Figurez-vous, chers zinternautes, un cours de français en 3ème1, ce jeudi 12 décembre. Depuis lundi, nous consacrons les séances de français (Fichtre, et mon programme ?) à la composition et à la rédaction du rapport de stage des zélèves. Et c’est qu’ils jouent le jeu, ces petits stagiaires d’un jour !
Petit tour de table pour connaître les impressions de chacun à son retour d’une semaine en immersion dans la vie active : Bilal Z. a adoré l’immersion en milieu Automobile de luxe (Audi, Ferrari, Porches…), Johana son stage dans un cabinet d’avocats, Shana dans un magasin de vêtements pour enfants, Vincent dans une boîte à musique, Mario dans un garage automobile, Bilal M. chez les pompiers, Quentin en boulangerie… Les moins satisfaits sont celles qui ont dû tester l’obligation de rester debout toute la journée (cinq jours de stage !) parce qu’on n’accueille pas les clients avachi sur une chaise… Etc… Nous découvrirons les dessous de cette semaine de stage vendredi prochain, lors du Grand Oral !
En attendant, on planche sur le rapport et on écrit : ils ont rempli leur journal de bord, interviewé un salarié, complété un tableau comparant ce qu’ils ont aimé, ce qu’ils n’ont pas aimé durant ce stage, certains ont déjà, à la maison, rédigé l’essentiel de leur dossier, d’autres comptent sur l’assistance du professeur de français (comment rédige-t-on l’introduction, quand remercie-t-on ceux qui nous ont accueillis et encadrés, peut-on vraiment écrire sincèrement ce qu’on n’a pas apprécié ?…), attendent de lire ce que leurs camarades ont déjà écrit pour s’inspirer d’une phrase, d’un bon mot…
Et Lounès, du fond de la salle, position stratégique (Lounès a fait sa rentrée après tout le monde, il a donc écopé de la place vaccacte, au fond, entre la fenêtre et l’étagère à dictionnaires), lève le doigt : “M’Dame, je peux prendre un dictionnaire ?”. Il aurait été dommage de ne pas s’attarder sur ce coin de salle, où Lounès, attaché à rédiger son rapport de stage dans une langue soutenue, s’efforce de trouver le bon mot… bientôt rejoint par Amandine, (en tenue de gala s’il vous plaît, puisqu’hier, c’était jour de photo de classe : petite robe noire et veste de tailleur : la classe !). Morceaux choisis :
” M’Dame, comment je peux écrire la première phrase (à ce rythme, Lounès en a pour dix jours à rédiger son rapport de stage…) en évitant le verbe effectuer ?” C’est simple, Lounès, ouvre ton dictionnaire.
“J’ai trouvé ! J’ai ennorgueilli mon stage du 2 au 6 décembre à la pharmacie de la rue Bourbon…”. Non, Lounès, ça ne va pas aller, ce verbe…
” J’ai effiscient“, alors ?”
Pas davantage : Ciel, j’avais Lounès en 6ème, suis-je responsable de sa façon fantaisiste d’utiliser un dictionnaire ?
“J’ai trouvé : j’ai accompli”
Mieux, beaucoup mieux. Mais, finalement, “effectuer” était parfait… Et c’est au tour d’Amandine de s’interroger : “M’Dame, je peux mettre “j’ai fait du séminaire le mercredi ?”. Après questionnement, nous ne voyons pas, non vraiment, personne ne voit pourquoi, dans le journal de bord d’Amandine, figure le mot “séminaire”… Laissons Amandine et Lounès compulser le dictionnaire et tendons l’oreille vers le duo Quentin-Anissa : Anissa ayant achevé la rédaction de son rapport de stage, elle décide d’aider Quentin, un tantinet paresseux, à rédiger son journal de bord…
” M’Dame, Quentin écrit des déjeûnettes, ça n’existe pas, le mot déjeûnettes !”
“Si, c’est les baguettes du petit déjeûner !”, assure le dit Quentin.
“M’Dame, Quentin dit “emballer” ! C’est familier, “emballer”, ça se dit pas !”
” Si, j’ai emballé les déjeûnettes !”
Alors, si Quentin a emballé les déjeûnettes, qu’il l’écrive : la lecture de son rapport de stage promet… “Tu m’énerves, avec ton “emballé”…” conclut Anissa, pour qui le style est une question d’honneur.
Au fond de la salle, Lounès a achevé sa première phrase : “J’ai accompli mon stage du 2 au 6 décmebre à la pharmacie rue Bourbon”. Bien, une phrase en une heure : bon score. La sonnerie retentit et Vincent s’exclame : “déjà la fin de la première heure ?” Non, Vincent, il s’agit de la sonnerie de la récréation, la fin de la deuxième heure. “C’est passé trop vite, le cours !” C’est qu’il s’est arraché quelques cheveux, lui aussi, pour trouver le mot juste : comment écrire qu’il a vendu, réparé, observé, sans utiliser les verbes vendre, réparer, observer ?
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?