Un sujet pour les zélèves de quatrième : le Torchon souffre d’un silence frappant sur la disparition de Nelson Mandela. Au travail : ce sujet est pour vous, dès aujourd’hui.
Petite anecdote : ce matin, Dehbia (vous savez, Le Sourire) m’a gentiment fait remarquer que la phrase “I have a dream” n’était pas de Mandela, mais de Martin Luther King, elle a ajouté que Paris Hilton avait “fait la même confusion” que moi.
Comment Dehbia a-t-elle pu croire une minute que son professeur puisse être aussi peu cultivée ? Intéressante question…
Il a donc fallu expliquer, en séance media, comment on conçoit un titre d’article : en faisant des références à l’Histoire, au cinéma, à la littérature, en détournant des titres, des expressions… Il est temps que je fasse ma petite démonstration à partir du Canard enchaîné…
Donc, Mandela avait, lui aussi, un rêve : un rêve d’égalité et de paix. A vous de nous raconter ce rêve.
Chers zélèves,
Les étudiants en classe préparatoire sont dans la rue pour soutenir leurs enseignants, dont le salaire est menacé par un projet de réforme de Vincent Peillon, notre ministre de l’Education. On lit beaucoup de témoignages de ces enseignants, ceux-là mêmes qui forment les élites intellectuelles du pays. On entend moins, sur le sujet, les enseignants de ZEP (ECLAIR), les enseignants d’éducation prioritaire, que le ministre voudrait, on le murmure, voir mieux récompensés (entendez mieux rémunérés) qu’ils ne le sont aujourd’hui.
De mon collège d’éducation prioritaire, tout ceci paraît bien nouveau : je note qu’un enseignant en classe prépa peut gagner beaucoup (beaucoup) plus que moi et ce, en enseignant beaucoup (beaucoup) moins que moi. Mais c’est là une vision simpliste : on le sait, le métier d’enseignant a cette particularité qu’on doit travailler à la maison aux préparations de cours et aux corrections de copies en plus de nos cours : si notre statut est incompris, c’est en partie pour cette raison, notre temps de travail est difficile à évaluer.
Qu’importe : ce que ces articles sur la contestation des professeurs de classes prépas laissent apparaître, c’est un traitement très inégal des salaires (et du temps de travail en présence des élèves). Davantage, c’est la certitude, hélas, que sans coup de pouce à l’éducation prioritaire, nos zélèves les meilleurs (et croyez-moi, ils sont nombreux à m’étonner par leurs compétences, leur ouverture d’esprit, leur curiosité) ne pourront bénéficier de cette chance de rejoindre les rangs des plus grandes écoles : il n’y a qu’à écouter les préjugés dont souffre encore aujourd’hui notre collège pour s’en convaincre.
Alors, déshabiller Pierre (les enseignants de prépa) pour habiller Paul( nous-mêmes) ? Un peu schématique. Non, mais équilibrer, peut-être, un budget ministériel. Pour que nos zélèves soient formés par des enseignants dont la fonction serait valorisée, le travail encouragé-récompensé, mais peut-être, surtout, pour que les projets culturels, peut-être, vivent : et que l’on puisse réaliser nos rêves d’accompagner nos zélèves au théâtre, au cinéma, au parlement européen, dans les musées, sur les lieux de mémoire, que sais-je encore : toutes ces sorties pédagogiques dont ils sont privés, faute de moyens pour les financer. C’est là que le bât blesse. Et pas dans le salaire de mon collègue de prépa qui gagne (tellement !) plus que moi…
Chers zélèves, vous qui rêvez d’intégrer une classe prépa, vous avez la parole. Non pas sur la question des salaires de vos enseignants (on peine toujours, vous l’aurez remarqué lors de votre stage en milieu professionnel, à aborder la question du salaire auprès d’adolescents), mais davantage sur ce qu’est réellement un établissement scolaire d’éducation prioritaire : chaque année, des zélèves découvrent qu’ils sont scolarisés dans un établissement d’éducation prioritaire… Un comble, non ? Lenny, Théo, une idée pour un micro-trottoir en salle des profs ? Et auprès de nos parents délégués, qui sont sans doute les mieux à même de témoigner de la fameuse “réalité du terrain”…