21. novembre 2020 · Commentaires fermés sur Amour et politique dans La princesse de Clèves : résumé des intrigues · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première · Tags: ,

Cet article est un relevé non exhaustif des motifs narratifs présents  dans  les 4 parties du roman; Il vous permettra de relire des passages qui vous semblent importants pour vos sujets de dissertation . En travaillant sur les relations entre amour et politique dans le roman, nous sommes amenés à nous poser un certain nombre de questions : tout d’abord quel est le thème le plus important : les affaires ou l’amour ? les histoires d’amour sont-elles toutes dans la sphère publique ou politique? sont-elles subordonnées aux intérêts politiques des personnages ? Quel est le rôle des mariages dans le roman ? comment se nouent et se dénouent les alliances politiques ? Autant de questions dont les réponses vont vous permettre de construire une dissertation ; Et pour commencer , je vous suggère de faire l’inventaire des principales histoires d’amour, et de mesurer leurs conséquences sur le domaine politique ….

Le roman débute avec les amours du roi Henri II avec sa maîtresse Diane de Poitiers alias Madame de Valentinois qui le gouverne avec un empire absolu «  quoi qu’elle n’eût plus de jeunesse ni de beauté » ( p 24) . Cette liaison fait souffrir la reine ( elle -même amoureuse du Vidame de Chartres )  : Cette dernière  dissimule ses sentiments pour des raisons politiques . Après avoir fait différents portraits des grands seigneurs de la Cour, l’auteure termine par celui du Duc de Nemours qui a la réputation d’être un grand séducteur : «  il avait tant de disposition à la galanterie «  et .. « il avait plusieurs maîtresses mais c’était difficile de deviner celle qu’il aimait véritablement. »  On lui prête une liaison avec la reine Dauphine, femme du fils aîné du roi et  nièce des Ducs de Guise. La Duchesse de Valentinois d’ailleurs a cherché , à empêcher le mariage du dauphin avec Marie Stuart car ce mariage renforce la position des Ducs de Guise à la Cour . ( p 25 ) 

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09. novembre 2020 · Commentaires fermés sur La Princesse de Clèves : un roman d’analyse psychologique ? · Catégories: Dissertations sur oeuvre

 Quelques idées en vrac

Le choix vertu / bonheur = thème central du récit

Le prince de Clèves : la rencontre chez le joaillier ” jamais mari n’avait eu une passion aussi violente pour sa femme ” ; présentation et naissance d’un amour à sens unique, dimension tragique ; Nemours a réussi à es faire aimer là où le Prince a échoué ; Le sort du personnage : dévasté par la jalousie

Le Duc de Nemours :  ne s’est pas retrouvé parmi les prétendants en rivalité pour obtenir l’amour de la Princesse : absent lors de l’arrivée de la jeune femme à la Cour ; a une réputation de Don Juan à la Cour ” il avait déjà aimé tant de fois ” ; D’amant volage , il devient un amant précieux et son monologue intérieur dans la forêt nous montre qu’il ne contrôle plus son sentiment ; Il éprouve “une passion tendre et violente ” pour la jeune femme .  Ce personnage est partagé entre la joie de se savoir aimé et le désespoir de ne pas l’être vraiment. Le roman s’attache à montrer l’évolution des sentiments et leur complexité.

La Princesse : son personnage marque le triomphe  de la vertu  au terme d’un combat long et douloureux remporté par la raison et la morale . C’est la jalousie qu’elle éprouve qui lui permet de réaliser qu’elle éprouve des sentiments pour Nemours ; percée à jour dès les premiers signes de la passion, elle s’efforce de ne rien montrer mais son trouble est visible ; ce qui fait d’elle une victime toute désignée. Elle peine à dissimuler ce qu’elle ressent alors qu’autour d’elle , beaucoup  “les passions peuvent me conduire, avoue la jeune femme ,  mais elles ne peuvent m’aveugler ” Le roman montre, à la fois , la force des passions  et la force qu’il faut posséder pour y résister . 

L’image et les mots de l’amour

L’amour est le principal ingrédient du roman et il prend différentes formes ; On distingue , tout d’abord, l’expression de l’amour sincère , de l’amour passion; L’amitié y désigne souvent une tendresse et l’amour n’entre pas dans le cadre du mariage, à l’exception du Prince de Clèves qui tombe amoureux de sa femme, dès leur première rencontre  avant de finir par réussir à  l’épouser; La galanterie désigne les relations entre amants et maîtresses et la séduction 

L’idéalisation des personnages : les personnages sont avant tout des supports pour les analyses psychologiques; Leurs portraits sont donc à la fois stéréotypés et idéalisés ; leurs qualités sont souvent celles de leur rang; Les hommes excellent dans les exercices militaires et ont de l’esprit; Les femmes sont admirées pour leur grande beauté et leurs valeurs morales ; Le modèle à l ‘arrière-plan est celui des héros des romans précieux qui vont former l’archétype de l’honnête homme. Pourtant , des critiques se font entendre çà et là grâce notamment aux allusions de la narratrice qui dénonce les défauts de certains personnages, révèle leurs tromperies et leur manque de sincérité.Les récits enchâssés forment des sortes de mise en garde pour l’héroïne et reflètent les dangers de l’amour-passion. La narration nous montre que derrière les masques des héros précieux se dissimulent des motifs moins avouables et Madame de La Fayette rejoint ainsi les ambitions des moralistes classiques.

 

 

02. novembre 2020 · Commentaires fermés sur Les visages de la Fortune dans Les Fables : peut- on échapper à son destin ? · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première

Sujet : Dans les fables , aucune créature, en dépit de ses manigances ou de sa ruse , ne parvient à échapper à son destin ? Partagez-vous cet avis après la lecture des fables ?

Esquisse de la dissertation : plan détaillé …complété par des illustrations et des citations

I Un monde sans pitié

Les fables , en effet , se présentent comme un monde injuste où les Puissants l’emportent sur les « petits , sans autre forme de procès » : le fabuliste , observateur sans concession des travers (défauts ) de ses contemporains, nous livre un tableau sans fard  et souvent cruel des injustices du monde .

a) des victimes désignées à l’avance

 Dans Les Animaux malades de la Peste , parce qu’ils sont touchés par un Mal terrible venu des Dieux, la société de animaux cherche à désigner “le plus coupable”  ; le lion a mangé des moutons et dse bergers alors que l’âne a simplement brouté de l’herbe mais il est sacrifié parce qu’il n’appartient pas aux Puissants ; les faibles sont des boucs émissaires ; Il n’y a pas de justice pour eux . Leur destin semble tout tracé.

Le monde est réparti en deux catégories selon une décision de Jupiter , le roi des Dieux; Les forts l’emportent sur les faibles : c’est la loi de l’univers rappelée dans L’Araignée et l’Hirondelle .  Cette dernière finit par dévorer l’araignée qui se plaignait qu’elle lui vole les proies de sa toile. Les plaintes de l’araignée n’ont pas eu d’effet et le fabuliste semble même condamner les récriminations de certains de ses personnages …  il ne servirait en effet à rien de protester contre le Sort. Plus »

01. novembre 2020 · Commentaires fermés sur La place de la flatterie dans les Fables : paroles flatteuses, paroles trompeuses et paroles sincères. · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première

Lorsqu’on découvre les recueils de fable écrits par Jean de La Fontaine à la fin du dix-septième siècle, on constate que de nombreuses fables mettent en scène une parole codifiée , parfois empêchée: celle des courtisans,  qui semble centrale  et imite les usages de la Cour dont elle se veut un miroir critique . On y rencontre aussi, au fil des anecdotes, l’éloquence des beaux parleurs: la parole trompeuse de ceux qui cherchent à se concilier les grâces des puissants ou à échapper à leur vindicte. Réussit-on, dans les fables, à se sortir des situations périlleuses grâce à son éloquence ? Le langage est-il  uniquement l’arme des puissants ? Quels types de discours entend-t-on dans les Fables ? Nous verrons tout d’abord que la flatterie occupe une place centrale dans les Fables ; Nous montrerons ensuite qu’on entend aussi souvent le discours du fabuliste ; Dans un dernier temps, nous tenterons de prouver que la voix de la raison ne triomphe pas nécessairement . Plus »

01. novembre 2020 · Commentaires fermés sur Les fables sont-elles efficaces pour offrir une pensée sur l’homme ? · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première · Tags:

Dans le pouvoir des fables, la Fontaine s’adresse à un haut personnage de l’Etat, M de Barillon,  alors ambassadeur de France en Angleterre.Le contexte historique est tendu car le royaume de France vit sous la menace d’une nouvelle guerre contre la Hollande .  En se servant d’une fiction et d‘une mise en abime : un orateur grec à Athènes , qui invente une fable pour obtenir l’attention du public  , le fabuliste prétend ainsi démontrer l’efficacité de l’apologue . La foule se met à écouter attentivement le tribun, s’inquiète du sort des personnages et va jusqu’à interrompre l’orateur . Au début de son récit cependant ,La Fontaine  semble s’interroger sur la légitimité de son entreprise : ” La qualité d’Ambassadeur, écrit-il, peut-elle s’abaisser à des contes vulgaires ? “ Autrement dit, les fables peuvent-elles être considérées comme un instrument de réflexion sérieux qui permettrait de penser l’homme et le monde dans lequel il évolue. Afin de déterminer si les fables , en tant que récits imaginaires , sont susceptibles de nous délivrer un apprentissage sur la condition humaine, nous étudierons dans un premier temps les liens entre fable et morale avant d’envisager ce qu’on y découvre des hommes et enfin  les questionnements suscités par les fables. Plus »

28. septembre 2020 · Commentaires fermés sur Le rôle de l’imagination dans Les Fables · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première · Tags:

Définir le rôle de l’imagination dans le recueil des Fables et plus généralement au sein de l’oeuvre de La Fontaine, c’est d’abord définir ce qu’on entend par imagination. S’agit -il du récit fantaisiste et plaisant qui nous détourne de la réalité   ou tout simplement de notre faculté à mettre   en images nos idées et qu’on pourrait nommer création artistique au sens large ? Il est incontestable que la part de l’imagination au sens restreint, varie dans les Fables et que certaines seulement  , montrent des personnages en proie aux songes et pris au piège de leur imaginaire . Cependant le choix même de la forme de la fable qui mêle récit imaginaire et morale didactique nous amène à penser que pour le fabuliste, l’imagination, au sens large, permet d’atteindre la Vérité , par le détour de la fiction ; Dans un premier temps, nous verrons les délices de l’imagination avant d’en entrevoir les dangers et nous terminerons par la puissance des fables qui mêlent imaginaire et pensée.

Alors que Pascal condamne l’imagination en la qualifiant de “maitresse d’erreur et de fausseté ” et de “superbe ennemie de la raison ”  , La Fontaine en montre les délices pour l’esprit  dans  Perrette et le pot au lait . La jeune femme imagine, en allant vendre son lait au marché, tout ce qu’elle va acheter avec le prix de la vente; Elle s’imagine à la tête de nombreuses vaches, volailles et achète, même en rêve, un cochon. Elle est littéralement “transportée ” par son imagination et trébuche sur le chemin. Le pot se casse et la dame va être battue par son mari pour avoir été maladroite . Le fabuliste qualifie alors l’imagination de “flatteuse erreur qui emporte nos âmes ” ; Mais loin de la condamner, il en vante les délices ” Chacun songe en veillant, il n’est rien de plus doux ” lit-on au vers 34 . Tout au plus, faut- il apprendre à garder les pieds sur terre et à ne pas confondre rêve et réalité ! Le retour à la réalité est douloureux pour Perrette mais le fabuliste montre avant tout la puissance du rêve Plus »

04. avril 2020 · Commentaires fermés sur Le poète doit-il sortir de sa tour d’ivoire et ouvrir la fenêtre sur le monde pour descendre dans la rue ? · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Divers · Tags:
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 Voilà la question qui va servir de support à une dissertation sur le sujet du rôle du poète dans la société . Qu’est-ce que la poésie et qui sont le poètes au fil des siècles ? Comment conçoivent-ils leurs rapports avec la société, l’art , la politique? pas facile de répondre à ces questions d’une seule voix car les poètes ne sont pas tous d’accord entre deux sur les réponses à apporter. La connaissance de l’histoire de la poésie ainsi que la connaissance de ce qu’ont dit les poètes à propos de leur art , sont deux réservoirs d’idées à partir desquels vous pourrez articuler votre réflexion personnelle qui servir are base à la démarche de la dissertation. A partir du document ci -dessous, vous allez pouvoir résumer les positions de quelques poètes du dix-neuvième siècle comme Baudelaire, Rimbaud, Gautier, Mallarmé. Lisez le document et effectuez des regroupements qui finiront par composer un plan de dissertation 

Au cours du XIXe siècle, certains écrivains récusent l’engagement politique et social de leurs prédécesseurs, les « prophètes » romantiques, pour se replier sur des valeurs esthétiques et formelles. Cette « dépolitisation de la littérature »  réagit à l’avènement au pouvoir, dès 1830, de la bourgeoisie conservatrice. Charles X restaure la censure et la liberté d’expression est menacée.Théophile Gautier est le fondateur de la doctrine de l’art pour l’art. Dans la préface de Mademoiselle de Maupin (1835), il oppose le beau, valeur esthétique de l’artiste, à l’utile, valeur bourgeoise par excellence : « Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ». Ce rejet de l’utilitarisme et cette revendication d’une autonomie de l’art récusent d’une part la morale dans la littérature, d’autre part l’action sociale et les partisans d’un art social, souvent proches de l’opposition au pouvoir.

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Gautier 

L’image de la fenêtre symbolise cette dissociation de l’art et de la politique. Elle apparaît déjà, sous la plume de Gautier, dans la préface d’Albertus (1832) : « L’auteur du présent livre n’a vu du monde que ce que l’on en voit par la fenêtre, et il n’a pas envie d’en voir davantage. Il n’a aucune couleur politique ; il n’est ni rouge, ni blanc, ni même tricolore ; il n’est rien, il ne s’aperçoit des révolutions que lorsque les balles cassent les vitres ». En 1852, au moment où l’hégémonie bourgeoise culmine avec l’effondrement sanglant des espoirs républicains et l’instauration du Second Empire, Gautier reprend le thème du poète travaillant toutes « vitres fermées » sur les désordres politiques de la rue  C’est tout particulièrement le poème intitulé « L’art » (1957), repris dans l’édition définitive d’Emaux et Camées (1872), qui sert de manifeste littéraire à la doctrine de l’art pour l’art. Le travail poétique y est réhabilité, par opposition à l’immédiateté de l’épanchement lyrique, mais aussi au travail utilitaire visant à la production des marchandises.  Gautier revendique une poésie plastique, sculptée comme un marbre antique . Les matériaux précieux de l’onyx ou de l’agate auxquels est comparé le vers poétique supposent une nature  traitée comme ornement et extraite de tout contexte d’expérience, au contraire de la profondeur du paysage romantique. Le vers est bref, lapidaire et tranché, contrastant avec l’ampleur de l’alexandrin. Le poète devient artisan, orfèvre et sculpteur de mots.

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Théodore de Banville 

Cette tendance esthétique est présente chez de nombreux  d’auteurs, comme Baudelaire qui dédie à Gautier ses Fleurs du Mal, mais aussi Flaubert et son idéal d’un « livre sur rien », d’un livre « qui se tiendrait lui-même par la force interne de son style ». L’éducation sentimentale raille d’ailleurs l’engagement brouillon du poète Lamartine dans la révolution de 1848, en ironisant sur son impuissance politique. Surtout, la doctrine de l’art pour l’art aboutit à la création du mouvement parnassien, avec la publication en 1866 d’un recueil collectif intitulé Le Parnasse contemporain. « L’art » de Gautier devient l’art poétique des parnassiens, qui radicalisent la minéralisation néoclassique du langage poétique . Le fameux « Vase brisé » de Sully Prudhomme désigne la cristallisation glacée du sentiment, le vase étant une figure du coeur transi, mais aussi du poème lui-même en tant qu’objet esthétique. Si la brisure du vase est sentimentale, elle indique toutefois une tension constitutive de l’idéal parnassien, entre un absolu de la perfection formelle et les innovations modernes. Le Parnasse se fige dans un conservatisme académique et dans une logique d’exclusion, rejetant des poètes qui ont participé à ses débuts, comme Mallarmé ou Verlaine, et qui seront au coeur de l’émergence symboliste. Quant à Rimbaud, dont Le Parnasse contemporain a refusé trois de ses premiers poèmes, il parodie la préciosité idéaliste dans « Ce qu’on dit au poète à propos de fleurs », un poème qu’il adresse à Théodore de Banville avec une lettre toutefois fort admirative. Contrairement au désengagement politique des tenants de l’art pour l’art, Rimbaud prend parti pour les insurgés de la Commune (1871) et rédige des poèmes communards.

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Jean Moréas

1886 est l’année du tournant du Parnasse au symbolisme, avec la création de la revue La Vogue, où paraissent la plupart des Illuminations de Rimbaud, et la publication, dans Le Figaro du 18 septembre, du manifeste symboliste de Jean Moréas : « la poésie symbolique cherche  à vêtir l’Idée d’une forme sensible ». Moréas prône une conception analogique de la réalité matérielle, qui serait en continuité avec une essence idéale : « Tous les phénomènes concrets ne sauraient se manifester eux-mêmes : ce sont là des apparences sensibles destinées à représenter leurs affinités ésotériques avec les Idées primordiales ». Toutefois, cet idéalisme absolu de la pensée symboliste est parcouru de paradoxes. Par certains aspects, il engage un matérialisme absolu qui tient à la conception du symbole comme « forme sensible » de l’idée.  Le poète symboliste se pose ainsi en récepteur d’un rythme universel, dont il traduit passivement les « vibrations » en symboles expressifs. Dans le Traité du verbe (1886), René Ghil instaure un système de synesthésies verbales fondé à la fois sur la physique ondulatoire et sur une métaphysique de la pensée. « Le Son peut être traduit en couleur, la Couleur peut se traduire en Son », parce qu’une totalité cosmique, unissant la matière et l’esprit, vibre d’une même pulsation universelle.

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Stéphane Mallarmé

Cette idée  symboliste de la continuité, Mallarmé la met en évidence en relevant dans Crise de vers l’émergence du vers libre . Il s’agit de la plus importante innovation formelle du symbolisme avec le monologue intérieur . Rompant avec la mesure syllabique du mètre, le vers libre vise à restituer une « unité de pensée » ou de « signification » , c’est-à-dire une unité rythmique – . Mallarmé lui-même « touche » peu au vers, restant attaché aux potentialités structurales de l’alexandrin ;  D’une manière générale, la trajectoire de Mallarmé va du Parnasse au symbolisme.

Dans le texte encore parnassien des « Fenêtres », Mallarmé reprend le poème-vitre de l’art pour l’art, tout en révélant sa matérialité formelle. Le poème met en scène un moribond à sa fenêtre d’hôpital, figure du poète en quête de « l’azur ». Le poète pour Mallarmé est séparé du monde par une vitre .

Dans Crise de vers (1886-1996), manifeste de la poésie pure, Mallarmé associe un idéalisme du signifié poétique  à une matérialité du signifiant poétique, dans ses dimensions visuelles et sonores. Le signe absente la chose, révélant sa propre identité sensible. « Je dis : une fleur ! et […] musicalement se lève, idée même et suave, l’absente de tout bouquets. »  La poésie devient  Aboli bibelot d’inanité sonore .

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Les symbolistes

 

 

09. mars 2020 · Commentaires fermés sur Phèdre : la passion est-elle une faiblesse de l’individu ? · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première · Tags: ,

Par définition, et depuis l’Antiquité qui met en scène des héros mythiques ,  le personnage tragique se confronte à des forces supérieures  et  lutte contre un destin imposé . Est-ce ce refus de la fatalité qui lui donne sa dimension héroïque ? En effet, on peut se demander ce qui caractérise le héros tragique et d’où lui vient sa force ou ,au  contraire, sa faiblesse ? Si l’on choisit les héros des pièces de Corneille, on constate qu’ils possèdent tous une force, un éclat, une forme de grandeur dans leurs actions; à l’exception du personnage de   Médée, qui est une meurtrière, Rodrigue dans Le Cid,  ou Auguste dans Cinna sont des modèles de bravoure et de courage; Ils possèdent également une grande force morale. Les héros de Racine paraissent davantage emprisonnés dans leurs passions et cette passion destructrice peut alors apparaître comme une faiblesse. Le tragique provient désormais davantage de la faute de ces héros imparfaits “ni tout à fait bons, ni tout à fait méchants ” comme le dit Racine dans la Préface d’Andromaque. Voyons si la passion peut être considérée comme une faiblesse de l’individu , dans Phèdre et dans La Princesse de Clèves .

La recherche de la faute :  des personnages tous  coupables ? L’amour comme principale faiblesse ?

Lorsqu’on explore la matière tragique, on cherche souvent la faute des personnages afin de comprendre quel sens donner à la punition divine. Thésée, par exemple, est d’emblée qualifié de héros et son fils, admiratif sur ce point  rappelle ses nombreux exploits mais Hippolyte critique ouvertement ses conquêtes qui lui font horreur; Phèdre elle même le dépeint comme  “volage adorateur de mille objets divers ” : ( acte II, scène 5 ) Son fils fera mention de ses nombreuses conquêtes féminines dès le début de la pièce : “sa foi partout offerte , et reçue en cent lieux… trop crédules esprits que sa flamme a trompés. ( I, 1) On peut donc mesurer ici une part de responsabilité de Thésée qui justifie, en partie, les agissements de son épouse délaissée ; De plus, Hippolyte a une très mauvaise opinion de son père : ce qui ne facilitera pas leurs échanges. En étant séducteur, Thésée participe activement au malheur qui va le frapper et qui peut, sous un certain angle, apparaître comme une sorte de punition en rapport avec ses agissements passés. 

Le personnage de Phèdre incarne, à elle seule,  plusieurs facettes de la tragédie: d’une certaine manière, on peut penser que son point faible, c’est sa généalogie, cette famille  semi-divine qui lui  a, pourtant, transmis une hérédité monstrueuse. Petite fille du Soleil , qui a trahi le secret des amours de Mars et de Vénus, elle est également la fille d’une mère condamnée à s’accoupler avec un taureau .  La faute originelle semble incomber à son ancêtre  mais l’héroïne en subit les conséquences. Elle pourrait, de plus, à cause de son ascendance, partager ainsi une forme de fureur , sorte de rage animale, avec son demi-frère . Sa mort à la fin de la pièce rendrait au monde une forme de clarté, de pureté et servirait à effacer ses fautes .  Mais de quoi est-elle coupable au juste ? De se livrer à une passion incestueuse et immorale .  Dans sa préface, Racine précise qu’elle” est engagée, par sa destinée et par la colère des dieux, dans une passion illégitime dont elle a horreur la première;" Et il ajoute qu'elle" fait tous ses efforts pour la surmonter“. Enfin, il admet qu’à ses yeux , “son crime est plutôt une punition des dieux qu’une manifestation de sa volonté “ ; Il va même jusqu'à adapter la tragédie d'Euripide dans laquelle le personnage de Phèdre accusait elle-même Hippolyte ; Ainsi le dramaturge la rend moins coupable mais la rend-t-il plus forte ? Sa volonté est vaincue en permanence par la force de sa passion; néanmoins, elle paraît, au début de la pièce, prête à mourir plutôt que d'avouer son amour odieux.Et elle finit par mourir après avoir révélé la vérité. Sa mort est- elle une forme de défaite ou marque-t elle le caractère inexorable de sa destinée ?

Oenone , dans la tragédie, incarne, elle aussi, une forme d’excès: celui de l’amour maternel passionné. Sa faiblesse : c’est son attachement pour Phèdre qu’elle a élevée et sur laquelle elle veille. Cet amour va la pousser à mentir et elle finira par être rejetée par Phèdre : ce qui causera sa mort; Voilà ce dont l’accuse la reine avant de la chasser : ” Et puisse ton supplice à jamais effrayer/ Ceux qui , comme toi, par de lâches adresses,/ Des princes malheureux nourrissent les faiblesses.”  Oenone est ici accusée d’avoir encouragé Phèdre à commettre une mauvaise action en laissant accuser un innocent  Le mot faiblesse  revient à plusieurs reprises  et désignerait,à la fois une forme de lâcheté morale et le fait de se laisser aller à cette passion criminelle. Oenone est donc accusée d’avoir encouragé la passion de sa maîtresse “les poussent au penchant où leur coeur est enclin ” Phèdre la renvoie en  la traitant de perfide et en l’accusant d’avoir abusé de sa faiblesse extrême .

Racine, par rapport aux versions antiques, a également modifié le personnage d’Hippolyte; Il a voulu en faire un jeune homme fier, qui s’est longtemps méfié du sentiment amoureux avant de rencontrer Aricie. Dans la pièce, Hippolyte est accusé d’avoir voulu abuser de sa belle-mère mais il aurait été repoussé à temps;  Cependant Racine avoue lui avoir donné” quelque faiblesse qui le rendrait un peu coupable aux yeux de son père , sans pourtant rien lui ôter de la grandeur d’âme avec laquelle il épargne l’honneur de Phèdre et se laisse opprimer sans l’accuser”; Voilà ce qu'ajoute Racine dans sa Préface :  ” j’appelle faiblesse la passion qu’il ressent malgré lui pour Aricie, qui est la fille et la soeur des ennemis mortels de son père ” On voit donc que la passion constitue bien , dans ce cas précis, une faiblesse de l’individu , que le dramaturge a choisie d’ajouter au caractère du personnage antique. Aux yeux du jeune homme, l’amour s’apparente donc à une tromperie et peut paraître comme une faiblesse ; Il va s’empresser de fuir Aricie lorsqu’il  se découvre un sentiment pour elle. “Et moi-même , à mon tour, je me verrais lié “ s’exclame – t-il en découvrant qu’il est amoureux

L’individu plus faible que les Dieux : l’homme écrasé par la fatalité

Deux dieux principaux sont à l’oeuvre dans la tragédie : Vénus qui  joue un rôle très important et Neptune , qui est à la fois , le père putatif de Thésée et celui qui va accomplir la vengeance de ce dernier en tuant son fils; En 1934, Cocteau définit ainsi la tragédie au théâtre : “une des plus parfaites machines construites par les dieux infernaux pour l’anéantissement mathématique d’un simple mortel ” On mesure à quel point l’homme paraît une faible créature dans ce contexte d’oppression divine.

Le rôle de l’idéologie janséniste dans la tragédie racinienne est important  : on peut , en effet,  lier le motif de la faiblesse à une lecture janséniste de la pièce ; Racine  aurait souhaité montrer , les tourments du péché. Dieu aurait abandonné le personnage de Phèdre à la perversité de son coeur en punition de ses fautes passées; Le jansénisme peut être défini comme un courant religieux, proche du catholicisme mais qui insiste sur la notion de faute et de péché originel; Selon ses adeptes, l’homme est une créature imparfaite et faible , par nature pécheresse . Le chrétien ne peut obtenir le salut que par la grâce divine et les élus sont très rares . “ vous aimez , dit Oenone à Phèdre/ On ne peut vaincre sa destinée/ Par un charme fatal, vous fûtes entraînée ( IV, 6 ) . En conclusion, la faiblesse du personnage serait un ingrédient essentiel dans la tragédie car elle permettrait aux spectateurs d’éprouver de la pitié pour les héros; Il faut qu’il puisse les plaindre sans trop les détester donc il faut les doter d’une bonté médiocre ou autrement dit , d’une vertu capable de faiblesse et qu’ils tombent dans le malheur par quelque faute. La notion de faute est bien ici une donnée intrinsèquement liée à l’idée de faiblesse.

L’individu confronté aux troubles de la passion : un combat perdu d’avance

Une lecture contemporaine nourrie des découvertes de la psychanalyse peut montrer Phèdre prisonnière d’un désir qui lui fait horreur mais qui s’impose à elle . Son sens moral et son sens du devoir combattent contre la force qui l’attire vers Hippolyte; cette force ne prend en compte ni les interdits de la société ni les liens familiaux ; On dit ainsi que le désir s’affranchit des loi set dse conventions ; Il n’a d’autre objet que la satisfaction d’une pulsion profonde de l’individu, indépendamment de ce qui l’entoure . La société peut juger Phèdre et parler de transgression ou de tabou, le personnage, animé par son désir , semble au-dessus des lois humaines . Impossible à vivre , cet amour interdit porte en germe la mort du personnage incapable de concilier une vie ne société avec une passion interdite et condamnée moralement. A plusieurs reprises , et notamment au premier acte , scène 3,  l’amour s’exprime donc comme une “fureur ”  “un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ” ; A la scène 5 de l’acte II, l’amour est ,cette fois, considéré comme une passion furieuse qu’il faut éradiquer pour purifier le monde ; Phèdre évoque le “feu fatal ” qui coule dans ses veines et les dieux qui s’efforcent de “séduire le coeur d’une faible mortelle” La passion paraît ainsi un instrument d’asservissement de l’individu : ce dernier , soumis tragiquement à cette force anihilante, peut tenter de la combattre mais il part perdant , vaincu d’avance, pourrait-on dire , du moins au sein de l’univers tragique; Il n’en va pas de même dans le roman précieux ou moral de la même époque ; l’être aimé prend les apparences d’un ennemi qu’il faut combattre de toutes ses forces alors qu’on l’idolâtre comme le rappelle Phèdre , à propos d’Hippolyte. La tragédie s’impose comme un tableau des dangers de la passion . Racine le fait dire à Oenone dans le quatrième acte , scène 6 : ” L’amour n’a t-il encore triomphé que de vous ? La faiblesse aux humains n’est que trop naturelle / Mortelle, subissez le sort d’une mortelle. ” Elle semble montrer ici que toute résistance est inutile pour Phèdre, condamnée.

Un combat réussi contre la passion : le cas de La Princesse de Clèves

Contrairement à Phèdre qui n’échappe pas à sa tragique destinée, l’héroïne inventée par Madame de La Fayette démontre qu’il est possible de vaincre sa passion. Si l’amour y demeure un combat violent et une force contre laquelle il est difficile de lutter , l’individu, en se raisonnant , peut lui échapper . La Princesse fuit la présence du Duc de Nemours et si les réactions de son corps trahissent parfois son violent émoi, elle reste fidèle à des principes moraux légués par sa mère ; Dans son cas, son patrimoine familial est un atout pour résister à la passion et la crainte des conséquences l’emportera sur son désir. L’amour est présenté non pas comme un simple sentiment mais plutôt comme un mal physique et il est fréquent depuis l’Antiquité qu’on utilise la peinture des passions comme une menace pour les liens de la famille, de la société ; En somme pour tout ce qui peut figurer l’ordre ; En semant le désordre au sein de l’individu, la passion sème également le désordre dans leur entourage et c’est une des raisons pour laquelle elle doit être vaincue . La victoire de l’ordre signe ainsi la défaite de l’individu qui ne peut donner libre cours à ses sentiments personnels; Madame de Clèves demeure fidèle à son époux , à son mariage, à sa vertu  et à ses devoirs familiaux mais, pour maintenir cet ordre, elle renonce à son épanouissement personnel; L’individu s’efface au profit de la société à laquelle il appartient . La Morale et la vertu triomphent de concert. Le roman accompagne ici une forme de moralisation de la société en adaptant ce thème du danger des passions . Cette héroïne force l’admiration car elle ne succombe pas à sa passion .

 

 

12. janvier 2020 · Commentaires fermés sur Plaire et instruire : quel équilibre dans les Fables ? · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première · Tags: ,

Les fables représentent  une alliance entre le désir de plaire aux lecteurs et la volonté de leur inculquer un  véritable enseignement moral . A travers des situations qui posent problème ,  des dialogues animés et argumentés  ,des  récits pittoresques et parfois merveilleux , des personnages humains ou animaux   et  bien sûr des morales, comment  l’auteur parvient-il à articuler ces deux exigences qui peuvent parfois sembler complémentaires ou antagonistes ; En effet, peut-on réellement apprendre  quelque chose de la vie par le biais  de fictions qui présentent des animaux qui parlent ou des lutins chargés d’ exaucer les souhaits de leurs maîtres ? Comment concilier plaisirs de la fiction et goût pour la vérité ?

 

Voici un plan détaillé à partir duquel vous pourrez fabriquer une fiche sur ce sujet de dissertation : complétez ces plans avec des exemples tirés des fables et apprenez ces citations par coeur

I : Comment plaire aux lecteurs ?

1 En fabriquant des histoires drôles , des anecdotes amusantes , des récits variés

2. En utilisant souvent des animaux et leurs ressemblances avec les humains pour dresser un portrait satirique de la société

3 En adoptant un ton humoristique, un regard amusé et en jouant avec les mots; la satire apparaît ainsi comme un moyen utile pour combiner les deux dimensions car la satire permet de développer une critique ( donc une réflexion morale ) en divertissant le lecteur grâce aux exemples ou au ton employé .

II Comment instruire des lecteurs ?

1. En fabriquant des morales

La plupart des fables comportent des morales explicites: séparées du récit, souvent placées à la fin de l’histoire, elles apportent un éclairage moral à l’anecdote narrée ; elles contiennent des conseils, des recommandations, et parfois des mises en garde facilement identifiables . elles sont porteuses de bon sens et s’apparentent à des vérités générales; elles ressemblent à des dictons, émanations de la sagesse populaire transmise de générations en générations

2. En condamnant certains comportements : satire nette et répétée des courtisas, des colères du Roi, de l’égoïsme de certains religieux , des incessantes querelles entre les Grands: c’est à ce titre qu’on peut dire que Les Fables sont un miroir de la Société dans la mesure où la variété des situations reflète la diversité de la Vie ( ou III )

3. En montrant les valeurs morales à défendre et à transmettre comme le Respect de l’Autre et de la parole donnée , l’humilité et la condamnation de l’Orgueil des Puissants , l’amitié, parfois sous forme de question posée aux lecteurs

III L’importance de la satire

1 satire des défauts des hommes ( plan individuel ) : dénoncer les vices = but des moralistes

2. satire des défauts de la société : montrer les dysfonctionnements et les abus  : la cour un milieu cruel, la loi du plus fort , satire des nobles et de l’orgueil dse Grands

La Fontaine s’efforce, en fait, de respecter un équilibre entre la dimension plaisante de ces récits et leur valeur didactique : il importera, pour chaque fable, de poser la question de cet équilibre . “le conte fait passer le précepte avec lui

Qu’apprend-t-on  au juste dans Les deux amis ? La fable passe en examen un cas moral et philosophique de manière légère, à travers une anecdote amusante

Comment plaire tout en instruisant ? en combinant , pour chaque fable , un récit amusant et un enseignement sérieux.

 Attention : L’absence de morale claire ne signifie pas l’absence de leçon mais la difficulté de l’identifier clairement

  • soit parce que c’est l’Histoire elle-même qui sert de morale et donc d’enseignement
  • soit parce que la leçon retenue est problématique , à double sens, ou contraire, en apparence aux valeurs morales communément admises

En conclusion, dans le Pouvoir des Fables, La Fontaine rappelle qu’il est, de son point de vue, non seulement possible d’enseigner en utilisant des contes mais que seules ces histoires “pour enfants ” parviennent à retenir l’attention du public;  l’apologue réussit  à susciter l’attention de l’assemblée là où le sermon , le discours sérieux avait échoué: le public  devient ainsi prêt à entendre ce que veut dire l’orateur mais ce dernier reprend sa mise en garde initiale et ne continue pas son conte : ce qui pourrait signifier que la fable n’est que l’enrobage, le moyen de délivrer une mise en garde très sérieuse; Cette idée d’habillement de la vérité comme fonction principale de la fable sera développée par Florian au siècle suivant, notamment dans sa Fable : La fable et la vérité.

12. janvier 2020 · Commentaires fermés sur Diversité des morales : réfléchir sur les relations entre la morale et l’oeuvre littéraire · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première · Tags: ,

 Un livre n’a pas pour principal objectif d’être lu comme un traité de morale mais la tentation est grande d’y chercher des valeurs morales; C’est pourquoi il importe de bien définir le mot morale dans son usage appliqué à l’oeuvre littéraire .  On peut d’abord distinguer  , un premier plan, l’observation des moeurs : comment un récit montre-t-il  des manières de penser ou d’agir  , par l’intermédiaire de ses personnages ou parrfois  directement  par des jugements ou des des pensées de l’auteur dans les Essais , par exemple. . Ensuite, on parle de morale prescriptive quand l’oeuvre littéraire contient une forme de jugement , de critique de ce qui est décrit ; cette critique peut être implicite ou explicite  ; C’est le cas par exemple lorsqu’un narrateur commente les actions d’un personnage ou ses manières de faire . Enfin, on peut également penser  qu’une oeuvre se fait l’écho de valeurs morales dans le choix des thèmes abordés et la construction des personnages ainsi que  par son appartenance à un genre littéraire . ( roman, apologue, fable, tragédie, poésie ) Très souvent il s’agit de déterminer quelles valeurs morales sont diffusées par une oeuvre ?  Il faut alors différencier les idées de l’auteur , ce qu’on sait de lui te de se prise de positions publiques et son projet littéraire ; essayons de clarifier ces notions en prenant quelques exemples ..

Par exemple,  lorsque Molière, au dix-septième siècle,  met en scène le destin d’un séducteur ,cela ne signifie pas que l’auteur défend le libertinage mais qu’il en montre plutôt les dangers : Don Juan, son héros, “grand seigneur mais méchant homme ” rend les femmes malheureuses et meurt foudroyé par une punition du Ciel ! C’est à travers le dénouement tragique de la pièce, qu’on peut comprendre la position  morale que défend le dramaturge ; dans cette oeuvre jugée scandaleuse parce qu’elle donne le premier rôle à un séducteur impie , Molière n’approuve pas les agissements de son personnage car il le condamne en le faisant mourir . Montrer le mal ne signifie pas s’en rendre complice mais la pièce a été interdite à cause des positions anti-religieuses du personnage de Don Juan.

 

Quand on pense aux Fables de La Fontaine, on évoque souvent la morale finale  des récits qu’on juge, parfois,  immorale . Mais comment lire au juste les morales des fables? Le récit pourrait-il transmettre une réflexion sans  morale ou serait-il moins aisé d’en déchiffrer l’enseignement ? Faire triompher le mensonge est-il moral ? Non bien sûr ! Mais montrer que les puissants dominent la société et que le mensonge devient la seule arme efficace pour leurs victimes  , c’est écrire en moraliste soucieux de faire réfléchir ses contemporains. Le spectacle de Perrette qui perd en quelques secondes, à cause de son imagination, le produit d’un dur labeur, n’est pas fait pour nous réjouir ni pour nous désoler mais pour illustrer la puissance de l’imagination et peut -être, aussi,  les dangers de perdre de vue la réalité; Toute l’habileté de La Fontaine consiste à ne pas faire entendre  directement sa voix mais il s’arrange pour nous montrer ce qu’il souhaite que nous ne perdions pas de vue . C’est un moraliste qui ne s’appesantit pas sur les défauts des hommes même s’il leur accorde une place importante au sein de son recueil qui se veut quand même didactique ; le choix de la fable comme forme littéraire   et celui de l’humour comme tonalité, rendent les leçons et les prescriptions plus digestes et moins lourdes pour le lecteur.

Madame de La Fayette, durant la même période, adopte une autre position de moraliste : elle dépeint un monde corrompu , gangrené par l’ambition et dans lequel la galanterie, loin d’être simplement un art d’aimer, s’apparente davantage à un art de la tromperie; Ses personnages souffrent tous de passions malheureuses et l’amour , en dehors du mariage, loin d’épanouir les individus, semble les condamner irrémédiablement , à se perdre.

Deux personnages , a priori, paraissent différents : Madame de Chartres qui  a fait le choix d’éduquer elle-même sa fille et de la mettre en garde contre les séductions mais aussi contre les dangers de l’amour , et la princesse, héroïne du roman , qui se livre à un combat intérieur dont sa vertu finit par triompher , au détriment de son bonheur personnel . Que doit -on comprendre des agissements des personnages  de ce roman qui se termine de manière tragique ? Quelles sont leurs valeurs morales  déployées dans le récit et quelles sont celles de l’auteure ? Que nous apprend le destin tragique de l’héroïne ? qu’il faut renoncer à ce que notre coeur nous dicte ou qu’il ne faut pas écouter ce que nous dicte notre coeur car c’est une puissance trompeuse? Est-ce une condamnation de la Cour, de ses faux-semblants , de l’ambition permamente qui semble motiver chaque action . La sincérité des aveux de la Princesse a des conséquences terribles ! Et si chacun se fixait comme objectif d’aimer son mari et d’en être aimé, en irait-il autrement ? Autant de questions morales qui demeurent en suspens dans ce récit écrit par une femme qui paraît savoir ce dont elle parle ; sans doute pour l’avoir, en partie, vécu.

 Toujours à la même époque, un autre écrivain poursuit, à sa manière ,  des ambitions de moraliste , en mettant en scène des spectacles tragiques qui effraient et tentent d’émouvoir les spectateurs. Pour pouvoir évoquer la dimension  morale dans la tragédie de Racine, Phèdre, on doit, là encore, établir une différence entre les agissements des personnages et les pensées du dramaturge . Racine cherche à incarner sur scène  des effets tragiques à travers notamment le choix des caractères : il justifie dans ses nombreuses Préfaces, le choix de  “monstres gentils ” ; Il a besoin que Phèdre se rende coupable mais qu’elle puisse , sur certains points, paraître innocente , ou tout au moins victime d’une fatalité qui la dépasse; En articulant la malédiction divine et  une passion humaine, le poète nous permet de ressentir de la pitié pour cette femme condamnée à l’avance par les Dieux; Nous sommes ainsi d’autant plus sensibles à sa souffrance qui ne semble pas feinte même si l’objet de son amour peut paraître immoral . On peut ,d’ailleurs, se demander si la référence à la fatalité ne constitue pas une sorte d’alibi pour cette amante qui ne peut pas être considérée comme entièrement responsable de son choix . Les souffrances de Phèdre, malheureuse dans son mariage avec Thésée, sont une preuve de la condamnation de la passion mais également une preuve de sa puissance; dans le combat que l’homme doit mener quotidiennement afin de faire triompher la Raison de l’emportement de ses passions, la victoire est lojn d’être assurée, constate Racine . Convaincu de la justesse de certains aspects du jansénisme, Racine ne semble pas se montrer plus confiant que la Fontaine, son ami, dans la capacité de l’Homme à effectuer les bons choix et à prendre les bonnes décisions, Madame de La Fayette est-elle aussi pessimiste ?