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Classé dans (Le vendredi, c'est journalisme !) par LaBasketeuse le 16-04-2015

Je suis une adolescente, ce moment redoutable par les parents, ce moment de croissance qui s’accélère à un tel rythme que le corps ne suit plus. Ce corps qui est d’une telle maigreur, la peau sur les os. L’appétit n’arrive qu’en fin après-midi, un bout de pain et un verre d’eau et de retour aux études. Je grignote, par-ci par-là, d’où cette maigreur qui m’a joué des tours en 5ème. Toutes les semaines à l’infirmerie pour me peser, et c’était toujours la même réplique : « Ah, tu as perdu 1kilo, il faut manger » ou « ah, c’est bien, tu as pris un peu, mais il faut tout de même ne pas relâcher tes efforts ».

Ma mère, qui était à côté de moi, qui se demandait si c’était de sa faute, si c’était une mauvaise mère. Mais non ! Elle faisait et fait tous pour m’aider, pour me soutenir. Ma grand-mère me fâchait, elle voulait que je mange, que je sois bien dans ma peau. Elle me voyait tous les mois avec des attelles à cause de ce corps qui ne tenait pas, comparé à ma détermination mentale. J’essaye de m’en sortir, mais je n’y arrive pas. Je prends de la hauteur, mais pas d’ampleur. Ma famille ne comprend pas pourquoi je continue le sport, mais je ne peux pas m’arrêter, c’est ma passion.

Ce sport où j’ai risqué de ne plus en faire, à cause d’un déplacement des vertèbres et une double contusion des cervicales et des lombaires, si je me refaisais mal, c’était fini, je n’aurais plus jamais pu en faire. Mon corps a su accepter mon surpassement envers certaines épreuves, et devra en supporter d’autres.
Oui, oui, j’ai frôlé l’anorexie et maintenant un peu moins. Je n’ai pas honte, mais je ne suis pas non plus fière. Ma famille me dit « avec ton corps, tu pourrais devenir mannequin ! ». Je leur réponds que les mannequins d’une telle maigreur ne sont pas si belles, la taille 40-44 va très bien et est très jolie sur une femme.
L’été, la chaleur, la piscine. La piscine, ce moment très gênant quand je suis en maillot de bain, quand ma famille me compare à un tas d’os. Avec mon trou au niveau du plexus, mes côtes qui ressortent énormément, mon bassin où je ne sais pas si on pourrait y distinguer la peau de mes os…
Sportive je suis, j’essaye de me renforcer musculairement, même si cela n’est pas facile, je le fais. Je veux que mon corps garde des traces de cet effort. Je suis tellement fragile, parfois, des personnes me demandent comment je fais pour être comme ça.
Ce combat que je mène au quotidien, et un combat tellement rude, ça paraît absurde mais c’est la vérité. L’être que je suis, une personne qui s’assume. La nature m’a fait comme ça, alors je ne vois pas comment je pourrais être en colère contre elle. Nous, humains, nous sommes créés pour vivre, et nous pour nous critiquer. Chacun a ses caractères. Les humains sont différents les uns aux autres, et heureusement.
Aujourd’hui je suis, demain je serai…