Ce vendredi 22, nous avons reçu Roland Gaillon, qui nous a raconté son histoire : il est né en 1938 dans une famille juive, ses parents sont morts à Auschwitz. Quelques questions lui on été posées dont une :
“Qu’est-ce que l’on peut ressentir lorsque l’on découvre la mort de ses parents, comme vous l’avez découverte ?” (Ses grands-parents l’ont emmené dans un cimetière et Roland, à 15 ans, a découvert une plaque sur laquelle était inscrit le nom de ses parents.)
Roland s’est adressé directement à moi et m’a dit “Imagine toi que tu attends tes parents, que tu ne sais pas où ils sont et s’ils sont encore vivants. Je peut te dire que c’est atroce.”
Aujourd’hui encore, il affirme avoir les cheveux qui se hérissent sur sa tête quand il en parle, comme à l’époque.
De mon point de vue, j’espère n’avoir jamais à vivre ça, cela doit être vraiment quelque chose d’horrible, ne plus avoir ses parents lorsqu’on a besoin d’eux, ne plus pouvoir leur parler, ne plus avoir de traces d’eux. Je préfère ne pas y penser.
Hugo, qui aime fort ses parents! 😉
Triste anniversaire en Syrie : deux ans de conflit. En deux ans, chers zélèves, qu’avons-nous fait ? Vous avez soufflé deux bougies de plus (oui, moi aussi, et M. Mastorgio en soufflera ce jour une énième à son tour), vous avez pris quelques centimètres, deux ou trois kilos (les nyumnyums sont caloriques, on vous avait prévenus…), vous avez aimé, quitté, aimé à nouveau, lu des romans extraordinaires, vu des films non moins extraordinaires, vécu des vacances inoubliables, êtes allés en Angleterre ou en vacances au Bled… Vous avez vécu.
Pendant ce temps, en Syrie, des adolescents se sont tus, se sont terrés chez eux pour se protéger des bombardements, ont été assassinés : le peuple syrien se bat depuis deux ans pour sa liberté. Je repense souvent à Hannen (si elle lit encore le Torchon, je la salue !!!) qui, voici deux ans presque jour pour jour, m’assurait que personne ne mourait pour des idées…
Première apparition du pape hier soir au balcon de la basilique saint Pierre du Vatican
Libération publie aujourd’hui un article sur le Conclave au Vatican : souvenez-vous, c’est aujourd’hui que débute l’élection du nouveau pape, à Rome. Le titre de Libération est un détournement d’expression : saurez-vous retrouver cette expression détournée ? Que signifie-t-elle ? Que signifie, donc, ce titre choisi par les journalistes de la rédactiond e Libération ?
Observez, égalemnt, la Une du journal : à quoi ce titre fait-il référence ?
http://www.liberation.fr/monde/2013/03/04/2-minutes-pour-la-syrie-le-stop-de-francois-cluzet_886119
Pendant ce temps, en Syrie, le printemps s’éternise : il est de chair et de sang.
Une nouvelle vidéo, très différente de la première diffusée sur ce Torchon : on ne touche plus le pathos en exposant le petit corps sans vie d’un enfant, victime innocente des combats. Mais si les images sont différentes, le thème est le même : ce sont les enfants syriens qui meurent.
http://www.liberation.fr/monde/2013/03/03/2-minutes-pour-la-syrie-le-stop-de-julie-bertuccelli_885911
Les images des jouets abandonnés, jonchant un sol de gravas, m’évoque ce poème, La poupée d’Auschwitz :
Sur un tas de cendre humaine une poupée est assise
C’est l’unique reliquat, l’unique trace de vie
Toute seule elle est assise, orpheline de son enfant
Qui l’aima de toute son âme. Elle est assise
Comme autrefois elle l’était parmi ses jouets
Auprès du litde l’enfant sur une petite table.
Elle reste assise ainsi, sa crinoline défaite,
Avec ses grands yeux tous bleus et ses tresses toutes blondes
Avec des yeux comme en ont toutes les poupées du monde
Qui du haut du tas de cendre ont un regard étonné
Et regardent comme font toutes les poupées du monde
Pourtant tout est différent, leur étonnement différe
De celui qu’ont dans les yeux toutes les poupées du monde
Un étrange étonnement qui n’appartient qu’à eux seuls.
Car les yeux de la poupée sont l’unique paire d’yeux
Qui de tant et tant d’yeux subsite encore en ce lieu,
Le seuls qui aient resurgi de ce tas de cendre humaine,
Seuls sont demeurés des yeux les yeux de cette poupée
Qui nous contemple à présent, vue éteinte sous la cendre,
Et jusqu’à ce qu’il nous soit terriblement difficile
De la regarder dans les yeux
Dans ses mains, il y a peu, l’enfant tenait la poupée,
Dans ses bras, il y a peu, la mère portait l’enfant,
La mère tenait l’enfant comme l’enfant sa poupée,
Et se tenant tous les trois c’est à trois qu’ils succombèrent
Dans une chambre de mort, dans son enfer étouffant.
La mère, l’enfant, la poupée,
La poupée, l’enfant, la mère.
Parce qu’elle était poupée, la poupée eut de la chance.
Quel bonheur d’être poupée et de n’être pas enfant !
Comme elle y était entrée elle est sortie de la chambre,
Mais l’enfant n’était plus là pour la serrer contre lui,
Comme pour serrer l’enfant il n’y avait plus de mère.
alors elle est restée là, juchée sur un tas de cendre,
Et l’on dirait qu’alentour elle scrute et qu’elle cherche
Les mains, les petites mains qui voici peu la tenaient.
De la chambre de la mort la poupée est ressortie
Entière avec sa forme et avec son ossature,
Ressortie avec sa robe et avec ses tresses blondes.
Et avec ses grands yeux bleus qui tout pleins d’étonnement
Nous regardent dans les yeux, nous regardent, nous regardent.
MOSHE SCHULSTEIN
Poème écrit à Auschwitz
Une façon de revoir l’actualité qui a fait la semaine : http://www.liberation.fr/medias/2013/03/01/legislatives-italiennes-hessel-bowie-l-actu-de-la-semaine-en-scrapbooking_885642
Le quotidien Libération publie des vidéos filmées par des citoyens syriens : deux minutes de tragédie. Dans celle-ci, une mère pleure son fils tué.
Attention, âmes sensibles s’abstenir : ces images sont douloureuses http://www.liberation.fr/monde/2013/03/02/2-minutes-pour-la-syrie-le-stop-de-jean-claude-casadesus_885854
Lisez l’extrait de l’éditorial de Nicolas Demorand, directeur du quotidien Libération : c’est un portrait de Stéphane Hessel, décédé en début de semaine.
“J’aimais Stéphane Hessel parce qu’il considérait que le trait d’union de toutes ses vies était l’amour. L’amour qu’il reçut de sa mère, à la vie, au destin cinématographique. L’amour de la vie et du combat, de la résistance quand tout semble perdu, de la puissance qui réside dans chaque individu, du partage cosmopolite des beautés du monde. L’amour, passion solaire contre toutes les passions tristes, qui permet de persévérer dans l’être et d’avancer, de s’augmenter, de vivre et de voir plus largement. Hessel, ces derniers mois, en parlait simplement. Comme s’il fallait se concentrer sur l’essentiel. Etrange magie suscitée par ces propos quand, prononcés en public, ils esquissaient un chemin de vie cohérent où passion personnelle et civique, sphère publique et intime, souci de soi et des autres, semblaient s’articuler simplement. J’aimais Stéphane Hessel parce qu’il incarnait l’idée de la vie bonne, théorique sous la plume des philosophes, éblouissante pour ceux qui l’ont rencontré ou vu intervenir un peu partout en France et dans le monde. Une vie belle, une vie longue, une vie poétique, en compagnie de son cher Apollinaire qu’il citait sans cesse : «J’ai cueilli ce brin de bruyère / L’automne est morte souviens-t’en / Nous ne nous verrons plus sur terre / Odeur du temps brin de bruyère / Et souviens-toi que je t’attends.»
N. Demorand.
Nous parlions récemment (récemment ? Voici une éternité : c’était avant les vacances !) de l’homme debout, de l’homme digne, de l’homme qui ne ploie pas. Stéphane Hessel était un de ceux-là.
Nous pourrions lancer un défi à notre cher Mastorgio : en guise de mot du vendredi, nous parler d’un homme ou d’une femme qui, d’une manière ou d’une autre, s’engagea et participa, à sa façon, au renouveau de la société… Notre ami et néanmoins collègue verra là une opportunité de se plier à son exercice favori : la nécrologie…
Des gens épris de liberté meurent.
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2013/02/22/des-tirs-de-missile-font-des-dizaines-de-victimes-a-alep_1837574_3218.html