C’est avec attention que j’ai pu lire l’article “en souvenir”, rédigé par Aloïs. J’y trouve bien des éléments de réflexion, intéressants, qui, tous, mériteraient des débats, de ceux que l’on peut entamer en cours ou bien à la fin d’un cours, dans un couloir, dans un bus lors d’une sortie, sauf que là, je suis réduit à l’immobilité, donc le débat se fera par écran, ce que je trouve navrant.
J’ajoute que ce ne sera pas véritablement un débat, plus un questionnement, un ensemble d’interrogations qui me sont venues en tête en vous lisant et que je couche sur le papier, sans prétention aucune à l’exhaustivité ou à l’apport de solution. Je serai aussi assez désordonné, dans un commentaire linéaire, je ne souhaite pas faire de plan ou de brouillon, ce serait fastidieux et le but n’est pas un exercice de style, le veillerai cependant à la clarté de mon propos. Ces précisions liminaires faites, le me lance:
Nous pourrions en premier lieu nous interroger sur la pertinence de ce souvenir, à différencier de la mémoire et de la commémoration ou pas, d’ailleurs? Pourquoi et comment se souvenir? Pour entretenir une sorte de culte, pour tenter d’éviter le retour du passé, pour se rassurer quant à notre présent, pour exorciser les peurs de l’avenir en se disant “ça ne pourra pas recommencer”? Vous apportez vos conceptions face à cela, je ne sais si tout le monde les partage, il serait bon aussi de savoir pourquoi une partie de nos contemporains estime qu’il n’est pas nécessaire de se souvenir.
Vous donnez une raison à la montée du nazisme, je pense que ce n’est pas la seule et surtout pas la principale. Cependant, n’ayant pas de lectures universitaires récentes à ce propos, je ne m’avancerai pas plus. Nous avons souvent tendance à chercher de grandes raisons, qui nous renvoient à des idéaux, parfois il faut être terre à terre et, dans le cas présent, ne pas oublier que c’est aussi, mais pas uniquement, un mieux être économique au quotidien qui a permis l’envolée d’Hitler lors des élections.
De la même manière, ce qui est évoqué pour les EU et pour le FN est un aspect de la question, de l’explication, je ne prendrai pas le risque de dire de la vérité. Mais un aspect seulement, il ne peut donc être absolutisé.
Enfin, vous mentionnez des “personnes simples d’esprit”, fichtre, heureusement que vous n’êtes pas une femme politique en vue, vous auriez déjà déclenché un raz-de-marée médiatique! Qu’entendez vous par “simple d’esprit”? A partir de quand l’est-on, selon quels critères? Celui ou celle qui pense ce que vous avez écrit se considère-t-il comme simple d’esprit ou vous comme arrogante, dissimulée derrière un savoir destiné à l’écraser? Il y a là une porte ouverte à bien des questions et débats, plus ou moins stériles. Cette “simplicité” ne renvoie-t-elle pas aussi à des déficiences de la société, du système éducatif, sans même parler des théories complotistes ou alarmistes qui nous valurent des titres de livres comme “la fabrique du crétin”.
Je crois humblement que, là aussi, nous ne pouvons pas comprendre, et nous devons faire des efforts pour être compris. Ce que je veux dire c’est que, ces “personnes simples d’esprit”, choisissent de penser comme elles pensent car, pour elles, il ne saurait en être autrement. Nous n’avons donc pas, en premier lieu, à vouloir les changer, eux et leur manière de penser, mais à nous adapter, nous et nos idées, afin de nous rendre accessibles, de pouvoir rentrer en pleine communication avec elles, dialoguer vraiment et leur faire comprendre alors l’inanité de leurs idées et propos. Sans quoi, on prend le risque de passer pour méprisant. Je profite, ici, de cette possible confusion pour mentionner le fait que le processus décrit dans les lignes qui précèdent est celui que doivent suivre les professeurs, qui, loin de mépriser les esprits simples aux idées étriquées qui sont face à eux doivent entreprendre un long, patient, délicat et exaltant travail de descente, de compréhension, pour repartir ensuite, avec l’enfant, qui est alors élevé, vers des idées plus complexes.
En conclusion, la question n’est pas, selon moi, de savoir si l’on se souvient comme l’on doit, mais si l’on vit et prépare la vie comme on devrait.