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Classé dans (Non classé) par la Vieille Garde le 11-11-2013

monsieur,

En lisant et validant, ce matin, vos commentaires, je me vis poussé à sortir d’une réserve que j’eus souhaité voir plus durable. las, vous me fîtes toucher aux limites de ma faiblesse et de ma résolution et je m’octroie quelques lignes ici pour vous répondre.

Vous écrivez que la guerre est une horreur et que mieux vaut essayer de faire la paix. Certes, mais comment? Ne peut-on envisager de débuter avec quelques actes symboliques? Ce matin lors des diverses cérémonies religieuses et civiles, qui occupèrent 3h de ma matinée, il me fut possible de constater que cet anniversaire rassemblait, certes, trop peu de monde, mais une véritable diversité d’individus aussi, lesquels constituaient le premier élément de ce monde nouveau et pacifié que vous appelez de vos voeux.

Ce fut aussi, ce matin, le lieu de parade que vous dénoncez, mais, cela se nomme la représentation, que ce soit celle de l’Etat ou d’autres individus, dont nous n’avons pas à juger les motivations. Ce que je note, c’est qu’ils sont venus. Quant à ce goût de l’ostentation, n’oubliez pas, que, vous, adolescents, en êtes les premiers atteints, à travers cette propension pour le port de telle ou telle marque, par exemple. Si d’aventure, vous n’étiez plus ado, vous savez que cela perdure, autrement, chez les adultes et je n’ai pas besoin de m’étendre. Je retiens cependant en premier lieu que ces diverses cérémonies sont aussi, comme toute manifestation, l’occasion de se compter, de se rendre compte que, non, on n’est pas le seul à penser telle ou telle chose, ce qui, dans le cadre de la motivation qui peut pousser à poursuivre la défense d’une cause, a son importance.

Nous n’avons pas choisi de naître ou vivre là où nous sommes dites vous, encore une fois, c’est exact, mais, précisément, il est aussi important de savoir être présent là où l’on choisit d’être, afin de manifester, au sens de faire voir, quelque chose. En outre, il est important que, là où nous nous trouvons, volontairement ou pas, nous choisissions de témoigner de nos convictions, de notre désir de paix et que nous nous employions à le mettre en actes.

De ce qui précède et en vous lisant, il me semble que vous affichez un certain défaitisme. Si je suis votre logique, il faut que je vous informe tout de suite de certains éléments:

-ne vous déplacez pas pour voter, ce sont tous des pourris et votre vote ne servira à rien de toutes façons, laissez plutôt les extrêmes prendre la place que vous laissez vide.

-ne vous impliquez pas, en politique, dans le cadre associatif ou humanitaire, vous n’êtes qu’une goutte d’eau, votre action n’aura aucune incidence, tout est perdu d’avance, continuez à écouter la télé en vous lamentant ou en critiquant, il n’y a rien d’autre à faire.

-ne vous souvenez pas des morts, n’apprenez pas l’histoire, tout cela ne sert à rien, le passé est le passé et puis vous avez déjà du mal avec le présent et vous ne vous impliquez pas pour l’avenir, à quoi bon.

-ne prenez pas la peine de tenter une relation amoureuse, elle est vouée à l’échec et  à la rupture, dans le meilleur des cas, si elle dure, ce serra celle de la mort. De plus, à quoi bon tenter d’avoir des enfants ou une famille, vu l’évolution de la planète, de l’économie et de tout le reste.

De bien des manières, je défends, je vis, je suis une cause perdue. J’ai de plus le tort d’être lucide et de savoir comment fonctionne le monde. De ce fait, j’ai toutes les raisons de me confire dans l’inaction. Mais, voyez-vous, j’aime cette citation de Jean Raspail: “quand on représente une cause perdue, il faut sonner de la trompette, sauter sur son cheval et tenter la dernière sortie, faute de quoi l’on meurt de vieillesse au fond de la forteresse oubliée que personne n’assiège plus parce que la vie s’en est allée ailleurs”.

Cher inconnu, vous qui m’inspirez, sans que je parvienne à savoir pourquoi, une certaine sympathie, vous qui devez être jeune et bien vivant, qui êtes l’avenir, (au moins pour quelques années encore, même si vous n’êtes plus si jeune) souffrez que le vieillard que je suis vous redise qu’en dépit de tout la vie mérite d’être vécue et que l’humanité compte sur votre vie et votre implication. Si vous cherchez bien, le début d’un fleuve, c’est toujours une goutte d’eau, quelque part. Soyez, s’il vous plait, pour nous, une goutte d’eau des plus prometteuses.