Ce mercredi 18 mars, J.F. ODOUX (INRA Magneraud) vous fera part de sa connaissance de la biologie de l’Abeille mellifère, spécialisée dans son rôle de pollinisation, tous les détails de son corps lui facilitent son travail.
Article ci-dessous tiré de http://jobs.inra.fr/Nos-metiers/Portraits/Jean-Francois-Odoux
Jean-François Odoux
Ce terrien revendique son besoin de verdure. Jean-François Odoux a toujours cherché à mieux comprendre la nature, à identifier chaque plante nouvelle. Sa quête l’a finalement conduit jusqu’aux abeilles et aux relations qu’elles nouent avec leur environnement. Depuis 1999, Jean-François Odoux est assistant ingénieur à l’unité expérimentale d’Entomologie au Magneraud, en Poitou-Charentes, département Santé des plantes et environnement.
Concilier protection des abeilles et durabilité de l’agriculture
Jean-François Odoux est apiculteur en Charente quand l’unité mixte de recherche de neurobiologie sensorielle (1) le recrute à Bures-sur-Yvette en 1993. Il découvre le milieu de la recherche apicole, suffisamment restreint pour que son unité soit en contact avec la plupart des équipes étrangères impliquées. Sous l’impulsion de sa directrice d’unité, Minh-Hà Pham-Delègue, il participe à plusieurs émissions et reportages télévisuels (dont « C’est pas sorcier ») et fait visiter les installations apicoles à des chercheurs étrangers venus du monde entier. L’ex-apiculteur habitué à travailler seul dans les bois, apprécie particulièrement ces nombreux échanges avec les scientifiques et les professionnels.
Une passion pour les abeilles
En 1999, Jean-François Odoux intègre l’unité expérimentale d’Entomologie au Magneraud. Pendant quatre ans, il élève des bourdons et des papillons ravageurs (carpocapse et pyrale) pour des prestations extérieures. Il découvre chez ces insectes, d’autres modes d’organisation sociale et de fonctionnement que ceux des abeilles.
En 2003, Jean-François Odoux renoue avec ses premières passions : la botanique et les abeilles. Le monde de l’apiculture traverse une période difficile avec l’effondrement des colonies. L’unité expérimentale s’investit alors dans l’élaboration de méthodes pour évaluer l’impact des pratiques agricoles sur les abeilles. Jean-François Odoux crée de toutes pièces un rucher et une miellerie. Il choisit les équipements, met en place le cheptel – qui compte aujourd’hui cent ruches – et organise la formation apicole de toute son équipe, constituée désormais de quatre agents. Considérant qu’il est de son rôle de transmettre ses connaissances, il participe à la formation de ses collègues, mais également à celle d’éleveurs de reine et d’étudiants en apiculture. Il développe plusieurs outils et projets de recherche dans le cadre de cette nouvelle thématique.
Depuis le lycée, il a commencé un herbier qu’il n’a jamais arrêté et qui compte aujourd’hui 450 plantes ! Il s’en inspire pour créer une base de données botanique et palynologique (2), accessible sur internet. Elle recense 420 fleurs potentiellement mellifères et associe à chacune une mine d’informations pratiques : photographies de la fleur et dates de floraisons observées, vues au microscope et taille du pollen… Largement consulté par les apiculteurs, les particuliers et les scientifiques, cet outil original et performant est utilisé au quotidien par les agents de l’unité. Par des trappes à l’entrée des ruches, ils récoltent le pollen que ramènent les abeilles. À partir de la date et de la taille des pollens récoltés, la base de données sélectionne les espèces correspondantes et permet ainsi d’identifier les fleurs butinées. Ces données renseignent l’unité sur la façon dont les abeilles exploitent les ressources disponibles dans leur environnement.
Le souci de la santé des abeilles
Pour mieux comprendre la capacité de certains pollens à protéger les abeilles des maladies, Jean-François Odoux construit un projet de recherche avec l’Institut apicole de Roumanie et l’unité expérimentale Élevage alternatif et santé des monogastriques (EASM) du Magneraud. Les biologistes roumains et la responsable du laboratoire de chimie de l’EASM, analysent entre autres les lipides du pollen. L’unité expérimentale d’Entomologie nourrit les abeilles avec ces lipides et observe leur effet sur leur développement et leur santé. Jean-François Odoux porte le projet et obtient les financements nécessaires, qui vont permettre en outre de créer un laboratoire de pathologie dans l’unité.
Fortement sensibilisé à l’impact du paysage qui entoure une colonie d’abeilles, Jean- François Odoux suit et obtient un Master en écologie. Son unité s’investit alors dans des études de terrain nécessitant des compétences en écologie. Il développe un partenariat avec le CNRS de Chizé et l’Acta (3), au sein d’une zone-atelier en plaine céréalière de Niort, afin d’identifier les systèmes agricoles plus ou moins favorables à l’apiculture. L’enjeu est de concevoir des systèmes agricoles innovants conciliant protection des abeilles et durabilité de l’agriculture. C’est aussi l’opportunité pour Jean-François Odoux de contribuer, grâce à ses connaissances, à la construction des paysages agricoles de demain.
(1) Inra et CNRS.
(2) Association de coordination technique agricole.
(3) Palynologique : relatif aux pollens.