Le 11 novembre questions autour d’un monument
En ce triste jour de pluie battante, de rafales à écorner des bœufs, d’absence de la vieille rédaction, autant d’éléments qui mirent la vieille garde dans un état d’énervement encore accru ; tentant d’adapter au mieux un emploi du temps totalement bouleversé, nous tentâmes de réfléchir sur le sens que pouvait avoir un monument de notre mémoire collective, le 11 novembre.
Nous savons qu’il s’agit d’un armistice, qu’il est en lien avec la fin de la première guerre mondiale. Ce jour est férié, normal, il s’agit de faire mémoire des morts de cette guerre, mais, en ce cas, pourquoi toutes les fins de guerres ne nous valent-elles pas ce genre de journée ? Certaines guerres mériteraient-elles plus que d’autres de rester dans les mémoires, celles qui font plus de morts ou celles qui en font moins, peut-on raisonnablement se poser ce genre de questions d’ailleurs ?
Il semble bien que ce soit l’aspect totalement exceptionnel de cette guerre, sa durée, le nombre de morts, ses traces durables dans le quotidien des gens à sa fin, avec les veuves, les orphelins, les invalides, qui puisse justifier ce nécessaire souvenir, surtout que l’on espérait tant que cette guerre serait la « der des ders ».
Lors de ces cérémonies du 11 novembre, des élèves Allemands, de la ville de Velbert, jumelée avec notre ville, seront présents. Comment se vit le 11 novembre en Allemagne ? Que faut-il penser de cette présence, pourrait-elle froisser ces élèves ? Leur présence au contraire ne prouve-t-elle pas que la page est tournée, que rien n’est oublié mais que les jeunes générations ne sauraient en vouloir à des arrière petits enfants de soldats Allemands contre lesquels combattirent, peut-être, les aïeux de certains d’entre nous.
Nous sommes en paix avec l’Allemagne, la France construit avec elle l’Union Européenne, il ne saurait plus y avoir de haine, de discrimination, de rancœur, il faut aller de l’avant. Pourtant, ce désir de se souvenir est parfois mal compris dans les rangs des élèves : on tourne la page, il ne faut plus en parler, la crainte que cela se reproduise ne semble exister dans les rangs de la jeunesse.
Cela part d’un bon sentiment, le désir de ne pas vexer, de se retrouver autour de choses positives, afin de ne pas ressasser le passé, le désir de pouvoir se rassembler et ne pas mettre en avant les causes de divisions. Pour quelques uns il y a ici le désir de ne pas mettre en avant une sorte de racisme dont certains peuvent se sentir victimes.
Les gens changent, on ne peut rien reprocher aux personnes de maintenant par rapport à ce que firent leurs ancêtres. Il semble que les guerres ne soient que des événements lointains et impossibles en Europe, du coup, s’en soucier peut parfois sembler inutile, en revanche, l’aspect mémoriel du sacrifice de tant et tant d’hommes doit demeurer.