05. février 2024 · Commentaires fermés sur Andromaque : portrait d’une héroïne tragique, vers la dissertation · Catégories: Première · Tags: Giraudoux
Pourquoi Andromaque est-elle selon vous, une héroïne tragique ?
Qui est Andromaque ? Femme d’Hector et princesse troyenne, elle survivra à la disparition de sa ville et deviendra la prisonnière du fils d’Achille , Pyrrhus; Racine au dix-septième siècle, la choisira pour en faire l’héroïne de la tragédie qui porte son nom et il la fait devenir reine d’Epire; Il a imaginé , en effet, un dénouement tragique plutôt heureux pour elle car victime d’un odieux chantage de la part de Pyrrhus, elle s’en sort saine et sauve et réussit à sauver son fils Astyanax , seul survivant de la famille royale troyenne. Pour Racine, elle représente la femme qui doit faire un choix impossible entre sa fidélité à son mari défunt et le devoir de sauver sa lignée en se sacrifiant. Quant à Jean Giraudoux, dans sa pièce La Guerre de Troie n’aura pas lieu, il en fait une femme valeureuse, enceinte d’Hector et prête à tout pour empêcher la guerre : comparons ces deux univers et ces deux représentations de l’héroïne tragique .Plus »
Pour un dramaturge, l’entrée en scène d’un personnage est toujours un moment important dans une représentation. Particulièrement au cours de lascène d’exposition car il faut donner au public de nombreuses informations à la fois sur les personnages ; le cadre et surtout l’action à venir. Que nous apprend cette exposition ?
Exemples de problématiques : Cette scène remplit-elle les fonctions d’une scène d’exposition ?
Quels éléments traditionnels retrouve-t-on dans cette exposition ? Comment cette scène d’exposition introduit-elle l’univers tragique ?
En introduction : que peut -on évoquer ?
Introduire le classicisme,
Dire quelques mots à propos de Racine
Présenter le récit mythologique qui sert de trame à la pièce : la défaite de Troie et la captivité d’Andromaque, princesse troyenne aimée par un jeune roi grec.
Le bac de français nécessite un certain nombre de connaissances sur les objets d’étude ; ce cours d’histoire littéraire qui résume l’évolution des genres et des couranst poétiques vous permettra de pouvoir aborder les commentaires littéraires avec quelques repères d’histoire littéraire. Le journal Le Monde édite chaque année des fiches de révisions pour préparer le bac. Lisez attentivement ce cours, résumez-le sur une fiche en notant scrupuleusement les définitions des mots clés (souvent notés en gras ) , les dates importantes, les noms des principaux poètes et des mots- clés pour définir leurs oeuvres . Tout commence bien sûr dans l’Antiquité avec les Muses .. Plus »
12. janvier 2024 · Commentaires fermés sur Arthur Rimbaud : éléments de portrait .. Lettre à Paul Demeny appelée aussi lettre du Voyant · Catégories: Première · Tags: poésie; poète, Rimbaud
A 15 ans
Lorsqu’on parle de poète, on ne peut ignorer le personnage d’Arthur Rimbaud car il représente, à lui seul , une image du poète surdoué, révolté , atypique, inclassable, fou selon les uns, maudit et dépravé selon les autres ; Ses amours violentes avec Paul Verlaine, autre grande figure de la poésie symboliste, ont alimenté durant de nombreuses années les rubriques à scandales des journaux et sa réputation est sulfureuse; Cet adolescent prodige, qui rafla tous les prix de version latine dans son lycée des Ardennes connut une enfance pour le moins mouvementée : il se disputait fréquemment avec sa mère qu’il surnommait la Mère Rimb ..et fugait régulièrement , comme il le raconte dans un de ses plus célèbres poèmes : Ma bohème . Mais qui est vraiment Rimbaud ? Sa biographie nous donne une certaine image de lui mais pour se rapprocher d’encore plus près du poète, examinons sa correspondance. Voici une de ses lettres; Il l’adressa à son professeur de français Monsieur Paul Demeny , l’un des premiers à avoir décelé en lui, le talent de l’écriture . Artur Rimbaud quitta à 17 ans Charleville-Mézières pour monter à Paris et fréquenter les cercles artistiques: il rencontra Paul Verlaine et le suivit jusqu’à Bruxelles ; A la sortie d’une taverne, Verlaine ivre tira sur son jeune amant , sans doute par jalousie carce dernier voulait le quitter . La légende Rimbaud prit ainsi racine dans cette tentative d’homicide sur sa personne.Les deux annnées de prison effectuées par Verlaine en Belgique donnèrent lieu à un nouveau recueil de poèmes intitulé Sagesse . Ensuite que devint Rimbaud? Cela reste un mystère : il s’embarqua pour l’Afrique où il fut, paraît-il trafiquant d’armes et il revint mourir à Marseille à l’âge de 30 ans. Pendant plus de 15 ans, on ne trouva aucun poème de lui, aucune trace d’une activité poétique . Il a , semble-t-il, renoncé à l’écriture.
Lisez attentivement cette lettre et dégagez les grands principes de la poésie pour Rimbaud.Notez les idées et les citations qui vous paraissent importantes pour définir le poète. Définissez les mots qu’il emploie pour parler de sa poésie,les thèmes qu’il entend aborder , les poètes qu’il aime et ceux qu’il déteste ( et pour quelles raisons ) ; définissez également les thèmes et le style des poèmes qu’il insére dans cette longue lettre; Résumez son art poétique, son programme poétique ( c’est à dire sa définition de ce que doit être pour lui la véritable poésie.
Douai.
Charleville, 15 mai 1871.
J’ai résolu de vous donner une heure de littérature nouvelle. Je commence de suite par un psaume d’actualité :
CHANT DE GUERRE PARISIEN
Le Printemps est évident, car Du cœur des Propriétés vertes Le vol de Thiers et de Picard Tient ses splendeurs grandes ouvertes.
Ô mai ! Quels délirants cul-nus ! Sèvres, Meudon, Bagneux, Asnières, Écoutez donc les bienvenus Semer les choses printanières !
Ils ont schako, sabre et tamtam Non la vieille boîte à bougies Et des yoles qui n’ont jam…jam… Fendent le lac aux eaux rougies !…
Plus que jamais nous bambochons Quand arrivent sur nos tanières Crouler les jaunes cabochons Dans des aubes particulières.
Thiers et Picard sont des Éros Des enleveurs d’héliotropes Au pétrole ils font des Corots. Voici hannetonner leurs tropes…
Ils sont familiers du grand truc !… Et couché dans les glaïeuls, Favre, Fait son cillement aqueduc Et ses reniflements à poivre !
La Grand-Ville a le pavé chaud Malgré vos douches de pétrole Et décidément il nous faut Nous secouer dans votre rôle…
Et les ruraux qui se prélassent Dans de longs accroupissements Entendront des rameaux qui cassent Parmi les rouges froissements.
— Voici de la prose sur l’avenir de la poésie —
Verlaine et Rimbaud
Toute poésie antique aboutit à la poésie grecque ; Vie harmonieuse. — De la Grèce au mouvement romantique, — Moyen Âge, — il y a des lettrés, des versificateurs. D’Ennius à Théroldus, de Théroldus à Casimir Delavigne, tout est prose rimée, un jeu, avachissement et gloire d’innombrables générations idiotes : Racine est le pur, le fort, le grand. — On eût soufflé sur ses rimes, brouillé ses hémistiches, que le Divin Sot serait aujourd’hui aussi ignoré que le premier venu auteur d’Origines. — Après Racine, le jeu moisit. Il a duré deux mille ans !
Ni plaisanterie, ni paradoxe. La raison m’inspire plus de certitudes sur le sujet que n’aurait jamais eu de colères un jeune-France. Du reste, libre aux nouveaux ! d’exécrer les ancêtres : on est chez soi et l’on a le temps.
On n’a jamais bien jugé le romantisme ; qui l’aurait jugé ? les critiques !! Les romantiques, qui prouvent si bien que la chanson est si peu souvent l’œuvre, c’est-à-dire la pensée chantée et comprise du chanteur ?
Car Je est un autre. Si le cuivre s’éveille clairon, il n’y a rien de sa faute. Cela m’est évident : j’assiste à l’éclosion de ma pensée : je la regarde, je l’écoute : je lance un coup d’archet : la symphonie fait son remuement dans les profondeurs, ou vient d’un bond sur la scène.
Si les vieux imbéciles n’avaient pas trouvé du Moi que la signification fausse, nous n’aurions pas à balayer ces millions de squelettes qui, depuis un temps infini, ! ont accumulé les produits de leur intelligence borgnesse, en s’en clamant les auteurs !
En Grèce, ai-je dit, vers et lyres rythment l’Action. Après, musique et rimes sont jeux, délassements. L’étude de ce passé charme les curieux : plusieurs s’éjouissent à renouveler ces antiquités : — c’est pour eux. L’intelligence universelle a toujours jeté ses idées, naturellement ; les hommes ramassaient une partie de ces fruits du cerveau : on agissait par, on en écrivait des livres : telle allait la marche, l’homme ne se travaillant pas, n’étant pas encore éveillé, ou pas encore dans la plénitude du grand songe. Des fonctionnaires, des écrivains : auteur, créateur, poète, cet homme n’a jamais existé !
La première étude de l’homme qui veut être poète est sa propre connaissance, entière ; il cherche son âme, il l’inspecte, il la tente, l’apprend. Dès qu’il la sait, il doit la cultiver ; cela semble simple : en tout cerveau s’accomplit un développement naturel ; tant d’égoïstes se proclament auteurs ; il en est bien d’autres qui s’attribuent leur progrès intellectuel ! — Mais il s’agit de faire l’âme monstrueuse : à l’instar des comprachicos, quoi ! Imaginez un homme s’implantant et se cultivant des verrues sur le visage.
Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant.
Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d’amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n’en garder que les quintessences. Ineffable torture où il a besoin de toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient entre tous le grand malade, le grand criminel, le grand maudit, — et le suprême Savant — Car il arrive à l’inconnu ! Puisqu’il a cultivé son âme, déjà riche, plus qu’aucun ! Il arrive à l’inconnu, et quand, affolé, il finirait par perdre l’intelligence de ses visions, il les a vues ! Qu’il crève dans son bondissement par les choses inouïes et innombrables : viendront d’autres horribles travailleurs ; ils commenceront par les horizons où l’autre s’est affaissé !
— la suite à six minutes —
Ici j’intercale un second psaume, hors du texte : veuillez tendre une oreille complaisante, — et tout le monde sera charmé. — J’ai l’archet en main, je commence :
MES PETITES AMOUREUSES
Un hydrolat lacrymal lave Les cieux vert-chou : Sous l’arbre tendronnier qui bave, Vos caoutchoucs.
Blancs de lunes particulières Aux pialats ronds, Entrechoquez vos genouillères, Mes laiderons !
Nous nous aimions à cette époque, Bleu laideron : On mangeait des œufs à la coque Et du mouron !
Un soir, tu me sacras poète, Blond laideron. Descends ici que je te fouette En mon giron ;
J’ai dégueulé ta bandoline Noir laideron ; Tu couperais ma mandoline Au fil du front.
Pouah ! mes salives desséchées Roux laideron, Infectent encor’ les tranchées De ton sein rond !
Ô mes petites amoureuses, Que je vous haïs ! Plaquez de fouffes douloureuses, Vos tétons laids !
Piétinez mes vieilles terrines De sentiment ; Hop donc soyez-moi ballerines Pour un moment !…
Vos omoplates se déboîtent, Ô mes amours ! Une étoile à vos reins qui boitent Tournez vos tours.
Et c’est pourtant pour ces éclanches Que j’ai rimé ! Je voudrais vous casser les hanches D’avoir aimé !
Fade amas d’étoiles ratées, Comblez les coins — Vous creverez en Dieu, bâtées D’ignobles soins !
Sous les lunes particulières Aux pialats ronds Entrechoquez vos genouillères, Mes laiderons !
Voilà. Et remarquez bien que, si je ne craignais de vous faire débourser plus de 60 c. de port, — Moi pauvre effaré qui, depuis sept mois, n’ai pas tenu un seul rond de bronze ! — je vous livrerais encore mes Amants de Paris, cent hexamètres, Monsieur, et ma Mort de Paris, deux cents hexamètres ! — Je reprends :
Donc le poète est vraiment voleur de feu.
Il est chargé de l’humanité, des animaux même ; il devra faire sentir, palper, écouter ses inventions ; si ce qu’il rapporte de là-bas a forme, il donne forme : si c’est informe, il donne de l’informe. Trouver une langue ;
— Du reste, toute parole étant idée, le temps d’un langage universel viendra ! Il faut être académicien, — plus mort qu’un fossile, — pour parfaire un dictionnaire, de quelque langue que ce soit. Des faibles se mettraient à penser sur la première lettre de l’alphabet, qui pourraient vite ruer dans la folie !-
Cette langue sera de l’âme pour l’âme, résumant tout, parfums, sons, couleurs, de la pensée accrochant la pensée et tirant. Le poète définirait la quantité d’inconnu s’éveillant en son temps dans l’âme universelle : il donnerait plus — (que la formule de sa pensée, que la notation de sa marche au Progrès ! Enormité devenant norme, absorbée par tous, il serait vraiment un multiplicateur de progrès !
Cet avenir sera matérialiste, vous le voyez ; — Toujours pleins du Nombre et de l’Harmonie ces poèmes seront faits pour rester. — Au fond, ce serait encore un peu la Poésie grecque. L’art éternel aurait ses fonctions ; comme les poètes sont citoyens. La Poésie ne rhythmera plus l’action, elle sera en avant.
Ces poètes seront ! Quand sera brisé l’infini servage de la femme, quand elle vivra pour elle et par elle, l’homme, jusqu’ici abominable, — lui ayant donné son renvoi, elle sera poète, elle aussi ! La femme trouvera de l’inconnu ! Ses mondes d’idées différeront-ils des nôtres ? — Elle trouvera des choses étranges, insondables, repoussantes, délicieuses ; nous les prendrons, nous les comprendrons.
En attendant, demandons aux poètes du nouveau, — idées et formes. Tous les habiles croiraient bientôt avoir satisfait à cette demande. — Ce n’est pas cela !
Les premiers romantiques ont été voyants sans trop bien s’en rendre compte : la culture de leurs âmes s’est commencée aux accidents : locomotives abandonnées, mais brûlantes, que prennent quelque temps les rails. — Lamartine est quelquefois voyant, mais étranglé par la forme vieille. — Hugo, trop cabochard, a bien du vu dans les derniers volumes : Les Misérables sont un vrai poème. J’ai Les Châtiments sous la main ; Stella donne à peu près la mesure de la vue de Hugo. Trop de Belmontet et de Lamennais, de Jéhovahs et de colonnes, vieilles énormités crevées.
Musset est quatorze fois exécrable pour nous, générations douloureuses et prises de visions, — que sa paresse d’ange a insultées ! Ô ! les contes et les proverbes fadasses ! Ô les nuits ! Ô Rolla, Ô Namouna, Ô la Coupe ! Tout est français, c’est-à-dire haïssable au suprême degré ; français, pas parisien ! Encore une œuvre de cet odieux génie qui a inspiré Rabelais, Voltaire, jean La Fontaine, ! commenté par M. Taine ! Printanier, l’esprit de Musset ! Charmant, son amour ! En voilà, de la peinture à l’émail, de la poésie solide ! On savourera longtemps la poésie française, mais en France. Tout garçon épicier est en mesure de débobiner une apostrophe Rollaque, tout séminariste en porte les cinq cents rimes dans le secret d’un carnet. A quinze ans, ces élans de passion mettent les jeunes en rut ; à seize ans, ils se contentent déjà de les réciter avec cœur ; à dix-huit ans, à dix-sept même, tout collégien qui a le moyen, fait le Rolla, écrit un Rolla ! Quelques-uns en meurent peut-être encore. Musset n’a rien su faire : il y avait des visions derrière la gaze des rideaux : il a fermé les yeux. Français, panadif, traîné de l’estaminet au pupitre de collège, le beau mort est mort, et, désormais, ne nous donnons même plus la peine de le réveiller par nos abominations !
Les seconds romantiques sont très voyants : Th. Gautier, Lec. de Lisle, Th. de Banville. Mais inspecter l’invisible et entendre l’inouï étant autre chose que reprendre l’esprit des choses mortes, Baudelaire est le premier voyant, roi des poètes, un vrai Dieu. Encore a-t-il vécu dans un milieu trop artiste ; et la forme si vantée en lui est mesquine — les inventions d’inconnu réclament des formes nouvelles.
Les deux poètes maudits
Rompue aux formes vieilles, parmi les innocents, A. Renaud, — a fait son Rolla, — L. Grandet, — a fait son Rolla ; — les Gaulois et les Musset, G. Lafenestre, Coran, CI. Popelin, Soulary, L. Salles ; les écoliers, Marc, Aicard, Theuriet ; les morts et les imbéciles, Autran, Barbier, L. Pichat, Lemoyne, les Deschamps, les Desessarts ; les journalistes, L. Cladel, Robert Luzarches, X. de Ricard ; les fantaisistes, C. Mendès ; les bohèmes ; les femmes ; les talents, Léon Dierx, Sully-Prudhomme, Coppée, — la nouvelle école, dite parnassienne, a deux voyants, Albert Mérat et Paul Verlaine, un vrai poète. — Voilà. — Ainsi je travaille à me rendre voyant. –
Et finissons par un chant pieux.
ACCROUPISSEMENTS
Bien tard, quand il se sent l’estomac écœuré, Le frère Milotus un œil à la lucarne D’où le soleil, clair comme un chaudron récuré, Lui darde une migraine et fait son regard darne, Déplace dans les draps son ventre de curé.
Il se démène sous sa couverture grise Et descend ses genoux à son ventre tremblant, Effaré comme un vieux qui mangerait sa prise, Car il lui faut, le poing à l’anse d’un pot blanc, À ses reins largement retrousser sa chemise !
Or, il s’est accroupi frileux, les doigts de pied Repliés grelottant au clair soleil qui plaque Des jaunes de brioches aux vitres de papiers, Et le nez du bonhomme où s’allume la laque Renifle aux rayons, tel qu’un charnel polypier.
Le bonhomme mijote au feu, bras tordus, lippe Au ventre : il sent glisser ses cuisses dans le feu Et ses chausses roussir et s’éteindre sa pipe ; Quelque chose comme un oiseau remue un peu À son ventre serein comme un monceau de tripe !
Autour, dort un fouillis de meubles abrutis Dans des haillons de crasse et sur de sales ventres, Des escabeaux, crapauds étranges, sont blottis Aux coins noirs : des buffets ont des gueules de chantres Qu’entr’ouvre un sommeil plein d’horribles appétits.
L’écœurante chaleur gorge la chambre étroite, Le cerveau du bonhomme est bourré de chiffons, Il écoute les poils pousser dans sa peau moite Et parfois en hoquets fort gravement bouffons S’échappe, secouant son escabeau qui boite…
Et le soir, aux rayons de lune qui lui font Aux contours du cul des bavures de lumière, Une ombre avec détails s’accroupit sur un fond De neige rose ainsi qu’une rose trémière… Fantasque, un nez poursuit Vénus au ciel profond.
Vous seriez exécrable de ne pas répondre : vite car dans huit jours je serai à Paris, peut-être.
Commençons par des éléments biographiques : Olympe de Gouges fut une femme engagée, révolutionnaire et militante des droits des femmes ; Son combat pour l’égalité des droits s’est poursuivi au siècle suivant et la femme que nous allons présenter, Louise Michel, qui sera surnommée la Vierge Rouge , a bien des points communs avec l’autrice de la DDFC . Tout d’abord Louise Michel est une enfant naturelle : sa mère était servante pour un couple de châtelains et à la naissance de Louise, leur fils quitte le château. L’enfant sera élevée par ses parents comme leur fille mais à la mort de ces derniers, sa mère et elle se retrouvent à la rue; Elles viennent vivre à Paris où Louise devient institutrice ; Très vite elle se fait remarquer par Clémenceau et entretient une correspondance avec Victor Hugo qui lui consacrera , bien des années plus tard ,un poème intitulé “Viro major”Plus grande que l’homme , poème dans lequel il fait d’elle un mythe de la Révolte et loue son courage face à la menace de son exécution en 1871, quand elle sera arrêtée parmi les communards.Plus »
En 1725 ,lorsqu’il met en scène L’ile des esclaves, cette comédie philosophique, Marivaux a déjà connu le succès au théâtre avec ses comédies sentimentales : La Surprise de l’amour et La double inconstance ; Il y analyse les rouages des relations amoureuses et tente de faire découvrir à ses personnages ce qu’est une relation sincère , qui ne se fonde ni sur les apparences ni sur la vénalité ou l’intérêt mais simplement sur les mouvements et le langage du coeur; Observateur avisé de ses semblables , le dramaturge se lance avec l’Ile desEsclaves, dans une comédie sociale: il s’agit de critiquer la manière dont les aristocrates traitent leurs domestiques et de leur apprendre , grâce à un renversement des rôles, à se montrer plus humains et plus respectueux . Plus »
L’objectif du cours de ce matin est de réfléchir au concept d’aventure. L’exercice consiste donc à mutualiser vos définitions à partir de la formule ” l’aventure pour moi, c’est ” . Nous verrons ainsi apparaître les liens entre l’aventure et la connaissance de soi. Le philosophe Michel de Montaigne, penseur de la Renaissance et auteur des Essais a écrit une phrase qui est devenue proverbiale :Les voyages forment la jeunesse ” : il associe le fait de se déplacer, de découvrir d’autres façons de vivre, avec l’idée d’une formation spirituelle . Ici le verbe former signifie apprendre à se connaître , à se comprendre et parfois même, à faire évoluer sa personnalité, à changer son regard sur le monde et sur soi. Il apparaît donc qu’un déplacement dans l’espace , même minime ( il n’est pas nécessaire de partir loin pour se dépayser ) a des conséquences sur notre esprit et déplace , pour filer la métaphore, les lignes dans nos représentations de nous, dans l’image que nous nous faisons de nous-même. Nous allons donc partir de vos définitions de l’aventure afin de créer un nuage de mots qui met en évidence les liens entre l’aventure et le spirituel. Comme l’écrivait Jean-Pierre Vernant, « pour être soi, il faut se projeter vers ce qui est étranger, se prolonger dans et par lui. Demeurer enclos dans son identité, c’est se perdre et cesser d’être. On se connaît, on se construit par le contact, l’échange, le commerce avec l’autre. Entre les rives du même et de l’autre, l’homme est un pont » (La traversée des frontières, p. 180).Plus »
03. mai 2023 · Commentaires fermés sur Un héros énergique : Johan August Suter, maître du monde dans l’ Or de Cendrars · Catégories: Lectures linéaires, Première
En guise d’introduction …Le romancier et poète Blaise Cendrars,infatigable voyageur , décide de se lancer dans l’écriture des aventures d’un personnage historique : Johann August Suter; Mais il ne s’agit pas vraiment d’une autobiographie ou d’un roman historique plutôt du roman d’un aventurier légendaire, roman sous-titré ” la merveilleuse histoire du général Johann August Suter ” . Parti de Suisse avec des dettes et un simple baluchon et après avoir effectué différents métiers plus ou moins recommandables ( dont voleur à la tire ) , Suter parvient en Amérique . Il apprend à connaître New-York , apprend plusieurs langues et part vers l’Ouest pour s’établir fermier dans le Missouri . Hanté par la conquête de l’ Ouest , pays mythique décrit par les voyageurs , il suit la piste jusqu’à Fort Vancouver et pour échapper aux attaques des Apaches , il prend la voie maritime jusqu’à Honolulu et achète des centaines d’ esclaves canaques et finit par débarquer dans la baie de San Francisco en Californie. Cette bande de terre qui borde le littoral appartient au gouverneur mexicain Alvarado. Elle est peuplée de “huttes de pêcheurs en terre battue, des cochons bleus qui se vautrent au soleil ” ( chap 17 ) . Des missionnaires y ont exploité des Indiens avant que les généraux Mexicains prennent le contrôle du pays . Suter obtient du gouverneur une concession de 10 ans pour défricher les terres . Sa réussite est spectaculaire : il obtient un véritable paradis agricole et se retrouve rapidement le maitre d’un vaste domaine avant d’être ruiné par la ruée vers l’Or. En 1841 il est alors au sommet de sa réussite; L’extrait que nous étudions se situe au chapitre 23 , à la fin du premier tiers du roman . Plus »
En 1925 , Blaise Cendrars , grand voyageur , décide de raconter dans un roman la vie “fabuleuse ” d’un personnage légendaire : Johan August Suter qui fut l’homme le plus riche du monde ; Jugez plutôt quel destin exceptionnel fut le sien .
Un aventurier des Temps modernes : à la conquête de l’Ouest au temps de la ruée vers l’ Or
Portrait de Johan August Suter dans le roman de Baise Cendrars
sous- titre du roman = la merveilleuse histoire du général Sutter
L’écrivain s’inspire d’une figure historique, le général August Sutter « un grand destin magnifique » qui , arrivé aux Etats-Unis, a fondé la Nouvelle Helvétie, en Californie. L’écrivain ne prétend pas écrire une biographie mais un roman « la vérité historique coupe les ailes du romancier, ou ses ficelles, et détraque ses effets. »Plus »
Par goût de la provocation, Baudelaire décide de recréer, à sa manière, les avertissements que Ronsard prodiguait, en son temps, celui de la Pléiade et de la Renaissance, aux jeunes beauté qui le dédaignaient; Il leur rappelait, dans les vers de ses sonnets , que la beauté est hautement périssable et qu’un jour, elles seront , elles aussi, bien vieilles , et du coup, beaucoup moins désirables . Pour Baudelaire, la beauté n’est peut être pas tout à fait la même que pour l’auteur de l’Ode à Cassandre , mais ils partagent tous deux cette idée de son caractère éphémère. Pour le démontrer, l’auteur des Fleurs du mal , a choisi de dépeindre une promenade champêtre au cours de laquelle , un couple d’amoureux, se retrouve face à un cadavre d’animal, une charogne abjecte couverte de mouches et à l’odeur répugnante. Cet objet , à la manière d’une nature morte dans un tableau, va servir de point de départ à une réflexion sur le Temps qui passe et sur les pouvoirs de la création artistique , cette alchimie poétique qui transforme les objets en idées et leur confère l’éternité, les sauve de l’oubli.Plus »