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Classé dans (Je suis l'Europe) par Agnès Dibot le 22-09-2015
Jeudi dernier, en option média, les 3èmes ont interviewé Quentin Guillemain, président de l’association Cosmopolitan Project, et membre de l’opération SOS Méditerranée de secours aux migrants.

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Portrait

Quentin Guillemain a fait ses études à l’université de Poitiers,  en filière sciences et technologies. Il a aussi étudié la sociologie et la communication politique à Paris. Il est actuellement président de l’association Cosmopolitan Project, dont l’objectif est d’aider les individus en danger dans des pays en guerre ou sous des dictatures. Ils agissent en Ukraine, en Hongrie, en Tunisie et en Érythrée, notamment.

Le projet SOS Méditerranée, kezako ?

Quentin Guillemain aimerait acheter un bateau pour aller en mer Méditerranée toute l’année et sauver un maximum de réfugiés employant la voie maritime pour fuir leur pays et gagner l’Europe. Jeudi dernier, il nous a accordé une heure pour une interview via Skype. Nous vous retranscrivons ici ses propos.

Serait-il possible d’arrêter la guerre en Syrie ?

C’est une question difficile. On peut agir en se battant mais arrêter la guerre en Syrie est impossible dans un court délai.

Quel type de bateau utilisez-vous ?

Les bateaux qu’utilisent les migrants aujourd’hui pour traverser la mer Méditerranée sont inadaptés. Le bateau que l’on utilisera fera 60m. En haute mer, on pourra sauver 400 personnes.

Nous aimerions rester en mer toute l’année et aider les embarcations qui coulent pour sauver ces vies. Nous voulons leur porter secours en mer, puis les déposer à terre en Europe.

Qui embarquera à bord de votre bateau ?

Déjà, nous embarquerons une équipe de spécialistes des aides humanitaires. Nous aurons aussi besoin de personnel maritime tel que des capitaines et des marins.

Les médecins aussi pourront être utiles car, en pleine mer, les risques d’hypothermie sont grands. Pour nourrir 400 personnes, il faudra aussi des cuisiniers.

De plus, l’idée est de mobiliser très large pour nous aider à mettre en œuvre notre projet. Il faut régler :

-L’accueil sur terre, car la loi oblige à ce qu’un bateau européen qui a sauvé des naufragés les ramène sur terre en Europe.

– Le repérage des bateaux de réfugiés en mer.

– Le financement participatif, les dons.

Qu’emporterez vous d’autre sur le bateau ?

Nous emporterons le nécessaire pour faire vivre 400 personnes quelques jours : eau, vivres, médicaments, couvertures de survie, de quoi communiquer et des soins.

Quels sont les moyens mis à votre disposition ?

Des associations (comme SOS Méditerranée), des spécialistes de navigation, des spécialistes sur les réfugiés, une communauté de médiatisation nous ont proposé leur partenariat, ainsi que des personnes réfléchissant à l’accueil des réfugiés sur terre, aux démarches pour leur faire obtenir des papiers.

Quelles sont vos motivations pour ce projet ?

Nous voulons faire en sorte que personne ne meure en mer. Imaginez, vous fuyez la guerre sur un bateau, et vous vous retrouvez à l’eau. Vous seriez bien content si on venait vous secourir. Vous souhaiteriez être secouru.

De plus, ces personnes ont tout perdu, on doit tout faire pour les sauver. Que fait l’État ? Malheureusement, les programmes de sauvetage financés par l’union Européenne n’existent plus cette année. L’idée ne vient pas du petit Aylan (la photo de l’enfant syrien mort), mais cette photo a permis une prise de conscience.

Comment comptez – vous financer le projet ?

Un financement participatif a été mis en place. Le programme a été mis en place avant la photo d’Aylan, mais elle a lancé une prise de conscience qui a fait augmenter les dons. Au bout de 6 jours de programme, la barre des 100 000 € a déjà été atteinte. Cela nous permettra de louer un bateau pendant un mois.

Acheter un bateau coûte 1.2 million d’euros. Pour plus de dons, nous nous adressons aux collectivités, pays, et à l’Union Européenne. 

Que faire des réfugiés ?

On ne décide pas, c’est le système de coordination de sauvetage en mer qui prendra la décision d’où déposer le naufragé en Europe, car un bateau Européen récupérant à son bord des réfugiés (ou une autre personne étant en difficulté en mer) doit impérativement le déposer sur le territoire Européen, à un endroit décidé par le système de sauvetage en mer.

Donc, on ne décide pas de ce qu’on fera des réfugiés. Cependant, les partenariats sur place, comme les associations humanitaires, qui font ça tous les jours, vont les accueillir, les prendre en charge médicalement et faire les démarches administratives nécessaires pour que le réfugié s’en sorte sans trop de mal.

Recevez vous des oppositions, des hostilités face au projet ?

Il n’y a aucune raison de ne pas être soutenus car nous sauvons des vies. Les gens ne sont pas contre le fait qu’on sauve des vies mais sont contre le fait qu’on ramène les réfugiés à terre. Mais en les ramenant à terre, nous ne faisons que respecter la loi : nous n’avons pas le droit de les déposer en Libye ou en Afrique. On rejoint le décret d’accueil des réfugiés. Nous pourrions motiver des institutions, mais c’est difficile.

Que pouvons nous faire à notre échelle ?

Vous pouvez faire connaître le projet, l’expliquer à vos parents, vos amis, votre entourage. Ces personnes sont en danger de mort, la traversée est dangereuse. Un bateau gonflable de 150 personnes est parti de Libye. Ils étaient 17 survivants à accoster. La plupart étaient morts de faim, de froid, ou noyés. Faire connaître ce projet en en parlant est déjà un objectif.

Quand comptez- vous partir ? D’où ?

Nous voudrions partir dans un mois ou deux, vers novembre. En ce moment, le bateau (Irlandais) est en Croatie. Nous voudrions partir de France ou d’Italie, avec un pavillon soit Français soit Allemand.

Aloïs Davenne, pour la classe media (3ème)