22. septembre 2019 · Commentaires fermés sur Atelier fables : des éléments de corrigé · Catégories: Seconde · Tags:
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Pour comprendre comment fonctionne la fable, deux sujets d’invention vous étaient proposés : le premier consistait à inventer une situation qui aboutisse à la morale suivante : la raison du plus fort est toujours la meilleure ..et le second consistait à parodier une fable de votre choix. Voyons quelles difficultés vous pouviez rencontrer en réfléchissant à ces sujets d’écriture d’invention …

 Voici donc un bref compte-rendu des devoirs d’écriture d’appropriation

Sujet A : restituer la morale La raison du plus fort est toujours la meilleure dans le cadre d’une fable contemporaine (sans animaux ) 

Le sujet proposé nécessitait quelques adaptations : en effet, créer une fable dans un contexte contemporain implique de modifier des données de départ . De plus, la nécessité d’ illustrer une morale identique à celle de La Fontaine : la raison du plus fort est toujours la meilleure , implique de devoir envisager une situation sous l’angle donné.

Quels problèmes pouvez-vous rencontrer dans la réalisation du sujet ? comment utiliser le modèle de la fable ? Quels éléments pouvait -on … devait -on réutiliser dans Le Loup et l’Agneau ? le modèle de la fable devait être clairement posé : des vers irréguliers ; des retours à la ligne , des liens logiques , une situation et un cadre de départ, des éléments perturbateurs, une évolution prévisible, une conclusion.

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La situation d’argumentation : un personnage de mauvaise foi accuse à tort son interlocuteur . Il réitère son accusation de départ et fournit des arguments fallacieux aussitôt démentis, de manière rationnelle , par la victime qui finit par s’avouer vaincue.

Compétences évaluées :

Etre capable d’identifier une situation d’argumentation et de créer une confrontation argumentative entre deux personnages en respectant un schéma et un dénouement imposé .

Identifier et imiter le modèle de la fable

4 degrés dans l’échelle des compétences :

Niveau 1 : Novice (Absence de maîtrise )

Le modèle de la fable a été partiellement imité et une situation de confrontation a été fabriquée mais elle ne respecte pas les données du sujet (absence de mauvaise foi , d’évolution et /ou dénouement non conforme )

Niveau 2 : Intermédiaire ( Maitrise Insuffisante )

Le modèle de la fable a été en partie imité et une situation de confrontation a été fabriquée ; elle respecte assez bien les données du sujet mais ne se fonde pas sur l’échange des arguments ; Le dialogue tourne court.

Niveau 3 : confirmé ( Maitrise en cours d’acquisition )

Le modèle de la fable a été retranscrit et une situation de confrontation a été fabriquée , conforme au sujet, elle se fonde sur l’échange des arguments mais ne

contient pas suffisamment d’arguments convaincants de la victime .

Niveau 4 : expert ( Compétences Maitrisées )

Le modèle de la fable a été adapté et une situation de confrontation a été fabriquée ,parfaitement conforme au sujet ; elle se fonde sur l’échange des arguments; l’accusation de départ est réitérée et élargie ; l’accusateur emploie des arguments fallacieux et la victime des arguments variés et convaincants .

Situations imaginées :

un homme vole la valise d’un inconnu dans un aéroport en dépit de ses protestations

Quels pouvaient être les arguments de la victime ?

« vous m’avez volé ma valise ! » est une accusation ..pas un argument

Monsieur, si vous l’ouvrez , vous pourrez alors constater que ce sont mes vêtements que je vous décris ici :

Monsieur, regardez, mon nom est attaché à la poignée dans ce billet …

Monsieur , voyez ici, dans ma poche, la clé du cadenas; allons ensemble l’essayer ..

Monsieur, observez ce ruban multicolore glissé dans la poignée et les autocollants des voyages effectués ..

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Comment étayer une argumentation ?

Le choix d’une situation de départ est important : le rapport de force doit être clairement posé et le lecteur doit comprendre que la victime n’a aucune chance face à la mauvaise foi de son agresseur. Le contraste entre la politesse de la victime et l’agressivité du second personnage pouvait être reproduit. Comme l’agneau dans la fable, le personnage devait fonder ses arguments sur une logique incontestable et employer des connecteurs logiques identifiables : donc, par conséquent, ainsi, en aucune façon, c’est pourquoi, voyez désormais, 

Sujet B : parodier une fable 

Pour ce second sujet, il s’agissait tout d’abord de repérer un modèle et d’en reproduire la structure , c’est à dire clairement d’identifier la situation à partir de laquelle construire l’argumentation et les échanges entre les personnages . Ensuite, il importait de définir l’écart parodique entre le modèle et votre réalisation . Si vous restez trop proche de la fable de départ, la parodie n’est pas autonome et vous demeurez dans l’imitation ; Si le modèle n’est pas suffisamment identifiable, la parodie n’existe pas non plus en tant que création; Quelques illustrations devraient vous aider à mieux comprendre …. à suivre 

 

15. septembre 2019 · Commentaires fermés sur La Fontaine: un moraliste ? Quelle est la morale des animaux malades de la peste ? · Catégories: Dissertations sur oeuvre, Première · Tags: , ,
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La fable à étudier racontait une histoire édifiante car, comme se plaisait à le répéter La Fontaine, “le conte fait passer le précepte avec lui”. Autrement dit, on doit d’abord intéresser les lecteurs grâce à une histoire amusante avant de pouvoir leur proposer une leçon de vie . Cette fable évoque tout d’abord une situation initiale dramatique : une épidémie de peste frappe les animaux et chacun craint pour sa vie. Le monde entier semble se paralyser sous l’effet de cette menace et le roi des animaux propose une solution. Il relie l’origine de la maladie à une cause divine et pour apaiser la colère des Dieux, envisage que chaque animal vienne publiquement confesser ses péchés . Le plus coupable servira ainsi de bouc-émissaire à la collectivité . Dans les faits, les animaux les plus puissants confessent leurs fautes mais on finit par sacrifier un âne qui a avoué, simplement  avoir mangé de l’herbe dans un pré qui ne lui appartenait pas. Le lecteur comprend alors que cet animal n’est pas celui qui a commis la plus grosse faute (le lion a par exemple dévoré des bergers ) mais qu’il a été choisi comme une victime idéale. 

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A travers la morale de cette fable “selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blancs ou noirs “, le fabuliste  dénonce une injustice ; Les hommes ne sont pas condamnés de manière équitable pour leurs fautes: la justice se montre  ainsi corrompue parfois et inévitablement  plus sévère avec les hommes de condition sociale modeste . A l'époque de Louis XIV, La Fontaine dénonce le fait qu'elle  tend à absoudre les crimes des plus puissants . Le renard joue dans cette fable le rôle de l’avocat qui prend la défense du lion et le loup est celui qui parvient à influencer la foule. L’âne, quant à lui, est la victime sacrifiée : l’idée du bouc- émissaire est liée au récit biblique; le bouc est l’animal dans lequel les prêtres  déposaient les péchés des hommes ; Ils envoyaient ensuite le bouc dans le désert pour que les péchés s’éloignent et que les fautes soient pardonnées. On appelle donc bouc émissaire la personne à qui l’on attribue toutes les fautes d’une communauté et qu’on se prépare à sacrifier au nom d’une collectivité. L’illustration montre bien l’animal sacrifié qui s’avance face aux autres tête baissée .

A travers cette fable, pour mieux ne dénoncer les dysfonctionnements ,  La Fontaine imite justement  le fonctionnement d’une cour de justice : le lion réunit son conseil ( v 15 ) et expose les faits ainsi que l’idée de sacrifice individuel pour obtenir une guérison commune (v20 ) .  Il invoque donc le bien collectif et prétend agir non pas dans son propre intérêt mais dans celui de la communauté toute entière . La confession est donc publique  : La Fontaine reprend une idée importante au dix-septième siècle, celui des aveux publics; On obligeait notamment les hérétiques à reconnaître publiquement leurs fautes . On a bien ici une parodie d’un tribunal religieux comparable à l’inquisition. et le lion avoue ses fautes mais il est défendu avec brio par le Renard qui démontre que les moutons et bien sûr les bergers, ont mérité d’ être mangés et qu’il ne s’agit aucunement d’une faute;  On retrouve ici des arguments déjà utilisés par le loup pour justifier qu’il puisse dévorer l’agneau . Le méchant ou l’agresseur  fait passer la victime pour un criminel et ainsi se place, aux yeux de l’opinion publique  du côté du droit . Le Tigre, l’Ours et même les chiens confessent leurs péchés mais “on n’osa trop approfondir ” ; La Fontaine montre ici que la foule craint ces animaux et préfère retourner sa colère vers un animal inoffensif .  Les Courtisans sont donc, une fois de plus, présentés comme, à travers ce regard satirique ,comme hypocrites et serviles : ils s’empressent de flatter le pouvoir en place et n’osent jamais contredire les puissants de peur d’être mis à l’écart ou punis . C’est alors qu’arrive le tour de l’âne au sein de cette parodie de justice.  Placé au bas de la hiérarchie animale, il prend la parole en dernier , après les Puissants et confesse une faute minime avec beaucoup sincérité. Il a tout simplement mangé de l’herbe : le fabuliste s’est amusé ici, à mettre en parallèle, les méfaits du lion et ceux de l’âne  afin que les lecteurs mesurent la disproportion : la décision finale de la foule paraît d’autant plus injuste d’autant que l’âne est brocardé, insulté et pendu comme un malfaiteur. Sa fin pathétique touche d’autant plus le lecteur qu’il est dépeint comme un animal fort sympathique et innocent . Son martyr fait ressortir la cruauté de la foule et des puissants 

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La Fontaine montre ainsi que la justice ne juge pas équitablement les prévenus et que les puissants ne sont pas condamnés pour leurs crimes ; la société désignera des boucs-émissaires parmi les personnes les plus plus faibles qui ne pourront pas exercer de représailles sur la collectivité . Sous ce récit plaisant se dissimule une satire de la  cruauté  du monde en général et de la justice en particulier à l’époque du roi Louis XIV. Cette fausse justice qui protège les Grands en dépit des crimes commis et  exécute les plus faibles à tort a-t-elle totalement disparu de nos jours ? 

A titre d’exemple pour vous aider dans la construction de la lecture linéaire, voici un extrait du commentaire  littéraire de cette fable sur le site commentairecompose.fr …

https://commentairecompose.fr/les-animaux-malades-de-la-peste-commentaire/

09. octobre 2018 · Commentaires fermés sur Parodier une fable : l’agneau et le loup · Catégories: Seconde · Tags: ,
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Les élèves devaient illustrer la morale suivante: la raison du plus fort n’est pas toujours la meilleure et pour ce faire, ils devaient conserver la situation de départ imaginée par La Fontaine: un face à face entre un loup et un agneau ; Sauf qu’à la fin, l’agneau s’en sort et ne finit pas dévoré . Voyons un peu ce qu’ils ont imaginé. Un loup malade qui cherche son chemin , un loup qui lui pose des devinettes à la manière d’un sphinx . Parmi les meilleures trouvailles, un agneau haltérophile et un loup  quelque peu enrobé qui cherche à sculpter son corps et qui l’engage comme coach. “Monsieur , lui dit l’agneau ,que vos rondeurs ne soient plus qu’un mauvais malheur “.. (Léa, Clémentine et Sofiane ) La rencontre commence parfois sous de mauvais auspices mais se termine bien : c’est le cas par exemple de cet agneau qui s’est retrouvé par mégarde sur un terrain appartenant à Messire Loup  “Monsieur ne vous mettez pas en rogne, s’exclame l’agneau, je ne fais que passer sur votre propriété ” (Lauryn et Léa )

 

Le conflit fut souvent territorial à la base comme dans cette réalisation : “un loup survient pour inspecter ses terres ” et finit noyé dans un puits grâce à une esquive de l’agneau lorsqu’il se précipite pour le dévorer..(Ambre et Jody). Nous avons égalementlou7.jpg

 

rencontré des agneaux philosophes, un agneau qui se fait passer pour empoisonné et dont la viande pourrait tuer le loup (Vincent ) : ce qui est un moyen malin de mettre à distance son prédateur naturel. Un autre agneau tout aussi futé demande avant de mourir de pouvoir manger son fruit préféré; le loup lui accorde cette dernière volonté et le regrette amèrement car l’agneau lui fait croire qu’il a ainsi préféré se suicider avec du poison; le loup dégoûté, poursuit son chemin abandonnant ainsi sa victime qui ouvre un oeil et recrache ce qu’il a feint de manger ; Bien joué pour  Eva, Mourougane et  Djibril ! Un autre petit mouton particulièrement rusé es fait passer pour la dernière victime potentielle de loups trop bêtes te trop cruels et parvient à leur faire croire que juste à côté existe un pays de cocagne avec des victimes potentielles par milliers; Très belle idée d’ Eléa et Clémence . L’ agneau, pouvait parfois être accompagné d’un renard, habile orateur et en général, s’il parvient à s’en sortir, c’est grâce à son habileté dans l’argumentation.  A découvrir en BD ..

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Le tome 12 est paru …
La difficulté de ce travail d’invention consiste à trouver la bonne distance entre l’imitation pure et simple  et le travail sur une situation qui se transforme et à partir d’un modèle donné (la fable : un récit plaisant qui illustre une  morale ) ; Relisez votre feuille de consigne pour la production écrite n° 1.