n’apparaît que fortuitement dans l’histoire (à la fin , comme déclencheur, dans une péripétie , en tant que thème secondaire ) Pour chaque oeuvre, il conviendra donc de se poser des questions que nous pourrions résumer sous cette forme : qui trahit qui? pour quelles raisons ? quelles sont les conséquences de cette trahison? quelle place cette trahison occupe-t-elle dans la totalité de l’oeuvre ? la trahison apparaît-elle au début ? est-elle un déclencheur de l’action ? est-elle un thème récurrent dans l’oeuvre ? le traître est-il le héros ? un personnage secondaire ? un figurant ? trahit-il le héros ? s’oppose-t-il à lui ? 

 I comme inventorier : Une fois ce travail de questionnement des œuvres  effectué, nous pourrons alors élargir l’inventaire des idées à vos lectures personnelles  et séparer ensuite arguments et illustrations (idées et oeuvres ) 

Voilà le résultat de notre sondage à propos du degré de trahison des traîtres de notre corpus : 

06. décembre 2018 · Commentaires fermés sur Adapter une œuvre littéraire au cinéma : tentatives de traductions . · Catégories: Fiches méthode · Tags:
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Peut-on parler véritablement de trahison? L’oeuvre écrite, dès qu’elle ne se limite pas à une simple nouvelle, possède une densité trop grande pour être toute entière mise dans l’œuvre filmée, et il serait étonnant de penser que des dizaines d’heures de lecture peuvent se transférer dans une à trois heures de cinéma. Le langage cinématographique va ainsi utiliser des condensés.

Les grands films tirés de grands livres sont toujours la vision de deux artistes qui ont apporté chacun deux visions du monde.

Julien Gracq disait de l’adaptation cinématographique :” pour qu’un roman devienne un très bon film , il faut que le film soit autre chose. Il s’agit de chercher une sorte d’équivalent mais qui ne se limite pas à la simple transposition visuelle”.

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Comment passer du texte à l’image

L’ adaptation libre d’une oeuvre littéraire peut en modifier de profonds aspects : elle peut ainsi être transposée dans un autre pays à une toute autre époque . Il est également possible ne garder qu’un personnage et de lui faire vivre d’autres aventures, l’important est de conserver un aspect du roman, de le rendre unique et inoubliable. On parle alors de libre -adaptation ou de transposition . 

Deux langages différents 
– Le langage des images ne reflète pas le langage des mots. Par exemple, les ellipses au cinéma (flash-back, fondus)représentent le temps qu’on ne voit pas. Ainsi, il y a un décalage réel entre une scène racontée et une séquence de film. La voix-off au cinéma fait entendre au specatteur les pensées du personnage ; Le procéd est beaucoup plus fréquent dans lseromans avec le point de vue omniscient.
– Un film de 2 heures ne peut pas reprendre tous les événements et les gestes d’un récit de 300 pages. Le cinéaste doit donc faire des choix. Il peut décider de supprimer certains détails, de réduire le nombre de personnages, de passer des faits sous silence. 

– Enfin, en adaptant, le cinéaste propose sa lecture, sa vision de l’œoeuvre, son interprétation. 

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Dans L’Armée des Ombres , adaptation par Jean-Pierre Melville plus de 20 ans après la sortie du roman de Kessel, de nombreux petits détails ont disparu . Le cadre chronologique du récit est respecté avec les différentes séquences comme l’arrivée au camp de prisonniers, l’évasion, l’exécution du traître, le départ en Angleterre , les différentes missions des résistants . Les personnages principaux sont tous conservés: autour de Philippe Gerbier interprété avec beaucoup de sobriété par Lino Ventura, on retrouve des acteurs célèbres de l’époque; Simone Signoret joue Mathilde, Jean-François est interprété par Jean-Pierre Cassel et le grand patron Luc Jardie est incarné par Paul Meurisse. Toutefois, dans un souci d’économie , le cinéaste réduit certains rôles secondaires: on aperçoit Augustine la paysanne généreuse et on entrevoit à peine sa fille alors que dans le roman, Mathilde envoie un commando pour la délivrer et l’auteur raconte avec force détails, les séances de torture qu’on lui fait subir. On note d’ailleurs, à ce sujet, que les images de torture sont beaucoup moins détaillées à l’écran sans doute pour ne pas trop choquer le spectateur et pour que le film soit accessible à tous les publics. Autour des figures principales de résistants: Lemasque, Félix, Le Bison, Jean-François, certains détails ont été concentrés ; Ainsi, alors que dans le roman, Gerbier s'évade avec la complicité de Legrain et grâce à son sacrifice, dans le film, Melville a choisi de reprendre une anecdote qui est racontée par Jean-François; ce dernier s'est enfui du siège de la Gestapo , a trouvé refuge chez un barbier et celui-ci lui a donné un imperméable afin qu'il ne soit pas reconnu par les allemands.  Dans cette scène, à l'écran, Gerbier remplace Jean-François. Toutes les aventures des récitants ne sont pas reprises : ainsi on ne voit pas tous leurs déguisements ou tous leurs voyages comme lorsque Mathilde se travestit en femme enceinte . Le film montre l'agonie du Félix et le sacrifice de Jean-François pour le rejoindre en prison ; dans le roman, il s'agit d'un épisode raconté par Le Masque qui reste auprès d'un camarade trop souffrant pour pouvoir s'échapper. 

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Le cinéaste  a choisi de conserver des détails symboliques comme l’appartement de Saint Luc : il modifie toutefois la scène de reconnaissance entre les deux frères: l’identité du patron est dévoilée à son frère dans le roman alors que dans le film , Jean-François ne peut identifier son frère dans le noir de la nuit. Seul le spectateur sait qu’il s’agit du chef et dans le générique de fin qui mentionne la mort tragique de tous les résistants, il est précisé :  Luc Jardi ne donna qu’un nom : le sien . Lorsque Mathilde serre la main de Gerbier après avoir organisé son évasion avec la corde, le cinéaste a voulu montrer l’émotion de ces instants et même s’il n’a pas donné à Mathilde un rôle aussi important que dans le roman, il a conservé ses qualités d’organisation et montre que les résistants qui travaillent sous ses ordres, l’admirent beaucoup. Le dénoument du roman est conservé avec l’arrivée dans la planque de Gerbier du grand patron pour prendre la décision de tuer Mathilde avant qu’elle ne livre les noms d’autres résistants pour sauver sa fille. La scène de l’assassinat de Mathilde et l’incertitude dans laquelle se trouve le chef des résistants apparaît bien à l’écran avec le visage sidéré de l’actrice qui laisse penser au spectateur qu’elle ne s’attendait pas à être tuée .

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Au final, quelques détails ont été passés sous silence et quelques personnages ont disparu (Louis H , l’abatteur clandestin qui abrita Gerbier , la Comtesse qui cachait des clandestins sous sa robe mais les scènes principales ont été conservées et transposées (camp, évasion, parachutages, passage à Londres, arrestations, tortures) et surtout l’atmosphère sombre du roman de Kessel, parfaitement restituée avec de nombreuses scènes nocturnes notamment . L’exécution du traître reprend le scénario du livre mais les pensées des personnages sont moins détaillées et l’expression de leurs visages se substitue à ce qu’ils peuvent ressentir . Le roman nous informe davantage sur les raisons qui poussent les êtres à agir , leurs motivations, leur passé; l’image elle, fixe des moments d’émotion mai ne permet pas aussi facilement la superposition des plan temporels à moins d’utiliser des techniques particulières comme la surimpression ou le flash-back qui plongent le spectateur dans les souvenirs des personnages . 

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La musique, les gros plans, le jeu des acteurs , le découpage des plans, le rythme du montage, les différents éclairages  sont des outils propres au cinéma. La variété des points de vue, la précision des détails , l’expressivité du style, l’utilisation du registre tragique ou pathétique  sont des techniques romanesques. Le film ed Melville s’inspire du roman mai sous offre un nouvelle vision personnelle de l’héroïsme des résistants et de ce que la guerre pousse l’homme à accomplir, en bien comme en mal. Il se clôt sur une dimension pathétique avec le générique de fin qui fait défiler les nom de ceux qui vont mourir avant la libération de Paris . Le film d’ailleurs s’ouvre sur un défilé allemand sous l’arc de Triomphe, image symbolique de l’occupation allemande sur le territoire français : principal motif invoqué par les résistants pour continuer la lutte armée . 

 

 

 

 

09. novembre 2018 · Commentaires fermés sur La trahison et les traîtres : petite histoire de trahisons et portraits de traîtres ! · Catégories: Première
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Brutus tue César 

La littérature compte de nombreux traîtres célèbres aussi bien dans les romans que dans les pièces de théâtre ; Au cinéma également,on retrouve souvent le personnage du traître . Essayons de remonter le temps et voyons ensemble quelles sont les figures historiques du renégat. Nous pouvons également nous demander ce qui pousse les individus à trahir: de Judas qui vend Jésus aux Romains, en passant par Caïn qui tue son frère , les raisons de trahir sont variées. On peut trahir un ami, un amour, un pays , une patrie et même un idéal , un parti, un combat. , un camp. On trahit parfois par jalousie, par appât du gain, par méchanceté , par imprudence , pour sauver ceux qu’on aime et qui sont menacés, pour sauver sa vie tout simplement . 

 

Dès l’Antiquité, on compte quelques trahisons spectaculaires : Clytemnestre trompe son mari Agamamenon et le tue avec la complicité de son mandat ; Elle sera elle-même tuée par son fils  Oreste qui, en vengeant son père devient matricide . 

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Caïn tue Abel 

Au Moyen-Age , les traîtres sont déjà nombreux dans les chansons de gestes et les romans de chevalerie ; Ganelon est une figure légendaire de traître : il est accusé d’avoir trahi Roland à Roncevaux et provoqué la douleur de l’empereur Charlemagne; Le souvenir de cette trahison sera rappelé dans la littérature durant des siècles. Dans la chanson de Roland, Ganelon parvient, en effet à convaincre Charlemagne de signer la paix avec les Sarrasins mais Roland l’envoie, en personne, porter le message aux ennemis .Pour sauver sa vie, Ganelon  signe un accord avec ces derniers; Il est prêt à leur livrer Roland.  Il leur assure qu’il s’arrangera pour que Roland soit à l’arrière de la troupe avec ses hommes ; Ainsi  isolé, les Sarrasins pourront le tuer facilement .  Roland est pris au piège et sonne du cor pour alerter son oncle mais il est trop tard. Un fois son neveu tué, Charlemagne organise le procès de Ganelon accusé d’avoir trahi . Cependant la Cour demande sa grâce car Ganelon a trahi Roland simplement . Un signeur démontre qu’en agissant ainsi, Ganelon  a mis en danger l’empereur et qu’il mérite donc la mort.  Au terme d’un duel judiciaire remporté par l’accusation, le traître est écartelé sur la place publique La félonie au Moyen-Age est considérée comme un danger pour la société féodale qui repose sur le respect de la parole donnée à son suzerain

Dans le théâtre de Shakespeare, les traîtres font couler le sang ; Durant le seizième siècle, les anglais semblent obsédés par la trahisson: il est question de complots, et de conspiration dans la plupart des pièces historiques de Shakespeare. A Londres, les visiteurs pouvaient observer les têtes des traîtres empalées sur le pont principal de la Cité. Jules César qui met en scène la trahison de Brutus , le fils adoptif de l’empereur, eut un très grand succès. Hamlet lui aussi , héros éponyme, va trahir et tuer Claudius. Richard II autre héros de théâtre affirme se trahir lui-même et observe dans un miroir les métamorphoses de son visage qui reflètent sa propre trahison . 

Au siècle classique , les traîtres sont nombreux et notamment dans le domaine amoureux. L’adultère y voisine avec les paroles trompeuses des séducteurs dont Don Juan est la figure emblématique . Dans un roman écrit par une femme,  Madame de Lafayette, une jeune Princesse, Madame de Clèves ,  avoue à son époux qu’elle craint d’être amoureuse d’un autre homme : le Duc de Nemours, lui-même sur le point d’épouser la reine d’Angleterre . Elle supplie alors  son mari de lui permettre de quitter la Cour et de se réfugier loin du Duc. Le Prince accepte mais meurt de chagrin à cause des aveux de sa femme . Il la pense, en effet, infidèle alors qu’en réalité, elle ne l’a jamais trahi et a toujours repoussé les avances du Duc . Une autre nouvelle de Madame de La Fayette est construite sur une variante du même modèle; La Prinecce de Montpensier retrouve après son mariage son ancien amour : le Duc de Guise mais ce dernier trahit leur relation secrète en la rendant publique et renonce à elle pour une autre. Une autre héroïne : la Comtesse de Tende se retrouve enceinte  de son amant et obligée , après la mort de ce dernier, d’avouer son infidélité à son mari . Ces jeunes femmes hésitent à vivre leur passion car elle est une véritable menace pour elles. De nombreux personnages meurent d’amour dans les romans de cette période et la littérature , en décrivant la trahison sentimentale, tente de percer les replis du coeur humain. 

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Au cinéma, les traîtres crèvent l’écran : personnage typique des films d’action, il finit le plus souvent par être démasqué et puni , pour le plus grand plaisir du spectateur . Il est le personnage qu’on adore détester. Son modèle provient du mélodrame, théâtre d’action qui se jouait sur les grands boulevards parisiens au dix-neuvième siècle . Personnage pivot de l’intrigue, le traître agit sous un masque, sous une fausse identité souvent et   commet en secret d’odieuses manigances (détournement d’héritage, meurtres en tous genres, chantage, abus de  biens , extorsion de fonds ) . Il est finalement neutralisé , puni parfois durement , il  se montre de temps en temps repentant, emprisonné ou pardonné , mais il n’est pas rare qu’il finisse par mourir , payant ainsi ses fautes de sa vie  . Certains stéréotypes connotent sa noirceur morale comme le regard sombre, le cheveu noir, la voix caverneuse et la musique inquiétante qui accompagne souvent son apparition à l’écran . Le personnage du traître s’adapte et varie selon les idéologies jusqu’à devenir, par exemple , dans les James Bond, un émissaire russe en pleine période de guerre froide. Ce personnages peut être assimilé à une sorte de bouc-émissaires pour les spectateurs qui souvent, au début du cinéma,  criaient en les voyant sur l’écran .

Au final les modèles du  traître évoluent selon les genres et les époques. Opposés aux héros  positifs dont ils constituent l’antithèse, ils cristallisent les émotions négatives des spectateurs et représentent les incarnations du Mal sous toutes ses formes. Néanmoins, leur humanité les rend assez proches de nous et nous fait imaginer que nous pourrions , à notre tour, un jour , trahir ceux que nous aimons et leur nuire. 

 

 

23. octobre 2018 · Commentaires fermés sur Georges Duroy à Paris : sur les traces de Bel-Ami · Catégories: Seconde · Tags:
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Les écrivains réalistes donnent souvent de nombreux détails sur les déplacements de leurs personnages car le réalisme du cadre géographique participe de l’ambiance globale du roman et les petits détails vrais, contribuent à accroître , pour les lecteurs,  l’illusion de la réalité. C’est pourquoi Maupassant situe souvent ces descriptions dans des lieux aisément reconnaissables ou identifiables  et donne une topographie précise des endroits visités par les héros en prenant soin créer des ambiances particulières aux quartiers traversés. Prenons comme exemple les premiers chapitres du roman…

 Premier chapitre  Par une belle soirée de juin, Georges sort d’un restaurant où il vient de dîner : l’air chaud souffle sur la ville qui “chaude comme une étuve paraissait suer dans la nuit étouffante “. Paris est ici personnifiée . Le personnage cherche un peu d’air et se dirige vers les Champs-Elysées pour rejoindre le Bois de Boulogne. Arrivé à la Madeleine , il suit la foule et contemple avec envie, assoiffé, les passants attablés aux terrasses . L’auteur donne même les noms des cafés : le Vaudeville, l’Américain . Le personnage principal rencontre alors Charles Forestier place de l’Opéra et tous deux se dirigent, en discutant, jusqu’au boulevard Poissonnière . Après une courte visite des locaux du Journal La Vie française, le lecteur suit les personnages jusqu’au café Le Napolitain . Ils flânent ensuite pendant une heure et finissent par se diriger vers le cabaret des Folies-Bergères , rue Richer . Maupassant décrit alors la foule qu’on rencontre dans ces endroits : “le plus drôle de mélange qui soit dans Paris ” à la fois des familles  de bourgeois, des artistes et des filles de demi-choix mais surtout la crapule qui domine . A la fin du premier chapitre, les deux hommes se quittent et Forestier rentre chez lui alors que Georges accompagne une prostituée chez elle. Ils ont convenu de se retrouver le lendemain soir pour dîner rue Fontaine au domicile de Forestier. 

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Tu peux tenter  de retracer le parcours des personnages sur une carte de Paris en 1880 : quelles stations de métro  faudrait-il emprunter aujourd’hui pour faire le même parcours que Georges ? 

Second chapitre : Georges arrive pour dîner chez Charles Forestier et parait intimidé . Cependant , vêtu d’un habit de location , il se sent à la fois anxieux et exit épar cette nouvelle vie qui s’ouvre à lui : le romancier, à cette occasion, décrit avec minutie les toilettes des personnages et la manière dont l’appartement est meublé; En effet, les auteurs réalistes établissent des correspondances précises entre les personnages et le décor  et les vêtements qui, le plus souvent, sont le reflet d’une position sociale déterminée. On appelle d’ailleurs ce principe: le déterminisme de la description.  A un moment de la soirée, Georges se met à examiner avec soin la décoration de l’appartement de son ami.  ” Le jeune homme considéra avec attention l’appartement. Il n’était pas grand; rien n’attirait le regard en dehors des arbustes; Aucune couleur vive ne frappait mais on se sentait à son aise dedans. On se sentait tranquille, reposé. Les murs étaient tendus avec une étoffe ancienne d’un violet passé ;criblée de petites fleurs de soie jaune, grosses comme des mouches “  La description précise de l’ameublement de l’appartement des Forestier participe ainsi du bien- être du personnage de Georges qui se sent de mieux en mieux au fur et à mesure que la soirée s’écoule. D’un part , parce qu’il a  bu plusieurs verres de vin et parce qu’il s’aperçoit qu’il plait aux femmes de cette soirée. En quittant l’appartement, il est émerveillé d’être aussi joli garçon et adresse à sa propre image un sourire de complaisance . 

Troisième chapitre :  Maupassant établit d’emblée  un contraste entre l’appartement luxueux que Georges vient de quitter et celui qu’il loue pour le moment rue Bourgault dans le dix-septième arrondissement. “les marches sales où trainaient des bouts de papier, des bouts de cigarettes, des épluchures de cuisine, une écoeurante sensation de dégoût ” . Le logement donne en plus sur la gare des Batignolles et il est extrêmement bruyant . Lorsqu’il observe son garni, il respire la misère de sa condition et il décide  de tout faire pour  sortir de la pauvreté. Il repense alors à son enfance à Rouen et se reprend à espérer qu’une rencontre amoureuse va transformer sa vie . Le lendemain, il aperçoit de sa fenêtre les coteaux d’Argenteuil et de Sannois et descend jusqu’au parc Monceau où il se retrouve devant chez Forestier. Sur les conseils de ce dernier, il monte trouver Madeleine afin qu’elle l’aide à écrire un article sur ses souvenirs d’Alger.  A l’arrivée du Comte de Vaudrec, Georges quitte l’appartement des Forestier et déjeune au Bouillon -Duval avant de se rendre au rendez-vous avec M Walter dans les locaux du journal . Il est engagé par Forestier et doit revenir le lendemain à la même heure. 

 

 

09. octobre 2018 · Commentaires fermés sur Parodier une fable : l’agneau et le loup · Catégories: Seconde · Tags: ,
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Les élèves devaient illustrer la morale suivante: la raison du plus fort n’est pas toujours la meilleure et pour ce faire, ils devaient conserver la situation de départ imaginée par La Fontaine: un face à face entre un loup et un agneau ; Sauf qu’à la fin, l’agneau s’en sort et ne finit pas dévoré . Voyons un peu ce qu’ils ont imaginé. Un loup malade qui cherche son chemin , un loup qui lui pose des devinettes à la manière d’un sphinx . Parmi les meilleures trouvailles, un agneau haltérophile et un loup  quelque peu enrobé qui cherche à sculpter son corps et qui l’engage comme coach. “Monsieur , lui dit l’agneau ,que vos rondeurs ne soient plus qu’un mauvais malheur “.. (Léa, Clémentine et Sofiane ) La rencontre commence parfois sous de mauvais auspices mais se termine bien : c’est le cas par exemple de cet agneau qui s’est retrouvé par mégarde sur un terrain appartenant à Messire Loup  “Monsieur ne vous mettez pas en rogne, s’exclame l’agneau, je ne fais que passer sur votre propriété ” (Lauryn et Léa )

 

Le conflit fut souvent territorial à la base comme dans cette réalisation : “un loup survient pour inspecter ses terres ” et finit noyé dans un puits grâce à une esquive de l’agneau lorsqu’il se précipite pour le dévorer..(Ambre et Jody). Nous avons égalementlou7.jpg

 

rencontré des agneaux philosophes, un agneau qui se fait passer pour empoisonné et dont la viande pourrait tuer le loup (Vincent ) : ce qui est un moyen malin de mettre à distance son prédateur naturel. Un autre agneau tout aussi futé demande avant de mourir de pouvoir manger son fruit préféré; le loup lui accorde cette dernière volonté et le regrette amèrement car l’agneau lui fait croire qu’il a ainsi préféré se suicider avec du poison; le loup dégoûté, poursuit son chemin abandonnant ainsi sa victime qui ouvre un oeil et recrache ce qu’il a feint de manger ; Bien joué pour  Eva, Mourougane et  Djibril ! Un autre petit mouton particulièrement rusé es fait passer pour la dernière victime potentielle de loups trop bêtes te trop cruels et parvient à leur faire croire que juste à côté existe un pays de cocagne avec des victimes potentielles par milliers; Très belle idée d’ Eléa et Clémence . L’ agneau, pouvait parfois être accompagné d’un renard, habile orateur et en général, s’il parvient à s’en sortir, c’est grâce à son habileté dans l’argumentation.  A découvrir en BD ..

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Le tome 12 est paru …
La difficulté de ce travail d’invention consiste à trouver la bonne distance entre l’imitation pure et simple  et le travail sur une situation qui se transforme et à partir d’un modèle donné (la fable : un récit plaisant qui illustre une  morale ) ; Relisez votre feuille de consigne pour la production écrite n° 1.
26. septembre 2018 · Commentaires fermés sur Aragon : un poème qui dénonce l’occupation de la France · Catégories: Première
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Le poète ne se contente pas toujours de célébrer la beauté de la Nature ou de chanter l’amour de la femme , il peut aussi mettre son art au service d’une cause et devenir un poète engagé. C’est le cas ici du texte écrit par Louis Aragon, en plein coeur de al seconde guerre mondiale; Comme de nombreux résistants, Aragon a décidé de désobéir aux ordres du gouvernement de Pétain, alors installé à Vichy ; Il est fait prisonnier, s’évade et se réfugie ne zone libre où il compose des poèmes entés qu’il rassemblera dans un recueil en 1943. Formé de  14 quatrains d’alexandrins, ce poème mêle forme classique est allusion aux réalités contemporaines . Aragon y dénonce la politique d’occupation et s’afflige des souffrances endurées par son pays et les Français asservis . Les deux dernières strophes sont des appels à la révolte . 

Comment procéder quand on doit fabriquer un commentaire littéraire à partir du poème ?  Il faut avant tout s’armer de patience et de logique. Petit mode d’emploi … En ouvrant le fichier joint , tu auras un aperçu de la méthode à employer pour réussir ses commentaires littéraires . En fait, à l’oral tu n’auras pas à rechercher la problématique car l’examinateur te la fournit mais il te faudra trouver une organisation; 

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A l’écrit, tu dois non seulement trouver les axes majeurs du texte et ensuite ordonner tes remarques au sein d’un plan organisé… tu peux écouter cette vidéo pour mieux comprendre ce qu’on attend de toi …

une vidéo d’ensemble …pour réviser ; Tu peux également consulter la capsule des bons profs sur le commentaire composé et les conseils d’Amélie sur son site commentairecompose.fr

 

23. septembre 2018 · Commentaires fermés sur Fabriquer un exposé à l’oral · Catégories: Fiches méthode · Tags:
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L’exercice qui consiste à présenter à la classe un sujet d’exposé oralement vise à développer un certain nombre de compétences qu’il est possible de décomposer en 4 grands domaines .  Il faut tout d’abord délimiter le sujet dont, en fixer un cadre, en extraire éventuellement une problématique, en mesurer l’intérêt et les enjeux ; Il s’agit de la compétence : savoir analyser un sujet . Ensuite, il faut effectuer la partie consacrée aux recherches en prenant soin de noter les chemins d’accès et les sources des documents utilisés (ne pas oublier de citer ses sources en fabriquant dans le sommaire une sitographie  ) ; Il faut ensuite réfléchir à un mode d’organisation des idées en construisant un plan composé de parties et parfois de sous-parties. Enfin, il est important de soigner sa présentation orale en travaillant sa voix, sa posture, son langage et en maigrissant les supports utilisés (polycopié, diapaorama, vidéo ) . Quelques conseils pour débuter …

1. Cadrer le sujet ; 

En français, vous pouvez présenter un auteur dans le cadre soit de l’étude d’une oeuvre soit de l’étude d’un mouvement littéraire . La biographie se limitera à quelques points essentiels ; N’évoquez ni la famille ni les études mais concentrez vous plutôt sur les métiers exercés et sur la carrière d’écrivain ;

A proscrire : les détails intimes sur la vie privée et la petite enfance , les études. 

A privilégier : les titre des oeuvres principales et si possible leur résumé ou leurs thèmes principaux. Le rôle de l’artiste dans son époque (chef d’un mouvement littéraire, ses influences et l’empreinte qu’il laissera au siècles suivants ) 

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Exemple de plan : l’homme, l’artiste, son évolution et ses influences. N’oubliez pas qu’un écrivain évolue entre ses débuts et la fin de sa carrière. Pensez surtout à ce qu”on retiendra de lui ! 

V Hugo : le poète romantique , le romancier engagé, le dramaturge contesté . Pensez aux cartes heuristiques ou cartes mentales parfois très lisibles . 

si vous présentez une notion comme un mouvement littéraire, donnez des dates précises et évoquez les grands principes de ce courant . 

Plan possible  pour l’étude du mouvement romantique :  1 Les origines de romantisme, débuts et apparitions,  2  les principes du romantisme et les auteurs qui ont rallié le mouvement ,  3. les limites  du genre (la contestation et les reproches que certains écrivains adressent aux auteurs romantiques ) : le romantisme s’oppose au réalisme qui tente d’en corriger les excès . 

Si vous présentez une oeuvre, n’oubliez pas de la situer dans une époque, un courant, de la résumer, d’en préciser les thèmes principaux et  de donner les objectifs de l’écrivain (jetez un opeil à la préface  souvent très importante pour comprendre les intentions de l’auteur et évoquez brièvement sa réception (c’est à dire son accueil par l critique, le public.échec ou triomphe ). Il est souvent pertinent d’en lire quelques extraits  et de les commenter, d’expliquer pourquoi on les a choisis. 

2 . La phase de recherches : internet est un allié précieux mais souvent wikipedia est pillée au détriment de sites plus spécialisés ; Pensez à chercher du côté de magister, étudeslittéraires , et ne négligez pas le bon vieux manuel, souvent beaucoup plus clair que ce que vous pourrez compiler sur le net. Pensez également au CDI à consulter les rayons spécialisé des critiques littéraires . Ne cherchez pas à tout dire : soyez clair et maîtrisez les connaissances que vous allez partager ; Ce qu’on enseigne se mémorise beaucoup plus facilement que ce qu’on lit . Prenez des notes, ouvrez et créer un dossier dans lequel vous stockerez vos fichiers et munissez-vous d’une clé USB.

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3. L’organisation des idées : n’hésitez pas à projeter un plan  ;  si vous utilisez des diapos, ne les surchargez pas de texte; privilégiez les supports qui allient texte et illustrations et parlez à partir des images en les commentant lorsqu’elles s’affichent. N’utilisez pas les supports tout faits des applications comme powerpoint ou impress. Un fond blanc neutre est conseillé . Les effets liés à l’apparition des diapos sont à réserver à ceux qui maitrisent l’outil informatique . 

Pour présenter un conflit , vous pouvez utiliser des plans de type chronologique : les origines ou les cause du conflit, le déroulement des faits (les batailles, les affrontements  et leurs conséquences) et enfin la résolution du conflit (une solution a- t-elle été trouvée, acceptée ? ). Privilégiez les images d’archive ou celles des journalistes de guerre par exemple .

Votre témoignage artistique peut être un livre, un discours, un document sonore, une image , un tableau, un film, une oeuvre de fiction. 

A proscrire : les fonds sombres, les diapos surchargées , les modèles préfabriqués 

A privilégier : des présentations simples , des commentaires pendant la projection des images 

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4. La présentation orale : parlez distinctement, assez fort, pas trop vite et organisez-vous pour vous répartir les rôles et les temps de parole ; Estimez toujours en répétant à la maison la durée de votre oral . N’écrivez jamais tout ce que vous allez dire et efforcez-vous de ne pas lire vos notes. Vous captiverez davantage l’attention de votre public si vous regardez la salle (votre regard doit circuler dans le public ) 

A proscrire : lire entièrement ses notes sans lever la tête 

A privilégier : apprendre ses notes afin de pouvoir se détacher de sa feuille , s’entraîner avant le jour J .

 

21. septembre 2018 · Commentaires fermés sur Vivre en territoire occupé : le point de vue d’Aimé Césaire · Catégories: Spécialité : HLP Première · Tags:
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Aimé Césaire en 1939

Le corpus était constitué de 3 textes de Césaire , un écrivain martiniquais , fondateur avec  Patrick Chamoiseau et Léopold Sédar Senghor du concept de négritude . Ces trois écrivains critiquent vivement la colonisation et les politiques coloniales qui ont conduit leur pays à être dominés par la France et sa civilisation ; ils l’accusent notamment d’avoir d’abord nié et ensuite  dénaturé leur identité d’homme de couleur en imposant l’idée qu’un blanc vaut plus qu’un noir. La particularité des  Antilles notamment c’est le mélange des couleurs car tous les métissages y cohabitent et le créole  a même inventé des noms précis pour les degrés de ces mélanges entre blanc et noirs. Chamoise a écrit Eloge de la créolité pour prolonger les réflexions de son ami Aimé Césaire . 

Césaire défend l’idée d’une hypocrisie des colons qui, sous prétexte de civiliser les peuples colonisés, les asservissent .Il utilise dans son discours de 1950 les mêmes arguments que Clémenecau en 1885. Tous deux dénoncent les mensonges des “maîtres ” et citent leurs ignominies : “tuer, torturer”, odieuses solutions “. Le registre est ici celui du blâme. Il s’efforce de montrer le véritable visage de l’entreprise colonial et précise  qu’elle n’est pas justement ce qu’elle prétend être au départ : “évangélisation, entreprise philanthropique, volant ode reculer les frontières de l’ignorance , de la maladie, de la tyrannie“. Il parvient à la conclusion lapidaire que la colonisation est le contraire de l’humanisme, un anti humanisme en quelque sorte. Loin de mettre en contact les populations et de les enrichir du mélange obtenu , elle a fait naître le racisme au nom d’une prétendue supériorité . 

 

Pour affiner ses réflexions, Césaire va fonder un concept philosophique : celui de négritude qu’il s’emploie à définir dans une autre partie de son discours. A ses yeux, c’est une manière de vivre dans l’histoire avec l’ héritage de la colonisation : ses débris de culture assassinées. On retrouve le blâme mais il s’agit surtout de montrer l’importance de ces valeurs humanistes  contre le réductionnisme européen; La négritude est un combat contre les préjugés qui voudraient établir une hiérarchie au sein des populations, un combat contre l’inégalité et un refus de l’oppression; C’est pourquoi Césaire la définit comme une véritable “attitude active et offensive de l’esprit ” et une révolte contre une vision du monde injuste et sectaire . 

C’est dans ses poèmes en vers libres qu’il avait exprimé en images ce concept de négritude une dizaine d’années plus tôt : il la définit comme un arbre mystérieux qui “plonge dans la terre rouge du sol ” et “plonge dans la chair ardente du ciel ” , une puissance qui prend la forme des différents éléments : étincelle du feu sacré  et souffles et qui concentre toutes les forces ancestrales de la nature et de l’esprit ; une idée qui est de l’ordre du mouvement et qui réconcilie l’univers ; ce mouvement vital marque l’écroulement du monde blanc qui, certes a été longtemps vainqueur mais qui désormais sent “ses articulations rebelles craquer sous les étoiles dures ” 

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Comment opérer la synthèse de ces trois textes ? l’idée de négritude est bien évidemment le point commun; On pouvait organiser un plan qui développe l’idée centrale d’un combat à mener contre les colons, les préjugés et le monde des blancs ; on pouvait également parler d’une force en mouvement qui anime le monde et les esprits ; on pouvait également évoquer la lutte contre la colonisation et la critique des colons et montrer les antagonismes à l’oeuvre dans les textes

Les thèses défendues sont la critique du colonialisme et de son hypocrisie qui masque une violence illégitime sous de fausses valeurs humanistes (enseigner, éduquer, civiliser ) . La stratégie argumentative consiste à blâmer les Européens et leur réductionnisme et à faire l’éloge du combat et de cette force que représente, à ses yeux, la négritude; Césaire multiplie les tentatives de définition de ce concept : non plus la honte d’être noir ou métis et fils d’esclaves, mais la revendication de la vitalité de la civilisation dont on est originaire , de l’existence d’une identité créole particulière qui résulte d’un métissage et d’un brassage des populations sur ces îles caraïbes.

Le commentaire 

Il s’agit d’un discours dont on peut analyser l’art oratoire : un discours éloquent (partie 1 ) qui critique le colonialisme ( partie 2 ) et fait émerger la définition d’une nouvelle façon de penser l’homme (les définitions de  la négritude ) 

Partie 1 : un discours éloquent 

a) les anaphores et répétitions : elles rythment le discours et martèlent des propos qui prennent l’allure de vérités 

la négritude 1/3/25   je crois ou ne crois pas 9/ 10/13/30  et enfin elle est 26/27/28 

b) les questions rhétoriques 7 et et 8 , 29 : elles impliquent les destinataires

c) les marques de subjectivité 

à mes yeux 1 , soit dit en passant 15,  je n’oublie pas, je choisis 

Seconde partie : la critique du colonialisme ; se construire contre 

a) le blâme : une attitude de refus 

b) le nécessaire héritage : esclavage, domination culturelle, imposition d’une langue 

c) le combat contre le monde blanc : la nécessaire révolte 

Troisième partie : des tentatives de définition : se construire avec 

a) une valeur active de l’orde de l’agir 

b) le refus de subir , de la plainte 

c) une manière de vivre au monde