09. mai 2019 · Commentaires fermés sur Je vous salue ma France : Aragon tente de redonner de l’espoir à la Résistance · Catégories: Première

Version 1  :  Lorsqu’on envisage la notion d’engagement en poésie , ou plus généralement , en littérature, on fait souvent référence à un engagement politique pour défendre une cause, notamment en cas de conflit.; La poésie de la Résistance est née de la volonté de certains poètes d’utiliser leurs mots comme une arme de résistance mais il fallait le faire de manière allusive afin que les Allemands ne censurent pas les textes ou ne fassent pas emprisonner leurs auteurs . En août-septembre 1943, Aragon, sous le pseudonyme de François la Colère, fait imprimer clandestinement, pour courir moins de risques , Le Musée Grévin. Le poème est ensuite distribué à Paris sous forme de tract. Les six  strophes, des quatrains d’alexandrins aux rimes croisées, sont les dernières du poème. Le poète, imaginant que la guerre est achevée, fait le tableau d’une France victorieuse afin de galvaniser l’esprit de Résistance des Français victimes de l’occupation .  Comment dépeint-il la France ? Nous étudierons d’abord les images de la Guerre et des souffrances endurées  avant de montrer la France victorieuse et l’hommage que lui rend le poète . 

 

 Version 2  : Contrairement à Benjamin Perret  et à d’autres auteurs , qui refusent par principe toutes poésies de circonstances, Aragon fait partie de ces poètes comme Desnos ou Eluard  , qui choisissent de s’engager dans leur poème. Ainsi, dans «  Le Musée Grévin  », paru clandestinement pendant la seconde  guerre mondiale alors qu ‘une partie de la France était occupée par les Allemands , Aragon exprime son patriotisme et sa foi dans l’avenir. Dans une partie de ce long poème de facture traditionnelle, composé de six  quatrains d’alexandrins aux rimes croisées, il imagine le pays libéré des ombres de son passé et il fait un portrait de la France qu’il aime. Nous verrons comment l’Histoire vient s’inscrire dans ce texte qui, à bien des égards, ressemble à un hymne ou à une prière. Enfin, en analysant l’éloge qu’il fait de la France, nous tenterons de préciser l’ « idée » que le poète se fait de son pays. 

Les paragraphes ci-dessous permettent de répondre à différentes problématiques: à vous de les organiser en fonction de la question qui vous sera posée …

 I  Images de la France 

Les souffrances de la France 

Dès le  premier vers , les années d’occupation sont rappelées par l’expression “arrachées aux fantômes “ : le verbe arracher connote la violence de cette période et l’image du fantôme évoque , à la fois la peur qu’on pouvait ressentir devant les nazis mais également l’idée qu’ils font maintenant partie du passé et qu’il ne faut plus les redouter. La Guerre prend la forme symbolique d’une tempête avec notamment les images du Déluge au dernier vers, déluge qui rappelle la catastrophe biblique qui a failli détruite l’humanité car seuls quelques hommes , choisis par Dieu, ont été épargnés et ont pu sortir du navire échoué au sommet du mont Ararat , au bout de 40 jours de pluies diluviennes qui ont recouvert le monde; En utilisant ce mythe de l’Arche de Noé , le poète rappelle l’ampleur de la catastrophe et incite les hommes à la combattre. Au vers 9 , on trouve l’image de l’accalmie avec les vents qui représentent les assauts violents des ennemis . L’avant dernière strophe fait des allusions plus précise à l’Occupation avec l’image de Paris et des exécutions des résidants : “Paris, mon coeur , trois ans vainement fusillé ” : avec la périphrase en incite, mon coeur, Aragon montre son attachement à sa ville qu’il a été contraint d’abandonner justement en 1943 par peur d’être arrêté comme le fut son ami Robert Desnos qui était demeuré dans la Capitale et que la gestapo est venue chercher chez lui pour le déporter à Auchwitz et qui décéda, fortement affaibli, peu après la libération des camps de concentration. 

Une France victorieuse 

 Pour faire échec à ce désastre, Le poète imagine alors un Pays victorieux qui se reconstruit alors que la réalité historique est très sombre parce que les alliés commencent à peine à obtenir quelques victoires militaires . C’est ce que les historiens nommeront le tournant de la guerre. La France dont rêve  le poète est une France en paix et un pays qui  chante : on peut ici penser à la fois aux chants de victoire qui retentiront à la libération et qui sont des témoignages de joie mais également aux hymnes que les combattants entonnent pour se donner du courage avant la grande  bataille ou simplement dans les moments difficiles . Et cette France , le poète en fait l’éloge : il vante le soleil de sa diversité , au vers 16 : peut être une allusion aux populations française des colonies ou aux divergences d’opinions des français entrés en résistance qui réussiront à surmonter leurs clivages politiques pour faire cause commune contre l’ennemi; cette union sacrée de la résistance est rappelée par le drapeau arc-en ciel, qui rappelle les écharpes des maires et les couleurs du drapeau français ; Cette France est personnifiée mai ile poète n’oublie pas de saleur le courage de ses habitants : “ma France où le peuple est habile / à ces travaux qui font les jours émerveillés ” . Il s’agit ici d’évoquer les beautés du patrimoine mais également les exploits de la Résistance qui à son échelle, accomplit chaque jour des miracles en cachant des juifs, en donnant de faux papiers à ceux qui ont en besoin, en s’affublant de fausses identités ou en vivant clandestinement . 

II Hommage à la France 

Un hommage à une  France éternelle 

L’anaphore “je vous salue ma France ” peut se lire à la fois comme un hommage appuyé au courage d’un pays mais également comme une sorte de prière , d’hymne qui rappelle l’invocation du “je vous salue Marie “chrétien . Saluer, au sens étymologique, c’est avant tout  s’incliner devant celui qu’on respecte et lui rendre hommage. Le ô lyrique du vers 2 et les formules exclamatives accompagner ce témoignage de dévotion et la France d’Aragon, est une France éternelle, victorieuse d’autres combats ; En effet, la mention au vers 3, d’anciennes batailles: Orléans, Beaugency, Vendôme remportées par les Français contre les Anglais  : en effet, durant la guerre de cent ans, Jean d’Arc réussit à sauver Orléans ; Vendôme fut le théâtre de violents affrontements entre le roi de France et Richard coeur de Lion et ensuite entre armée anglaise et armée française commandée par Charles VII  ; et Beaugency marque une éclatante victoire militaire de Jeanne d’Arc. Le poème d’Aragon prend ainsi  des allures de ballade médiévale avec son refrain, les références historiques et le souvenir de la chanson du troubadour Charles d’ Orléans qui s’intitule en regardant le doux pays de France et qui évoque le bonheur de la paix retrouvée et l’amour du prince-poète pour son pays. Cette France de toujours c’est celle qui a déjà réussi à triompher des périls du passé ; En rappelant l’histoire de France; Aragon présente une image d’une France  “heureuse et forte ” ; 

Un vibrant éloge 

L’hommage est appuyé par des procédés rhétoriques comme l’anaphore , le ô lyrique, l’utilisations d’ images, la musicalité des nombreuses allitérations et assonances  comme aux vers 2 “vaisseau sauvé des eaux ” ou au vers 24 en “d’au-delà le déluge salut ” ; on notera aussi l’utilisation du chiasme au vers 6 “jamais trop mon tourment, mon amour jamais trop ” qui oppose en les rapprochant, amour et tourment c’est à dire la peine du poète lorsqu’il pense aux malheurs de sa patrie. Tourment est ici employé au sens originel de ce qui peut causer la mort de quelqu’un, ce qui le fait souffrir profondément physiquement et moralement . Les sentiments du poète te le lien qui l’unit à son pays apparait à travers  les images choisies. Tout d’abord ces cloches de la victoire qui sont associées à l’angélus des oiseaux peuvent faire penser à une sorte de musique céleste et on peut les associer au paradoxal “silence des harpes ” que la Liberté fait frémir ; C’est à dire que la Liberté retrouvée va permettre d’entendre à nouveau la musique divine de ces instruments à corde comme si elle apportait le souffle capable de les faire vibrer .Le verbe frémir est utilisé ici au sens de début d’un mouvement comme une eau qui commence à frémir sou l’effet de la chaleur, les harpes commencent à bouger et ce sera le Paradis retrouvé Ainsi la poésie elle même est , par sa musique, une ode à la France et à la liberté. 

III Poème engagé 

Un poème engagé : une poésie de circonstances 

Poème de circonstances écrit à faveur du départ d’Aragon de Paris pour se réfugier en zone libre , le Musée Grévin exalte le patriotisme de son auteur mais , à la différence de son poème, j’écris dans un pays dévasté par la peste , Aragon se montre beaucoup plus allusif et ne cite aucun nom précis ; En fait il s’intéresse surtout au futur de la France et occulte volontairement les souffrances du passé pour se consacrer à la peinture d’un avenir radieux. En ces temps troublés,  en effet, les français ont surtout besoin  d’avoir confiance en l’avenir et de croire qu’une victoire est encore possible . Donc l’occupation est suggérée à travers les fantômes et les oiseaux symbolisent des messages d’espoir . Le poète est lui-même un messager porteur de bonnes nouvelles  comm eues sort d’hirondelle. Les yeux de tourterelle de la France en font une femme triste et les passereaux dans le ciel peuvent faire référence à tous ceux qui sont partis ou ont du quitter la France  : soldats, prisonniers, déportés , déplacés , exilés volontaires ; Quant à l’oiseau du large, au vers 12, qui désigne-t-il au juste ? On peut penser au message poétique, à une sorte d’esprit francophone comme un souffle sacré ou éventuellement à l’action du général De Gaulle et des forces française libres passées en Angleterre juste après l’appel du 18 juin 1940. La colombe et l’aigle représentent tous deux deux facettes de la France : celle qui lutte pour la paix car la colombe est le symbole de lapais mai c’est également l’oiseau qui annonce que les hommes sont sauvés car elle aperçoit la terre après le Déluge ; l’aigle est un oiseau de combat qui est certes l’emblème de l’armée allemande mais aussi celui des légions romaines et napoléoniennes. Donc on peut plutôt aux deux facettes de la France : l’audace pour les résistants et le chant pour donner des forces à ceux qui ont peur .

Un lien patriotique très fort 

Tout au long du poème Aragon chante son amour pour la France et cet amour prend différentes formes ; D’abord il personnifie le Pays sou else traits d’une femme aimée avec le possessif “Ma farce ” qui affirme leur proximité et le vouvoiement qui traduit une forme de respect . Le poète compare son pays à  un amour et avoue son très grand attachement avec des adverbes comme toujours et jamais qui confèrent un caractère absolu au sentiment amoureux ” mon amour jamais trop ”  au vers 6  et “mon coeur ” pour traduire son affection pour Paris, sa ville . Au vers 7 “Ma France mon ancienne et nouvelle querelle ” , Aragon tente justement de dépasser le cadre d’un simple poème de circonstances en indiquant le caractère éternel de son amour pour un pays dont il rappelle justement les origines avec les allusions aux événements historiques du passé  médiéval; Ce n'(est pas seulement à la France de 1943 qu’in pense mais à la France de Charles X le prince poète et soldat ; Il célèbre également la mémoire et le souvenir de tous les héros mort pour la patrie avec cette image du  “sol semé de héros ” comme si chaque homme tué devenait une graine qui donne de la force à la terre elle-même pour résister à de nouveaux assauts .

 Conclusion :  Ecrit à l’origine pour redonner de l’espoir à toutes les familles dont l’un des membres a été déporté, les premières strophes du poème font allusion au retour des prisonniers dans leur pays et à la joie  des retrouvailles avec leur famille . Sur la même lignée utopique, le poète imagine alors une France radieuse, belle et libre , débarrassée de ses envahisseurs et prête à célébrer une éclatante victoire . Cette création imaginaire contraste avec les tonalités pathétiques des poèmes d’occupation dans lesquels les poètes chantent leur colère , leurs douleurs et invitent au combat et à la résistance contre l’oppression ; Aragon a trouvé ici une manière originale , en puisant dans la tradition de la balade médiévale, de regonfler le moral des Français . On peut alors se demander , en temps de guerre , quelle est l’arme la plus efficace pour chanter son amour pour son pays et le faire partager ?

14. avril 2019 · Commentaires fermés sur Comment renouveler le langage amoureux en poésie ? André Breton célèbre la femme .. · Catégories: Seconde · Tags:

La poésie amoureuse , à toutes les époques, rend hommage à la beauté de l’être aimé et tente de définir le sentiment amoureux , sous toutes ses formes . Dès l’Antiquité, nombreux sont les poètes qui font l’éloge de la  femme en la divinisant , en lui attribuant des caractères surnaturels : Baudelaire reprendra ce topos avec la femme Statue, rêve de pierre à la beauté inaccessible . Le corps de la femme, ses attraits , et l’attirance qu’on éprouve pour elle, sont des thèmes très fréquents dans le lyrisme amoureux et la technique du blason notamment, sert  de base à la plupart des portraits élogieux. André Breton, un auteur qui fait parti edu courant surréaliste,  compose un poème en vers libre qu’il intitule Union libre  justement pour y célébrer une nouvelle manière d’écrire l’amour . Il reprend la technique du blason  et construit son hommage à partir d’une anaphore  qui donne au poème l’apparence d’une prière amoureuse. Comment le poète renouvelle-t-il les clichés de la poésie amoureuse ?  

L’Union libre de la lecture analytique au commentaire littéraire 

Tout d’abord, André Breton utilise une forme poétique traditionnelle héritée du Moyen-Age : le blason.  Pourtant ,contrairement à la tradition qui consiste à célébrer une seule partie du corps de la femme , André Breton célèbre la totalité des éléments qui composent le corps allant même jusqu’à nommer les plus intimes ; Ainsi ,en plus des parties traditionnellement évoquées comme les yeux , les cils, les seins, la bouche , les hanches : on trouve « ma femme au sexe de glaïeul » ou « ma femme aux aisselles de martre » et « aux fesses de printemps » . Le poète prend ici des libertés par rapport aux conventions poétiques en utilisant des termes qui soit désignent des parties intimes liées à la sexualité comme fesse ou sexe ; soit des parties du corps considérées comme moins nobles ou peu attrayantes comme les aisselles ou les mollets de moelle de sureau . Le poète suit également un ordre original : il débute par la moitié supérieure du corps en descendant des cheveux aux pieds avec un mouvement qui se focalise sur le visage avec la bouche, la langue et les tempes avant de survoler les membres supérieurs et ensuite inférieurs pour revenir , dans une sorte de tour complet aux parties centrales et érotiques comme le ventre , les seins, les fesses et le sexe ; Le poème  se boucle sur le  regard de la femme aimée dans une sorte de zoom final . Le regard de la femme aimée contient le monde entier et tout l’univers y semble enfermé . C’est un cliché de la poésie amoureuse.

On notera que chaque élément du corps est l’objet de différentes séries d’associations qui peuvent paraître étonnantes ou inédites ; 

Le poète sollicite, en effet nos sens et provoque des synesthésies amusantes ou parfois énigmatiques : ainsi l’odorat est souvent sollicité avec les « doigts de foin coupé »  au vers 19, qui évoquent l’odeur de l’herbe sèche et qui s’associent à « la chevelure de feu de bois »  du vers initial ; On pense, à la fois, à la couleur rousse et à l’odeur du feu ; le thème du feu est associé à un mot abstrait au vers suivant « pensées d’éclair dechaleur » ; éclair et chaleur rappellent tous les deux un autre aspect du feu qui reviendra au vers 21 avec la mention de la nuit de la Saint-Jean où l’on allume de grands feux ; on retrouve aussi ce champ lexical avec l’évocation de la fusée au vers 25 ; Breton joue ici avec la polysémie du mot fusée qui rappelle par son sens la forme des jambes bien dessinées avec l’adjectif fuselé ainsi que la mise à feu et le f de fusée crée un réseau sonore avec le f de femme, de feu , de griffe , fuit ; ici les mots sont associés phonétiquement grâce aux allitérationsmême s’ils désignent des parties différentes de l’univers . 

L’évocation du feu se prolonge avec les allumettes qui dépeignent la finesse des poignets au vers 17 et le feu de bois du premier vers qui a allumé, en quelque sorte, la flamme amoureuse , se transforme à l’avant dernier vers en « yeux de bois toujours sous la hache » Sous un désordre apparent, le poète construit en réalité un véritable univers traversé par des lignes de force qui tissent des métaphores filées .

Le portrait du corps de la femme dessine un monde et tous les composants de l’univers s’y retrouvent étrangement mélangés : le dernier vers mentionne d‘ailleurs explicitement les quatre éléments du cosmos : eau, air, terre et feu .

Le thème de l’eau, par exemple , apparaît sous différentes formes : certains animaux sont clairement aquatiques comme la loutre associée à la taille de la femme au vers 4 ou le dauphin au vers 16 ; le poète évoque également les liquides qui proviennent de phénomènes naturels comme la condensation avec la buéeaux vitres au vers 14 et la rosée au vers 36 ; le champagne , boisson pétillante est rapprochée des épaules de la femme au vers 15 mais on trouve également un torrent au vers 32 qui suggère avec le mot lit , lui aussi polysémique, une étreinte amoureuse ; de plus Breton mélange les éléments de cet univers étrange avec une« taupinière marine »  au vers 34 pour suggérer le renflement des seins que figure l’animal qui creuse son terrier mais cet abri devient sous-marin ce qui heurte la logique et rend cette dimension fantastique . L’eau est présente également sous la forme des larmes , du sexe d’algue,au vers 53 , de la chute d’un verre dans lequel on vient de boire au vers 43 et enfin par l’image de la femme aux yeux d’eau pour boire en prison ; On peut ici comprendre que la femme aimée , par son regard , apporte une forme d’apaisement au poète ou au contraire que l’amour est une sorte de prison douce . André Breton renouvelle ainsi la vision de l’amour par le biais de ces associations inattendues .

Odorat et toucher sont associés également à plusieurs  reprises comme lorsque le poète évoque la « craie mouillée »au vers 42 ou la langue d’ambre et de verre frottés » qui suggère un contact désagréable et précieux en même temps et qui associe goût et toucher ;

La célébration de la femme est totale, la description semble former le mouvement du regard qui descend, remonte et se concentre sur un point, les yeux .Le portrait du corps de la femme dessine donc un monde et tous les composants de l’univers s’y retrouvent étrangement mélangés : le dernier vers mentionne d‘ailleurs explicitement les quatre éléments du cosmos : eau, air, terre et feu

Lpoète semble ici inventer un nouveau langage amoureux et le poème est aussi construit sous forme litanique à partir d’une anaphore « ma femme » et de nombreux parallélismes  de construction. Il ressemble ainsi à une prière amoureuse . La litanie est une prière au moyen de laquelle on implore une divinité  . Le poète construit la célébration de la femme aimée à la manière d’un hymne musical en jouant sur les ressources sonores des mots comme les nombreuses allitérations tout au long du poème ainsi que les paronomasescomme au vers 27 : « mollets de moëlle » ou « écume et écluse » au vers 23 ou encore « rose et rosée » au vers 36 ; Les variations de rythmes et la variété des compléments qui accompagnent l’anaphore de « ma femme » contribuent à cet effet lancinant et à sa musicalité.

Sonorités et matières se rejoignent pour donner de la femme une image associée à quelque chose de précieux et de fragile à la fois, d’essentiel et de vital : , la délicatesse de l’écriture d’un enfant ou encore la finesse de sa taille ou de ses poignets sont la métonymie de sa faiblesse ; Mais elle est également précieuse pour le poète ainsi qu’en  témoigne la présence des pierres précieuses comme l’ambre, et l’or au vers 31 ou l’argent au vers 40 ou le rubis au vers 35 ; La femme est aussi associée aux matières naturelles , aux matières premières qu’on trouve dans la Nature : végétale avec le foin, les fênes au vers 20 , le sureau au vers 27 , l’orge au vers 30 , mais aussi la pierre et le minéral avec le grès , l’ardoise et l’amiante . Elle est la Nature à elle seule , à la fois, Plante et Pierre, Ciel et Terre, Mer et Lumière : elle opère la synthèse des contraires en un tout harmonieux et sa beauté provient de l’étrangeté du mélange obtenu par l’union des contraires : ce qui correspond parfaitement aux objectifs créatifs du courant surréaliste .

On peut penser aussi que certains aspects de la vision de l’amour que forme ici Breton s’inspirent de l’amour courtois qui date du Moyen-Age : les troubadours y célébraient la beauté de la femme aimée dont ils faisaient l’éloge et se plaignaient également de sa dureté ; peut être retrouve-t-on cette idée renouvelée à travers l’insensibilité de la balance au vers 47 ou à cette nuque de pierre au vers 42.

Le thème de la souffrance amoureuse , en effet, apparaît à plusieurs reprises et il est difficile de savoir si le poète souffre des rigueurs de cette femme ou s’il fait allusion à la souffrance souvent liée à la force du désir ; plusieurs aspects peuvent, en effet, paraître menaçants dans cette peinture de l’amour ; La femme ainsi a la taille « entre les dents d’un tigre » au vers 4 ; on y lit la finesse de cette partie du corps mais aussi une morsure désagréable ; cette idée de morsure et de blessure , on la retrouve au vers 8 avec la langue poignardée et on mentionne également les «  dents d’empreintes de souris » au vers 6 ; On note ici le caractère surréaliste de cette association où le mot empreinte est complément du nom souris ; l’adjectif « coupé » au vers 19 peut également réactiver cette idée de blessure qui se prolonge au vers 38 avec la griffe géante, le verre brisé et enfin l’aiguille du vers 56 directement associée aux yeux plein de larmes ; L’apparition de la hache , image saisissante qui connote la violence au vers 59 vient clore ce champ lexical de la souffrance liée sans doute à la peur de la blessure  ; Est-ce tout simplement une nouvelle manière de faire allusion aux tourments amoureux ou à la crainte de la rupture qui fait figure de déchirure ? On peut également y deviner une forme de violence dans les relations amoureuse et l’acte sexuel empreint ici de sensualité ; cette idée de sauvagerie du désir est liée également à la présence du tigre et de la savane dans les yeux de la femme au vers 57. L’amour garde cette part de mystère et de danger auquel il est associé dans la littérature de toutes les époques. En conclusion, les images de la femme et de la poésie amoureuse fabriquées par André Breton dans l’Union libre sont originales et novatrices. Dans un premier temps, elles contribuent à érotiser le corps féminin. En effet, en dehors des six derniers vers consacrés aux yeux, les éléments les plus évoqués sont : la langue, les seins, les hanches, le sexe  , les aisselles, le dos et les fesses . Le poète se livre , sans tabou et sans pudeur à une célébration de l’amour sensuel . Le poème  surréaliste devient une forme de rébellion contre les conventions de l’époque, et  un véritable cantique à la sensualité de la femme. Ainsi par la beauté de son anatomie, la femme devient la principale source d’inspiration pour André Breton et également  pour les autres surréalistes. L’étreinte amoureuse suggérée à travers l’ensemble du poème rend la femme  à la fois vulnérable et extrêmement séduisante grâce au contraste entre les images . Les images célèbrent également le lien entre la femme et le monde. 

Breton célèbre de façon originale la femme avec une nouvelle forme de blason. Les métaphores  étranges, déroutantes dont le lecteur ne comprend pas toujours le sens, illustrent parfaitement la beauté du rapprochement entre des images différentes, opposées que les surréalistes revendiquent. 

 

  • qui est l’auteur de ce poème ?à quel courant littéraire appartient -il ?

  • quel est le titre du recueil ? Quel est le titre du poème ?

  • Quelle est la forme du poème (type de vers , rimes ) ? 

  • qu’est-ce qu’un blason ? qu’est-ce qu’une anaphore ? qu’est-ce qu’une image ? qu’est-ce qu’une litanie ?qu’est-ce qu’un hymne ? 

 

Rédiger une introduction : 

D’abord publié anonymement puis associé au recueil  Clair de terre, un titre oxymorique, qui paraît en 1923, ce poème sera finalement réédité en 1931.   André Breton traverse à cette époque des moments d’incertitudes artistiques  et amoureuses. Considéré comme le fondateur du mouvement  surréaliste , il a théorisé, en 1924, dans un manifeste, les principes de ce courant littéraire que nous retrouvons dans cette création : goût pour les images frappantes et les associations libres, étonnantes , inattendues  . Dans ce poème aux vers  libres , il exprime la force de son amour pour une femme mystérieuse en utilisant notamment la technique du blason  . Construit comme une sorte d’hommage à la beauté et à la sensualité , cette poésie , par sa structure syntaxique répétitive  s’apparente à un hymne ou à une  prière amoureuse . La femme y est célébrée telle une déesse et tout l’ univers semble se refléter en elle . Comment le poète célèbre-t-il l’amour pour la femme ? 

Compléter un plan détaillé  

I . L’éloge de la femme avec le blason amoureux 

1. Un ordre original 

2. Des associations étranges : synesthésies et allitérations

3. La femme recompose le monde et réunit les contraires : tout l’univers se reflète en elle 

a) le feu 

b) l’eau

II  Une prière amoureuse

1. Un nouveau langage amoureux 

2. Femme précieuse  et fragile

3 Les souffrances de l’amour : la blessure amoureuse  

13. avril 2019 · Commentaires fermés sur Visages du Spleen baudelairien · Catégories: Seconde
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Charles Baudelaire est un poète qui se situe au carrefour de trois courants littéraires importants : le romantisme qui valorise l’expression personnelle des sentiments, appelée également lyrisme personnel ; le Parnasse qui accorde beaucoup d’importance au travail de construction formelle (esthétique formaliste) et qui refuse à la fois l’engament et l’expression des sentiments personnels ; et enfin, le Symbolisme qui tente de faire comprendre et découvrir le sens caché des chose par l’intermédiaire de symboles qui révèle la Vérité cachée sous les apparences . 

Dans son poème intitulé Spleen, Baudelaire peint un paysage mental oppressant caractérisé par un ciel bas et lourd, une sensation d’enfermement provoquée par les nombreuses références à l’emprisonnement : on trouve ,en effet, le champ lexical de la prison mais également des notations plus originales à une sort d’étau spirituel décrit selon l’image  d’une toile d’araignée géante dans le cerveau du poète. Le Spleen prend donc la forme d’une tristesse vague , associée à des sensations désagréables  qui peuvent devenir douloureuses.

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Le poète utilise des animaux nocturnes peu appréciés comme la chauve souris et les araignées et il introduit ces créatures de la nuit au sein d’un paysage angoissant,  sombre et peuplé de cris effrayants;  Les jours y sont noirs comme la nuit, l’homme s’y sent prisonnier  et souffre sous les assauts des cloches furieuses métamorphosées en esprit démoniaques ; ce paysage cauchemardesque est un paysage état d’âme: il traduit les sentiments du poète et rend ainsi concret, palpable , sa détresse morale. apparaître 

Dans d’autres poèmes des Fleurs du Mal, le Spleen peut prendre la forme d’une angoisse mortelle face au Temps qui passe; Ainsi dans l’horloge, l’homme se sent  la cible d’un dieu cruel , prêt à le dévorer et à lui arracher le coeur ; dans L’Ennemi, le poète montre ,sous un jour nouveau, ce combat perdu d’avance entre l’homme et le Temps; le Spleen se nourrit ainsi des pensées morbides du poète, des regret de sa jeunesse envolée et Baudelaire déplore, comme de nombreux artistes avant lui, la fuite  inexorable du temps.

Le Spleen peut également revêtir la forme d’un amour malheureux ou déçu comme dans La mort des amants par exemple .  Il  prend des allures de mélancolie mais avec une forme aiguë et le poète le décline 

Paysage triste, cauchemar, promenade sentimentale, images de mort imminente : le Spleen de Baudelaire imprègne ses créations poétiques . Il peut aussi apparaître comme une sorte de plongée dans des ténèbres,  une chute vertigineuse vers des gouffres amers  et le poète se sent toucher le fond.

 Voici les définitions proposées par Wikipedia 

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Le spleen exprime un état d’asthénie morale qu’expliquent :

  • l’angoisse du temps qui passe,
  • la solitude,
  • la nostalgie,
  • le sentiment d’impuissance,
  • la culpabilité,
  • l’ennui.

Il traduit un profond mal de vivre, qui peut toucher au désespoir. 

Clique ici pour relire le poème ….Spleen : Quand le ciel bas et lourd pèse comme un … – Poésie française

13. avril 2019 · Commentaires fermés sur Les yeux d’Elsa : un paysage au fond des yeux de la femme aimée · Catégories: Seconde
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Louis Aragon  est un poète surréaliste français qui  fait paraître au cours de  la seconde guerre mondiale, durant les année d’occupation, un recueil poétique intitulé “Les yeux d’Elsa” ; les poèmes amoureux sont, pour la plupart ,  dédiés à sa muse, la femme qu’il aime et qui lui donne son inspiration  : la poète et écrivaine Elsa Triolet . Aragon décrit tout au long des dix quatrains d’alexandrins aux rimes embrassées, le paysage  qui se dessine pour lui à travers les yeux de cette femme . Pour comprendre de quel paysage symbolique il est question, nous montrerons dans un premier temps qu’il s’agit d’un paysage changeant avant de révéler que la femme c’est aussi la France et qu’on peut lire véritablement ce poème comme un texte engagé. 

 

Voilà maintenant  un exemple de paragraphe argumenté rédigé 

 Je vais rédiger dans la Partie I la sous partie 1. 

CQFD : Je démontre que la paysage qui apparaît à travers les yeux d’Elsa , la femme aimée, est un paysage changeant 

Le paysage qui apparait à travers les yeux d’Elsa est d’abord un paysage contrasté : il se modifie comme le fait un paysage au gré des saisons ; il reflète les soleils dont il semble absorber la lumière par un effet de miroir (au vers 2) et il est possible de s’y perdre tant il est profond (au vers 4) ; c’est donc un paysage qui s’anime au gré des humeurs de la femme ; tantôt triste lorsque’ une larme y luit (au vers 10 ) , il est ensuite comparé à un beau ciel bleu , à l’azur au vers 9; le ciel et l’océan semblent se confondre pour lui donner des caractéristiques variables; tantôt calme et ensoleillé, lumineux, il devient agité comme un océan troublé . Ces changements sont liés aux état d ‘âme de la femme aimée et pour en rebord compte, Aragon utilise  le symbolisme des éléments naturels qui définissent les  saisons .

Ainsi , le ciel d’après la pluie devient l’élément d’une comparaison avec le bleu des yeux et l’arc en ciel qui accompagne le retour du soleil apparaît sous la forme du “prisme des couleurs” au vers 14. Les  nombreuse références à la pluie laissent penser qu’un malheur s’est abattu sur le paysage : “on dirait que l’averse ouvre des fleurs sauvages” 

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Voilà maintenant  une autre approche du texte qui ressemble davantage à la préparation du commentaire littéraire : il s’agit de repérer certains procédés d’écriture afin de les mettre en relation avec des interprétations . C’est une étape préliminaire à celle de la rédaction du commentaire .

D’abord je repère un procédé d’écriture  : les yeux d’Elsa sont décrits par des métaphores, qui se rapportent à deux éléments :

  1. la couleur 
  •   Le bleu de ses yeux : 
  • – le lac (première strophe) 
  • – le ciel (strophe 2) 
  • – le verre (“le verre n’est jamais si bleu qu’à sa brisure”) 
  • – la lavande (strophe 8)
  • Le bleu fait aussi référence à l’azur (strophe 3), qui symbolise l’idéal inaccessible. En effet, l’azur est la couleur de la mer et du ciel, or il est insaisissable, car lorsqu’on prend Un peu d’eau ou un peu d’air, la couleur n’est pas la même. Ce thème a été très utilisé par les symbolistes, au XVIIIè siècle.

    2. la brillance 

  • – les étoiles, fixes (“des millions d’astres”) ou filantes (strophe 8) 
  • – le radium, qui est un métal blanc brillant radioactif, découvert par Marie Curie en 1898, ce mot vient du latin et signifie “rayon” (la pechblende est l’oxyde d’uranium). 
  • – les pays associés aux richesses (“Pérou… Golconde… Indes”) Golconde est une ville en Inde détruite en 1687, et qui renfermait un fabuleux trésor selon la légende. – le phare (“briller au-dessus de la mer”)
  • Notez bien : Je remarque que  les métaphores portant sur le bleu se situent en majorité dans la première partie, tandis que celles portant sur la brillance se trouvent dans la deuxième.
  • La transition s’effectue par ce vers : 
  • “L’iris troué de noir plus bleu d’être endeuillé” 
  • Le noir appelle le deuil, c’est-à-dire la souffrance de l’occupation. Celle-ci est compensée par la brillance des yeux : c’est l’étoile qui guide.
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 Construire un commentaire littéraire, c’est se montrer attentif aux références présentes dans le textes  Une autre approche possible qu’il est souvent utile de mener en parallèle avec le repérage des métaphores : la présence de références à la religion .

  • Les allusions religieuses : 
  • – le paradis perdu par Adam et Eve : “O paradis cent fois retrouvé reperdu” . Comme le poème est codé, Elsa représente la France, et ce vers fait donc allusion aux multiples guerres, en particulier aux deux Guerres Mondiales qu’il a vécues. 
  • – les rois mage “le miracle des Rois”. L’étoile, qui a guidé les rois mage jusqu’à la crèche, symbolise l’espoir, et l’enfant Jésus représente le sauveur. Elsa pousse l’auteur à écrire, à se battre pour la France. “le manteau de Marie accroché dans la crèche” : Elsa est ici comparée à la mère de  Jésus .”Mère des sept douleurs” est une expression faisant habituellement partie d’une prière adressée à la Vierge, les 7 douleurs allant de l’accouchement de Jésus à la souffrance de le voir crucifié. Ici, la prière est adressée à la France..

 Un commentaire littéraire peut également se construire à partir des repérages de la présence d’un thème ; Dans ce texte, on peut partir de l’hypothèse qu’il est question d’ un poème d’amour :  il peut sembler facile de repérer dans le poème les marques de l’amour mais il est sans doute plus intéressant de montrer que cet amour profond est  à la fois source d’une très grande joie et  en même temps la cause possible de certaines souffrances. 

  • Allusion au thème de l’amour piège : “pris au filet des étoiles filantes” ou “comme un marin qui meurt en mer en plein mois d’août“. Les allitérations soulignent qu’il est empêtré dans cet amour, il en est l’esclave. 
  • Allusion à la muse : “leurs secrets gémeaux” montre, par un jeu de mots, que c’est Elsa qui inspire l’auteur. 

Souvent la présence d’un champ lexical, procédé d’écriture simple à repérer, va vous amener sur des pistes d’interprétation intéressantes ; On observe la présence du champ lexical de la douleur et on en déduit qu’elle a différentes causes. 

 Examinons cette  SOUFFRANCE AMOUREUSE 

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1/ La souffrance du poète

  • Aragon évoque sa souffrance personnelle, par exemple les problèmes conjugaux : “je ne sais si tu mens” “cachent-ils des éclairs” ou “amours violentes “.
  • Aragon et Elsa ont connu des périodes difficiles, notamment à propos de la fidélité d’Elsa. Ces vers montrent qu’il est affecté d’être trompé. Il craint de perdre l’amour d’Elsa.

2/ La souffrance de la guerre

  • La souffrance de la guerre est très présente, comme le montre le champ lexical très fourni : “mourir… désespérés… chagrins… larme… brisure… douleurs… glaives… pleurs… endeuillé… malheur… hélas… accaparé… poignant… meurt… violentes… feu… brûlé… enflammèrent”
  • Un système de symboles à décoder …
  • “A l’ombre des oiseaux” Il s’agit d’une évocation des bombardements par aviation 
  • “les naufrageurs” désigne les nazis. 
  • “l’univers se brisa” évoque le fait que la guerre soit mondiale. 
  • Mai” Il s’agit d’une allusion à mai 1940, et donc à la capitulation française.

3/  Le désespoir dû à l’occupation.

  • taille… brisure… percé… troué… brèche… brisa” évocation de ce qui s’est cassé
  • Soit de façon géographique. En effet, la France est coupée en deux, une zone libre et une zone occupée.
  • Soit de façon chronologique, avec le passage de la liberté à l’occupation. 
  • “Sept glaives ont percé le prisme des couleurs” désigne l’ensemble des douleurs vécues par la France. 
  • La souffrance du poète : Elsa est son inspiratrice, sa source d’écriture. Mais il s’agit d’une écriture tragique : c’est un témoignage de la défaite. Ainsi, le “feu défendu” désigne l’interdiction de parler de la défaite. “Feu” montre qu’il s’agit d’un sujet brûlant.

L’étude des symboles : les différentes valeurs d’Elsa

  •  Elsa en tant que femme est peu présente : on connaît juste son prénom, la couleur de ses cheveux et de ses yeux.
  • Elsa en tant que Muse : “le mois de Mai des mots” ou “gémeaux”. On l’entrevoit aussi dans le rapport qu’Aragon entretient avec le temps : “j’y perds la mémoire”. En voyant les yeux d’Elsa il oublie son époque.
  • Elsa symbole de la France : elle est assimilée à Marie, qui a mis au monde le sauveur. Elle pousse Aragon à sauver la France.
  • Il s’agit donc d’une poésie amoureuse, mais aussi engagée.

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 En conclusion (rédigée ) 

  • Ce poème constitue une preuve d’amour pour Elsa  mais au delà du regard de la femme aimée et du chant amoureux mélancolique, c’est également une complainte adressée à la France et à son peuple qui souffre de l’occupation.  Aragon  a réussi à le publier et à l’écrire pendant la guerre.et cela s’explique par le fait que le poème n’est compréhensible que si on a les clés pour en décrypter la signification symbolique. Ainsi, il est tout à fait probable que certains Allemands n’aient compris  que partiellement ce poème et n’aient voulu y voir qu’un paysage état d’âme . Placé au début du recueil, ce poème, le premier du livre, correspond au dernier du recueil : “Cantique à Elsa”. On y retrouve le thème des yeux cher à Aragon pour exprimer son désir de continuer la lutte : Ce premier poème prépare aussi la conclusion, c’est-à-dire le triple rôle d’Elsa :femme, muse et France, triple rôle donc , qui est synthétisé dans le dernier texte, et même le dernier vers, par “Mon amour n’a qu’un nom”.
13. avril 2019 · Commentaires fermés sur Le paysage état d’âme de Baudelaire · Catégories: Seconde · Tags:
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Le poètes évoquent leurs sentiments personnels soit de manière directe en les nommant ; ils peuvent exprimer leur chagrin , leur joie, leurs peurs . C’est ce qu’on appelle le lyrisme; Les poètes  qui font partie du courant littéraire appelé romantisme , courant qui se situe majoritairement  entre 1820 et 1860, composent des poèmes qui appartient à ce registre lyrique ; Ils y révèlent leur mélancolie et leur sentiment de ne pas se sentir en accord avec le monde dans lequel ils vivent; cette forme de plainte prendra le nom de Mal du siècle. 

Un mouvement littéraire va alors  voir le jour par opposition avec les “sanglots ” romantiques ; il s’agit du Parnasse, un courant au sein duquel les poètes refusent à la fois l’engagement politique  et le lyrisme ; Baudelaire se sent partagé entre ces deux directions dans son oeuvre : on entend chez lui à la fois le désir d'exprimer sa douleur mai également le rejet de la dimension critique de la poésie.

Le recueil des Fleurs du Mal, paru en 1857 révèle l’angoisse du poète qu’il résume par un mot anglais : Spleen . Il désigne à la fois ses pensée morbides, sa peur de la mort et du temps qui passe et sa peur de la solitude . En imaginant des paysages changeants et des décors macabres, il ouvre la voie au Symbolisme qui est un courant littéraire apparu à la fin du dix-neuvième siècle. Ce mouvement cherche à renforcer la musicalité de la poésie et  favorise l’expression indirecte des sentiments; la mélancolie, le Spleen y sont révélés et suggérés  par les objets ,le décor ,  et surtout par les paysages. 

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Dans les cinq quatrains de “Spleen” , Baudelaire imagine un paysage sombre et inquiétant, peuplée de créatures repoussantes  dans lequel l’Angoisse triomphe de l’Espoir  et terrasse le poète . Au lycée, pour construire un commentaire littéraire, on va vous demander de fabriquer un plan en 2 ou 3 parties : ce plan  repose sur les idées essentielles du poème et il  répond à une problématique : quels éléments composent ce paysage poétique ? 

Ce paysage est avant tout la description d’un état d’âme, d’un état moral  : ce thème devient par exemple  le titre de la première partie  qu’on note sous cette forme : 

I La description d’un état moral 

 Le champ lexical de la nature et des éléments naturels est mis en  correspondance avec un état mental : on peut créer deux ou trois sous-parties en identifiant les liens entre le paysage naturel et le paysage intérieur 

1. les éléments naturels : Ciel, Terre, Pluie… étouffent et emprisonner le poète 

2. la présence des sentiments  : Esprit gémissant, crâne douloureux, 

3. les correspondances : le poète établit des liens entre les deux catégories ..araignées au fond du cerveau, 

Ensuite, on démontrera que le Spleen prend différents aspects : tout d’abord, il ressemble à une prison et il transforme le paysage comme sous l’effet d’une hallucination ou d’un cauchemar  .

II Les formes du Spleen

1. les images de l’emprisonnement : cachot, plafonds et murs auxquels on es cogne, cercle 

2. oppression et étouffement : le poète es est pris au piège de ses idées noires 

3. transformations du paysage (mouvant ) ; le paysage évolue au fil du poème 

Le décor traduit en fait la terrible souffrance du poète 

III Un décor qui exprime  la souffrance du poète

1. omniprésence de la souffrance

2. souffrance de plus en plus forte 

3. la défaite finale du poète

A retenir

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Les titres du plan contiennent les idées essentielles ; Le plan peut être reformulé sous la forme de phrases explicatives . Les parties du plan sont parfois interchangeables. Les sous- parties sont mobiles. Le plan est annoncé à la fin de l’introduction au moyen d’une phrase complète. Le plan n’est pas écrit sur la copie  rédigée du commentaire littéraire. 

Maintenant que tu as terminé de lire attentivement ce cours, réponds aux questions du QCM intitulé : Baudelaire et le  Spleen

08. avril 2019 · Commentaires fermés sur Les Tragiques : la France en mère déchirée · Catégories: Première

aubi.jpg  Théodore Agrippa d’Aubigné vécut aux XVIème et XVIIème siècles. Né d’une famille protestante, il reçut une éducation humaniste, dans les principes de la Réforme. Voué à la défense de la cause protestante, il prit rapidement les armes et s’engagea au coté d’Henry de Navarre. Déçu par l’abjuration de ce dernier qui es convertit au catholicisme pour mettre un terme aux guerres de religion qui divisaient le pays,   c’est par l’écriture qu’il décida de poursuivre son combat : Les Tragiques, dont est extrait le texte qui suit, est une œuvre poétique engagée , liée aux persécutions  du parti protestant au cours des guerres de religion. 
    Le premier chant  intitulé Misères présente la tragédie de la France à travers une grande allégorie:pour peindre les misères du pays , le poète utilise une allégorie de la France en mère nourricière déchirée par la lutte fratricide de ses deux enfants. Examinons comment le poète rend compte de son attachement à sa patrie .   
 

Quelles questions peut -on vous poser à propos de ce poème ?  

a) Comment le poète dépeint-il les misères de son pays? 

b ) De quelle manière le poète décrit -il la violence des guerres qui déchirent la France ?

c) en quoi ce poème fait-il partie de la littérature engagée ? 

d) Comment ce poème traduit-il l’engagement de l’écrivain pour le camp protestant ? 

A partir des éléments suivants, composez des plans détaillé qui permettent de répondre aux questions posées . aubi2.jpg

L’utilisation de l’allégorie de la France sous la forme d’une  mère qui tente d’allaiter ses deux jumeaux  est le procédé d’écriture central du poème : cette allégorie  permet de traduire de manière imagée et saisissante les malheurs de la France en montrant d’une part les souffrances de la mère nourricière à travers le registre de la violence physique ; chaque camp est représenté sous l'image d'un bébé qui tente de tuer son rival en le privant de nourriture; en engageant ce combat , il blesse au passage sa mère et encourt sa malédiction. La mère est présentée comme la principale victime de ce combat mortel qui l’atteint et la menace durement. Le poète traduit ainsi l‘affaiblissement du pays à cause des guerres de religion qui divisent les Français et à terme provoqueront l’exil de milliers de protestants  Pour convaincre ses lecteurs , le poète va employer un certain nombre de procédés d’écriture comme l’hyperbole , les anaphores et les effets oratoires . L’engagement de l’écrivain se marque notamment par le recours aux figures bibliques .

 Dès le premier vers en alexandrin, le poète annonce clairement et solennellement son intention : “Je veux peindre la France une mère affligée” :
– Le terme “peindre” suppose bien une description  à la manière d’un tableau.- L’expression “mère affligée” met bien en valeur les deux axes d’étude : la France est à la fois “mère” avec la faillite notamment de son aspect protecteur et nourricier- et  également “affligée”  qui à cette époque signifie : qui est mortellement blessée , dont la peine est immense : Ce participe passé  annonce  le thème de la peine et de la violence avec le combat des enfants.
La mère est montrée dans le rôle d’une mère qui allaite ses deux enfants : ils sont entre ses bras ( v 2 ) et elle en porte la responsabilité, le poids comme le suggère le participe passé chargée; cette mère doit veiller sur ses petits et dans le poème , elle s’en montre incapable ;Les “tétins nourriciers” sont rejetés en début du vers 4 et sont ainsi mis en valeur par leur position en tête de vers .Le sein est ici une métonymie de la mère nourricière. La mère ne peut distribuer équitablement “le doux lait ” à ses enfants à cause du jumeau le plus querelleur qui est à l’origine du “dégât” ; ce terme a un sens plus fort à cette époque et désigne une action aux conséquences désastreuses ; la peine de la mère apparait notamment à travers les expressions du vers 15  et 16 ; “soupirs ardents, pitoyables cris et pleurs réchauffés ” ; l’énumération qui occupe deux vers peut être considérée comme une gradation ; la souffrance morale ici est doublée d'une véritable souffrance physique qui apparaît elle aussi grandissante avec notamment une augmentation marquée au vers 21  “en sa douleur plus forte ”  . La mort de la mère est envisagée avec le verbe “succombe ” au vers 22 et l’expression ” mi vivante à mi morte” semble marquer une étape décisive dans le conflit , une sorte d’état intermédiaire qui peut basculer d’un moment à l’autre vers la catastrophe; Le poète marque ainsi , par différents procédés d’amplification, un paroxysme qui transforme la France en une sorte de gibier dans une montée inexorable de la violence ; “Aux derniers abois de sa prochaine ruine ” marque l’approche de la défaite qui se solde par une mort douloureuse ; le terme ruine peut s’employer à cette époque au physique comme au moral ; On parle de la ruine d’un pays et la ruine peut désigner le fait qu’un individu soit dévasté par le chagrin ou le malheur.

Le poète donne à voir le combat et ses conséquences à travers des verbes de vision  comme “elle voit ” au vers 23 et la mère finit par s’adresser directement à ses entants meurtriers ; ce passage au style direct introduit une sorte de solennité  dans le poème car les paroles de la mère meurtrie sont des imprécations, des malédictions ; elle traite ses entants de “félons “, terme injurieux aux connotations péjoratives qui peut peut- être faire référence aux nombreux traités de paix non respectés durant les 8 guerres de religions qui ensanglantèrent la France entre 1562 et 1598 ; les sièges de La Rchelle, ville où se réfugièrent de nombreux soldats protestants ainsi que le massacre de la Saint Barthélémy durant lequel fut assassiné l’amiral Coligny qui dirigeait l’armée protestante furent empreints d’une grande violence et marquèrent les esprits .  
Le registre de la violence physique est  donc omniprésent dans le poème et les sonorités contribuent  à en marquer les effets sur le lecteur par des phénomènes d’harmonie imitative –  Ainsi au vers 8 , l’allitération en d associée à la douceur crée un contraste saisissant : “Fait dégât ddoux lait qui doit nourrir les deux” ; Au moyen d'une opposition entre les dentales dures [d] et des voyelles douces [u]) ainsi que par le choix des mots opposés dans leurs connotations  doux et dégâts, l'auteur introduit une sorte de réflexion sur l'aberration de cette situation . Au vers 12 : "Ayant dompté longtemps en son cœur son ennui”, on retrouve une alternance  entre les d et les s , deux consonnes qui par leurs allitérations marquent la dureté et la sècheresse ; de même , le vers 18 : “si bien que leur courroux par leurs coups se redoublent”  nous fait quasiment entendre le bruit des coups échangés par  les assonances en [u] et les allitérations en c et en d . L’harmonie imitative est en effet un procédé poétique qui consiste à utiliser des sonorités qui traduisent des sentiments : d pour dureté ici et c pour coups, colère, combat.

 

Le poème est parcouru par cet affrontement violent dont il détaille l’évolution et les étapes : on retrouve notamment  le déclenchement du conflit au vers 3 : le plus fort empoigne ..d’Aubigné désigne ici le camp catholique majoritaire en France et dont l’existence est antérieure à l’émergence de la Réforme ; les Protestants sont en effet des catholiques qui veulent réformer l’Eglise en supprimant ce qu’ils considèrent comme des abus et en proposant une nouvelle lecture des Evangiles; le protestantisme nait en Allemagne avec Luther et Calvin et sera introduit en France au seizième siècle . Les protestants sont vus comme une  grave menace pour l’autorité du roi  dont ils contestent le rôle divin et surtout  contre le pouvoir  du pape qu’il ne considèrent pas comme le chef de l’Eglise.   En résumé, les conflits vont se succéder entre 1560 et 1598 date à laquelle Henri IV se convertit au catholicisme et impose l’Edit de Nantes qui accorde la liberté religieuse aux protestants français ainsi que la nomination de juges protestants garants de leurs droits civiques. Ce premier enfant qui représente le camp catholique  est traité de “voleur acharné” et il tente de tuer son frère en le frappant à “coups d’ongles de poings et de pieds ” La gradation ascendante marque ici une violence grandissante qui est présentée comme une véritable injustice dans la mesure où ses conséquences sont désastreuses ; en effet, ce combat “brise le partage ” c’est à dire rompt l’équilibre harmonieux entre les jumeaux qui devraient bénéficier d’un allaitement équivalent . Le combat redouble ensuite d’intensité avec les représailles du jumeau attaqué qui rend les coups ( vers 14 ) ; les deux camps sont décrits comme enragés, aveuglés par  leur colère au sen propre et au sens figuré ; ils deviennent furieux, terme qui désigne un homme emporté par la folie de sa colère et qui perd tout  contrôle sur lui-même , qui n’a plus sa raison ; au vers 20, ils finissent par se crever les yeux ; cette blessure symbolique peut rappeler les châtiments mythologiques ; Oedipe se crève les yeux pour ne pas voir littéralement son malheur et sa condamnation ; les deux combattants sont alors mis sur le même plan et leurs blessures sont présentées comm réciproques, d'une égale intensité . Le terme mutin désigne ceux qui se révoltent contre leurs maîtres, ceux qui prônent la rébellion et sèment ainsi le désordre dans le royaume; en effet, les guerres de religion menacent l’équilibre du pays en plus de le fragiliser par les pertes humaines et les destructions qu’elles engendrent. Le poème rappelle bien cet aspect du conflit à travers l’image des jumeaux qui s’entretuent et blessent leur mère; cette dernière cherche à protéger le plus faible, Jacob qui al droit pour lui mais elle s’en montre incapable et l’autre “viole l’asile de ses bras ” ; on voit ici qu’il s’agit bien d’une guerre civile et que les catholiques ne respectent pas les accords de paix en continuant à attaquer les protestants à cause de leur religion ; Au vers 29 , la nourriture devient un suc , qui rappelle les nourritures sacrées dans la mythologie et les textes antiques ; le suc est une sorte de subsistance vitale  et un présent qu’on offre aux Dieux avec le lait et le miel .
Les deux thèmes du poème ; le combat et la mère nourricière  se rejoignent dans une horrible union formulée dans les paroles de la France à la fin du poème (vers 31 à 34) : l’union du sang et du lait :- ce mélange est marqué  au vers  31 notamment avec “Vous avez (…) ensanglanté / le sein qui vous nourrit” :l’ association des deux éléments  est marquée  par l’enjambement. Et le vers final  traduit lui aussi les conséquences dévastatrices de cette guerre : – “Je n’ai plus que du sang pour votre nourriture” v. 34; la mère décrite comme une femme “éplorée ” au vers 21 ne parvient pas à faire cesser ces affrontement qui la tue en même temps qu’il tue ses deux enfants. En effet, le poète marque à plusieurs reprises l’impuissance de la mère face à  la folie meurtrière de ses enfants .
Comment le poème marque t-il l’engagement  de d’Aubigné en faveur d’un camp? 
On peut mesurer cet engagement dans l’ utilisation des figures bibliques : la mère a, en effet, deux enfants jumeaux (Esaü et Jacob). Ces deux enfants représentent respectivement les catholiques et les protestants. Jacob est persécuté par Esaü, comme le sont les protestants par les catholiques. Dans la Bible (Genèse, verset XXV), Jacob, le cadet, le préféré du père, a racheté le droit d’aînesse à Esaü (pour un plat de lentilles), ainsi dépossédé de son héritage. – “Esaü” est  présenté comme “le plus fort, orgueilleux” v. 3 : il symbolise l’Eglise catholique, l’aîné qui agit d’abord sans rencontrer la résistance. Le lexique  utilisé pour le dépeindre est dévalorisant : il est par exemple qualifié de  “ce voleur acharné…” v. 7. Au vers 11 le conflit s’aggrave avec la révolte de l’opprimé  qui refuse de se laisser “arracher la vie ” ; On peut peut être ici lire une allusion aux nombreuses persécutions des protestants  mais surtout ce parti pris permet de voir que ,dans le poème,  la cause  de Jacob est présentée comme légitime : victime des assauts meurtriers de son frère , le jumeau malmené a d’abord pris sur lui  comme le révèle ce vers  “ayant dompté longtemps en son cœur son ennui”; il a finalement cédé et a laissé éclater  “sa juste colère” v. 12-13; l’adjectif juste dans ce vers est synonyme de “légitime ” ; un peu plus loin, le jumeau protestant est présenté comme  “celui qui a le droit et la juste querelle” v. 26.D”Aubigné se situe donc clairement dans le camp des Protestants et demeure fidèle en cela à la cause qu’il défend. 
Mais, en réalité, la position du protestant d’Aubigné n’est pas aussi tranchée : si la balance penche en faveur du plus jeune présenté comme en état de légitime défense, le tableau final condamne, à part égale, les deux frères qui sont associés dans l’expression  : “sanglante géniture”  au vers. 33. C’est ainsi  une image de la France en mère blessée qui devient stérile et s’empoisonne de ce combat fratricide :-  Le mot ” venin” traduit de manière imagée cet empoisonnement dont le pays est victime.  Ravagé par les guerres, il ne peut plus assurer la subsistance de la population .  “Je n’ai plus que du sang pour votre nourriture” v. 34-35 sont les dernières paroles de la mère victime de la folie de ses enfants. 

D’Aubigné montre en ces termes la condamnation de ces guerres auxquelles il a pourtant pris part, aux côtés des troupes protestantes ; fatigué de ces combats fratricides , il utilise la poésie pour en révéler l’horreur et faire ainsi prendre conscience à ses contemporains que ces guerres font courir un risque important  au pays ; Dans le camp opposé, le poète Pierre de Ronsard dénoncera lui aussi les misères de la guerre ; la poésie se fait à la fois l’instrument d’une critique , d’une protestation et retrace la réflexion d’un citoyen qui craint les conséquences de ces violents conflits . 
En conclusion , on peut voir que l’allégorie de la mère affligée frappe l’imagination par la violence des images du combat entre  les 2 frères. Si l’on ressent autant cette violence, c’est que l’auteur a multiplié les effets oratoires pour convaincre et persuader les lecteurs. On retrouvera à toutes les époques ces mêmes procédés dans les poèmes engagés qui dénoncent les tyrans et les oppressions comme les Châtiments de Victor Hugo écrits contre Napoléon III , les poèmes de la Résistance contre l’Allemagne en 39/45 et les poèmes qui dénoncent la violence de la colonisation notamment. 

En résumé, il faut adapter le contenu de vos rubriques  de plans détaillés à la question posée ;

Comment le poète décrit -il la violence de la guerre ? 

1. Par la peinture d’un combat sans merci avec une  allégorie des jumeaux bibliques 

a) les deux combattants représentent les deux camps 

b) le déclenchement du conflit : l’un agresse l’autre qui est alors obligé de se défendre 

c) la montée de la violence : les coups, la folie furieuse 

2. En montrant les conséquences désastreuses de ce combat par l’ allégorie de la France en Mère dépassée et blessée

a) le poète montre la grande souffrance de la mère 

b) le poète montre la mise à mort de la mère 

c) la géniture sanglante : d’Aubigné peint un spectacle de désolation 

ccl : le poète dépasse le simple point de vue partisan pour nous convaincre de la folie de tels affrontements qui sont un supplice pour le pays ; le système allégorique a une valeur saisissante pour le lecteur qui visualise de cette manière les dégâts causés par les guerres de religion   

En quoi ce poème est-il engagé ? 

 I Un engagement qui se lit par la présentation du combat fratricide 

a) le  jumeau qui représente les catholiques est décrit de manière négative

b) le bébé agressé est présenté comme une victime qui finit par es défendre pour ne pas mourir 

c) un poème qui rappelle les propres combats du poète et reflète la violence des affrontements 

Mais un point de vue “humaniste ” et une même condamnation des deux camps 

a) d’Aubigné prend la défense de la  Mère dont il montre la souffrance 

b) la Mère victime de la folie de ses enfants est menacée d’une mort imminente 

c)  on peut lire une condamnation des guerres de religion qui affaiblissent le pays avec la malédiction finale 

 

26. mars 2019 · Commentaires fermés sur Histoire du sonnet · Catégories: Fiches méthode · Tags: ,

Le sonnet est une forme de poésie qui est apparue il y a des siècles et qui continue à inspirer les poètes ..jugez plutôt …

Le sonnet est certainement la forme fixe la plus répandue de la poésie. Les recettes du sonnet varient selon les époques et chaque poète tente d’y ajouter sa touche personnelle

Formé de quatorze vers, à l’origine des décasyllabes, puis surtout des alexandrins, ses vers sont répartis en trois strophes distinctes, deux quatrains suivis d’un sizain, séparé en deux tercets.

Le schéma des rimes du sonnet est lui aussi très codifié : les deux quatrains possèdentdes rimes embrassées, puis le sizain se compose d’un distique et d’un quatrain de rimes croisées. La combinaison originale du sonnet est donc abba abba ccdede.

Cette forme est appelée le « sonnet français »,

De nombreuses variantes ont été inventées par la suite, en particulier dans la disposition des rimes : sonnet dit « élisabéthain » ou « shakespearien »,

Beaucoup de sonnets mettent en valeur le dernier vers avec une formule brillante, et il est appelé le « vers de chute ».

Histoire et évolution du sonnet

Inventé par Pétrarque pour sa muse Laure, il est importé à la Cour du roi de fRance grâce aux échanges avec l’Italie favorisés par François Premier. L’invention et le développement  de l’imprimerie vont favoriser la mode du sonnet qui se répand progressivement  en Europe .

Clément Marot introduit le sonnet en France dès 1539.

Les poètes de la Pléiade comme Du Bellay , et Ronsard publient rapidement des recueils de sonnets inspirés de l’Antiquité ; d’abord réservéau lyrisme amoureux, le sonnet s’ouvre à d’autres thèmes et à d’autres registres mai demeure une moyen privilégié d’explorer les nuances des sentiments .

Durant toute la première moitié du XVIIème siècle, il demeure une forme pratiquée par les poètes baroques tels que Sponde ou Maynard, et ensuite par les poètes classiques comme Malherbe, ou par les Précieux, comme Voiture et Malleville qui apprécient sa concision et sa symétrie .

Dans la seconde moitié du siècle, Boileau le condamne dans son Art poétiquede 1674 : « en vain mille auteurs y pensent arriver », et finit par caractériser le sonnet comme « orgueilleux »

Cette forme poétique tombe alors en désuétude et  sera de moins en moins utilisée jusqu’au romantisme.

Sous l’impulsion des premiers romantiques qui relisent les poètes de la Pléiade, le sonnet revient au premier plan : Gautier, Nerval et Baudelaire en écrivent, suivis par les Parnassiens comme Heredia, puis par Rimbaud, Verlaine et tous les symbolistes, dont Mallarmé. Cependant, le sonnet du XIXème siècle est profondément renouvelé et fait l’objet de nombreuses variations ; il redevient à la mode mais se libère des contraintes formelles de ses origines ;, au siècle suivant, les poètes vont se détourner de cette forme alors jugée trop normative,pour donner  de plus en plus d’importance au vers libre, voire au poème en prose; 

Aujourd’hui des poètes contemporains retrouvent l’envie d’écrire en se servant de cette forme d’autrefois et on peut donc dire que le sonnet continue à inspirer les poètes et donne naissance à de multiples créations

25. mars 2019 · Commentaires fermés sur Ils chantent l’amour ..écoutez-les .. et faites vos choix ! · Catégories: Seconde

Pour qu’une chanson d’amour vous plaise, il faut trouver la bonne alchimie entre paroles, musique, et interprétation. Quelles sont vos chansons d’amour préférés et qu’est-ce qui vous émeut quand vous les écoutez ? 

Les chansons d’amour   font partie du répertoire traditionnel de la chanson française souvent qualifiée de  variétés. La force d’une chanson résulte de la combinaison entre des paroles, un air ou une mélodie et la qualité d’une interprétation qui allie impression vocale et émotion. Les paroliers des chansons comme Pierre Delanoë utilisent les mêmes techniques que les poètes : ils combinent des sons et choisissent des mots et des images évocateurs .

.Mais la chanson peut nous plaire également grâce à la mélodie et le plus souvent, nous sommes sensibles à la  tessiture de la voix de son interprète et à l’émotion qui s’en dégage. Certains chanteurs ont une voix particulièrement agréable et pour certains, on les qualifie de “grande voix de la chanson française;”  Le succès actuel des émissions basées sur les chansons comme The Voice ou auparavant  La Nouvelle Star, montre que la chanson est considérée comme un trait d’union entre les générations qui peuvent ainsi partager des goûts musicaux.  Parmi les plus vieux interprètes de chanson d’amour , citons Jacques Brel avec Ne me quitte pas, Barbara surnommée la dame en noir, Edith Piaf avec l‘Hymne à l’amour, Serge Lama et son célèbre Je suis malade, Johnny Halliday   qui interprète Que je t’aime,  et Michel Sardou avec de nombreux titres comme La maladie d’amour et le scandaleux Je vais t’aimer. 

 Un peu plus proches de nous,  nous pouvons citer Céline Dion, la regrettée Maurane , Patricia Kaas qu’on souvent comparée à Piaf . D’autres auteurs compositeurs interprètes  nous séduisent par la qualité de leur textes : Francis Cabrel , par exemple, écrit souvent des textes très poétiques. Beaucoup de poètes ont été mis en musique comme Aragon par Jean Ferrat ou Georges Brassens. Aujourd’hui , de jeunes auteurs talentueux continuent à nous séduire avec des textes et des mélodies qui évoquent l’amour sou toutes ses formes . A vous de chercher à composer votre classement des 10 chansons d’amour en français  que vous préférez , de les noter sur un quart de feuille et de les défendre devant la classe. Nous élirons ensemble celles qui seront choisies par une majorité d’entre vous .

Alors quand vous lisez un poème, pensez que vous êtes l’interprète d’une mélodie et que la seule musique est celle des mots. Faites confiance à Paul Verlaine et à son célèbre Art Poétique.

De la musique avant toute chose

Et pour cela préfère l’Impair

Plus vague et plus soluble dans l’air

Sans rien en lui qui pèse ou qui pose

25. mars 2019 · Commentaires fermés sur Parlez moi d’amour en poésie: un peu d’histoire littéraire et un parcours guidé au fil des pages de votre manuel de littérature … · Catégories: Seconde

Si au cours des siècles, on a souvent associé la parole poétique à la déclaration amoureuse, il n’en demeure pas moins que chaque époque a su inventer ou réinventer de nouvelles manières de déclarer sa flamme à l’être aimé.  L’Antiquité voit apparaître le lyrisme personnel avec les poètes latin comme Virgile , Horace ou Ovide .Les troubadours  et les trouvères de l’époque médiévale mettent  au point un sytème extrêmement sophistiqué appelé “fin amor” ou amour courtois : il s’agit d’ un art d’aimer composé essentiellement de figures rhétoriques imposées . Guillaume d’Aquitaine, et Charles d’ Orléans, composent des chansons,  des ballades et des rondeaux en lais et en pas encore toujours en rimes . Souvent les troubadours chantent  leurs textes et s’accompagnent d’un instrument ou de musiciens. 

A la Renaissance, le prince des poètes, Pierre de Ronsard multiplie les déclarations enflammées  à ses muses en utilisant une nouvelle forme poétique venue d’Italie , appelée le sonnet. ( 99 à 102 ) Avec ses amis de la Pléiade, et notamment Joachim Du Bellay, ils renouvellent les arts poétiques et la poésie amoureuse en adaptant les modèles de Pétrarque importés de la cour italienne.  Les femmes ne sont pas en reste et Louise Labé célèbre l’amour au féminin et ses tourments avec un poème fondé sur une série d’antithèses ( p 105 ) . Il faudra attendre ensuite le romantisme , mouvement littéraire européen , pour retrouver cette association entre le lyrisme et la poésie.

Les poètes romantiques vont chanter l’amour sous toutes ses formes en faisant la part belle aux amours impossibles et au désespoir de celui qui n’est plus aimé ou mal aimé  . Le poète romantique meurt d’amour et semble aimer sa blessure mortelle .Lamartine dans Le lac déplore la perte de la femme aimée atteinte d’une maladie incurable ( p 290) ; Baudelaire célèbre,  en 1857 dans Les Fleurs du Mal les amours sous plusieurs formes : amours entre femmes , poèmes censurés,   amours exotiques inspirés de sa maîtresse métisse Jeanne Duval   dans Parfum exotique,  amours sensuelles ou mystiques avec La mort des Amants  et va jusqu’à utiliser un cadavre pour parler d’amour dans A une charogne.  Hugo pleure sa fille disparue Léopoldine dans Pauca Meae , une section de son recueil Les Contemplations  paru en 1856 . 

A la fin du siècle, Paul Verlaine fera  entendre la musique singulière de ses vers pour célébrer les souvenirs des amours mortes avec Colloque sentimental ( p 366 )  ou des amours oniriques avec les mystérieuses femmes du poème Mon rêve familier .  Au siècle suivant, les surréalistes composeront des poèmes étranges qu’ils dédicacent à leurs muses réelles ou imaginaires. Breton dans Clair de terre ( p 436 )  et Eluard dans l’Amoureuse ( 438 ) renouvellent les images de la femme aimée.

Pour vous aider à vous y retrouver, voici un parcours de poésie amoureuse composé à partir de votre manuel de français.

Chaque point  de ce parcours sera abordé en cours et   devra être complété par des notes prises à la maison sur  les notions étudiées ; ce travail autonome fera l’objet  prochainement d’un QCM d’évaluation sous la forme d’un I Devoir sur Pronote)

p 26 Sappho et la naissance du lyrisme 

p 50 les topos de la lyrique courtoise

p 76 à 78 la Renaissance 

p 98 pages consacrées à Ronsard

p 105 pour découvrir la poétesse Louise Labbé (texte p 99 ) 

p 136 pour les stances de Théophile de Viau

Ensuite nous étudierons un ou deux poèmes de Baudelaire, de Verlaine et les deux poèmes surréalistes de Breton et Eluard. 

 

25. mars 2019 · Commentaires fermés sur Parlez -moi d’amour..redites moi des choses tendres ..comme le disent les poètes · Catégories: Seconde

La poésie peut être un vecteur merveilleux  des sentiments et souvent, elle est utilisée pour parler d’amour. Lorsqu’il s’agit de déclarer sa flamme ou d’exposer son coeur brisé et mis à nu , les formes poétiques sont appelées à transmettre les nuances les plus subtiles des sentiments : de la passion la plus torride en passant par toutes les facettes de l’amour maternel, filial, fraternel, conjugal. Dès l’Antiquité, l‘ode célèbre à la fois les exploits des héros et la beauté de celle qu’on admire sans oser l’approcher; cette tradition de l’amour courtois se prolongera au Moyen-Age avec la fin ‘amor: les troubadours célèbrent la douleur d’un amour impossible pour la femme de leur suzerain qui les repousse ; à ces complaintes amoureuses s’opposent le ton enjoué des chansons : chansons d’aube, ou de toile accompagnent les travaux d’aiguilles et les jeux des femmes qui rêvent de rencontrer leur prince charmant ; Idylle pastorale et cartes du tendre prennent le relais à l’époque classique : c’est le courant de la préciosité qui habille le sentiment de mots savants. La poésie va se transformer progressivement sous l’effet du mal du  siècle et de l’essor du lyrisme personnel pour devenir l’ amour romantique au dix-neuvième siècle . A chaque époque correspond un langage amoureux plus ou moins universel . Petit tour d’horizon ..;

Parler d’amour n’est pas toujours une chose facile. Quand on s’adresse à la personne aimée, souvent, on cherche ses mots, on a peur d’être maladroit, de ne pas savoir exprimer ses sentiments. Les poètes de tous temps  ont cherché à inventer de nouvelles manières de dévoiler leurs émotions et lorsqu’ils réussissent à nous faire partager ce qu’ils ressentent, alors, la poésie devient le lieu d’un échange .  Nous allons prendre le temps ensemble de réfléchir à la manière dont évolue l’expression du sentiment amoureux à travers les âges et les modes. En effet , quand il s’agit de parler d’amour, les poètes rivalisent d’ingéniosité.

 Et vous ? Comment exprimeriez-vous vos sentiments ?  “J’te kiffe” a-t-il la même valeur qu’un “je t’aime “? “T’es bonne” a -t-il le même sens que” tu es la prunelle de mes yeux ” ? Question de mode ou question de milieu , comment dit-on je t’aime à toutes les époques et dans tous les styles ? A vous de vous lancer à la recherche des secrets du langage de l’amour.. l’objectif va consister à rédiger votre déclaration d’amour à l’être aimé et nous  comparerons les résultats de vos investigations.Pour vous aider à trouver l’inspiration et les mots, et vous donner ensuite des idées, nous allons étudier ensemble comment s’y sont pris certains poètes célèbres pour déclarer leur flamme à la femme ou à l’homme de leur vie .