Sisi, dans le monde d’Axel, sans doute 😉
“Nan, un quinquennat, c’est quelque chose qui a explosé, non ?” (sisi, dans le monde de Louis…)
Merci à Ines qui, elle, vit sur notre planète !
Petite remarque insistante de notre très cher Melvin D, élève de 3ème, à la fin de la projection du très rude documentaire Nuit et Brouillard, vendredi après-midi (juste au moment de la digestion, avouons à la décharge de Melvin que l’instant était mal choisi…).
Ah, le perfide 😉 Melvin sait très exactement lancer sa flèche en plein talon d’Achille : non, en effet, a priori, en qualité de professeur de français, ce n’est absolument pas mon rôle, et j’en ai prévenu les zélèves. De la même façon, ils ont été prévenus de la dureté du documentaire.
Mais… Mais ces zélèves vont, lundi, rencontrer Ida Grinspan, rescapée d’Auschwitz, et seuls quelques-uns ont lu son autobiographie J’ai pas pleuré. Et à la question “Que savez-vous de l’univers concentrationnaire ?”, je n’avais obtenu qu’un silence gêné. Le programme d’enseignement de l’Histoire de la Shoah s’étant réduit, année après année, à peau de chagrin, les connaissances des zélèves sur ce qu’étaient les conditions de survie ainsi que l’extermination des juifs et des tziganes sont… peu de chose.
Alors, accompagner une classe entendre Ida Grinspan, alors que les zélèves n’auraient pas conscience de ce que cette petite dame pétillante a traversé à leur âge ?
Non, il faut raconter, expliquer, présenter, et ne pas laisser croire que les images du camp de Birkenau sous le soleil d’avril, avec ses prairies verdoyantes et ses visiteurs et leurs lunettes de soleil reflètent ce lieu de mise à mort dont Ida va leur parler.
Nuit et Brouillard, ce sont des images insoutenables, qu’on explique, un documentaire dont on accompagne la projection : à votre âge, chers zélèves, nous nous le sommes nous aussi pris en plein visage : puis nous avons lu. Primo Levi. Jorge Semprun. Elie Wiesel. Pour savoir plus. Pour savoir mieux.
Enfin, mon très cher collègue d’Histoire Mastorgio m’avait donné son aval en levant les yeux au ciel : si j’ai bien compris, à votre âge, il avait dû voir Nuit et Brouillard au moins trois fois déjà, à raison d’une fois par an. Autres temps, autres moeurs… O tempora, ô mores 😉
L’autre jour, en cours de français, les zélèves de 4ème4 étudiaient une nouvelle de Richard Matheson, Le Jeu du bouton, dans laquelle Norma, une jeune épouse, en rentrant du travail, chaque soir, cuisine, pendant qu’Arthur, son mari, se repose dans le salon. Quelques-uns de nos représentants de la gent masculine se sont exclamés que c’était tout à fait normal ! Nous préserverons leur anonymat 😉
Aujourd’hui, dernière heure de cours avant les vacances, nous organisons un débat au sein de la classe, pour discuter de la place de la femme dans le couple, la famille. Attention, âmes féministes s’abstenir 😉
Alexis, ému, change d’avis : il dit que sa mère, quand elle gagne un peu d’argent, elle le garde pour acheter à manger à ses enfants. Et on comprend que ça le touche de le réaliser…
Louis : Si la femme travaille, avec l’argent en plus, les parents peuvent offrir des cadeaux à leurs enfants, sinon, après avoir payé les factures, avec un seul salaire, y a plus rien.
Elève anonyme : Si le père est riche, y a pas besoin que la femme travaille !
Alexis B. : Mon père, il est rippeur (il ramasse les poubelles des villes), il gagne 2800 euros par mois. Ma mère est comptable à l’IUT.
Warren : C’est la base, qu’une femme travaille ! Ma mère, elle travaille !
N’Aissita : Et si l’entreprise du père fait faillite ?
Elève anonyme : Mais s’il est docteur ? Il risque pas le chômage. (La radiation du conseil de l’ordre ?)
Johan : Moi, ma mère travaille, ma sœur aussi, elle est en apprentissage.
Warren : La mienne aussi, elle travaille, mes deux sœurs travaillent.
Corentin P. : Mon père est en arrêt maladie, ma mère travaille, ça peut être le contraire, mais la femme est aussi importante que l’homme !
Mickaël : Ma daronne, elle a lâché le travail avant que mon père soit malade. C’est bien qu’elle soit là pour s’occuper de mon père.
Corentin R. : Mes parents sont divorcés, ma belle-mère est handicapée, mais elle cherche quand même du travail pour aider mon père, qui ne touche pas un gros salaire.
Elève anonyme : Mes grands-frères travaillent, ma mère, quand elle est en galère, elle leur demande, c’est ses fils. Voilà.
Stecy : On n’a qu’à échanger les rôles ! Vous restez à la maison, on va travailler 😉
Aloïs : la Colère, Episode I.
A part celles de Moïse et Jésus, on n’avait pas encore trouvé trace de Ramsès sur le Jourdain ou la mer Rouge, mais allez savoir, avec les zélèves, tout est possible… Surtout avec Louis…
Ben, c’est pas un mot dont on nous dit qu’il n’existe plus ? En français, en Histoire, en SVT, on nous dit que le concept de “race” n’existe pas !!! Nadine = zéro pointé en linguistique 😉
Où l’on évoque, en cours de français de 4ème, la probable pendaison du personnage de Charlot Tuvache, accusé de meurtre, à l’issue de la projection du court-métrage Aux champs (adaptation par O. Schatzky de la nouvelle de Maupassant). Pendaison ou décapitation : la guillotine, c’est le principe…
“Mais il a rien fait, c’est pas lui qu’a tué sa mère, elle s’est suicidée !” s’exclamait-on ce matin en choeur : émotion, pitié, empathie pour un personnage de papier (en l’occurrence, de pellicule). Petit rappel à la réalité (eh oui, le réalisme de Maupassant , c’est si proche de notre réalité) :
“Ali Mohammed Baqir al Nimr a été condamné à mort le 27 mai 2014. Les crimes qu’il a « avoués » ont été commis alors qu’il avait 17 ans. La sentence a été confirmée en appel par les juges du Tribunal pénal spécial et de la Cour suprême, selon sa famille, qui vient tout juste d’être informée de ces décisions. Ali risque d’être exécuté dès que le roi aura ratifié sa condamnation.
Ali a été déclaré coupable de participation à des manifestations contre le gouvernement, d’attaque à l’encontre des forces de sécurité, de possession d’une mitrailleuse et de vol à main armée.”
http://www.amnesty.fr/Nos-campagnes/Abolition-de-la-peine-de-mort/Actualites/Arabie-saoudite-un-jeune-de-21-ans-risque-la-decapitation-16165
Et voilà… Après Claire Chazal (“Et PK Claire Chazal part à la retraite et pas vous, M’Dame ?”) et la touchante remarque d’Estella : “Une dame d’un certain âge comme vous”, le “Vous datez, M’Dame” de Pacôme quand elle a réalisé que j’avais fait ma première rentrée à George Sand en 1994 (oui, au 20ème siècle), voici donc 21 ans, m’a fait sourire… Décidément, il n’y a que dans le regard des zélèves qu’on se voit vieillir… Non ?
La scène se déroule en cours de français, alors qu’on discute exclusion, mendicité, migrations, à propos d’une nouvelle de Maupassant, Le Gueux. Où l’on établit un parallèle entre le XIXème et le XIXème siècles, en abordant l’actualité de l’accueil des réfugiés. Chacun y va de son anecdote personnelle -on évoque plutôt les SDF que les migrants-réfugiés, d’ailleurs- quand fuse la répartie d’un élève dont nous respecterons l’anonymat : Z. (NDLR)
Article écrit par Stecy, élève d’option media 4ème, qui n’a pas encore de code pour publier d’elle-même.
“Z a dit : “J’étais au bled et j’ai vu des Noirs…”. Et ça m’a choquée. Tout le monde n’a pas compris pourquoi ça m’a choquée, mais certaines personnes ont compris. Après, d’autres ont dit que ce n’était pas raciste. Moi, je trouve que oui, c’est du racisme. On est tous des êtres humains, donc je trouve que Z aurait dû dire qu’il avait vu des Sénégalais dans son pays, plutôt que de dire des Noirs. Ca aurait été plus intelligent de sa part. Moi, je ne veux pas d’insultes envers les Africains. Car Z n’aimerait pas qu’on dise : “M’Dame, j’ai vu un Arabe !”, ça ne se ferait pas. Donc, je n’admettrai pas que Z nous insulte.
Le racisme, ce n’est pas une façon de s’exprimer.” Stecy.
Z ayant une bouille d’ange, le genre de micro-élève assis au premier rang (veillant toutefois à surveiller de très près ses arrières, comme toute bouille d’ange qui se respecte), difficile de le soupçonner de racisme ordinaire… Mais sa phrase a provoqué un tollé dans les rangs et mes zélèves Noires se sont … Euh ! Oups ! Aïe ! Le mot tabou !!! Dans la bouche du prof ! Mes zélèves de couleur, mes zélèves d’origine africaine…
” Je suis peut-être Noire, mais j’suis française, M’Dame !”, dirait N’aissita…
Mes zélèves françaises d’origine africaine, donc, se sont exclamées haut et fort (pas trop, car, en début d’année, elles ne connaissent pas encore le prof et n’osent pas -ce qui fera sourire Théo s’il lit cet article ;)) : “Mais c’est du racisme, M’Dame, ce qu’il dit, Z !” Et chacun d’y aller de son appréciation du racisme de Z : la conclusion sera de ce brouhaha passager : non, Z n’est pas raciste et le mot “Noirs” n’a choqué que nos zélèves françaises d’origine africaine… Parce que le racisme ne représente rien, dans nos classes.
La réaction de Stecy, cela dit, pose un problème. Une question : comment doit-on dire pour parler de Noirs ? Eh bien, que dit le dictionnaire ? Que dit l’Histoire ? Que dit la loi ?
http://www.slate.fr/story/52115/noir
Au travail !
Une petite phrase passée presque inaperçue dans le flot des questionnements des zélèves la semaine dernière : nous avions dû rassurer, expliquer que le gouvernement de Bachar el Assad n’allait pas prendre la peine de venir en Europe rechercher ceux de son peuple exilés vers un Eldorado supposé -l’Europe. Pas plus que les terroristes de Daech… Décidément, l’étranger fait peur, encore et toujours peur…