07. février 2016 · Commentaires fermés sur Dissertation : boîte à outils 1 réussir son introduction · Catégories: Fiches méthode · Tags:

La dissertation est l’exercice d’écriture qui est choisi par le plu petit nombre de candidats au cour des EAF mai c’est également celui qui enregistre, tous les ans , les meilleures moyennes. Voilà quelques exemples et quelque conseils pour ceux qui souhaitent s’y risquer . Tout d’abord, les secret d’une introduction réussie.  

L’introduction :
elle se fonde sur des considérations historiques : l’époque ,
l’histoire du genre, l’histoire de l’auteur ; Le candidat doit
faire preuve de culture générale et doit s’efforcer de cibler ses
connaissances
afin de les mettre en relation immédiate avec le sujet
donné

A
proscire :
les
considérations trop générales , la biographie exhaustive (toujours
faire le lien entre les événements de la vie d’un homme et une
carrière artistique )

 Si le sujet est exprimé au moyen d’une citation : il faut rappeler les éléments essentiels de la  citation : après l’avoir recontextualisée (dire à quelle
époque elle appartient , faire le lien avec un courant littéraire
et un auteur , il faut la réécrire si elle n’est pas trop longue
et impérativement la reformuler .

La problématique
peut être
annoncée sous forme de phrase interrogative ou d’interrogative
indirecte ( pensez dans ce cas à ne pas mettre de ? )

L’annonce
du plan termine l’introduction

Voilà un exemple d’introduction rédigé sur l’expression du conflit au théâtre . 

Le
XVIIe siècle a marqué un tournant dans l’histoire du théâtre
français. C’est en effet à cette époque que les règles du théâtre
classique sont fixées, avec la règle des trois unités et les
principes de vraisemblance et de bienséance. Surtout, c’est à ce
siècle qu’écrivent de grands dramaturges tels que Racine, Corneille
et Molière. Cet auteur, né Jean-Baptiste Poquelin, a composé de
nombreuses comédies comme
L’avare,
Le Bourgeois
gentilhomme
,
Tartuffe,Les Fourberies
de Scapin
,
Le Malade
imaginaire

et bien d’autres encore. Souvent ces pièces mettent en scène des
conflits : valets cherchant à tromper leurs maîtres, disputes
amoureuses, opinions différentes entre les pères et leurs enfants à
propos de leurs mariages. Dans les pièces de Molière en
particulier, et au théâtre de manière générale, les situations
de conflit ne manquent donc pas.
« Moi,
je veux me fâcher et ne veux point entendre » dit justement
Alceste dans
Le
Misanthrope

de Molière, représenté en 1666. Il semble ainsi affirmer qu’on
peut se fâcher sans faire de phrases ni les entendre. Sans doute.
Mais n’est-ce pas une vision réductrice de la dimension théâtrale ?
Nous nous demanderons donc si l’expression du conflit au théâtre
peut réellement se passer de mots.

Pour cela, nous verrons dans un premier temps comment on peut donner
raison à Alceste et nous envisagerons le théâtre comme une scène
sans paroles. Dans un deuxième temps, nous nous appliquerons à voir
la dimension littéraire d’une pièce de théâtre, résultat d’un
travail d’auteur. Enfin, dans une troisième partie, nous
réfléchirons à la spécificité du théâtre, combinant texte et
représentation.

  Et pour ceux qui le souhaitent, voilà le corps du devoir rédigé ..

     
Le
théâtre semble ne pas avoir besoin de mots pour exprimer un
conflit. Dans une représentation, ce qui est perçu par les sens
prime sur le reste. La gestuelle est donc très importante, de même
que les accessoires et les sons.

     
Les
mimiques des comédiens suffisent en effet à expliquer que deux
personnages, sur scène, sont en désaccord. D’ailleurs un spectateur
qui verrait une pièce à l’étranger, dans une langue qu’il maîtrise
mal, pourrait parfaitement comprendre que deux personnages se
détestent ou se disputent, rien qu’en entendant le ton de leur voix
ou en voyant leurs regards, leurs poings menaçants. Par exemple,
dans la mise en scène de Jérôme Deschamps en 1997 des
Précieuses
ridicules

de Molière, l’acteur qui incarne le seigneur La Grange sort très
énervé d’une rencontre qui s’est mal passée. Il souffle comme un
boeuf, se montre de profil prêt à charger et agite les mains et les
bras comme s’il s’échauffait avant un combat. Toutes ces
gesticulations, évidemment comiques, suffisent à faire comprendre
au public qu’il est en conflit avec les demoiselles qui l’ont
congédié. D’ailleurs, à ce moment-là de la scène d’exposition,
aucune parole n’a encore été prononcée. La gestuelle suffit donc
bien à exprimer le conflit.

     
D’autre
part, les accessoires qui accompagnent cette gestuelle aident à
montrer la colère ressentie par le personnage. On trouve ainsi des
bâton
s
dans de nombreuses formes théâtrales : des farces jouées sur
des théâtres de tréteaux au Moyen-Age, des farces dans la Comedia
dell’arte, des pièces du théâtre de Guignol et bien sûr dans
certaines comédies courtes de Molière. Par exemple dans
Les
Fourberies de Scapin

de Molière, a lieu la « scène du sac ». A ce moment-là,
le serviteur Scapin veut se venger du seigneur Géronte et le fait
entrer dans un sac, soi-disant pour le cacher et le mettre à l’abri
d’ennemis. Puis, à l’aide d’un bâton, il le roue de coups, faisant
croire à Géronte qu’ils sont agressés par des étrangers. Ici, il
n’est pas besoin de paroles pour comprendre le conflit. Le sac et le
bâton servent la scène et Molière ne l’a pas imaginée autrement,
sans ces accessoires. P Gestes et accessoires s’allient donc pour
exprimer le conflit sans avoir recours aux mots.

     
En
outre, la musique et les sons peuvent prendre une place importante
dans la représentation théâtrale et exprimer le conflit
.
C’est par exemple le cas dans les
Précieuses
ridicules

de Molière mises en scène par Jérôme Deschamps. Des notes de
piano accompagnent des hurlements de femmes et des cris d’animaux,
notamment des cris de poules, pour signifier une grande dispute
lorsque les deux seigneurs sont rejetés par les Précieuses.

     
Ainsi,
spectacle visuel et sonore, le théâtre semble pouvoir se passer de
mots pour exprimer un conflit. Pourtant il serait dommage de réduire
le théâtre à quelques formes excessives. Le théâtre n’est tout
de même pas ni du mime ni seulement de la farce. D’ailleurs les
grands dramaturges sont avant tout des écrivains et ont travaillé
leurs textes avec soin. Voyons désormais l’aspect purement
littéraire du genre théâtral.

     
Au
théâtre comme dans tout genre littéraire, les sentiments
s’expriment avec des mots. Les affrontements doivent se dire avant de
se faire et la complexité des disputes peut mieux se comprendre avec
des phrases.

     
Avant
d’en venir à un conflit physique, une bastonnade ou un duel à
l’épée, le désaccord entre les personnages doit en effet souvent
s’exprimer à voix haute. Prenons par exemple la pièce écrite par
Jean Giraudoux en 1935 :
La
guerre de Troie n’aura pas lieu
.
A l’acte II scène 9, le Grec Oiax cherche à provoquer la guerre. Il
insulte Hector, prince troyen, en le traitant de « beau-frère
de pute ». L’offense est donc clairement verbalisée. Ce n’est
que dans un deuxième temps qu’Oiax gifle Hector afin de le pousser à
bout. De plus, Hector réplique avec ironie en utilisant une
antiphrase : « Je vois que la Grèce nous a envoyé des
négociateurs. » Les mots traduisent donc la personnalité de
chacun et expliquent le conflit. Oiax est impulsif et agressif ;
Hector est intelligent et responsable. Le conflit n’est pas seulement
lié à leur différence de nationalité mais de tempérament.
Toujours dans le même esprit, dans
Les
Fourberies de Scapin
,
juste avant la scène du sac, le seigneur Géronte promet à Scapin
de le remercier pour sa fidélité en lui donnant l’habit qu’il
porte, après qu’il l’aura un peu usé. Cette remarque est évidemment
très méprisante et offensante pour Scapin et justifie la rage qu’il
a ensuite à taper sur le sac. Le conflit est ici social avant d’être
physique. Ainsi, dans ces deux exemples, on constate que les regards
et les coups sont plutôt la conséquence d’un conflit plutôt que
son expression.

     
Par
ailleurs, certaines situations sont complexes à rendre et ne peuvent
pas se résumer en quelques gestes. Par exemp
le,
comment dire sans mots le conflit intérieur que ressentent les
personnages des tragédies de Racine ? Ce n’est que par de
longues tirades, provoquées souvent par un confident, que le héros
de la pièce peut exprimer à voix haute le terrible dilemme auquel
il est confronté. Et ce n’est que par le langage que le spectateur
pourra pleinement s’identifier et ressentir par la catharsis
« terreur et pitié ». Ainsi Racine développe dans son
Andromaque
le conflit intérieur qui écartèle la veuve d’Hector, devant
choisir entre épouser Pyrrhus fils d’Achille qui a tué son époux,
ou bien sacrifier son fils.

     
De
surcroît, le public ne vient pas seulement voir un conflit ; il
veut aussi l’entendre.

De même qu’il goûte la maîtrise d’écriture de Racine et peut se
laisser bercer par le rythme de l’alexandrin, le spectateur savoure
les images poétiques, les métaphores et l’exercice de maîtrise de
la langue. Dans
La
Guerre de Troie n’aura pas lieu
,
l’affrontement entre Ulysse et Hector à la fin de la pièce devient
ainsi une « pesée », un « combat de paroles »
où chacun, l’un après l’autre, dit ce qu’il « pèse »,
c’est-à-dire ce qu’il est. Ulysse relève de l’impalpable.
Expérimenté, il dit représenter la chouette et l’olivier. Il bat
ainsi Hector qui, plus jeune et plus naïf, se réclame de la terre,
du labeur et du courage. Le conflit devient ici poétique et
allégorique.  

 

     
Nous
avons vu que l’expression du conflit au théâtre pouvait se passer
de mots dans quelques cas extrêmes mais qu’il supposait, de manière
générale, un travail important sur le texte. Toutefois Eugène
Ionesco, célèbre dramaturge du XXe siècle, déclarait qu’il
faisait « du théâtre et non de la littérature ».
Finalement, la caractéristique d’une pièce de théâtre n’est-elle
pas d’être à la fois un texte et un spectacle ? Au-delà du
travail du comédien et du travail du dramaturge, nous étudierons
donc maintenant celui du metteur en scène, qui va interpréter la
pièce et mettre en lumière certains conflits.

     
Le
théâtre est un spectacle total et l’expression du conflit ne peut
en vérité se passer ni d’éléments scéniques ni de mots. Le
metteur en scène est donc co-auteur de la pièce avec le dramaturge,
afin de satisfaire toutes les exigences du spectateur. Lui seul va
vraiment permettre aux situations d’exister, notamment les conflits,
avec les mots, la scène et son propre regard.

     
Lire
une pièce ne peut être pleinement satisfaisant. Si le théâtre
veut rendre compte de relations humaines, notamment le conflit, il ne
peut tout dire, ni dans le texte ni dans les didascalies. C’est donc
au metteur en scène d’utiliser le travail du dramaturge pour lui
donner une pleine existence. Pr.

     
Aussi
une représentation est une interprétation de la pièce. Daniel
Mesguich considérait d’ailleurs dans
L’Eternel
Ephémère

que le texte appartenait autant au public et au metteur en scène
qu’au dramaturge lui-même. N’en déplaise à Ionesco qui voulait
qu’on respecte scrupuleusement ses indications, toutes les lectures
peuvent donc être possibles sur une pièce.

     
Le
conflit exprimé sur scène peut également être suivi très
fidèlement par le metteur en scène mais mis en valeur grâce à des
éléments qu’il a créés. De toute façon, l’auteur ne peut jamais
exprimer pleinement sa pensée, même avec de très longues
didascalies. Il est obligé de faire confiance au metteur en scène.
Pour le spectateur, l’intérêt de voir une pièce alors qu’il la
connaît déjà, se trouve justement dans cette création innovante,
sans cesse renouvelée. Raymond Gérôme dans sa mise en scène de
La
guerre de Troie n’aura pas lieu

pour la Comédie Française en 1988 choisit par exemple d’accompagner
le conflit qui se prépare entre Grecs et Troyens par un décor
bicolore. Le mur du fond est donc composé de deux bandes
horizontales : l’une ocre, l’autre bleue. Ainsi le théâtre se
fait spectacle total. Le conflit s’exprime par le geste avec la gifle
d’Oiax, par la parole avec les pesées et par la touche personnelle
apportée par le metteur en scène, en collaboration avec le
scénographe, grâce à ces bandes de couleur. On peut ajouter que
ceci se fait aussi en collaboration avec le spectateur car il va
interpréter justement ces bandes de couleur comme significatives du
conflit en train de se jouer sous ses yeux. Les mimiques des
comédiens et le texte écrit par le dramaturge sont par conséquent
portés par le regard du metteur en scène, lui-même prolongé par
celui du spectateur.

     
En
conclusion, le conflit au théâtre peut se comprendre de façon
superficielle et immédiate, sans mots, mais il a besoin d’un travail
d’écriture pour s’épanouir, se développer et se justifier puis
d’un apport créatif de la part du metteur en scène et du public
pour pleinement exister. Dans
Le
théâtre et son double
,
Antonin Artaud apportait un souffle nouveau au théâtre occidental.
Inspiré par le théâtre oriental, il faisait prendre conscience de
la dimension physique et concrète, visuelle et sensitive du théâtre.
Le théâtre est bel et bien un spectacle total et une oeuvre
collective qui implique le comédien, le dramaturge et le metteur en
scène, en vue d’être représenté devant un public.

Notez bien que la plupart des paragraphes commencent par un connecteur logique. Il y a autant d’exemples que d’arguments :  5 pièces sont exploitées et certaines sont réutilisées deux fois comme La Guerre de Troie n’aura pas lieu