27. mai 2024 · Commentaires fermés sur Parcours émancipations créatrices , extrait 4 Tailler la route , couplet de Gael faye · Catégories: Divers, Lectures linéaires · Tags: , ,
 Proposition  de lecture linéaire

Introduction : La poésie à l’origine mêle texte et musique ; au Moyen-Age, les troubadours composent des airs sur lesquels ils improvisent, le plus souvent, des paroles aux motifs traditionnels qui célèbrent les exploits des héros ou l’amour . Dans le domaine musical, comme dans le domaine littéraire, styles et courants se succèdent et chaque artiste cherche à définir sa place soit en perpétuant la tradition ou en s’émancipant des modèles pour créer du nouveau . Grand Corps malade, un slameur, Gaël Faye, plutôt versé dans un rap mélodique et Ben Mazué , auteur-compositeur interprète , qui alterne entre rap léger et pop , ont décidé de collaborer pour créer un album baptisé Éphémère sorti en 2020.Dans la chanson « Tailler la route », morceau composé en vers libres, ils lancent un appel à la liberté . Les troi sinterprètes s’accordent sur cette volonté d’émancipation. La partie écrite par Gaël Faye  comporte 16 vers . Comment le poète franco-rwandais met il en mots et en musique son désir d’émancipation ? Le premier mouvement est composé de la  strophe 1 : il représente  le désir d’évasion et le second mouvement, strophe 2 , montre le sens du voyage du poète. 

Mouvement 1 : « Ils ne savent pas que je mords, que ma vie sent le soufre Je passe en météore comme on passera tous » – Dès ces deux premiers vers, GF évoque une existence troublée, un rapport conflictuel aux autres, qu’il inscrit dans le présent d’énonciation. La rupture s’exprime par l’opposition entre « ils » et « je » . L’agressivité du locuteur est marquée par les métaphores « mords , et sentir le soufre ». Rappelons que l’expression sentir le soufre a deux origines : dans le domaine religieux, elle désigne les éléments diaboliques qui font peur et dans le domaine militaire, cela signifie que la situation est explosive et risque rapidement de dégénérer ; dans les 2 cas, la vie du poète est associée soit à un rejet soit à une forme de danger. On peut d’emblée faire le lien avec les difficultés existentielles de Gael Faye, tiraillé entre blanc et noir, et qui a vécu les génocides du Rwanda qu’il a du fuir adolescent. Sa mère appartenait à l’ethnie Tutsie qui a été massacrée par les Hutus . Le poète, ici, s’apparente à un animal, à un marginal, à un être maudit que l’on rejette par mépris ou par peur et qui est rempli de colère comme un chien méchant . On pourra commenter l’effet d’homonymie « soufre / souffre », mettant en évidence le rejet qui engendre la souffrance. 

– Le 2e vers, alexandrin si l’on ne prend pas en compte la prononciation des /e/ (c’est le cas dans le texte chanté), souligne par la métaphore la fugacité de la vie mais surtout l’égalité de tous devant le temps : bourreaux, victimes, oppressés ou oppresseurs, nous sommes tous mortels. Il s’agit donc de mettre à profit notre passage sur terre. J’suis fait de pierre granit mais d’un cœur grenadine Quand t’effriteras ton shit moi je taillerai ma mine” – Le poète  présente la dualité de sa personnalité grâce à l’antithèse « granit / grenadine) : l’armure qu’il se forge pour affronter la difficulté de son quotidien protège son humanité (peut-être ici envisagée comme une fragilité). Dans le cœur grenadine, on retrouve la couleur rouge du fruit qui peut suggérer un cœur qui saigne, qui a mal.  Alors que le granit est une roche extrêmement dure que rien ne peut altérer : force et faiblesse cohabitent.  Ainsi, le parallélisme qui suit au vers 4 , éclaire cette double personnalité : le poète se tourne vers l’écriture (« ma mine »), qui désigne par métonymie le crayon avec lequel on écrit ,  devient salvatrice. L’idée de tailler la mine qui rappelle le titre du morceau « tailler la route”  prend le sens d’affûter son stylo pour pouvoir écrire des mots qui font mouche, qui touchent . C’est l’acte de création qui est souligné ici par l’emploi du verbe « tailler », par opposition 2 à la destruction , marquée par le verbe « effriteras », réduire en petits morceaux . La volonté d’écrire s’oppose à l’inaction du rêveur . On pourrait par ailleurs commenter l’antithèse entre le « granit », pierre particulièrement dure qui ne s’érode pas avec le temps et le « shit », matière friable qui se consume, comme pour souligner la détermination du poète à affronter le monde. Alors que les fumeurs de shit se perdent dans des paradis artificiels et ne font rien de constructif pour changer le monde dans lequel ils vivent ( ils se contentent de fuir la réalité) , le poète lui se présente comme investi d’une mission qui concerne ses semblables. Cette métaphore exprime la volonté du poète de construire sa propre voie [voix] et cette métaphore du travail de l’écrivain-artisan est soutenue par le rythme des alexandrins et l’allitération en /t/. On notera par ailleurs que la première strophe trouve son rythme dans les rimes internes et  chaque hémistiche se construit alors en contraste avec l’autre partie du vers. Cette première strophe dessine, par l’écriture, la figure du poète et sa mission . “Ouais je taillerai la route, ici j’ai plus d’attache J’irai m’planquer dans la soute, si pour moi y a plus la place” – Le futur simple marque ici l’idée d’une action à venir .Dans le vers 5, la métaphore « tailler la route », en reprenant donc au sens figuré le verbe « tailler » indique un départ volontaire pour de longues distances . On trouve une explication à cette envie de « tailler la route « ; le poète indique qu’il n’a plus d’attache : cette image suggère celle du bateau qui largue les amarres : ce voyage impérieux fait également référence à ceux qui émigrent et aux passagers clandestins qui se cachent dans les soutes des avions pour fuir un pays en guerre ou une oppression politique. – ce départ, nécessaire devient donc une fuite clandestine : fuir, coûte que coûte, pour trouver « sa » place. On pourra en effet interpréter « y a plus la place » dans différents sens : plus la place pour lui dans ce monde qui le rejette ou il ne trouve pas sa place , il se sent de trop, différent ou rejeté . Le vers suivant a le ton d’une imprécation “Qu’ils aillent gratter leurs croûtes cette bande de fils de lâches Obsédés par leur souche, moi j’suis amoureux du large” – Cette idée du poète rejeté, incompris (on retrouve-là l’image du poète maudit avec Baudelaire, Rimbaud) est lié à sa différence. Il insulte ici ceux qui ne veulent pas de lui : la métaphore “gratter leurs croûtes” les décrit comme des êtres purulents, atteints par une maladie qui les ronge. On peut penser au racisme assimilé à une gangrène. L’expression familière détournée « bande de fils de lâches » permet au poète d’exprimer avec véhémence le mépris qu’il a envers tous ces individus qui se cachent derrière une attitude hypocrite. On perçoit ici la critique acerbe d’une certaine forme de nationalisme mise en évidence par l’enjambement « obsédés par leur souche » (n’oublions pas que Gaël Faye est franco-rwandais, il a fui son pays en guerre et s’est tourné vers l’écriture pour extérioriser sa douleur liée à l’exil et exprimer ses difficulés identitaires). A son arrivée en France , il a souffert du racisme anti-noir – et plus largement du mépris pour les Africains de souche. L’image du poète« amoureux du large » vient s’opposer, par antithèse , à la précédente, établissant une opposition entre ces individus méprisables et le poète , citoyen du monde. On pourrait également commenter la paronomase « lâches/large » comme moyen d’opposer le poète aux autres : sa largesse d’esprit contrasterait avec la dimension étriquée des nationalistes, ceux qui jugent les gens en fonction de leurs origines, ou de leur ethnie comme au Rwanda.Dans ce premier mouvement, le poète justifie son besoin d’évasion. Cette nécessaire fuite vers un ailleurs s’accompagne d’une véritable quête de sens que l’écriture va rendre possible.

[Mouvement 2] strophe 2 : La 2e strophe opère un changement de rythme, une accélération du tempo comme pour mimer le départ de ce voyage initiatique, comme un moyen d’accéder au déchiffrement du monde

“J’veux faire des milliers de miles, me languir de mille romans” M’arrimer au rythme lent, l’ire en moi la calmer de milliers de mots” – On relèvera tout d’abord les jeux sonores qui rythment cette 2e strophe : de nombreuses allitérations en /m/ et /l/ et assonance en /i/, à travers lesquelles on pourra entendre une célébration de la liberté et de la puissance des mots comme outils de cette émancipation. Les hyperboles « milliers de miles, mille romans » disent cette soif intense d’expériences à travers les distances parcourues et de l’accumulation de connaissances notamment livresque. – De plus, on peut noter que le voyage est tout autant spirituel (« mots, romans ») que physique avec l’indicateur « miles » qui désigne les kilomètres parcourus, notamment en bateau. Le poète n’erre pas sans but : il cherche une terre d’accueil pour s’arrimer, c’est à dire trouver un point d’ancrage, une patrie spirituelle Le parcours doit permettre d’atteindre la stabilité mais également l’apaisement (« l’ire en moi la calmer ») . Le mot ire désigne en ancien français une violente colère , celle du début de la chanson lorsque le poète affirme qu’il mord et on retrouve un jeu de mots avec le verbe lire ; Cette homonymie (« l’ire / lire ») permet de percevoir les mots comme  des portes d’accès à la connaissance de soi (« lire en moi ») et  à la découverte de son identité . On retrouve cette idée que l’écriture peut mener à la connaissance de soi , un peu à la manière d’une introspection. 
Admirer le monde, la lune, l’onde de la mer au loin” La lumière de l’aube sur l’eau en naviguant d’îles en îlots” – les phénomènes sonores se poursuivent, grâce à l’allitération en /l/, en /m/et l’assonance en /o/ : le poète célèbre musicalement la beauté du monde. Un paysage maritime apparaît sous sa plume . Le champ lexical de la navigation se déploie peu à peu : quête mystique, l’eau étant symbole de vie et de purification. Le poète se pose en observateur, humble, face à l’immensité du spectacle qui l’entoure. Les rimes intérieures créent une véritable harmonie et décrivent poétiquement un voyage maritime au long cours. Mais le poète n’est pas un simple observateur . Il doit aussi combattre . “Eviter les vagues et livrer combat à l’hydre du Mal” J’ai vidé les larmes de longue date, j’habite le large” – . Il faut, métaphoriquement, « éviter les vagues, livrer combat et vider les larmes » : le voyage n’est pas sans heurts et exige de se purger de ses propres souffrances. C’est un voyage à conduire sans faiblir car « l’hydre »  est un monstre qu’il lui faut terrasser : c’est une sorte de serpent géant à neuf têtes de la mythologie , créature aquatique qu’Hercule fut chargée de tuer ; ce monstre légendaire , incarne bien sûr ce mal tentaculaire qui se renouvelle constamment. – par ailleurs, la métaphore « j’habite le large » place désormais le poète sur un autre plan : son esprit est ouvert au monde, purgé des souffrances passées qui pouvaient entraver sa quête de l’ailleurs. 
La dimension spirituelle et mystique du voyage est alors évoquée avec la destination finale “S’attifer de l’or des jours qui passent pour raviver l’âme” Marcher le feu dans la lanterne jusqu’à Lalibela” -Le poète, libéré des chaînes qui le retenaient, peut désormais s’enrichir spirituellement de toutes ses expériences : la métaphore « s’attifer de l’or des jours », semble conférer au poète un pouvoir lumineux . Il est littérallement revêtu d’habits de lumière comme une créature divine, surnaturelle. Cette lumière intérieure va lui permettre de « raviver » son âme . Raviver signifie donner plus de couleurs, rendre plus vivante  Elle est un enrichissement, un trésor précieux- D’ailleurs, Lalilbela évoquée dans le dernier vers est un sanctuaire très ancien : cette ville d’Ethiopie abrite de très anciennes églises taillées dans la pierre, et représente un haut lieu de pèlerinage pour les Chrétiens de cette partie du monde. Symbole de spiritualité , avec son nom poétique qui rappelle la libellule mais également belleile . On y entend liberté et beauté . Ce sanctuaire semble être le lieu d’arrivée de la quête. Après avoir fui, après avoir lutté contre de nombreux ennemis, le poète atteint ainsi, dans cet endroit, une forme de paix intérieure . On notera enfin que le poète est aussi « guide » pour les autres hommes grâce au « feu dans [s]a lanterne ». On retrouve alors l’image du poète voyant, porteur de lumière  qui guide l’autre dans le déchiffrement du monde pour accéder à la Connaissance. La lanterne désigne l’instrument en verre dans lequel on emprisonne la lumière afin qu’elle puisse servir de point de repère, qu’elle ne s’éteigne pas au premier courant d’air et qu’on puisse la transporter.

Pour conclure : on retrouve dans cet extrait de « Tailler la route », les images d’un poète voyageur qui chante son désir de liberté et d’évasion , de grands espaces, loin des foules. Ce voyage , à la fois matériel et spirituel mène à une forme d’ascèse : le poète s’éloigne des préoccupations de ses semblables et atteint une autre dimension ; Il vide son âme de tout ce qui pourrait l’empêcher de s’émanciper:il doit se débarrasser de la colère qui l’étouffe, de la souffrance ensuite pour ne garder que cette lumière en lui, reflétée par la beauté du Monde. C’est seulement une fois arrivé à ce stade qu’il paut devenir un passeur de lumière . Baudelaire dans Le Voyage et Rimbaud dans Le Bateau ivre ont tous deux exprimé ce voyage spirituel, sous la forme d’un voyage en bateau . A la fin c’est la mort qui attend Baudelaire avec  ce « vieux capitaine » qui l’invite à lever l’ancre  et l’emporte avec lui et Rimbaud lui , après avoir écumé les mers du monde entier, découvert des archipels sidéraux, désire finalement une eau noire et froide , celle de son enfance et il se revoit , à la fin de son voyage frêle enfant triste qui joue à lancer un petit bateau sur l’eau . Chaque poète à sa manière cherche à tracer sa route et à donner un sens à son parcours. Ce voyage métaphorique, c’est celui de notre propre vie . 
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03. décembre 2023 · Commentaires fermés sur La panthère des neiges de Sylvain Tesson · Catégories: Le livre du mois, Spécialité : HLP Première · Tags: , ,

Écrivain voyageur , Sylvain tesson arpente le vaste monde en observateur silencieux et admiratif. Il nous emmène dans le sillage d’un couple de  photographes animaliers et nous fait partager cette attente de la panthère des neiges. Un photographe animalier comme Vincent Munier  est quelqu’un qui cultive l’art de la patience et qui accepte l’incertitude . “Le plus difficile consistait à se taire .” pense l’auteur  qui jusque là avoue avoir considéré l’immobilité “pour une répétition générale de la mort “. Ces affûts vont donc modifier sa façon de voir le monde qui l’entoure ;

Sa première rencontre est celle d’une famille de blaireaux dans la forêt vosgienne . L’artiste l’invite alors à le suivre dans sa quête de la panthère des neiges au Tibet. Les  découvertes  commencent avec les yacks appelés drungs par les tibétains , sorte de créatures immémoriales, totems de la vie sauvage . Chaque soir dans la cabane, Marie, la fiancée de Munier,  et Léo  ancien étudiant en philosophie, refont le monde ; La première photo de Munier , celle qui lui révéla sa vocation fut un chevreuil dans ses Vosges natales : dès lors , il “célébrait la grâce du loup, l’élégance de la grue, la perfection de l’ours ” .” L’amour des bêtes a aboli toute vanité en Munier ” il ne s’intéressait pas trop à lui-même , il ne se plaignait jamais..” le soleil transmutait la poussière en sillage d’or qui retombait en filet rouge. Les pelages vibraient dans la lumière donnant l’illusion d’une vapeur.. un paysage de désert minéral “L’auteur apprend à sentir la présence du sauvage et à le saisir du regard avant qu’il disparaisse  Le Tibet semble alors le cadre rêvé pour la métaphysique et le narrateur s’interroge sur sa propre sensibilité : “pourquoi voyais-je toujours dans un paysage les coulisses de l’horreur ? ” se demande-t-il ( p54 ) Il médite alors sur les origines du Monde et des premières formes de Vie sur terre. La présence de Dieu fait également l’objet de réflexions ainsi que l’évolution des espèces . (extrait 1 )  Plus »

28. septembre 2023 · Commentaires fermés sur Partir avec Sylvain Tesson …dans les forêts de Sibérie · Catégories: Spécialité : HLP Première · Tags: ,

Partons … Dans les forêts de Sibérie avec Sylvain Tesson

L’auteur : petite biographie

Aventurier et écrivain français né en 1972, Sylvain Tesson géographe de formation arpente le monde depuis plus de 20 ans et rapporte des récits de voyage.À 19 ans, il traverse à vélo l’Islande et entreprend ensuite ,avec un ami, deux aventures : une en voiture dans les steppes d’ Asie centrale ; Il  publiera se carnets de voyage :  On a roulé sur la Terre. Un an après, les deux amis  repartent , à pied cette fois  , destination : l’Himalaya. Un récit naît de ce voyage ; il s’intitule  La Marche dans le ciel  . Sylvain Tesson se lance alors dans une nouvelle aventure avec sa compagne et c’est à  à cheval qu’ils partent dans les steppes de l’Asie centrale. Deux  nouveaux récits  sont publiés à leur retour :  La Chevauchée des steppes (2001) et Carnets de steppes (2002). En solitaire enfin, il se lance sur la trace des évadés des goulags de Sibérie, . Le baroudeur relie ensuite Irkoutsk à Pékin en 2007, et part vivre en ermite au bord du lac Baïkal en 2010 . Dans les forêts de Sibérie est un essai né de cette expérience ; Un film a été adapté  à partir de cette aventure. En 2014, une chute a failli lui coûter la vie ; Son dernier roman La panthère des neiges vient d’être , lui aussi ,adapté au cinéma. Plus »

11. février 2020 · Commentaires fermés sur Ecrivain et voyageur : Sylvain Tesson dans les forêts de Sibérie · Catégories: Seconde · Tags:

Sylvain Tesson est un écrivain et voyageur français.
Géographe de formation, il est titulaire d’un diplome de géopolitique. Il effectue en 1991 sa première expédition en Islande, suivie en 1993 d’un tour du monde à vélo . C’est là le début de sa vie d’aventurier. Il traverse également les steppes d’Asie centrale à cheval , sur plus de 3000 km du Kazakhstan à l’Ouzbékistan. En 2003-2004, il reprend l’itinéraire des évadés du goulag . Ce périple l’emmène de la Sibérie jusqu’en Inde à pied.
En 2010, il réalise un projet souvent évoqué auparavant, en allant vivre six mois (de février à juillet) en ermite dans une cabane au sud de la Sibérie, sur les bords du lac Baïkal. Il relate cette expérience solitaire dans son journal publié l’année suivante sous la forme d’un essai autobiographique intitulé : “Dans les forêts de Sibérie”, qui est adapté au cinéma par Safy Nebbou en 2016.
Passionné d’escalade, il chute accidentellement d’une maison à Chamonix en août 2014, juste après avoir transmis à son éditeur le manuscrit de “Bérézina” et est placé en coma artificiel. Il a depuis retrouvé la santé. “Bérézina”, qui sort en janvier 2015  conte le récit de son voyage en side-car sur les traces de la Grande Armée lors de la retraite de Russie. En 2016, il publie un récit autobiographique, “Sur les chemins noirs”.

Assez tôt, j’ai compris, explique-t-il, que je n’allais pas pouvoir faire grand-chose pour changer le monde. ” Je me suis alors promis de m’installer quelque temps, seul, dans une cabane. Dans les forêts de Sibérie. J’ai acquis une isba de bois, loin de tout, sur les bords du lac Baïkal. là, pendant sis mois, perdu dans une nature démesurée, j’ai tâché de vivre dans la lenteur et la simplicité? Je crois y être parvenu? Deux chies,s un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur un lac suffisent à l’existence. Et si la liberté consistait à posséder le temps? Et si la richesse revenait à disposer de solitude, d’espace et de silence, toutes choses dont manqueront les générations futures ? Autant d’interrogations existentielles qui sont posées à travers l’écriture de cet écrivain-philosophe . Son roman est bien plus qu’un simple carnet de voyages : il est surtout une méditation sur la condition humaine.A son retour de ces quelques mois passés à méditer au bord du lac Baïkal, Sylvain tesson accorde un entretien à un magazine ; Il y donne quelques réponses aux questions que nous pouvons nous poser : pourquoi part-on? Que cherche-t-on à travers le dépaysement : fuir ou se retrouver ou un peu les deux ? Le paradis pour Sylvain Tesson ressemble à un endroit froid, très froid et désert d’où il “pouvait capter les tressaillements de la nature ” Il avoue s’être métamorphosé et  avoir réussi à apprivoiser le temps; Il a noté ses pensées dans un cahier qu’il nomme un “journal d’ermitage ” .  Dès la première page , le lecteur est frappé par des détails qui peuvent sembler étonnants comme le fait de trouver “une quinzaine de variétés de sauces ” de la marque Heinz dans un supermarché d’Irkoutsk. Ce petit rappel surprenant  évoque la mondialisation de notre société de consommation et la diffusion de certaines habitudes alimentaires à l’échelle de la planète. L’écrivain , justement , nous fait partager son désir de fuir cette société . Et de se fondre dans une Nature qu’il admire tout particulièrement. Pourtant ce n’est pas sans une certaine appréhension qu’il s’apprête à s’installer dans sa petite cabane au fond des bois. Il cite Malevitch en guise d’avertissement  ” Quiconque a traversé la Sibérie ne pourra plus jamais prétendre au bonheur” . Ce qu’il considère comme un vieux rêve va pourtant se réaliser et  il va pouvoir commencer sa retraite , c’est à dire son retrait du monde et de la civilisation pour devenir une sorte d’ermite . Notes du 18 février ” Je voulais régler un vieux contentieux avec le temps. J’avais trouvé dans la marche à pied matière à le ralentir. L’alchimie du voyage épaississait les secondes. Celles passées sur la route filaient moins vite que les autres; Il me fallait des horizons nouveaux. ….

04. janvier 2020 · Commentaires fermés sur Voyages, voyages : du récit aux carnets …suivez le guide · Catégories: Seconde · Tags:

 Qui n’a jamais rêvé de découvrir  de nouveaux horizons, de nouveaux paysages , de nouvelles terres et de nouvelles populations . Durant quelques semaines, vous allez vous transformer en explorateurs et vous présenterez à la classe votre parcours et vos recherches sous la forme d’un exposé (évaluation n° 1 ) , d’un carnet de voyages (évaluation n° 2 )   qui comportera plusieurs objets , des souvenirs originaux et notamment une lettre rédigée par un explorateur.  (évaluation n°3 ) ; Commençons donc par la première étape ..Votre travail va consister à résumer et à présenter  un récit de voyage. .Tout d’abord , vous allez devoir choisir un voyage réel ou imaginaire et pour vous aider, commencez à effectuer des recherches documentaires  voyages terrestres ou voyages spatiaux, voyages dans le passé ou voyage dans le futur. Suivez le guide …

Choisissez rapidement  un récit , en fonction de vos goûts et de vos centres d’intérêt et présentez le , par exemple sous forme de diaporama  en indiquant obligatoirement :

le contexte historique du voyage (dates de début , de fin ) et les événements principaux

le pays ou le territoire exploré , découvert, conquis et dans quelles circonstances (expédition terrestre, maritime, spatiale )

les caractéristiques des habitants ou du territoire ou les particularités des populations observées ( humaines, ou animales )

N’oubliez pas de préciser les conditions météorologiques..

Résumez les principales différences observées entre les habitants de ces contrées et les moeurs des voyageurs, résumez les principales observations des explorateurs , leurs contacts avec les autochtones à partir de leurs notes

Critères d’évaluation : précision des renseignements donnés, respect des différentes rubriques

Quelques pistes pour trouver des récits de voyage…  le choix devra me parvenir avant le 27 janvier .. début de la réalisation des carnets

Tout d’abord au CDI du lycée, vous trouverez différents livres consacrés à des récits de voyage : pour ceux qui veulent se lancer dans une lecture personnelle ..

Les 7 sceaux : un chasseur de sorcières et son fils en l’an 999 R MEY s     F

Isabella Bird : une femme exploratrice au Japon en BD MAN SAS        F

To tour Eternity de Oima Yoshitoki , l’arrivée d’un immortel sur terre   MAN Yos      F

Intrwriew d’Ulysse Mallasagna et son carnet de voyage au Japon        F et R

Carnets de voyage en Amérique latin: Chili, Patagonie et Pérou en 1950 791.4 SAL

Trois Orients de Claudio Magnis R magt            R

Voyage au pays des Kiribati, un archipel de micronésie  919.6 PIC       R

Le désert des déserts avec les bédouins , derniers nomades  R THE d       R

Maintenant quelques grands classiques du récit de découverte :

 les ancêtres : Marco Polo Livre des Merveilles écrit au treizième siècle.

à la Renaissance :

Montaigne , Des cannibales   F 

Jean de Léry, Histoire du Brésil  R

Christophe Colomb, Journal  R

Umberto Eco, Baudolino , F

au dix-septième siècle

à l’époque des Lumières

Les lettres Persanes de Montesquieu

L’Ingénu de Voltaire

Zadig ou la Destinée de Voltaire

Micromégas de Votaire

Supplément au Voyage de Bougainville de Diderot

au dix-neuvième siècle

Jules Verne  Voyage au centre de la Terre  ou Vingt Mille lieues sous les mers  F ou beaucoup d’autres comme  L’Ile mystérieuse  , Le tour du monde en 80 jours, De la terre à la lune

plus près de nous : quelques écrivains voyageurs comme Blaise Cendrars

Voyage avec un âne dans les Cévennes de Robert Louis Stevenson

Pierre Loti,  Pecheur d’islande 

Into the wild de Jon Krakauer : un jeune homme perdu dans la Nature Sauvage..

L’Odyssée de l”Endurance : une expédition en Antarctique en 1914 par Ernest Henry Shackleton

Longue marche de Bernard Ollier , 4 ans à travers la Chine et les plateaux d’Anatolie

La panthère des neiges de Sylvain Tesson

 Activité n° 2  : Réalisation d’un carnet de voyages

De ce voyage, vous devrez rapporter quelques souvenirs qui prendront la forme d’un carnet de voyage ; vous présenterez le résultat de vos recherches sous une forme originale (dans un sac par exemple, ou une boîte )

Vous devrez réunir : deux objets qui symbolisent ce voyage / une photo qui évoque un moment important de ce voyage ou un document iconographique comme par exemple une carte qui matérialise physiquement ce pays et une lettre manuscrite adressée , dans une enveloppe à une personne de votre choix . Cette lettre contiendra les impressions de voyage  de l’explorateur , quelques jours ou quelques semaines après son arrivée … vous respecterez les critères donnés dans votre présentation initiale (  coïncidence des dates, contexte historique respecté, observations précises effectuées )

Critères de réussite : La totalité des pièces devra être réunie pour le 10 février   ( un contenant, deux ou trois objets souvenirs, un  ou deux documents photo ou dessin,  et une lettre ) ; vous devrez présenter chaque élément de votre sac-souvenir..soyez créatifs !

Evaluation 3 : la lettre

Critères de réussite : ce document comportera environ 500 mots ; il sera rédigé avec soin et sera écrit à la première personne du singulier , il contiendra de nombreux éléments de comparaison entre ce qu’il observe et ce qu’il connaissait ; il comportera des indications précises sur la faune, la flore ou les moeurs des autochtones.

Bons voyages à tous ..