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Classé dans (La recherche du temps perdu) par la Vieille Garde le 30-05-2016

http://www.linternaute.com/ville/fourmies/ville-59249

le site qui précède et vers lequel je renvoie fournira des données chiffrées précises afin que le lecteur se fasse une bonne idée de ce que peut être le climat fourmisien.

Les lignes qui suivront seront en clair-obscur, entre gris clair et gris foncé (toujours des carambars à gagner), puisque, évoquer le climat, dans le Nord, et plus encore, à Fourmies, c’est aborder une question des plus délicates. Cependant, force est de constater que, pour le moment, en ce qui concerne le climat, nous sommes nous aussi dans une situation peu enthousiasmante.

Les lecteurs familiers des romans de Conan Doyle ou d’Agatha Christie ont en tête déjà quelques indices relatifs au climat: arrivée en été par 20 degrés, herbe verte le 15 août, industrie lainière, appartement glacial, par exemple. Comme eut dit Hercule Poirot, il s’agit alors de faire travailler ses petites cellules grises et de trouver des enchainements, élémentaires, ma chère Agnès.

Le Nord bénéficie d’un climat océanique, mais, à nette tendance continentale à Fourmies. Tout le monde à compris ce que je voulais dire, cela s’aborde en géographie, au collège. En résumé et comme l’indique le site qui précède, il pleut plus qu’ailleurs, il y a moins de soleil qu’ailleurs, il fait plus froid qu’ailleurs. Par “ailleurs”, comprendre “Poitou”, mais pas uniquement! Je ne suis pas régionaliste. D’ailleurs, dessine moi une région… et surtout révisez les pour le brevet.

Ainsi, en automne et en hiver, trois semaines de brouillard, de grisaille, permanente, était quelque chose de fréquent. Et puis la neige, encore me suis-je laissé dire qu’avant les hivers étaient vraiment rigoureux. La neige, c’était si beau, surtout quand je pouvais marcher jusqu’aux étangs des moines, le lieu de promenade local. Tout cela méritait bien une cape, c’est à cette époque que je fis l’acquisition de cette pièce de vêtement, afin de pouvoir, matin et soir, traverser, glissant sur le manteau neigeux, silencieusement, la ville. Heureusement un de mes élèves (devenu professeur des écoles et père de famille) était fils de policier, il avait prévenu son père de mon accoutrement, cela m’évita sans doutes une interpellation au cours d’une patrouille matinale alors que, seul, sur le trottoir, (carambar!) je traversais les pâles halos lumineux que des lampadaires exsangues laissaient tomber, plus qu’ils ne les projetaient, sur le sol immaculé.

Après l’hiver, venait le printemps, toujours tardif, cette année il est encore tombé de la neige le 29 avril, c’est dire. Il me semble que, plus l’hiver est sombre, plus le printemps semble beau. De là à dire que plus la souffrance est intense, plus on est heureux de s’en sortir, il n’y a qu’un pas, et nous ne devons pas être loin de la vérité. De ce fait, c’était un plaisir chaque jour renouvelé de passer devant les jardinets de la rue, de regarder les fleurs, d’écouter les oiseaux. Tout cela est, j’en suis conscient d’une naïve candeur, mais c’est pourtant si vrai et si simple. Le fait de marcher, ou d’aller en bicyclette, mais c’est déjà bien plus rapide, permet de porter sur la vie et notre environnement un regard différent. Le soir, lorsque je sortais tôt, la boutique de la fleuriste était ouverte. Petite boutique, mais, déjà un tel plaisir, ces fleurs, toute l’année, sur mon chemin.

Chemin qui se poursuit en été. Ah, l’été! Existe-t-il à Fourmies? C’est un paradoxe. Nous avions des jours de canicule terrible, lorsque cela tombait au moment du bac j’étais “en panique” et j’allais au lycée encore plus tôt, les femmes de ménage ouvraient les fenêtres mais moi je venais pour faire des courants d’air afin que les salles soient plus fraiches. Donc, la canicule, oui. Notez, au premier rayon de soleil avec 15 degrés certains venaient en T-shirt et bermuda… Mais surtout, de la pluie, d’orage, après chaque jour de grande chaleur, et sous toutes ses autres formes, toujours, tout au long de l’année, d’où cette verdure permanente des pelouses et forêts et, en dehors des périodes de canicule, des températures assez fraiches malgré tout. Ainsi pourrait-on dire qu’à Fourmies, il y a plusieurs étés courts entre juin et septembre.

Il était donc possible d’avoir de très belles fins de semaine, occasion de promenade aux étangs, ce qui me valait, naturellement, de rencontrer des élèves et leurs familles. Les élèves, déjà le centre de toutes mes attentions… , mais aussi de passer devant quelques restaurants et friteries dont les cartes me laissaient parfois songeur…