21. novembre 2020 · Commentaires fermés sur Coup de foudre au bal : quand la Princesse de Clèves rencontre le Duc de Nemours · Catégories: Lectures linéaires, Première · Tags: ,

Après avoir préparé les portraits  élogieux des personnages principaux, celui du Duc de Nemours ” chef d’oeuvre de la nature ” et celui de la princesse ” une beauté parfaite qui attira les yeux de tout le monde , Madame de La Fayette met en scène la rencontre entre les deux protagonistes.  Cette rencontre est tout d’abord publique: ce sont deux individus très en vue qui se croisent pour la première fois à l’occasion d’un grand bal donné en l’honneur des fiançailles de la seconde fille du roi, Claude de France avec Monsieur de Lorraine Charles III ,fils de la duchesse de Lorrain.La famille de cette dernière a en effet servi de médiateur pour mettre un terme à la guerre entre le roi de France Henri II et le roi d’Espagne Philippe II . La rencontre est donc un événement mondain et  ils seront l’objet de tous les regards . A cette occasion, l’auteure montre à quel point ils sont magnifiques comme s’ils étaient faits pour aller ensemble; Elle détaille également les réactions de la société qui les entoure. Voyons les détails de cette rencontre ….

La lecture linéaire détaillera les 25 lignes de ” Elle passa tout le jour des fiançailles …à s’ils ne s’en doutaient point  ” édition Hatier p 48 , lignes 734 à 759 et  Hachette 713 à 739 p 49. véritable topos littéraire, la rencontre amoureuse prend place dans un décor romanesque et fait l’objet de longues descriptions minutieuses; La princesse se prépare longuement “ tout le jour “ à cet événement qui constitue , en quelque sort, son baptême du feu des mondanités, juste  après son propre mariage , qui s’est tenu quelques semaines plus tôt. Le Prince de Clèves a été  , en fin de compte, le seul à faire sa demande car la maîtresse du roi avait réussi à dissuader les autres partis et l’orgueil de Madame de Chartres constituait également un obstacle ; De plus, en accord avec sa fille, Madame de Chartes a résolu de faire un choix qui pourrait lui convenir . Néanmoins, elle se rend vite compte que la jeune fille n’est pas amoureuse de son mari et elle travaille à lui faire comprendre “ce qu’elle devait à l’inclination qu’il avait eue pour elle avant que de la connaître “; autrement dit, elle lui demande d’être reconnaissante envers son mari Cette précision nous montre  aussi que le sentiment , chez le Prince,précède la connaissance selon le principe bien connu du coup de foudre.  Plus »

21. novembre 2020 · Commentaires fermés sur Amour et politique dans La princesse de Clèves : résumé des intrigues · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première · Tags: ,

Cet article est un relevé non exhaustif des motifs narratifs présents  dans  les 4 parties du roman; Il vous permettra de relire des passages qui vous semblent importants pour vos sujets de dissertation . En travaillant sur les relations entre amour et politique dans le roman, nous sommes amenés à nous poser un certain nombre de questions : tout d’abord quel est le thème le plus important : les affaires ou l’amour ? les histoires d’amour sont-elles toutes dans la sphère publique ou politique? sont-elles subordonnées aux intérêts politiques des personnages ? Quel est le rôle des mariages dans le roman ? comment se nouent et se dénouent les alliances politiques ? Autant de questions dont les réponses vont vous permettre de construire une dissertation ; Et pour commencer , je vous suggère de faire l’inventaire des principales histoires d’amour, et de mesurer leurs conséquences sur le domaine politique ….

Le roman débute avec les amours du roi Henri II avec sa maîtresse Diane de Poitiers alias Madame de Valentinois qui le gouverne avec un empire absolu «  quoi qu’elle n’eût plus de jeunesse ni de beauté » ( p 24) . Cette liaison fait souffrir la reine ( elle -même amoureuse du Vidame de Chartres )  : Cette dernière  dissimule ses sentiments pour des raisons politiques . Après avoir fait différents portraits des grands seigneurs de la Cour, l’auteure termine par celui du Duc de Nemours qui a la réputation d’être un grand séducteur : «  il avait tant de disposition à la galanterie «  et .. « il avait plusieurs maîtresses mais c’était difficile de deviner celle qu’il aimait véritablement. »  On lui prête une liaison avec la reine Dauphine, femme du fils aîné du roi et  nièce des Ducs de Guise. La Duchesse de Valentinois d’ailleurs a cherché , à empêcher le mariage du dauphin avec Marie Stuart car ce mariage renforce la position des Ducs de Guise à la Cour . ( p 25 ) 

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15. novembre 2020 · Commentaires fermés sur La mort de Madame de Chartres :disparition organisée d’un personnage · Catégories: Lectures linéaires, Première · Tags:
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Le roman de Madame de Lafayette est un roman d’apprentissage qui  retrace l’évolution d’une jeune fille qui découvre la cour et ses nombreux dangers; Premier roman d’analyse psychologique, il tente de nous initier aux  subtilités de la peinture des sentiments et représente les dangers de l’amour passion. Mademoiselle de Chartres épouse Monsieur de Clèves  non pas parce qu’elle est tombée amoureuse de lui mais parce qu’elle considère, suivant en cela l’avis de sa mère, qu’il constitue pour elle le meilleur des partis et le meilleur des maris . Mais lorsqu’elle va réaliser la nature et la force de ce qu’elle  éprouve pour la Duc de Nemours, elle n’ose en parler avec sa mère; Cette dernière a déjà tout deviné et la jeune fille compte beaucoup sur elle et son expérience ; C’est à ce moment que l’auteure choisit de faire disparaître Madame de Chartres , afin de laisser le personnage de la Princesse  seule, face au choix de sa ligne de conduite. La mort du personnage de la mère a ici une fonction dramatique essentielle et constitue un motif important  de l’intrigue.

Le passage que nous allons étudier retrace les adieux de la mère à sa  fille de “Il faut nous quitter ma fille à …pour n’en être pas le témoin ”   Il contient donc une dimension pathétique incontestable ( axe de lecture principal )  et permet de mettre le personnage de  la Princesse face aux dangers qui  la menacent . Nous verrons comment l’écrivaine construit cette scène pathétique qui clôt le premier tome  du roman. Examinons tout d’abord la force morale dont fait preuve Madame de Chartres .

La mère,  a reçu, en effet ,  dans les paragraphes qui précèdent notre extrait , l’annonce de son état critique, avec un détachement qui force l’admiration : “ un courage digne de sa vertu et de sa piété;” D’emblée , la mère de l’héroïne est présentée comme une femme exceptionnelle , d’une grandeur d’âme hors du commun. On retrouve ici la dimension hyperbolique et élogieuse qui caractérise chaque portrait de personnage dans ce roman. En effet, le but de Madame de Lafayette n’est pas du tout d’être réaliste mais de donner une image d’un idéal à la fois physique et moral.

La scène des adieux est un face à face entre les deux femmes car Madame de Chartes a demandé à tout le monde de sortir de sa chambre; Elle ne souhaite pas qu’ils puissent entendre ce qu’elle doit dire à sa fille, en privé. : on notera que la Princesse demeure silencieuse . Le discours de la mère repose sur de nombreuses injonctions : “il faut nous quitter.. il faut de grands efforts “ et des tournures impératives  réitérées  ” songez ce que vous devez…ayez de la force et du courage ” . Ce sont plus que des conseils qu’elle prodigue à sa fille : cela ressemble à des consignes et les paroles prononcées par la mère auront un retentissement important. La manière dont elle s’adresse à la princesse, on, l’a vu, ne souffre pas de réponse ; Madame de Chartres, en effet,  fait elle-même les questions et les réponses .

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La mère commence par rappeler à sa fille les dangers qui l’entourent et termine son discours par des images effrayantes : le champ lexical du danger apparaît ,dès les premières lignes avec le mot “péril où je vous laisse ”   ainsi que le mot peur associé à l’image du  précipice  un peu plus loin Il s’agit ici d’un péril souvent mentionné dans les textes religieux; Les pêcheurs sont condamnés à sombrer dans l’abîme qui les mène droit en enfer. On retrouvera cette idée à la fin de la réplique de la mère avec l’expression “tomber “; La mère préfère la mort que de voir sa file devenir une femme adultère; Madame de Chartres peint à sa fille un tableau très noir des malheurs qui attendent ceux qui se laissent aller à des sentiments interdits. Ces injonctions maternelles vont contribuer à façonner la conduite de la princesse qui finira , après l’aveu à son mari, et sa mort, par renoncer définitivement à aimer le Duc de Nemours . Elle souhaitait continuer à jouer un rôle important dans l’éducation de sa fille  comme le mentionne l’expression “le besoin que vous avez de moi ” . Avec la disparition de son mentor, Mademoiselle de Chartres se retrouve seule avec ses doutes et sa mère mentionne, d’ailleurs, presque immédiatement, le principal danger qui la menace: “l’inclination pour M de Nemours ” Elle coupe court ensuite à toute protestation éventuelle en spécifiant “ je ne vous demande point de me l’avouer “; On sent bien que le temps presse et qu’il y a des choses plus importantes à dire ; La mère explique qu’elle a remarqué “cette inclination ” depuis déjà un moment : ce qui signifie que la jeune Princesse est incapable de dissimuler publiquement ses sentiments ; elle peut donc facilement être percée à jour : ce qui constitue, à la Cour, un danger supplémentaire . Madame de Chartres nous fait comprendre qu’elle a deviné avant même que sa fille s’en aperçoive, qu’elle était en train de tomber amoureuse; En femme d’expérience, elle a pu observer des changements infimes dans le comportement de sa fille ; Mais le temps est venu de parler car la jeune femme a réalisé ce qui se passait en elle ” Vous ne la connaissez que trop présentement ” ; dans ce roman d’analyse psychologique, on voit que les sentiments évoluent chez les personnages comme c’est le cas dans la vraie vie.  La révélation de Madame de Chartres se termine par une sévère mise en garde : elle cherche à effrayer sa fille en lui montrant les dangers de cet amour qui peut la mener jusqu’au “précipice ” .

De plus, la mère ne cesse de mettre en garde la jeune princesse contre elle-même : elle mentionne que de “grands efforts ” et “de grande violence ” seront nécessaires pour la retenir et  pour qu’elle demeure sur le droit chemin. Elle mentionne également  des solutions pour échapper à cette “inclination”  comme par exemple demander au Prince son époux de l’éloigner de la cour et de l’emmener à la campagne, loin des mondanités où elle pourrait rencontrer le Duc. On retrouve ici une forme de pragmatisme que s’efforcera de suivre la Princesse en prétextant, à plusieurs reprises , un besoin d’éloignement et de solitude .

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La mère fait des confidences à la princesse et lui avoue , notamment qu’elle a deviné ses  véritables sentiments : “il y a longtemps , dit-elle, que je me suis aperçue, de cette inclination”; Il est intéressant de commenter ici le choix éducatif effectué par Madame de Chartres ; cette dernière a souhaité, en  effet, avant tout la protéger, en se taisant .  Elle pensait ainsi différer la révélation de cet amour éprouvé par sa fille : Elle commence par une modalité assertive qui peut surprendre le lecteur : “vous avez de l’inclination pour Monsieur de Nemours”  et qui  démontre aussi qu’elle connaît  bien sa fille; Elle évoque ensuite son rôle d’éducatrice avec le  verbe ‘conduire” ; Elle joue le rôle de celle qui montre la voie à suivre, celle qui guide les pas  de la plus jeune en raison de son expérience de la vie . Cette fonction éducative est à la  base même de la plupart des portraits de mère en littérature. On y retrouve l’idée d’un modèle à suivre et d’ailleurs Madame de Chartres tente de persuader sa fille en utilisant ses sentiments pour elle ; C’est le cas , par exemple, quand Madame de Lafayette écrit : “si ce malheur devait vous arriver, je reçois la mort avec joie de n’en pas être témoin.” A noter que c’est à cette phrase que la jeune femme réagit le plus violemment et fond en larmes sur la main de sa mère. Elle aura toujours en effet, l’impression de trahir la confiance de cette dernière si elle cède à ses sentiments ; à la fin du roman, elle deviendra  très pieuse et suivra la voie de la religion.

Le catholicisme de la seconde moitié du dix-septième siècle est marqué par l’influence du jansénisme. Cette doctrine refuse à l’homme son libre-arbitre et tente de montrer que les hommes sont aveuglés par leurs passions et marqués par le péché; Ils ne peuvent ainsi atteindre la vérité et le bonheur; Madame de La Fayette adhère à cette forme de pessimisme que nous retrouvons  dans le roman ; Elle partage les mêmes idées que Blaise Pascal et La Rochefoucauld qui, ne cesse de démontrer dans ses Maximes que l’homme est aveuglé par les passions et notamment l’une des plus dangereuses de toutes, à ses yeux, l’amour-propre.

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La mère de la princesse occupe un rôle semblable au destin, au fatum tragique; En effet, c’est elle qui décide de lui donner un mari qu’elle n’aimera pas , laissant ainsi se développer, hors du mariage, un sentiment d’amour inassouvi qui la pousse vers le Duc de Nemours et qui finira par la tuer. mais au moment de la quitter, elle prend place dans son esprit en lui insufflant ses craintes de la voir chuter : ”  Son ton se fait tragique : “Pensez que vous allez perdre cette réputation que vous vous êtes acquise et que je vous ai tant souhaitée” : en se déshonorant, la princesse fait rejaillir la honte sur sa mère ; Mais cette dernière lui propose également des moyens d’échapper à cette  passion qu’elle ne doit cesser de combattre  : ” retirez-vous de la Cour, obligez votre mari de vous emmener ” Les impératifs ici se font catégoriques et ressemblent davantage à des ordres qu’à des conseils.   La jeune épouse s’efforcera, dans la suite, d’exécuter les volontés de sa mère ;  Mais elle ne la blâme pas ; elle s’efforce de lui insuffler du courage notamment lorsqu’elle affirme “ ne craignez point de prendre des partis trop rudes et trop difficiles “. Les deux adjectifs peuvent paraître redondants mais ils permettent de mesurer la difficulté de l’entreprise et la force qui sera nécessaire à l’héroïne pour échapper à cette passion destructrice.

On voit donc ici que la fonction d’un personnage ne se limite pas à ses apparitions dans le roman; Même si elle quitte le livre à la fin du premier tome, le personnage de Madame de Chartres reste très présent car ses pensées, ses recommandations, son esprit même ne cessent d’accompagner Madame de Clèves . Le ton se fait alors prophétique comme si, sur son lit de mort, elle livrait à sa fille des visions de l’au delà : “quelque affreux qu’ils vous paraissent d’abord, ils seront plus doux dans les suites que les malheurs de la galanterie.  Madame de Chartres encourage la fuite de sa fille et y voit son unique chance de salut , face aux progrès de la passion dans son esprit. Elle va employer un dernier argument pour persuader sa fille de suivre ses recommandations . Elle lui demande d’agir selon ses conseils pour ne pas lui causer de la peine ; c’est une forme de chantage affectif qui fonctionne lorsque le lien qui unit deux personnes est fort . Madame de Chartres affirme clairement préférer mourir plutôt que d’assister à la chute de sa fille ; “vous voir tomber comme les autres femmes “ . Une fois de plus, si l’héroïne est capable de résister,alors son destin sera exceptionnel et c’est en cela qu’elle atteindra une dimension héroïque qui la placera au-dessus du commun des mortels.

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Pour conclure: en mourant, Madame de Chartres livre ainsi la jeune fille à elle-même et aux désordres de la passion qu’elle s’efforce de réprimer mais qui sèment le trouble en elle. A l’injonction de sa mère : “Songez ce que vous vous devez à vous même” elle répond, un peu plus tard , par une interrogation : ” Veux-je me manquer à moi même ? ” Effrayée par la possibilité que le Duc la trompe un jour si elle cédait à ses avances, elle se réfugiera dans une sorte d’idéalisation de l’amour et renoncera, de ce fait , à toute forme d’amour durant sa vie  terrestre .  Le dénouement du roman a intrigué beaucoup de lecteurs car on a du mal à comprendre pourquoi la Princesse , veuve,renonce à vivre cet amour . On peut émettre l’hypothèse que le remords d’avoir causé la mort de son époux lui interdit, à tout jamais,  d’être heureuse . On peut aussi repenser au rôle déterminant du jansénisme . Mais n’est ce pas aussi par orgueil qu’elle refuse de devenir comme les autres femmes, délaissées et trompées  par l’homme qu’elles aiment ? Avec son choix , elle échappe à un destin  très  commun pour rejoindre celui des héroïnes tragiques

La mort de Madame de Chartres est décrite , ensuite , avec beaucoup de pudeur : elle s’éteint comme une sainte ” : “ne songea plus qu’à se préparer à la mort “  en refusant de revoir sa fille . La fin du passage montre le désespoir de la jeune fille : “affliction extrême “ et elle trouve du réconfort auprès de son époux auquel elle demande immédiatement de l’emmener à la campagne ,  sous prétexte de “l’éloigner d’ un lieu qui ne faisait qu’aigrir sa douleur;” Le lecteur sait, en fait, qu’il  ne s’agit que d’un prétexte et qu’elle fuit, sur les conseils de sa mère défunte, les tourments de la passion. La  jeune fille ressent cruellement l’absence de sa mère car elle sait avoir besoin d’elle pour se défendre contre Monsieur de Nemours. La disparition du personnage rend l’héroïne éminemment vulnérable et c’est ce qui renforce la dimension tragique du livre; Cette péripétie est donc très importante et marque un tournant dans l’intrigue en laissant la princesse seule avec elle-même  .

Le prince et son épouse

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09. novembre 2020 · Commentaires fermés sur La Princesse de Clèves : un roman d’analyse psychologique ? · Catégories: Dissertations sur oeuvre

 Quelques idées en vrac

Le choix vertu / bonheur = thème central du récit

Le prince de Clèves : la rencontre chez le joaillier ” jamais mari n’avait eu une passion aussi violente pour sa femme ” ; présentation et naissance d’un amour à sens unique, dimension tragique ; Nemours a réussi à es faire aimer là où le Prince a échoué ; Le sort du personnage : dévasté par la jalousie

Le Duc de Nemours :  ne s’est pas retrouvé parmi les prétendants en rivalité pour obtenir l’amour de la Princesse : absent lors de l’arrivée de la jeune femme à la Cour ; a une réputation de Don Juan à la Cour ” il avait déjà aimé tant de fois ” ; D’amant volage , il devient un amant précieux et son monologue intérieur dans la forêt nous montre qu’il ne contrôle plus son sentiment ; Il éprouve “une passion tendre et violente ” pour la jeune femme .  Ce personnage est partagé entre la joie de se savoir aimé et le désespoir de ne pas l’être vraiment. Le roman s’attache à montrer l’évolution des sentiments et leur complexité.

La Princesse : son personnage marque le triomphe  de la vertu  au terme d’un combat long et douloureux remporté par la raison et la morale . C’est la jalousie qu’elle éprouve qui lui permet de réaliser qu’elle éprouve des sentiments pour Nemours ; percée à jour dès les premiers signes de la passion, elle s’efforce de ne rien montrer mais son trouble est visible ; ce qui fait d’elle une victime toute désignée. Elle peine à dissimuler ce qu’elle ressent alors qu’autour d’elle , beaucoup  “les passions peuvent me conduire, avoue la jeune femme ,  mais elles ne peuvent m’aveugler ” Le roman montre, à la fois , la force des passions  et la force qu’il faut posséder pour y résister . 

L’image et les mots de l’amour

L’amour est le principal ingrédient du roman et il prend différentes formes ; On distingue , tout d’abord, l’expression de l’amour sincère , de l’amour passion; L’amitié y désigne souvent une tendresse et l’amour n’entre pas dans le cadre du mariage, à l’exception du Prince de Clèves qui tombe amoureux de sa femme, dès leur première rencontre  avant de finir par réussir à  l’épouser; La galanterie désigne les relations entre amants et maîtresses et la séduction 

L’idéalisation des personnages : les personnages sont avant tout des supports pour les analyses psychologiques; Leurs portraits sont donc à la fois stéréotypés et idéalisés ; leurs qualités sont souvent celles de leur rang; Les hommes excellent dans les exercices militaires et ont de l’esprit; Les femmes sont admirées pour leur grande beauté et leurs valeurs morales ; Le modèle à l ‘arrière-plan est celui des héros des romans précieux qui vont former l’archétype de l’honnête homme. Pourtant , des critiques se font entendre çà et là grâce notamment aux allusions de la narratrice qui dénonce les défauts de certains personnages, révèle leurs tromperies et leur manque de sincérité.Les récits enchâssés forment des sortes de mise en garde pour l’héroïne et reflètent les dangers de l’amour-passion. La narration nous montre que derrière les masques des héros précieux se dissimulent des motifs moins avouables et Madame de La Fayette rejoint ainsi les ambitions des moralistes classiques.

 

 

07. novembre 2020 · Commentaires fermés sur La princesse de Clèves : portrait et idéalisation · Catégories: Lectures linéaires, Première · Tags:

L’héroïne du roman de Madame de La Fayette a droit à un portait qui la magnifie qui est situé juste après les portraits des Grands de la Cour : le roi, la reine, Diane de Poitiers et la famille royale; ensuite,  comme pour respecter une sorte de hiérarchie naturelle, on trouve les chefs de file des grandes familles notamment l’oncle de l’héroïne, le vidame de Chartres “également distingué dans la guerre et dans la galanterie : beau , de bonne mine, vaillant, hardi, libéral ”  et la galerie de portraits se termine par celui du Duc de Nemours ” un chef d’oeuvre de la nature“ce qu’il avait de moins admirable, c’était d’être l’homme du monde le mieux fait et le plus beau ” Les portraits ont tous en commun d’être idéalisés ; Les qualités des personnages  sont présentées avec force hyperboles et énumérations d’adjectifs tous plus laudatifs les uns que les autres; Dans ce contexte, voyons comment est  construit le portrait de celle qui va devenir l’héroïne du récit . La lecture linéaire du portrait commence à  ” Il parut alors une beauté à la cour ..et se termine avec “aimer son mari et d’en être aimée ”

Nous sommes au début du roman juste après ce  tableau de la Cour de France à l’époque des Valois, cour où règnent l’observation permanente, les intrigues, la galanterie, la dissimulation et le paraître.  Mme de Lafayette s’est arrêtée un instant sur le duc de Nemours pour en peindre les qualités exceptionnelles juste avant d’évoquer son projet de mariage avec la reine d’Angleterre.. Elle nous propose maintenant celui de la future Princesse de Clèves, tout aussi extraordinaire, et le lecteur, même à ce stade du roman, ne peut s’empêcher de rapprocher les qualités des deux personnages .Le portrait qui nous est proposé  va précéder lui aussi un projet de mariage ; il est  quelque peu surprenant par rapport à celui des autres personnages dans la mesure  où l’on s’attendait surtout  à une description physique et morale de l’héroïne mais on va davantage trouver l’évocation des qualités de  sa mère et des références précises à  l’éducation reçue . Quels sont les éléments de ce portrait ? Plus »

02. novembre 2020 · Commentaires fermés sur Les visages de la Fortune dans Les Fables : peut- on échapper à son destin ? · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première

Sujet : Dans les fables , aucune créature, en dépit de ses manigances ou de sa ruse , ne parvient à échapper à son destin ? Partagez-vous cet avis après la lecture des fables ?

Esquisse de la dissertation : plan détaillé …complété par des illustrations et des citations

I Un monde sans pitié

Les fables , en effet , se présentent comme un monde injuste où les Puissants l’emportent sur les « petits , sans autre forme de procès » : le fabuliste , observateur sans concession des travers (défauts ) de ses contemporains, nous livre un tableau sans fard  et souvent cruel des injustices du monde .

a) des victimes désignées à l’avance

 Dans Les Animaux malades de la Peste , parce qu’ils sont touchés par un Mal terrible venu des Dieux, la société de animaux cherche à désigner “le plus coupable”  ; le lion a mangé des moutons et dse bergers alors que l’âne a simplement brouté de l’herbe mais il est sacrifié parce qu’il n’appartient pas aux Puissants ; les faibles sont des boucs émissaires ; Il n’y a pas de justice pour eux . Leur destin semble tout tracé.

Le monde est réparti en deux catégories selon une décision de Jupiter , le roi des Dieux; Les forts l’emportent sur les faibles : c’est la loi de l’univers rappelée dans L’Araignée et l’Hirondelle .  Cette dernière finit par dévorer l’araignée qui se plaignait qu’elle lui vole les proies de sa toile. Les plaintes de l’araignée n’ont pas eu d’effet et le fabuliste semble même condamner les récriminations de certains de ses personnages …  il ne servirait en effet à rien de protester contre le Sort. Plus »

01. novembre 2020 · Commentaires fermés sur La place de la flatterie dans les Fables : paroles flatteuses, paroles trompeuses et paroles sincères. · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première

Lorsqu’on découvre les recueils de fable écrits par Jean de La Fontaine à la fin du dix-septième siècle, on constate que de nombreuses fables mettent en scène une parole codifiée , parfois empêchée: celle des courtisans,  qui semble centrale  et imite les usages de la Cour dont elle se veut un miroir critique . On y rencontre aussi, au fil des anecdotes, l’éloquence des beaux parleurs: la parole trompeuse de ceux qui cherchent à se concilier les grâces des puissants ou à échapper à leur vindicte. Réussit-on, dans les fables, à se sortir des situations périlleuses grâce à son éloquence ? Le langage est-il  uniquement l’arme des puissants ? Quels types de discours entend-t-on dans les Fables ? Nous verrons tout d’abord que la flatterie occupe une place centrale dans les Fables ; Nous montrerons ensuite qu’on entend aussi souvent le discours du fabuliste ; Dans un dernier temps, nous tenterons de prouver que la voix de la raison ne triomphe pas nécessairement . Plus »

01. novembre 2020 · Commentaires fermés sur Les fables sont-elles efficaces pour offrir une pensée sur l’homme ? · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première · Tags:

Dans le pouvoir des fables, la Fontaine s’adresse à un haut personnage de l’Etat, M de Barillon,  alors ambassadeur de France en Angleterre.Le contexte historique est tendu car le royaume de France vit sous la menace d’une nouvelle guerre contre la Hollande .  En se servant d’une fiction et d‘une mise en abime : un orateur grec à Athènes , qui invente une fable pour obtenir l’attention du public  , le fabuliste prétend ainsi démontrer l’efficacité de l’apologue . La foule se met à écouter attentivement le tribun, s’inquiète du sort des personnages et va jusqu’à interrompre l’orateur . Au début de son récit cependant ,La Fontaine  semble s’interroger sur la légitimité de son entreprise : ” La qualité d’Ambassadeur, écrit-il, peut-elle s’abaisser à des contes vulgaires ? “ Autrement dit, les fables peuvent-elles être considérées comme un instrument de réflexion sérieux qui permettrait de penser l’homme et le monde dans lequel il évolue. Afin de déterminer si les fables , en tant que récits imaginaires , sont susceptibles de nous délivrer un apprentissage sur la condition humaine, nous étudierons dans un premier temps les liens entre fable et morale avant d’envisager ce qu’on y découvre des hommes et enfin  les questionnements suscités par les fables. Plus »

10. octobre 2020 · Commentaires fermés sur Perrette et le pot au lait : lecture linéaire · Catégories: Lectures linéaires, Première · Tags: ,

Jean de La Fontaine est un     auteur et  poète  français du courant classique  dont l’histoire littéraire retient essentiellement les Fables, dont certaines  sont inspirées d’Esope   une . La plupart de ses fables, en nous donnant des leçons de sagesse , confirment son ambition de   moraliste. Proche de Fouquet, son premier mécène mais également son ami  , Jean de La Fontaine restera longtemps  à l’écart de la cour royale après sa disgrâce .  Il fut, en effet, écarté de la Cour pour avoir pris la défense du surintendant des finances contre le roi en écrivant un poème satirique : Elégie aux nymphes de Vaux ( Vaux le Vicomte était la demeure de Fouquet). De retour à la Cour, il fréquente alors les  salons et les cercles  littéraires   comme celui de Madame de La Sablière qui deviendra l’une de ses protectrices.
Composé à partir de 1878, le second recueil de fables, dédié à Madame de Montespan  comporte 4 livres  et plus de 70 fables. La laitière et le pot au lait : appartient au Livre VII des Fables. L’animal n’est plus ici le personnage central du récit : le fabuliste met en scène une jeune paysanne entreprenante qui se rend à la ville et rêve de fortune.  Son imagination va la mener très loin Comment l’auteur met-il en scène le bonheur et ensuite le malheur de Perrette  et quelle leçon devons-nous retenir ? 
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28. septembre 2020 · Commentaires fermés sur Le rôle de l’imagination dans Les Fables · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première · Tags:

Définir le rôle de l’imagination dans le recueil des Fables et plus généralement au sein de l’oeuvre de La Fontaine, c’est d’abord définir ce qu’on entend par imagination. S’agit -il du récit fantaisiste et plaisant qui nous détourne de la réalité   ou tout simplement de notre faculté à mettre   en images nos idées et qu’on pourrait nommer création artistique au sens large ? Il est incontestable que la part de l’imagination au sens restreint, varie dans les Fables et que certaines seulement  , montrent des personnages en proie aux songes et pris au piège de leur imaginaire . Cependant le choix même de la forme de la fable qui mêle récit imaginaire et morale didactique nous amène à penser que pour le fabuliste, l’imagination, au sens large, permet d’atteindre la Vérité , par le détour de la fiction ; Dans un premier temps, nous verrons les délices de l’imagination avant d’en entrevoir les dangers et nous terminerons par la puissance des fables qui mêlent imaginaire et pensée.

Alors que Pascal condamne l’imagination en la qualifiant de “maitresse d’erreur et de fausseté ” et de “superbe ennemie de la raison ”  , La Fontaine en montre les délices pour l’esprit  dans  Perrette et le pot au lait . La jeune femme imagine, en allant vendre son lait au marché, tout ce qu’elle va acheter avec le prix de la vente; Elle s’imagine à la tête de nombreuses vaches, volailles et achète, même en rêve, un cochon. Elle est littéralement “transportée ” par son imagination et trébuche sur le chemin. Le pot se casse et la dame va être battue par son mari pour avoir été maladroite . Le fabuliste qualifie alors l’imagination de “flatteuse erreur qui emporte nos âmes ” ; Mais loin de la condamner, il en vante les délices ” Chacun songe en veillant, il n’est rien de plus doux ” lit-on au vers 34 . Tout au plus, faut- il apprendre à garder les pieds sur terre et à ne pas confondre rêve et réalité ! Le retour à la réalité est douloureux pour Perrette mais le fabuliste montre avant tout la puissance du rêve Plus »