Commençons par rédiger une introduction en respectant les éléments obligatoires : contexte, auteur, oeuvre, extrait , problématique et annonce d’un plan .
C’est dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle que se constitue le réalisme en réaction contre le romantisme qui accordait beaucoup d’importance à l’expression des sentiments . Les écrivains réalistes et notamment Maupassant, s’efforcent de donner l’illusion de la réalité dans leurs romans;Bel-Ami, roman qui paraît en 1880, retrace l’ascension d’un héros ambitieux sans scrupules, Georges Duroy , qui se sert de son pouvoir de séduction pour gravir les échelons de la société. L‘épilogue étale sa réussite et dépeint son mariage prestigieux avec Suzanne Walter, la fille de son patron . Comment l’écrivain présente-t-il ici le personnage ? Dans un premier temps, nous montrerons sa réussite sociale avant d’envisager sa réussite personnelle et pour terminer, nous montrerons la dimension critique de ce dénouement.
Tout d’abord, examinons dans quelle mesure ce mariage lui assure une réussite sociale . Bel-Ami est l’objet de regards envieux de la foule venue l’admirer en grand nombre : D’autres personnes se poussaient. La foule coulait devant lui comme un fleuve. Maupassant souligne au moyen de cette métaphore l’immensité de la foule et la cohue, sans doute, à la sortie de l’église. Ce public confère à l’événement un côté triomphal; Le tout Paris se presse pour admirer celui qui n’était qu’un inconnu quelques années plu tôt à son arrivée, désargenté, dans la Capitale. L’écrivain a donné à son protagoniste principal une réussite à la hauteur de ses ambitions. ” Il aperçut la foule amassée, une foule noire, bruissante ” : les trois adjectifs de la ligne 24 révèlent à la fois le grand nombre de spectateurs , leur élégance avec les costumes noir des hommes et le bruit ainsi que le mouvement qui se dégage de tous ces gens . L’écrivain souligne également qu’il est le point de mire de tous les regards : “venue là pour lui, pour lui Georges Duroy. ” La répétition ici de pour lui traduit une forme d’étonnement même du narrateur et introduit une distance ironique entre les sensations du personnage et le jugement porté sur lui par le narrateur. En effet, Georges est ébloui , à la fois par l’éclatant soleil , comme il est précisé ligne 30 , mais aussi par cette admiration dont il se grise à tel point qu’il se prend pour un roi : “Georges affolé de joie, se croyait un roi qu’un peuple venait acclamer “. On retrouve ici un paradoxe avec l’association de l’affolement et de la joie: Le héros perd , en quelque sorte, sa lucidité et se sent , littéralement, transporté par la joie . D’ailleurs, il en vient même à remercier Dieu alors qu’il n’est pas croyant, autre signe que sous l’effet de cette joie, il perd la tête : ” Il sentait sur sa peau courir de longs frissons, ces frissons froids que donnent les immenses bonheurs ” Bien qu’au centre des regards, Georges lui même ne voyait personne, (l 23 ) : Maupassant marque ici, au moyen de cette précision, son égoïsme et son narcissisme. Cette réussit sociale semble avoir un prolongement dans les rêves du personnage qui se voit déjà faire une carrière politique : au moins député et ensuite ministre; En effet, ses vues , au sens propre, comme au sens figuré, se portent sur le “Palais-Bourbon,” siège de la chambre des députés . Il lui sembla qu’il allait faire un bond peut nous faire penser que le narrateur remet en cause les rêves du personnage mais on peut également comprendre que son ascension est loin d’être terminée ; En effet, nous avons vu , dans le cadre du roman, que Georges est un personnage assez naïf et qu’il se fait berner par M Walter et son complot politique. Son avenir n’est peut être pas aussi reluisant qu’il l’imagine.Toutefois le roman se termine sur cette gloire.
A cette réussite sociale il faut ajouter , avec ce mariage, une forme de réussite personnelle . En effet, ce mariage prestigieux lui garantit une position sociale enviable et ne met pas un terme à ses désirs amoureux et à son appétit des femmes; Maupassant précise bien que sa relation avec Clotilde de Marelle va pouvoir continuer et le jour même de son mariage, au sein de l’église , il repense à sa liaison avec sa maîtresse ; L’évocation de leur intimité ” lui fit passer dans le sang le désir brusque de la reprendre” montre à quel point le héros est resté centré sur ses désirs égoïstes et on retrouve ici une forme de violence du personnage . Il semble faire peu de cas de sa jeune épouse dont on devine simplement l’ombre à ses côtés. On mesure donc une forme de critique des agissements de Georges et le roman qui s’ouvrait sur le regard admiratif des femmes croisées dans la rue sur le héros, se termine ici, avec l’évocation des cheveux de Madame de Marelle: “toujours défaits au sortir du lit ” La dernière image de Bel-Ami est bien celle d’un séducteur, d’un homme à femmes et l’auteur rappelle ainsi que sa réussite est justement fondée sur les sentiments qu’il parvient à déclencher chez les femmes.
Le héros a changé d’allure : alors qu’il défiait la foule en jouant des épaules comme pour se frayer un chemin dans la vie, désormais il paraît apaisé : “il allait lentement, d’un pas calme, la tête haute” ( l 21) . Il a une allure impériale mais continue à prendre la pose. Un peu plus loin, “il descendit avec lenteur” : il a l’allure d’un conquérant . Le cadre accompagne cette réussite : les spectateurs forment deux haies ( l 29) comme pour l’acclamer et le soleil semble rayonner rien que pour célébrer l’événement . C’est ici l’apogée de l’ascension du personnage: une réussite totalement amorale qui laisse penser qu’un arriviste peu scrupuleux peut parvenir à se faire un nom dans une société pervertie par l’ambition et l’argent . On retrouve l’objectif réaliste de l’auteur qui entend bien donner à la fiction le rôle d’un miroir de la société et de ses travers.
Toutefois , cet épisode consacre la défaite de certaines valeurs morales . ( à rédiger… )
En conclusion, cet épilogue marque doublement la réussite du héros; par son mariage avec Suzanne, il est introduit dans un cercle fermé , celui de la grande bourgeoisie d’affaires et son métier de rédacteur en chef à La Vie Française lui assure un certain pouvoir . Idolâtré par toutes les femmes qui croisent son chemin, il se sert d’elles , de leur argent comme Clotilde de Marelle , de leur talent aussi comme Madeleine et ensuite s’en débarrasse lorsqu’elle sont devenues inutiles ou qu’elles lui font de l’ombre . Seul son attachement pour Clotilde , peu exigeante, qui ne songe qu’à se divertir , le rend encore quelque peu attachant aux yeux du lecteur . Maupassant qualifiait son héros de gredin et avoir assuré sa réussite nous permet de mesurer le pessimisme de l’écrivain qui juge ainsi sévèrement la société de son époque, occupée à conspirer , à rechercher le pouvoir à des fins personnelles et à assouvir ses désirs au mépris des valeurs morales . Georges Duroy n’est pas un héros respectable mais plutôt un anti-héros qui incarne une ère nouvelle : celles des ambitieux cyniques et égoïstes.
Slalom est le premier film de Charlène Favier , réalisé en 2020 et présenté au festival de Cannes . La jeune réalisatrice s’est inspirée de sa propre histoire pour écrire ce film qui fut tourné principalement à Tignes , en extérieur.. Elle a subi des violences sexuelles alors qu’elle suivait un cursus de sportive de haut niveau . Pendant des années , elle a gardé pour elle cette souffrance et a choisi finalement de la transposer, à travers une forme cinématographique en créant des personnages comme celui de Liz , la jeune athlète âgée de 15 ans et celui de son entraîneur Fred, aux méthodes pour le moins sujettes à caution. La cinéaste a cherché à montrer l’emprise psychologique de Fred sur sa jeune protégée : tout d’abord, il est son entraineur et elle doit lui faire confiance pour réussir ; ensuite c’est un adulte alors qu’elle n’est encore qu’une adolescente , à la personnalité en construction et mineure de surcroît . Enfin, c’est un homme et il impose ses pulsions et son désir à la jeune fille qui n’a pas les moyens psychologiques de lui résister . De plus, le milieu du sport de haut niveau entraîne un rapport différent à son propre corps qui devient un instrument de performance mais également un objet de soins, de regards et de désir ici, pour l’adulte .Plus »
L’acteur Michel Bouquet, âgé de 88 ans , reprend pour la cinquième fois de sa carrière de comédien, le rôle du roi Bérenger dans la pièce de Ionesco . Qu’est-ce qui le pousse à remonter sur les planches pour incarner , justement, un roi qui va mourir . L’acteur considère Eugène Ionesco comme un dramaturge majeur et un artiste qui nous donne “de salutaires leçons” te nous apprend à mieux vivre. Il tente même de nous divertir avec la mort et de nous préparer à l’accepter même si comme le dit le roi dans la pièce, il aimerait redoubler plutôt que de passer au stade supérieur . Il avoue même préférer égoïstement “que tous meurent pourvu que je vive éternellement ” . Le spectacle imaginé par Ionesco, qui se savait lui même gravement malade débute par la vision peu réjouissant d’un royaume en ruines; Un vieux roi que la médecine a condamné, a bien du mal à régner ;Plus »
Quel rapport entre l’alchimie, cette pratique qui peut s’apparenter à de la magie et qui transforme le plomb en or et l’alchimie poétique ? Tout d’abord le poète apparaît comme un magicien ; celui qui a le pouvoir de changer ce qu’il voit, de transformer la boue en or, le laid en beau , le Mal en Fleur .
L’alchimie est d’abord présente dans le recueil sous plusieurs formes
avec le titre de certains poèmes comme Alchimie de la Douleur , par exemple, un sonnet de Spleen et Idéal . Le poète y révèle que la douleur règne sur son imagination et qu’elle le transforme en celui qui change “l’or en fer ” et le paradis en enfer” ; il se compare au “plus triste des alchimistes” . L’alchimie à laquelle fait référence Baudelaire fonctionne donc ici à l’inverse de la magie . On peut parler d’une alchimie inversée .
Le terme alchimie renvoie également au domaine de la magie et des sciences occultes et on trouve dans les FDM une série de références à des créatures fantastiques : l’alchimie est une sorte de trait d’union entre le monde visible et le monde invisible peuplé de créatures telles que les fantômes , les revenants, les spectres, le Diable et toutes ses incarnations et les figures féminines des sorcières et autres succubes . Le poète est celui qui est en relation avec ce monde fantastique qui peuple son imaginaire et qu’il s’emploie à faire renaître sous sa plume. Il est celui qui permet les Correspondances entre les mondes .
L’alchimiste c’est surtout celui qui est capable d’opérer la transformation de ce qui est en quelque chose de nouveau, de différent et à ce titre , toute création poétique, artistique, peut s’apparenter , au sens large à une sorte d’alchimie car elle transforme ce qui est vil en ce qui est noble, et nous enchante en créant des associations sonores et verbales . La poésie transfigure le quotidien et nous met en relation avec les secrets du Monde : le poète est, à la fois celui qui comprend d’autres langages, celui des choses inanimées, de la Nature et des puissances invisibles et celui qui invente un langage magique, mystérieux , réservé à des initiés , une véritable “sorcellerie évocatoire “ ; Qui de la boue ou de l’or l’emporte dans Les Fleurs du Mal?Plus »
28. mai 2021 · Commentaires fermés sur Réparer les vivants : le voyage fantastique du coeur de Simon · Catégories: Première · Tags: roman
Roman qui évoque des thèmes douloureux comme la mort d’un enfant et le choix pour les parents de faire don de ses organes , Réparer les vivants de Maylis de Kerangal aborde ces sujets de manière parfois poétique , souvent philosophique; Au delà de cette histoire tragique qui démarre par un fait divers terrible , cet accident de voiture dans lequel un adolescent de 17 ans fait une hémorragie cérébrale qui le plonge dans un état de mort encéphalique , la romancière dresse une galerie de portrait de personnages attachants et complexes qu’elle fait se croiser autour du corps de Simon Limbres . Nous sommes presque à la fin du récit: pendant que Virgilio le jeune chirurgien roule à toute allure avec le coeur de Simon qu’il vient de prélever dans son caisson étanche, Marianne, la mère du défunt, rentrée chez elle, pense à son fils mort.
Voyons comment ce passage est construit et quel regard la romancière élabore autour de ce personnage de la mère ..rappelons tout d’abord que les romanciers contemporains ne suivent pas précisément les codes de fabrication des personnages hérités des techniques réalistes (lire l’article du blog sur le réalisme) : en effet, ils construisent leurs personnages à partir de leurs voix et ne donnent qu très peu d’indications sur leur passé, leur identité, leur physique; Chaque personnage est saisi dans la vérité de l’instant comme une sorte d’instantané photographique et le roman se forme à partir de ces saisies partielles. On parle souvent de vision kaléidoscopique pour montrer que les romanciers juxtaposent des états sans chercher à créer une continuité d’ordre chronologique ou psychologique.
Annonce des axes de lecture : Marianne est un personnage qui se caractérise par le lien qu’elle a tissé avec Simon: c’est une mère frappée par la douleur d’avoir perdu ce fils qu’elle aimait : la romancière fabrique une dimension pathétique autour de ce personnage de mater dolorosa ce que nous verrons dans une première partie avant de démontrer que la romancière fabrique également un passage fantastique en évoquant d’abord la mystérieuse relation entre Marianne et Simon et ensuite en faisant disparaître le personnage au profit d’une sorte de rêve éveillé qui montre le coeur de Simon dans l’espace.
1 Une image pathétique de la mère
Le cadre tout d’abord est important : il fait nuit et Marianne ne parvient pas à dormir il va être minuit : 23 h 50 exactement la précision de ce détail rend la scène d’autant plus vraisemblable ; la douleur est personnifiée et agit avec violence comme le montre le verbe défonce; il appartient à un registre de langue familier et peut s’employer pour désigner l’état d’une personne qui se drogue ; être défoncée, c’est perdre le contact avec la réalité et Marinent est comme dans un état second ; L’analogie avec la drogue se poursuit avec l’expression “c’est là qu’elle peut tenir “; Notons que dans certains cas et pour certaines pathologies, les médecins plongent des patients dont la douleur est trop forte en coma artificiel afin que leur cerveau ne puisse transmettre cette douleur .
L‘intervention du narrateur ou l’art de raconter : ce passage montre un narrateur à la fois témoin des faits mais qui semble ne pas tout savoir sur les personnages “on s’en doute ” peut être analysée de deux manières : dans une certaine mesure, cette intervention brise les codes de l’illusion réaliste dans la mesure où elle montre au lecteur la voix de celui qui écrit l’histoire (le narrateur ) et qui de ce fait est distinct du personnage ) ; mais d’un autre côté, cette intervention créée également une complicité avec le lecteur car ce on qui est mentionné, l’inclut lui aussi et le rend , en quelque sorte, partie prenante de l’histoire en train de s’écrire. Le point de vue du narrateur apparait également avec ‘on la voit qui se redresse” : le point de vue ici est bien celui d’un narrateur témoin de la scène mais qui se contenterait de la filmer sans forcément tout savoir .
C’est d’ailleurs le but des questions rhétoriques qui frappent le lecteur car elles introduisent à la fois une forme d’incertitude (le narrateur feint de ne pas savoir ce que pense le personnage donc il adopte un point de vue limité sur la scène ) mais en même temps il émet des hypothèses pour expliquer le sursaut Marianne : “se peut-il qu’elle ait capté l’instant où ..” “se peut-il qu’elle ait eu l’intuition ‘ ? ; ces hypothèses font naître la dimension fantastique du passage qui va ensuite être construite avec l’image du coeur de Simon, relique sacrée qui effectue un voyage dans l’espace . Ces mêmes questions métaphysiques reviendront à la fin du passage et Marainne finira par leur donner une réponse rassurante : “il est irréductible: c’est lui ; elle ressent un calme profond “ ; La mère peut repenser alors à son fils comme à un être qui ne peut se réduire à sa matière charnelle ” Le choix de l’adjectif “irréductible ” prouve que , bien qu’on ait côté au corps de Simon certains organes, il peut demeurer entier en présence dans l’esprit de sa mère . Les questions se transforment elles aussi en “cerceaux bouillants “ et vont ainsi se transformer les “linéaments magnétiques ” dans son imagination : ces linéaments vont maintenir les liens indestructibles qui la relient à son fils
2. Une liaison mère/fils fantastique : la connexion au delà de la mort ?
Le narrateur laisse entendre que ce qui relie ces deux personnages est de l’orde du surnaturel et il crée des images pour essayer de rendre concret et visible cette connexion. D’abord nous remarquons le verbe connecter et l’image des “linéaments magnétiques “ Le mot linéament s’emploie plutôt dans un contexte géologique ou géographique car il désigne les lignes qui marquent les accidents de surface des roches qui provient des mouvements dans l’écorce terrestre ; sur une carte, les linéaments désignent le relief des sols et dans le roman, on comprend que ce mot désigne des sortes de fils, un peu comme des arcs électriques qui traverseraient l’espace-temps pour maintenir le lien mère-fils; L’imagination de la romancière est nourrie ici des images des failles de l’ espace temps où les ondes électromagnétiques renvoient à une activité cérébrale ou simplement électrique; On peut aussi rapprocher ces linéaments du fonctionnement du cerveau et rappeler que ce sont des machines électriques qui maintiennent le corps de Simon en vie et qu’elles vont être débranchées ; la romancière veut nous faire percevoir que le cerveau de Marianne enregistre en fait , comme par intuition , ce qui est en train d’arriver à Simon. La relation mère-fils est qualifiée de proximité impalpable : avec l’allitération en p, on voit ici les liens se former avec espace, profondeur et temporel .La mère veut se raccorder , rester raccrochée à son fils et pénètre dans cet espace interdit qui forme comme une zone de veille ; La romancière veut sans doute ici évoquer par cet euphémisme “espace interdit ” les mystères de la mort ” et la “zone de veille” peut peut- être rappeler l’une des fonctions maternelles par excellence : celle qui consiste à veiller sur son enfant , à le protéger, à le rassurer. A noter que dans le roman, cette fonction maternelle est occupée , parmi le personnel soignantt, par Thomas Rémige qui va prendre , dans le milieu médical, le relais de la mère auprès de Simon; Il va le rassurer en lui passant le casque avec la musique choisie par Juliette, en lui récitant les noms de tous ceux qui pensent à lui, en prenant soin de son corps avec la toilette et le chant de la mort pour l’aider à franchir cette mystérieuse frontière entre le monde des vivants et celui des morts. Frontière qui justement s’efface dans les rêves ….
3. L’effacement du personnage au profit du rêve
A mi -chemin du rêve et de la réalité, la romancière va utiliser le personnage de Marianne pour être le point de départ d’un passage onirique du roman où elle imagine les pensées de la mère, ses rêves et le coeur de Simon qui vole. Cette sorte de rêverie métaphysique manifeste la croyance éternelle et ancestrale en une forme de vie après la mort , dans le souvenir de ceux qui ont aimé les défunts. La rêverie s’organise elle aussi à partir d’un cadre : cette nuit polaire qui forme un décor fantastique comme une apparition lumineuse, une sorte d’étoile filante qui illumine l’espace: ainsi pour préparer cette apparition, les nuages se “déchirant” , “le ciel opaque se dissolve” ; le coeur de Simon est comme l’étoile polaire : celle qui dans les légendes guide les hommes vers Dieu ou les met sur la bonne voie; par analogie et comme par glissement, le coeur se transforme en relique sacrée : (la relique était le reste d’un corps de saint qu’on adorait et qu’on venait prier : cela pouvait être une main , un morceau de squelette et bien évidemment le coeur qu’on conservait précieusement ) Ainsi à cette apparition de l’étoile dans le Ciel coïncide ce voyage du coeur dans son “caisson ” et le narrateur note que le plastique de la paroi “brille dans les faisceaux de lumière électrique ” ; Un lien est donc clairement établi entre les deux voyages, celui de l’étoile observée par la mère et celui du coeur de Simon transporté par Virgilio .
La vision du personnage dans l’appartement a donné naissance à ce voyage réel d’abord du coeur de son fils dans la voiture et ensuite à un voyage imaginaire et mythique qui nous plonge au Moyen-age à l’époque où on convoyait “les coeur des Princes ” dans les cités; Simon devient ainsi un personnage de légende lui aussi, à l’instar de ces souverains d’autrefois dont les dépouilles étaient vénérées et devant lesquels les gens se recueillaient “on se signait en silence pour regarder passer ce cortège extraordinaire” Le personnage de Simon obtient ainsi grâce à ces comparaisons une dimension sacrée
Attention j’ai coupé une partie de cette description du voyage médiéval dans vos passages dactylographiés…
La fin du passage nous ramène à Marianne et aux questions métaphysiques qu’elle se pose et que tous les lecteurs peuvent également partager : “que subsistera t-il dans cet éclatement de l’unité de son fils” : cette interrogation pose le problème des liens entre le corps et l’âme ; l’esprit est un et indivisible alors que le corps peut être morcelé ; Notre unité est avant tout spirituelle et n’est pas liée à notre enveloppe corporelle : du moins pour ceux qui croient à l’existence de l’âme ; pour certaines religions, âme et corps ne peuvent être séparés et donc les parents refusent les dons d’organes par peur de perdre l’ âme de leur enfant
En conclusion ,la romancière a donc imaginé pour ce passage important qu’au moment où on opère son fils mort pour lui prélever ses organes et les envoyer un peu partout en France,, Marianne , sa mère perçoit du fond de sa peine, une sorte de lien indestructible en pensée entre elle son fils et elle est soulagée de sentir sa présence irréductible ; le personnage de Simon acquiert ainsi une dimension sacrée, mythique en se transformant et en étant comparé aux souverains défunts des temps anciens .
Pour ouvrir les yeux d’Argan et lui faire réaliser qu’il a tort de se fier aux médecins et à leurs pratiques, et bien résolue à faire échouer le mariage d’angélique avec Thomas Diafoirus, Toinette a pris les chose en main et se propose d’avoir recours à “une imagination burlesque” . Béralde , mis dans la confidence un peu plus tôt dès la seconde scène de l’acte III, assiste en spectateur amusé à cette comédie de consultation qui n’est pas sans rappeler celle de Monsieur Purgon à la scène 5 . Le burlesque se caractérise notamment , au théâtre , par le travestissement et le déguisement. Il emprunte certains traits à la farce, fait intervenir un comique bas qui exploite essentiellement le corps et la gestuelle; Proche de la parodie, il peut consister à imiter un personnage honorable ( ici un célèbre médecin ) par un valet qui contrefait son modèle en jouant la comédie et en faisant apparaître ses défauts; Ainsi ridiculisé , le médecin devient la cible des rires du public qui se moque , en même temps , de la crédulité d’Argan ; Dans la pièce, on trouve également des intermèdes burlesques avec l’arrestation de Polichinelle lors de l’intermède qui sépare l’acte I de l’acte II et dans la cérémonie finale qui montre le sacre parodique d’Argan . On peut donc dire que Le Malade imaginaire repose , en partie , sur le burlesque et que dans cette scène 10 de l’acte II, qui prépare le dénouement et le ballet final, Toinette donne un côté spectaculaire et plaisant à la satire des médecins. Plus »
25. mai 2021 · Commentaires fermés sur Le Malade imaginaire : quand la comédie devient sérieuse .. le face à face des deux frères · Catégories: Lectures linéaires, Première
Pourquoi choisir ce passage dans le cadre d’un parcours comédie et spectacle ?
Pour montrer justement que derrière les paillettes, les chants et les danses ou l’éternelle comédie du conflit maître/servante, l’oeuvre de Molière aborde parfois, sous ‘apparence du dialogue philosophique , des sujets graves et sérieux. Les deux frères représentent ici deux manières de voir la vie et de considérer la condition humaine.
Se sachant gravement malade, Molière décide d’écrire une dernière pièce dans laquelle il dénonce les pratiques des médecins et leur profonde ignorance des “mystères du corps humain ” ; Mais cette réflexion sur l’art de se soigner va de pair avec un questionnement sur le sens de la vie et la notion de destin. Pour pouvoir impliquer les spectateurs dans ses pensées, il les incarne sur scène , sous la forme de dialogues entre deux frères ; Argan représente l’homme qui se gâche la vie avec ses angoisses métaphysiques et sa peur de la mort; Quant à Béralde, son opposé, il reflète la sagesse de l’homme qui accepte son sort , à la manière du stoïcien antique. Voyons comment la dispute des deux frères reflète une discussion philosophique sur la condition humaine ? Plus »
24. mai 2021 · Commentaires fermés sur Toinette face à Argan : la relation maître/valet à l’épreuve dans Le Malade imaginaire · Catégories: Divers, Lectures linéaires, Première
Notre premier extrait aborde l’entrée en scène de Toinette à la scène 2 de l’acte I . La relation conflictuelle maître / valet est souvent au centre de la comédie et contribue, pour le plus grand plaisir du spectateur , à des moments d’affrontement parfois cocasses. Si Molière s’inspire des types de la comédie italienne et notamment du personnage de Sganarelle ( appelé également Polichinelle ) , il donne également de grands rôles aux servantes . Ces dernières se caractérisent par leur “ caquet ” défaut récurrent sur scène ; Dans sa dernière comédie, Le Maladeimaginaire, Toinette fait partie de cette famille de servantes au grand coeur, ( et à la grande bouche ) dévouées à leur maître et à sa famille, soucieuse de préserver leurs intérêts et les mettant en garde contre ceux qui cherchent à leur nuire. Insolente et gouailleuse, elle tient tête avec effronterie à Argan et lui donne la réplique sans s’en laisser conter L’extrait que nous étudions complète l’exposition et nous en apprend plus sur le personnage d’Argan, cet homme qui se ruine en remèdes et qui se fait berner par son médecin comme tente de le lui faire remarquer sa fidèle servante . Plus »
Pour vous aider dans votre lecture du poème et fabriquer votre fiche d’oral : que retenir de ce poème ? Premier rappel important : le temps de préparation à l’oral est limité à 30 minutes; Il et donc conseillé de ne pas écrire des phrases complètes mais de vous servir de mots clés à partir desquels vous allez pouvoir organiser votre temps de parole .
Exemple de notes :
Intro 1.30
: Contexte FDM 1857 , procès / scandale/ dédié à T Gautier, Parnassien mais Baud influencé par Romantisme et précurseur du Symbolisme avec notamment théories des Correspondances
Oeuvre : 6 sections dont Spleen /Idéal , > 70 poèmes ; déf du Spleen = mélancolie angoisse, mal de vivre … / Idéal = espoir de sérénité, douceur .. Ordre et beauté Luxe calme et volupté dans Invitation au voyage
Liens bio : poème composé 15 ans avant parution recueil / 1841 / voyage contrées exotiques / étape ile Maurice / accueilli par M de Bragard + sa femme Emeline de Carcénac / a inspiré le poète ainsi que d’autres modèles de beauté / a composé 2 poèmes pour Thérèse , belle métisse / tombera amoureux à son retour Jeanne Duval surnommée la Vénus noire pour laquelle composera un cycle poèmes
Poème : sonnet = forme préférée Baud /< Renaissance, modèle de l’ode = poème latin composé pour un personnage célèbre dont on vante les qualités // A une madone + A une mendiante rousse / Sonnet = 2 Q et 2 T d’alexandrins sur 4 rimes ( = variante / modèle original italien , le + courant avec 5 rimes )
Un hommage à la beauté particulière de cette femme des îles décrite sur fond de paysage exotique
LECTURE Nb liaison tout empourprés / charmes ignorés /les antiques / feriez à ..
Q 1 cadre présenté comme enchanteur = allitération en p pays parfumé / sensations privilégiées > sensualité description / odorat + caresse , toucher du soleil = sensation agréable , idée de douceur / lien avec intimité amoureuse v 2
j’ai connu : au sens premier = faire l’amour avec une femme ,/ décor met en scène intimité des amours secrètes / dais d’arbres = cache les amoureux , allitération en d dais d’arbres = forme une harmonie imitative qui évoque les cachettes où peuvent se réfugier les amoureux / empourprés : cette rougeur des arbres pourrait faire allusion aux tamarins / Baud avait dans une première version écrit tamarins ambrés à la place d’arbres empourprés.
palmiers= décor exotique de l’île Maurice, paysage tropical, arbre emblématique / pleut sur les yeux: allusion à la forme tombante des larges feuilles et à la chaleur qui règne / la paresse pour Baudelaire a des connotations laudatives : synonyme d’indolence ds FDM – Baud déteste le mouvement qui “déplace les lignes ” / partisan de la lenteur
dernier vers présente enfin objet de l’admiration du poète : dame créole : alliance de respect avec le mot dame et son origine / créole= femme des îles, au XIX mot désigne la population d’origine européenne née dans les colonies et une manière de vivre des iliens empreinte de douceur et d’indolence ( sens de 1850 ) / aux charmes ignorés : sa beauté n’est pas reconnue comme il se doit car ne correspond pas aux canons de beauté de l’époque; A noter que M Autard de Bragard est lui aussi né à Maurice où Baud séjourna 18 jours en 1841
Q 2 : description de la femme avec portrait et détails physiques : mélange , alliance de chaud et de froid ( teint pâle= blanc et chaud: hâlé par le soleil ou métisse ) : une sorte de paradoxe ici qui crée sa beauté particulière / périphrase : brune enchanteresse , brune = ses cheveux/ type de beauté exotique + magicienne force de son attirance
adv noblement= origine aristocratique des colons , issue d’une grande famille / rappel = C’est pour remercier son hôte que Baud compose cet hommage à son épouse dont il vante les qualités = une part de flatterie dans le portrait de la femme ;
un type de beauté apprécié par le poète : grande- / mince avec un côté animal suggéré par “chasseresse “ + référence à la déesse Diane / la femme ainsi divinisée ;
quatrain se termine par deux détails importants pour sa physionomie: son sourirequalifié par adj “tranquille”et son regard “ yeux assurés” / sûre d’elle , pas timide ; impression qui se dégage = une sorte de vénération et de fascination / un magnétisme animal …qu’on retrouve dans laplupart des descriptiosn des femmes aimées pour Baud.
Tercet 1: adresse directe à la fe “madame” / traduit respect du poète et imitation du style des odes / vouvoiement et réf à la France : vrai pays de gloire , périphrase élogieuse / mention de deux symboles Paris et la Seine et référence à Du Bellay et à Ronsard, poètes de la Pléiade avec la Loire , fleuve mentionné par les deux poètes classiques dans leurs œuvres comme symbole de la France alors comparée à l’Italie berceau de la Renaissance / d’autres références à la Pléiade avec l’univers de la Renaissance et la mention des “manoirs ” demeures des seigneurs de cette époque, des riches et nobles familles françaises / l’adj antique ici a le sens d’ancien/ Baud reconstitue cadre historique Renaissance/ portraits des femmes de cette époque
Tercet 2 : retour au cadre Q 1 avec ombreuses retraites , expression qui rappelle le berceau végétal des arbres empourprés et le soleil dont on cherche à s’abriter sous les feuillages ; la femme est comparée à une muse, celle qui inspire les poètes ; dans la mytho, les Muses = 9 déesses, filles de Zeus et de Mnémosyne : compagnes d’Apollon chacune de ces 9 femmes protège une forme d’art ; une Muse pour un poète = sa source d’inspiration, celle qui lui permet de composer ;
Le verbe germer , par métaphore = acte de création, faire sortir de la terre, donner vie à une plante / le fruit de cette création = le poème / ici forme du sonnet, popularisée époque Renaissance / coeur des poètes = idée que la femme devient matériau pour l’activité poétique /
dernier vers du tercet = chute du poème ; contient une allusion au pouvoir de la femme / son regard = instrument de domination comparé à la pratique de l’esclavage / esclaves noirs au service des colons ; Baud a assisté à des scènes de punition où des serviteurs sont fouettés pour avoir désobéi/ l’île est passée sous l’autorité du gouvernement anglais et l’esclavage est aboli dès 1835 mais le gouverneur anglais continue à tolérer que les colons français des grandes plantations maintienne une tradition d’esclavage avec les travailleurs mauriciens; Peu à peu des travailleurs indiens rémunérés vinrent remplacer la main d’œuvre servile ce qui changea la composition ethnique de Maurice.
L’épilogue de Bel-Ami : un mariage triomphal
Commençons par rédiger une introduction en respectant les éléments obligatoires : contexte, auteur, oeuvre, extrait , problématique et annonce d’un plan .
C’est dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle que se constitue le réalisme en réaction contre le romantisme qui accordait beaucoup d’importance à l’expression des sentiments . Les écrivains réalistes et notamment Maupassant, s’efforcent de donner l’illusion de la réalité dans leurs romans; Bel-Ami, roman qui paraît en 1880, retrace l’ascension d’un héros ambitieux sans scrupules, Georges Duroy , qui se sert de son pouvoir de séduction pour gravir les échelons de la société. L‘épilogue étale sa réussite et dépeint son mariage prestigieux avec Suzanne Walter, la fille de son patron . Comment l’écrivain présente-t-il ici le personnage ? Dans un premier temps, nous montrerons sa réussite sociale avant d’envisager sa réussite personnelle et pour terminer, nous montrerons la dimension critique de ce dénouement.
Tout d’abord, examinons dans quelle mesure ce mariage lui assure une réussite sociale . Bel-Ami est l’objet de regards envieux de la foule venue l’admirer en grand nombre : D’autres personnes se poussaient. La foule coulait devant lui comme un fleuve. Maupassant souligne au moyen de cette métaphore l’immensité de la foule et la cohue, sans doute, à la sortie de l’église. Ce public confère à l’événement un côté triomphal; Le tout Paris se presse pour admirer celui qui n’était qu’un inconnu quelques années plu tôt à son arrivée, désargenté, dans la Capitale. L’écrivain a donné à son protagoniste principal une réussite à la hauteur de ses ambitions. ” Il aperçut la foule amassée, une foule noire, bruissante ” : les trois adjectifs de la ligne 24 révèlent à la fois le grand nombre de spectateurs , leur élégance avec les costumes noir des hommes et le bruit ainsi que le mouvement qui se dégage de tous ces gens . L’écrivain souligne également qu’il est le point de mire de tous les regards : “venue là pour lui, pour lui Georges Duroy. ” La répétition ici de pour lui traduit une forme d’étonnement même du narrateur et introduit une distance ironique entre les sensations du personnage et le jugement porté sur lui par le narrateur. En effet, Georges est ébloui , à la fois par l’éclatant soleil , comme il est précisé ligne 30 , mais aussi par cette admiration dont il se grise à tel point qu’il se prend pour un roi : “Georges affolé de joie, se croyait un roi qu’un peuple venait acclamer “. On retrouve ici un paradoxe avec l’association de l’affolement et de la joie: Le héros perd , en quelque sorte, sa lucidité et se sent , littéralement, transporté par la joie . D’ailleurs, il en vient même à remercier Dieu alors qu’il n’est pas croyant, autre signe que sous l’effet de cette joie, il perd la tête : ” Il sentait sur sa peau courir de longs frissons, ces frissons froids que donnent les immenses bonheurs ” Bien qu’au centre des regards, Georges lui même ne voyait personne, (l 23 ) : Maupassant marque ici, au moyen de cette précision, son égoïsme et son narcissisme. Cette réussit sociale semble avoir un prolongement dans les rêves du personnage qui se voit déjà faire une carrière politique : au moins député et ensuite ministre; En effet, ses vues , au sens propre, comme au sens figuré, se portent sur le “Palais-Bourbon,” siège de la chambre des députés . Il lui sembla qu’il allait faire un bond peut nous faire penser que le narrateur remet en cause les rêves du personnage mais on peut également comprendre que son ascension est loin d’être terminée ; En effet, nous avons vu , dans le cadre du roman, que Georges est un personnage assez naïf et qu’il se fait berner par M Walter et son complot politique. Son avenir n’est peut être pas aussi reluisant qu’il l’imagine.Toutefois le roman se termine sur cette gloire.
A cette réussite sociale il faut ajouter , avec ce mariage, une forme de réussite personnelle . En effet, ce mariage prestigieux lui garantit une position sociale enviable et ne met pas un terme à ses désirs amoureux et à son appétit des femmes; Maupassant précise bien que sa relation avec Clotilde de Marelle va pouvoir continuer et le jour même de son mariage, au sein de l’église , il repense à sa liaison avec sa maîtresse ; L’évocation de leur intimité ” lui fit passer dans le sang le désir brusque de la reprendre” montre à quel point le héros est resté centré sur ses désirs égoïstes et on retrouve ici une forme de violence du personnage . Il semble faire peu de cas de sa jeune épouse dont on devine simplement l’ombre à ses côtés. On mesure donc une forme de critique des agissements de Georges et le roman qui s’ouvrait sur le regard admiratif des femmes croisées dans la rue sur le héros, se termine ici, avec l’évocation des cheveux de Madame de Marelle: “toujours défaits au sortir du lit ” La dernière image de Bel-Ami est bien celle d’un séducteur, d’un homme à femmes et l’auteur rappelle ainsi que sa réussite est justement fondée sur les sentiments qu’il parvient à déclencher chez les femmes.
Le héros a changé d’allure : alors qu’il défiait la foule en jouant des épaules comme pour se frayer un chemin dans la vie, désormais il paraît apaisé : “il allait lentement, d’un pas calme, la tête haute” ( l 21) . Il a une allure impériale mais continue à prendre la pose. Un peu plus loin, “il descendit avec lenteur” : il a l’allure d’un conquérant . Le cadre accompagne cette réussite : les spectateurs forment deux haies ( l 29) comme pour l’acclamer et le soleil semble rayonner rien que pour célébrer l’événement . C’est ici l’apogée de l’ascension du personnage: une réussite totalement amorale qui laisse penser qu’un arriviste peu scrupuleux peut parvenir à se faire un nom dans une société pervertie par l’ambition et l’argent . On retrouve l’objectif réaliste de l’auteur qui entend bien donner à la fiction le rôle d’un miroir de la société et de ses travers.
Toutefois , cet épisode consacre la défaite de certaines valeurs morales . ( à rédiger… )
En conclusion, cet épilogue marque doublement la réussite du héros; par son mariage avec Suzanne, il est introduit dans un cercle fermé , celui de la grande bourgeoisie d’affaires et son métier de rédacteur en chef à La Vie Française lui assure un certain pouvoir . Idolâtré par toutes les femmes qui croisent son chemin, il se sert d’elles , de leur argent comme Clotilde de Marelle , de leur talent aussi comme Madeleine et ensuite s’en débarrasse lorsqu’elle sont devenues inutiles ou qu’elles lui font de l’ombre . Seul son attachement pour Clotilde , peu exigeante, qui ne songe qu’à se divertir , le rend encore quelque peu attachant aux yeux du lecteur . Maupassant qualifiait son héros de gredin et avoir assuré sa réussite nous permet de mesurer le pessimisme de l’écrivain qui juge ainsi sévèrement la société de son époque, occupée à conspirer , à rechercher le pouvoir à des fins personnelles et à assouvir ses désirs au mépris des valeurs morales . Georges Duroy n’est pas un héros respectable mais plutôt un anti-héros qui incarne une ère nouvelle : celles des ambitieux cyniques et égoïstes.