29. janvier 2023 · Commentaires fermés sur Comment penser l’innommable? : exprimer la violence du génocide · Catégories: Terminale spécialité HLP · Tags: , , ,

Si les historiens ne sont pas tous d’accord sur les limites de la définition du terme génocide, on pénètre avec ce mot dans l’univers des crimes de masse perpétrés au nom d’une idéologie. Le terme a été utilisé par le juriste polonais Raphael Lemkin  en 1944, pour désigner  « la pratique de l’extermination de nations et de groupes ethniques ».Ensuite , ce mot été employé rétrospectivement pour le massacre systématique des Herero et Nama dans le Sud-Ouest africain allemand (1904-1908), celui des Arméniens par les Turcs (1915-1916), et , plus récemment  celui des Tutsi au Rwanda (1994). Ces précisions émanent du mémorial de la shoah , autre terme hébreu ( traduction: catastrophe)  qui cette fois, désigne  l’Holocauste ou la persécution et l’assassinat systématique de 6 millions de Juifs, organisé par l’État nazi et ses collaborateurs de 1933 à 1945. En plus de commettre le génocide des Juifs, les nazis ont commis le génocide des Roms et des Sinti. Plus »

27. janvier 2023 · Commentaires fermés sur Comment faire face à l’horreur de la guerre ? Réalisme et déréalisation · Catégories: Terminale spécialité HLP · Tags: , ,

U.S. Marines look at the corpses of an Iraqi Republican Guard general and his driver near Al Aziziyah, an area loyal to Saddam Hussein.

Témoignages et fictions abordent différents aspects de la violence telle qu’elle  apparaît dans les affrontements historiques . Comment la littérature parvient -elle à nous donner un aperçu notamment de la manière dont la guerre et son cortège de violences est perçue par les enfants  ?  Nous étudierons la manière dont le regarde de l’enfant déréalise l’extrême violence dans le roman de Nancy Huston Lignes de faille ; L’action se passe en 2004 et il s’agit de relater l’expérience de Sol, un enfant qui regarde sur internet des images de cadavres de soldats irakiens massacrés par l’armée américaine en 2003 . Nous verrons tout d’abord quel est l’univers de références de l’enfant : le monde des dessins animés où la mort n’est jamais montrée comme définitive ; Nous montrerons ensuite que le regard de l’enfant enregistre une vision des événements et qu’il prend conscience progressivement d’une réalité à laquelle il n’est pas préparée ; enfin, nous comparerons l’écart entre ce que décrit l’enfant et ce que notre regard d’adulte perçoit de la mémoire réalité . Se servir d’un regard innocent ou naïf permet ainsi ,au lecteur, de mesurer l’extrême violence . 

Pour un enfant, la pensée magique domine : on meurt pour de faux, on a mal pour rire ainsi que l’indique la “fessée pour rire ” que son père lui donne le soir avant de le coucher  et de lui chanter une chanson; L’univers des comptines s’impose d’emblée dans la mémoire d l’enfant avec une  de ses chansons préférées qui  est, en fait l’occasion de lui faire des chatouilles en marquant la solidarité des différentes parties de son corps et en lui apprenant à les nommer (le pied, le genou, la jambe ) ; L’enfant associe donc spontanément les corps de soldat morts avec des jouets cassés et constate qu’on ne peut pas les réparer ; L’expression arriver au Ciel est un euphémisme pour désigner la mort et l’enfant établit , là encore , un lien entre les images des héros de dessins animés qui meurent “cent fois ” et leur résurrection l’instant suivant ; les conditions de leurs morts sont détaillées “ s’aplatissent comme des crêpes ” ou se “font écrabouiller par des grosses pierres “hâcher et mâcher par des ventilateurs électriques ” ; On note ici que la violence de leur mort nie toute forme de souffrance : ils sont comparés à des objets sans importance, à de la matière morte comme de la viande hachée  ; cette transformation des corps les fait apparaître comme de vulgaires objets cassés:les cadavres des soldats sont comparés à des poupées, aux torses  “emmaillotés dans de vieux bouts de vêtements ” ; En adoptant le point de vue d’un enfant et en substituant ses images à celles de la réalité des cadavres , l’auteure déréalise la violence . Toutefois, la vision de l’enfant n’est pas exempte d’une certaine prise de conscience ; 

On distingue, tout d’abord, l’émergence de sentiments ; la joie initiale de l’enfant “j’adore cliquer sur les cadavres des soldats ” qui est l’indication d’une activité ludique, de son point de vue , cède peu à peu la place à un sentiment de tristesse ; L’enfant commence par s’étonner de ce qu’il voit et du morcellement des corps “ un torse, peut-être , une jambe ? “ avant de se sentir que ça évoque pour lui  quelque chose de triste en prenant conscience que l’os qu’il aperçoit n’est plus relié à rien ; L’enfant rejoint alors , en partie , le point de vue de l’adulte : ” je me dis que ce truc là n’est tout  simplement pas réparable”  L’imprécision du vocabulaire donne à entendre la perception de la mort comme la fin de l’activité humaine .  Ce soldats réduit à des morceaux de corps à demi -enfouis dans le sable du désert, n’ont plus rien de commun,  avec les êtres vivants qu’ils furent ; Réduits à l’état d’objets , ils inspirent   néanmoins une forme d’empathie lorsque l’enfant réalise que pour eux, “l’époque des aventures est terminée ” ; Une fois de plus, ses mots traduisent l’irrémédiable .

Nancy Huston, en tentant de restituer le point de vue d’un enfant , emploie un procédé qui consiste à utiliser un point de vue interne afin de créer un décalage entre la vision du personnage et la réalité de cette vision pour le lecteur . Dans son conte philosophique, Candide, le philosophe Voltaire  utilisera la même technique dans le chapitre qu’il consacre à la description de la violence du conflit entre les abares et les bulgares ; Voltaire , indigné par les horreurs des guerres incessantes que mènent les princes européens avides d’agrandir leurs empires , décide d’utiliser le point de vue naïf de son héros, un jeune homme  “ordinaire ” ,  appelé Candide ; ce dernier, enrôlé de force se retrouve sur un champ de bataille et constate les dégâts : “

Les canons renversèrent d’abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d’hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu’il put pendant cette boucherie héroïque.

Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d’abord un village voisin ; il était en cendres : c’était un village abare que les Bulgares avaient brûlé, selon les lois du droit public. Ici des vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglantes ; là des filles éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros rendaient les derniers soupirs ; d’autres, à demi brûlées, criaient qu’on achevât de leur donner la mort. Des cervelles étaient répandues sur la terre à côté de bras et de jambes coupés.

Candide s’enfuit au plus vite dans un autre village : il appartenait à des Bulgares, et des héros abares l’avaient traité de même. Candide, toujours marchant sur des membres palpitants ou à travers des ruines, arriva enfin hors du théâtre de la guerre…

Dans cette description, Voltaire commence par déréaliser la guerre en la présentant comme le résultat mécanique d’une suite d’actions : comme si les armes agissaient seules sans qu’aucun homme ne soit responsable du massacre. L’oxymore boucherie héroïque traduit cette ambivalence de la violence de la guerre: un mélange d’admiration pour le courage des hommes et de répulsion pour ce déchainement de violence qui s’apparente, parfois, à de la bestialité . Le second paragraphe place le lecteur face à l’horreur la plus crue avec la multiplication des hyperboles et des détails réalistes ; Mais ce tableau provoque plutôt l’indignation : l’homme y apparaît comme déshumanisé , anonyme et morcelé ; La dernière métaphore ” membres palpitants ” mélange l’idée des corps déshumanisés avec celle dérangeante, qu’ils abritent encore un peu de vie donc d’humanité ; cette distance est peut être nécessaire pour nous permettre justement de penser la violence dans toute son horreur et de réfléchir à ce qui reste  justement d’humanité dans ces restes humains ; 

Laurent Gaudé, romancier contemporain, a choisi lui de montrer , dans Cris la violence de la guerre , à hauteur d’hommes ;  chaque personnage est un soldat au front et chaque voix  fictive restitue la portion de réalité que le combattant entrevoit ; Ce kaléidoscope crée un effet saisissant d’immersion : le lecteur a , en effet l’impression, d’être plongé , avec ces personnages , dans une violence qui les détruit , les fait glisser vers la folie, la mort mais aussi la création artistique à l’image de Jules , ce rescapé qui érige des statues de boue à la mémoire de ses compagnons tués dans les tranchées. En nous plaçant justement à hauteur d’homme, le récit nous fait entrevoir le caractère profondément inhumain de ces massacres  qui mutilent atrocement les corps et les esprits .  L’analyse du romancier apparente cette guerre d’un nouveau genre à une violence intérieure et mythique : celle de l’ogre qui dévore ses propres enfants : “un siècle béant qui happe des hommes et vomit de la terre “; la violence ici a un caractère monstrueux et annonce un nouveau déchaînement : “je vois le grand siècle du progrès .. éructer des bombes et éventrer la terre de ses doigts ” Ici la fiction , avec son côté prophétique, se substitue à la force des témoignages ; le travail narratif effectué sur le mixage des voix déréalise la guerre mais permet d’atteindre une dimension mythique et philosophique : les déplacements des personnages sont les métaphores de l’enfermement et chacun, rattrapé par la spirale de la violence , atteint  les limites de son humanité ; Coupés de l’ancrage historique, ils rejoignent le temps du mythe: Titans hilares, Vulcain , gorgones monstrueuse ou ogres . Les paroles , sous l’effet de la souffrance, deviennent des cris et les hommes , des bêtes fauves ou des cochons qu’on égorge ; là réside peut être le principal danger de la violence : faire sortir l’homme de son humanité; ne plus se reconnaître comme créature humaine en perdant le logos ( ici le langage articulé )  et la raison , demeurer à jamais prisonnier du cri en basculant vers la folie sous l’effet du traumatisme. 

27. janvier 2023 · Commentaires fermés sur Histoire et violence : la guerre 14/18 …. des témoignages à la fiction. · Catégories: Première, Terminale spécialité HLP · Tags: , ,

La défaite de 1870 a bouleversé les esprit mais le traumatisme provoqué par la guerre de 14/18 sera encore bien plus profond; en , effet, ce conflit mondial a causé une crise de conscience internationale et nous a amené à repenser la place de l’homme dans la guerre , à repenser même le visage de la guerre . Un peu plus d’un siècle après Verdun et le terrible chemin des Dames , la littérature ne cesse de produire des récits qui réinventent cette guerre alors qu’aucun poilu vivant n’ est plus là pour témoigner.  Si Céline a combattu sur le front et dans les tranchées avant d’écrire Voyage au bout de la Nuit , si Guillaume Apollinaire a connu les combats et les bombardements, si Roland Dorgelès  en écrivant Les croix de bois ou Henri Barbusse en écrivant Le feu, peuvent s’inspirer de leur vécu de soldats, il n’en va pas de même pour des romanciers qui naquirent par§s la seconde guerre mondiale .  Pierre Lemaître avec Au revoir là haut, Sébastien Japrisot avec Un long dimanche de fiançailles, Markus Malte avec Le garçon,  ou Laurent Gaudé avec Cris, Marc Dugain avec La chambre des officiers , tous témoignent de la violence de cette guerre avec des fictions .  Quel rôle joue alors la fiction au moment où les témoins disparaissent ? Est-elle un instrument plus efficace pour refléter la violence des événements et les traces qu’ils laissent dans la mémoire des hommes 

Les romans prennent  , en quelque sorte, le relais de l’histoire tout en infléchissant son cours dans nos mémoires. Quatre années de guerre,  plus de  huit millions  de mobilisés, plus de 1 million de morts, 3 millions 1/2 de blessés  et 750 000 mutilés. La littérature patriotique va relayer la doctrine officielle : les patriotes comme Anatole France, Maurice Barrés,  et Maurras exaltent la guerre , l’héroïsme, rappellent les combat anciens et vantent les exploits des guerriers; ils dénigrent tout ce qui est allemand et dépeignent les soldats du Kaiser comme des brutes sanguinaires. En opposition violente avec ces écrivains, les pacifistes comme Romain Rolland, Roger Martin du Gard ,  Jean Giono et Jean Giraudoux  se révoltent contre l’imbécillité de la  guerre et ce qu’ils nomment une incompréhensible folie collective. Bertol Brecht en Allemagne est également antibelliciste ; parmi les pacifistes, certains refusent tout simplement l’idée de la guerre, d’autres tentent de sauvegarder la paix à tout prix comme Giono qui sera arrêté pour pacifisme au début de la seconde guerre mondiale pour avoir affirmé : “j’aime mieux vivre à genoux que mourir debout.”  De nombreux intellectuels réfléchissent aux causes des guerres : Alain accuse l’honneur d’être le responsable de la plupart des conflits mais force est de constater que la guerre est capable de séduire de très nombreux hommes; si cet attrait de la violence se retrouve dans de nombreux livres, les ouvrages rédigés par d’anciens combattants montrent surtout le dégoût de la guerre:Je suis écoeuré, saoul d’horreur” écrit Genevois et Henri  Barbusse, auteur du récit Le feu, ajoute à ce tableau d’horreur une note  critique d’inspiration marxiste contre les gouvernements et le Vieux Monde  : les trente millions d’esclaves jetés les uns sur les autres par le crime et l’erreur dans la guerre de la boue , lèvent leurs faces humaines où germe enfin une volonté ” .

Comment la violence de cette guerre est -elle traduite dans les romans ? 

Texte 1 : Céline 

Analyses et observations au fil du texte 

D’emblée la guerre est décrite avec son cortège de violences : L’expression “croisade apocalyptique “fait appel à des références bibliques  qui promettent la fin du monde ; En effet l’apocalypse est synonyme de destruction du monde avec le Jugement dernier . L’homme face à la guerre est comparé à un puceau , qui n’a pas d’expérience et qui va découvrir pour la première fois, non pas le plaisir ici mais l’Horreur ; Céline , en mettant sur le même plan, deux univers aux antipodes l’un de l’autre , montre à quel point la guerre apparaît comme une expérience traumatisante. Elle surprend l’homme , le prend en quelque sorte au dépourvu comme le traduisent les questions rhétoriques qui marquent ici l’étonnement ” qui aurait pu prévoir -tout ce que contenait la sale âme héroïque et fainéante des hommes ? ”  Contrairement à certains penseurs qui voyaient la guerre comme une punition divine , Céline accuse directement les hommes d’être responsables de ces horreurs . La périphrase “meurtre en commun” montre que les valeurs qui s’appliquent en temps de paix , sont révolues ; un crime de guerre se justifie par la situation et ne peut être considéré comme un “crime ordinaire ” ; Le soldat reçoit le droit de tuer et on récompense les assassins les plus efficaces ; L’allusion de la fin du premier paragraphe: ça venait des profondeurs peut faire référence aux sources de la violence latente en  chacun de nous.

Le second paragraphe brosse quelques éléments de portrait du colonel : ce qui peut sembler absurde aux combattants , c’est qu’on les envoie sans cesse au front , reprendre elles quelques centaines de mètres , perdus la veille . Les massacres à la sortie des tranchées de tous ces soldats fauchés par les balles ennemies, parait une “abomination ” . La puissance de feu qui résulte de l’utilisation des armes modernes a été largement sous-estimée par les autorité militaires et les hommes pensent qu’on sacrifie inutilement leurs vies . En 1917, on note d’ailleurs que le nombre des mutineries et des mutilations volontaires ne cesse d’augmenter : les soldats préfèrent s’infliger des blessures douloureuses plutôt que de retourner au front. 

Jusqu’au bout Ferdinand Bardamu voudrait croire à une erreur : le champ lexical de la méprise apparait à plusieurs reprises  avec “abominable erreur maldonne et  la nouvelle question rhétorique : “donc pas d”erreur ? ” au début du troisième paragraphe . Le point de vue du soldat envisage alors le droit de tuer en toute impunité comme un renversement des valeurs communément admises , une sorte d’irrationalitése tirer dessus.. sans même se voir .. faisait partie des choses qu’on peut faire ” ; On ressent ici la stupéfaction te même l’indignation du soldat ; L’auteur utilise la focalisation interne afin de faire épouser au lecteur l’avis de son personnage . Le combattant se retrouve  seul face à un ennemi puissant ,  la Guerre , ici insultée avec l’expression familière “la vache” .

Céline termine de décrire la violence en mentionnant le caractère inéluctable de la mort imminente qui terrorise les soldats “ De la prison , on en sort vivant, pas de la guerre ” ; La formule lapidaire, le coté sentencieux, reflètent une forme de fatalité ; Les combattants vivent avec ces pensées morbides qui les assaillent ; Bardamu ne vient même , à regretter, par une sort ed paradoxe, de ne pas avoir été condamné à une peine ede prison: ce qui lui aurait évité d’être en danger de mort au front. 

Question d’interprétation :  Par quels moyens Céline révèle-t-il le sentiment d’absurdité face à la guerre ? 

Plan détaillé :  

  • La guerre : une erreur ?      question rhétorique, champ lexical méprise, incompréhension 
  • Une abomination meurtrière   focalisation interne , insistance sur la mort , croisade apocalyptique 
  • Un événement qui renverse l’ordre du monde et les valeurs , le droit de tuer, le meurtre en commun  , puceau de l’Horreur 

 

Textes complémentaires : extraits de Markus Malte  Le garçon 

 La der des der : même pas

Les soldats de 14 espéraient que leurs épreuves et leurs témoignages empêcheraient de nouveaux massacres pour qu’au moins, cette guerre soit la der des der comme ils l’avaient surnommée. Il n’en fut rien et certains qui , en 14 justement défendaient la paix , se mirent en 39,  à  désirer la guerre pour des raisons idéologiques .  Simone Weil , par exemple , qui affirmait “qu’aucune paix n’est honteuse quelles qu’en soient les causes” ira combattre en 1936 en Espagne contre le général Franco et finira déportée en 1943.Dans les années 20, l’optimisme est encore de rigueur avec la Société des nations et le désarmement: les chefs d’Etat se bercent pourtant  d’illusions à Locarno et à Thoiry;  en moins de 15 ans, la conquête de la Mandchourie par le Japon, la montée du parti nazi en Allemagne et la victoire du fascisme en Italie sont pourtant des signes annonciateurs du désastre. Le danger devient manifeste avec le réarmement de l’Allemagne , la guerre d’Espagne et l’annexion des Sudètes ainsi que la partition de la Tchécoslovaquie. Ce qui change cette fois , c’est la nature de la menace; il ne s’agit plus de lutter contre l’impérialisme de Guillaume II mais de résister contre ce qui menace les valeurs humanistes . 

23. janvier 2023 · Commentaires fermés sur Céline et Bardamu : souvenirs de 14/18 ou la guerre remise en question · Catégories: Première, Terminale spécialité HLP · Tags: , ,
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Louis Ferdinand Céline alias Monsieur  Destouches est un écrivain sulfureux qui a longtemps été mis au ban de la littérature enseignée aux jeunes dans la mesure où durant la seconde guerre mondiale, il  clairement pris parti pour Hitler et écrit plusieurs pamphlets  violemment antisémites . Toutefois c’est surtout en tant qu’ancien combattant de la première guerre mondiale qu’il faut considérer la dimension autobiographique de son expérience sur le champ de bataille à travers Bardamu, le héros-soldat de son roman Voyage au Bout de la Nuit. Céline , dans un langage oral, parfois familier et un style très particulier ,  retrace l’épopée, sorte de découverte initiatique du monde à la manière voltairienne , d’un jeune homme ordinaire :  Ferdinand Bardamu .  Céline  dénonce à la fois les horreurs de la guerre, le fait qu’elle rende l’homme bestial mais également son absurdité . Il rejoint ainsi les auteurs qui critiquent la guerre mais son ouvrage va bien au- delà et s’attaque aux abus du colonialisme, fustige  l’invention du  travail  à la chaîne  qui abrutit le travailleur et critique également les illusions amoureuses ; l’extrait que nous étudions se situe au début du roman; Bardamu essuie avec son régiment une attaque allemande qu’il décrit d’une drôle de manière . Plus »

22. janvier 2023 · Commentaires fermés sur Histoire et violence : en guise d’introduction, quelques questions · Catégories: Terminale spécialité HLP · Tags: ,

Dans ce chapitre , nous allons aborder différentes questions qui ont trait à la violence: celle qu’on exerce tout d’abord et celle qu’on subit . Avant même de comprendre ce qu’a de particulier la violence liée aux crises politiques et idéologiques qui ont traversé les siècles, il est important de définir la nature de cette  forme de violence. Peut- on faire  délibérément le choix de la violence   pour faire triompher sa conception du monde ? La non- violence est-elle une stratégie collective efficace ?  Pour défendre une cause qu’ils pensent juste , certains hommes sont- ils prêts à faire usage de la violence contre ceux qu’ils considèrent alors comme  leurs ennemis? Faire le choix de la violence n’est jamais anodin et devenir un assassin pourtant autorisé à tuer  peut marquer durablement l’image que nous nous faisons de notre humanité .Certains  hommes sont- il davantage enclins à utiliser la violence ? certains y prennent-ils du plaisir alors que son usage peut répugner à d’autres ? Comment qualifier une violence que nous exerçons quand elle nous est imposée, dans le cadre d’un ordre  émanant de notre hiérarchie, si nous sommes soldats, par exemple ? Devons nous nous y conformer  quoiqu’il nous en coûte ou gardons- nous notre libre-arbitre ?  D’ailleurs, il peut être intéressant de se demander si l’art de la guerre comporte des régles qui encadrent l’usage de la violence  .  Plus »

18. janvier 2023 · Commentaires fermés sur Cendrillon , mise en scène par Joël Pommerat · Catégories: Première, Seconde · Tags: ,

Tout le monde a l’impression de connaître l’histoire de Cendrillon car les contes de fée alimentent notre imaginaire depuis fort longtemps . Mais quelle version connaissez-vous de ce conte et comment avez-vous compris l’adaptation proposée par le dramaturge Joël Pommerat ? Nous sommes bien loin de l’univers aseptisé de Disney .. Commençons par un petit tour d’horizon de la pièce : une petite fille perd sa maman et doit apprendre à vivre, avec son père ,  dans un nouvel environnement où elle ne paraît pas acceptée. L’ image de la  méchante belle-mère plane sur la tragédie familiale et Cendrillon souffre chaque jour un peu plus : reléguée dans une chambre sordide, sorte de caveau, elle paraît prisonnière de sa douleur . Peu à peu , Sandra devient Cendrillon et la matière du conte se mêle à la tragédie familiale qui est aussi une tragédie de la solitude et de la difficulté à accepter l’Autre. C’est également un apprentissage de la résilience et une sorte d’ essai  théâtral qui transforme la douleur de la perte en désir de vivre . Le deuil est le point de départ de la création théâtrale . Plus »

17. janvier 2023 · Commentaires fermés sur Cendrillon de Pommerat : 5 scènes à la loupe · Catégories: Première, Seconde · Tags: , ,

Après avoir visionné la pièce  et après l’avoir lue, il est temps maintenant de nous exercer à la lecture linéaire et au commentaire littéraire . Voilà des documents pour vous entrainer à travailler autour de la scène de l’arrivée de la fée , des tours de magie plus ou moins réussis ou plus ou moins ratés et de la rencontre entre la très jeune fille et le très jeune prince . Une  arrivée et une rencontre  toutes deux renversantes.   Plus »

17. janvier 2023 · Commentaires fermés sur La mise en scène de Cendrillon de Joël Pommerat · Catégories: Première, Seconde · Tags:

Présenter sa lecture d’une oeuvre , c’est avant tout être capable d’en distinguer ce qui en fait l’originalité : ce qui revient implicitement à la comparer à toutes les autres; Lorsqu’il s’agit d’une pièce de théâtre , la difficulté est double car souvent nous n’avons en face de nous que le texte du spectacle alors que les spectateurs qui ont assisté à la représentation, ont vu le texte mis  en scène et ont pu en apprécier “la mise en images et sons ”   ainsi que les effets sur le public; C’est pourquoi nous évoquerons d’abord la représentation de la pièce, sa mise en scène  avant d’aborder la réécriture du conte et le mélange entre comédie et tragédie qui caractérise la scène moderne depuis le vingtième siècle . Plus »

14. janvier 2023 · Commentaires fermés sur Baudelaire : Les Fleurs du Mal .. une première approche · Catégories: Première · Tags: ,

Difficile de présenter Baudelaire et de comprendre son œuvre sans tenter d’abord d’effectuer une plongée dans son époque . Poète maudit, poète moderne, poète sulfureux : on lui a collé un certain nombre d’étiquettes et toutes ne sont pas forcément justifiées ; Pour essayer d’y voir plus clair et pour découvrir, par vous-même, ce poète célèbre , je vous propose de suivre le parcours que je vous ai préparé à travers ce padlet de présentation ; Suivez , de préférence l’ordre des documents et répondez, au fur et à mesure, aux questions posées; ; Bonne découverte .https://padlet.com/profdurupt/ew40cp6y8ogk

Le thème du parcours proposé en complément de l’œuvre est intitulé Alchimie poétique :  la boue et l’or . Pour pouvoir choisir les poèmes qui correspondent à ces thématiques, il convient d’examiner en 1861, l’épilogue de la  seconde édition du recueil Les Fleurs du Mal ; Baudelaire indique “ tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or ” ; Plus »

08. janvier 2023 · Commentaires fermés sur La chanson engagée: paroles et musique · Catégories: Seconde · Tags: ,

Votre objectif consistait à choisir un texte qui  évoquait clairement des faits de société, des combats ou des critiques qui vous touchent et que vous partagez et de présenter , oralement, le résultat de vos recherches . Les critères d’évaluation prenaient en compte la performance orale ( pour un quart de la note ), les compétences d’analyse stylistique  des paroles , le respect des consignes données ( présentation succincte de l’auteur, titre du morceau et de l’album, définition  du style musical de la chanson) sans oublier l’essentiel : les arguments personnels qui ont guidé votre choix ; Et c’est bien souvent sur ce point que vous devez encore travailler car vos arguments ne furent pas tous très convaincants .
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