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Classé dans (Revue de presse) par Agnès Dibot le 20-04-2016

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A lire ici : https://making-of.afp.com/perdre-la-raison-face-aux-barbeles, ce témoignage d’un journaliste en reportage dans un camp de réfugiés en Grèce, à Idomeni : Cet article a été écrit avec Yana Dlugy à Paris et traduit de l’anglais par Roland de Courson, il est illustré par le photographe de l’AFP (Agence Française de Presse) Bülent Kilic, basé à Istanbul (Turquie). Cet article a été publié hier sur le blog «Making Of» de l’agence de presse, il est intitulé Perdre la raison face aux barbelés.

Extraits :

“C’est parfois difficile d’être un journaliste ici, parce que les gens ont tendance à vous prendre pour une sorte de sauveur. Tous les jours, des gens me posent des questions du genre : « quand est-ce qu’ils vont ouvrir la barrière ? » ou encore : « que va-t-il nous arriver ? » Et moi je n’en ai pas la moindre idée.

A Idomeni, je suis devenu ami avec une Kurde de Syrie, dont le mari est parti le premier pour l’Allemagne il y a six mois. Elle essaye de le rejoindre avec leurs deux enfants. Et cela fait deux mois qu’elle est bloquée à la frontière. Tous les jours elle fait la queue pour recevoir de la nourriture. Les gens deviennent fous. Ils se bousculent, se battent pour être servis les premiers. « De ma vie je n’ai jamais frappé personne », me dit-elle. « Comment pourrais-je le faire maintenant, pour de la nourriture ? Même ici, je ne peux pas, c’est impossible ». Alors il y a des jours où elle et ses enfants ne mangent rien.”

“Les enfants, ici, passent leurs journées à jouer dans la boue, ou sur la voie ferrée. Ils viennent vers vous, vous poussent, vous crient dessus. Eux aussi deviennent fous. Mon amie kurde de Syrie a un garçon de huit ans et une fille de quatorze ans. Cela fait trois ans qu’ils n’ont pas mis les pieds à l’école, à cause de la guerre. Elle est vraiment inquiète pour eux. Ils n’apprennent rien. Que vont-ils devenir ?”

IDOMENI (Grèce), 18 avril 2016