13. novembre 2015 · Commentaires fermés sur les petites annonces matrimoniales · Catégories: Divers

Gordon , le meilleur ami de l’Ingénu, héros du conte philosophique de Voltaire , se désespère de voir son ami retrouver le sourire et il a alors l’idée de poster une petite annonce pour trouver une fiancée à son ami.  Merci de l’avoir aidé à réaliser ce courrier du coeur . Quelques réussites..

Un Cœur à prendre


Jeune
homme célibataire de 25 ans cherche l’âme sœur. Né dans la Nouvelle France de parents français, mesure 1,70m pour 80 kilos.
Jeune homme bien battit, cheveux brun et yeux brun. Vis à Paris.

Polyglotte, il
parle couramment le Hurons, l’Anglais et évidemment le Français.
Philosophe et combattant il a sauvé la Basse-Bretagne d’une invasion
Anglaise et sert désormais dans l’armée comme officier.

Il est dynamique,
tendre, romantique, cultivé, fort et très fidèle envers tous ceux
qu’il aime. Gagne 18 louis d’or par an.

Aime beaucoup lire
particulièrement du Shakespeare. Adore le lard fumé et le poisson.
Passe son temps libre à écrire ou à se balader.

Femme
recherchée :

Recherche une jeune
et jolie célibataire âgée entre 20 ans et 25 ans.

Doit être fidèle,
patiente, cultivée, mature, charmante.

Ne doit pas avoir
peur de s’engager dans une longue relation qui peut mener à un
mariage et à un agrandissement de la famille. Cette personne devra
être brune avec des yeux marrons, devra aussi mesurer entre 1,60m et
1m70. Ne devra pas dépasser les 70kilos et doit avoir une rente
suffisante, disons au minimum 15 louis d’or.

La jeune femme devra
être baptisée en Basse-Bretagne ou à Paris et doit être d’accord
de déménager si affinité.

Toute candidature
sera étudiée et toute absence de réponse devra être considérée
comme un rejet.

Si vous avez reçus
une réponse vous serez invité à diner dans un très chic
restaurant à Paris en tête à tête. Et si affinité vous pourrez
mener une vie avec un mari aimant et peut être se marier dans le but
de fonder une famille.

Toute candidature
devra être comprendre une courte présentation de vous physiquement
et moralement. Veuillez envoyer vos lettres à l’adresse suivante : 5
rue Marcader Paris 18eme arrondissement.

Cordialement, un
cœur à prendre.     Thomas 

07. novembre 2015 · Commentaires fermés sur paysages état-d’âme · Catégories: Divers · Tags:

Montmartre a été une source d’inspiration pour de nombreux artistes: peintres, cinéastes et poètes.Les élèves de seconde 8 ont joué les apprentis poètes et composé, des sonnets inspirés de notre escapade à Montmartre.

C’est à cet endroit précis de Paris

Que de toi mon coeur s’est épris

Je suis triste en y repensant

car tout est fini maintenant 

Je me souviens de ton sourire, de ta voix et de tes yeux

Je me souviens que tu étais amoureux

Je me souviens de cette cathédrale

Qui jalousait notre amour idéal  …..  

 Alice 

Par un jeudi d’automne

Je me perds dans les rues

Si usées et monotones

Chargées de douceur disparue      

Anaïs

Bon vieux village de Montmartre

Où résonne chaque jour la Savoyarde

Tu es un monument historique

Contenant des histoires tragiques 

Dina

Montmartre en automne sous la pluie battante

Journée espérée sur les feuilles détrempées

Malgré le ciel fumant pendant mon attente

D’un train distrait au croisement des quartiers

Thomas 

Montmartre , la ville aux mille et une marches

Aux centaines de milliards d’oeuvres d’art

La foule est telle que l’on croirait un brouillard

Clémentine

02. novembre 2015 · Commentaires fermés sur Madame Bovary est-il un roman d’amour ? · Catégories: Divers · Tags:

L’amour est -il véritablement le sujet du roman ou alors s’agit-il uniquement pour Flaubert d’en éclairer certains aspects à travers le destin tragique de son héroïne, une paysanne ambitieuse, qui s’estime mal mariée et qui va voir l’amour sous les couleurs du romantisme; Quand on parle d’amour dans Madame Bovary, de quel sentiment est-il vraiment question ? 

Amour maternel, amour filial et conjugal, amour sensuel et passion dévastatrice sont, tour à tour représentés dans ce roman d’éducation sentimentale , pour reprendre le titre que l’auteur choisira quelques années plus tard, lorsqu’il écrira à nouveau une histoire d’amour impossible sur fond de révolution bourgeoise. Lorsque le roman paraît, dans sa version feuilleton en six épisodes dans La Revue du Paris, sous la direction de Maxime Du Camp, les accusations pleuvent  Le réquisitoire de Maître Pinard fait état de l’absence d’amour d’Emma pour son mari, de ses aspirations aux “ardeurs de la volupté” , de ses chutes que la religion ne parvient nullement à empêcher  et propose de renommer le roman en lui donnant comme sous- titre  “Histoire des adultères d’une femme de province” .  Il insiste notamment sur les griefs suivants : “couleur lascive”   “glorification de l’adultère” et surtout contamination de la religion par le langage amoureux, le même que celui qui est utilisé  pour l’adultère. L’avocat impérial Pour autant, peut -on réduire le roman au seul récit des amours lascifs d’Emma; Ce serait oublier que d’autres personnages aiment ou croient aimer : Charles, Léon et Rodolphe représentent eux aussi des incarnations du sentiment amoureux. Une certitude demeure: aucun bonheur ne semble durablement lié à l’amour. Tout d’abord, nous évoquerons la naissance du sentiment amoureux et ses variations , ensuite la peinture  contrastée de l’amour conjugal et de l’adultère pour finir par l’amour mystique et l’amour filial.

 Lorsque le roman paraît, dans sa version feuilleton en six épisodes dans La Revue du Paris, sous la direction de Maxime Du Camp, les accusations pleuvent  Le réquisitoire de Maître Pinard fait état de l’absence d’amour d’Emma pour son mari, de ses aspirations aux “ardeurs de la volupté” , de ses chutes que la religion ne parvient nullement à empêcher  et propose de renommer le roman en lui donnant comme sous- titre  “Histoire des adultères d’une femme de province” .  Il insiste notamment sur les griefs suivants : “couleur lascive”   “glorification de l’adultère” et surtout contamination de la religion par le langage amoureux, le même que celui qui est utilisé  pour l’adultère. L’avocat impérial Pour autant, peut -on réduire le roman au seul récit des amours lascifs d’Emma; Ce serait oublier que d’autres personnages aiment ou croient aimer : Charles, Léon et Rodolphe représentent eux aussi des incarnations du sentiment amoureux. Une certitude demeure: aucun bonheur ne semble durablement lié à l’amour. Tout d’abord, nous évoquerons la naissance du sentiment amoureux et ses variations , ensuite la peinture  contrastée de l’amour conjugal et de l’adultère pour finir par l’amour mystique et l’amour filial.

Madame Bovary est-il un roman qui raconte l’initiation amoureuse d’Emma, une paysanne qui par ambition, épouse un homme plus âgé,qu’elle n’aime pas vraiment mais pour lequel elle croit éprouver , au départ, une sorte d’anxiété nouvelle.  Lors de sa plaidoirie, le défenseur de Flaubert, maître Ménard s’insurge contre le sous-titre proposé par le procureur car selon lui , il dénature le projet moral de l’écrivain qui proposerait plutôt , de son point de vue, une Histoire des périls de l’éducation donnée aux jeunes femmes particulièrement en Province. Pour son avocat, l’artiste a voulu peindre la femme qui au lieu de chercher le bonheur dans sa maison, de s’accommoder des devoirs de sa position, d’être la femme tranquille du médecin de campagne, part dans d’interminables rêvasseries et tombe sur un homme qui la fait dévier. C’est bien cette définition du bovarysme qui a été retenue : défaut d’accommodation à la vie ‘normale” , réelle, par opposition à la vie rêvée, idéalisée par les romans. Pour Flaubert, en effet, il s’agit bien d’éduquer une jeune provinciale aux choses de l’amour et de lui faire entrevoir le gouffre entre ses désirs et la réalité. Emma s’imagine aimer follement alors qu’elle succombe à un dérivatif : on a souvent l’impression que l’adultère est juste une sorte de piment qui lui permet de rompre avec l’ennui quotidien.Madame Bovary demeure une incorrigible romantique et les images de l’amour sont celles qu’elle a rencontrées dans ses lectures : amour platonique de Paul et Virginie, qui s’aiment comme des enfants innocents dans des paysages enchanteurs. Un  “grand oiseau au plumage rose planant dans la splendeur des ciels poétiques” : telle est pour la jeune épouse l’image de la passion et elle réalise très vite que cela ne correspond pas à  son état de femme mariée; Alors pourquoi ne peut -elle se résigner à son nouveau statut ? Parce que son éducation religieuse lui a rempli l’esprit d’images idéalisées d’amours parfaits. Tout au long du roman, Flaubert revient sur cette éducation des jeunes filles que la religion ne prépare pas à la vie maritale et que la lecture de certains livres ne prépare pas non plus à une analyse des variations amoureuses. Elevées dans l”attende du Prince Charmant, beaucoup de jeunes épouses s’estiment mal mariées et rejettent sur leurs époux l’échec de leur union alors qu’elles sont juste incapables de discerner dans les petits gestes quotidiens, les marques d’attention, l’amour de leur conjoint. Charles lui ,aime profondément sa femme et va la veiller seul durant 43 jours: il pleure même quand il la voit manger “une tartine de confiture “, il ne dort plus, l’appelle “ma chérie” et finira par mourir de chagrin ; sa déchéance se fait par étapes : il se laisse pousser la barbe, pleure tout haut en marchant, est vêtu d’habits sordides car il est totalement ruiné; après avoir rencontré Rodolphe et lui avoir pardonné dans un élan de sainteté, il meurt en tenant une mèche de cheveux d’Emma comme s’il avait succombé” sous les vagues effluves amoureux qui gonflaient son coeur chagrin.” ( troisième partie chapitre XI). Car Charles a  vraiment été heureux  au début dans son second mariage comme l’a été aussi le père d’Emma; Flaubert montre donc qu’une félicité conjugale existe bel et bien :  Charles est “heureux et sans souci de rien au monde.”

 Le procureur, pourtant a des mot sévères lors du procès: “Là où vous croyez trouver l’amour, vous ne trouvez que le libertinage” s’écrie-t-il mais pour qui  lance-t-il cette accusation ? Charles aime sincèrement sa femme même si au départ , il a été attiré par sa sensualité de jeune paysanne: son dos qu’il effleure, les reflets du soleil sur sa peau blanche le troublent ; Le narrateur évoque d’ailleurs la “hardiesse de son désir” et il désobéit à sa femme, la sévère  Heloïse Dubuc, qui lui interdit de revoir Emma dont elle se méfie. N’oublions pas alors que Charles est marié quand il tombe amoureux d’Emma et que la mort providentielle de son épouse le préserve de l’adultère.  On a reproché également au romancier de peindre l’ adultère comme quelque chose de charmant et le procureur cite  comme exemple, la joie d’Emma après avoir cédé à Rodolphe au cours d’une promenade à cheval : ” rentrée chez elle , elle se réjouit effectivement à la pensée qu’elle “allait posséder enfin ces joies de l’amour, cette fièvre du bonheur dont elle avait désespéré. elle entrait dans quelque chose de merveilleux où tout serait passion, extase, délire.”  Immédiatement, elle se rappelle les héroïnes de certains romans et “la légion lyrique de ces femmes adultères  se mit à chanter dans sa mémoire avec des voix de soeurs qui la charmaient. Comment ne pas lire ici l’ironie du narrateur qui laisse déjà pressentir une issue funeste  pour cette jeune femme naïve abusée par une sorte de séducteur professionnel . Le romancier ne donne guère de détails suggestifs et s’emploie au contraire, comme l’indique son défenseur Maître Ménard, à dépeindre les effets mortifières de la passion coupable de Madame Bovary et l’avocat de conclure , en parlant du travail de Flaubert:  l’adultère chez lui n’est qu’une suite de tourments, de regrets, de remords. (actes du procès) 

 Emma aurait-elle le coeur sec et serait-elle incapable d’éprouver un sentiment de manière durable ? C’est une des hypothèses  de lecture les plus répandues.  Mère peu aimante, elle blesse sa fille et l trouve laide mais la réclame avant de mourir.Quand sa mère mourut , par exemple,  elle pleura beaucoup les premiers jours.<em>;elle se laissa donc glisser dans les méandres lamartiniens, écouta les harpes sur les lacs, tous les chants de cygne mourants..”  Mais très vite, elle constate qu’elle ne sent plus rien. Le chagrin du père d’Emma lui est bien réel : lorsqu’il reçoit la lettre d’Homais, il est “comme frappé d’apoplexie” “dévoré d’angoisse”; il se sentait devenir fou et voit des présages funestes partout ; pour Charles, la perte de l’être aimé est vécue comme  un long calvaire; Il se laisse pousser la barbe, pleure tout haut en marchant, est vêtu d’habits sordides car il est totalement ruiné; après avoir rencontré Rodolphe et lui avoir pardonné dans un élan de sainteté ,il meurt en tenant une mèche de cheveux d’Emma comme s’il avait succombé” comme un adolescent sous les vagues effluves amoureux qui gonflaient son coeur chagrin.” ( troisième partie chapitre XI

 L’amour conjugal est donc le plus souvent associé à la froideur et au sens du devoir ce qui est un thème fort répandu dans le roman à cette époque ; Cependant Emma entrevoit , à l’occasion de certains voyages de noces dans des pays exotiques, la possibilité d’un épanouissement au sein du mariage  ” quand le soleil se couche, on respire au bord des golfes, le parfum des citronniers.puis le soir ,sur la terrasse des villas, seuls et les doigts confondus, on regarde les étoiles en faisant des projets.” (Première partie, chapitre VII) mais Emma est consciente que cette sensation de bonheur est intiment liée au cadre enchanteur et elle pense que “certains lieux sur la terre devaient produire du bonheur” :  lorsqu’elle s’installe avec son époux, “ elle voulut se donner de l’amour; Au clair de lune, dans le jardin, elle récitait toute qu’elle savait par coeur de rimes passionnées, et lui chantait en soupirant des adagios mélancoliques.mais elle se trouvait ensuite aussi calme qu’auparavant et Charles n’en paraissait ni plus amoureux, ni plus remué.;elle se persuada que la passion de Charles n’avait plus rien d’exorbitant: “C’était comme un dessert prévu d’avance après la monotonie du dîner.’   On retrouve encore eues fois une image extrêmement dévalorisante qui relève d’une peinture ironique du sentiment amoureux.Pour le père d’Emma lorsqu’il évoque son veuvage, le mariage apparaît pourtant comme une vision idyllique : “d’autres étaient avec leurs bonnes petites femmes à les tenir embrassées contre eux ” (première partie, début du chapitre III) ; mais ce n’est pas ce qui fait rêver Emma.

On pourrait penser, à première vue, que le romancier va établir un contraste saisissant entre la désillusion du mariage pour Emma et la force de sa passion adultère mais il n’en est rien: son amour pour Rodolphe va la consumer et provoquer une réaction violente et un retour vers la religion comme pour expier sa faute ; l’amour pour Léon va s’affadir et ressembler de plus en plus à un échec, à une sorte de poison; c’est peut être de cette manière qu’il faut comprendre le suicide à l’arsenic; le personnage a été , au sens propre, comme au sens figuré, empoisonné par ses clichés romantiques. Lors de sa seconde liaison,  l’ivresse de l’adultère cède vite la place au sentiment de la faute et de la déception et parfois, le couple se comporte comme deux vieux époux. “leur grand amour où elle vivait plongée, parut se diminuer sous elle comme l’eau d’un fleuve qui s’absorberait dans son lit , et elle aperçut la vase” Image qui traduit ici de manière concrète la salissure morale de l’adultère mais surtout le désenchantement amoureux; Les yeux d’Emma commencent à distinguer la boue sous ce qu’elle considérait autrefois comme un ouragan impétueux; elle entrevoit peut-être plus clairement les conséquences de ses actes

 Quel amour alors pourrait la combler ?  Elle échoue à trouver le bonheur dans le mariage. Elle a cherché le bonheur dans l’adultère et y a trouvé le mépris de l’homme auquel elle s’est livrée . A noter que pour la séduire et obtenir ses faveurs, Rodolphe a d’abord menti en affirmant qu’elle était pour lui  “comme une madone sur un piédestal, à une place haute, solide et immaculée.” (deuxième partie, chapitre IX)  Avec Léon, le parcours amoureux sera vite décevant même si le premier rendez-vous frôle lui aussi le sacrilège car la promenade en fiacre suit immédiatement la visite de la cathédrale. Rapidement, leur passion devient plus tiède   : “ils en vinrent à parler plus souvent de choses indifférentes à leur amour; et dans les lettres qu’Emma lui envoyait, il était question de fleurs, de vers, de lagunes et des étoiles,ressources naïves d’une passion affaiblie;" Il est ensuite question clairement de déception amoureuse :  “elle s’avouait ne rien sentir d’extraordinaire”  Quand elle quitte Léon un soir en attendant son fiacre, elle vient  s’asseoir sur un banc près de son ancien couvent et regrette alors “les ineffables sentiments d’amour, qu’elle tâchait d’après les livres de se figurer.” Le lien est ici patent entre le mode éducatif et la figuration de l’amour; En rencontrant l’amour charnel des hommes, Emma réalise qu’il ne correspond pas à celui dont elle rêvait étant enfant et qu’elle avait idéalisé à partir de ses lectures. Elle rêve constamment à des amours de “prince” et se ruine en payant des chambres d’hôtel luxueuses. Cependant “Emma retrouvait dans l’adultère toutes les platitudes du mariage.”   Lorsque Léon , retenu par Homais à déjeuner à Rouen, et arrive en retard à leur rendez-vous, elle ne peut s’empêcher de le critiquer comme une épouse le ferait d’un mari agaçant  et le narrateur ajoute : “Le dénigrement de ceux que nous aimons toujours nous en détache quelque peu ” . Mariage et adultère sont deux sources de désillusion pour le personnage en quête de bonheur.

Que reste-t-il finalement de toutes ces images, de toutes ces sensations ? qu’est-ce qui demeure intact dans les souvenirs de Madame Bovary ?  le souvenir d’un amour supraterrestre , de ses premiers émois amoureux  quand elle repense à ce qui la faisait vibrer autrefois “petits anges aux ailes d’or,  madones,  lagunes ,gondoliers… attirante fantasmagories des réalités sentimentales”  On retrouve ici la peinture ironique de cet élan mystique .N’oublions pas que les accusations contre le roman  font état d’outrage à la religion et il est indéniable que Flaubert montre, avec le personnage d’Emma qu l’image véhiculée par l’éducation religieuse telle qu’elle était parfois pratiquée dans les couvents , pouvait avoir des effets pernicieux; les jeunes femmes confondent , par impréparation, les réalités de l’amour charnel avec les élans enthousiastes du mysticisme et utilisent, comme le fait, à dessein, le romancier, des termes religieux pour évoquer l’amour terrestre. Cette contamination des deux formes d’amour se manifeste lors de plusieurs épisodes clés du roman; on peut penser au baiser d’amour lors des derniers sacrements mais également lors de sa maladie déclenchée par la rupture avec Rodolphe , elle fait venir le curé pour qu’il la bénisse : “il lui sembla que son être montant vers Dieu allait s’anéantir dans cet amour comme un encens allumé qui se dissipe en vapeur; (  deuxième partie, chapitre XIV) Lorsqu’elle repense à ce moment d’extase mystique, elle considère que cette “vision splendide” est la chose la plu belle qu’il fût possible de rêver; elle place donc cet élan mystique au delà des amour terrestres et autres passions charnelles : elle réalise à cette occasion qu’il existe “un autre amour au-dessus de tous les autres amours, sans intermittence  ni fin, et qui s’accroîtrait éternellement” ; Aucune passion par essence limitée dans le temps ne peut donc rivaliser, à ses yeux , avec cet amour divin dont la force font même par effrayer l'abbé Bournisien. Toutefois lorsqu'Emma s'adresse à Dieu , elle emploie "les mêmes paroles suaves qu’elle murmurait jadis à son amant dans les épanchements de l’adultère” . Sacrilège ici  encore mais dans quel but ? Celui de montrer que ce personnage assoiffé d’amour ne parvient pas à distinguer ce qui relève de l’humain et du divin. Mais son coeur ne trouve pas le réconfort dans la religion

Toutes les formes d’amour sont représentées dans ce roman sous des apparences plutôt traditionnelles : amour conjugal décevant le plus souvent, amour dans l’adultère avec sa source de tourments, amours non partagés, amours à sens unique , amour filial ou maternel absent ou trop présent pour la mère de Charles , jalouse de sa belle-fille. Aucun ne semble échapper à l’ironie du narrateur à l’exception peut-être de celui de Berthe, inconditionnel pour une mère au demeurant peu aimante te de celui, sincère du commis Justin, retrouvé ne train de sangloter sur la tombe d’Emma. La vison de l’auteur est pessimiste et l’amour paraît à la fois une aspiration légitime est une illusion trompeuse, qui par essence appartient au passé et aux souvenirs . Pas de vie sans amour mais à trop vouloir se lancer à la recherche de l’amour parfait, on risque de passer à côté de sa vie comme l’héroïne.

01. novembre 2015 · Commentaires fermés sur Discours rapportés dans Madame Bovary · Catégories: Divers

Lorsqu’il est question de discours rapportés, la première question à se poser concerne l’identité de celui qui rapporte les paroles et les modalités de cette mise en voix; Nous verrons en effet, qu’il est important de distinguer le discours direct qui nous met en présence de la voix des personnages, le discours narrativisé qui nous fait entendre indirectement les voix des personnages, qui nous fait pénétrer leurs pensées et les commentaires du narrateur qui introduisent une distance, souvent ironique d’ailleurs entre les propos des personnages et leur interprétation. 

Le narrateur : qui raconte l’histoire de Madame Bovary ?  il s’agit d’un personnage anonyme qui ne prend aucun part aux faits relatés et dont nous ne savons rien; la voix du narrateur est le lien le plus direct avec la personne de l’auteur; le narrateur organise le récit: il est à l’intérieur de la fiction et peut parfois s’adresser au lecteur sous la forme d’un vous ; le plu souvent, la voix du narrateur prend la forme d’un on : “on parla  d’abord du malade, puis edu temps qu’il faisait, des grands froids, de loup qui couraient les champs , la nuit.”  C’est ainsi que sont rapportés et résumées  les premières discussions  tout à fait banales entre Charles Bovary et Mademoiselle Rouault qui vit alors chez son père à la ferme. Le jour des noces, “on avait invité tous les parents des deux familles” Ce on a une valeur générale et désigne le narrateur omniscient; ce narrateur quasi invisible la plupart du temps, adopte un point de vue impersonnel et impassible; Sa présence  discrète se devine parfois à certains indices comme l’emploi du présent ou un jugement général comme lorsqu’il admire la beauté de l’héroïne : ” Jamais Madame Bovary ne fut aussi belle qu’à cette époque ” (Partie II, chapitre XII) Au cinéma, on pourrait utiliser une voix off pour restituer cette présence invisible.

Les voix des personnages : les dialogues sont relativement peu nombreux dans le roman; ils mettent les personnages face à face et permettent au lecteur d’avoir accès directement à ce qui se dit ; Flaubert confiait à de nombreux amis ne pas se sentir à l’aise pour créer des dialogues et il estimait même qu’il s’agissait là d’un point faible dans de nombreux  romans ; “quelle difficulté que le dialogue” écrit-il dans une lettre à Louise Colet en1853 et il ajoute qu’il faudrait écrire les “dialogues avec le style de la comédie et les narrations avec le style de l’épopée” . L’auteur distingue là deux manières de raconter une histoire et cette différence de style est souvent perceptible. C’est peut être aussi  pour cette raison que les échanges entre les personnages font souvent état de banalités  et Flaubert peine à concilier son style qu’il souhaite “vif et distingué” avec la trivialité de certaines  “gens du dernier commun” dont l’expression trahit la vulgarité, la fatuité et parfois même la bêtise; Pourtant la parole des personnages représente une des caractérisations essentielles des personnages qui se singularisent par leurs parlures, leurs tournures de phrases, leur niveau de langue et on connaît notamment l’importance pour les romanciers réalistes de cette illusion référentielle qui consiste à doter chaque personnage d’une voix propre à son milieu. A cet égard, on peut penser au personnage du père Rouault dont le langage imite celui des paysans aisés et contient des expressions typiques comme  ”  quand j’ai eu perdu ma pauvre défunte “” se manger le sang ”  ou quand il jure le jour d l’enterrement  de sa fille” je m’en vas la conduire jusqu’au bout nom d’un tonnerre de Dieu” .Le pharmacien Homais représente le type même de celui dont le discours trahit l’ignorance et l’épisode où il est ridiculisé et démasqué par le professeur Larivière est particulièrement révélateur: le médecin n’est pas dupe des paroles du pharmacien et il l’accuse même de manquer de sens, en faisant une plaisanterie. Flaubert s’efforce  donc de doter chaque personne d’un voix reconnaissable qui le relie à son milieu ou à sa manière d’être et de paraître. C’est en cela qu’on peut évoquer le réalisme des discours des personnages.

 Superposition et amalgame : l’écrivain s’efforce de dissimuler le plus habilement possible les passages d’un mode de discours rapporté à un autre  pour assurer la fluidité de la prose mais  il est confronté aux difficultés habituelles de l’emploi et de la répétition des verbes introducteurs; il lui faut inventer des soudures, des jointures pour passer harmonieusement du dialogue aux commentaires du narrateur ; l’un des moyens de masquer ces transitions consiste à utiliser le style ou discours indirect libre qu’on pourrait également appeler récit de pensée; Ainsi lorsque le narrateur raconte else rendez-vous nocturnes d’Emma et de Rodolphe dans le cabinet de Charles, il commence par nous révéler les pensées de Rodolphe au moyen du récit  avec un verbe introducteur : ” Rodolphe réfléchit beaucoup à cette histoire de pistolets…pensait-il .;Le paragraphe suivant nous confronte directement aux pensées du personnage : " D’ailleurs, elle devenait bien sentimentale” Le verbe introducteur a disparu et nous sommes ainsi face aux pensées du personnage, sans intermédiaire (deuxième partie, chapitre X);  “Mais elle était si jolie ! ” Le narrateur relaie directement l’admiration de Rodolphe qui hésite à rompre avec Emma à ce moment. Ces glissements successifs contribuent à “noyer” la voix du narrateur dans une sorte de fondu enchaîné . Les guillemets , principaux signe de médiatisation sont souvent absents alors que la ponctuation expressive marque l’appartenance au discours direct.  On nomme ce procédé discours indirect libre et Flaubert  l’emploie très souvent dans son roman.  Le principal avantage de cette manière de rapporter des énoncés réside dans la superposition de la voix du narrateur avec celle du personnage. Pour le lecteur, il est souvent impossible de savoir si la voix du narrateur prend le pas sur celle du personnage; ces sortes de monologues intérieurs nous donnent accès à l’intériorité du personnage mais on ne sait jamais vraiment s’ils ne sont pas pris en charge , de manière ironique par la voix du narrateur. En voici un exemple : Emma en veut à Charles d’avoir raté l’opération d’Hypocrite et elle se plaint  ” Comment donc avait-elle fait (elle qui était si intelligente) pour se méprendre  encore une fois ?  L’utilisation de la parenthèse est-elle l’indice du commentaire ironique du narrateur ou de l’auto-ironie du personnage  ?  Flaubert a également recours à un autre mode de discours rapporté : ce qu’on appelle discours narrativisé consiste à évoquer des échanges de parole sans les reproduire intégralement : c’est une autre manière de rapporter des discours en les intégrant dans un récit. Ce procédé assure lui aussi une continuité entre récit et discours .

De manière générale, Madame Bovary est un roman qui entremêle les voix des personnages et les commentaires du narrateur, plus ou moins fondus dans le récit. Il est souvent peu aisé pour le lecteur d’identifier clairement la source des discours et il doit se contenter de noter les effets d’ironie dans le passage des paroles des personnages aux commentaires du narrateur dont la voix demeure impersonnelle et comme en surplomb de tout cet édifice romanesque; A noter toutefois que  le début du roman fait entendre un nous qui disparaît par la suite.L’usage fréquent du discours indirect libre est la nouveauté principale et contribue à brouiller les frontières entre les différents discours. Le roman montre aussi , grâce à cette technique, que les personnages ne se comprennent pas forcément et ne sont pas toujours sur la même longueur d’ondes.

01. novembre 2015 · Commentaires fermés sur L ‘ironie selon Flaubert · Catégories: Divers · Tags:

Il est souvent question d’ironie dans Madame Bovary mais il n s’agit pas tellement pour l’artiste d’écrire le contraire de ce qu’il pense ; il s’agit plutôt d’un regard  distancié sur le monde qui juge les défauts de ce dernier et d’un manière de considérer ses personnages comme des créatures parfois grotesques ; de plus l’ironie est parfois difficile à percevoir car elle renvoie à des sous-entendus, à des façons de vivre sou d penser  qui peuvent paraître obsolètes pour des lecteurs contemporains; Pour étudier l’ironie dans le roman, on peut se demander d’où vient-elle, comment elle se manifeste et quelles sont ses fonctions.

Une réalité dévalorisée : on peut tout d’abord trouver de l’ironie dans la manière dont l’écrivain reproduit certains éléments de la réalité de l’époque: la scène des Comices, par exemple; est un exemple de traitement ironique de la réalité sociale; Flaubert, par l’intermédiaire du récit assumé par le narrateur  ridiculise , à la fois , ces paysans qui accordent une importance démesurée à un événement jugé peu important et le donjuanisme de Rodolphe qui finit par triompher de la réserve d’Emma. Ici , c’est le contexte qui permet de déceler l’intention ironique: les discours paraissent ennuyeux et truffés de généralités te le lecteur ne peut s’empêcher de penser que ces gens sont bien naïfs de s’enthousiasmer pour de pareilles platitudes. Même si le discours social est la principale cible de l’ironie dans le roman, ce regard désenchanté semble contaminer tous les compartiments de la narration. Dans une lettre à Louis Colet, Flaubert fait remonter son pessimisme à sa petit enfance : “L’ironie pourtant me semble dominer la vie. ”  Et il avoue qu’il aimait es regarder pleurer comme s’il était attiré par le spectacle edu chagrin; Ce penchant pour le grotesque triste définit sa manière décrire, alliance de comique qui ne fait pas rire, qui ridiculise ce qu’il montre et de pathétique car l électeur ne peut s’empêcher d’être parfois touché par certains aspects des personnages et par leur déception; Par exemple, le personnage de Charles , amoureux transi d’un femme qui le méprise révèle le regard ironique de Flaubert sur les inégalités dans l’amour; au sein du couple, l’un faim toujours plus que l’autre et ce déséquilibre est à la source des drames passionnels. Pour l’écrivain, ce ridicule est celui de la vie elle-même et chacun le port en soi; L’artiste, selon les dires de Flaubert, se contente de le transporter dans les personnages et dans l’intrigue de son roman. L’ironie flaubertienne prend donc ici la forme d’un regard sur le monde qui en révèle toute la cruauté.

Les personnages grotesques: une autre forme d’ironie peut apparaître  à travers la construction de certains personnages comme Homais, Binet et Bournisien; ces personnages représentent des aspects que Flaubert déteste et qu’il s’emploie à combattre en en révélant le côté ridicule , parfois dangereux; Ainsi, on eut prendre comme exemple les conversations entre Homais, violemment anticlérical et l’abbé Bournisien, lorsqu’ils veillent la dépouille d’Emma; Homais véhicule les poncifs des athées et se demande, par exemple, à quoi peut bien servir la prière; il sont tous deux campés sur leurs positions et leur querelle dégénère : “ils s’échauffaient, ils étaient rouges, ils parlaient à la fois  sans s’écouter; Bournisien se scandalisait d’un telle audace ; Homais s’émerveillait d’un telle bêtise; ils n’étaient pas loin de s’adresser des injures“.. le tout dans la chambre mortuaire ; Seule l’arrivée de Charles mettra provisoirement un terme à leur dispute qui reprend peu de temps après à propos du célibat des prêtres, de la confession. Cependant lorsqu’ils s’endorment, ils s ressemblent  “ils étaient l’un en face de l’autre, le ventre en avant, la figure bouffie, l’air renfrogné, après tant de désaccord se rencontrant enfin dans la même faiblesse humaine.”  Le regard ironique cette fois englobe les deux personnages et le mépris en même temps que la pitié du narrateur. 

L’ ironie politique : dans la scène des Comices, on peut lire au moyen des commentaires du narrateur, une vive critique des lieux communs dans le discours de Lieuvain: il y flatte les paysans en les traitant de vénérables  serviteurs” d “humbles domestiques” et affirme que jusqu’alors aucun gouvernement ne s’est soucié de leur sort; ce discours réactionnaire était combattu par Flaubert qui se méfiait de l’emprise de la religion sur la politique ; ce danger est souligné dans le discours de Derozerays qualifié ironiquement de “moins fleuri”; Flaubert lors de la récompense de Catherine Leroux met en évidence l’opposition entre “ce demi-siècle de servitude ” et “ces bourgeois épanouis” ; encore plus ironiquement, la paysanne décide de remettre sa pièce d’or au curé “pour qu’il me dise des messes” ; Lorsqu’il écrit l’article pour le fanal de Rouen, Homais insiste sur le déroulement  cordial de cette belle journée et évoque le brillant feu d’artifice  qui lui fait comparer Yonville à “un rêve des Mille et une Nuits” 

L’ironie et le romantisme : Flaubert se moque des aspirations romantiques d’Emma et de Léon dans un premier temps ; la jeune femme ne peut s’empêcher de penser à l’amour comme “un ouragan des cieux qui tombe sur la vie, la bouleverse, arrache les volontés comme des feuilles et emporte à l’abîme le coeur entier.” (deuxième partie, fin du chapitre IV); Quant à Léon, elle lui semble hors de portée et elle “alla dans son coeur, montant toujours et s’en détachant à la manière magnifique d’une apothéose qui s’envole” ; en fait ,il a trop peur pour se déclarer et elle devient irritable à forcée refouler l’amour qu’elle éprouve pour le jeune homme; elle reporte alors sa souffrance en haine pour son mari; “elle aurait voulût que Charles la battit, pour pouvoir plus justement le détester, s’en venger.” ( P2, chap V); Le narrateur dévoile ici la réalité des sentiments et la fausseté des aspirations romantiques qui ne résistent pas face au poids des conventions et du réel.

En résumé, l’ironie est présente dans tous les compartiments  du roman; c’est une manière d’écrire et de décrire, un ton distancié, et moqueur qui tend à diminuer le pathétique de certaines scènes (exemple de l’agonie terrible d’Emma et de l’arrivée du docteur Larivière ) ; c’est un moyen de faire comprendre au lecteur que le romancier ne prend pas fait et cause pour ses personnages mais qu’il se sert d’eux comme des pantins afin de dévoiler ce qui se joue , en profondeur, sous les apparences et les faux -semblants; c’est une entreprise au service de la vérité mais d’une vérité intime qui n’est pas toujours bonne à dire; c’est aussi une entreprise de destruction qui révèle l’envers du décor et les petitesses des hommes; parfois le lecteur hésite entre une lecture ironique et une lecture sincère et il ne sait pas s’il faut es moquer des personnages ou les plaindre; Difficile de faire deux en même temps et c’est pourtant ce que réussit parfois à obtenir Flaubert.

31. octobre 2015 · Commentaires fermés sur La vie de Flaubert : un roman ? · Catégories: Divers · Tags:

D’aucuns prétendent qu’il ne faut pas chercher à expliquer une œuvre littéraire en s’appuyant uniquement sur la biographie d’un artiste, et ils ont souvent raison; Néanmoins, il est difficile d’échapper totalement aux événements qui ont façonné notre personnalité car l’écrivain puise toujours en partie en lui pour inventer ses personnages et leur univers; Voyons donc ensemble quels liens il est possible de créer entre le matériau biographique et les thèmes abordés dans Madame Bovary.

1821: naissance de Gustave Flaubert à Rouen; Son père est un émiment chirurgien qui jouit d’une excellente réputation et qui a été l’élève d’un illustre professeur. (milieu médical, personnage du médecin, désir de devenir médecin ?)

1832/1840 Au collège, Flaubert découvre et admire les romantiques : Hugo, qu’il rencontrera, Chateaubriand, Musset et Lamartine sont ses auteurs fétiches; cette influence perdurera même s’il cherche à s’en détacher ( romantisme = thème présent dans le roman, Emma et Léon se récitent des vers romantiques); Rencontre Elisa Schlésinger dont il s'éprend : il a 15 ans et elle 26; Il commence à écrire en pensant à elle

1842/44 Flaubert à Paris étudie le droit et fréquente les milieux artistiques ; le sculpteur Pradier lui fera rencontrer de nombreux artistes ; les drames : atteint d’un syndrome nerveux, proche de l’épilepsie, il renonce à sa carrière en droit et devient un écrivain à temps complet; décès de sa sœur après avoir mis au monde une petite fille ; chagrin de son beau-frère qui confie l’enfant à Madame Flaubert;  décès de son frère mort d’une septicémie. Convalescence de Flaubert à Croisset.( nombreux drames dans Madame Bovary, chagrin de Charles, fille orpheline, menace de la septicémie pour Hyppolite après son opération)

1846/1851 Flaubert fait la connaissance de Louise Colet avec laquelle il entretiendra d’abord une liaison (à laquelle il mettra un terme en 1855)  et surtout une correspondance où il confie à la jeune femme ses craintes et ses doutes d’écrivain.Commence à voyager avec Maxime Du Camp en Orient notamment. (déception amoureuse avec Louise, crainte qu’elle soit attirée uniquement par le mariage pour l’argent, contraste entre Paris et la Province où il vit reclus à la campagne)

1851/1856 Flaubert travaille à la rédaction de Madame Bovary et se plaint constamment de ses difficultés de style, il expérimente un gueuloir pour lire à haute voix ce qu’il compose et confie à son ami Du Camp la publication de l’ouvrage dans la revue qu’il dirige, en 6 feuilletons; Le procès fera de la publicité à l’ouvrage qui se vendra à plus de 6750 exemplaires en quelques semaines. Flaubert n’est pas condamné et ce succès le conforte dans sa vocation d’écrivain.

1858/1866 Il rassemble ses notes et rédige Salammbô qui paraîtra en 1862; Il voulait ressusciter Carthage et peaufiner son style impersonnel. Le succès du roman fait de Flaubert un écrivain à la mode et il est reçu dans les salons les plus prestigieux. Se lie avec George Sand, compose L’éducation Sentimentale qui n’aura pas le succès escompté ; cette histoire d’amour impossible dans le Paris des années 1848 comporte certains points communs avec Madame Bovary (sentiment de l’échec d’une vie, désillusions amoureuses et politiques)

1869/1880 Flaubert est ruiné par son gestionnaire, le mari de sa nièce  ; après le décès de sa mère, a un dernier succès en publiant les Trois Contes mais ne parvient pas à terminer Bouvard et Pécuchet et il accepte, humilié , une pension du ministre Jules Ferry “parce qu’il ne faut pas crever de faim”

  

27. octobre 2015 · Commentaires fermés sur Flaubert a dit ..composition et style … · Catégories: Divers · Tags:

Disserter sur Madame Bovary nécessite une bonne connaissance de l ‘oeuvre, de sa genèse, des thèmes abordés , du déroulement de l’intrigue et du projet de l’écrivain. Cependant , il n’est pas toujours facile de se fier à ce que Flaubert écrivait. Jugez plutôt ..

 Un livre sur rien ? Ce qui me semble le plus beau, ce que je voudrais faire, c’est un livre sur rien, un livre sans attache extérieure, qui se tiendrait de lui-même par la force interne de son style, ..un livre qui n’aurait presque pas de sujet ou du moins où le sujet serait presque invisible.”  16 janvier 1852 lettre à Louis Colet. L’expression livre sur rien a plusieurs sens : livre à propos de rien, sans événement majeur,  sans rien d’extraordinaire qui a comme point de départ une histoire banale, un fait divers commun ou livre qui parle des petits riens de tous les jours, du quotidien, de l’ennui. On ne peut pas dire qu’il ne se passe rien dans le roman mais la plupart des actions ne servent à rien ou ne mènent à rien et conduisent à la mort des personnages, le rien définitif, le néant.

 Le sujet du romanIl n’y a pas en littérature de beaux sujets d’art, et Yvetot donc vaut Constantinople; et en conséquence l’on peut écrire n’importe quoi aussi bien que quoi que ce soit. L’artiste doit tout élever.”   Lettre à Louise Colet, 1853 ; Flaubert affirme ici la primauté du style sur les sources mêmes du livre, le sujet . Il reprend en partie l’idéal des Parnassiens qui  considéraient le travail formel comme premier et refusaient le primat des émotions lié soit à l’engagement personnel soit au lyrisme. Maintenant cette affirmation mérite d’être nuancée car certains sujets sont propices à l’écriture. Il est clair que pour Flaubert l’écrivain ne doit pas se contenter de se faire l’écho de certains événements: il doit , au moyen de l’écriture, effectuer une transformation, une transposition du réel. Par élévation, on peut penser que le roman joue un rôle moral et que le lecteur peut ainsi s’affranchir du simple déroulement des faits; l’écrivain extrait du réel des éléments que l’art soumet au jugement du lecteur.
Le style idéalrythmé comme le vers, précis comme le langage des sciences , et avec des ondulations, des ronflements de violoncelle , des aigrettes de feu. Un style qui vous rentrerait dans l’idée comme un coup de stylet, et où votre pensée enfin voguerait sur des surfaces lisses…( lettre à Louise Colet, 1852.) Ses amis l’engagent à renoncer à son style lyrique et dès lors l’écrivain s’efforce de changer de style, de manière d’écrire ; il adopte souvent un rythme ternaire croissant et travaille ses clausules (les dernières phrases d’un chapitre) ; il s’emploie à bannir métaphores et comparaisons ou donne à ces dernières des référents dévalorisants (tempêtes  et pluies de l’amour comparées à des gouttières bouchées )  et concrets (conversation plate comme un trottoir pour Charles ou tristesse d’une maison démeublée pour le père Rouault au départ d’Emma ) Flaubert s’efforce de construire des joints entre les paragraphes qu’il travaille séparément; Le roman doit apparaître comme un mur uni et on ne doit pas y discerner le ciment entre les pierres; De plus, l’usage récurrent de l’imparfait et la monotonie de ses terminaisons participe à cette sensation de fluidité de la prose; 
de même, les glissements permanents entre discours indirect libre et récit contribuent à créer cet effet de monotonie que Proust admirait et qu’il  décrit comme un “grand trottoir roulant”.¨ L’étude des brouillons de l’auteur nous montre qu’il avait conçu un plan détaillé et qu’il réécrivait la même page plusieurs fois avant de la réduire d’environ 40 % ; Ensuite, il lit à voix haute et nomme cette étape l’épreuve du gueuloir qui , selon ses dires, lui permet d’éliminer les phrases mal écrites. Il accordait donc vraiment  une très grande importance au style : “l’art en soi paraît toujours insurrectionnel aux gouvernements et immoral aux bourgeois.”  déclarera-t-il au cours du procès de 1857.
Genèse et réception :  l’idée est née lors du voyage en Orient ainsi que le nom de l’héroïne; les thèmes sont la femme mal mariée, l’amour inassouvi et certains traits du mysticisme dans un cadre balzacien : affaires d’argent et étroitesse des mœurs provinciales ainsi que le souvenir d’un fait divers tragique de 1848; l’affaire Delamare: cet officier de santé dont la jeune femme adultère, en seconde noces, (Charles est lui aussi veuf d’Héloïse Dubuc) le trompe d’abord avec un gentilhomme (Rodolphe), ensuite avec un clerc (Léon) et s’empoisonne en laissant une fille; Ce dernier met fin à ses jours.(Charles meurt d’amour ?) Le premier scénario comporte les grandes lignes , le second précise les décors et les noms des personnages, les scènes clés et enfin la tonalité ainsi que les ajouts de personnages. Plus de 1700 feuillets de brouillons nous sont parvenus et Flaubert s’est plaint de la rédaction pendant au moins 5 ans. Le roman paraît en feuilletons dans La Revue de Paris dirigée par Maxime Du Camp en six numéros entre octobre et décembre1856 et certaines scènes jugées choquantes sont supprimées sans l’avis de l’auteur (la scène du fiacre). Flaubert est furieux de cette censure et son roman paraît chez Michel Lévy en avril 1857. L’avocat Ernest Pinard demande alors la condamnation de l’auteur, de l’éditeur et de l’imprimeur pour “couleur lascive ” et “délit d’outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs”; Selon le réquisitoire de maître Pinard, le roman fait l’éloge de l’adultère et ridiculise les tenants de l’ordre (pharmacien, médecin, prêtre, notaire) . Flaubert n’est pas condamné mais on lui reproche de ne pas avoir été assez sévère avec son héroïne. Le procès fait de la publicité au roman mais certains critiques littéraires  reprochent à Flaubert ses idées politiques; on trouve également le style trop impersonnel. La postérité: Maupassant et Zola admirent le style de Flaubert et le bovarysme, expression inventée par Jules de Gautier va définir une attitude psychologique qui consiste à trouver la réalité décevante par rapport aux modèles donnés dans la fiction et à se croire autre que ce qu’on est réellement.
29. septembre 2015 · Commentaires fermés sur Analyser un personnage dans un roman · Catégories: Divers · Tags:

Comment s’y prendre pour analyser tous les aspects d’un personnage dans un roman ? 

Un personnage romanesque est un être de papier qu’on ne doit pas confondre avec une véritable personne mais l’objectif des romanciers dits réalistes consiste justement à donner l’illusion la plus parfaite possible que ce personnage imaginaire ressemble à une personne réelle . Construit au fil de la narration, il possède un certain nombre d’attributs que le lecteur doit mémoriser et combiner , en tenant compte des différents points de vue c’est à dire des changements de voix narratives. Le personnage , dans l’esprit du lecteur, est comme une construction faites de milliers de pièces qui s’ajoutent ou disparaissent brutalement. Chaque personnage ne serait en fait “qu’une reconstruction du lecteur autant qu’une construction du texte”, selon Philippe Hamon, un spécialiste de l’étude du personnage. Pour imaginer le personnage, le lecteur s’appuie sur les indices du roman mais également sur sa propre sensibilité et sa capacité à s’attacher, à s’identifier à certains personnages plutôt qu’à d’autres.

Le personnage dans le roman réaliste se veut donc le reflet d’une personne, d’un être vivant et le romancier le dote d’abord d’un nom: ce nom détermine le milieu auquel il appartient et qui va motiver ses actions, le déterminer. L’onomastique donne déjà une indication important sur la manière de concevoir un personnage. Certains personnages n’ont qu’un prénom (Justin, Félicité, Anastasie), d’autres ont juste un nom (Homais,Heureux, Binet) et les plu complexes ont des dénominations variables. Outre le nom qui les désigne, les personnages incarnent un statut social qui est comme une caractéristique permanente. Certains représentent ainsi des types comme le curé, le maire, le médecin, le commerçant cupide et machiavélique. Mais l’auteur travaille souvent la cohérence de son caractère en superposant une part invariable (le type) et une part variable (l’évolution par exemple de l’amour de Charles ). Plus l’importance narrative d’un personnage est marquée, plus sa partie variable augmente. Les figurants sont souvent nombreux et leur simple mention donne une épaisseur de réalité à l’intrigue; Le choix des figurants participe engament au pittoresque, la couleur locale du roman : les noms normands,la paysanne Catherine Leroux, le maître d’école de Charles Bovary, Heloïse Dubuc.  Le portrait physique est un élément important mais à la différence du cinéma où l’acteur apparaît dans sa globalité dès la première apparition, les écrivains composent leurs personnages par petites touches successives et ajoutent des détails tout au long de l’intrigue. Le jeu des points de vue contribue à accentuer le caractère malléable des personnages principaux. 

Le portrait physique est complété par un portrait moral ou psychologique qui, lui aussi, se construit et se reconstitue à la manière d’un puzzle.

Enfin, un personnage se définit aussi par ses actions: on parle alors de narratologie et de rôle actantiel; 

 Le schéma narratif de la plupart des oeuvres se résume selon le modèle d’un quête à accomplir et le héros dans sa mission est aidé ou au contraire gêné par des personnages qui sont alors appelés adjuvants et opposants. Dans Madame Bovary, Emma ne rencontre cependant que des opposants ou d faux adjuvants qui la leurrent : seul le temps avant la désillusion est variable mais cette dernière finit par se produire tôt ou tard; La notion même de héros est sujette à caution car si Emma est bien au premier plan, le récit s’ouvre sur Charles et se clôt sur Homais. Aucun personnage n’est héroïque au sens de “réaliser des actions exceptionnelles” ; On pourrait même dire que les personnages de ce roman sont tous des êtres médiocres dont la vie est marquée par la banalité et l’ennui. Pour terminer les études de personnages, il faut élargir les repérages aux réseaux formés par ces derniers au sein d’une oeuvre. Le lecteur, au fil du récit, établit ainsi des rapprochements et des différences significatives entre les amants d’Emma, les membres de la société Yonvilloise, les médecins compétent ou incompétents. Le personnage peut même devenir un modèle comme le bovarysme, formé à partir du personnage d’Emma et qui pourrait es définir par “le pouvoir départi à l’homme de se concevoir autre qu’il n’est” ou l’impuissance de l’homme à se réaliser tel qu’in voudrait être; La conscience de cette différence, de cet écart, le rend alors malheureux. Emma incarne plusieurs facettes du bovarysme mais d’autre personnages pourraient représenter cette sort de loi psychologique.

21. septembre 2015 · Commentaires fermés sur Madame Bovary : un roman anecdotique ? · Catégories: Divers · Tags:

Une dissertation sur un sujet à 12 points: suivez le guide pas à pas. Attention une heure par sujet seulement …top chrono.

  • Dissertation mode d’emploi : par où commencer
  • La recherche des limites du sujet : il est essentiel de délimiter son sujet en le reformulant et en définissant les notions (ou mots clés) en jeu; dans notre exemple, il est question de la valeur du roman (anecdotique serait alors synonyme de “sans grande importance”, “détail sans gravité”) mais le sujet peut également être compris comme une référence au contenu du roman (un roman qui raconterait des anecdotes, qui serait basé sur des détails) et on pense immédiatement au projet de Flaubert d'”écrire un roman sur rien”.
  •  On peut donc  commencer à chercher et à noter au brouillon, en vrac,  des illustrations concrètes , à la fois du côté de la postérité du roman (son succès ou son échec) et en réfléchissant aux sources d’inspiration de l’écrivain. on relève tout ce qui fait penser à des détails dans le roman.
  • Les idées notées au brouillons doivent ensuite être organisées méthodiquement à l’intérieur d’un plan. Le type de plan est étroitement lié au sujet. On distingue surtout le plan thématique du plan dialectique qui repose sur l’examen d’une thèse et en seconde partie sur  l’exposé des éléments qui constituent l’antithèse . La conclusion sert généralement de synthèse : elle rapproche et confronte elles éléments des deux parties précédentes et prose une réponse concrète à la question de départ .
Pour notre premier sujet , quel sont les éléments anecdotiques du roman  ?  phase de recherches 
  •  sa source principale est une anecdote ; il s’agit d’évoquer l’affaire Delamarre dont s’est servi Flaubert pour construire l’intrigue; ensuite le roman regorge de petits détails sans intérêt comme les conversations d’Hommes, les multiples descriptions du décor, du cheminement des moindres pensées des personnages; ensuite c’est un roman où il ne se passe presque rien d’important : même le décès de certains personnages comme la première femme de Charles est raconté comme une anecdote; on a l’impression que le romancier choisi un ton volontairement anecdotique pour révéler des informations au lecteur. Tous ces éléments pourront être regroupés dans la thèse qui consistera à prouver qu’il s’agit bien d’un roman anecdotique. 
  • l‘antithèse reposera elle aussi sur différents arguments et chacun d’eux sera illustré par un élément concret extrait du roman; tout d’abord le procès retentissant de 1857 confère à l’œuvre une dimension symbolique; ensuite l’histoire littéraire considère Madame Bovary comme une oeuvre phare, majeure de la littérature française car elle illustre le choc entre réalisme et romantisme ; enfin, derrière les détails on peut apercevoir la vision de l’auteur sur ses contemporains et c’est ce regard posé sur la société qui éclaire encore aujourd’hui notre compréhension des hommes.
  • CCL: un roman qui , parti d’une anecdote a su devenir un outil de découverte des consciences et joue ainsi un rôle de premier plan; Pour preuve; le bovarysme désigne même encore de nos jours une attitude de certaines personnes incapables de faire la différence entre le réel et son image dans les romans à l’eau de rose.
  • Vous trouverez en pièce jointe une dissertation rédigée et un plan détaillé. (il suffit de cliquer sur la clé USB rouge)