Académie de Poitiers/Collège Font-Belle/Segonzac
Expérimentation Dessin/Photographie
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Auto-évaluation: Mai 2022
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Les modalités pédagogiques
Identification et analyse des situations, dispositions, rituels pédagogiques efficaces
Temporalité
Les séances en quantité limitée par rapport aux ambitions des séquences étant ventilées par quinzaine, le temps de réactivation des notions et des consignes entraîne des séances très synthétiques et resserrées.
Spatialité
La classe choisie pour bénéficier de l’expérimentation présentant comme caractéristique de comporter deux élèves dont les PAP contraignent l’ensemble de ces quatrièmes à rester cantonnés dans une unique salle de cours durant la semaine, la mise en œuvre du dispositif apparaît pour eux comme un espace de liberté qui ajoute à leur bonne perception de celui-ci.
Les séances se déroulent dans deux salles de classes isolées du bâtiment principal mais contiguës. La technique du light-painting nécessite qu’une des pièces voit sa porte close, ses rideaux tirés et le mobilier déplacé. Ce qui induit une responsabilisation ferme des groupes de travail.
Il est à noter que la salle ne comporte pas de volet et pose ainsi des difficultés techniques dans la mise en place d’un espace suffisamment sombre par temps de plein soleil pour la mise en œuvre de créations en light painting.
Identification du dispositif
Petit à petit, l’expérimentation est reconnu par les élèves et les adultes comme un dispositif distinct des cours d’arts plastiques en particulier grâce à sa pédagogie par projet qui se rapproche de la dynamique déjà engagée en CHAAP au delà de ses caractéristiques logistiques aidé en cela par les articles publiés sur le site du collège et les vidéos mises en ligne sur la chaîne Youtube du collège.
Cette approche a permis d’ailleurs d’aborder la question de la légitimité d’une pédagogie par projet avec l’équipe enseignante lors du second conseil de classe.
Implication des élèves
Lors de la mise en œuvre de l’expérimentation, environ les trois quart des élèves se déclaraient enthousiastes aux neuf séances supplémentaires dans leur emploi du temps. La réalisation des premières photographies servant de base au travail de dessin fut d’ailleurs fastidieuse dans la mobilisation des élèves.
A mi parcours, suite à la valorisation des travaux photographiques sous forme de vidéo et au caractère ludique des séances, l’ensemble des élèves se déclare impatient du rendez-vous et volontaire dans l’utilisation de leur image sous forme photographique.
Valorisation
La séance de verbalisation à partir de la compilation audiovisuelle des travaux de light-painting a marqué un tournant dans la réception du dispositif et la valorisation des élèves. La vidéo mettant en scène la progression de leur projet et le dépassement des attentes par une étonnante anticipation des séquences suivantes par les élèves à travers une spectacularisation des effets lumineux, la classe a pris confiance dans ses aptitudes de travail en particulier en groupe mais aussi dans les objectifs des séquences proposées.
L’expérimentation Dessin/Photographie constitue un point d’appui efficace dans les échanges à caractère pédagogique entre élèves, parents et pilote du dispositif d’une part et relativement entre enseignants d’autre part (proposition d’un EPI Physique-Chimie et Arts plastiques, échange sur la pédagogie par projet en conseil de classe).
Les pratiques des élèves
Identification et analyse du développement de la sensibilité, des habiletés, de l’autonomie, de l’engagement, de la diversité des productions.
Sensibilité
Le tissage des prérequis des séquences photographiques effectuées en cours d’arts plastiques avec les objectifs de l’expérimentation a permis :
– D’une part, d’approfondir les liens que peuvent entretenir la représentation et le réel en particulier dans l’exploration de la trace des gestes de la technique photographique étudiée mais aussi dans la mise en œuvre d’une pratique de dessin s’affranchissant du travail de la ligne.
– D’autre part, la multiplicité des productions photographiques et dessinées aura permis de dépasser le spectacularisation des effets en les comparant.
Ces éléments sont apparus saillants lors de la verbalisation sur les travaux mais aussi dans l’exploration des notions liées aux références artistiques introduites par des pièces culturelles plus aisés d’accès.
Habileté
A l’intérieure de la première séquence, un déséquilibre est apparu entre le dépassement des objectifs en light painting, ce qui a permis la valorisation d’un élève en particulier, et, une appréhension des consignes de la partie dessin en raison de l’habileté supposée nécessaires d’après les élèves à leur concrétisation.
Il est pour l’heure envisagé de relativiser la « maladresse » redoutée par les élèves à travers l’animation des dessins d’une part (valorisation de la globalité du projet) et la mise en avant de l’expressivité des productions individuelles, question déjà travaillée en 5ème.
Autonomie
En parallèle de l’engagement matériel, le dispositif logistique comme déjà évoqué aura nécessité une responsabilisation des élèves et le développement de stratégie de travail en groupe.
La technique du light-painting a travers sa relative simplicité aura permis un développement organique du sens de l’initiative chez les élèves dans lequel l’enseignant n’avait qu’à apporter des jalons techniques.
La technique du Clair-obscur nécessite quant à elle un encouragement régulier et un récapitulatif des étapes de réalisation fréquent.
Engagement
La décision fut prise, à l’origine des séquences, de la réalisation des travaux demandés aux élèves par l’enseignant. Au risque d’une modélisation (peu prégnante a posteriori), l’objectif de cette démarche était la prise en compte des contraintes logistiques et techniques mais surtout la formulation d’un message adressé à la classe. Il s’agissait de la création en confiance et entraide d’un groupe avec l’enseignant en vue d’un objectif commun. Associé à la valorisation audiovisuelle, cette stratégie de projet global semble pour l’heure très efficace.
La vidéo de rattrapage réalisée en raison d’une absence de l’enseignant a d’ailleurs entériné l’engagement des élèves dans une dynamique identique.
Diversité
Au sein d’une classe hétérogène et peu solidaire, la mise en œuvre de projets collectifs pouvait paraître peu engageante.
Pourtant, l’enseignant a pris la décision de constituer les groupes de travail afin de ventiler les élèves chaapistes (provenant de la Classe à horaire aménagé Arts Plastiques) et non chaapistes, les élèves impliqués et/ou concentrés ou moins, tout en conservant impérativement des binômes amicaux.
La présence d’élèves chaapistes dans les groupes s’est révélé judicieuse au départ en raison de leurs connaissances techniques ainsi que des stratégies créatives intégrées en CHAAP. Pourtant, les groupes se sont rapidement homogénéisés dans un second temps dans une articulation souple des groupes en raison de l’habitude de travail collectif par projet des chaapistes.
Il s’agissait dans un second temps d’orienter en cours de réalisation organiquement la rotation des rôles au sein des groupes. Ce qui permit une jolie diversité des dynamiques et en conséquence des réalisations. La valorisation des travaux effectuée à travers une unique production présentant de manière croisée les réalisations a permis d’engager un début de cohésion dans la classe.
L’expérimentation a ainsi autorisé une prise de confiance dans les aptitudes des élèves mobilisés par un projet motivant dans un cadre rassurant. Le travail photographique a principalement créé une dynamique de groupe efficace et valorisante, la technique abordée s’est notamment implantée dans la pratique personnelle de quelques élèves.
La dynamique de projet
Identification et analyse du développement des intentions et de projets personnels, effets structurants du parcours
Objectifs pédagogiques
Centré autour de la lumière, la ventilation entre le light-painting et le dessin en clair-obscur ( dessiner avec la lumière / dessiner uniquement la lumière) s’opère d’une manière naturelle. Elle conserve en point de mire l’exploration de cette notion en lien avec une conclusion sous forme d’une production ambitieuse qui reste présentée comme un challenge pour les élèves (pixilation en light painting)
Intentions
Mise en avant dans la vidéo de valorisation, le processus créatif développé par les groupes de travail se déroule de manière exploratoire depuis les premiers essais qui ont permis de mettre le doigt en restant attentif à l’inattendu sur les possibles de la technique du light-painting jusqu’aux propositions d’élèves (sur le réglage du temps de pose par exemple) dans une dynamique de propositions créative ouverte.
La partie de dessin en clair obscur en raison de son caractère progressif et patient (travail de valeur par recouvrement progressif) mais aussi définitif (impossibilité d’effacement du pastel à l’huile) constitue une stratégie centrée sur l’écart expressif complémentaire au travail photographique.
Ces deux aspects permettent aux élèves de confronter leurs intentions et réalisations dans la conduite d’un projet pédagogique globale et identifiable.
Projets personnels
Plusieurs occurrences de réinvestissement des techniques de light painting mais aussi d’utilisation d’un travail d’ombrage dans des dessins de type manga apporte de premiers indices d’une influence du dispositif sur des pratiques personnelles.
L’appropriation des techniques mais aussi des questionnements liés au dispositif commence à poindre en particulier dans l’analyse des références artistiques et culturelles (analyse technique puis sémantique).
Il est envisagé que celle-ci se révèle pleinement lors de l’analyse des références de l’ultime séquence (en particulier le Biped de Merce Cunningham)
Parcours Arts Plastiques
Articulée, dans une logique spiralaire, entre une initiation à l’animation en sixième, deux séquences liées à la photographie et une séquence sur l’expressivité du trait dessiné en cinquième, l’expérimentation, ainsi solidement assise, permettra la jonction souple pour cette classe de quatrième avec les séquences en proposition et la question du corps de l’auteur abordée dans la dernière séquence du dispositif et plus tard spécifiquement travaillée en troisième.
Parcours d’Enseignement Artistiques et Culturels
Permettant de faire bénéficier d’une telle action, l’expérimentation aura permis d’enrichir le PEAC des Chaapistes qui auront approfondi le lien images fixes / animées travaillé particulièrement pendant les workshops avec des étudiants de l’EESI (École Européenne Supérieure de l’Image d’Angoulême).
Elle aura de plus fait redécouvrir la possibilité offerte à l’ensemble des élèves de mettre en œuvre leurs projets personnels dans le cadre de l’espace de création numérique (dispositif type EMI) ainsi que de présenter lors de l’épreuve orale du brevet ce jalon de leur PEAC, éventualité bien accueillie par ces 4èmes.
Cette commande conjuguant judicieusement dessin et photographie autorise le tissage de l’acquisition de compétences trans et inter disciplinaires dans une logique curriculaire centrée sur les besoins de l’élève. Les séquences qui en découlent cherchent à l’ouvrir sur quelques uns des grands domaines de l’art et de la culture (jusqu’au domaine de la danse et à la culture scientifique) ainsi qu’à indiquer aux élèves la voie de la distance critique et de l’autonomie.
Les apprentissages
Identification et analyse des gains (appétence, potentiel cognitif, coopération transférabilité de compétences, etc.)
Appétence
Afin de maintenir l’intérêt des élèves, le choix a été effectué d’utiliser les références culturelles en particulier du light painting et des humanités (la nature de la lumière) comme point d’entrée pour l’exploration de la notion de lumière à travers des œuvres artistiques étayé par un vocabulaire spécifique avant de conclure par une ouverture sur des notions plastiques annexes (arts du corps, installation, animation). L’oeuvre de Wim Delvoye fut en ce sens singulièrement efficace.
Comme précisé précédemment, l’intérêt personnel pour le domaine photographique en particulier s’est vu accroître chez un certain nombre d’élève, tandis que l’implication dans le cours d’arts plastiques s’est renforcé en raison de la dynamique de projet engagé.
Coopération
Collaborer avec un enseignant et avec ses pairs au sein de groupe de huit élèves enchâssé dans un dispositif à projet permets le renforcement d’une confiance dans le groupe classe regroupé autour de droits et de devoirs communs, d’un objectif fédérateur et, pour certains, dans le système éducatif.
De plus la coopération chaapistes/non-chaapistes s ‘effectue au bénéfice des deux parts en raison de la mise en œuvre organique du dispositif.
Potentiel cognitif et Transférabilité
La notion de lumière est travaillée en interaction avec les autres notions de la disciplines afin d’ouvrir le dispositif aux réappropriations ultérieures, ce qui explique la proposition formulée par le collègue de Physique-Chimie de monter un EPI sur cette thématique.
En accentuant les qualités d’observation et d’analyse d’image d’une part et les aptitudes d’abstraction d’autre part (geste et délais pour le light painting et simplification des volumes pour le clair obscur) l’expérimentation pourra constituer un appui pour le développement de compétences du socle commun.
L’expérimentation Dessin/Photographie permet d’identifier les progrès des élèves dans une dynamique de projet. L’accroissement des exigences techniques en raison de projets individuels précis (ajustement du temps de pose), de l’autonomie (utilisation raisonnée du smartphone comme outil et comme source documentaire), du sens de l’expérimentation (stratégie d’essai), du regard critique porté sur les références (le sens du light painting contemporain face au travaux numériques) sont autant d’indices d’une appréhension de l’environnement plus efficiente grâce au dispositif.