Très bon article de la Nouvelle République sur le passé migratoire des Châtelleraudais
Chinois, Italiens, Portugais, Slaves, Mosellans, Américains, Hongrois, Harkis. Le Châtelleraudais a connu huit vagues de migrations au siècle dernier.
Ces huit « épisodes » ont été recensés par le Centre châtelleraudais d’histoire et d’archives. Les voici par ordre chronologique.
Chinois
En février 1916, la France signe un contrat avec la Chine pour le recrutement de travailleurs chinois. En décembre 1916, la Manu emploie 295 travailleurs chinois. Ils sont 295, accompagnés par des interprètes qui logent avec eux à la Brelandière dans des baraquements construits à cet effet. Ils connaissent de grosses difficultés d’intégration.
Quand la guerre se termine, la Manu n’a plus besoin d’eux. Mis progressivement au chômage, ils quittent la ville en mars 1919.
Italiens
Des opposants au régime politique de Mussolini prennent le chemin de l’exil dans les années 1920. Ceux qui s’installent dans le Châtelleraudais viennent du Nord de l’Italie. L’année 1936, avec la montée du fascisme, marque la plus grande immigration dans notre région. Un grand nombre s’y installe définitivement.
Portugais
Une première vague de travailleurs portugais arrivent en France après la Première guerre mondiale. On en dénombre un demi-millier à Châtellerault, où ils travaillent comme manœuvres, terrassiers dans trois entreprises du bâtiment (Bachmann, Labasse, Labrousse). Une seconde vague, plus difficilement quantifiable, débarque à la fin des années 1950.
Polonais
La France connaît une phase d’immigration forte lors de la période d’expansion économique 1920-1929. Des travailleurs polonais, mais aussi tchèques, yougoslaves, arrivent en masse, recrutés pour faire face aux besoins en main-d’œuvre de l’État Français.
Le Châtelleraudais accueille quelques milliers de ces migrants qui trouvent surtout des emplois dans l’agriculture, le bâtiment et comme personnel de maison. Certains s’établissent définitivement dans la région.
Mosellans
En 1939, face à la menace de l’Allemagne hitlérienne voisine, les habitants de l’Est sont contraints de fuir. A partir du 3 septembre, 18.000 réfugiés de la Moselle sont accueillis à Châtellerault, surtout dans les communes alentour, qui voient soudain leur population augmenter d’un tiers en moyenne.
L’hôpital de Boulay-Moselle est transporté à Châtellerault. La ville aménage également un foyer d’accueil pour permettre aux soldats de rencontrer leur famille pendahttps://blogpeda.ac-poitiers.fr/coll-sand-media/wp-admin/post-new.phpnt leurs permissions. Après quelques difficultés d’adaptation, les Lorrains s’acclimatent plutôt bien.
Les opérations de retour sont lancées le 23 juin 1940. Les trois-quarts retournent au pays, les autres font souche. Des noms de rues, de places évoquent le souvenir de cet « exil intérieur ».
Américains
En 1951, les États-Unis recherchent, en France, des bases logistique pour leur armée présente en Europe de l’Ouest. En 1952, ils s’installent à Saint-Ustre, près d’Ingrandes. Ils en font un centre de stockage, de répartition de fournitures et d’entretien d’équipements mécaniques.
Entre 1953 et 1966, les effectifs militaires américains oscillent entre 900 et 1.300 personnes, plus un millier de salariés civils recrutés dans le bassin d’emploi.
Même si la plupart des Américains vivent entre eux à Saint-Ustre et au village La Fayette, leur présence est manifeste localement : mariages mixtes, clientèle des bars et dancings, accidents et faits divers, participation aux cérémonies commémoratives…
Les derniers départs s’effectuent en 1968.
Hongrois
En 1956, des Hongrois fuient leur pays en pleine insurrection. Le 1er décembre, 1.000 débarquent à Châtellerault, à la caserne de Laâge alors désaffectée. Les difficultés sont nombreuses : barrière de la langue, literie de la caserne en mauvais état. Des essais d’emplois, de logement en centre-ville sont entrepris. Mais Châtellerault manque de logements vacants et le contexte économique local n’est pas bon. Les réfugiés quittent rapidement la région : dans la caserne, ils ne sont plus que 494 après six semaines et 60 après six mois. Les derniers s’en vont en juillet 1957. Seuls trois réfugiés hongrois décident de rester et y font souche.
Harkis et Pieds noirs
Les rapatriés de la guerre d’Algérie arrivent en masse après la ratification des accords d’Evian au printemps et à l’été 1962. Sur les 4.575 recensés dans la Vienne fin 1962, un quart est à Châtellerault, ville la plus industrialisée du département, donc susceptible d’offrir un travail.
La quête d’un logement et d’un emploi par ces rapatriés, notamment les Harkis, correspond à l’édification du quartier de la Plaine d’Ozon, où un certain nombre de familles s’installent.
Source : groupe de recherches du CCHA d’après leurs travaux sur le thème des migrants (2009-2013).
Voici quelques jours, une institutrice de Marseille dénonçait dans les medias les conditions dans lesquelles ses élèves (et elle-même) devaient travailler : l’absence de chauffage dans les classes.
http://info.arte.tv/fr/maitresse-jai-froid-une-institutrice-marseillaise-denonce-letat-desastreux-de-son-ecole
Le Journal du dimanche publie un sondage dans le but d’estimer le degré de racisme et/ou d’antisémitisme en France. Petite analyse des questions qui fâchent :
http://www.liberation.fr/france/2016/02/01/racisme-et-antisemitisme-malaise-au-jdd-apres-un-etrange-sondage_1430394
Cette manie de vouloir à tout prix faire entrer les gens dans des cases…