25. mars 2019 · Commentaires fermés sur Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage …l’attachement au pays natal . · Catégories: Première

Le premiers vers du sonnet pourrait nous entraîner sur une fausse piste: en effet, l poète ne célèbre pas la joie de voyager mais au contraire, la joie de revenir parmi les siens goûter le véritable bonheur . Parti accompagner le voyage à Rome de son cousin, Du Bellay mesure à quel point la France lui manque. 

Le poète se compare ainsi au célèbre héros grec et souhaiterait retrouver le village angevin qu’il a quitté pour accompagner son oncle à Rome à l’occasion de la nomination de ce dernier au poste de cardinal. Voyons comment le sonnet marque à la fois les regrets du départ  et l’attachement au pays natal .

En fonction des 4 questions posées à l’oral, essayez de détailler, de  combiner et de recomposer les plans suivants afin qu’ils répondent le mieux possible aux attentes de l’examinateur . 

a) en quoi ce poème est-il lyrique ?

b) en quoi ce poème évoque-t-il la mélancolie ?

 c) comment sont exprimés les regrets du poète et de quelle nature sont -il s?

 d) en quoi ce poème peut il être qualifié d’humaniste ?

Examinons tout d’abord deux plans de commentaire littéraire issus de deux sites différents afin de comprendre comment il est possible de les réutiliser pour répondre à la question posée . Sur commentairecompose.fr, voilà le plan proposé ..

 I. Un sonnet pour exprimer la douleur de l’exil

a) lyrisme et complainte

b)un exil douloureux

II La comparaison entre Rome et le village natal

a) une opposition rythmée

b) le contraste entre froideur romaine et douceur angevine

III Un poème qui témoigne d’un projet poétique humaniste

a) valeurs et références humanistes

b) défense de la patrie et de la langue française

Deuxième possibilité : sur le site de l’académie de Versailles : un travail très complet autour de ce poème

 

 

 

 

 

 I  Le poète voyageur

a) le leitmotiv du voyage

b) la figure d’Ulysse

c) une lecture autobiographique

 II Voyage et mélancolie 

a) les procédés de la nostalgie

b) l’évocation des lieux

c) la tonalité élégiaque

III La signification du regret

a) le mythe du voyage

b) un regard Humaniste sur l’Histoire

c) du singulier à l’universel

Quelques éléments qui pourront être utilisés dans l’introduction :

Des éléments biographiques en relation avec le poème :1550-1557 : Du Bellay està Rome pouraccompagnerson cousin, le cardinal Jean du Bellay, à Rome et lui servir de secrétaire. En1553, ilécrit Les Antiquités de Rome, des vers latins et des poèmes d’amour dédiés à une jeune romaine .

Circonstances de la composition des Regrets: on y litl’amertume d’un homme déçu quirêvait de débuter une carrière diplomatique et se retrouve chargé de l’intendance : “Je suis né pour la Muse, on me fait messager.” (sonnet 39). Ilsouffre du mal du pays, regrette l’indépendance et l’inspiration de jadis, la cour et la faveur du roi, les amis notammentRonsard, le foyer, la France, sa province natale. Ildécouvre les “vrais” romains, les distractions, l’hypocrisie, l’ambition, les turpitudes de la ville des cardinaux, leur vie futile et médiocre.

L’oeuvre : Le recueil des Regrets est composé de 191 sonnets publiés en 1558 ; la plupart ont été écrits en Italie . On y retrouve des imitationsde poètes grecs et latins, mais égalementl’expression d’une poésie personnelle ; c’est une sorte de journal de voyage d’une âme douloureuse et sincère, tantôt élégiaque et tantôt satirique. 

Construction du poème :sonnet

1er quatrain : l’aspiration au voyage contraste avec aspiration au retour vers la terre natale (généralité)

2ème quatrain : expression de la nostalgie du poète exilé (cas personnel)

1er et 2ème tercets : comparaison et opposition entre le pays d’exil et le pays natal

Analyse linéaire :Heureux qui !(en latin “Félix qui !”…) exclamation à la manière antique. Du Bellay a d’abord écrit ce sonnet en latin .Son inspiration est antique car l’ humanisme est une période où on redécouvre les oeuvres  des Latins et des Grecs. Le modèle et la source d’inspiration possible seraient les poèmes “Les Tristes”  d’Ovide, écrits à bord du bateau qui l’emmenait vers l’exil sur les bords de la Mer Noire . Le poète y exprime sa nostalgie  et son souhait de revenir.

Ulysse :référence mythologiqueà un voyage de retour long et douloureux en raison de la vengeance de certains Dieux de l’olympe qui avaient soutenu les Troyens contre les Grecs. 

Cestuy-là”: celui-là qui conquit la toison = Jason. C’est la seconde référence à un mythe antique:Jason est un navigateur qui a réussi à rapporter la fabuleuse  toison d’or . Jason vient prolonger la référence aux héros antiques avec Ulysse au premier vers. Le poète rêvait de leur ressembler . 

Le premier quatrain montre  les aspirations  de l’enfant qui rêvait d’être héros et  l’ambition de l’homme jeune  qui voulait faire une carrière diplomatique . Mais la réalité de la situation du poète est différente et cela justifie la présence de deux tons différents 

“Plein d’usage et raison: usage = expérience, mais le mot connoteaussi l’idée d’usure. Ulysse est un homme “plein d’usage et raison”, mais qui a perdu ses illusions ; son expérience a été acquise au prix de souffrances et d’épreuves comme Du Bellay qui se compareà lui (comme..)

Quand reverrai-je, hélas...” : soupir, cri du cœur. L’interjectionhélas!” est le maître mot de l’élégie.Elle se caractérise par une nostalgie douloureuse et révèle lebonheur perdu.”Reverrai-je” : le verbe est au futur pour montrer l’espoir du retour et les incertitudes qui l’accompagnent.

Fumer la cheminée”:Icicheminée est une métonymiepour désigner la maison ; Les mots mis en rejets (“Fumer”, “Reverrai-je”) prennent un relief particulier.

Leclos désigne le jardin, l’enclos ; noter l’opposition entre “ma pauvre maison” et “qui m’est une province (c’est-à-dire un royaume), ainsi quel’hyperbolebeaucoup davantage“. Le mot “clos” est peut-être la “clé” de ce poème fondé sur l’opposition entre l’ouverture(la jeunesse, le voyage, la mer, Rome…) et la clôture(l’âge mûr, les parents, la maison…), opposition que l’on retrouveexpriméedans la pointe du sonnetEt plus que l’air marin la douceur angevine.

La” cheminéeest égalementun mot qui renvoie allusivementà la notion de   foyer , defamille,  les parents.Le foyer est étymologiquementle lieu où brûle un feu et particulièrement l’âtre de la cheminée. Le foyer ou “feu” était l’unité dans le décompte de la population des villages tenu par le clergé, à partir des cheminées des bâtisses ( on estimait environ 10 personnes par foyer).La cheminée qui fume est lamétaphoredubonheur perdu ;la fumée étant signe de présence vivante ; La vision de “la” cheminée qui fume est l’anticipation du moment magique  qui précède les retrouvailles, riche de tous les souvenirs familiers.

Vivre entre ses parents le reste de son âge” :  Ils’agit ici d’une projection d’un nouveau bonheur à venir qui découlerait des retrouvailles avec les siens. 

2ème quatrain : comme le veut la tradition ,le poète aborde ici une dimension plus personnelle.

Plus me plaît”.”Plus que le marbre”…”Plus mon Loire gaulois...” (prononcer “Loi-re” :(en latin le nom de fleuve est masculin et ici le poète a conservé cet usage)”Plus mon petit Liré…””Et plusque l’air marin…”L’anaphore de “plus” au début desvers permet de créer une série d’oppositions  avec un effet rhétorique de répétition et de symétrie.Remarquer que dans le deuxième et le dernier vers, qui constitue la “pointe” du sonnet,  la structure symétrique est inversée, ce qui rompt la monotonie du procédé.

 La périphrasele séjour qu’ont bâti mes aïeux n’est pas une simple reprise analogique, de “pauvremaison” ; elle importe une information supplémentaire, l’idée de patrie et peut-être aussi la revendication orgueilleuse de l’appartenance à une “lignée” ; la “maison” de du Bellay était prestigieuse ;Il est en effet issu d’une noble lignée mais appauvrie par des revers de fortune.

Noter le caractère majestueux de ce vers de “Que des palais romains le front audacieux,” avec l’inversionsyntaxique : le complément de détermination est antéposé au groupe nominal et ladiérèse (dissociation des éléments d’une diphtongue) : “au-da-ci-eux” = 4 syllabes)

“Tibre latin”, “mont Palatin” : ces lieux sont en ruines au XVIème siècle, mais demeurent des noms prestigieux liés à des souvenirs antiques.Les adjectifs possessifs “mon” Loire, “mon” petit Liré  sont opposés aux déterminants définis “le” Tibre,  le Mont palatin. Ils ont une valeur “hypocoristiques”qui expriment la tendresse, l’affection et personnalisent les choses. Le poète évoque les lieux de son enfance comme des personnes aimées.

Et plus que l’air marin…” : Rome est située à 20 kilomètres de la mer, et le vers renvoie ainsi au premier quatrain, aux périples d’Ulysse et de Jason, qui sont tous deux des marins célèbres : le premier pour avoir su résister aux sirènes et le second pour avoir ramené l’équipage de l’Argos.

L’adjectif “marin”qui évoque l’air iodé et salé, au goût désagréable est opposé à “douceur”


 

Ledernier vers Et plus que l’air marin la douceur angevine”renvoie au premier : “Heureux quicomme Ulysse a fait un beau voyage” ; on peut parler de “bouclage”(fermeture) ; il s’agit aussi d’une “clausule” (dernier vers d’une strophe, d’un poème). Techniquement la clausule est définie dans l’artoratoire comme une  une structure rythmique dont la nature est d’arrêter l’élan de la phrase .Ce dernier vers contient également des images ;on imagine l’Anjou avecses maisons de craie, ses toits d’ardoise, ses étangs, les beaux arbres, un paysage légèrement vallonné, couvert de champs et de vignes (le vin d’Anjou), une nature paisible. De nos jours d’ailleurs, l’expression douceur angevine”reste associée à une atmosphère douce et vaporeuse, une certaine qualité de lumière.C‘est la “pointe” du sonnet qui se termine par un tableau qui lance l’imagination vers l’infini.

En conclusion , loin de condamner l’idée même de voyage, le poète illustre plutôt l’idée toujours actuelle que les voyages forment la jeunesse et nous permettent de mieux apprécier ce que nous avions sous les yeux sans parfois nous en rendre compte. Le poète a pu mesurer, grâce au déracinement, la valeur de son attachement à son foyer : il lui tarde de retrouver les siens et le sol qui l’ a vu naître.

 

 

24. mars 2019 · Commentaires fermés sur Poésie et Irlande: bref aperçu de la poésie gaélique · Catégories: Première

L’Irlande est très fière de ses poètes et te de son histoire littéraire et aujourd’hui encore , la parole et l’écriture poétique demeurent présentes. Les documents d’accompagnement de votre séquence consacrée au roman Retour à Killybegs sont extraits d’un recueil de poésies intitulé ” voix irlandaises ” . Des femmes poètes y écrivent leur relation avec leur pays . Elles se nomment Breda Sullivan, Maureen Martella, Linda Anderson  ou écrivent parfois anonymement . Chacune à sa manière , elles célèbrent l’Irlande , ses beautés et ses drames . Avant d’évoquer ces poèmes , un petit aperçu de l’ histoire de la poésie en Irlande ..

Voyage dans un fauteuil composé de 5 tercets de vers irréguliers évoque avec tendresse, dans un registre intimiste , une aïeule qui n’a jamais vu la mer ; le poème, avec des mots simples , souligne ainsi la ruralité de ce pays et l’amour de ces petits entants pour leur Grand-Mère qui déposent l’océan à ses pieds comme un  dernier cadeau . Le poème de Maureen Sullivan évoque la condition féminine avec humour et s’efforce de briser des stéréotypes ; l'auteur y fait parler une jeune femme qui brosse un portrait idéalisé de l'épouse parfaite "traditionnelle"  du point de vue d'un homme irlandais : bonne ménagère, docile, , qui rend hommage à son homme , le valorise; lui lave les pieds et lui cire se chaussures  et se tient toujours à sa disposition, offerte avec un grand sourire .  La chute comique du poème vient détruire cette image et nous révèle que la poétesse ne partage pas du tout cette vision de la condition féminine; elle dénonce ainsi de manière plaisante le machisme de certains irlandais. Le poème est construit avec 5 quatrains et les vers varient entre l’octosyllabe et le décasyllabe.L’absence de rime est liée à la traduction

Le long poème intitulé Motif brode l’histoire d’une relation mère/fille en revenant sur des souvenirs d’enfance; Le lyrisme personnel dessine le portrait d’une mère irlandaise qui a connu la pauvreté et sa fille lui rend hommage à travers cette poésie de forme libre où on aperçoit néanmoins quelques quatrains . Ce poème peut également être considéré comme une sorte d’éloge funèbre car la mère y est célébrée à titre posthume (  elle est morte ) ; On y décèle également un ton nostalgique : la poétesse exprime des regrets car leur relation était devenue difficile . A travers le souvenir de la confection d’une robe et des tâches ménagères que sa mère effectuait inlassablement, elle brosse le portrait de toutes les mères irlandaises que “l ‘histoire a mise(s) à genoux ” : élèves une famille nombreuse (nichée ) avec peu d’argent (recoudre les anciens habits ) ; elle choisit le tissu d’une de se anciennes robes pour fabriquer à sa fille qui retourne à l’école  sa tenue du rentrée et pour cette dernière ce vêtement symbolise sa pauvreté Pour moi elle signifiait pauvreté, “stigmate des vieux habits ” .  

Dans un registre dramatique, Linda Anderson nous fait partager une autre image de l’Irlande : celle de la violence d’un viol commise sur une femme dont le cadavre est découvert par une ronde policière ” visage contre terre, inerte dans un fossé, ” La poétesse évoqué des détails réalistes de l’Irlande du Nord avec des noms comme Belfast ou Long Kesh, la prison où sont détenus les membres de l’IRA et souligne l’indifférence des passants avec leurs “ visages de pierre ” confrontés à ces scènes . La violence entre les deux communautés catholiques et protestantes,  est suggérée notamment à travers des images comme “ barrée par des barbelés, voisins meurtriers “. La ville de Belfast est personnifiée et semble elle aussi souffrir de ces exactions qui la défigurent ; La poétesse montre ainsi que cette violence est pour beaucoup de gens attachée à l’image qu’on peut se faire de ce pays endeuillé par de longues années de guerres .Le modèle métrique du poème combine les  différents types de strophes : huitain, neuvain, deux sizains et un quintil; 

Ile reprend la forme traditionnelle du blason héritée de l’Antiquité et modernisée au Moyen-Age ; Le pays s’y confond avec le corps de l’ être aimé dans un système d’analogies qui débute dès le premier vers avec la parataxe: ton corps , une île; Le corps de l'être aimé est ainsi le lieu où l'on se réfugie  et où l'on se sent à l'abri , le lieu idéal, le locus amoenus des Anciens qui reproduit sur terre l’image du Paradis, du jardin d’Eden.   ; Les beautés et les bienfaits de la nature sont ainsi directement associés à des parties du corps : les tempes deviennent des puits d’eau fraîche, les yeux des lacs de montagne; Le poète rend ainsi un double hommage , à la fois à la beauté de l’aimée et à la beauté du pays ; L’amour pour l’Irlande et ses beautés naturelles se confond ici avec le désir amoureux ; La dernière strophe évoque un embarquement pour cette île magique qui peut se lire comme une union avec le corps aimé rejoint  ”  : dans tes champs verts, comme une île ” . 

La vierge de Granard parle est formé de strophes irrégulières aux vers libres et se fonde sur les contemplations et les observations, teintées de regrets  d’une statue de pierre qui désire s’incarner en femme véritable et se faire renverser sur un “lit de miel ” . La poétesse déplore l’existence de ce conflit meurtrier en Irlande qui oppose catholiques et protestants  et le champ lexical de la guerre contamine la Nature elle-même où les arbres gambadent à l’agonie : le cycle symbolique des saisons est utilisé pour matérialiser les transformations du pays : le froid glacial de novembre balaie la frontière mais lorsque les conflits s’apaisent, la Nature redevient bienfaitrice avec les odeurs des arbustes en fleurs et l’été qui appelle à l’amour : les cérémonies du calendrier religieux rythment le temps  qui paraît immuable ; la communion, le mariage et l’enterrement en automne ; la vie humaine semble dérisoire et “la mort n’est qu’une récolte de plus dans le théâtre des saisons ” ; Nous retrouvons deux grands thèmes de la poésie universelle  : la fuite du temps , l’impossibilité d’échapper à sa finitude ainsi que l’idée que le monde est un théâtre au sein duquel l’homme est en représentation un court instant ; Ces topoi sont connus sous le nom latin  de tempus fugit  ( Rossard le matérialise par la devise Carpe Diem ..profitons du jours présent  ) et de theatrum lundi (mouvement baroque ) . 

Chacun de ses poèmes évoque donc un aspect de l’Irlande et des Irlandais : la tendresse maternelle , l’image de la femme , l ‘attachement aux beautés de cette île  et les conflits  meurtriers entre catholiques et protestants qui endeuillent cette terre . Le poètes peuvent célébrer leur attachement à leur terre natale avec le registre du lyrisme personnel ( des souvenirs d’enfance teintés de nostalgie, la maison natale, les plaintes de l‘exilé volontaire ou contraint comme Hugo dans Les Châtiments , Du Bellay dans Les Regrets  ou adopter , dans des poèmes engagés la position d’un porte-paroles d’une collectivité ou d’un peuple pour déclarer leur amour à leur pays attaqué ou à leur Patrie en danger . ( Aragon dans Je vous salue Ma France

05. mars 2019 · Commentaires fermés sur S’engager dans une dissertation : autour de l’efficacité d’une argumentation · Catégories: Fiches méthode · Tags: ,

Une dissertation réussie se base sur une analyse complète du sujet donné :

Etape 1 : définir le sujet

Les mots importants sont « expérience vécue » et « force d’une argumentation » 

« expérience vécue » renvoie à des récits de vie ou de tranches de vie, donc à des passages narratifs ; cela peut donc faire référence à l’autobiographie (s’il s’agit de la vie vécue par l’auteur), mais aussi aux apologues qui exposent une situation qui va servir de base à une morale et à tout genre qui comporte une histoire . Il peut donc s’agir de « l’expérience vécue » par l’auteur, par des personnes ayant réellement existé ou par des personnages fictifs ;

L’expression « force d’une argumentation » renvoie à l’efficacité pour argumenter. Cela revient à se demander ce qui pour un lecteur a le plus d’efficacité . La question que vous devez vous poser et qui est une reformulation du sujet est la suivante :  Le recours à l’expérience est-il un moyen efficace pour soutenir une thèse/des idées ?

Lorsque vous la trouvez dans l’énoncé d’un sujet : l’expression « Dans quelle mesure » suggère de chercher pourquoi l’expérience vécue est efficace, donc d’analyser ses atouts et avantages. Mais vous devez aussi vous demander si elle ne présente pas des limites, des inconvénients, ou si elle est suffisante pour appuyer une thèse. 

Etape 2 : Chercher des idées

Mettez la question posée par le sujet en relation avec les grands thèmes de la question de l’homme dans la littérature argumentative : s’interroger sur l’homme, c’est prendre en compte ses divers aspects en tant qu’individu (corps, sensibilité, esprit, conscience), mais aussi en tant que membre d’un groupe social (famille, milieu et mœurs, travail, nation, et aborder les questions d’ordre social, politique, scientifique, éthique, religieux (valeurs qui doivent guider la vie : bonheur, pouvoir, liberté…).

Pour trouver des idées et construire le plan, répertoriez les types d’expériences vécues rapportées dans les textes argumentatifs que vous connaissez. Vous partez alors d’illustrations concrètes qui seront développées dans la rédaction de votre dissertation. Ce type de plan est appelé raisonnement par induction.

Les exemples : en partant du corpus, faites la liste des textes que vous connaissez qui comportent le récit d’expériences vécues, réelles (biographie, autobiographie) ou fictives présentées comme réelles, dans les apologues (fables, contes, notamment contes philosophiques), mais aussi dans les romans (Hugo, Les Misérables ; Zola, Germinal ; Camus, La Peste…). Rangez ensuite ces illustrations selon leur efficacité argumentative ( du plus convaincant au moins convaincant par exemple) 

Au moment de rédiger, pour éviter la répétition de l’expression « expérience vécue » mais aussi pour trouver des idées, faites-vous un « stock » de mots du champ lexical qui s’y rapporte : exemples personnels, tranche de vie, parcours, (le) vécu, (l’)histoire, expérimentations…

Soyez attentif à la bonne construction de vos paragraphes. Un paragraphe de dissertation n’est complet que s’il comporte trois composantes indispensables : l’argument avancél’exemple qui l’illustre et le commentaire de cet exemple. La longueur moyenne d’un paragraphe est d’une dizaine de lignes.

Vous devez développer l’exemple en mettant en valeur les détails concrets qui appuient l’argument. Attention ! Il ne faut pas raconter toute l’œuvre, mais faire des commentaires directement reliés à l’argument à démontrer.

Etape 3 : rédiger 

Introduire le sujet (la citation est souvent un moyen élégant d’entrée en matière ..pensez-y 

La pensée naît d’événements de l’expérience vécue et elle doit leur demeurer liée comme aux seuls guides propres à l’orienter », écrit la philosophe Hannah Arendt. Une telle affirmation confère à l’expérimentation un rôle primordial dans la formation de notre pensée et suggère que le récit d’expériences – réelles ou fictives – est un moyen argumentatif infaillible pour forcer l’adhésion d’autrui. Mais n’est-ce pas une position un peu extrême ? Certes, il faut accorder dans sa réflexion une place à l’expérience vécue . Cependant son efficacité présente des limites – voire des dangers – et requiert des précautions ; il convient d’en user avec discernement et de lui garder sa juste place dans l’argumentation .

I. L’efficacité argumentative de l’expérience vécue

Une argumentation est d’autant plus forte dans son expression, d’autant plus persuasive, d’autant plus vivante qu’elle se nourrit de l’expérience vécue par celui qui la conçoit et la compose, mais aussi vécue par d’autres auxquels il peut faire référence.

1. Une argumentation concrète, détaillée et incarnée

L’argumentation inspirée et illustrée par une expérience vécue, personnelle ou non, est concrètesouvent détaillée. Ainsi, Le Dernier Jour d’un condamné, de Hugo, qui retrace les derniers moments d’un homme qui va être guillotiné, permet au lecteur de partager, au fur et à mesure que les heures s’écoulent, les émotions, les sentiments et les réflexions du futur supplicié, prises sur le vif, bien plus qu’un traité ou un essai théoriques sur la peine de mort.

Les idées sont alors incarnées et prennent un relief saisissant. L’expérience vécue donne corps à des abstractions en les incarnant. Les idées « en action » – les allégories animales de La Fontaine, comme le Loup dans « Le Loup et le Chien » (qui représente le choix de la liberté face à la soumission, mais aussi l’acceptation de la pauvreté et de la précarité), oul’expérience de mineur de Lantier, symbole de la révolution – sont concrètement perçues et les arguments des personnages touchent le lecteur comme s’il s’agissait de véritables témoignages authentiques.

2. Force de l’authenticité, force de l’identification

L’efficacité de l’expérience vécue tient aussi à l’authenticité, à la véracité qu’elle confère à l’argumentation. Ainsi, dans les Mémoires de guerre, les idées politiques de De Gaulle s’enrichissent d’un vécu profondément enraciné dans la réalité : il parle en connaissance de cause de la Libération, des forces antagonistes, pour en avoir été non seulement un témoin, mais aussi un acteur de premier plan. Qui peut mieux connaître les rouages de la politique de ces années mouvementées ? De là vient aussi l’efficacité des romans d’apprentissage, tels que Le Rouge et le Noir, de Stendhal. Le lecteur s’identifie au héros at apprend à travers les expériences de ce dernier .

L’exemple – personnel ou fictif – peut aussi susciter la sympathie ou l’identification avec le locuteur ou avec le personnage(s) dont l’expérience est rapportée : le lecteur vibre avec émotion au gré de ce qui arrive aux êtres dont il suit l’itinéraire et auxquels il s’attache. ……… comme dans …..

Ainsi, le lecteur qui s’identifie à un personnage adhère à sa conception du monde ou au contraire la rejette ; il subit inconsciemment l’ influence de ce modèle.……

3. La variété apportée par l’expérience vécue

Le recours à l’expérience vécue permet aussi la variété, comme en témoigne la multitude des genres littéraires qui reposent sur un récit : apologues (qui se diversifient en fable, conte…) ou romans. 

Parfois même, à l’intérieur de genres plus austères – l’essai, le traité… –, un auteur introduit des passages narratifs qui agrémentent une argumentation théorique qui serait trop abstraite. Ainsi, dans son article « Torture » du Dictionnaire philosophique,Voltaire introduit l’histoire véridique du jeune chevalier de La Barre, torturé pour avoir « chanté des chansons impies ».

Le recours à l’expérience vécue permet de varier les types de personnages : les bons et les méchants s’opposent (Jean Valjean et Javert dans Les Misérables), mais aussi les registres : lyrisme d’« Ultima verba », le poème de Hugo ; La Peste de Camus, tantôt lyrique, tantôt pathétique avec le récit de la mort de l’enfant.

4. Chacun porte en soi « la forme entière de l’humaine condition »

L’expérience vécue peut, en outre, inspirer des idées plus larges, voire universelles. Comme le dit Montaigne : « Qui se connaît, connaît aussi les autres, car chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition. » Ainsi, parler de soi, c’est aussi parler de l’ensemble des hommes dès lors qu’il est question de la condition humaine, de ses joies, de ses peines.

Lorsque Hugo affirme : « Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous […] Ah ! insensé qui crois que je ne suis pas toi » (préface des Contemplations), il donne à son cas particulier une portée universelle. De même, l’expérience personnelle de Primo Levi dans les camps de concentration racontée dans Si c’est un homme (1947) renvoie l’image de tous les déportés et prend une portée morale en présentant aux hommes l’image de leur propre cruauté.

5. L’efficacité du raisonnement inductif

Enfin, le récit de l’expérience vécue amène le lecteur – qui doit tirer ses propres conclusions de l’exemple proposé – à une démarche inductive. Le cheminement de la réflexion va de l’exemple à la généralisation, du concret à l’abstrait. L’auteur joue ainsi de la force et de la vertu de l’exemple. La fiction parle à l’imagination avant de parler à l’esprit.

Une telle démarche requiert un lecteur actif qui doit réfléchir pour tirer de l’expérience vécue des conclusions et en trouver les implications dans son propre monde. Ainsi, à partir du récit que fait Montaigne dans ses Essais de sa rencontre avec des « sauvages » venus à Rouen, le lecteur doit discerner la critique sociale et politique implicite des sociétés dites civilisées et l’image du roi idéal selon l’auteur.

II. Limites et conditions de l’efficacité de l’expérience vécue

Cependant, l’efficacité de l’expérience vécue présente des limites et doit obéir à certaines conditions.

1. Une seule expérience ne saurait amener à une loi

Au-delà de l’aspect affectif, le recours à l’expérience vécue peut pêcher par ses failles logiques. Ainsi, dans les sciences expérimentales, une expérience ne suffit pas à confirmer une loi ; pour cela, il faut que de multiples expériences dans des conditions identiques aboutissent au même résultat.

De la même façon, une histoire vécue n’est qu’un cas particulier qui dépend du contexte dans lequel elle se déroule et qui ne saurait aboutir immanquablement à une vérité générale.

2. La nécessité d’un regard objectif sur son expérience

Pour convaincre, l’argumentation, en tant que développement d’une pensée abstraite, d’idées qui atteignent un degré suffisant de généralité, doit dépasser tout point de vue étroitement partisan, souvent formé par une expérience de la vie nécessairement limitée et contingente. Pour mener une argumentation efficace, il faut savoir prendre le recul nécessaire et gommer toute subjectivité excessive, volontairement ou involontairement déformante.

3. Les dangers de la persuasion : un lecteur sous influence

Parce que l’expérience vécue s’adresse davantage à l’imagination et à l’affectivité qu’à la raison, elle est plus propre à persuader qu’à convaincre et de ce fait présente des dangers. Ainsi, la sympathie (au sens étymologique) du lecteur, son identification avec le personnage dont est rapportée l’expérience peut être si forte qu’elle l’investit complètement. Le lecteur qui s’identifie ainsi à un personnage adhère à sa conception du monde ; il subit inconsciemment l’influence de ce modèle, qui peut, par un raisonnement spécieux, présenter comme une vérité générale sa propre expérience.

Il faut savoir lutter contre les séductions du récit, lequel peut prendre des voies détournées pour abuser et influencer : combien de lecteurs se sont laissé séduire par Mein Kampf et ses raisonnements spécieux ? 

La dernière partie de la dissertation (pour ceux qui souhaitent établir un plan en trois parties) propose alors une sorte de synthèse qui repose sur le mélange des récits avec des arguments fondés sur un raisonnement dans des genres hybrides comme le conte philosophique, qui allie la dimension séductrice de la narration avec le choix plus sérieux des thèmes abordés. On pourrait aussi évoquer la morale des fables qui illustre implicitement souvent les enseignements à tirer de l’apologue. On peut aussi envisager l’idée selon laquelle les expériences d’un homme sont assez limitées alors que l’imagination artistique permet de les multiplier et ainsi de les rendre plus enrichissantes . 

 

04. mars 2019 · Commentaires fermés sur Tyrone Meehan : un héros et un traître · Catégories: Première

Inspiré de faits réels, le roman de Sorj Chalandon retrace  l’histoire douloureuse d’une trahison ;  Tyrone Meehan activiste irlandais, membre de l’ IRA dès l’âge de 18 ans, va peu à peu accepter de livrer des renseignements aux services de contre-espionnage britannique en échange de leur silence dans sa participation à un crime. Installé à la place  du personnage principal de ce récit à la première personne  , le lecteur est emporté malgré lui, dans les tourments du héros et découvre le traître de l’intérieur. Néanmoins, l’auteur ménage, çà et   là ,des zones d’ombre et diffère la révélation de la cause principale de la trahison   comme pour nous signifier qu’on ne sait jamais vraiment pourquoi on peut être amené à trahir les siens, son pays et ses idéaux. L’écrivain permet ainsi au lecteur de se mettre, provisoirement , dans la peau d’un traître , au demeurant fort sympathique . Découvrons ensemble qui est vraiment Tyrone Meehan et comment il est construit …

 Le prologue  rédigé la veille de Noël 2006 , quelques mois avant l’assassinat du héros dans son cottage de Killybegs , parait une tentative de justification ; Le personnage a l'intention de “dire la vérité ” et le premier chapitre s’ouvre sur une plongée dans ses souvenirs d’enfance . Enfant battu et rudoyé par un père au double visage : à la fois  patriote et conteur d’histoires mais également alcoolique violent et rongé par l’amertume te le sentiment de défaite ; Soldat du Donegal, volunteer de l’IRA, Patraig Meehan, le père de Tyrone est sur le point d’abandonner sa famille pour aller combattre en Espagne en 1936 contre les troupes du général Franco, dans les rangs des Brigades internationales . Mais il restera pour subvenir aux besoins de sa famille; Homme brisé,  rapidement surnommé “bastard” par les habitants du village de Killybegs , il représente pour son fils, le modèle de l’homme qui a sacrifié sa vie pour son pays. Sa mort “lesté de sa terre ”  , plonge la famille Meehan dans la misère et les oblige à déménager.

.  (2-) A la suite d’une agression contre Kevin, le petit frère de Tyrone, la famille accepte l’hospitalité de l’oncle maternel et part vivre à Belfast dans le ghetto catholique de Cliftonville. Tyrone est alors âgé de 16 ans et il fait   rapidement la connaissance de sa voisine Sheila Costello qui deviendra sa femme et qui, dès leur premier rencontre, le surnomme affectueusement “weeman”. (petit homme – ) parce qu’elle est un peu plus grande  que lui.   Après un bombardement allemand, Tyrone contemple son premier mort et ce jour là , le 16 avril 1941,  il décide qu’il n’est plus un enfant et qu’il est , à son tour , prêt à se battre.

<p style="text-align: justify;">3 ; Le roman oscille entre récit de la vie de Tyrone et écriture de ses souvenirs à Killybegs , une ville de l’Irlande du Sud ; Tyrone a décidé de ne pas se cacher car il sait qu’ils viendront un jour le tuer . Il évoque ses souvenirs tout en caressant le sliotar usé, cadeau de Tom Williams 60 ans plus tôt .

4. A Belfast, la vie est devenue difficile pour la famille de Tyrone : le drame vécu par son oncle Lawrence l’a rendu silencieux mais en avril 42, quand la maison est incendiée par des loyalistes , il décide de mettre sa famille à l’abri dans Dholpur Lane, un ghetto protégé par l’IRA. Tyrone rencontre alors Tom Williams âgé de 19 ans et déjà lieutenant ; Pour Tyrone et les siens, l’IRA représente une protection et il rejoint quatre jours tard les Na Fianna, les scouts de l’armée républicaine. Il es lie d’amitié avec Danny Finley dont le frère jumeau Declan a été battu à mort par des jeunes protestants à Short Strand. Leur insulte préférée contre les catholiques  est Taig :  “saleté de papiste ” . Tyrone participe à sa première opération de guet en février 1942 et c’est à cette occasion que Tom Williams lui donne le sliotar qu’il gardera précieusement toutes ces années . Au cours d’une  autre opération , alors qu’il porte sur lui une arme chargée , il se surprend à sourire à une jeune soldat anglais et a honte de ce qu’il ressent alors ” cette preuve d’humanité m’a longtemps poursuivi . Et dérangé longtemps. Sous ce casque de guerre, il ne pouvait pas y avoir un homme mais seulement un barbare. Penser le contraire, c’était faiblir, trahir. Mon père me l’avait enseigné. Tom me le répétait.“( p 71) A

A Killybegs, , Tyrone tente de survivre ; Il rencontre le père Gibney qui l’informe de la visite prochaine de Joshe, Joseph Byrne, devenu franciscain et qui a combattu avec Tyrone . 

Après la mort de son oncle , tué par sa chute d’un toit en mars 1942, Tyrone poursuit son engagement au sein de l’IRA et participe à la marge des Fianna en avril 42 pour commémorer l’insurrection de Pâques 1916. Mais ce jour là, Tom Williams est arrêté pour avoir ouvert le feu sur une patrouille de police et tué un policier catholique qui portait l’uniforme anglais . Il est exécuté par pendaison en septembre 42 ; Il a 19 ans . Très vite, le quartier s’enflamme ; Sean et Tyrone sont arrêtés par les B Specials et emprisonnés à Crumlin. Tyrone réalise alors que sa vie “suffoquerait entre ces murs captifs et sa rue barbelée. “J’entrerais, je sortirais jusqu’à mon dernier souffle. Mains libres,entravées, libérées de nouveau pour porter un fusil en attendant les chaînes .” (p 105) . Le jour de ses 18 ans, il prête serment en prison à l’IRA. Il sera libéré en 1945 seulement. Et il constate alors que leur guerre à eux n’est pas finie. ” enfants de ce désastre; Pas vaincus mais désemparés. Les seuls en Europe à ne pas avoir de drapeau vainqueur à accrocher à nos fenêtres. ” (110) 

Après l’attaque d’un poste de police sur la   frontière, Tyrone est arrêté et emprisonné pour la seconde fois :  il a 32 ans et retrouve son frère Seanna en prison. Ce dernier souhaite émigrer et ne veut pas sacrifier sa vie pour son pays (texte 2 ) . Tyrone sera libéré en 1960 et à sa sortie du prison, il épouse Sheila qui lui donnera un fils unique: Jack.  En 1969, au cours d’une attaque de police contre des manifestants qui revendiquent l’égalité des droits civiques entre catholiques et protestants , Tyrone tue accidentellement Danny Finley ( p 134 ) La famille de Tyrone quitte Dholpur Lane pour aller vivre à Drogheda. Tyrone lors de l’enterrement de Danny est célébré comme un héros . Un an plus tard, il est hanté par le souvenir de la mort de Danny. En 1979, Jake est emprisonné pour la mort d’un policier et passera 20 ans en prison . 

Deux visites douloureuses sont racontées en marge de la reconstitution de la vie du Tyrone : celle du père Joseph Byrbe ( chapitre 9 ) et celle de son fils à Killybegs ( (chap 11) ; 

En 1979, dénoncé par un habitant du quartier pour avoir frappé un dealer , Tyrone retourne en prison pour 15 mois ; Il a alors 54 ans et découvre que 300 irlandais vivent nus dans leurs excréments car on leur refuse le statut de prisonnier de guerre. Il est libéré le 7 janvier 1981 au moment où Bobby Sands commence sa grève de la faim . Le lendemain l’armée vient l’arrêter et il est emmené dans les locaux du contre-espionnage où on lui montre les douilles qui ont été retrouvées le jour où Danny Finley a été tué. Tyrone est soumis à un chantage : soit il collabore, soit la vérité est révélée. Il choisit alors de trahir l’rlande et de demeurer un héros aux yeux de tous.  Trahit-il pour sauver sa réputation ? C’est en partie ce que suggère le roman. 

Lors de leur voyage à Paris en avril 1981, Sheila et Tyrone sont accompagnés de deux agents du Mi 5 et, comme pour vaincre ses dernières réticences, ils lui font la promesse que sa trahison “n’entraînera ni arrestation ni victime. Tes informations serviront à sauver des vies pas à en gâcher d’autres”. ( 196 ) Les noms de code des agents sont issus de l’opéra Arabella ; Tyrone est Ténor et Walder son interlocuteur, un policier assisté de Dominik . A Paris, Tyrone rencontrera Honoré.  

Le chapitre 15 raconte repassage d’un journaliste qui réussit à dérober quelques images de Tyrone devant son cottage: désormais on lui refuse l’accès au pub et sa solitude est complète. Sheila vient le rejoindre pour le réveillon et lui avoue son désarroi. 

En 1981 , Tyrone participe aux préparatifs de l’assassinat de Popeye, un gardien de la prison de Long Kesh. Il s’assure tout d’abord que ce dernier avait bien donné aux parents de Aidan , son codétenu , la lettre de leur fils.  Il décide alors d’aller avertir le gardien en personne. ( 226) et il se fait sermonner par le MI 5 qui réussit à lui faire avouer que Devlin a pour nom de code Mickey; En partant , ils lui donnent de l’argent pour le taxi , sa rémunération dérisoire de traître. ( p 232 ) Il décide immédiatemment de dépenser les 30 livres dans les bars de la ville en tournées . (texte 3 ) 

L’ivresse devient pour le héros un moyen d’oublier qu’il trahit ; A la fois salaud et chic type selon Walder, il donne des renseignements sans intérêt aux anglais afin de sauver Mickey mais découvre que Walder en sait déjà bien plus que  ce qu’il pensait . Mickey alias Franck Devlin est arrêté , torturé parce qu’il a été dénoncé par un violeur que l’IRA a corrigé publiquement . Les parents de  ce dernier ont porté plainte à la police royale . En août 81, Tyrone se rend à Paris où il rencontre Honoré un jeune analyste politique de 35 ans, qui travaille sur le Sinn Fein . ” c‘était un chapardeur de moutons qui profite de la barrière ouverte. Il allait passer après les autres, me presser comme un fruit. Lui avait la pâleur du fonctionnaire d’ambassade. Il avait de l’encre sur les mains. pas du sang.”  Il pense qu’il va réussir à lui faire détester Paris.

Le chapitre 18 relate la visite d’Antoine le jeune luthier français héros de Mon Traitre , à Killybegs. Une dernière étreinte unit les deux hommes et le chapitre suivant relate le parcours de leur amitié : de leur rencontre en 1977 à ce geste d’adieu en janvier  2007. La relation entre Tyrone et Honoré évolue peu à peu ( 266)  : ils se rencontrent d’abord dans des cafés ou des sites touristiques avant de prendre eleusr habitudes à la faculté de Jussieu où ils déjeunent de sandwichs et de sodas. Tyrone prend goût à ces échanges . En 1991, ils se rencontrent dans les bus de touristes ; Ils montent à l’étage et conversent à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes . Paris me donnait le courage d’affronter Belfast. Il y’a fait du respect dans le regard d’Honoré. En 1994, Tyrone sent même le regard admiratif d’Honoré à l’annonce de la décision de la cessation totale des hostilités de l’IRA; Et l’agent anglais nomme alors Tyrone par son  véritable prénom et pas par son nom d’agent Ténor.(272) 

Douze ans plus tard, lors d’un mariage , Tyrone , en surprenant certains regards de se anciens amis, se sent découvert . Dominik, le policier anglais lui demande de le retrouver au cimetière , sur la tombe de Henry Joy Mac Cracken, leur ancien lieu de rendez-vous . Il lui avoue que son nom a été donné à l’IRA  lui propose de l’exfiltrer ; Tyrone refuse , persuadé que l’IRA ne le fera pas exécuter pour respecter le processus de paix . Le 14 décembre des soldats de l’IRA, ses anciens compagnons d’armes, viennent le chercher à son domicile mais il refuse de les suivre. Le bruit  de la trahison de Meehan se répand dans le quartier et leurs bouteilles de lait sont cassées, leurs journaux ne leur sont plus livrés . Un soir Tyrone décide de se livrer à l’ IRA ( p 309 ) Aprè des aveux publics, ils le gardent quatre jours . Il part ensuite es réfugier à Killybegs dans sa maison natale . ( 319 )  Il y trouvera la mort moins de quatre mois plus tard, à l’âge de 80 ans,  le 05 avril 2007.  Il est ivre en permanence, parle avec les rats, a des amis cloportes .   Juste avant de mourir, il se remémore une de ses trahisons les plus terribles ; Il a  indiqué à Walder en 1981 que l’ IRA  préparait un attentat pour la cérémonie du 11 novembre; Trois bombes allaient exploser durant la commémoration.   Et le MI5 a actionné , à distance, le sytème de mise à feu, tuant ainsi les trois artificiers .  Tyrone est alors devenu un assassin. Son  assassinant sauvage sera perpétré le 05 avril 2007 : il a été nié par l’IRA. Sera revendiqué par un groupuscule opposé au processus de paix autre ans plus tard, en 2011. (331) 

01. mars 2019 · Commentaires fermés sur Ultima Verba : Hugo dénonce le tyran et déplore son exil forcé.. une poésie de combat ! · Catégories: Première · Tags:

Avant de pouvoir rédiger le commentaire, partons de quelques observations concrètes .

De quel type de texte s’agit -il ? 

  • Poème en vers formé de quatrains d’alexandrins en rimes croisées 

  • Poème engagé, qui dénonce la tyrannie de Napoléon III : une dimension satirique 

  • Appel à la lutte et à la résistance contre le tyran 

  • Registre lyrique pour l’expression de la plainte (tonalité élégiaque de l’exil forcé ) 

  • Le titre indique une forme de gravité et désigne les derniers mots avant la mort ou ici, le départ . 

Les axes d’étude : on peut observer un mélange des genres entre l’expression du combat et celui de la douleur de l’exil ; le poète comme porte-parole de la dénonciation de l’oppression et l’appel au collectif (le Je face aux autres ) 

Exemple de titres possibles pour des parties : la dénonciation de la tyrannie , une parole épique, une parole poétique politique , un portrait satirique de l’Empereur , la lâcheté des courtisans , le courage des proscrits, l’élégie de l’exil, la souffrance du banni, la solitude du poète , la force de la parole poétique, la solennité de l’engagement .

  • Entrainez-vous à recomposer le plan de cette version du commentaire et à retrouver des titres possibles pour chaque sous-partie ..
  • Entrainez-vous également à rédiger l’introduction …

Exemple de développement …

Hugo s’adresse d’abord directement à Napoléon III et lui exprime son mépris : il le tutoie (indices personnels de la 2e personne du singulier : « te, ton »). Le nom de « César » (v. 8) dont il l’affuble prend alors une valeur d’antiphrase ironique et contraste avec le croquis burlesque d’un bien piètre « César » dans son misérable « cabanon ». Par l’antithèse ironique – d’autant plus visible que les deux mots sont à la rime – entre ce « cabanon », qu’il mériterait vraiment, et le « Louvre », qu’il occupe indûment, le poète dénonce la folie, mais aussi la mégalomanie et l’usurpation de l’empereur.

Plus avant dans le poème, la désignation implicite de Napoléon III par l’évocation de « Sylla » (v. 26), dictateur romain qui a multiplié les proscriptions et les massacres, dénonce sa cruauté sanguinaire et fait de lui une figure légendaire dont la postérité gardera le souvenir au même titre que les pires tyrans. Le poème se fait satire.

Après l’avoir tutoyé, Hugo prend ses distances par rapport à Napoléon III, comme pour l’annihiler : l’utilisation du pronom « il », pronom de l’absence (« tant qu’il sera là », v. 13), marque son refus de nommer cet ennemi, son désir de lui ôter son identité, de le renvoyer dans le néant.

La critique s’étend à l’entourage de Napoléon III : Hugo dévoile la vérité sous l’apparence officielle et révèle la contagion des vices de l’empereur à tous ses partisans.

La métonymie des « têtes courbées » (v. 9), le terme péjoratif de « valets » (v. 7) pour désigner l’entourage de l’empereur, la lourdeur des sonorités en « on » qui reviennent par six fois dans les vers 6-7 et le rythme régulier que leur imprime la répétition du son « t » (« tandis, tes, te, montreront, ton, te, montrerai, ton ») suggèrent la soumission des courtisans et fustigent leur servilité. Le terme « trahisons » (v. 9) – dont le pluriel indique qu’il s’agit d’une pratique courante – dévoile la vraie noirceur de ce milieu.

Le clergé qui « bénit » (v. 4) l’empereur n’est pas exempt de cet « opprobre » : Hugo le désigne implicitement par l’indéfini « on » (v. 4), désireux d’en rejeter les membres dans l’anonymat et l’oubli, ce qui sera l’un de leurs « châtiments ». Il dénonce ainsi indirectement la complicité coupable de l’Église avec Napoléon  III.

Mais Hugo sait marier satire et lyrisme, et change de ton quand il évoque son sort d’exilé qu’il partage avec ses « nobles compagnons » (v. 1). 

Le poème répond à la rumeur d’amnistie proposée par Napoléon III aux proscrits qui reviendraient en France. Hugo fait ici allusion à ce « piège » qui peut faire vaciller des volontés moins fortes, et peut-être même la sienne…

Le ton religieux, la solennité à l’antique : le thème de l’exil est abordé par le biais de l’apostrophe solennelle à ses pairs en exil, qui rappelle les exhortations à l’antique : le ton est quasi religieux. Ainsi, « culte » (v. 1), terme du vocabulaire religieux, évoque celui des Mânes antiques ; l’apostrophe collective « bannis » (v. 2) semble sortie d’un sermon  ; enfin, la « République » qui « nous unit » (v. 2), personnifiéepar la majuscule, renvoie à une valeur antique essentielle. Ces références au bannissement, qui renvoient à la tradition politique de la République romaine antique, sont reprises par la mention de « Sylla » (v. 26) pour désigner Napoléon qui ne sort pas grandi de cette comparaison .

Le mouvement final de la dernière strophe est préparé par la désignation successive des proscrits dans le poème, la relation de Hugo avec eux étant marquée par un détachement progressif. Hugo part d’une sorte de fusion suggérée par les indices personnels de la 1re personne (« mes compagnons, nous unit, nous tente »), puis, de cette idée collective, il passe à une certaine individualisation (« si quelqu’un a plié », v. 23) et marque la distance instaurée avec ceux qui ont « plié » par le pronom indéfini « on » (v. 25). Si on ne sent de la part de Hugo aucun reproche, l’emploi au vers 26 de « ils », pronom de l’absence, et la formule impersonnelle « s’il en demeure dix » (v. 27) suggèrent cependant la séparation entre lui et ses anciens « compagnons » (v. 1).

Lorsqu’il répète comme un leitmotiv le nom de la « France », Hugo exprime son mal du pays avec des accents nostalgiques  Ainsi, des expressions « ta terre », « ta rive » (v. 15 et 17) se dégage une impression de nostalgie . Le mot nostalgie est à prendre ici dans son sens étymologique de « désir de retour », comme en témoigne la forte opposition du vocabulaire du départ (« reverrai, s’en vont, tente ») et de la fixité (« croiserai les bras, planterai, resterai, rester, demeurer, être »).

Par endroits, le ton et le rythme se font élégiaques : la répétition de certains mots, l’anaphore de « Je ne reverrai pas » (v. 15 et 17) qui met en valeur la négation – et, par là, la souffrance du manque –, l’interjection « hélas » (v. 18) ou le vocabulaire de la douleur (« âpre exil », v. 21) font de ces vers une plainte douloureuse. Les sonorités mêmes contribuent à cet effet : les rimes féminines (v. 13, 15, 17…), les « e » muets (à l’intérieur des vers 14, 15, 17), sonorités douces, et le son « s » (v. 13-14, 15 : « sera, cède, persiste, France » deux fois, « douce, triste ») donnent à ces vers un ton nostalgique.

La  peine toutefois est atténuée par le recours à la prétérition, qui consiste à présenter sa nostalgie par la négation. 

Les sentiments passent par de discrètes allusions personnelles : la référence au « tombeau [de mes aïeux] » (v. 16) suggère implicitement celui de sa fille Léopoldine ; l’évocation du « nid de [s]es amours » (v. 16) est une métaphore qui rappelle son attachement à son pays natal

En contraste avec cette délicatesse affective, le ton se fait parfois poignant et ferme.

La triple apostrophe à la France personnifiée, qui se développe sur un ample groupe ternaire, rythme de l’émotion, et est mise en relief par la coupe et le hiatus (« aimée // et », v. 14), prend des accents épiques.

L’abondance tout au long du poème de verbes, conjugués pour la plupart au futur de certitude, insuffle élan et amplitude à la parole de Hugo.

Enfin, les bras croisés (v. 10), associés au verbe « Je resterai » (v. 20) qui suggère la permanence et la solidité, la solennité du dernier vers font penser à la statue d’un héros car ils évoquent une attitude méditative, mais ferme. La parole du Poète devient une force .

 À travers l’expression de ses sentiments et la force de ses vers, Hugo se pose en figure emblématique du poète engagé dont l’arme est la parole.

La fréquence du pronom « je » (répété treize fois, le plus souvent en tête de vers) ou de sa forme tonique « moi » témoigne d’une forte présence de l’auteur qui se met lui-même en scène pour mieux affirmer son originalité.Hugo se présente dans la posture du héros romantique-type : il est « debout » (v. 20), les bras croisés…Complétant ce portrait physique, de nombreuses comparaisons soulignent son originalité : il apparaît ainsi sous les traits de personnages très divers, tantôt gardien de l’autel du souvenir, sorte de Romain chargé du « culte » de la « République » (v. 1-2) ; tantôt prophète à travers la mention du « sac de cendre qui [le] couvre » (v. 5) ; tantôt héros d’épopée évoquant Achille retiré à l’écart sous « sa tente » (v. 19) ; tantôt statue avec « mon pilier d’airain » (v. 12) ; 

Ces diverses images composent le portrait théâtralisé et impressionnant du poète héroïsé.

Le poème progresse sur le mode de la gradation descendante qui focalise le lecteur sur le personnage du poète mis en scène. Le jeu sur les chiffres, reposant sur une progression qui va s’accélérant de « mille » à « cent », puis « dix », puis « un », crée un mouvement qui semble irrépressible. À cette gradation correspond le jeu sur le rythme des vers : le vers 25 est fragmenté (les troupes sont nombreuses, les rangs instables) ; la relative stabilité du vers 27, coupé à l’hémistiche, soutenue par un parallélisme dans la place de « dix » et « dixième » en fin d’hémistiche, amorce un équilibre qui suggère force et stabilité ; enfin le vers 28 obéit à un équilibre parfait dans son rythme ferme et tonique et l’adéquation entre « un » et « celui-là ».

Hugo joue aussi sur les rimes pour donner plus de force à ce final épique : les rimes masculines sonores en « a » de « Sylla » et « celui-là » qui portent l’accent tonique, s’opposent fermement. Les sonorités orchestrent ce tableau : aux vers 25 et 27, la répétition de la voyelle aiguë « i » (9 occurrences) alliée à des sons forts (« que » répété, « qu’un », « [celui-]là ») met progressivement l’emphase sur le dernier vers, très théâtral.

Cette mise en scène spectaculaire a pour but de montrer que la parole du poète est aussi forte que des actes. Par la répétition du verbe dire (au sens plein de « proclamer », v. 6), Hugo signifie que la parole a un puissant pouvoir sur le monde.

La parole dévoile, perce les apparences, renverse l’échelle des valeurs : ainsi, par la puissance du verbe, l’« insulte » deviendra « gloire » (v. 3), ce qu’on « bénit » sera entaché d’« opprobre » (v. 4) ; la réunion de ces contraires dans un même vers matérialise le pouvoir du poète.

La parole confère aussi l’identité et la suprématie, comme en témoigne l’utilisation des pronoms personnels : ainsi le « je » du poète en début de vers 3 et 4 s’affirme fermement, face à un « on » anonyme, derrière lequel se profile implicitement le tyran, Napoléon III.

Le dire du poète est enfin détenteur du futur, synonyme d’espoir et de sa confiance dans l’efficacité de sa mission : les futurs « Je jetterai l’opprobre » (v. 4), « Je serai […] la voix » (v. 5-6) s’opposent au passé ou au présent des « traîtres » qui se soumettent au tyran, celui qui « a plié » (v. 26), ceux qui « s’en vont » (v. 27). Le ton se fait ici prophétique et rappelle une des missions du poète romantique : il éclaire le peuple et sert de guide pour l’avenir.

 Pour conclure ,le changement de la date de composition du poème (2 décembre au lieu du 14  décembre 1852) est significatif : la date choisie – celle du coup d’État – prend une valeur symbolique et révèle l’importance du poème. De même, son titre latin, très solennel, lui donne l’importance d’une déclaration solennelle placée sous l’autorité de l’Antiquité et des grands orateurs et proscrits. Hugo, le républicain, se bat avec son arme – les mots – et avec force, contre le criminel politique, tout en montrant sa détermination inébranlable, sa destinée unique face à tous. Il s’investit du rôle suprême de modèle : la bouche qui dit « non », par un effet de mise en abyme résonne comme un écho à sa propre voix. Le poème montre l’efficacité de la poésie engagée, pour peu qu’elle ne soit pas trop ancrée dans les événements auxquels elle se réfère et accède à un degré d’universalité qui lui fasse transcender le temps. Le poème de Hugo peut être le chant de tout opposant (Napoléon III n’est pas nommé), de tout exilé insoumis, une leçon de démocratie. Il a son écho au siècle suivant dans les poèmes résistants d’Aragon (« L’Affiche rouge ») ou d’Eluard (« Liberté ») qui dénoncent les atrocités commises par l’occupant allemand .

28. février 2019 · Commentaires fermés sur Rédiger une lettre qui vante les mérite de l’instruction pour les ouvriers · Catégories: Divers

Un descendant des Maheu, devenu médecin, a été sollicité par un journaliste dans le cadre d’une enquête sur les évolutions de la société. Dans la lettre qu’il lui adresse en réponse, il explique comment, en quelques générations, sa famille s’est libérée de la mine grâce à l’instruction.

Comprendre le sujet

Quel type de texte doit -on écrire ? 

Il s’agit d’une lettre d’un médecinqui explique et raconte l’histoire des descendants des Maheu des mineurs de charbon qui vivaient dans le Nord de la France entre 1850 et aujourd’hui  . Ne pas oublier, nom ,date ,lieu et qu »’il s’agit d’une réponseà quelqu’un .. (préciser dès le début de la lettre ) 

Quel est le but de cette lettre ?

Elldoit contenir à la fois des élémentsnarratifs , explicatifs et argumentatifs. Il s’agit d’évoquer les bienfaits de l’instruction qui permet à l’homme de rfélchir à sa condition et de se libérer de l’oppression (ici des patrons qui n’accordent aucun droit aux ouvriers et les font travailler dans des conditions inhumaines ) 

On attend : 

  • L’emploi de différents registres 

    didactique (le médecin « instruit » s’adressant au journaliste), parfois pathétique (évocation des souffrances des mineurs), lyrique (s’il fait l’éloge de l’instruction).

  • Des connaissances sur l’évolution de la condition ouvrièrerévolutions industrielles , grèves des mineurs dans le Nord de la France 1880, création des syndicats , révolution prolétarienne en Russie1917 , front populaire en 1936, obtention des congés payés,revendications salariales, droit de grève.

  • des connaissances sur les personnages de Zola, ou de  Germinalet leurs conditions de vie <span style="background-repeat:initial initial">;on pouvait évoquer la dureté du travail ( éprouvant physiquement pour ceux qui creusent dans les tranchées et poussent les wagonnets de minerai, ; travail dans des positions inconfortables, dans le noir etla chaleur ;dangereux à cause des éboulements et des coups de grisou, nombreuses maladies pulmonaires liées aux inhalations du minerai (silicose) , rachitisme des enfants mal nourris , pauvreté chronique, travail de 7 à 70 ans , absence de retraite, mineurs logés dans des corons à proximité des fosses ; Zola compare la mine à un monstre qui dévore les hommes , à un enfer .

  • Que fallait-il inventer ? 

  • l’identité des proches parents du médecin  ;faites attention aux liens de parenté : la chronologie doit être respectée en fonction de la date du roman (1865) et de celle de l’écriture de la lettre (aujourd’hui ) ; Une génération est un intervalle de 25 ans environ ; le grand-père de Germinal surnommé Bonnemort est le père de Toussaint Maheu qui meurt au cours d’une émeute, tué par un soldat vers 1880 ; son fils deviendra instituteur en 1900 environ ; le petit- fils vit dans les années 1930 et c’est donc l’arrière peti-fils qui peut écrire. Petit clin d’oeil à Zola : le dernier personnage héros du vingtième et dernier roman des Rougon-Macquart est lui-même médecin :LeDocteur Pascal .

  • le « parcours » et la profession de certains des parentsdu médecin, en soulignant le rôle de l’éducation dans leur vie.

  • Les idées du médecin Maheu : son récit doit rendre sensibles ses idées sur le sort des ouvriers, sur la société, sur la pensée politique…

Exemple de barême possible au bac 

langue / 4 ; arguments de Maheu et récit de famille /6 ; connaissances du monde ouvrier, de Zola et de l’évolution de la société / 6

Les plus :employer des termes de médecine , citer des faits historiques, s’inspirer des personnages de Germinal et des Rougon-Macquart , inventer des destins de personnages , le respect de la forme de la lettre, les références aux romans de Zola et aux mouvements sociaux .

Voilà un corrigé type … 

Professeur Maheu

Eaubonne le 28 février 20..

 

Monsieur,

À la suite de notre entretien sur les évolutions de la société française, je vous écris pour clarifier et compléter ma pensée. Il me semble en effet nécessaire de préciser certains points pour mieux vous faire comprendre comment j’ai pu parvenir, moi, arrière-petit-fils et petit-fils de mineurs de fond, à devenir professeur en médecine.

Même si l’expression paraît quelque peu galvaudée de nos jours, je soutiens que j’ai bénéficié de ce que vos collègues appellent l’« ascenseur social ». Je ne vois pas d’expression plus appropriée pour désigner le passage, en l’espace de trois générations, de l’obscurité de la mine à la clarté des amphithéâtres. Cette opposition résume clairement le chemin parcouru par notre société grâce à l’éducation et à l’instruction. Moi-même je rends grâce à mes maîtres, qui m’ont permis de devenir médecin et de me dire que mes arrière-grands-parents seraient vraiment fiers de moi.

Mon grand-père Henri1, le petit-fils de celui que tout le coron appelait le père Bonnemort1, me recommandait sans cesse de respecter « monsieur l’instituteur » car c’était grâce à lui que j’allais pouvoir « devenir quelqu’un ». Conseil qu’il répétait aussi à mon père, lequel réussit finalement à entrer dans ce qu’on appelait à l’époque « l’école normale d’instituteurs » en suivant des cours du soir. Mon grand-père, mineur de fond ,mort en 1935, n’était pas allé à l’école, mais sa conviction que l’instruction nous permettrait à nous, les Maheu, de pouvoir respirer à l’air libre sans avoir les poumons encrassés par la houille, n’est pas morte avec lui. Sur ses conseils, mon père1, persuadé que l’ignorance maintenait les mineurs dans la servitude, a rejoint les rangs des « hussards noirs de la République », ces instituteurs tout de noir vêtus dont la mission était d’instruire la population française ; lui aussi a toujours insisté pour que je devienne « quelqu’un ». Il me racontait les souffrances de nos ancêtres, incapables de se défendre contre l’oppression parce qu’ils ne savaient ni lire ni écrire…

Il répétait qu’il n’y avait, au fond, que deux ou trois métiers qui comptaient vraiment. Seuls les enseignants et les médecins trouvaient grâce à ses yeux car ils permettaient aux gens de vivre mieux, d’être plus libres. Vers la fin de sa vie, opprimé par la maladie, il évoquait aussi les prêtres. Mais comme il avait passé sa vie à opposer les enseignants, dépositaires d’un savoir libérateur, aux « curés », situés du côté de ceux qui avaient maintenu son père au fond de la mine, je ne sais quelle valeur accorder aux réflexions d’un homme pris d’angoisse à l’approche de la mort.

J’ai évoqué mon arrière-grand-père Toussaint, « le père Maheu1 », haute figure de la mine, mon grand-père Henri, dont les velléités d’émancipation n’ont jamais abouti, et mon père, le premier à sortir de la mine. Il me faut maintenant vous parler de celui qui convainquit mon arrière-grand-père que c’était grâce à l’instruction que « tout péterait un jour » : un certain Étienne Lantier. Avant de faire sa rencontre, la famille Maheu faisait partie du paysage de la mine au même titre que les corons, les terrils, les ascenseurs et le ciel gris anthracite. Le père Bonnemort, mon arrière-arrière-grand-père, s’était résigné à sa quasi-servitude dans les boyaux houillers. 

L’arrivée de Lantier, mécanicien dans les chemins de fer à Lille et proche des idées d’un certain Karl Marx, futle point de départ d’une prise de conscience de la nécessité de la révolution ouvrière . Pour lui, les principes de liberté et d’égalité affirmés par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen devaient désormaisêtre conquis par l’ensemble des citoyens de la République,. Dans des discours enflammés, il expliqua aux mineurs que la mine n’était pas une fatalité, que les hommes n’étaient pas des machines, qu’ils se libéreraient s’ils « réfléchissaient » et s’ils accédaient au savoir… La stratégie de Lantier était double : d’une part développer au maximum l’instruction des mineurs afin qu’ils puissent devenir instituteurs, comme mon père, ou médecins, comme moi-même ; d’autre part faire pression sur les patrons afin que les mineurs obtiennent des salaires plus élevés et des conditions de travail plus salubres. Deux conditions indissociables puisque, sans temps libre, les mineurs ne pouvaient s’instruire et que, sans instruction, ils ne pouvaient comprendre les revendications portées par les grèves et donc les faire aboutir. 

Ses idées ont fait leur chemin : les hommes ont appris à « réfléchir ». Et certains de mes grands-oncles qui, comme mon arrière-grand-père Maheu fusillé lors d’une manifestation, avaient souffert comme haveurs2, ont pu quitter les entrailles de la terre, monter des commerces et faire vivre décemment leur famille ; on m’a même parlé d’une grand-tante herscheuse3 qui, malgré la fatigue et son dos cassé, apprenait le soir des rudiments de mathématiques et de comptabilité, et qui a quitté la mine pour participer à l’essor d’un grand magasin . Déjà à l’époque, grâce à l’instruction, les femmes aussi se libéraient… L’évolution de la société et la libération des ouvriers étaient en marche, et je suis l’héritier de cet immense effort de prise de conscience.

Bien sûr, on peut trouver à redire, de nos jours, à la rhétorique manichéenne de Lantier, qui oppose les mineurs incultes, forcément bons, et les patrons, forcément mauvais. Mais n’oublions pas que c’est cette rhétorique qui a permis à certaines familles du coron de quitter l’enfer des puits. Pour faire bouger la société, il faut parfois de ces exagérations frappantes qui donnent du souffle aux opprimés et permettent aux générations suivantes de s’élever.

Je reste bien évidemment à votre disposition si vous souhaitez obtenir plus de précisions sur l’histoire de ma famille, de la mine et du coron.

Je vous prie, Monsieur, d’agréer l’expression de mes salutations distinguées,

Professeur A. Maheu

 

1. Par rapport au roman de Zola, la généalogie du médecin qui écrit est la suivante : arrière-arrière-grand-père : Bonnemort (environ 70 ans en 1865) ; arrière-grand-père : Toussaint Maheu (un des personnages principaux qui meurt fusillé dans le roman de Zola) ; grand-père : Henri (fils du père Maheu, qui a 4  ans au moment de l’action du roman) ; père (fictif, né vers 1896, instituteur vers 1925) ; professeur Maheu (fictif, né vers 1930 ; il a donc environ 45  ans quand il écrit).

2. Haveurs : mineurs chargés de l’abattage de la roche en pratiquant des entailles parallèles à sa stratification.

3. Herscheur(se) : mineur chargé de pousser les wagons de minerai.

 

 

22. février 2019 · Commentaires fermés sur Bac blanc 2019 : autour de la liberté · Catégories: Divers · Tags:

Voilà quelques éléments de réflexion et un corrigé de la question de corpus du bac blanc qui portait sur la notion de liberté . Vous pouvez consulter l’original de ce corrigé sur le site des annales ; Ce sujet a été donné au Bac 2012 à Pondichery. Je l’ai remanié pour vous en proposer une version à la fois plus synthétique mais également qui comporte une réflexion sur la liberté opposée à l’esclavage pour la Fable et le roman de Zola. Bonne lecture …

Identifier ce « qui permet d’être libre » équivaut à trouver le(s) moyen(s) qui font accéder à la liberté.Repérez d’abord les manifestations de la liberté dans chaque texte : liberté de mouvement pour le loup qui n’est ni attaché ni obligé de servir un maître ; liberté de mouvement pour Rousseau qui a décidé de ne pas respecter la notion de propriété et s e sent partout chez lui : la liberté est surtout un état d’esprit et ne dépend pas du niveau de richesse «  il lui suffitd’être libre et maître de lui »  . Pour Hugo la liberté d’opinion a un prix : l’exil mais il refuse d’être un valetet veut rester debout . Quant à Zola, il mentionne la possibilité pour les mineurs de se libérer de l’esclavage des patrons «  grâce à l’instruction  »

 

La mise en forme de la rédaction ..

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Une des questions fondamentales que se pose l’homme est son droit à la liberté. Les écrivains s’en font l’écho en recourant aux genres les plus variés : l’apologue pour La Fontaine avec le loup et le chien , l’essai pour Rousseau, la poésie engagée pour Hugo ,le roman social (Germinal)pour Zola. Les quatre textes font comprendre, explicitement ou implicitement, ce qui permet à l’homme d’être libre.

Pour La Fontaine, Rousseau et Hugo, la liberté ne s’acquiert qu’au prix de sacrifices. Le Loup renonce au confort et peut être même à la nourriture (« os de poulets, os de pigeons »), et le mépris des richesses lui fait dire : « de tous vos repas/Je ne veux en aucune sorte,/Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor ». Rousseau revendique sa « pauvreté » à laquelle il oppose une « richesse » qui empêche de « connaître le prix de la vie » ; il lui suffit de ne « pas manque[r] dunécessaire ». Hugo se résigne à un autre type de renoncement : avec des accents élégiaques, il se soumet à « l’âpre exil » loin de sa « terre douce et triste » ; pour être libre il faut savoir faire le sacrifice et renoncer à certaines choses .

La liberté n’est pas seulement renoncement ; elle peut aussi représenter un trait de caractère . Ainsi le Loup veut sauvegarder à tout prix sa fantaisie : il tient à courir où il veut (« Vous ne courez doncpas/Où vous voulez ? »)et il n’entend flatter aucun maître ni travailler aux ordres de quelqu’un . Pour Rousseau, le plaisir et le bonheur sont les valeurs primordiales, comme en témoignent les nombreux mots du champ lexical du bon vouloir (« autant que je veux », « le choix », « on enveut »)et du plaisir (« plaisent », « plaisir » quatre fois, « on jouit »…). Quant à Hugo, c’est « la fidélité à « la République » qui lui donne la force de ne pas se soumettre. Il tient à combattre au nom de ses valeurs et prétend rester « debout » même s’il est en danger.

Obtenir la liberté nécessite aussi une prise de consciencequi permet de réalise rl’existence des rapports de force qui gouvernent la société . Ainsi, c’est à la suite de son dialogue avec le Chien que le Loup, qui a compris ce qu’était un courtisan « flatter ceux du logis, à son maître complaire » prend la décision de fuir . C’est en voyant les « trahisons et les têtes courbées » que Hugo, « indigné », seul contre tous, décide de manifester son librearbitre. C’est en s’opposant aux « gensà coffres-forts » que Rousseau prend conscience de sa vraie « liberté »et choisit consciemment de suivre son caprice. Étienne, par son discours, incite les mineurs à la « réflexion » pour acquérir « l’ambition de prendre la place du voisin »et ne plus demeurer « esclave du patron qui le payait » La liberté peut également être l’objet d’un effort collectif :Hugo en appelle à ses « nobles compagnons » qui lui ont donné la force de s’exiler, de revendiquer sa liberté individuelle (« s’iln’en reste qu’un »). Les mineurs, sont « une armée » dans Germanal et c’est leur union , notamment dans les grèves collectives ,qui leur donnera la force de se révolter et d’acquérir ainsi de meilleures conditions de travail .

Dans chacun des textes, les auteurs revendiquent leur choix d’une liberté qui peut prendre laforme d’un renoncement à la servilité : elle est combat mais aussi faculté de profiter des plaisir de la vie sans se conformer à l’opinion publique ou à la tradition qui tend reproduire les mêmes modèles : le prolétaire a remplacé le courtisan et le républicain est chassé par la tyrannie mais la véritable liberté est aussi un droit que peut s’accorder chacun,égoïstement de vivre selon son plaisir.

 

 

 

18. février 2019 · Commentaires fermés sur Des discours éloquents : Diderot , Clémenceau, Césaire, et JF Kennedy. · Catégories: Spécialité : HLP Première · Tags:

Lorsqu’un orateur s’adresse à un public, il utilise un certain nombre de procédés appelés oratoires et que les rhéteurs de l’Antiquité ont inventé ou tout au moins auxquels ils ont donné des noms . Pour pouvoir analyser avec précision les effet d’un discours , il faut tout d’abord en déterminer les circonstances : à qui s’adresse-t-il et dans quel contexte ou suite à quel événement ? que cherche-t-il à prouver ou à démontrer ou à combattre et quelle en est la dimension politique . Ensuite comme n’importe quel texte argumentatif, il faudra préciser sa stratégie argumentative : les types d’arguments employés , les illustrations proposées et les registres utilisés (le plus souvent pathétique et polémique

Dans le  cas de Diderot , l’auteur donne la parole à une victime de la colonisation, un vieux Tahitien  qui dénonce les méfaits d’une telle pratique en s’adressant justement au chef de l’équipage européen; Même s’il s’agit d’une fiction, on retrouve les principaux arguments qui critiquent l’entreprise coloniale : le mépris des colons pour les peuples sur lesquels ils s’arrogent des droits infondés , l’usurpation des terres assimilée à du vol, les violences faites aux populations et par -dessus tout le sentiment de supériorité de ces hommes blancs face à des Tahitiens qu’ils infantilisent et qu’ils considèrent comme des Sauvages. Philosophe des Lumières , Diderot entend ainsi dénoncer concrètement, par le biais de cette fiction qui imite un récit de voyage, les abus de la colonisation.

Césaire poursuit exactement le même objectif que Diderot : lui aussi parle au nom des victimes , les Noirs auxquels il s’efforce de redonner une forme de dignité avec le concept de négritude . Son discours reprend également  les violences perpétrées au sein de l’entreprise coloniale. Les Noirs sont qualifiés de simples marchandises et traités comme des animaux qu’on exploite . Les arguments des  auteurs sont donc très proches ainsi que leur stratégie argumentative. Leur critique est virulente et ils combattent pour le respect des droits de l’Homme, niés par les colons

Clémenceau lui ne poursuit pas tout à fait la même stratégie même s’il entend dénoncer la colonisation; Il fonde ses réserves sur des arguments économiques plus que sur des arguments éthiques ou philosophiques . Son discours prononcé à la chambre des députés s’efforce tout d’abord de démontrer le coût de la politique coloniale française avant d’émettre des doutes sur son bien- fondé en rappelant que toutes les civilisations se valent .

Quant au discours du président américain prononcé à Berlin, près de vingt ans après la fin de seconde guerre mondiale, il entend surtout dénoncer l’occupation soviétique d’une partie de l’Allemagne. A l’origine, le président américain souhaitait envoyer un signe de rapprochement au bloc soviéiqtiue car la guerre froide bat son plein et l’alerte du débarquement raté de la baie des cochons à Cuba un an plus tôt demeure un souvenir inquiétant. On a frôlé une troisième guerre semble -t-il et Kennedy souhaite apaiser les relations des deux blocs Est/Ouest c’set pourquoi il se rend à Berlin mais pour y dénoncer la construction du Mur qui sépare la ville en zone libre et zone soviétique fermée. Cependant le discours de Kennedy a un aspect provocateur . Ce mur de la honte selon lui marque “la faillite du système soviétique ” car priver les allemands de leur liberté pour qu’ils cessent de fuir en masse la RDA constitue une violation des droits inaliénables des individus. Kennedy certes reconnait que le modèle démocratique américain n’est pas parfait mais il es selon, lui supérieur au modèle soviétique. Il entend également marquer sa solidarité avec le peuple berlinois avec la formule célèbre “ici bin ein berliner ” que les experts considèrent comme une erreur de traduction ; Il aurait plutôt fallu dire simplement Ich bin berliner .  Le président américain entend combattre pour la liberté future  de tous les peuples et pour la paix en Europe tout d’abord ( 18 ans après la capitulation de l’Allemagne ) mais également dans le monde  : Paix et Liberté  sont les deux valeurs qui dominent la fin de sa prise de parole  et son discours sera applaudi par la foule venue l’écouter parler au balcon de l’hôtel de ville de Berlin. le discours de Kennedy est un plaidoyer pour la Liberté et une violente dénonciation du sytème communiste

13. février 2019 · Commentaires fermés sur La mort de Gervaise dans L’Assommoir : comment utiliser un plan détaillé trouvé sur internet ? · Catégories: Seconde · Tags:

 En guise d’introduction …  Le réalisme a dominé la seconde moitié du dix-neuvième siècle et a permis d’élargir la représentation de la réalité à  travers la littérature qui désormais, ne cherche plus à embellir le réel ni à occulter la noirceur du monde. Septième volet des Rougon-Macquart, L’Assommoir est l’un des romans les plus noirs d’Emile Zola . Il y amorce son virage naturaliste qui va le conduire à explorer toutes les couches de la misère des ouvriers parisiens; A la fin de son roman, il y expose la déchéance de l’héroïne Gervaise  et dépeint sa fin pathétique . Comment Zola donne-il ici à voir la mort de Gervaise ? Tout d’abord nous montrerons qu’il s’agit d’une mort dégradante qui clôt le destin pitoyable du personnage et enfin , nous verrons comment l’écrivain évoque ici une certaine vision de la mort . 

Le plan détaillé ci-dessous provient d’un site qui se propres de vous préparer pour  le bac de français : comment utiliser ce type de document que vous trouvez sur internet pour rédiger vos commentaires littéraires ? Voilà le plan en gras : il comporte 3 axes (grandes parties ) et 7 sous-parties . 

I. Une mort lente, interminable et dégradante

1. La lenteur
2. Les conditions dégradantes
3. La mort

II. Une destinée pitoyable

1. Le rôle du quartier
2. Le père Bazouge

III. Une parodie d’oraison funèbre

1. Les pensées philosophiques
2. Derniers mots à Gervaise

Premier constat : il est modulable ; Vous n'êtes pas obligés de vous en servir tel qu'il est présenté ; le titre notamment de la troisième partie est un peu difficile à expliquer; Une oraison funèbre est un type de discours qui est prononcé en hommage à quelqu’un qui meurt et ce qu’a voulu , ici, dire l’auteur de ce travail, c’est que le père Bazouge, à sa manière, rend les derniers hommages à Gervaise qui est morte dans la plus grande solitude et dans l’indifférence générale. 

Voilà maintenant ce qui suit sur le site http://www.bacdefrancais.net/assomoir.php..sosu l’appellation commentaire littéraire 

Première remarque : il s’agit de notes non rédigées donc que vous ne pouvez pas utiliser sous la forme donnée ; il vous faut les transformer et les intégrer dans une rédaction ed paragraphes argumentés. 

I. Une mort lente, interminable et dégradante

1. La lenteur
– Temps de la narration une page, en opposition au temps de la fiction (“des mois”).
– Imparfait durée + habitude ⇒ “mourrait” un peu tous les jours. Tous les jours, Gervaise perd un peu de vie.
– “La mort devait la prendre petit à petit” : mort annoncée, mais on ne voit pas la mort elle-même.Même vivante, Gervaise paraît déjà morte.
– La mort lente occupe le premier paragraphe, ensuite c’est le père Bazouge qui est au centre du récit. 

2. Les conditions dégradantes

– “mourrait de faim”, “mangeait quelque chose de dégoûtant”, Gervaise “devenait idiote”. Elle se dégrade peu à peu ” la mort la prenait par morceaux”.
– Le froid : “les os glacés”, “froid et chaud”.
– La pauvreté : Elle est à la recherche de quelques pièces, la caisse des pauvres.
– Dégradation mentale: elle n’a plus sa raison, on se moque d’elle.
– Saleté : “quelque chose de dégoûtant”, “ordures”, “ça sentait mauvais”, “on la découvrit déjà verte”.
– Animalisation: “elle claquait du bec”, “la niche”. On la compare à un objet : “pour l’emballer”. 

3. La mort

– Personnification de la mort “La mort devait la prendre petit à petit…”
– Mystère sur sa mort, personne ne la vue : on ne sait pas de quoi “elle crève”
– Mort escamotée par le roman lui-même. 

II. Une destinée pitoyable

1. Le rôle du quartier
– Pronom indéfini “on” (anonymat), on ne sait pas qui a trouvé Gervaise. Absurdité de cette mort. – M. Marescot, le propriétaire.
– Les Lorilleux
– Les gens qui l’humilient “on avait parié”
– Attitude générale: indifférence, mépris, moquerie, méchanceté. 

2. Le père Bazouge
– Il est saoul, l’alcool l’aide dans sa besogne.
– Il est gai : “gai comme un pinson”, “Bibi la gaieté”, cette attitude banalise la mort, accentue l’indifférence (par antithèse).
– “le béguin” de Gervaise qui est fascinée par le croque-mort. 
Le narrateur laisse à un soûlard l’honneur de faire ses adieux. 

III. Une parodie d’oraison funèbre

1. Les pensées philosophiques

“Tout le monde y passe” ; “on” ; “les uns après les autres” = des généralités sur le report des hommes avec la mort: tout de suite ou pas, l’accepter, la refuser.

Les réflexions sur la vie passée de Gervaise: 
“misère des ordures et des fatigues de sa vie gâtée”
“la sacrée existence qu’elle s’était faite”. 

2. Derniers mots à Gervaise

Au discours direct : “ma belle !”, tendresse, consolation.
Soin paternel.

Le père Bazouge s’adresse à Gervaise comme à une dame. Gervaise n’est plus anonyme.

Mise en valeur de Gervaise “morte et heureuse”. Gervaise retrouve l’estime des autres à travers le père Bazouge et la paix (pour elle). 
 

Parallèle avec l’incipit de L’Assommoir : effet du réel, tonalité réaliste, portée plus symbolique.

 

– la fin lente, terrifiante de Gervaise est en continuité avec son destin.

– bilan de la vie de Gervaise déjà fait au chapitre 12 où les motifs que dans l’incipit reviennent : l’hôtel Boncoeur, la rentrée des ouvriers, Gervaise en attente.

– Zola naturaliste, déroule le destin tragique programmé de Gervaise. L’argument de la victime par son milieu, son hérédité, fatalité moderne. 

01. février 2019 · Commentaires fermés sur Zola écrit Germinal : une réflexion sur les mutations sociales et économiques · Catégories: Seconde · Tags:
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Le 2 avril 1884, réfugié dans sa maison de campagne de Médan, en Seine-et-Oise, Émile Zola écrit les premières lignes de son treizième roman de la série des Rougon-Macquart, Germinal. Ce projet est né tardivement dans l’esprit de l’écrivain. Une dimension politique, voilà ce que Zola voulait donner à son second roman ouvrier. Lorsqu’il entrevoit son projet, en 1882, il ne connaît pas encore le décor de son intrigue. Il pense aux chemins de fer, à la métallurgie, mais ce sera finalement sur le monde minier que son choix s’arrêtera, fin 1883. Il y a plusieurs raisons à cela. Une raison historique d’abord, parce que l’industrie minière est, dans le dernier tiers du XIXe siècle, l’une des plus représentatives du développement économique des nations occidentales . Le monde minier fait l’actualité. Les grèves d’Aubin, de La Ricamarie, de Montceau-les-Mines, d’Anzin ont suscité l’émoi auprès de l’opinion publique ; et la houille fait figure d’enjeu stratégique dans la course économique que se livrent la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne. Dans son désir de faire réagir l’opinion sur la condition ouvrière, Zola suit son intérêt et choisit un sujet envers lequel son lectorat est sensible. Il y a ensuite une raison littéraire à son choix, dans la mesure où la mine est un théâtre spectaculaire fait d’ombres naturelles et de lumières artificielles, un lieu presque mystique, propice au romanesque

 

Émile Zola est l’une des principales figures du courant naturaliste en littérature française. Plus poussé encore que le réalisme, le naturalisme souhaite peindre le monde avec un souci du détail qui amène le genre romanesque aux portes du documentaire historique. Au moment de se lancer dans le projet de Germinal, Zola est loin de connaître parfaitement le monde minier et il va devoir se documenter.

Zola était avant tout un écrivain bourgeois,avec  des représentations de classe sur le monde ouvrier. S’il dénonce dans son roman la condition misérable des mineurs, il ne porte pas, pour autant, un regard trop sévère sur les Hennebeau, famille dirigeante aisée mais prisonnière, elle aussi, de la Compagnie de Montsou. Et quand il dépeint les ouvriers, c’est souvent plus dans l’excès que dans la justesse .

Des mutations économiques dans le monde du travail

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L’essor industriel de la première partie du XIXe siècle a grandement profité du changement structurel qui s’est opéré dans le monde minier entre des méthodes d’extraction artisanales et une organisation de la production à grande échelle. La machine à vapeur a permis un épuisement des eaux (pour éviter l’inondation des galeries), et plus tard un aérage, rendant possible l’extraction de la houille à des profondeurs jusqu’à lors inconnues. Mais tandis que le charbon devenait de plus en plus accessible, et de plus en plus demandé, il était aussi de plus en plus cher à extraire. Pourquoi ? En raison d’abord de coûts fixes très importants. Si l’on omet les coûts de prospection de la houille qui sont déjà élevés , force est d’admettre que les infrastructures d’extraction sont elles-mêmes coûteuses (chevalement, machines d’épuisement, systèmes de culbutage des berlines, chemins de fer, L’investissement initial dans l’industrie minière doit donc être conséquent. Zola s’en fait l’écho dans Germinal.

Concrètement, ces lourds investissements ont des conséquences sur les structures industrielles en place, à savoir sur la taille des compagnies minières. Dans Germinal, Zola décrit deux types d’exploitants : la Compagnie de Montsou, forte et influente, figure du grand capital ; et l’entreprise de Deneulin, petit patron qui a choisi de relancer l’extraction dans le puits de Jean-Bart, au prix d’efforts personnels conséquents. Cette opposition entre grand et petit capital est un élément structurant du roman, voulu par Zola pour signifier le dépassement des hommes par les forces économiques Si Deneulin subit de douloureuses difficultés tout au long du roman face à la crise industrielle , la Compagnie de Montsou, elle, parvient à résister tant bien que mal aux soubresauts de la conjoncture grâce à sa taille et à sa force sans équivalent. Cette force, la Compagnie la tire de son histoire faite d’expansion et de fusion avec d’autres compagnies, selon le récit qu’en fait Zola :

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Vers le commencement du dernier siècle, un coup de folie s’était déclaré, de Lille à Valenciennes, pour la recherche de la houille. […] parmi les entêtés de l’époque, le baron Desrumaux avait certainement laissé la mémoire de l’intelligence la plus héroïque. […] Il venait enfin de fonder la société Desrumaux, Fauquenois et Cie, pour exploiter la concession de Montsou, et les fosses commençaient à donner de faibles bénéfices, lorsque deux concessions voisines, celle de Cougny […] et celle de Joiselle […] avaient failli l’écraser sous le terrible assaut de leur concurrence. Heureusement, le 25 août 1760, un traité intervenait entre les trois concessions et les réunissait en une seule. La Compagnie des mines de Montsou était créée, telle qu’elle existe encore aujourd’hui.

Les structures et pratiques économiques décrites dans Germinal s’inscrivent non seulement dans les problématiques minières, mais également dans les problématiques industrielles au sens large. La question des conditions de vie ouvrières est sans doute la plus marquante du roman pour le lecteur moderne, tant la description que Zola fait des corons et du quotidien des mineurs est visuelle et clairvoyante. Germinal est un roman sur la condition ouvrière avant d’être un roman sur la mine. Mais c’est un roman sur la condition ouvrière dans les mines, ce qui lui confère un caractère singulier, en un sens spectaculaire :

Les quatre haveurs venaient de s’allonger les uns au-dessus des autres, sur toute la montée du front de taille. Séparés par les planches à crochets qui retenaient le charbon abattu, ils occupaient chacun quatre mètres environ de la veine ; et cette veine était si mince, épaisse à peine en cet endroit de cinquante centimètres, qu’ils se trouvaient là comme aplatis entre le toit et le mur, se traînant des genoux et des coudes, ne pouvant se retourner sans se meurtrir les épaules. Ils devaient, pour attaquer la houille, rester couchés sur le flanc, le cou tordu, les bras levés et brandissant de biais la rivelaine […]. En haut, la température montait jusqu’à trente-cinq degrés, l’air ne circulait pas, l’étouffement à la longue devenait mortel.

Les conditions de vie des mineurs ne sont pas seulement difficiles au fond de la mine, elles le sont également dans la vie quotidienne, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les salaires versés aux travailleurs semblent dérisoires. Zola fait d’ailleurs tenir à ses personnages, et en particulier à l’anarchiste Souvarine, un raisonnement sur la loi d’airain selon laquelle les salaires n’excèdent jamais le minimum vital :

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Augmenter le salaire, est-ce qu’on peut ? Il est fixé par la loi d’airain à la plus petite somme indispensable, juste le nécessaire pour que les ouvriers mangent du pain sec et fabriquent des enfants… S’il tombe trop bas, les ouvriers crèvent, et la demande de nouveaux hommes le fait remonter. S’il monte trop haut, l’offre trop grande le fait baisser… C’est l’équilibre des ventres vides, la condamnation perpétuelle au bagne de la faim.

Les conditions de travail

La division du travail et l’apparition de nouvelles fonctions dans l’activité minière sont une constante qui traverse tout le XIXe siècle, et qui se prolonge au XXè siècle. À l’époque où se déroule Germinal, les postes disponibles sont déjà nombreux (haveurs, herscheurs, rouleurs, remblayeurs, cantonniers, receveurs, basculeurs, trieurs, machinistes, chauffeurs, charpentiers, lampistes ).. Cette fragmentation du travail de la mine a modifié l’image même du mineur : travailleur complet, celui-ci a peu à peu perdu de sa polyvalence, pour devenir un ouvrier spécialisé

C’était un avis de la Compagnie aux mineurs de toutes les fosses. Elle les avertissait que, devant le peu de soin apporté au boisage, lasse d’infliger des amendes inutiles, elle avait pris la résolution d’appliquer un nouveau mode de paiement, pour l’abattage de la houille. Désormais, elle paierait le boisage à part, au mètre cube de bois descendu et employé, en se basant sur la quantité nécessaire à un bon travail. Le prix de la berline de charbon abattu serait naturellement baissé, dans une proportion de cinquante centimes à quarante, suivant d’ailleurs la nature et l’éloignement des tailles.

Cet événement n’est d’ailleurs pas qu’affaire de spécialisation des tâches, il révèle aussi des mouvements plus fondamentaux dans les formes de rémunération s’appliquant à l’industrie minière

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La crise commerciale est la toile du fond de Germinal : c’est elle qui amène Étienne à Montsou, et c’est elle qui provoque d’un côté la grève des mineurs, et de l’autre la faillite de Deneulin.

Sur fonds de préoccupations sociales et tout en décrivant avec précision les évolutions qui marquent le monde du travail et particulièrement le travail des mineurs , le romancier peint une grande fresque avec ce que cela comporte d’exagération et de systématisation.